• # On nous ment ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Ça me rappelle une réflexion de cette semaine qui résonne en cloche fêlée avec cette actualité : après avoir lu comment les autorités chinoises censurent les discours étrangers, comment les autorités russes interdisent l'emploi de certains mots, comment les esprits sont facilement tournés au Mali, comme ces pays sont d'affreuses dictatures qui ont pour point commun de manipuler l'information et de censurer, il m'est venu à l'esprit qu'une bonne manière de juger sommairement de la qualité démocratique d'un régime pourrait être de s'intéresser à la liberté de communication…

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: On nous ment ?

      Posté par  . Évalué à 8. Dernière modification le 10 novembre 2022 à 20:55.

      il m'est venu à l'esprit qu'une bonne manière de juger sommairement de la qualité démocratique d'un régime pourrait être de s'intéresser à la liberté de communication.

      Depuis l'élection de Bolsonaro au Brésil il y a quatre ans, le pays est envahi par une marée de fake news. Les débunker est extrêmement facile (une recherche internet basique suffit la plupart du temps) mais la marée est telle qu'on y passerait tout son temps et de toutes façons, le debunkage n'atteindra que 0,01% de la cible.

      Suite à l'élection de Lula, de nombreux messages sur les réseaux sociaux inventent littéralement des faits afin de pousser au soulèvement les gens qui ont voté Bolsonaro et à qui on aurait volé l'élection. Les gens tombent dans le panneau parce que très peu ont l'éducation pour vérifier quoique ce soit, même si c'est souvent trivial.

      Pour parer au plus pressé, la Cour Suprême brésilienne (le STF) a fait suspendre un certain nombre de comptes (twitter et Youtube, notamment). Les opposants ont tout de suite crié à la censure, affirmant que "sans liberté d'expression il n'y avait plus de démocratie". Ce qui semble évident, même s'il y a d'autres conditions nécessaires.

      Et justement, une des conditions nécessaires me paraît être que les gens puissent baser leurs opinions sur une vision de la réalité la moins biaisée possible (ou, a minima, pas complètement inventée). Du coup, les fake news avérées vont à l'encontre de cette condition et les laisser se propager sans contrôle est problématique, avec toutes les dérives qu'on peut imaginer. J'ai l'occasion de le constater quotidiennement dans le contexte brésilien actuel.

      Je n'ai aucune idée de la bonne solution ou de la moins mauvaise (s'il en existe une) sur ce sujet mais ça me paraît loin d'être aussi simple que l'indicateur de mesure démocratique que tu suggères.

      Ceci dit, ce n'est pas le sujet de l'article de Bortzmeyer.

      • [^] # Re: On nous ment ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

        Je n'ai aucune idée de la bonne solution ou de la moins
        mauvaise (s'il en existe une) sur ce sujet mais ça me paraît
        loin d'être aussi simple que l'indicateur de mesure
        démocratique que tu suggères.

        Il y a tout une jurisprudence sur ces questions à la cour européen des droits de l'homme, et on trouve des analyses assez lisibles sur le blog Strasbourg Observer.

        Par exemple, est ce que dire "tel personne est coupable de violence domestique" (cf ce cas) rentre dans la liberté d'opinion ?

        Est ce que détruire une statue est un acte de vandalisme, ou ça devient de la liberté d'expression ?

        Est ce que la pornographie rentre dans la liberté d'expression ? Les insultes homophobes ?

        Ensuite, il faut pas se leurrer, il y a aussi beaucoup de bruit autour de la liberté d'expression à cause du soft power des états unis et de la machine médiatique politique de la droite américaine. On entends vachement moins de bruits sur des droits comme la liberté de religion (surtout en France).

        Un signe religieux est une expression, et pourtant, la loi de 2004 est passé crème, les polémiques régulières sur le sujet, etc, sont rarement vu comme des soucis de liberté d'expression.

        Et pourtant, j'ai 2 collègues, une pakistanaise qui vit aux USA, et une israélienne qui vit en Tchéquie, qui m'ont dit ne pas vouloir mettre les pieds en France à cause de la réputation qu'on a vis à vis du traitement des musulmans et des juifs.

        Mais bon, la liberté d'expression, c'est visiblement important que si l'état interdit de dire que les vaccins filent la 5G, le SIDA et le cancer pendant une pandémie qui a fait 120 000 morts en France.

  • # filtrage vs censure

    Posté par  . Évalué à 6.

    Le rappel du distingo entre filtrage et censure est bienvenu.

    • [^] # Re: filtrage vs censure

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

      Facile, filtrage, c'est quand tu es d'accord, censure, c'est quand tu es pas d'accord.

      On parle de filtre anti spam, pas de censure anti spam.

    • [^] # Re: filtrage vs censure

      Posté par  . Évalué à 4.

      Tout à fait, et l'article cité se prend magistralement les pieds dans le tapis.

      Censurer c'est empêcher quelqu'un de dire quelque chose.

      Filtrer c'est empêcher certains de l'entendre.

      Les deux peuvent être abusifs, les deux peuvent être légitimes, mais les confondre fait preuve d'un grand amateurisme, tant sur les aspects techniques que juridiques.

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.