Journal Vers la fin des offres sectorisées dans le marché commun ?

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14
4
oct.
2011

Coucou Nal !

Tu auras peut‐être remarqué que dans ce monde chaotique où les empires américains et chinois poussent des mugissements féroces à nos portes, nous (les Européens en l’occurrence) avons instauré un havre de paix pour notre petit négoce entre amis, j’ai nommé le marché commun. Les français, dans leur grande sagesse, ont même nommé un francophone, Michel Barnier, au Commissariat européen censé le réguler.

Bon, certes, ce marché européen ressemble de plus en plus furieusement aux États‐Unis, puisque la langue commerciale et législative hégémonique y est l’anglais. Tant pis pour les autres langues, qui auraient du coloniser un peu plus le reste du monde il y a 100 ans et déjà lors de la découverte du Far‐West, ou défendre un peu plus leurs anciennes colonies contre les Anglais dans le cas de la France.

Mais contrairement aux États‐Unis, fédération propre sur elle, où le découpage entre le fédéral et les États est presque clair, les Européens forment une « monstruosité » juridique, un montage de droits et de souveraineté totalement inédit, qui fonctionne malgré tout.

C’est là que quelques malins ayants‐droit, voyant comment les marchés nationaux étaient séparés, se sont dit : et si le client devait payer autant de droits d’accès à nos services que de pays dans lesquels il circule ? Pourquoi ne payerait‐on pas une fois en Belgique, une deuxième en France et une troisième en Suisse, pour voir la RTBF par satellite (toujours pas dispo en France ceci dit…) ?

Malheureusement pour eux, la Cour de justice de l’Union européenne, une des rares institutions utilisant uniquement le français, même si cet usage passe de plus en plus pour une curiosité, s’est refusée à attribuer à la Premier League anglaise le droit de sectoriser ses offres et d’en profiter pour faire augmenter les prix.

Bientôt la fin des infâmes restrictions géographiques à l’intérieur de l’UE ? Aurons‐nous bientôt accès aux sites de paris anglais tandis que les Polonais pourront se délecter du jeu des acteurs de Plus belle la vie (Sait‐on jamais) ? Spotify doit‐il s’ouvrir à toute l’Europe ?

Autant de questions auxquelles on aimerait bien une réponse positive, pour permettre à toute l’Europe de célébrer les joies du libre‐échange.

Via Numerama.

  • # Euh...

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.

    Ça parle de quoi, exactement ?

    • [^] # Re: Euh...

      Posté par  . Évalué à 6.

      Pour faire simple (et si j'ai bien tout compris, moi aussi) : du moment qu'une offre de service ou de produits est faite dans un état-membre de l'UE, elle devra être accessible (au même tarif et dans les mêmes conditions) pour les autres états-membres.

      • [^] # Re: Euh...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        En gros, c'est la fameuse libération des services après celle des marchandises. C'est la fameuse directive Bolkestein et du plombier polonais, que les français ont fait rentrer chez eux, et que l'on est pas prés de revoir.

        https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Directive_Services

        "La première sécurité est la liberté"

        • [^] # Re: Euh...

          Posté par  . Évalué à 4.

          du moment qu'une offre de service ou de produits est faite dans un état-membre de l'UE, elle devra être accessible (au même tarif et dans les mêmes conditions) pour les autres états-membres.

          C'est la fameuse directive Bolkestein et du plombier polonais

          J'aurais tendance à dire que tu changes de sujet.

          Là on parle de :

          au même tarif et dans les mêmes conditions

          Je ne vois pas comment c'est possible, même tarif ? Comment on compare la Pologne et la France ?

          Le plombier polonais sera forcement à un meilleur tarif (en se basant sur sa vie en Pologne) qu'un plombier français (en se basant sur sa vie en France). Il paye les patates moins cher. La règle européenne fait que n'importe quel plombier doit être payé au tarif du pays dans lequel il travaille (et donc vie dans 99% des cas). Je trouve ça plutôt juste.

    • [^] # Re: Euh...

      Posté par  . Évalué à 6.

      Si un modérateur veut bien remplacer le lien de numérama par celui-ci : http://www.numerama.com/magazine/20038-droit-d-auteur-l-exclusivite-territoriale-jugee-illegale-en-europe.html

      Je copie-colle l'info importante, ie titre et intro, ci-dessous. Le reste est de l'enrobage ou de l'explication.

      Droit d'auteur : l'exclusivité territoriale jugée illégale en Europe

      Dans un arrêt publié ce mardi, la Cour de Justice de l'Union Européenne a jugé que les accords de licence qui imposent aux diffuseurs de limiter leur clientèle à un seul état membre étaient illégaux. Si elle concerne en premier lieu les diffusions par satellite, la jurisprudence devrait en principe s'appliquer également aux restrictions géographiques imposées sur Internet.

      • [^] # Re: Euh...

        Posté par  . Évalué à 5.

        C’est fait, avec quelques corrections typographiques à cette occasion.

        • [^] # Re: Euh...

          Posté par  . Évalué à 3.

          Ah toi aussi tu l'as fait, on a du se marcher dessus :)

          • [^] # Re: Euh...

            Posté par  . Évalué à 2.

            Je n'ai rien senti ! ;)
            Il n'y a pas de verrou pour prévenir d'une modification en cours sur un journal…
            Mais bon, c'est suffisamment rare pour ne pas être très gênant.

            • [^] # Re: Euh...

              Posté par  . Évalué à 2.

              Merci à tous les deux !

    • [^] # Re: Euh...

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

      Tout ce que je peux te dire, c'est que je n'ai jamais été aussi content que journal ne se dise pas "journiette".

  • # Snif

    Posté par  . Évalué à 6.

    Pauvres Polonais !

    C'est pas sympa de la part de la CJUE !

    (Au passage on ne dit pas « la Cour de Justice Européenne », vu qu'il y en a plusieurs).

  • # courte vue

    Posté par  . Évalué à 6.

    Tant pis pour les autres langues, qui auraient du coloniser un peu plus le reste du monde il y a 100 ans et déjà lors de la découverte du Far-West, ou défendre un peu plus leurs anciennes colonies contre les anglais dans le cas de la France.

    Les autres langues ont un peu colonisé le reste du monde, espagnol, portugais, hollandais, ça se retrouve "un peu" ailleurs qu'en europe, et les allemands avaient un empire conséquent, ils se sont juste tout fait piquer après la première guerre mondiale.
    Et tout ça, c'était il y a un peu plus que 100 ans, la perte des colonies françaises en Amérique du nord et en Inde au profit des anglais c'est au XVIIIème (mais on a pécho la Corse, yaaaayyyyy!).

    • [^] # Re: courte vue

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

      Une grande partie de l'asie centrale parle le Russe (et pas un mot d'Anglais) !

      L'amérique du sud est à tendance Castillane... et cela déborde sur l'amérique du Nord. J'ai croisé des personnes en Alaska prenant des cours d'espagnol afin de pouvoir parler avec le petit matériel ;-)

      Au début de l'informatique et du web, l'anglais a eu son heure de gloire pour s'imposer mais les techniques ont évolués plus vite que l'hégémonie. Il n'y a plus de gros soucis de nos jours pour que la diversité s'exprime.

      A t'on déjà eu autant de documents en Breton diffusés en libre accès auprès d'autant de personne ?

      PS : ce qui m'inquiète plus, c'est le troisième cycle universitaire qui devient de plus en plus anglophone. Je ne suis pas sur que cela soit une bonne voie.

      • [^] # Re: courte vue

        Posté par  . Évalué à 5.

        ce qui m'inquiète plus, c'est le troisième cycle universitaire qui devient de plus en plus anglophone.
        Il faut quand même reconnaitre que l'anglais est une bonne lingua franca du fait de la simplification qu'il a subi: c'est un bon plus petit dénominateur commun du fait de sa simplicité et de son usage littéral.
        Ca aurait pu être le français, ça a été le français pour d'autres raisons, on est dans un autre temps historique, ça sert à rien de le regretter.
        Maintenant est ce que ça justifie d'abandonner sa propre langue? Bien sur que non mais je suis plus choqué de voir les gens simplifier leur usage du français que de voir employer l'anglais. Utilisons l'anglais là où ça a du sens, là où c'est pratique, et gardons le français vivant ailleurs.

        • [^] # Re: courte vue

          Posté par  . Évalué à 3.

          C'est malheureusement le genre de « pragmatisme » qui mène tout droit à l'anglicisation complète de l'Europe. Pourquoi ? Parce que les Anglo-Saxons voient l'anglais comme une arme culturelle et commerciale, et font tous leurs efforts pour l'imposer partout où ils peuvent. Parce que si l'on ne propose pas d'alternative claire le Royaume-Uni gagnera dans l'avenir bien plus que 30 milliards d'euros chaque année grâce à la position dominante de l'anglais (ce qu'il gagne déjà, a minima, l'heure actuelle).

          Surtout parce qu'en situation de stress en général, et encore plus en situation de négociation politique et commerciale, maîtriser les mots c'est avoir un avantage décisif sur son interlocuteur.

          Merci de lire au moins le résumé du rapport Grin à ce sujet.

          Vous pouvez aussi lire cet article intéressant de Claude Piron sur une alternative possible à l'anglais, qui fonctionne déjà depuis longtemps. Pour les plus intéressés par la question, les autres articles de Claude Piron valent le coup d'être butinés aussi.

        • [^] # Re: courte vue

          Posté par  . Évalué à -2.

          L'anglais enrichit son vocabulaire tandis que les anglophones ont accès à des ressources de divertissement ou d'éducation bien supérieures aux autres. Pour récupérer le coup, la seule solution à long terme est que l'Europe entière parle anglais. Bon les USA se seront peut-être faits bouffer par la Chine et les hispanisants d'ici-là.

          Il reste que pour l'instant, les langues européennes tendent tout doucement à ressembler à des drôles de patois de l'anglais plutôt qu'à prouver que ce sont par elles que les innovations et les nouveaux phénomènes de société passent. Si tout le monde parle de computer, c'est parce que ça a été inventé en anglais par exemple, et le reste est/sera à l'avenant.

          La rationalité d'une homogénéisation linguistique à long terme par l'anglais n'est quand même pas si réjouissante que cela.

          • [^] # Re: courte vue

            Posté par  . Évalué à 2.

            Bien vu, en face d'un déséquilibre, plutôt que d'essayer de le corriger, il est plus simple de l'accentuer volontairement jusqu'au point de non-retour !
            La plupart des nouveaux mots anglais sont facilement traduisibles dans toutes les langues. Les raisons pour lesquelles ça n'est pas fait aussi souvent que ça aurait dû tiennent essentiellement à la flemme, à la sidération face à la culture dominante, et aussi, peut-être un peu (ironie) au coût de la traduction.
            Aucune raison métaphysique irrémédiable donc.

            • [^] # Re: courte vue

              Posté par  . Évalué à 0.

              Pas sûr qu'on m'ait bien compris. Je dis simplement qu'il est plus rationnel pour tout le monde (ie plus pratique, facile, pragmatique, porteur de perspectives intéressantes) que tout le monde parle anglais en Europe. C'est déjà partiellement le cas, pour ceux qui ne l'ont pas remarqué. Dans les institutions européennes ou dans le business par exemple. Reste à attendre que les peuples aient bien anglicisé leurs langues et qu'ils préfèrent parler la langue de tout le monde plutôt que leur patois. Dans 50-100 ans au plus.

              • [^] # Re: courte vue

                Posté par  . Évalué à 2.

                Ce que tu souhaites entraînera la mort des cultures différentes de la culture anglo-saxonne. Cela peut te paraître pratique, facile, pragmatique, porteur de perspectives intéressantes (et ça l'est sans doute sur certains aspects, notamment plus besoin de se prendre la tête à traduire), mais les inconvénients de ce "génocide culturel" sont d'un autre ordre de grandeur que ses bienfaits supposés (bien supérieurs, eux aussi, aux bienfaits réels).

        • [^] # Re: courte vue

          Posté par  . Évalué à 6.

          Il faut quand même reconnaitre que l'anglais est une bonne lingua franca du fait de la simplification qu'il a subi: c'est un bon plus petit dénominateur commun du fait de sa simplicité et de son usage littéral.

          Non, tu es sérieux, là ?

          L’anglais est juste la langue la plus opaque. Même le français à côté fait figure de petit joueur, alors que son orthographe a été compliquée à dessein par les élites à certaines époques.

          Ah oui : une langue transparente, c’est une langue dont l’écriture permet de déduire la prononciation et vice versa, par exemple l’italien. Une langue opaque, c’est le contraire.

          À la base, l’alphabet latin a pour intérêt d’être phonétique.
          Quand on voit où en est arrivé l’anglais, autant prendre des idéogrammes.

          L’anglais est un créole de saxon, de normand et de français.
          L’aspect facile à première vue pour nous (en tout cas à l’écrit) est d’ailleurs que beaucoup de mots viennent du français (ou du normand qui était un dialecte proche).

          Le problème par rapport aux créoles plus récents est qu’au lieu que les mots soient écrits de manière phonétique et que l’écriture stabilise la prononciation, ils ont plus ou moins gardé leur écriture d’origine, tandis que la prononciation est totalement partie en sucette.

          Du coup, pour la facilité, on repassera...

          « Le fascisme c’est la gangrène, à Santiago comme à Paris. » — Renaud, Hexagone

          • [^] # Re: courte vue

            Posté par  . Évalué à 2.

            ou du normand qui était un dialecte proche

            C'était pas proche du norsk ?

            • [^] # Normand et anglais

              Posté par  . Évalué à 1.

              Wikipédia est ton amie.

              Le normand est une langue romane parlée en Normandie continentale et insulaire. C’est un des plus importants parlers de la langue d'oïl.

              Les colons « anglo-scandinaves », en s'installant sur une grande partie du territoire connu de nos jours sous le nom de Normandie, avaient adopté le dialecte d'oïl des habitants de l'ancienne Neustrie, tout en donnant à la langue une certaine couleur et l'enrichissant de termes issus du norrois ou du vieil anglais dans plusieurs domaines.

              La langue normande s’est implantée en Angleterre à la suite de la conquête de ce pays par Guillaume le Conquérant.

              Tiré de la page sur l’anglo-normand :

              Les membres de la Cour et les barons venus de France parlaient une sorte de langue d'oïl, plutôt normande (même si de nombreux compagnons d'armes de Guillaume le Conquérant venaient d'autres régions que de Normandie). C'est ce « normand insulaire » qu'on appelle anglo-normand par commodité.

              Guillaume et ses successeurs immédiats sur le trône anglais ne tentèrent pas d’imposer l’anglo-normand comme langue officielle, préférant attribuer cette fonction au latin, comme en France. Les populations d’origine anglo-saxonne continuèrent d'utiliser le vieil anglais qui a peu à peu évolué vers le moyen anglais au contact de l'anglo-normand.

              Tiré de la page (en anglais) sur l’anglais :

              The language was further influenced by the Old Norse language due to Viking invasions in the 8th and 9th centuries.

              (La langue a de plus été influencée par l’ancien norrois du fait des invasions vikings au 8ème et 9ème siècle.)

              Donc, il semble que l’anglais ait été plus influencé par une langue nordique... avant la conquête normande.

              « Le fascisme c’est la gangrène, à Santiago comme à Paris. » — Renaud, Hexagone

          • [^] # Re: courte vue

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

            Sans compter que la prononciation change d'un pays à l'autre. Difficile de savoir si un mot est prononcé:
            - à l'anglaise
            - à l'américaine
            - d'une manière fantaisiste parce qu'on l'a vu écrit et jamais entendu

            • [^] # Re: courte vue

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

              A mon avis, très peu de personne parle réellement Anglais mais plutôt le dialecte Américain. J'aimerais bien avoir des chiffres si quelqu'un en a.

            • [^] # Re: courte vue

              Posté par  . Évalué à 0.

              Et oui, parce que le français parlé à paris, à marseille, à lille, à ouagadougou, à quebec, à pondichéry, c'est la même chose hein.

              Je suis désolé, mais dans l'usage des langues, la prononciation ne fait pas partie des écueils les plus difficiles. On a un accent, on prononce mal, et alors? On est étranger, c'est normal!
              Donc opaque ou pas, on s'en fout un peu. Soit on apprend dans les livres, et la prononciation n'est pas le facteur important a priori, soit on apprend sur le tas en parlant la langue, et on a la prononciation immédiatement.

              Par contre, l'ordre des mots qui bouge au petit bonheur la chance dans la phrase selon des "nuances", les exceptions, les conjugaisons et leurs terminaisons à mémoriser, les verbes irréguliers, ce sont toutes choses qui rendent le français plus difficile à apprendre que l'anglais.

  • # Europe

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    les Européens forment une "monstruosité" juridique, un montage de droits et de souveraineté totalement inédit qui fonctionne malgré tout.

    Ça pour fonctionner, ça fonctionne...

    Voir http://www.dailymotion.com/video/xlgqcs (les 10 dernières minutes)

  • # TNTSAT

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Si je comprends bien, cela veut dire que le point 18 de la FAQ suivante va devoir être actualisé: http://www.tntsat.tv/Vos-questions.htm#A136

    Je me demande ce qu'ils vont trouver comme idée pour bloquer cela: la redevance TV n'est pas payée pour la France dans le cas de TNTSAT.

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