Journal Au source du fun N° Zéro : retrouver le fun dans le libre

14
11
juil.
2025

Sommaire

TLDR : ce journal traite des inutilitaires dans le libre. Il est conseillé de le consulter pendant un temps parfaitement inutile telle que la réunion du comité d'entreprise sur la stratégie IA de votre entreprise.

Je médite souvent sur cette dualité de notre époque hypermoderne : nos machines n'ont jamais été aussi puissantes, et pourtant, nous n'avons jamais été aussi prisonniers de leurs schémas de demande de productivité au détriment d'une certaine liberté d'exister. Chaque clic doit servir à quelque chose, chaque touche pressée justifier son existence. Mais il fut un temps où l'on savait encore jouer avec les ordinateurs comme des enfants jouent avec des boîtes en carton – pour le simple plaisir de l'exploration.

Je me souviens de ces après-midi perdus à cliquer sur des programmes qui ne servaient à rien et qui transformaient le clavier en instrument désaccordé ou dessinaient des fractales hypnotiques. On appuyait sur Échap et il ne se passait… rien ….. de sérieux. Il restait juste ce sourire idiot, comme lorsqu'on trouve un caillou parfaitement lisse sur le sentier du hasard.

J'ai l'impression, dans la même perspective qu'Eugène Ionesco* et Nuccio Ordine, que ce qu'on nomme « inutile » est souvent ce qui nous touche le plus. Un poème. Un rayon de soleil dans une tasse vide. Un programme open-source qui n'offre rien d'autre qu'une expérience qui nous rappelle notre capacité à nous émerveiller. Ainsi, l'autre jour, j'ai repensé à l'arbre de Zhuangzi, celui qu'on n'abattit pas parce que « trop tordu pour être utile ». Comme lui, des logiciels non-productivistes ont existé précisément parce qu'ils refusaient la logique du rendement.

« *Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art ; et un pays où l'on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves et de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit ; où il n'y a pas l'humour, où il n'y a pas le rire, il y a la colère et la haine. Ionesco »

Je revois :

  • L'Amiga, boîte magique dont chaque registre électronique faisait jaillir des vitraux numériques étincelants — où le #FF00FF n’était pas une simple valeur hexadécimale, mais la pourpre même de quelque adolescence éternelle retrouvée sur Aminet.

  • Les soundtrackers, laboratoires de sons modulaires où nous apprenions, comme des enfants maladroits devant un piano désaccordé, que la musique naît d’abord des contraintes — ces boîtes à rythmes qui clignotaient dans la pénombre des chambres d’étudiant, démiurges d’un futur artistique encore à explorer.

  • Les démos minimalistes, merveilles cousues dans l’étroit habit du kilooctet, où chaque opcode était un ciselé économe dans le minimum de mémoire d'une disquette 1,44 mégaoctet — ainsi la demonstration tenait sur l'équivalent d'un mouchoir de poche numérique.

  • Les jeux faits maison /Homebrew/, bâtards glorieux nés d’un « goto » mal placé et d’une nuit sans sommeil, où le hasard des bugs engendrait des monstres plus charmants que toutes les mécaniques bien huilées — ces bugs qui devenaient des fonctionnalités.

  • L'art ASCII, calligraphie de l'ère du terminal – où chaque caractère est un coup de pinceau, et chaque ligne un sourire qui charge en 256 caractères

  • Les inutilitaires, ces petits riens qui valaient tous les logiciels sérieux — parce qu’ils ne servaient à rien, justement, et qu’en cela ils ressemblaient aux poèmes, aux baisers, aux collections de cailloux dans les poches des enfants.

« Au Source du Fun » – ce titre, ce sont ces cailloux tombés dans nos poches « au petit bonheur la chance », un petit rappel de ces jours où l'informatique sentait encore l'aventure. Où l'on ouvrait un programme comme on ouvre un livre trouvé par hasard, sans savoir quelle histoire il allait nous raconter.

Ainsi, cher Journal, nous (Devnewton & ChilinHuaLong) te proposons cette fois-ci de revisiter les sources du fun via ces inutilitaires oubliés, et nous laisser surprendre. Sans objectif. Sans KPI. Juste pour le plaisir de (re)voir ce qui arrive. Revoir ces résistants numériques qui furent au code ce que les situationnistes furent à la ville : des semeurs de trouble bienveillants.

L'ASCII art, entre calligrammes numériques et typogrammes icôniques.

À l’aube de l’informatique, les écrans n’affichaient que du texte (ASCII), sans images ni sons. On était encore loin de l’âge du multimédia, pourtant anticipé par McLuhan, et des outils open source comme Blender, Gimp ou Inkscape, qui ont donné naissance à des œuvres tels que Flow,Elephants Dream, Big Buck Bunny… Le clavardage était déjà de rigueur, et les salons IRC et les BBS fleurissaient. Ainsi vint le succès des émoticônes ;-) : ces caractères prirent leur envol grâce à la communication textuelle virtuelle.
Ensuite, vinrent l'art ASCII (ou ASCII art), qui consiste en une succession de caractères de la table ASCII formant une image intelligible. Les artistes numériques et autres hackers rivalisaient d'ingéniosité pour afficher sur l'écran ces œuvres cyber-expressionnistes. La demoscene a aussi récupéré cette nouvelle forme d'art.
Bien que l'on distingue rarement l'ASCII art en catégories comme on le ferait en peinture, deux "courants" divergent :

  • Les oeuvres "réalistes" sous forme de calligrammes, qui s'inspirent de médias antérieurs (photos, dessins animés, 3D, bandes dessinées, logotypes, films) et substitue des groupes de pixels par des caractères ASCII.
  • Les oeuvres "schématistes" : les caractères forment des typogrammes, schémas icôniques dont les smileys qui représentent des émotions sous leurs formes les plus simples.

Pour l’approche schématique, chaque caractère compte autant par son essence que par sa forme. En revanche, les approches réalistes ne considèrent que la silhouette d’ensemble : on peut y échanger des lettres comme remplacer tous les v par des b sans bouleverser l’image. À l’inverse, dans une émoticône – forme minimale –, modifier un seul signe déplace toute la signification.

Entre ces deux pôles s’étend une palette de degrés : nous explorerons ces nuances à travers les inutilitaires libres

ASCII art schématique


SL

L'inutilitaire sl sort du lot. En effet, il offre un clin d'œil amusant aux dyslexiques ou aux utilisateurs maladroits avec leur clavier en affichant un train ASCII traversant lentement le terminal. Derrière cette animation se cache une parodie de la fameuse commande ls (listing) : ici, le nom est inversé , et le programme affiche une locomotive filant à toute allure, avertissant l'utilisateur qu'une faute de frappe a provoqué cette inversion de lettres.

SL Train


Cbonsai

Envie de cultiver un bonsaï, mais vous n’êtes pas un expert en jardinage ? cbonsai est là pour vous ! Ce programme permet de faire pousser un bonsaï directement dans votre terminal. Un petit projet zen pour adoucir vos sessions de travail.

CBonsai Zen


Asciiquarium

Si vous aimez les poissons mais que votre appartement est déjà trop plein d’animaux (chat, chien, hamster…), Asciiquarium vous permet de créer un aquarium animé dans votre terminal. C’est comme avoir un petit coin de nature, sans les inconvénients du bruit des poissons.

Asciiquarium


Moon-Buggy

Certains jeux ont ainsi été conçus, comme le célèbre nethack, Moon-Buggy, lui aussi, possède un graphisme réduit à sa plus simple expression. Vous incarnez un pilote de véhicule lunaire qui doit éviter les cratères et détruire les rochers. La jouabilité est bonne, et celui-ci garde le charme de son gameplay. Ce jeu est une version ASCII de Moon Patrol, un classique de l’arcade des années 80.

Moon Buggy


Hollywood Hacker Screen Style

Dans presque tous les films hollywoodiens, on voit des hackers tapant sur leur clavier, entourés de lignes de code, de diagrammes et de chiffres qui défilent rapidement sur un terminal. On va recréer cette scène culte dans la réalité grâce à un outil simple qui transforme votre terminal Linux en un véritable terminal de hacking à la Hollywood, en temps réel.

Hollywood Hacker Screen Style


Cmatrix

Dans la continuité de l'esprit de la représentation hollywoodienne du hacker, un inutilitaire s'inspirant de Neo vous est proposé. Ainsi, si vous avez aimé le film Matrix - ou du moins si l'idée de voir des caractères verts tomber à toute vitesse sur votre écran vous amuse - cmatrix
vous permet de recréer cette animation. À vous de jouer pour vous glisser dans la peau de Keanu Reeves, avec des lunettes noires et un air aussi expressif qu'un parpaing.

cmatrix


Lolcat

Lolcat est une commande qui fonctionne comme cat pour afficher du texte dans le terminal, mais avec une particularité : le texte s'affiche en couleurs arc-en-ciel, façon mème Internet. Parfait pour égayer un monde de terminal parfois bien trop monotone.

lolcat


L'ASCII art schématique dans les descriptifs et les commentaires de codes sources

Qu’il s’agisse d’un terminal austère, d’un LISEZMOI / README oublié , des fichiers ID.DIZ retrouvés sur disque dur, des commentaires perdus dans un code source, ces dessins ASCII ne se contentent pas d’être décoratif – ils sont une rebéllion contre la platitude du texte brut.

Boxes

Boxes apporte une touche d'élégance aux interfaces texte en générant des cadres sophistiqués, allant du simple rectangle épuré aux motifs plus élaborés. Cet outil permet de mettre en valeur des titres, des messages ou des éléments clés, transformant ainsi une sortie console ordinaire en une présentation soignée. Une solution discrète mais efficace pour ajouter du relief visuel à l'environnement terminal, tel que par exemple le [code source de l'Ascii calendrier Snoopy] (repris dans l'historiographie du MIT Press) (https://dosfanboy.wordpress.com/2017/01/05/making-a-snoopy-calendar-in-unix/).



 __   _,--="=--,_   __
         /  \."    .-.    "./  \
        /  ,/  _   : :   _  \/` \
        \  `| /o\  :_:  /o\ |\__/
         `-'| :="~` _ `~"=: |
            \`     (_)     `/
     .-"-.   \      |      /   .-"-.
.---{     }--|  /,.-'-.,\  |--{     }---.
 )  (_)_)_)  \_/`~-===-~`\_/  (_(_(_)  (
(        Different all twisty a         )
 )         of in maze are you,         (
(           passages little.            )
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'---------------------------------------'
Figlet

Fan d'ASCII art qui a du style ? Figlet est fait pour vous ! Ce petit malin transforme vos mots en typographies géantes et stylées, façon panneau publicitaire rétro. Avec sa collection de polices variées, créez des designs qui claquent en une seule commande – parfait pour pimper vos scripts ou égayer un terminal trop sérieux.

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figlet

L'approche réaliste de l'ASCII art

asciiPrime : où l’art mathématique rencontre l’ASCII

Ce logiciel ingénieux ne se contente pas de convertir des images en art ASCII – il les transforme en nombres premiers. Chaque pixel devient une donnée numérique, chaque caractère un chiffre, pour former une œuvre unique… et mathématiquement certifiée.

Comment ? Grâce au test de primalité de Rabin-Miller décrit dans The Art of Computer Programming de Knuth. Un mélange surprenant de créativité visuelle et de rigueur algorithmique.

asciiPrime


La Demo BB et sa AALib

L'art ASCII s'est largement répandu dans les cercles des demo-makers, ces passionnés qui ont repoussé les limites artistiques et techniques de ce médium. Ainsi, une démo particulièrement aboutie, mêlant selon la tradition musique électronique, animations et programmation, offre un spectacle visuel remarquable. Cette création nous entraîne dans un voyage qui semble tout droit sorti d'un Alice au pays des merveilles psychédélique. L'anecdote historique de la démo BB est liée à la volonté d'afficher un logo sous GNU/Linux :

Tout commença lorsque deux amis, férus d'informatique, souhaitèrent afficher un logo Linux sur leurs vieux écrans Hercules.
Problème : ces écrans monochromes ne supportaient pas la couleur. Pour contourner cette limitation, ils tentèrent une conversion en ASCII art… avec un premier résultat désastreux. L'un d'eux développa alors un nouvel algorithme pour optimiser la conversion.
Plus tard, en travaillant sur XaoS (un visualiseur fractal), l'idée d'appliquer l'ASCII art aux ensembles de Mandelbrot émergea - avec un rendu stupéfiant ! La bibliothèque AA venait de naitre et la demo BB par la suite.

BB
BB Wiki

BB 3

BB4


Libcaca : quand le cinéma ASCII devient un acte Dadaïste contemporain

Dans la même tendance que la demo BB, la bibliothèque libcaca a été créée pour pousser le concept plus loin. Son objectif ? Rendre les sorties console non seulement lisibles, mais véritablement artistiques, en ajoutant couleurs et effets visuels là où l'ASCII classique se limitait au noir et blanc. Une façon de transformer un terminal austère en une toile numérique vibrante !

La véritable innovation de Libcaca réside dans son inutilité assumée sous forme de manifeste artistique, comme l'expliquent ces déclarations de son auteur :

« Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès !

Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »


— Edmond Rostand, *Cyrano de Bergerac*

« Je sais parfaitement que Libcaca est aussi futile qu’il n’y paraît. Inutile de me le rappeler. Je vous invite à lire la préface de Théophile Gautier pour *Mademoiselle de Maupin*, qui explique par ailleurs excellemment l’origine du nom "libcaca" :

« Il n’y a rien de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin ; et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. »

Théophile Gautier

Ainsi, par extension de l'esprit subversif de Libcaca, l'intégration de cette bibliothèque dans Mplayer reflète bien plus qu'une simple fonctionnalité – ce serait un véritable manifeste psychédélique. Ce module transforme radicalement l'expérience cinématographique en une performance absurde où les films deviennent des énigmes ASCII. Comme l'aurait probablement proclamé Tristan Tzara s'il avait été développeur :

« Nous n'avons pas besoin de voir les films, nous voulons les deviner ! »

Dans cette logique, Libcaca opère un détournement radical de la perception visuelle : la vidéo devient une composition en caractères, où chaque image se transforme en message cryptique. Les couleurs, vives mais aléatoires, les formes, reconnaissables mais floutées, créent une tension permanente entre ce qui est perçu et ce qui est imaginé. « Nous avons réinventé le cinéma pour ceux qui préfèrent lire leurs films », confesseraient le réalisateur surréaliste Luis Buñuel Portolés et le peintre Salvador Dalí après leurs experimentations de cette bibliothèque sur leur chien andalou :) .

Cette bibliothèque répond avec ironie à une question que personne ne s'est encore posé :

Comment regarder un film sans être distrait par l'image ?

En hommage à Malevitch et son Carré noir, aux situationnistes et leur détournement, à nos vieux écrans CRT évoqués par les auteurs de BB qui tenaient vingt ans, Libcaca nous offre le cinéma du moins : moins de définition, moins de réalisme, mais infiniment plus de possibilités interprétatives. Car c’est bien là l’effet du projet : Libcaca loin de dévoiler l'image, il en déplace le langage. Les visages deviennent des motifs abstraits, les paysages des compositions géométriques. Le spectateur, autrefois passif, devient co-créateur, projetant ses propres visions sur cette toile numérique mouvante.

Dès lors, cette approche s’inscrirait naturellement dans la pure tradition Dada. Il suffirait de suivre une démarche minimale :

  1. Choisir un film complexe (Un Holy Mountain (1973) de Alejandro Jodorowsky fonctionnerait à merveille)
  2. Exécuter la commande sacrée : mplayer -vo caca The_Holy_Mountain.avi
  3. Contempler l’œuvre qui émergerait, mi-code, mi-poésie visuelle
  4. Documenter soigneusement les hallucinations provoquées

Ainsi, « La beauté est dans l’œil de celui qui… se force beaucoup » pourrait murmurer un critique d’art néo-classique après trois heures de cette expérience :P De plus, comme toute œuvre Dada qui se respecte, le résultat défie les conventions, ce même critique médusé se demanderait :

Est-ce encore du cinéma ? De l’art numérique ? Une blague de programmeur ?

La réponse importe finalement peu, tant l’expérience elle-même prime – cette confrontation joyeuse avec l’absurde technologique. Après tout, comme le rappelait Marcel Duchamp : « L’art est un jeu entre tous les hommes de toutes les époques. » , Libcaca est simplement la déclinaison contemporaine… en mode texte. In Fine, cette expérience nous invite aussi à reconsidérer notre rapport à l'image à l'ère du tout-HD, faisant de chaque projection une occasion unique où l'imagination du spectateur retrouve ses droits face à la perfection technique.

En guise de conclusion, dans l'hypothèse où McLuhan tel un observateur critique de cet art multimédia avait analysé "Libcaca" il aurait probablement conclue que :

« L'ordinateur, est le medium cool par excellence, il ne révèle son pouvoir hallucinogène que lorsqu'on ose y entrer en dialogue - Libcaca est l'anti-cinéma qui transforme la salle obscure en terminal psychédélique, il nous invite à devenir les programmeurs de nos propres hallucinations. Chaque interaction est un plan coupé dans le film total de la réalité. Ce que Buñuel faisait avec des rasoirs sur des yeux de film, Libcaca le fait avec de l'ASCII sur nos rétines numériques. . »

Mplayer.Libcaca

Mplayer.Libcaca2


Les inutilitaires en traits d’esprit

Fortune, un biscuit chinois dans le terminal

Comme les fameux biscuits des restaurants chinois (ou fortune cookies en anglais), fortune glisse dans votre terminal des pépites inattendues de sagesse ancestrale ou humour geek. Ces messages prennent des airs de petits vœux - bénédictions technologiques entre deux ls et grep. Ainsi, chaque connexion devient une surprise. Le plus charmant ? On peut y ajouter ses propres phrases : répliques de films, citations philosophiques ou pensées vagabondes …

"La route vers l'enfer est pavée de commandes sudo."

"sudo rm -rf / : la recette moderne du néant"

Ces fortunes peuvent se voir combinées avec le logiciel cowsay, qui donne un phylactère de bande dessinée à une vache, à Tux (ou à toute autre variante disponible dans la bibliothèque). Parce qu'un terminal avec une âme, c'est tout de suite plus chaleureux.


+----------------------------+
| Moo may represent an idea, |
|  but only the cow knows.   |
+----------------------------+
        \   ^__^
         \  (oo)\_______
            (__)\       )\/\
                ||----w |
                ||     ||



Pyjoke
$ pyjoke 
"C'est C++ qui dit à C: 'Voyons! Tu n'as pas de classe'",

$ pyjoke 
If you put a million monkeys at a million keyboards, one of them will eventually write a Java program. The rest of them will write Perl.

Comme son nom l'indique, pyjoke permets d'afficher des blagues. Malheureusement, il y en a peu en français. Peut être que les moules pourraient y contribuer ?


Fin de piste

Ce petit tour d'horizon – bien trop court pour être complet – aura peut-être réveillé cette étincelle qui nous faisait autrefois sourire devant l'étrange, le décalé et la beauté brute de l'ASCII art sous forme d'inutilitaires. Une manière de retrouver cet émerveillement espiègle face à des logiciels absurdes, qui ne servent à rien… si ce n'est qu'à exister, simplement parce que pourquoi pas ?

Linus Torvalds souligne avec humour que : « Le principal défi de la conception… c'est que Linux est censé être ludique… » – une pensée au coeur du libre qui réarticule sous un jour nouveau ce précédent aphorisme du théoricien du village global, McLuhan : « Prendre terriblement au sérieux de simples choses de ce monde (globalisé) trahit un défaut de lucidité. ».
Ainsi, Linus Benedict Torvalds rappel avec cette lucidité que le libre puise aussi sa source dans cette simple approche philosophique : « just for fun ».

 fortunes.cookies

Pour aller plus loin à skis:

En 2023, le MIT press a publié un ouvrage nommé " From ASCII Art to Comic Sans: Typography and Popular Culture in the Digital Age" (avec version Open Access) retraçant cette historiographie trop souvent oubliée de l'ASCII art. L'autrice Karin Wagner y explore l'art des machines à écrire (pré-ASCII) jusqu'à ses déclinaisons contemporaines, avec un détour savoureux par Comic Sans - cette police que tout le monde adore détester. Cette plongée au croisement de trois champs (informatique, typographie et culture pop ex: Calendrier Snoopy en Ascii art) réhabilite ces oubliés de l'histoire comme éléments clés de notre expérience numérique, héritiers de l'esprit libertaire des premiers hackers. L'analyse du rejet de Comic Sans, devenu un phénomène culturel s'étendant jusqu'au domaine politique, est particulièrement éclairante.

Ainsi, devant la standardisation de la création de notre époque , ces artisanats "inutiles" prennent une nouvelle résonance. Comme l'arbre de Zhuangzi sauvé pour son inutilité, l'ASCII art et Comic Sans rappellent que la vraie innovation naît souvent du détournement , de la liberté créative et des contraintes. Leur persistance dans la culture numérique - des forums underground aux protestations politiques - interroge nos obsessions productivistes et célèbre la beauté des formes simplement imparfaites…Ces pratiques nous rappelle que le numérique gagne à aussi conserver ces espaces de liberté et d'imperfection créative - comme autant de contrepoints nécessaires à la standardisation croissante de nos outils et imaginaires sous la pression contrainte des GAFAM

Source :

Command Line Fun
Forum Linux Mint

Snoopy

  • # J'ai pertinenté ...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+5/-0).

    … désolé !

    J'ai pertinenté une demi-seconde avant de réaliser que ce journal méritait sa classification comme inutile.

  • # merci

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 11 juillet 2025 à 22:28.

    Merci pour ce journal rafraîchissant. Je me souviens entre autres de la culture des démos des années 80 et de Moon Patrol.

    Comme j'apprends avec beaucoup de plaisir le Rust, je citerais le crate rustascci, un peu inutile mais très sympa puisqu'il ne comporte qu'une seule fonction display_rust_ascii() :

    fn main() {
        rustascii::display_rust_ascii() ;
    }

    qui affiche :

        ____             __ 
       / __ \__  _______/ /_
      / /_/ / / / / ___/ __/
     / _, _/ /_/ (__  ) /_  
    /_/ |_|\__,_/____/\__/      
    Hello, Rustaceans!

    Le crate est sous licence Apache. Quinze lignes de code source, dont six de commentaires et sept de println! :

    https://docs.rs/rustascii/latest/src/rustascii/lib.rs.html

    Fun…

  • # 36 15 ulla

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

    quand je pense à tout ce pr0n qui passait sur minitel — qui a fait un Xavier Niel — aussi dignement que via la libcaca :-) merci sam _o/

  • # Mais aussi

    Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

    Merci pour ce journal très rafraîchissant !

    Je me souviens, vers l'an 2000, de asciimator, un moteur qui transcrivait de la vidéo en ascii (en précalculé, je crois). La démo mise en ligne était le film "Gorge profonde", car "facile à suivre du fait des nombreux gros plans".

    Nous avons également apt moo au rayon des petits plaisirs inutiles :).

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