Forum général.général Manifeste pour l'Open Source et la Connaissance Libre !

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22
mai
2025

J'ai écrit un manifeste pour tenter de mettre en lumière l'importance de l'OS et du libre dans nos sociétés (avec une dimension militante / politique, mais aussi un appel a l'action). Je le partage ici, car je serai intéressé par votre avis et vos retours, merci d'avance !

Notre société fait face à des problèmes de souveraineté importants, notamment vis-à-vis des nouvelles technologies. De plus le néolibéralisme fait croître toujours plus les inégalités, ce qui appauvrit la population de manière croissante. Les connaissances libres et le code open-source sont des solutions qui pourraient s'appliquer immédiatement et de façon concrète pour inverser cette tendance, je m'explique :

Une des causes de cet appauvrissement, c'est le fonctionnement capitaliste de nos sociétés : les élites et leurs entreprises possèdent les moyens de production mais aussi les fruits de cette production. Il usent de cette position pour faire basculer le rapport de force au dépend non seulement de leurs salariés (inégalités, etc.) qui produisent, mais aussi des utilisateurs (obsolescence programmée, etc.) qui ont besoin de ces biens (parfois de manière vitale selon la nature des biens). Cela pose la question du rapport entre l'individu (quel travail est corrélé à quel gain ? Pour quelle raison ? Mais aussi est-ce qu'un individu mérite de gagner plus qu'un autre ?). Mais cela questionne aussi notre rapport au passé. En effet, ces gains sont justifiés par du travail passé, parfois récupéré par héritage, qui permet de posséder les moyens de production et donc les gains futurs. « Le passé tend à dévorer l'avenir, les richesses venant du passé progressent mécaniquement plus vite, sans travailler, que les richesses produites par le travail » - Thomas Piketty. Si ce constat est largement partagé, il est très difficile d'aller à l'encontre de cette dynamique, parfois estimée comme étant tantôt bénéfique (théorie du ruissellement qui a pourtant été maintes fois réfutée), tantôt inéluctable (« que pouvons-nous faire d'autre ? »).

Un des leviers permettant d'assainir cet état de fait inquiétant, c'est le libéralisme. En théorie, il permet aux individus d'entreprendre, pour ne plus réaliser leur travail dans le cadre du salariat dicté par un patron, mais aussi de défendre les intérêts des consommateurs, en tirant la qualité vers le haut et les prix vers le bas par libre concurrence.

Cependant ce contre-pouvoir est mis en péril par le concept de propriété intellectuelle, plus précisément par les systèmes de copyright et de brevet. De plus, les entreprises peuvent garder la connaissance comme un secret industriel, lui donnant un levier de plus pour la privatisation de l'information. Si déjà la démarche entrepreneuriale n'était pas accessible à tout le monde à cause du capital nécessaire, le coût de ces éléments théoriques est une barrière de plus à leur entreprise. Et ces connaissance ne sont pas toujours à la vente, et sont parfois la source d'un monopole. Ce monopole brise la libre concurrence, en empêchant non seulement les autres d'entreprendre sur le même secteur, mais aussi en permettant de vendre cher une qualité médiocre. L'entreprise pouvant faire des procès à tout concurrent proposant des produits meilleurs et/ou moins cher ou même juste similaire, cassant l'unique levier qui faisait pencher la balance en faveur de la population. Un exemple un peu caricatural mais bien réel, c'est les investissements de Martin shrekli dans le domaine pharmaceutique (https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/09/22/le-prix-d-un-medicament-contre-la-toxoplasmose-a-bondi-de-5-400-en-un-jour_4767396_3234.html). Bien que ce soit réalisé de manière plus subtile, la propriété intellectuelle induit ce genre de dynamique dans l'ensemble des entreprises et des domaines de production.

Si cette privatisation des connaissances nuit à la population, par individualisme elle nuit finalement aussi aux entreprises dans leur ensemble, ainsi qu'à la société de manière générale. Cette privatisation va à l'encontre du bien commun, et monte les entreprises les unes contre les autres de manière malsaine. Par exemple, si une entreprise développe une technologie permettant de consommer deux fois moins d'énergie pour produire un bien et ainsi le produire de manière plus effective, c'est-à-dire moins cher et plus écologique, et bien elle ne la partagera pas avec les autres entreprises concurrentes et ce afin d'avoir un avantage concurrentiel. Si c'est logique d'un point de vue économique, avec un peu de recul du point de vue de l'humanité c'est stupide : on pourrait réduire l'impact écologique de l'ensemble de ce secteur. Cela fait partie des leviers qui détournent les individus du bien commun vers les intérêts individualistes de leur groupe. De comment l'argent détourne les individus de leurs bonnes intentions.

Ces développements sont effectués en parallèle, parfois sur la même technologie ou sur le même concept, ce qui est totalement inefficace. Du point de vue de la société on paye plusieurs fois pour développer une seule et même chose. En plus ces différents groupes ne collaborent pas : ils cherchent à développer la technologie en premier afin d'avoir la primauté, c'est-à-dire le brevet et la propriété intellectuelle. De plus ces technologies gagnent perpétuellement en complexité, ce qui rend ce gaspillage de ressources croissant, mais ce qui rend aussi cette privatisation d'autant plus critique. Newton disait : « si j'ai vu plus loin, c'est que je me suis tenu sur les épaules d'un géant ». Cette citation met en exergue l'importance du rapport aux connaissances développées dans le passé. Au-delà d'une défense d'un « droit à l'innovation », sans même s'agir de voir plus loin, il s'agit juste de voir, de défendre un « droit à la compréhension ». C'est indispensable : déjà que les choix technologiques sont principalement réalisés de manière non démocratique au sein des entreprises, si les citoyens n'ont pas accès aux connaissances permettant de comprendre les tenants et aboutissants de ces technologies, il leur est impossible de prendre démocratiquement une décision éclairée. Cela les empêche aussi d'alerter les autres citoyens sur de potentiel risques.

Et ce manque de transparence a déjà permis par le passé de nombreux écueils, il ne serait pas étonnant d'en découvrir de nouveaux. Je pourrais citer le scandale Volkswagen, les virus créés par les sociétés d'antivirus (on pourrait retrouver dans le code des éléments ciblant les virus qu'ils ont créé en particulier), les dark pattern de certains logiciels, le shadowing de certains individus sur les réseaux sociaux, ou encore l'obsolescence programmée embarqué volontairement au sein des mises à jour. Ainsi mettre le code source et les connaissances / procédés en accès libre, et empêcher leur privatisation rendrai aussi le système plus sûr. Pour le code c'est de plus en plus important dû à notre dépendance croissante au technologie : « dans les mondes créés par des logiciels, le logiciel régule les comportements avec autant de poids, voire plus, que n'importe quelle loi » - Aaron swart qui se réfère à Lawrence League. « Soit l'utilisateur contrôle le programme, soit le programme contrôle l'utilisateur » - Richard stallman.

Une connaissance c'est la seule chose que l'on a toujours après l'avoir partagé, et qui en crée perpétuellement de nouvelles en les combinant entre elles : leur libre circulation permet théoriquement leur multiplication infinie (ne pas le faire pour des raisons économiques ne fait aucun sens). Je plaide donc pour la reconnaissance de l'ensemble des connaissances, du passé et du présent, au patrimoine mondial de l'humanité. Cassons ce mythe selon lequel une connaissance doit appartenir à quelqu'un : une connaissance est toujours construite à partir d'autres, elle s'inscrit dans une continuité, et il est urgent de briser cette continuité privative qui nous nuit tous ( en devenant privatrice). Croire que cela nous appartient (qu'on la mérite) est une vue de l'esprit. L'objectif de cette démarche est d'obtenir des avantages dans des rapports de force, il faut en être conscient. Choisir de garder la connaissance pour toi, en un sens c'est accepter la mise en compétition des individus et des groupes, accepter que l'homme soit un loup pour l'homme et devenu un loup soi-même. C'est étendre le capitalisme immatériel : c'est croire que le fait d'avoir développé une connaissance à un moment donné donne des droits économiques et/ou moraux sur les connaissances futures, parce qu'elles ont un lien ou découlent de celle qu'on a développé. Je vois à l'inverse le partage ouvert comme un symbole du lien aux autres et au passé. Un symbole de d'innovation et de vivre ensemble magnifique. Un symbole pour chercher à sortir du paradigme intéressé économique individualiste. Je n'ai évidemment pas de solution miracle pour résoudre l'ensemble des inégalités dû au capitalisme, mais stopper la privatisation des idées, concept et connaissances pourrait être mis en place dès demain et il s'agirait d'un grand pas dans la bonne direction. Cela baisserai les inégalités en réduisant les prix par deux leviers : on ne paierait plus une part du produit relative au droit / brevet, mais en plus les prix baisseraient aussi grâce à une libre concurrence plus juste.

Avant d'entamer un dernier paragraphe qui se veut comme des propositions concrètes pour implémenter cette vision utopiste présentée plus tôt, je me dois d'abord d'anticiper l'angle mort de ma démonstration et d'y proposer des solutions concrètes. Cet angle mort c'est la raison même de la création de ce système de propriété intellectuelle : créer une raison d'être économique à la recherche et à l'innovation. Sinon comment payer les chercheurs ? J'ai pour répondre à cela deux propositions : le système de subvention et le financement participatif. Le système de subventions tel qu'il est déjà en place dans la recherche publique avec le défaut principal du regard du gouvernement sur la direction de la recherche. Il est tout de même préférable que cette direction soit choisie par des gouvernements censé agir pour nos intérêt, que par des entreprises qui agissent dans la recherche du profit. Mais la solution du financement participatif est celle que je préfère. Le financement direct par tous et pour tous choisis directement par les citoyens. Dès lors on ne paye plus pour posséder, mais pour que cela existe, pour que cela puisse être accessible à tous par la suite ! Et quand à la critique comme quoi les gens ne seraient plus motivé par l'innovation et que les entreprises cesseraient de s'investir c'est pour moi faux. Les gens innovent aussi et surtout pour voir et faire marcher les innovations auxquelles ils croient, et avec les financements en amont, pour sûr qu'ils continueraient de faire leur recherches. Et pour les entreprises, quoi qu'il en soit l'innovation stimule la consommation, et elles s'y retrouveraient de toute façon, même sans système de privatisation des connaissances.

Je vais finir par des propositions concrètes citoyennes pour permettre à tout le monde à son échelle de participer à l'Open Source et à la libre connaissance :

  • participer à la reconnaissance de la privatisation des connaissances comme une pratique non éthique : c'est actuellement reconnu et implémenté comme une pratique normale et nécessaire. L'idéal serait à terme d'influer sur les organismes qui cristallisent ce système : la justice, qui permet aux entreprises d'asseoir leur monopole. Je serai très intéressé par les moyens que les citoyens ont leur disposition pour se faire. À plus petit échelle, cela peut se faire par l'organisation de débat citoyen autour de cette question pour avancer ensemble. Tu peux aussi partager ce post, ou mieux, faire de retour, des critiques, ajouter et ou retirer des éléments afin de participer de manière plus active.

  • participer au code et connaissances libre en ligne : Participer à des projets open-source sur GitHub, gitlab ou framagit. Pour ceux qui ne cotent pas, participer à la connaissance libre sur wikipédia ou wikitionnaire par exemple.

  • Donner de l'argent aux financements participatifs : financer les professionnels pour qu'ils puissent faire plus que du bénévolat en libre. Chercher un projet qui fait sens pour vous. Moi par défaut je donne à framagit et wikipédia.

  • dans ton travail, de nombreuses connaissances que tu as peuvent être précieuses au monde : prends la peine (littéralement, c'est beaucoup de travail) de partager des plans, astuces, savoir faire etc. Et l'entreprise pour laquelle tu travailles possède sûrement de la propriété intellectuelle : discute avec tes collègues pour voir comment à la fois partager tout ce qui peut l'aide de manière libre mais aussi utiliser au maximum des outils libres.

  • de manière générale prioriser autant que possible l'usage des logiciels open source : tu gagnes des sous (gratuit) et en faisant des retours, tu participes en tant qu'utilisateur à la construction du projet. En plus, si tu utilises un logiciel privé, il se peut qu'il ne soit gratuits qu'un temps pour transférer leur audience sur un modèle d'abonnement. Qq soit son prix, l'entreprise peut choisir de l'augmenter, ou de restreindre les possibilités qu'elle offre, la connexion a d'autres logiciel dans des pipeline etc. De fait comme c'est le logiciel que tu as appris à utiliser, tu pourrais devenir un utilisateur captif.

De manière plus ciblée si tu es :

  • un/une artiste : pareil c'est compliqué à mettre en place, mais si tu as une audience, chercher à transitionner vers du financement participatif pour permettre à la fois de te payer convenablement, mais aussi ensuite partager gratuitement tes productions à tout le monde, même à ceux qui n'ont pas les moyens (tout le monde s'y retrouve parce qu'au bout du compte tu augmentes ton audience potentielle).

  • si tu es chercheur/se public, refuser autant que possible de payer, autant pour publier que pour accéder aux publications : ne finançons pas ce système contre-productif (payer la recherche, la relecture, la publication mais aussi l'accès aux publications). Tu peux aussi parler de ce gros scandale (plus de 130 millions d'euros versé à Elsevier https://www.couperin.org/negociations/accords-specifiques-so/elsevier/ : l'État français cautionne donc non seulement la privatisation des connaissances mais aussi le fait de payer plusieurs fois un acteur privé pour un service discutable) avec tes collègues afin de voir ce qu'on peut y faire. C'est quand même nos sous qui sont dépensé n'importe comment de manière non démocratique.

Merci d'avoir pris le temps de tout lire ! <3

  • # L’hôpital, tout ça

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).

    Étant moi-même un familier des deux types d’erreur suivant, je me permet de vous les faire remarquer. Premièrement, écrire trop vite et trop dense ne permet pas de partager ses idées. Il faut prendre le temps de s’écarter des émotions, et formaliser les liens entre les éléments du discours. Sinon, on produit un pavé indigeste pour autrui. Deuxièmement, prendre le temps de se relire à froid. Les fautes d’orthographe, de grammaire, mots manquants et autres constructions inachevées qui foisonnent dès l’introduction désarçonnent même le plus complaisant des lecteurs.

    D’un autre coté, comme vous avez posté sur le forum, il vous est toujours loisible de vous relire puis de peaufiner votre œuvre.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

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