Linux From Scratch 11.3 : on vous tient par la main

Posté par  . Édité par Florent Zara, Nils Ratusznik et Ysabeau 🧶 🧦. Modéré par Arkem. Licence CC By‑SA.
54
11
mar.
2023
Distribution

Comme chaque début d’année, c’est la période pour une nouvelle version de Linux From Scratch.

Linux From Scratch, ou LFS pour les intimes, est un livre décrivant pas à pas la construction à la main d’une distribution GNU/Linux, l’occasion idéale pour en apprendre plus sur GNU/Linux et créer la vôtre ! Tout cela 100 % traduit en français, lisible en ligne ou téléchargeable aux formats HTML, PDF ou epub.

Logo de LFS

La nouvelle version 11.3 est désormais disponible, avec du SysV et du Systemd dedans pour ne pas faire de jaloux. Elle est considérée comme une version majeure. Beyond LFS (Une sorte de second volume qui étend une LFS déjà installée pour en faire une version plus personnalisée et utilisable) est lui aussi disponible en version 11.3.

Quoi de neuf dans cette version ?

Parmi les principaux changements, les outils de construction (« toolchain ») de la distribution sont mis à jour vers binutils-2.40 et glibc-2.37. Le noyau Linux bascule en 6.1.11. Au total 43 paquets ont été mis à jour depuis la précédente version. De gros efforts sur la lisibilité ont été réalisés sur l’ensemble du texte.

Cette nouvelle version est accompagnée d’une mise à jour de BLFS (Beyond Linux From Scratch, ou « Au‐delà de LFS ») qui contient plus d’un millier de paquets en plus du livre Linux From Scratch de base. La publication fait suite à la mise à jour de 1357 paquets depuis la version précédente et un énorme travail rédactionnel a été réalisé pour améliorer les textes et la présentation tout au long du livre.

Parmi les autres changements dans BLFS, on trouve l’ajout de nombreux modules Python pour pouvoir générer la documentation des paquets qui utilisent les applications Gi-DocGen ou Sphinx. Plusieurs environnements de bureau ont également été mis à jour :

  • Gnome 43
  • KDE/Plasma 5.26.5
  • Xfce 4.18

Enfin, le livre s’est vu rajouter un nouveau pilote Xorg, intel-media-driver, pour fournir l’accélération vidéo sur les CPU Intel de gammes Broadwell et suivantes.

Côté francophone, nous expérimentons maintenant un nouvel outil pour collaborer sur la traduction. Fini Pootle, vive Weblate !

Est‑ce difficile ?

Bien que cela nécessite de bonnes connaissances de base à propos de GNU/Linux, le livre décrit avec précision chaque étape de la construction du système afin de la rendre abordable au plus grand nombre.

Le système

Celui‑ci est construit principalement en trois étapes. D’abord, la mise en place d’une chaîne de construction croisée (aussi appelée toolchain), qui permet de devenir indépendant du système hôte quelle que soit la distribution choisie. Une fois la chaîne de construction disponible avec quelques outils supplémentaires, la deuxième étape consiste à entrer dans un environnement chroot pour terminer la construction des outils temporaires. La troisième étape est la construction du système final amorçable. Celui‑ci ressemblera à n’importe quelle distribution classique, à l’exception du gestionnaire de paquets que Linux From Scratch ne fournit pas par défaut. Libre à vous d’en ajouter un grâce à l’une des multiples astuces disponibles (et traduites !), ou bien de créer le vôtre !

Et après ?

Linux From Scratch fournit la base d’une distribution GNU/Linux avec des paquets comme systemd ou SysVInit, ainsi que les principaux outils en ligne de commande, dont l’éditeur de texte Vim (des instructions sont disponibles afin de le remplacer par votre éditeur de texte favori).

Afin d’avoir un système GNU/Linux répondant à vos besoins, vous voudrez sans doute poursuivre l’aventure en installant une multitude d’autres paquets, tels qu’un environnement de bureau. C’est l’objet d’un second livre, Beyond Linux From Scratch (BLFS) ou « Au‑delà de LFS », lui aussi disponible en version 11.3. BLFS apporte plus d’un millier de paquets supplémentaires par rapport à LFS. Si vous n’y trouvez pas votre bonheur, vous en savez suffisamment pour vous lancer dans le grand bain et compiler des paquets supplémentaires qui n’y sont pas présentés.

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À vous de jouer, rejoignez l’aventure ! Faites‑nous des retours, sur nos lieux de rencontres habituels : IRC (#lfs-fr sur Liberachat) et Mastodon. Si vos yeux saignent, vous pouvez nous aider à endiguer de nombreux cas de cécité précoce en proposant des corrections sur notre interface en ligne, ou via l’un des canaux précédents si vous ne souhaitez pas créer de compte.

À bientôt !

Aller plus loin

  • # Logiciel de traduction

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

    À quel point êtes-vous satisfaits du logiciel pour la traduction, Weblate, par rapport à Pootle ? De ce que j'ai compris, les deux sont plus ou moins libres (GPL), mais était-ce un critère de choix ?

    J'ai l'impression que ces deux logiciels sont prévus pour de la traduction de logiciels, mais pas de livres ou de contenu textuel aussi gros. Par exemple, le contexte n'est pas forcément bien indiqué. Dans la traduction de LFS, je vois que Weblate ne comprend pas du tout la syntaxe DocBook (https://translate.linuxfromscratch.org/translate/linux-from-scratch-11-3/chapter02_hostreqs/fr/ :
    <emphasis role="strong">
    , par exemple) et n'indique pas ce qui pourrait être un titre (ce qui aide énormément à se retrouver dans un document).

    Un logiciel qui comprend plus le fonctionnement d'un document ne serait-il pas mieux ? Je pense à SDL Trados Studio, surtout parce que c'est le seul dont j'ai entendu parler ><. Par exemple, dans la vidéo https://www.trados.com/products/trados-studio/whats-new-studio-2022.html, vers 3:00, ou encore https://www.youtube.com/watch?v=-QxkyjtP5zM, ils montrent la traduction d'un document avec des titres bien mis en évidence, avec du formatage de texte (gras, italique).

    • [^] # Re: Logiciel de traduction

      Posté par  . Évalué à 9.

      Pour nous, Pootle marchait assez bien, mais il n'est plus maintenu et en Python 2. Surtout il manquait une fonctionnalité assez évidente que propose Weblate, c'est d'afficher le diff sur une chaine proche. Ça permet de gagner énormément de temps quand la différence c'est une coquille corrigée en anglais qui n'affecte pas la traduction, ou un nombre qui change entre deux versions du logiciel. Ça arrive assez souvant, et Pootle obligeait à regarder le paragraphe entier pour s'assurer que rien d'autre n'avait changé. Par contre, Weblate a l'air un peu plus lent que Pootle et c'est un peu plus difficile de naviguer dans les documents avec. Le fait que ce soit un logiciel libre a été un choix déterminant aussi.

      Le titre n'est pas forcément bien mis en avant et présenté en gros, mais dans la chaine que tu prends en exemple, on voit en haut la structure XML du livre, donc on peut savoir si c'est un titre, un paragraphe, etc. Pootle gérait très bien les balises, mais Weblate a l'air d'avoir plus de mal. C'est bien géré sur certaines chaines, mais pas sur d'autres. Soit un bogue, soit un problème de configuration… Par exemple https://translate.linuxfromscratch.org/translate/linux-from-scratch-11-3/chapter02_hostreqs/fr/?checksum=614400c2704b3f93&sort_by=-priority,position affiche bien les balises. En cliquant dessus dans la version originale, on peut les copier dans la version traduite.

      • [^] # Re: Logiciel de traduction

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

        Weblate est effectivement orienté localisation logicielle et web (comme d'autres plateformes telles Transifex ou CrowdIn). RWS Trados est un outil propriétaire (MS Windows, avant la mise en place d'une plateforme nuagique désormais disponible) destiné à la traduction en général (comme d'autres outils, et il y en a foison, tels MemoQ).

        Pour la traduction en général, il existe un équivalent libre (GPL), gratuit et multiplateforme (basé Java) à Trados : OmegaT (depuis circa 2006(?), donc pérenne), https://www.omegat.org/fr. LPI (Linux Professional Institute), l’organisme chargé des certifications administrateur et développeur Linux utilise cet outil (cf. le bref article de kikinovak (Nicolas Kovacs) sur son blogue, https://blog.microlinux.fr/omegat/.

        Par rapport à Trados et weblate :
        - Filtres (gestion des balises) : Trados et OmegaT permettent une meilleure gestion des balises car tous 2 proposent la possibilité d'adapter ou créer des filtres personnalisés. La différence est que, pour Trados, cela se fait dans l'application, tandis qu'avec OmegaT, on recourt à des outils externes (tels Okapi Rainbow, https://www.okapiframework.org/, couteau suisse bien connu dans le monde de la localisation puisque portée par Y. Savourel, pape du format d'échange Xliff).
        - Projet en équipe et en ligne : par rapport à Trados et Weblate, OmegaT n'offre pas de solution clé en main, mais intègre une fonctionnalité de travail en équipe qui recourt à des solutions telles SVN ou git (j'utilise perso l'espace gitlab Framasoft pour des démos à mes étudiant·e·s). La version 5.8 qui devrait sortir incessamment sous peu (date provisoire : 1er avril) apporte quelques nouveautés intéressantes pour la gestion de projets en équipe.

        Si vous voulez tester : une nightly build est disponible (https://sourceforge.net/projects/omegat/files/Nightly/). La prise en main des fonctionnalités de base n'est guère compliquée. Le manuel d'aide est à jour en anglais (accès via F1 depuis l'interface) et les listes d'échange utilisateur et développeur sont hyperréactives (et on peut poser sa question en français ;-).

      • [^] # Re: Logiciel de traduction

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        Merci pour ce retour :) !

        • [^] # Re: Logiciel de traduction

          Posté par  (Mastodon) . Évalué à 1.

          Y a pas de quoi. Du coup, cela m'a poussé à faire une dépêche (en projet et que tu as vue, je crois, si c'est toi qui as corrigé les guillemets typographiques - merci ;-)

  • # Liens patches = 404

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Je ne sais pas si c'est propre à la traduction française, mais les liens des patches sur https://fr.linuxfromscratch.org/view/lfs-11.3-systemd-fr/chapter03/patches.html sont tous en 404.

  • # Enfin, le livre s’est vu rajouter un nouveau pilote Xorg…

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    J’ai lu la dépêche en diagonale et cette phrase m’a fait tiquer.

    Enfin, le livre s’est vu rajouter un nouveau pilote Xorg

    Y’aurait moyen de la réécrire ? Certes en relisant on comprend plus haut de quel livre il s’agit.
    Par exemple :
    Enfin, le livre s’est vu rajouter un chapitre décrivant un nouveau pilote Xorg: …

    Sans doute que je pinaille, mais je trouve cela plus clair.

  • # Et comment on télécharge ?

    Posté par  . Évalué à 1.

    Je suis peut-être bigleux, mais je n'ai pas trouvé le lien pour télécharger LFS. Tous les autres oui, mais pas juste le LFS de base.

    Il y a 10 sortes de gens dans le monde – ceux qui comprennent le ternaire, ceux qui ne le comprennent pas et ceux qui le confondent avec le binaire.

  • # questions

    Posté par  . Évalué à 2.

    hello \o/

    Est ce compatible avec la vraie vie / long à terminer LFS ? (soir et week end libres y passent ?)

    J'ai souvent voulu commencer mais aurais-je fini avant le livre suivant (?)
    Pendant combien de temps est t'il possible d'utiliser une version donnée  ? Est ce un facteur limitant ?
    ( car j'ai l'impression que ca évolue en permanence )

    "qui permet de devenir indépendant du système hôte quelle que soit la distribution choisie."
    Pourriez vous expliquer ce point svp ?

    Ensuite si l'on veut ajouter une interface type gui : comment cela s'imbrique avec la distribution hôte ?

    Merci

    • [^] # Re: questions

      Posté par  . Évalué à 6.

      Le premier livre, LFS, se termine en un week-end avec l'expérience, voire une grosse journée. Pour la première fois, compter plutôt une semaine et un échec :)

      Il sort une nouvelle version tous les 6 mois.

      Le but du projet est de créer un système Linux à partir de zéro, et donc dans les premiers chapitres, il est demandé de faire de la place pour créer une partition dédiée au projet. Les premières étapes nécessitent d'utiliser une distribution hôte pour avoir les outils nécessaires à compiler le nouveau système. Une fois le système créé, il n'y a plus de distribution hôte : on peut simplement redémarrer sur le système LFS (ou redémarrer sur la distribution hôte, au choix).

      Pour l'interface graphique, c'est expliqué dans le livre suivant, BLFS. En fait une fois terminé le premier livre, le système est… minimaliste. Il démarre en mode console avec tout juste bash et un compilateur C. BLFS est nécessaire pour ajouter tous les programmes dont tu auras besoin.

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