Journal Libre est Queer

7
10
juil.
2025

Pas besoin de réfléchir des heures pour se convaincre que la philosophie du libre n'est pas quelque chose qui remet frontalement en cause la société capitaliste. Il est assez fréquent, même, que l'on reproche aux libristes (car c'est bien connu, « les libristes » c'est comme « les femmes™ », c'est un bloc monolithique sans différences ni individualités) d'être plus libéraux (voire libertariens) que libertaires.

Les licences libres ne pourraient pas exister hors du cadre du système capitaliste - tout simplement parce que, hors de ce cadre, les licences tout court n'existeraient probablement pas : elles n'auraient pas lieu d'être. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne suis pas fan des « licences anticapitalistes ». Pour une autre raison, voir un peu plus loin.

Les licences libres, c'est plutôt quelque chose qui cherche à subvertir, en le détournant, l'un des outils du capitalisme pour en faire quelque chose de bénéfique pour la société (les gens, les utilisateurices).

Les licences copyleft ont été créées pour subvertir le copyright - ce principe absolument absurde si l'on y réfléchit un peu, qui consiste à définir un droit de copier (c'est-à-dire, plus exactement : une interdiction de copier lorsque ce droit n'est pas satisfait). Alors que la copie, avec ou sans modifications, c'est la base de l'apprentissage et de l'évolution (<troll>ce n'est pas les LLM qui me contrediront</troll>) : la copie, c'est la vie !

Et comme vous le savez aussi bien que moi, le copyleft n'est pas non plus une autorisation à faire tout et n'importe quoi, c'est quelque chose pour se défendre contre les grands prédateurs de la « Big tech ».

Paradoxalement, ce sont des libertaires qui souhaiteraient mettre en place des licences plus restrictives, tout particulièrement au niveau des usages - sous le motif qu'iels ne souhaitent pas que les techbros fachos puissent se servir de leur code. Cela peut s'entendre. Sauf que ça ne marche pas comme ça. De telles licences, non seulement sont plus fragiles, mais risquent de rater leur objectif : nuisant à celleux qui en auraient vraiment besoin tout en restant inefficaces contre les grosses entreprises et leurs armées d'avocats. Quand on voit qu'il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'un éditeur de logiciel libre, Entr'ouvert, gagne contre Orange, je n'ose même pas imaginer ce que ça aurait donné s'ils avaient utilisé des licences moins robustes1.

Cela m'a fait penser (parce que j'ai l'esprit un peu tordu) à l'apparente opposition2 entre deux courants du féminisme que j'apprécie tout particulièrement car ils sont anti-essentialistes et radicaux (au sens où ils s'efforcent de penser les problèmes à la racine) : le féminisme matérialiste et le féminisme queer. Les matérialistes combattent frontalement le patriarcat. Les queer cherchent plus à le subvertir de l'intérieur.

Pour moi, promouvoir les licences libres est une attitude queer. On ne rejette pas le système, on cherche à le hacker, le subvertir, l'adapter à nos besoins. C'est une stratégie de l'ici et maintenant, une lutte de l'intérieur du système. Car c'est tout de même assez tordu (queer) de résister aux licences capitalistes en inventant de nouvelles licences capitalistes, tout particulièrement celles qui sont contaminantes !

Ce qu'on appelle la « philosophie du Libre » remet en cause l'idéologie dominante en mettant en avant le partage plutôt que la bunkerisation des outils et des connaissances. Mais cela ne cherche pas particulièrement à remettre en cause le capitalisme. D'autant qu'il y a chez certains libristes une fascination de la tech qui peut les rendre aveugles à certains récifs : hier la blockchain, aujourd'hui les SRAS3. Et je ne parle même pas de celleux qui préfèrent parler d'Open Source plutôt que de Libre4.

La philosophie du Libre prioritise « la liberté » des utilisateurices avant tout autre chose (et certains diront même : à l'exclusion de tout autre chose). C'est à la fois peu et beaucoup. Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que nous sommes toustes l'utilisateurice de quelqu'un d'autre. Il n'y a pas, d'un côté, les Architectes (les développeureuses) et, de l'autre, les Utilisateurices. Plus la technique, plus le code, sont complexes, plus cela crée des strates d'utilisateurices. Nous sommes toustes inderdépendantes les unes les autres et ce que dit le Libre, c'est qu'il faut que toutes ces strates nous laissent libres : d'étudier, reproduire, modifier, retransmettre, avec ou sans modifications.

Or concernant les SRAS - tout au moins ceux dont on ne maîtrise pas l'ensemble des données d'apprentissage, quelles que soient les strates supérieures, on reste l'utilisateurice d'un modèle qui ressemble plus à une boîte noire qu'à autre chose. Et ça, c'est dangereux, non seulement en termes de liberté, mais aussi en termes de sécurité et d'autonomie.

Alors restons subversif·ves. Cultivons nos propres outils. Forgeons ceux dont nous avons vraiment besoin. Refusons les gadgets écocides des techbros. Ne nous laissons pas séduire par les bonimenteurs, par cette hype autour de l'« IA » qui tend à nous faire croire que les outils d'extrusion de textes synthétiques (synthetic text extruding machines5) sont autre chose que ce qu'ils sont : des machines à compléter du texte en fonction des occurrences les plus probables.

Ce n'est pas grave de ne pas faire comme tout le monde. Au contraire, c'est ce qui nous définit et fait notre force.

Restons libres. Restons queers.


  1. Voir aussi ce que j'en dis ici (dernier paragraphe). 

  2. J'aurais tendance, en ce qui me concerne, à parler plutôt de complémentarité. 

  3. Systèmes Résultant d'Apprentissage Stochastique. Voir ce billet sur Linuxfr ainsi que ma conférence aux JDLL 2025

  4. Quelque part, l'Open Source a été créée pour subvertir la subversion, la faire rentrer dans le rang (du capitalisme). 

  5. Expression tirée de The AI Con. Si vous n'avez pas encore lu ce bouquin, lisez-le, c'est d'utilité publique. 

  • # Où placer la subversion ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-0).

    J'ai beaucoup aimé ta conférence sur l'IA aux JDLL. Merci de l'avoir retranscrite au passage, ce qui m'a permis d'y accéder.

    J'avais un questionnement à sa lecture, qui se réactive ici : je comprends bien la détestation de l'IA en tant que projet politique, mais j'ai l'impression que tu ne l'applique pas forcément à tous les outils placés sous le nom "d'IA". S'il y a des modèles réellement libres qui émergent, c'est à dire avec des données acquises en respectant les licences, est-ce que tu considèrerais ça comme acceptable ? Encore que, il faudrait sans doute que cela se place aussi dans un projet politique suffisamment "à côté" aussi : s'il faut bétonner et faire des centrales nucléaires en plus pour un LLM libre, je ne sais pas trop s'il serait fondamentalement différent des autres.

    De même que le copyleft est effectivement basé sur le copyright pour le détourner de son objectif initial, est-ce que tu envisages que les outils et algorithmes associés à "l'IA" puissent être détournés pour un usage profitable ?

    À titre personnel je me questionne beaucoup. J'explore et expérimente (comme j'ai pu le faire avec d'autres produits capitalistes et d'autres copies de produits), pour essayer de comprendre les possibilités et limites. Il y a des aspects où c'est juste effrayant, comme les GAFAMS peuvent l'être. Une couche au dessus même, parce que le potentiel de destruction est exponentiel. Il y a aussi des usages possibles des outils (LLM et autres) qui peuvent être plutôt positifs, et d'autres enfin où s'en interdire l'usage risque de donner un avantage à un certain type de monde, et pas le meilleur à mon goût. Je n'ai vraiment pas de réponse à tout ça, il me faudra une dizaine d'année encore au moins pour me faire un avis tranché, mais ta lecture de tout cela m'intéresse et m'aide à comprendre certains mécanismes.

    • [^] # Re: Où placer la subversion ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+6/-1).

      J'ai beaucoup aimé ta conférence sur l'IA aux JDLL. Merci de l'avoir retranscrite au passage, ce qui m'a permis d'y accéder.

      Merci :-)

      je comprends bien la détestation de l'IA en tant que projet politique, mais j'ai l'impression que tu ne l'applique pas forcément à tous les outils placés sous le nom "d'IA". S'il y a des modèles réellement libres qui émergent, c'est à dire avec des données acquises en respectant les licences, est-ce que tu considèrerais ça comme acceptable ?

      En fait, des systèmes résultant d'apprentissage stochastique libres et qui ne crament pas la planète ça existe déjà (en tant que chercheureuse par exemple on peut s'amuser à entraîner un modèle de A à Z) ; évidemment c'est moins "puissant" qu'un truc du type ChatGPT mais la bonne question qu'il faut, je pense, se poser, c'est "puissant pour quoi faire ?".

      A-t-on vraiment besoin de tels outils ? Pour quel usage ?

      Outre le côté éthique/écologique, peut-on encore qualifier de "Libre" un outil qui nécessiterait de posséder un data center (et les capacités énergétiques, les ressources en eau…) associées pour le créer / le faire tourner ? Peut-être dans un système où les data centers seraient un commun, mais dans notre système ?

      D'autant que ne l'oublions pas, il y a également beaucoup de travail humain (des humain·es sous-payées, souvent traumatisé·es par les contenus qu'ils et elles doivent traiter, classer, identifier) derrière ces SRAS. Il ne faudrait pas penser que ça se fait tout seul juste avec beaucoup de données, une grosse machine et quelques bons algos.

      De même que le copyleft est effectivement basé sur le copyright pour le détourner de son objectif initial, est-ce que tu envisages que les outils et algorithmes associés à "l'IA" puissent être détournés pour un usage profitable ?

      La question est : les détourner pour quoi faire ?

      Il faut déjà avoir pleinement conscience de ce que cela peut, et ne peut pas, faire correctement. C'est juste une machine à recracher du texte (ou des images) en fonction de poids statistiques obtenus à force d'entraînement (et pas mal d'huile humaine aussi). Ça ne "pense" pas, ça ne "cherche" pas. Ça ressort du plausible, pas du correct. C'est en général très fortement biaisé envers les populations non dominantes (aka non mec blanc cis causant l'anglais).

      Le vrai but des techbros qui poussent à l'adoption des gadgets d'IA actuels est profondément néolibéral : automatiser des jobs auparavant épargnés, pour précariser encore un peu plus les travailleureuses. Virer les artistes, les traducteurices, les développeureuses pour mettre des machines à leur place - quitte à garder quelques humain·es pour babysitter les machines (j'adore cette image, elle vient de The AI Con, il faut vraiment lire ce livre, il y a tout dedans pour comprendre).

      Tout en nous faisant perdre nos repères par rapport à ce qui est un fait, et ce qui n'est qu'une invention de ces machines à produire du plausible.

      Par conséquent, pour moi, le "hack", ce serait déjà de ne pas se faire avoir quant à ce que sont réellement ces outils. Ce serait de documenter leurs failles. Étudier leurs biais. Faire un travail d'éducation critique auprès du grand public comme on a pu le faire concernant les outils des GAFAM : c'est en fait leur nouvel avatar.

      • [^] # Re: Où placer la subversion ?

        Posté par  . Évalué à 6 (+5/-1).

        Le vrai but des techbros qui poussent à l'adoption des gadgets d'IA actuels est profondément néolibéral : automatiser des jobs auparavant épargnés, pour précariser encore un peu plus les travailleureuses.

        Avec cette remarque je ne comprends pas comment tu te revendique "queer informatique" puisque c'est l'essence de l'informatique. Tu ne peux pas subvertir le logiciel pour qu'il soit autre chose que de l'automatisation et donc qu'il remplace des métiers.

        L'informatique comme toutes mécanisation est par définition un moyen d'augmenter l'efficacité de la production pour faire plus à partir de moins et de viser un coût marginal nul.

        https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+1/-0).

          Par contre pour précision, le "plus" est ici quantitatif (de plus grande quantité plus vite) et/ou qualitatif (montée en gamme en termes de service/valeur ajoutée, rendre l'impossible possible/réaliste, etc.).

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+5/-0).

          Avec cette remarque je ne comprends pas comment tu te revendique "queer informatique" puisque c'est l'essence de l'informatique. Tu ne peux pas subvertir le logiciel pour qu'il soit autre chose que de l'automatisation et donc qu'il remplace des métiers.

          Mouais, beaucoup de gens disent cela mais honnêtement je n'en suis pas convaincu.

          La plupart des informaticiens ne se lèvent pas avec pour mission et objectif de remplacer des jobs. Alors bien sûr il peut y avoir des concurrences entre jobs traditionnels et nouveaux jobs liés à l'informatique, ou des remplacements directs. Mais est-ce la majorité ? Ce n'est même pas sûr. Et pour preuve, l'informatisation croissante de nos sociétés n'a pas entrainé une hausse massive du chômage d'un point de vue global. Est-ce qu'un développeur de jeux vidéo remplace des jobs ? Est-ce que l'éditeur d'une suite bureautique ou d'un OS remplace des jobs ? Est-ce l'éditeur de sites web remplace des jobs ?

          Alors que de nombreux prometteurs de l'IA c'est un but clair, et s'ils parviennent à ce qu'ils veulent faire, cela sera clairement visible en terme d'emplois contrairement à l'informatique jusqu'ici. Il est peu probable qu'il en soi autrement.

          Donc oui je ferais bien la distinction entre eux. Le traitement automatisé de l'information (ce qu'est l'informatique dans le fond) ne signifie pas que le but ou la conséquence est l'automatisation de la société et des emplois.

          • [^] # Re: Où placer la subversion ?

            Posté par  . Évalué à 5 (+2/-0).

            Mais c'est l'essence même de la modernisation, que ce soit la charrue, l'imprimerie ou la mécanisation.

            Remplacer le travail long et fatiguant par un moins long et moins fatiguant, et ce qui fait une grosse partie de notre évolution, un bon informaticien est celui qui est flemmard: il voit quoi automatiser pour avoir moins de travail.

            Le but n'est pas de piquer le travail de collègue potentiel, c'est juste la nature qui cherche le moindre effort.

            La plupart des informaticiens ne se lèvent pas avec pour mission et objectif de remplacer des jobs

            Non, effectivement, mais tout ceux qui cherchent à automatiser et faciliter des procédures ne peuvent ignorer que la partie la charge de travail fait nouvellement par la machine var induire fatalement, comment dit on… une réorientation ? Ou a minima, moins de remplacement.

            La c'est différent parce que c'est nos propres jobs qui sont touchés?

            Et pour preuve, l'informatisation croissante de nos sociétés n'a pas entrainé une hausse massive du chômage d'un point de vue global.

            pas plus que la mécanisation de l'agriculture ou de l'industrie, on a dégagé du temps pour d'autre jobs, dont le divertissement, la communication, ou la course à l'espace.

            De même lorsque les femmes on pu travailler sans l'aval de leur mari, cela n'a pas crée un chômage de masse.

            Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

            • [^] # Re: Où placer la subversion ?

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7 (+4/-0).

              Non, effectivement, mais tout ceux qui cherchent à automatiser et faciliter des procédures ne peuvent ignorer que la partie la charge de travail fait nouvellement par la machine var induire fatalement, comment dit on… une réorientation ? Ou a minima, moins de remplacement.

              Ce que je soulève c'est que de nombreux métiers informatiques ne sont pas de cet ordre là. Donc faire la généralisation informatique = automatisation = remplacement de jobs semble faux jusqu'à aujourd'hui.

              La c'est différent parce que c'est nos propres jobs qui sont touchés?

              pas plus que la mécanisation de l'agriculture ou de l'industrie, on a dégagé du temps pour d'autre jobs, dont le divertissement, la communication, ou la course à l'espace.

              Il y a un soucis d'échelle et de possibilités.

              On a pu migrer les travailleurs de l'agriculture vers l'industrie, puis de l'industrie vers les services. D'ailleurs le développement industriel et des services n'aurait pas pu avoir lieu sans libérer les gens de l'agriculture.

              Mais si tu automatises le tertiaire de manière significative, tu les migres vers quoi ? Oui il y a toujours des jobs qui seront sans doute plus long à toucher. Mais de quoi absorber ces millions / milliards d'individus ? J'en doute.

              Ce n'est pas un sujet évident.

              • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 11 juillet 2025 à 17:11.

                Donc faire la généralisation informatique = automatisation = remplacement de jobs semble faux jusqu'à aujourd'hui.

                Ça ne marche pas comme ça. Cortex ne se lève tous les matins pour conquérir le monde. C'est l'informatique en tant qu'infrastructure qui se déploie partout tout le temps. Chacun y contribue par la production ou l'usage. C'est un cas particulier les cas de 1 pour 1 que tu recherche.

                Il faut imaginer une croissance infinie dans un monde fini pour envisager que passer son temps à automatiser n'a pas d'impact

                https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                  Posté par  . Évalué à 6 (+4/-0).

                  L'informatique automatise assez peu de choses, si ce ne sont des problématiques liées à l'informatique.

                  • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

                    C'est ironique ? Tu n'a jamais comparé une industrie quelque soit le domaine il y 60 ans et aujourd'hui ? Tu as une partie qui vient d'une mécanisation sans informatique mais l'informatique a fini le travail

                    Et l'informatique n'a même pas besoin d'automatiser pour me faire. Juste par économie d'échelle elle détruit les commerce de ta ville

                    https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                    • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

                      Et l'informatique n'a même pas besoin d'automatiser pour me faire. Juste par économie d'échelle elle détruit les commerce de ta ville

                      einh ?
                      je n'ai pas compris :/

                      tu parles des caisses enregistreuses, des centres commerciaux en dehors des villes ?

                      je puis élaborer, mais là tu m'as perdu ou fait une conclusion sans me donner les tenants et aboutissants de qui est réellement concerné.

                      • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                        Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

                        Je te donne un exemple ce qui fait que la vente en ligne concurrence si fortement les commerces c'est de pouvoir gérer leur stock comme un seul gros hangar perdu plutôt que d'avoir des petites boutiques au loyer exorbitant. Bien sûr il y a une d'automatisation, mais ce qui est primordial c'est le prix du m2

                        https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+3/-0).

                  Ça ne marche pas comme ça. Cortex ne se lève tous les matins pour conquérir le monde.

                  Quand tu construits un robot qui remplace une tâche effectuée par un humain, c'est évident que tu vises à remplacer des jobs. Non pas que c'est mal dans l'absolu, on a de bonnes raisons de le faire, mais on en a pleinement conscience.

                  Quand tu développes un jeux vidéo ce qui est de l'informatique, bah de près comme de loin je ne vois pas en quoi ça peut effleurer l'esprit de quiconque, ni même que ça ait du sens. Ça automatise quoi un développeur de JV ?

                  C'est un cas particulier les cas de 1 pour 1 que tu recherche.

                  Pas du tout, suffit de voir dans son ensemble, assez peu de métiers ont disparu à cause de l'informatique. Beaucoup ont par contre beaucoup évolué dans leur pratique c'est indéniable. Et c'est ce qui a permis aussi de changer des choses dans la société.

                  Il faut imaginer une croissance infinie dans un monde fini pour envisager que passer son temps à automatiser n'a pas d'impact

                  Mais j'ai cité des tas de développeurs qui n'automatisent dans l'absolu aucun job, ou seulement certaines parties très délimitées. Ils automatisent au mieux leur environnement de travail pour la plupart, avec quelques limites. On est très loin jusqu'ici du grand remplacement des travailleurs avec l'informatique. L'IA changera peut être ça, ce n'est pas anodin et c'est plutôt nouveau comme phénomène en terme d'ampleur et par le côté systémique.

                  • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

                    Pas du tout, suffit de voir dans son ensemble, assez peu de métiers ont disparu à cause de l'informatique.

                    Presque rien quelque chose comme une énorme partie des emplois dans l'industrie et de plus en plus de service qu'on remplaçait jusqu'à maintenant par des appli. Bref presque rien

                    Mais j'ai cité des tas de développeurs qui n'automatisent dans l'absolu aucun job, ou seulement certaines parties très délimitées.

                    Même comme ça on détruit des emplois Amazon éclate les librairies moins parce qu'elle automatise que parce qu'elle fait des économies d'échelle.

                    On est très loin jusqu'ici du grand remplacement des travailleurs avec l'informatique.

                    On précarise pour le moment. On uberise, on met des gens devant des machines pour les parties qu'on a pas encore automatisé.

                    Mais t'inquiète pas les IA ce sera pareil, les gens feront auto entrepreneur et créerons eux-mêmes leur boulot

                    https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                  • [^] # Re: Où placer la subversion ?

                    Posté par  . Évalué à 7 (+4/-0).

                    Quand tu développes un jeux vidéo ce qui est de l'informatique, bah de près comme de loin je ne vois pas en quoi ça peut effleurer l'esprit de quiconque, ni même que ça ait du sens.

                    Tu produis du divertissement, qui va entrer en concurrence avec d'autre (livre, journaux, télé, cinéma, café… ); le temps que tu peux allouer au divertissement n'est pas infini :). Alors oui depuis le début du 20eme on a plus de congés, moins de temps de présence au travail, mais fatalement le temps que l'on passe sur un jeux vidéo n'est pas passé ailleurs.

                    Et ton jeu vidéo il va durer dans le temps, à minima pour une dizaine d'heure (et si je regarde certains sur mon poste, ça dépasse les 500).

                    Quant à automatiser, ça automatise le divertissement du joueur :)

                    Mais j'ai cité des tas de développeurs qui n'automatisent dans l'absolu aucun job,

                    Parce que tu as une vision très 1:1, mais cela permet des surpression de jobs devenus inutile du fait même de l'automatisation ou de l'augmentation de capacité; lorsqu'on est passé du cheval à la voiture ou au train pour les déplacements, les relais, auberges, et autre sur les routes sont devenus moins nécessaire, pas mal on disparus.

                    Pour reprendre un autre exemple que tu as donné

                    Est-ce que l'éditeur d'une suite bureautique ou d'un OS remplace des jobs ?

                    Oui. Un tableur va te diminuer la masse nécessaire pour la compta et tout pleins de truc sur la gestion, ton traitement de texte te permet de te réduire le besoin en secrétaires, et les présentation te fait gagner du temps que tu aurais passé (ou fait passer) autrement sur des transparent et maquettes.

                    L'OS lui même est un prérequis pour l'informatisation :)

                    Ensuite l'informatique a aussi crée des emplois pour la gestion de l'informatique, permis des organisations différentes, voir permis des choses qui n'auraient pas été possible autrement. Mais typiquement si le travail que je fais n'est pas réalisable par un humains, l'informatique a permis justement cette organisation, autrement on aurait fait très différemment avec plus de matériel, et… plus d'humains :)

                    Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

          • [^] # Re: Où placer la subversion ?

            Posté par  . Évalué à 3 (+1/-0).

            Est-ce que l'éditeur d'une suite bureautique ou d'un OS remplace des jobs ?

            Vu la quantité de boîtes qui utilisent Excel comme base de données, je dirais que oui… Ça a remplacé plein de jobs de DB admin et développeurs. Au minimum.

            Est-ce l'éditeur de sites web remplace des jobs ?

            Ça dépend du site. Les Facebook, Instagram ou même Wix & Shopify ont remplacé quantité de jobs de développeurs ou de communicants parce que l'entrepreneur se débrouille tout seul. Il y aussi tout plein "d'agences web" qui fonctionnent avec exactement zéro dev, juste des gens qui remplissent des cases dans des CMS. Ou quand Google t'affiche directement des offres de billets d'avion correspondant à ta recherche, ils éliminent des sites de comparateurs et leurs collaborateurs. Bref des exemples de développements qui font disparaître des métiers il y en a à la pelle. D'ailleurs le libre n'aide pas particulièrement : ça couvre la quasi-totalité des besoins logiciels que tu pourrais avoir et souvent gratuitement. Donc beaucoup moins de jobs rémunérés pour qui voudrait développer un OS, un serveur Web ou un SGBD. Les places sont bien plus rares et bien plus chères.

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+3/-1).

          Avec cette remarque je ne comprends pas comment tu te revendique "queer informatique" puisque c'est l'essence de l'informatique.

          Alors déjà je ne me revendique pas "queer informatique" : ce n'est pas ce que dit le titre de mon journal.

          Ce que dit le titre, c'est que le Libre est queer.

          Et Libre != informatique.

          Tu ne peux pas subvertir le logiciel pour qu'il soit autre chose que de l'automatisation et donc qu'il remplace des métiers.

          Je ne suis pas non plus d'accord sur ce point. Regarde Internet : j'ai l'impression qu'il a surtout permis une meilleure communication entre les humain·es (du moins à ses débuts, avant que tout soit privatisé -plateformisé - IAshittifié). Regarde des logiciels comme OpenStreetMap, PeerTube et compagnie : ça ne remplace pas des métiers (?) et ça nous facilite plutôt la vie.

          Plutôt que d'automatiser des trucs que les humains aiment faire, s'il faut automatiser ce serait plutôt les trucs chiants or quelque part, c'est exactement le contraire qui se produit avec l'"IA" : d'auteurices/créateurices/développeureuses on devient simples relecteurices, correcteurices.

          • [^] # Re: Où placer la subversion ?

            Posté par  . Évalué à 6 (+6/-2).

            Regarde Internet : j'ai l'impression qu'il a surtout permis une meilleure communication entre les humain·es (du moins à ses débuts, avant que tout soit privatisé -plateformisé - IAshittifié)

            Il a permis très tôt l'émergence des trucs comme Amazon. Il n'y a pas une ville dont les commerces n'ont pas subit la concurrence d'internet. Et sans internet les délocalisations seraient bien plus limités. Et maintenant c'est grâce à lui qu'on uberise.

            Regarde des logiciels comme OpenStreetMap, PeerTube et compagnie : ça ne remplace pas des métiers (?) et ça nous facilite plutôt la vie.

            Tu parle des services qui concurrence Michelin, IGN, la télévision, le cinéma,… C'est pas forcément moins bon mais c'est systématiquement avec moins de gens.

            Plutôt que d'automatiser des trucs que les humains aiment faire, s'il faut automatiser ce serait plutôt les trucs chiants or quelque part, c'est exactement le contraire qui se produit avec l'"IA" : d'auteurices/créateurices/développeureuses on devient simples relecteurices, correcteurices.

            Tiens tu veux un exemple. Les gens adorent la curation. Tout le monde veut conseiller le truc qui lui plaît. Mais on a complement détruit ça par des moteurs de recommandations et on a pas attendu des llm pour faire ça.

            Quand dans l'industrie, on ne met plus que des gens devant des machines pour pallier les dernières étapes qu'on a pas encore automatisé. On atomise le travail jusqu'à la perte complète de sens et ceux qui restent sont en sursis.

            T'inquiète pas on pourra citer des choses cool avec l'IA aussi. Le processus est plus brutal, il n'est pas de nature différente.

            https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: Où placer la subversion ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+13/-0).

        En fait, des systèmes résultant d’apprentissage stochastique libres et qui ne crament pas la planète ça existe déjà (en tant que chercheureuse par exemple on peut s’amuser à entraîner un modèle de A à Z) ; évidemment c’est moins “puissant” qu’un truc du type ChatGPT mais la bonne question qu’il faut, je pense, se poser, c’est « puissant pour quoi faire ?".

        A-t-on vraiment besoin de tels outils ? Pour quel usage ?

        Ce sont les bonnes questions. Et ce qui m’ennuie, c’est que oui, il y a des usages où je vois l’intérêt. Le plus facile étant les traducteurs automatiques. L’apprentissage des langues demande un certain nombre de privilèges, la démocratisation de ces outils a permis d’accéder à des connaissances et des échanges qui étaient inenvisageables avant.

        À titre personnel cela m’aura permis de me former sur des ressources qui n’existaient pas dans ma langue, de discuter avec des gens qui me seraient restés incompréhensibles sinon (et encore, il restait la distance culturelle à franchir) et mine de rien, à apprendre aussi d’autres langues. Faire tomber la montagne que cela représentait d’essayer de “comprendre” a rendu l’apprentissage possible. Certes, je ne paie pas de traductrices depuis que j’utilise Deepl. Mais de toute façon je n’ai jamais eu les moyens de le faire.

        Et dans mes divers tests avec les LLM, il y a plein d’usages que je trouve douteux, où ils sont inutiles voire contre-productifs, mais il y a aussi plein de situations où cela m’a débloqué, là où aucun humain n’allait daigner m’aider. Par exemple, quitte à me fâcher avec les techbros (on est là pour ça non ? :P ) : les LLM sont d’une patience infinie pour rendre le fucking manuel plus digeste, là où les vraies puristes croient que lire le man suffit. Certes, si nous étions dans une société bienveillante où les débutantes seraient accompagnées avec patience, sans jugement et sans sous-entendu sexistes, c’est sûr que je n’aurais pas autant apprécié la reformulation offerte par les LLM et que j’aurais pu m’en passer.

        J’aurais des tas de sujets sur lesquels j’ai trouvé que oui, certains outils répondaient à des besoins, exprimés depuis longtemps mais où je n’avais pas les “privilèges” pour y répondre… jusqu’à avoir accès à ces trucs. J’ai parfois eu la tentation de faire quelques journaux sur mes expériences “LLM” mais vu comme le débat est polarisé, je n’ai pas eu la foi de me confronter aux retours violents de certains… pourtant pouvoir échanger sur les qualités et limites des divers outils pourrait vraiment être cool, histoire de mieux comprendre les enjeux. Parce que chaque fois que je trouve un usage “utile”, il vient forcément des questions sur ce que ça implique derrière. Déjà j’ose participer un peu dans la conversation ici, mais je stresse en postant mes commentaires. Alors, faire des journaux… je resterais sur des sujets plus consensuels.

        Outre le côté éthique/écologique, peut-on encore qualifier de “Libre” un outil qui nécessiterait de posséder un data center (et les capacités énergétiques, les ressources en eau…) associées pour le créer / le faire tourner ? Peut-être dans un système où les data centers seraient un commun, mais dans notre système ?

        L’entraînement des gros modèles demande des ressources qui me semblent difficiles à trouver dans les communs, mais tu dis que c’est possible, je te crois : je ne suis pas compétente, et je trouve la nouvelle rassurante !

        Faire tourner les outils qui en découlent est possible “facilement” dans une optique mutualisée, sauf qu’on ne peut pas évacuer si facilement le côté éthique/écologique, et puis si le modèle n’est pas entraîné sur des données libres, de toute façon on ne peut pas prétendre que le produit final l’est. Je me suis tâtée à héberger un LLM “maison” pour ma bande d’amis, histoire qu’au moins les infos persos n’aillent pas nourrir les grosses entreprises. Je n’ai toujours pas tranché si c’est pertinent ou non ; je n’ai pas non plus la machine qui le permet bien qu’elle n’est pas « hors de portée ». Sauf qu’il y a ici pour moi aussi le questionnement écologique qui freine à mort : je suis plutôt à réemployer des vieux coucous qu’à acheter (et donc cautionner la création) de matériel neuf.

        Je fais un petit détour sur la question du travail. Primo, le fait qu’une population a été exploitée pour construire les modèles de données. Oui, ça on ne va pas le nier. Mais l’esclavage moderne des populations les plus paupérisées fait partie du fonctionnement du capitalisme, et ce sont des groupes similaires qui vont faire nos habits (l’industrie textile est ignoble), trouver les matières premières qui font tout notre confort moderne (personne ne peut rêver de bosser dans une mine d’un pays pauvre, à moins d’avoir comme alternative de crever de faim), et autres jobs foireux. Je ne dis pas que cela est justifiable. Juste que c’est tout aussi peu éthique que la majorité des choses qu’on utilise au quotidien. Pourquoi cet argument devrais avoir plus de poids dans l’usage des IA que dans l’habillement ? Parce que je doute très fortement que les critiques de l’IA utilisent uniquement les vêtements transmis par leurs aïeuls ou ceux qu’ils ont eux-même tissés. Je précise bien qu’il ne s’agit pas de nier la pénibilité du travail accompli, juste que si on veut utiliser cet argument pour « ne pas utiliser l’IA », il faut être cohérent et ne pas utiliser de nombreuses autres choses, ce qui mène forcément à s’exclure de la société dans le monde occidental. Ou être conscient qu’on reste un esclavagiste, même si on n’aime pas ça et qu’on dit que c’est mal.

        Secundo sur « automatiser des jobs auparavant épargnés, pour précariser encore un peu plus les travailleureuses ». Le problème, ce ne serait pas surtout d’avoir besoin d’un job aliénant pour survivre ? Peu importe qu’il soit sympa ou pas. Sans questions à se poser sur la survie, je pourrais faire de l’art, ou coder, ou tout autre travail utile ou non (si possible : pas nuisible !), et même avec ou sans IA : tout cela dépendrait uniquement de mes envies.

        Pour préciser un peu d’où je parle : je viens plutôt de là où les jobs sont remplacés depuis longtemps, régulièrement, par des machines. Et ça m’agace très fortement d’entendre les bourgeois s’autocongratuler de supprimer les métiers “pénibles” mais qui permettaient de survivre, et commencer à pousser des hauts cris quand c’est à leur accès aux ressources qu’on touche. Oui, faire caissière en supermarché ou sur une autoroute, c’était un métier de merde : mais on pouvait le faire même sans avoir eu la chance d’accéder aux grandes études. Maintenant, supprimons toutes les situations de cumul des ressources, permettons à chacun de vivre dignement, et voyons si ça reste un souci que les IA « volent le travail ». Je dirais même : les IA vont permettre que des personnes sans accès aux formations puissent retrouver du job, en tant que baby-sitter, puisque hop, plus besoin de compétences. Non, ok, je trolle là, je sais que ça va juste continuer à enrichir une minorité toujours plus réduite, et augmenter toujours plus la quantité de population qui galère à juste survivre. Mais que la classe moyenne et CSP+ perde ses jobs, honnêtement je ne vois pas le problème : si ça les motivait à repartir couper des têtes, ce serait même bénéfique. Oui, oui, je sais, ça ne suffira pas, cette colère sera juste détournée pour taper encore plus sur les pauvres et les étrangers, mais ma propre colère ne m’aide pas à faire preuve de compassion sur ce point précis.

        Par conséquent, pour moi, le “hack”, ce serait déjà de ne pas se faire avoir quant à ce que sont réellement ces outils. Ce serait de documenter leurs failles. Étudier leurs biais. Faire un travail d’éducation critique auprès du grand public comme on a pu le faire concernant les outils des GAFAM : c’est en fait leur nouvel avatar.

        Là, 1000 fois oui. Avec la précaution que « documenter les failles » demande d’être conscient de ses propres failles, ses propres biais. Y'a qu’à : D (et à ma modeste échelle, j’essaie d’aller dans cette voie).

        Et qu’il ne s’agisse pas d’être uniquement dans une posture jugeante. De même qu’harceler les gens pour leur faire installer Linux et quitter Google est contre-productif : on sait qu’il faut avant tout écouter leurs besoins, voir où le Libre peut y répondre “mieux” (ou moins pire) que les GAFAM, accompagner en douceur vers l’émancipation. De même, au-delà de documenter tout ce qui ne va pas avec l’IA, il faut aussi écouter ce que le grand public va y chercher, pourquoi, et proposer des alternatives qui soient “souhaitables”. Il y a des trucs qui demandent des sacrés changements dans la société, il ne suffira pas de refuser l’IA.

        Un exemple sur un truc dont le traitement m’insupporte : les divers articles sur les dangers de l’IA sur « la santé mentale ». Qui se terminent invariablement par des poncifs du type « allez voir des professionnels, ne faites pas confiance aux IA ». Quels professionnels ? Je ne sais pas s’il y a des pays où ce n’est pas la misère, mais en France en tout cas, c’est sûr que pour trouver 1) un professionnel 2) compétent (on exclue… vraiment beaucoup de monde en fait, y compris parmi ceux qui ont un diplome, tant ce qui est enseigné en France est obsolète) 3) accessible sans revenus conséquents : il y a plus de chance de trouver un trèfle à 4 feuilles. Alors qu’est-ce qu’on fait quand on a des soucis psy ? On fait ce qu’on peut, voilà, c’est tout. Et on teste tout et n’importe quoi, avec dans le lot plein de trucs qui sont de mauvaises idées, et un certain nombre qui peuvent nous faire disjoncter méchamment (les solutions foireuses potentiellement explosives incluant les psychologues diplômés qui continuent à déblatérer sur Freud et à induire des souvenirs). À tout prendre, l’alcool est plus problématique que les IA dans la plupart des troubles mentaux. Le souci est essentiellement politique, mais le traitement reste sensationnaliste.

        J’arrête ma tartine ici :D

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

          Tu as mieux décrit que moi les problèmes sur l'emploi déjà existant. Merci

          Pour ce qui est de la santé, pour moi c'est un peu comme les médecines alternatives plutôt que d'exhorter les gens a faire ou ne pas faire, il faut se demander pourquoi les gens font ces choix. Pour les médecines alternatives souvent c'est un suivi du patient vu comme plus humain et plus à l'écoute par exemple. Pour l'IA et les praticiens ça peut être l'accès ou la honte. Beaucoup de gens ne savent pas quand aller voir un médecin et craignent de gêner aussi

          https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 12 juillet 2025 à 00:08.

          oulah, je suis bien désolé que ce journal t'entraîne aussi loin dans la réflexion :/ je me contenterai de répondre dans le sujet

          A-t-on vraiment besoin de tels outils ? Pour quel usage ?

          Ce sont les bonnes questions. Et ce qui m’ennuie, c’est que oui, il y a des usages où je vois l’intérêt.

          oui, pour les traductions, ça a étonnamment un très bon fonctionnement, mais pas tout le temps. Cela m'a aussi permis de corroborer ma compréhension à la traduction que j'en aurai faite, mais au passage j'ai appris une langue (le polonais je n'en comprenais que 1 mot sur 5 en allant sur leur site au départ, bon après j'en comprenais 1 mot sur 5 et nous avons discuté en anglais :p Au moins, tout le monde se comprend aussi mal…)

          les LLM sont d’une patience infinie pour rendre le fucking manuel plus digeste, là où les vraies puristes croient que lire le man suffit

          oui, ça permet de trouver des exemples qu'un humain aurait oublié de te fournir, car pour lui c'est évident, il le pratique tous les jours… demander ça aurait aussi fonctionné àmha, mais il faut bien comprendre aussi qu'il y a frustration de part et d'autre et que la patience n'est pas le meilleur fort des humains :/

          jusqu’à avoir accès à ces trucs. J’ai parfois eu la tentation de faire quelques journaux sur mes expériences “LLM” mais vu comme le débat est polarisé, je n’ai pas eu la foi de me confronter aux retours violents de certains…

          oula… si c'est factuel, et que tu montres (en donnant les prompts utilisés, comment tu l'utilises et ce que ça t'apporte), je pense que peu de gens auront été si loin dans leur utilisation pour te jeter la pierre (et beaucoup ont pourtant utilisé dès les années 90… où c'était loin d'être abouti…)

          Bon je vais m'arrêter là, j'aurais plus à en dire (sur les + et les - de l'IA). Merci pour ton intervention à fleur de peau (je pense) mais qui donne du sens aux propos de Khrys< par rapport à la perception de chacun (c'est vrai que se faire prendre son intelligence par une imitation de l'intelligence — de surcroît artificielle — c'est compliqué à accepter, ce que je ne fais pas : je délègue :p)

        • [^] # Re: Où placer la subversion ?

          Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

          […] Certes, si nous étions dans une société bienveillante où les débutantes seraient accompagnées avec patience, sans jugement et sans sous-entendu sexistes, c’est sûr que je n’aurais pas autant apprécié la reformulation offerte par les LLM et que j’aurais pu m’en passer.

          Je suis bien d'accord, c'est malheureusement une solution technique à un problème sociétal qui pourrit bien le milieu de l'informatique. Toutefois, si ça te permet d'apprendre, de gagner en assurance et te sentir légitime de dire "ta gueule" au prochain techbro casse-pieds, c'est positif :).

          Pourquoi cet argument devrait avoir plus de poids dans l’usage des IA que dans l’habillement ?

          Tu y réponds un peu plus bas dans ta "tartine" : parce que ça touche les emplois de celles et ceux qui ont accès aux tribunes et à l'expression (la personne qui travaille 8 heures dans l'entrepôt Amazon puis enchaîne sur un job de livraison/VTC/ménage le soir n'a pas le temps de débattre, et n'a pas forcément de syndicat pour le/la représenter).


          PS: Si jamais tu souhaites t'exprimer, et que tu as peur d'être attaquée personnellement, dis-toi bien que le jugement d'une personne qui ne te connaît pas n'a aucune valeur, et ne devrait pas t'atteindre. Il faut avoir une petite carapace, mais pas besoin qu'elle fasse dix centimètres d'épaisseur, ni de rentrer dans les trolls. Pour ça j'aime bien la charte de Lobsters qui dit "ce site est comme une garden-party, vous pouvez être en désaccord, l'exprimer, mais pas insister lourdement".

          Je sais que c'est facile à dire, perso ça m'a pris du temps de ne plus m'énerver quand le ton monte en ligne, mais j'y suis arrivé, je crois :)

  • # Quelques commentaires

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+9/-3).

    Les licences libres ne pourraient pas exister hors du cadre du système capitaliste - tout simplement parce que, hors de ce cadre, les licences tout court n'existeraient probablement pas : elles n'auraient pas lieu d'être. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne suis pas fan des « licences anticapitalistes ». Pour une autre raison, voir un peu plus loin.

    Je serais un peu plus nuancé sur ce sujet. Je ne sais pas si on peut dire que les sociétés pré- ou non-industrielles ne sont pas capitalistes ; ça dépend déjà en partie de comment on définit le capitalisme : accumulation du capital ou aliénation du capital. Mais dans la société non-industrielle au sein de laquelle j'ai vécu et avec laquelle je travaille (ici https://www.openstreetmap.org/#map=14/-16.41591/167.77419), je vois des formes d’appropriation et d’aliénation via la propriété privée ou linéaire du foncier et des biens culturels. Ces sociétés pratiquent également la limitation des pratiques culturelles via l'appropriation de l'autorat et de la production des œuvres de l'esprit. Par exemple, le droit de conter certaines histoires ou de pratiquer certains motifs peut être possédé par des linéages précis. Et ces histoires, qu’un étranger classerait comme mythe, légende ou conte, sont perçues localement comme l'Histoire. Et ça a des conséquences très fortes. Travaillant à un dictionnaire culturel avec les vieux d'un village là-bas, je n'ai pas pu documenter certains sujets car les explications liées à ceux-ci sont privées et les vieux concernés ne souhaitaient pas les divulguer publiquement. Et je sais que ça a attristé de nombreux membres de cette communauté, car pour ces derniers, c'est vécu comme une partie de leur identité qui est possédée par des vieux et protégée par un tabou/droit linéaire.

    Bref, je ne sais pas si le droit d’auteur est lié au capitalisme, car peut-être que l'on peut considérer ces personnes capitalistes d'une certaine manière, mais clairement, ce n'est pas une invention nécessairement liée au capitalisme industriel.

    De manière générale, je n’aime pas trop les gros concepts fourre-tout comme capitalisme, patriarcat, fascisme, car finalement, on y met tout et n'importe quoi, aussi bien comme cause que comme effet. Finalement, je trouve que ces concepts, surtout qu'ils sont souvent simplement acceptés comme tels, n’aident pas à expliquer quoi que ce soit et qu’on ferait mieux de s’en passer pour mieux discuter.

    Et pour débattre un peu : de mon côté, si je vois plein de problèmes et de limites aux différentes formes d'IA, mais actuellement, je dois avouer que ça m’aide énormément à résoudre des problèmes que je n’arrivais pas à résoudre auparavant. Ça m’énerve un peu les gens qui réduisent l'IA à une hype, car je trouve ça tellement utile pour coder, surtout probablement en tant que mauvais codeur.

    • [^] # Re: Quelques commentaires

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+4/-1).

      C'est hyper intéressant ce que tu racontes mais ce n'est pas la même chose que le droit d'auteur. Le droit d'auteur spécifie une chose bien précise: le droit à un mononpole sur l'exploitation commerciale d'une oeuvre. Il n'empêche pas l'utilisation générale de l'oeuvre: citation, parodie, etc… "Droit d'auteur" est une appellation bien pratique pour parler de quelque chose qui n'a rien à voir avec l'auteur d'ailleurs, c'est bien un droit de propriété privée au sens capitaliste du terme.

      La limitation dont tu parles est une limitation comme il en existe dans absolument tous les systèmes: droit à tuer des animaux, droit de se marier avec telle ou telle personne, droit de raconter ce qui est écrit dans un livre religieux, et tant d'autres. Ce n'est pas parce que c'est lié à de l'intangible que c'est une question de droit d'auteur.

      De manière générale, je n’aime pas trop les gros concepts fourre-tout comme capitalisme, patriarcat, fascisme, car finalement, on y met tout et n'importe quoi, aussi bien comme cause que comme effet. Finalement, je trouve que ces concepts, surtout qu'ils sont souvent simplement acceptés comme tels, n’aident pas à expliquer quoi que ce soit et qu’on ferait mieux de s’en passer pour mieux discuter.

      Je pense l'exact opposé, justement parce que ces concepts permettent de creuser des sujets et de faire des liens concrets là ou une analyse superficielle ne permet pas d'aller au fond des choses. C'est justement ça qui me permet de voir la différence entre le droit d'auteur et le droit linéaire dont tu parles, qui ont l'air d'être la même chose mais ne reposentepas du tout sur les mêmes bases (ce qui ne veut pas dire que l'un est bien et l'autre est mauvais hein, c'est juste deux choses différentes). Et surtout c'est primordial de comprendre comment ça marche et pourquoi c'est fait comme ça si on veut s'en débarasser. Encore faudrait-il vouloir s'en débarasser, ce qui n'est pas du tout acquis lorsqu'on en profite comme c'est le cas pour l'écrasante majorité des développeurs, et encore plus dans le libre.

      • [^] # Re: Quelques commentaires

        Posté par  . Évalué à 6 (+3/-0).

        La question est donc si tu mets l'accent sur ces bases ou sur l'effet, accorder du pouvoir et des droits à certaines personnes sur de l'intangible.

        On a créé les droits d'auteurs dans nos sociétés parce que le pouvoir "religieux" du monopole de raconter une histoire ne suffisait plus devant la possibilité de diffusion massive, ne s'agissait-il pas simplement de restaurer ce genre de possibilité que les évolutions techniques ne permettaient plus d'implémenter ? Différent très certainement dans l'implémentation. Dans les intentions et les effets ?

        • [^] # Re: Quelques commentaires

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+4/-0).

          Les deux sont importants. Les effets sont primordiaux pour savoir dans quel monde on veut vivre, mais les causes sont tout aussi importantes pour comprendre pourquoi la situation est comme ça, quels sont les rapports de pouvoir en jeu, quel est notre pouvoir et comment ce pouvoir se maintient.

          "On" n'a pas créé les droits d'auteur: les capitalistes, dont statistiquement personne ici ne fait partie. Ils ne sortent pas de nulle part. Il ne s'agit pas de controler la diffusion d'un contenu par rapport à ce contenu, mais parce que la diffusion est source de profit. Ça ne se combat pas de la même manière, et ça demande de regarder son interconnexion avec tout ce qui gravite autour du capitalisme (le racisme, le sexisme, le productivisme, …) pour ne pas penser dans une bulle.

          Bref, on n'arrivera pas à un meilleur monde simplement avec de belles paroles, il faut comprendre la situation pour pouvoir agir

      • [^] # Re: Quelques commentaires

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3 (+2/-0).

        Le droit d’auteur spécifie une chose bien précise: le droit à un mononpole sur l’exploitation commerciale d’une œuvre.

        En France (et au moins une partie de l’Europe ?), le droit d’auteur a deux composantes : le droit patrimonial (que tu décris ci-dessus) et le droit moral, qui permet à l’auteur de toujours garder (au moins sur le papier…) le contrôle de son œuvre. On a tendance à ne pas y penser à cause de l’hégémonie économique et culturelle des pays anglo-saxon (au premier rang desquels les USA) où le droit moral est réduit à la portion congrue. C’est bien dommage, car c’est très important, notamment dans le domaine du libre, car l’auteur peut garder un minimum d’influence sur la vie de son œuvre (je pense particulièrement aux travaux dans le cadre professionnel : à l’individu le droit moral, à l’entreprise le droit patrimonial).

        NB : une des nombreuses définitions du droit moral par opposition du droit patrimonial :

        « Le droit moral est une composante fondamentale du droit d’auteur, qui protège les intérêts non économiques de l’auteur d’une œuvre artistique ou littéraire. Il se distingue des droits patrimoniaux, qui visent à assurer une rémunération à l’auteur grâce à l’exploitation commerciale de son œuvre. Les principales caractéristiques du droit moral sont son caractère inaliénable, imprescriptible et perpétuel. »

      • [^] # Re: Quelques commentaires

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

        C'est hyper intéressant ce que tu racontes mais ce n'est pas la même chose que le droit d'auteur. Le droit d'auteur spécifie une chose bien précise: le droit à un mononpole sur l'exploitation commerciale d'une oeuvre. Il n'empêche pas l'utilisation générale de l'oeuvre: citation, parodie, etc… "Droit d'auteur" est une appellation bien pratique pour parler de quelque chose qui n'a rien à voir avec l'auteur d'ailleurs, c'est bien un droit de propriété privée au sens capitaliste du terme.

        Ben si il empêche l'utilisation générale de l'œuvre sans avoir payé un droit, ensuite il y a des exceptions. Mais ce ne sont que des exceptions à la règle qui sont listées ici :
        https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000048603495/2025-07-07

        En ce qui concerne les personnes avec lesquelles je travaille au Vanuatu, je ne suis pas suffisamment rentré dans les détails, mais en fait, par exemple, pour passer à l'âge adulte, les familles des enfants doivent organiser une cérémonie, et doivent payer un ancien qui possède le savoir nécessaire à la tenue de cette cérémonie. On paie un ancien pour qu'il construise l'autel lié à la cérémonie, fabrique les icônes, etc. et il est le détenteur de ce savoir, et pour l'obtenir, il faut payer un droit.

        Je pense l'exact opposé, justement parce que ces concepts permettent de creuser des sujets et de faire des liens concrets là ou une analyse superficielle ne permet pas d'aller au fond des choses. C'est justement ça qui me permet de voir la différence entre le droit d'auteur et le droit linéaire dont tu parles, qui ont l'air d'être la même chose mais ne reposentepas du tout sur les mêmes bases (ce qui ne veut pas dire que l'un est bien et l'autre est mauvais hein, c'est juste deux choses différentes). Et surtout c'est primordial de comprendre comment ça marche et pourquoi c'est fait comme ça si on veut s'en débarasser. Encore faudrait-il vouloir s'en débarasser, ce qui n'est pas du tout acquis lorsqu'on en profite comme c'est le cas pour l'écrasante majorité des développeurs, et encore plus dans le libre.

        Non, au contraire, capitalisme n'est pas un concept qui permet l'analyse, il nous faut aller plus en détail et comprendre les échanges en jeu, qui fait quoi, quel finalité, etc. Le concept de capitalisme est bon pour la conclusion afin de mettre en perspective les faits observés et les rapporter à des tendances plus générales. Mais pour l'analyse, ça n'apporte de rien. D'ailleurs les approches matérialistes (comme le féministe matérialiste) n'utilisent pas le capitalisme pour décrire les choses, au contraire, il a des concepts d'analyse qui permettent d'argumenter qu'un fait social relève du capitalisme ou du patriarcat.

        En gros l'idée, que pour dire que quelque chose suit une logique capitaliste (fascisme, sexiste, etc), on part d'autres concepts plus fondamentaux qui constituent le capitalisme (et potentiellement d'autres logiques). On ne peut pas analyser le capitalisme avec le mot capitalisme, sinon, on poursuit un raisonnement tautologique.

        • [^] # Re: Quelques commentaires

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).

          En ce qui concerne les personnes avec lesquelles je travaille au Vanuatu, je ne suis pas suffisamment rentré dans les détails, mais en fait, par exemple, pour passer à l'âge adulte, les familles des enfants doivent organiser une cérémonie, et doivent payer un ancien qui possède le savoir nécessaire à la tenue de cette cérémonie. On paie un ancien pour qu'il construise l'autel lié à la cérémonie, fabrique les icônes, etc. et il est le détenteur de ce savoir, et pour l'obtenir, il faut payer un droit.

          Est-ce que ce paiement existe depuis toujours, ou est-ce que c'est une adaptation à la société capitaliste ?

          En gros l'idée, que pour dire que quelque chose suit une logique capitaliste (fascisme, sexiste, etc), on part d'autres concepts plus fondamentaux qui constituent le capitalisme (et potentiellement d'autres logiques). On ne peut pas analyser le capitalisme avec le mot capitalisme, sinon, on poursuit un raisonnement tautologique.

          On se rejoint dessus. Ce que je voulais dire c'est que l'utilisation de concepts fondamentaux et l'analyse ne peut pas s'arrêter à la surface. L'exemple que j'ai en tête c'est le concept d'"économie de l'attention", qui n'est pas faux en soi mais qui ne permet pas de comprendre les conséquences politiques et sociales de la chose

          • [^] # Re: Quelques commentaires

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

            Est-ce que ce paiement existe depuis toujours, ou est-ce que c'est une adaptation à la société capitaliste ?

            Difficile à savoir précisément (depuis toujours ?, je ne crois pas que la question ait un sens, ce n'est pas parce que l'histoire des sociétés à tradition orales est souvent très mal connues (même par ces dernières) que ces dernières n'ont pas une histoire parsemée de changements et d'évolutions). Clairement en tous cas, il y a eu des évolutions «récentes» liés à la rencontre avec l'Occident comme l'introduction de paiement en monnaie pour la tenue de cérémonie. Mais l'utilisation de cochons et de dents de cochon au Vanuatu pour payer est une pratique qui avait très certainement lieu avant les rencontres avec l'Occident ou la colonisation.

    • [^] # Re: Quelques commentaires

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0).

      Je trouve les exemples de lejocelyn intéressants parce qu’ils permettent de réfléchir de façon plus générale aux règles que se donnent les sociétés pour encadrer et limiter la circulation des « œuvres de l’esprit » (j’emploie cette expression juridique faute d’en trouver une meilleure, il faut inclure là-dedans les mélodies, les récits, les poèmes, les savoirs médicaux ou magiques, les généalogies, les logiciels, etc.).
      Qu’est-ce que nous appelons « copyright », « copyleft », « licences » ? Ce sont des règles, soutenues et appliquées par des institutions, qui définissent les conditions selon lesquelles la circulation des « œuvres » est permise ou interdite : accès à l’œuvre en échange d’une compensation monétaire déterminée, nécessité d’associer cette œuvre à des noms (« citer les auteurs »), droit de modifier, de diffuser l’œuvre à son tour, etc.
      D’autres sociétés ont inventé d’autres types de règles de circulation des œuvres : œuvres réservées à une famille, à un lignage, à un village, à un genre, à un métier, à une caste ; œuvres accessibles seulement après certaines étapes (initiations, apprentissage…) ou à partir d’un certain âge ; incitation à modifier (infinités des versions du Bagre chez les Lo Dagaa) ou interdiction de modifier (textes sacrés desquels il ne faut pas supprimer la moindre virgule), etc.
      Je ne suis pas sûr d’interpréter correctement ce que Khrys voulait dire quand elle (il) disait que les licences n’auraient pas lieu d’être en dehors de la société capitaliste. En tout cas, l’idée selon laquelle en dehors des sociétés capitalistes les œuvres circuleraient absolument sans entrave me semble empiriquement très fragile.

  • # Pragmatisme

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -4 (+2/-7).

    Fondamentalement le librisme, reste essentiellement anti-capitaliste. Il est né du mouvement Hippie et en a tous les codes. Il est marxiste… mais il s'est adapté pour survivre au monde capitalisme. Les licences sont nés parce que sans elle, une entreprise peut prendre un code libre, et déposer un brevet dessus (tant qu'il n'est pas largement utilisé) et ensuite interdire son utilisation sans payer de royalties.

    Mais fondamentalement, la licence GPL, est quelques part plus capitaliste pour lutter contre le capitalisme, par son côté contaminant. Elle gênent certaines entreprises hyper capitaliste qui l'évitent (parfois l'utilisent de manière caché et abusive). Par contre la licence BSD est plus libre mais plus abusé par les entreprises prédatives (même si elles y contribuent aussi plus).

    Sous licence Creative common. Lisez, copiez, modifiez faites en ce que vous voulez.

    • [^] # Re: Pragmatisme

      Posté par  . Évalué à 3 (+1/-0).

      C'est dingue, je crois que tout ce que tu dis est faux.

      Même en voulant le faire exprès, ce serait compliqué à faire.

  • # queer ! queer ! queer ! queer logstash !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-1).

    Plutôt que la subversion, est-ce qu'il vaut pas mieux la git?

    Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

  • # L'IA

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à -1 (+2/-4).

    Rappelons, que le libre ne s'est pas fait en un jour. Rappelons que si aujourd'hui Linux est totalement libre, le PC ne l'est pas. Purism et System76 y travaillent, mais pour le processeur, même si RiscV arrive, c'est loins d'être évident… 60 ans après GNU. Avant d'arriver à une Fedora, on a d'abord eu GNU seul, puis GNU/Linux, puis enfin une GUI pour faire une Slackware, et enfin un Ubuntu facile à utiliser.

    Il en est de même dans l'IA : On a DeepSeek, qui a ma connaissance est le plus libre (sans le jeu de données), les techniques et la recherche l'est, et beaucoup de jeux de données sont libre. Alors certes Linux reste une boite noire pour 99% des utilisateurs, mais il est libre. L'IA est sur cette voie. C'est évident, que le plus facile est d'aller vers les IA de consommations stupide (ChatGPT, Claude). Il faut faire un petit effort pour défendre le libre… peu importe sa nationalité, son parti politique ou sa couleur de chemise.

    Sous licence Creative common. Lisez, copiez, modifiez faites en ce que vous voulez.

  • # Ca va loin !!

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

    Bon, je ne sais pas si mon cerveau (ou ma condition) est suffisamment développé pour tout comprendre, je vais peut-être m'aider de l'IA :)
    Ceci étant dit, merci pour la réflexion, et je vais regarder ta conférence ce WE !!

  • # Réflexions

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+8/-0).

    Pas besoin de réfléchir des heures pour se convaincre que la philosophie du libre n'est pas quelque chose qui remet frontalement en cause la société capitaliste.

    L'idée de propriété privée du code ici plutôt. Le capitalisme pouvant utiliser du code comme moyen de production, mais tout code n'est pas moyen de production. Le copyright définit la propriété privée du code, la licence libre encadre la libération de certains usages. Rien que ça c'est tout de même aller contre le capitalisme, très basé dur le contrôle, mais effectivement pas en le niant totalement/absolument.

    Ou aller contre la marchandisation omniprésente, vu que tout code n'est plus nécessairement une transaction commerciale et financière.

    (Bref je n'aime pas la formulation "Pas besoin de réfléchir des heures", tendance "de tout temps les Hommes" ou "il est tellement évident que je n'expliquerai pas ici", je suis plus attiré par "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.", citation d'une époque où la propriété privée fut consolidée dans le droit français)

    Les licences libres ne pourraient pas exister hors du cadre du système capitaliste

    Ici aussi j'aurais dit propriété privée. Je peux concevoir par exemple l'idée d'un système communiste qui partager librement son code entre camarades du pays mais pas avec les autres pays (on aurait ici une "propriété privée" détenue par une entité pays, en dehors du capitalisme).

    Et comme vous le savez aussi bien que moi, le copyleft n'est pas non plus une autorisation à faire tout et n'importe quoi, c'est quelque chose pour se défendre contre les grands prédateurs de la « Big tech ».

    Pas uniquement, ça serait un biais de considérer que seule la Big Tech peut être prédatrice. Les États pourraient l'être, "Big Finance" aussi, "Big Legal" aussi (c'est la base de son pouvoir), etc. Et ça pourrait être mon voisin ou ma famille avec laquelle je suis en conflit : le copyleft vise à éviter un ré-enfermement, d'où qu'il vienne. Les Big Tech ne sont qu'une menace parmi d'autres (ai-je plus peur pour le libre de Elon le membre de gouvernement, Elon le big tech, Elon le milliardaire, Elon le politique ou Elon le libertarien fasciste ou…).

    de nouvelles licences capitalistes, tout particulièrement celles qui sont contaminantes !

    Ni capitalistes, ni contaminantes, à mon humble avis.

    Ce qu'on appelle la « philosophie du Libre » remet en cause l'idéologie dominante en mettant en avant le partage plutôt que la bunkerisation des outils et des connaissances.

    Oui, la propriété privée des outils et des connaissances donc.

    Alors restons subversif·ves. Cultivons nos propres outils. Forgeons ceux dont nous avons vraiment besoin.

    Ok.

    Refusons les gadgets écocides des techbros.

    On sort du libre pour aller vers l'écologie, ok.

    des machines à compléter du texte en fonction des occurrences les plus probables.

    Il y a des personnes conscientes de cela et ça ne change pas leur position : leur choix n'est pas fait sur la nature de la machine, mais sur ses résultats (réels ou espérés). La machine pourrait être entièrement décrite, données d'entraînement comprises, ie. on pourrait théoriquement avoir les libertés du Libre (parfois non implémentables faute d'avoir les ressources pour). Restent les questions écologique, éthique (biais, manipulation, etc.), etc. Juste dire c'est des perroquets stochastisques, c'est très "OpenSourciste" en fait, ça revient à ne parler que de technique, alors que les "vraies" (pour les personnes ici et pour cette discussion) problématiques dont ailleurs.

    La technologie nucléaire, ce n'est pas juste "une fission/fusion libérant de l'énergie et capable de s'auto-entretenir", c'est aussi des questions non techniques sur l'écologie (déchets par exemple), l'éthique (les bombes par exemple), l'autonomie/la souveraineté (indépendance énergétique, approvisionnement), la géopolitique (menace de riposte), etc. Parler juste de technique serait très ingénieur/scientifique-centré. La tech est politique.

    Idem pour l'IA générative généraliste qui tire des questions techniques certes, mais surtout écologiques, éthiques, géopolitiques, sociétales etc.

  • # Libre

    Posté par  . Évalué à 1 (+0/-1).

    La philosophie du Libre prioritise « la liberté » des utilisateurices avant tout autre chose (et certains diront même : à l'exclusion de tout autre chose).

    Je trouve que c'est pas si simple. Le libre comme un moyen d'émancipation des gens se perd souvent (de mon expérience) comme une défense de licence comme une fin en soit.

    Il n'y a pas beaucoup d'évolution des armes de la philosophie du libre pour arriver à cette fin d'émancipation pour 2 raisons à mon humble avis :

    • parce qu'une partie des gens ont perdu de vu que la licence est un moyen et pas un objectif
    • parce qu'une autre partie n'est intéressé par les licences libres que comme un moyen d'appliquer de la concurrence libre et non faussée

    Mais est ce que les licences libres suffisent quand on passe d'une société de logiciel sur son device a une société de service en ligne ? Est-ce que la gouvernance des projets n'a pas d'impact sur les utilisateurs ? Est-ce qu'il y a de nouvelles techniques de prédation ?

    Ça ne veut pas dire qu'il faut abandonner les licences actuelles, mais il est possible de les mettre à jour ou de créer une manière d'évaluer un projet (via l'appartenance à une fondation? Un label ? Un framework d'évaluation ?)

    Et comme vous le savez aussi bien que moi, le copyleft n'est pas non plus une autorisation à faire tout et n'importe quoi, c'est quelque chose pour se défendre contre les grands prédateurs de la « Big tech ».

    Paradoxalement, ce sont des libertaires qui souhaiteraient mettre en place des licences plus restrictives, tout particulièrement au niveau des usages - sous le motif qu'iels ne souhaitent pas que les techbros fachos puissent se servir de leur code. Cela peut s'entendre. Sauf que ça ne marche pas comme ça. De telles licences, non seulement sont plus fragiles, mais risquent de rater leur objectif : nuisant à celleux qui en auraient vraiment besoin tout en restant inefficaces contre les grosses entreprises et leurs armées d'avocats. Quand on voit qu'il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'un éditeur de logiciel libre, Entr'ouvert, gagne contre Orange, je n'ose même pas imaginer ce que ça aurait donné s'ils avaient utilisé des licences moins robustes1.

    Si je comprends bien tu dit que les licences types SSPL seraient un idéal mais que pour le moment ces licences sont fragiles ? Qu'est ce qui les rend fragile ? Tu as une analyse juridique pour l'appuyer ? Je ne sais pas ce que tu entends par libertaire ici ? C'est libertariens ou c'est autre chose ?

    https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

    • [^] # Re: Libre

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+3/-1).

      Il n'y a pas beaucoup d'évolution des armes de la philosophie du libre pour arriver à cette fin d'émancipation pour 2 raisons à mon humble avis :

      Une troisième raison: l'informatique, et le logiciel libre en particulier, et fait majoritairement par et pour des personnes qui ont un intérêt à conserver le système actuel dans lequels ils sont privilégiés. On ne peut pas dire que ce soit les personnes les plus en manque d'émancipation. Ça demande donc questionner sa position ce qui est loin d'être évident pour qui que ce soit

    • [^] # Re: Libre

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-1).

      Je trouve que c'est pas si simple. Le libre comme un moyen d'émancipation des gens se perd souvent (de mon expérience) comme une défense de licence comme une fin en soit.

      En fait, la prémisse est fausse, le libre cherche à préserver la liberté des personnes qui codent.

      La définition du logiciel libre tourne autour du code, et 3 des 4 libertés sont à destination des codeurs avant tout.

      Croire le contraire, c'est se voiler la face. Pour tout les discours qui mettent en avant les utilisations du libre et comment ça compte aussi, il faut bien voir qu'il y une différence structurelle impossible à éviter, à savoir que les personnes qui utilisent sont dépendantes des personnes qui codent.

      Et on peut tourner autour du pot dans toutes les dimensions possibles, une communauté autour d'un logiciel libre sans quelqu'un pour coder n'a rien de différent qu'une communauté autour d'un logiciel proprio.

      Tout les discours d'empouvoirement visant à omettre ce point crucial ne sont que de la poudre qu'on se lance nous même dans les mirettes pour satisfaire un besoin d'être quelque chose, pour que le gouffre entre ce qu'on voudrait être et ce qu'on est soit plus petit possible.

      C'est d'ailleurs assez typique des mouvements militants, car l'analyse pourrait s'appliquer mutatis mutandis sur, par exemple, les vrais mouvements queers ou ça s'exprime plus directement avec le besoin de se sentir légitime. Mais on peut retrouver ça aussi dans le veganisme, les actions politiques ou le catholicisme.

      • [^] # Re: Libre

        Posté par  . Évalué à 1 (+0/-1).

        Croire le contraire, c'est se voiler la face.

        Tu décrit ce que font les licences libres.

        Mais par exemple le projet GNU parle bien des utilisateurs :

        Le mouvement du logiciel libre repose sur l'idée que les utilisateurs de l'informatique méritent la liberté de former une communauté.

        Le mouvement du logiciel libre

        Les licences ont ossification les discussions et ont polarisées le débat autour d'elles. Ça donne l'impression aux gens que c'est à la fois le point de départ et le point d'arrivée. Il n'y aurait pas de philosophie ni de mouvement politique juste un moyen de production.

        Tout les discours d'empouvoirement visant à omettre ce point crucial ne sont que de la poudre qu'on se lance nous même dans les mirettes pour satisfaire un besoin d'être quelque chose, pour que le gouffre entre ce qu'on voudrait être et ce qu'on est soit plus petit possible.

        Je ne comprends pas. En quoi cela disqualifie le fait de chercher à ce que les utilisateurs ne soient pas enfermés par les logiciels ?

        Et tu sais quoi ? Il y a pire avec les services parce que tu peux être le développeur que tu veux, tu ne peux rien faire d'un service (éventuellement pour du zéro knowledge tu as in peu plus de garantie). Mais en quoi ça devrait empêcher de se poser ces questions ?

        Je suis d'accord avec toi que les licences sont loin d'être suffisantes et je dirais même qu'elles ne sont pas forcément une priorité.

        Après cette dichotomie que tu fais n'est pas très pertinente tu veux être pédant. Les licences ne donnent des droits qu'aux utilisateurs et c'est juste que tu peux avoir besoin d'un tiers pour exercer certains droits si tu n'a pas les compétences. Mais ceux qui sont pour l'émancipation des utilisateurs sont pour promouvoir l'apprentissage de la programmation au plus grand nombre. C'est un peu comme si tu disais que le droit de circulation n'est pas réel parce que tu ne peux pas aller en haut du Mont Blanc sans être alpiniste.

        https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

        • [^] # Re: Libre

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+4/-2).

          Mais par exemple le projet GNU parle bien des utilisateurs

          Mais il faut bien voir que adns le contexte de la création du projet, c'est des utilisateurs dans les années 80, cad principalement des étudiants, des scientifiques voir même des utilisateurs capable de coder leur propre OS cf l'origin story avec l'imprimante de RMS.

          Après cette dichotomie que tu fais n'est pas très pertinente tu veux être pédant.

          Je pense qu'on peut se passer des ad-hominem pour commencer. Et non, je fait la distinction parce qu'elle importe.

          Les codeurs, dans l'éthique du logiciel libre, sont mis sur un piedestal.

          Quand on pense aux scandales autour du libre, on parle des devs, pas des utilisateurs, car on s'en fout des devs. Un utilisateur de Linux qui est au cœur d'affaire de viols ou de meurtre, il n'y a rien qui me vient à l'esprit. Par contre, pour les devs, ç'est pas dur d'en trouver, comme Hans Reiser ou Jacob Appelbaum.

          Et pourtant, il y a sans doute bien plus de personnes qui utilisent du libre que de personnes qui codent du libre par plusieurs ordres de magnitude. Mais on ne se préoccupe pas des premières, on ne daigne même pas leur donner des noms, donc forcément, ç'est dur de parler des scandales ensuite.

          Autre exemple plus précis, la tendance d'une partie de la presse spécialisée (et donc d'une partie de la population libriste) a glorifié les actions de Daniel Stenberg qui va se plaindre des interactions avec les gens. En mai 2025, il y a eu un article entier sur la gestion des bugs et sa charge de travail. La question n'est pas de savoir si c'est une bonne chose ou pas (un autre débat, et je pense qu'en effet, la majorité des devs ne veulent pas gérer les rapports de bug à juste titre), mais de savoir à qui on donne la parole et pour dire quoi.

          Et en l’occurrence, on donne la parole à un dev qui va dire que traiter les demandes d'utilisateurs, ça lui prends trop de temps.

          Encore une fois, la question n'est pas de savoir si c'est vrai ou pas, mais de voir qui a un souci qu'on écoute.

          De même, il a posté ce matin sur les réseaux sociaux suite à une demande en rapport avec le CRA, qu'il a ensuite mis sur son blog. La conclusion du post de blog, c'est quand même de ne pas foutre trop la honte à la boite, parce qu'il veut leur demander de l'argent.

          En soit, rien de choquant, mais ça montre aussi ce qu'on pense des gens qui utilisent le libre, à savoir qu'on peut leur demander de l'argent pour la partie du travail qui n'est pas stricto sensu le code.

          Et pour finir, un autre endroit ou la dichotomie apparaît selon moi, c'est dans les nouvelles licences non libres que des groupes tentent de mettre en avant depuis années (genre Ethical Source, etc). Même si une bonne part ne font pas directement des distinctions comme moi entre 2 classes de personnes, je note qu'elles utilisent toutes le même mécanisme "punitif" vis à vis d'une partie des groupes d'utilisateurs, càd de retirer des droits. Je dit droit, mais le terme n'est pas exactement le bon, car en pratique, c'est plus des actions qui sont rendus interdites. C'est le même principe pour plein de lois. Il n'y a pas de "droit à tuer quelqu'un" bien sur, mais c'est une action interdite. Il y a le droit à la liberté de parole, mais les discours de haines sont interdits, etc, etc. Encore une fois, la question n'est pas de savoir si c'est bien ou pas, mais de voir le mécanisme.

          Et je parle du mécanisme, car ce qu'on ne voit quasiment pas, c'est des licences qui garantissent plus de droits aux utilisateurs. Que je sache, à part la famille de la GPL, il n'y a pas de licences dans l'esprit d'une loi comme le RGPD, quelque chose qui donne des droits en plus, à commencer par des droits des utilisateurs face aux développeurs. On ne voit pas de licences qui disent que les développeurs ne peuvent pas faire de version qui brise la compatibilité. On ne voit rien qui va donner plus de droits aux personnes qui utilisent face aux personnes qui ont l’accès git.

          Et ça, c'est en partie parce que ça ne marcherais pas, mais aussi parce que contraindre les devs, c'est un impensé.

          Tout ça pour dire que si le mouvement queer (au sens large et académique, pas au sens de la sexualité) comme visant à interroger et brouiller les séparations binaires dans une approche post structuraliste, alors venir dire que le libre est queer est une analyse de surface qui s'écroule assez vite devant la critique.

          Comme je l'ai dit, il y a une hiérarchie structurelle au cœur du mouvement du libre due à ses mécanismes de productions, mais aussi du à l'absence de mécanismes visant à contrecarrer cette hiérarchie (et sans parler des soucis purement lié au numérique, qui a un pc, etc, etc).

          Tu parles des gens qui font de l'éducation populaire sur le codage, et c'est vrai que ça existe. Mais c'est pour moi un argument qui renforce mon point, à savoir que pour avoir du pouvoir dans le logiciel libre, il faut savoir coder, et personne ne semble vouloir revenir sur l'idée.

          On a tendance à confondre communs, publique et libre. C'est 3 choses différentes qui vont clasher quand elles sont mises ensemble.

          Donc je ne suis pas sur que rajouter "queer" dans le mix, qui est au pire un signifiant vide (ce qui explique pourquoi on arrive à l'utiliser pour désigner aussi bien des questions de genre et de sexualité qu'un individualisme extrême ou un refus d'un système économique), au mieux un truc vaguement post structuraliste donne quelque chose de pertinent.

          Mais mon meilleur argument sur le sujet, c'est que si le libre est queer, alors j'attends que quelqu'un fasse une keynote d'une conf avec comme sujet de "Richard Stallman et Eric S Raymond sont des théoriciens du mouvement queer car le libre est queer" en essayant de survive à l'émeute qui va suivre.

          • [^] # Re: Libre

            Posté par  . Évalué à 2 (+1/-1).

            Je sais pas ce que tu veux. Je sais pas de quoi tu parle, ce que tu viens rechercher.

            Et je parle du mécanisme, car ce qu'on ne voit quasiment pas, c'est des licences qui garantissent plus de droits aux utilisateurs.

            C’est précisément ce que je dis depuis le début (et comme tu dis le RGPD est là, le travail de l’EDRi et de la quadrature n’est pas négligeable).

            Oui le fait de contribuer change les choses par rapport au fait d’être simple consommateur, mais ça ne veut pas dire que tu n’a pas de droit.

            Je pense qu'on peut se passer des ad-hominem pour commencer.

            Tu te fout de moi, j’imagine.

            Bref écrit bien ce que tu veut tant que je comprendrais pas ce que tu veux je vais m’arrêter là. Je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre que de troll de ta part sans volonté d’arriver quelque part.

            https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: Libre

        Posté par  . Évalué à 2 (+1/-1). Dernière modification le 11 juillet 2025 à 15:28.

        Tout les discours d'empouvoirement visant à omettre ce point crucial ne sont que de la poudre qu'on se lance nous même dans les mirettes pour satisfaire un besoin d'être quelque chose, pour que le gouffre entre ce qu'on voudrait être et ce qu'on est soit plus petit possible.

        Pardon je voulais mettre ça dans un autre fil. T'es entrain de dire qu'il n'y a pas de problème pour les utilisateurs ? Qu'ils prennent ce qu'on veut bien leur donner et qu'ils doivent rester à leur place ? Je cherche sincèrement à comprendre contrairement à toi qui tente de décrédibiliser.

        Dans un monde où les logiciels contrôlent de plus en plus de choses tu pense pas qu'il y a de problème ? Ou alors tu le formule comment ?


        NB: j'aurais pu croire que c'est zenitram qui m'avait répondu autant pour le fond que pour la forme

        https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

        • [^] # Re: Libre

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-1).

          Je dit qu'il y a des soucis pour les utilisateurs justement parce que tant qu'ils restent dans la classe "utilisateur" (classe au sens sociologique, pas C++, pas éducatif, ni rien d'autre, je précise), ils ont clairement moins de possibilité que la classe "codeur".

          Les gens de la classe "utilisateur" peuvent ensuite bouger vers la classe "codeur", mais ça ne fait que renforcer mon point, les libertés qui forment le fondement du libre bénéficie plus aux gens qui codent plus qu'aux gens qui utilisent sans coder.

          Pour prendre une analogie, une autoroute va bénéficier plus à quelqu'un qui a le permis que quelqu'un qui n'a pas le permis. Bien sur, moi qui n'ai pas le permis, je bénéficie des autoroutes quand quelqu'un d'autre les utilisent (soit avec moi à bord, soit via les camions, via la libération de l'espace dans le train, etc). Mais ça ne change rien au fait qu'une autoroute apporte plus aux gens qui peuvent rouler dessus qu'aux gens qui ne peuvent pas.

          • [^] # Re: Libre

            Posté par  . Évalué à 1 (+0/-1).

            Les gens de la classe "utilisateur" peuvent ensuite bouger vers la classe "codeur", mais ça ne fait que renforcer mon point, les libertés qui forment le fondement du libre bénéficie plus aux gens qui codent plus qu'aux gens qui utilisent sans coder.

            Je ne comprends pas ta véhémence alors à m’expliquer que je me voile la face en disant que les licences ne sont pas suffisantes. C’est une volonté d’en découdre pour en découdre ?

            Un logiciel ce n’est pas fait que pour être modifié. Tu as tout le droit à la consommation qui montre des exemple de ce type de droit.

            Le fait de mettre l’utilisateur au centre de la question permet de se poser des questions d’enfermement. Ça se rapproche un peu de ce dont je parlais pour les services : https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/un-service-ouvert

            https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: Libre

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-1).

        En fait, la prémisse est fausse, le libre cherche à préserver la liberté des personnes qui codent.

        La définition du logiciel libre tourne autour du code, et 3 des 4 libertés sont à destination des codeurs avant tout.

        Pas "avant tout", à la base il s'agit des premiers utilisateurs de leurs outils. Opposer simplement population utilisatrice et population codeuse est pour moi une erreur. En fait on a plutôt uniquement user, dev user et uniquement dev, et la dernière catégorie est un problème plus important à mes yeux : des gens qui produisent des choses qu'ils n'utilisent pas pour eux-mêmes, donc plutôt loin des besoins utilisateur, et on arrive sur des soucis éthiques (l'équivalent dans l'alimentaire serait de produire massivement des légumes avec force engrais et pesticides mais d'acheter sa conso perso au magasin bio, d'élever des porcs en batterie mais de consommer ses porcelets perso élevés en plein air, ou dans l'industrie de produire des petites voitures tout en roulant en grosse berline ou en vélo au quotidien, etc.) : risques de tromperie, escroquerie, négligence sur la sécurité (alimentaire, informatique, etc.), enfermement des utilisateurs captifs, etc. (Surtout dans un monde hypercentré sur le profit).
        Qu'il y ait une population non codeuse simple utilisatrice, ok, division du travail, société complexe, je ne produis pas moi mes outils, mes matières premières, ma bouffe, mon logement, etc. (*) Mais que l'on ait des gens qui n'utilisent pas ce qu'ils produisent est un souci. Empiré s'ils ont le besoin mais préfèrent la solution d'un autre à la leur quand c'est pour eux.

        (*) on peut relativiser avec la doc, la traduction, les remontées de bugs, les tests, le multimédia l'entraide, etc. Bref tout ce qui n'est pas pur code, qui est plus accessible à la population non-codeuse (au sens pire code)

        • [^] # Re: Libre

          Posté par  . Évalué à 5 (+4/-1).

          Mais que l'on ait des gens qui n'utilisent pas ce qu'ils produisent est un souci.

          Et ça mène aussi souvent à une ignorance de comment les choses fonctionnent ou sont produites. Ce faisant, l'esprit est incapable de modéliser l'ampleur des moyens mis en œuvre pour notre "simple" vie quotidienne.

          On est dans un système qui fait tout pour cacher (ou peindre en couleurs jolies à l’œil) les modes de production, car ils sont en réalité très largement intolérables. Et même quand on est informés et conscient, le quotidien et notre environnement direct (ce qu'on appelle la société ?) nous empêchent littéralement d'en sortir.

          Bien que la tentation soit grande, ayant soif de justice sociale et étant écoresponsable, je ne vais pas me pendre avec cette corde en fibre synthétique, fabriquée dans un pays qui ne respecte pas les droits humains et issue de l'industrie du pétrole :p.

  • # Contresens historique

    Posté par  . Évalué à 7 (+7/-3).

    Attention quand même, le concept d'un droit d'auteur au service du capitalisme est un contresens historique. Le droit d'auteur qui a émergé au XIXe siècle l'a été sous l'impulsion des auteurs pour lutter contre les éditeurs. Il donne aux auteurs (et non aux éditeurs) le contrôle de la commercialisation des oeuvres, et c'est une victoire importante pour les auteurs puisqu'auparavant, ils ne pouvaient prétendre à aucune rémunération sur les ventes.

    Je ne sais pas si le droit d'auteur est "anticapitaliste", mais il est en tout cas conçu pour obliger les éditeurs à partager leurs profits avec les auteurs.

    S'il est autant profitable aux capitalistes modernes, c'est parce que 1) les capitalistes sont les seuls à pouvoir financer de grosses productions (cinéma, musique, logiciels, …) et bénéficient donc de ce droit pour leurs propres oeuvres, 2) les auteurs ont vite compris que les capitalistes étaient très forts pour générer des profits et qu'il vallait mieux signer des contrats avec eux (et de toucher une partie de beaucoup de $$$) plutôt que de toucher l'intégralité de pas grand chose. Dans tous les cas, même aujourd'hui, le droit d'auteur reste très puissant face au capitalisme; à ce que je sais le code GPL pondu par un gugusse tout seul dans son garage reste bien protégé des vélléités des GAFAM. Le droit d'auteur fonctionne donc toujours très bien dans le rôle anticapitaliste qui lui a été assigné il y a 200 ans.

    • [^] # Re: Contresens historique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0). Dernière modification le 11 juillet 2025 à 18:03.

      Attention quand même, le concept d'un droit d'auteur au service du capitalisme est un contresens historique.

      effectivement, il y a un raccourci que tu traduis bien ensuite

      S'il est autant profitable aux capitalistes modernes, c'est parce que 1) les capitalistes sont les seuls à pouvoir financer de grosses productions (cinéma, musique, logiciels, …)

      seule la musique existait au XIXe et les bouquins (que tu oublies un peu facilement, ce qui donne pourtant toute son aura à Disney de piocher sans vergogne dans le domaine public pour le mettre en images…)

      et tu oublies que les hordes d'avocats sont à la solde de ceux en mesure de les payer, ce qui induit une distorsion de capacité (d'où les DADVSI, HADOPI et LOPPSI et… tentant de légitimer via les droits voisins des comportements délictueux envers les droits d'auteurs et des destinataires de leurs œuvres — devenus « consommateurs » — o_O).

      Autant se poser la question : à quoi bon être anticapitaliste s'il n'y a pas de capitalisme pour le légitimer ? :D (ce qui est une prémisse fausse actuellement).

      • [^] # Re: Contresens historique

        Posté par  . Évalué à 2 (+1/-2).

        seule la musique existait au XIXe et les bouquins

        Et la peinture et la sculpture et le théatre… De toutes manières, les droits d'auteurs protègent toutes les formes de création artistique, et une partie des créations industrielles (logiciels, visuels…).

        et tu oublies que les hordes d'avocats sont à la solde de ceux en mesure de les payer

        Je ne sais pas où tu veux en venir avec tes hordes d'avocats. Les grosses entreprises ont les moyens de faire valoir leurs droits.

        Le reste, je n'ai pas compris, j'ai l'impression que beaucoup de choses sont mélangées. Par exemple à propos du domaine public, qui donne droit à emprunter et à créer des trucs nouveaux : les grosses entreprises de l'industrie culturelles sont connues pour militer contre le DP, puisqu'elles touchent encore des rentes sur des oeuvres qui devraient bientôt expirées. On peut trouver ça paradoxal qu'elles souhaitent empêcher ce qui a construit une partie de leur richesse, mais ça devrait rien nous dire si le DP est quelque chose de capitaliste ou d'anticapitaliste. D'une manière générale, le capitalisme sait profiter de toutes les situations : les affaires sont juteuses en temps de paix et en temps de guerre, la bourse monte quel que soit le parti au pouvoir (y compris l'extrême droite), les pétroliers vendront des panneaux solaires quand on sera à +4°C… bref, quand une situation est favorable au capitalisme, on ne peut absolument pas conclure qu'elle a été mise en place par des suppots du grand capital, puisque par définition le capitalisme apprend à profiter de toutes les situations.

        Et pour revenir sur l'argument de départ, l'industrie du cinéma a fait au moins autant d'argent à partir du Seigneur des Anneaux, de SpiderMan ou de Harry Potter qu'à partir de Blanche-Neige et les Sept Nains. D'ailleurs, vraiment peu de Disneys sont issus de la culture populaire, et je pense que ton argument est fait pour paraitre vrai et pointer un scandale imaginaire. Et j'imagine que les auteurs qui ont vendu les droits de ces franchises ont touché un mégamax de $$$—ont-ils été spoliés par l'industrie du cinéma? Franchement, je ne crois pas, et ça montre à quel point les droits d'auteurs protègent encore les auteurs.

        Et du coup, les droits d'auteurs ne protègent pas du tout les consommateurs, qui payent pour lire ou regarder des oeuvres qu'ils ne possèdent pas (ils en possèdent parfois le support, et c'est de moins en moins le cas). Les auteurs et les éditeurs cherchent même à récupérer une partie des ventes d'occasion, ce qui ne fait que démontrer que l'objet n'appartient pas réellement à celui qui l'achète. Mais c'est fait pour : les droits d'auteurs n'ont absolument pas été conçus pour protéger les consommateurs (ce qui protège les consommateurs, ce sont les exceptions au droit d'auteur listées dans la loi). Du coup, l'argument devrait être de réequilibrer les droits d'auteurs et les droits des consommateurs par exemple, ça me semble plus constructif que d'inventer un narratif fallacieux (sur l'idée que les droits d'auteur sont une invention du capitalisme).

        • [^] # Re: Contresens historique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+3/-0).

          vraiment peu de Disneys sont issus de la culture populaire

          Tousse tousse… https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Liste_des_Classiques_d%27animation_Disney colonne inspiration

          • [^] # Re: Contresens historique

            Posté par  . Évalué à 2 (+0/-1).

            Au XIXe siècle, in n'y a que Raiponce. "La reine des neiges", à part le titre, n'a rien à voir avec le conte d'Andersen (le résumé Wikipédia du conte: Le diable a fabriqué un miroir magique, dont les reflets sont déformés. Le miroir se casse et deux des morceaux ensorcelés se coincent dans l'œil et le cœur d'un garçon innocent, Kay (parfois écrit Kaï), le rendant dur et indifférent, jusqu'au jour où il disparaît. Son amie Gerda entreprend de le chercher, jusqu'au château de la Reine des neiges dans le Grand nord où il est retenu. Dans sa quête, elle rencontre de nombreux personnages, dont la petite fille têtue, des brigands, quelques animaux qui parlent et une magicienne avec un jardin fantastique.). Certes, Vaiana et l'Atlantide sont "issus de la culture populaire", mais c'est moi qui ai mal rédigé ma phrase, puisque ça n'est pas issu d'un ouvrage avec un auteur.

            • [^] # Re: Contresens historique

              Posté par  . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 16 juillet 2025 à 13:37.

              Blanche-Neige : 1812
              Pinocchio : 1881
              L'Apprenti sorcier : 1797
              Cendrillon : Antiquité
              Alice au pays des merveilles : 1865
              La Belle au bois dormant : 1697
              Le Livre de la jungle : 1894
              Robin des bois : 1228
              Oliver et Compagnie : 1837
              La Petite Sirène : 1837
              La Belle et la Bête : ~1700
              Aladin : VIIe siècle
              Le Bossu de Notre-Dame : 1831
              Mulan : Ve siècle
              La Planète au trésor : 1881

              Des blockbusters pour la plupart. Je les ai tous vus dans mon enfance (enfin à partir du Bossu je n'étais plus enfant…)

              Au XIXe siècle, in n'y a que Raiponce.

              Ou alors je n'ai pas compris ce que tu veux dire.

        • [^] # Re: Contresens historique

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+3/-0). Dernière modification le 15 juillet 2025 à 07:34.

          ça montre à quel point les droits d'auteurs protègent encore les auteurs.

          Pas vraiment vu qu'en pratique ils cèdent les droits aux éditeurs/producteurs plutôt. Sans parler des médias dérivés.

          Exemple :

          https://www.librinova.com/blog/salaire-decrivain-combien-gagne-un-auteur/
          https://www.scam.fr/actualites-ressources/8e-barometre-des-relations-auteurs-editeurs/

          le taux de rémunération moyen varie de 6 à 7 % pour les livres jeunesse et la BD à 9 % pour la littérature et les beaux livres (8 % pour les documentaires, essais ou ouvrages universitaires).

          https://www.cmc-studio.fr/post/2019/02/18/repartition-vente-album-quelle-remuneration-pour-artiste

          l'artiste va ainsi toucher un peu plus de 4% des ventes globales, soit 72 centimes par album vendu.

          Plus une part de

          la SACEM, la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique, récupère un pourcentage de 8,7%

          https://www.village-justice.com/articles/Adaptations-cinematographiques-les-problematiques-juridiques,24702.html

          les droits d'adaptation représentent 1 à 3% du budget du film.

          Etc.

          Clairement en termes de droits, on a producteur/major >> auteur >> public

          Le public se fait attaquer sur tout, il peut payer plusieurs fois la même oeuvre, être réduit à la louer, perdre son accès, être contraint/bridé et surveillé par menottes numériques/DRM, être empêché de revente voire de don, être géobloqué, etc.

    • [^] # Re: Contresens historique

      Posté par  . Évalué à 6 (+4/-0).

      Le droit d'auteur fonctionne donc toujours très bien dans le rôle anticapitaliste qui lui a été assigné il y a 200 ans.

      Un exemple ne suffit pas à démontrer que c’est globalement le cas.

      Par rapport à il y a 2 siècles le contexte à changé : le droit d’auteur est facilement cédé et les capitalistes possédant par définition les outils de production c’est eux qui font la pluie et le beau temps. Tu as quelques cas où les auteurs se font entendre mais il faut qu’une bonne parte d’entre eux se ligue pour y parvenir comme avec la dernière grande grève à Hollywood.

      Comme la plupart des développeur je cède la propriété de mon code à mon entreprise. C’est elle qui possède les moyens de production mon code n’a pas de valeur autrement.

      Le fait que la loi est toujours respectée ne dit rien de son efficacité concrète.

      https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: Contresens historique

        Posté par  . Évalué à 0 (+0/-3).

        le droit d’auteur est facilement cédé

        Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu appelles "facilement". Tu ne parles que des droits patrimoniaux puisque les droits moraux ne peuvent pas être cédés. Et l'auteur est libre de faire ce qu'il veut de ses droits patrimoniaux. Y compris les céder contre de l'argent.

        c’est eux qui font la pluie et le beau temps

        Il y a de la concurrence entre les auteurs, et de la concurrence entre les éditeurs. C'est l'offre et la demande. Si tu mettais un seuil aux reversement des droits d'auteur, est-ce que tu n'excluerais pas d'office les auteurs les moins rentables du marché? Est-ce que la part reversée aux auteurs est trop petite? Peut-être, mais dis-toi quand même que les "gros" auteurs (ceux qui font réellement gagner de l'argent aux éditeurs) sont en mesure de négocier des taux plus élevés que les petits auteurs.

        Comme la plupart des développeur je cède la propriété de mon code à mon entreprise

        Ouhlala, alors déja le code c'est spécial (ça a un statut à part, parce que c'est pas si évident que ça que c'est une oeuvre de l'esprit et que si ça n'avait pas un statut à part ça remettrait pas mal de choses en question, y compris la légalité des licences libres), et en plus, tu es salarié (tu es payé en avance pour ton travail contre une clause de cession des droits dans ton contrat de travail).

        C’est elle qui possède les moyens de production mon code n’a pas de valeur autrement.

        Bah je crois que tu as tout dit. C'est une situation classique où le salarié crée les choses et l'entreprise crée la valeur des choses. La loi protège ton travail, et de donne la liberté d'en faire ce que tu veux; distribuer ton oeuvre sous licence libre gratuitement, la distribuer toi-même contre de l'argent auprès du public, ou l'échanger contre de l'argent auprès d'un éditeur qui la distribue pour toi. Si les artistes gagnaient plus à diffuser leurs oeuvres eux-mêmes, ils le feraient, non? S'ils ne le font pas, c'est que 4% des droits sur les oeuvres diffusées dans un circuit industriel rapporte plus que 100% des droits dans une diffusion amateur.

        Si l'argument est sur le partage équitable de la valeur, alors c'est un argument qui me semble profondément fallacieux—je ne l'avais pas réalisé avant de réfléchir sur la question. Est-ce que la valeur d'un échange se juge sur ce qui se passe après l'échange? Je pense que non, il n'y a aucune raison de penser que c'est le cas, c'est la cupidité associée à la propriété intellectuelle qui nous fait penser le contraire. Disons que je vends une pelle à la brocante 5€, si le mois d'après j'apprends que le gusse qui me l'a achetée a déterré un trésor avec, est-ce qu'il est légitime pour moi d'aller lui réclamer de l'argent parce qu'il a valorisé la pelle qu'il m'a achetée? Bah non, parce que la valeur de l'échange doit être jugée au moment de l'échange, et à ce moment, c'était un échange équitable. Bah ça devrait être pareil pour les idées ou les oeuvres. Je ne comprends pas pourquoi on imagine tous avoir une sorte de droit de préemption sur la valeur que les autres créent à partir de ce qu'on leur a vendu. Si une entreprise gagne des millions à partir d'un truc que je lui ai vendu, peut-être que j'aurais dû lui vendre plus cher, mais je ne suis pas "volé".

        • [^] # Re: Contresens historique

          Posté par  . Évalué à 8 (+5/-0).

          Il y a de la concurrence entre les auteurs, et de la concurrence entre les éditeurs.

          Le nombre de maison d'édition est ridiculement petit, il y'a pas mal de façades, mais c'est détenus par les même groupes.

          Peut-être, mais dis-toi quand même que les "gros" auteurs (ceux qui font réellement gagner de l'argent aux éditeurs) sont en mesure de négocier des taux plus élevés que les petits auteurs.

          Sachant que les frais (pub&édition) sont retranchés avant tout versement à l'auteur, quelle est la raison d'avoir des pourcentages différents?

          S'ils ne le font pas, c'est que 4% des droits sur les oeuvres diffusées dans un circuit industriel rapporte plus que 100% des droits dans une diffusion amateur.

          C'est justement tout le problème; le droit d'auteur ne défends plus les auteurs, mais les maisons d'édition, tu le dis toi même si on veut vendre faut se vendre (et donc perdre la maitrise de son œuvre) T'as beau dire que c'est volontaire, comme tous les éditeurs se sont alignés sur le même genre de contrats les dés sont pipés dès l'origine en faveur des maisons d'éditions.

          Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

    • [^] # Re: Contresens historique

      Posté par  . Évalué à 2 (+2/-1).

      Attention quand même, le concept d'un droit d'auteur au service du capitalisme est un contresens historique. Le droit d'auteur qui a émergé au XIXe siècle l'a été sous l'impulsion des auteurs pour lutter contre les éditeurs. Il donne aux auteurs (et non aux éditeurs) le contrôle de la commercialisation des œuvres, et c'est une victoire importante pour les auteurs puisqu'auparavant, ils ne pouvaient prétendre à aucune rémunération sur les ventes.

      Je pense que tu viens de démontrer le contraire. Grace au droit d'auteur, les créateurs ont pu présenter leur œuvre comme une marchandise pour pouvoir négocier, sur un marché, les usages possibles.

      Bien sûr, on peut dire que ça améliore la condition d'existence du créateur dans un monde où tout devient marchandise, mais ça n’empêche pas de contribuer au problème d'extension du capitalisme.

      Partant de là, ce n'est pas un contresens historique de dire qu'il est au service du capitalisme.

      • [^] # Re: Contresens historique

        Posté par  . Évalué à 3 (+1/-1).

        Partant de là, ce n'est pas un contresens historique de dire qu'il est au service du capitalisme.

        Ce n'est plus une joute verbale, c'est du contorsionisme.

        Le capitalisme sait profiter de toutes les situations, y compris de celles qui ont été créées pour le limiter. C'est donc complètement fallacieux d'interpréter quelque chose que le capitalisme a su mettre à son profit comme étant mis en place "au service du capitalisme".

        Après, je pointais juste une erreur historique; ça y est, c'est fait. Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher les gens de raconter n'importe quoi si c'est ce qu'ils souhaitent.

        • [^] # Re: Contresens historique

          Posté par  . Évalué à 2 (+1/-0). Dernière modification le 16 juillet 2025 à 22:34.

          Si le capitalisme est une dynamique avec ses propres contradictions, fonctionnant par phase de différents cycle d'accumulation − comportant chacune des limites particulière − est-ce bien si farfelu que ça de considérer qu'il trouve des solutions pouvant pointer vers son propre dépassement tout en cherchant a se préserver ? notamment en période de transition entre les phases ?

          Je pourrais parler du syndicalisme : il a bien sa forme révolutionnaire, notamment au début du XXième, puis maintenant c'est plus un rôle de préservation. Si la forme révolutionnaire pouvait pointer vers des horizons qui dépassaient le capitalisme, ce n'est plus le cas aujourd'hui ; je dirais même que ce n'est plus possible maintenant que le capitalisme rend de plus en plus le travail superflu.

          Mais on voit maintenant assez bien que le syndicalisme a permis aux travailleurs de se faire reconnaitre en tant que propriétaire de leur marchandise (leur force de travail) et a les intégrer dans la société capitalisme.

          Bref, il n'y a pas d'erreur historique dans tout ça, c'est le capitalisme qui est dans une nouvelle phase.

  • # Copie libre contre rareté

    Posté par  . Évalué à 3 (+2/-0). Dernière modification le 21 juillet 2025 à 22:24.

    Je pense qu’il est important de définir les licences libres comme anticapitaliste parce que ce système devra être combattu au long cours, et que même s’il est un jour très affaibli voire vaincu, il est très probable qu’il y en aura des résurgences.

    Il est donc important de disposer d’outils puissants pour le combattre et de bien saisir leur puissance et leur portée.

    Il est fondamental de comprendre que les licences libres sapent la base du capitalisme : l’accumulation.
    L’accumulation qui donne du pouvoir aux capitalistes réside en la rareté de ce qu’ils accumulent, la copie permise par les licences libres interdit la rareté en donc bien antagoniste au Capitalisme.

    « Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »

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