Logiciel libre et création d'entreprise : entretien avec 2 des créateurs de Hybird

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Édité par baud123, Malicia et Nÿco. Modéré par Lucas Bonnet.
39
14
déc.
2011
Commercial

Après l'entretien avec Jérôme Martinez, créateur du logiciel MediaInfo et de l'entreprise MediaArea.net, voici le deuxième opus de la série de dépêches sur le thème de la création d'entreprise.

Cette fois-ci, deux des associés de la société Hybird nous présentent leur cheminement de créateur d'entreprise gravitant autour des technologies libres, des logiciels de gestion client et plus particulièrement de Crème CRM.

Sommaire

Fiche d'identité de l'entreprise

Nom et prénom Guillaume ENGLERT et Jean-Michel ARMAND
Nom de l'entreprise Hybird
Statut juridique de l'entreprise SARL
Activité de l'entreprise principalement éditeur/intégrateur de Crème CRM. (*)
Technologies et/ou logiciels libres concernés Python, Django, jQuery, Java, Debian, Apache, Blender... (liste non exhaustive)
Date de démarrage de l'activité Des gars dans un garage en juin 2004, création de la société en novembre 2005.
Localisation de la clientèle principalement nationale
Nombre de collaborateurs 4 associés-salariés + 2 salariés
Site web de l'entreprise http://www.hybird.org

Note (*) : Les activités d'Hybird ont changé au gré des inflexions de la stratégie d'entreprise. D'abord quasiment uniquement prestations de services et développements à façon, puis intégrateur de CRM libres pour maintenant être éditeur/intégrateur de Crème CRM.

Le projet d'entreprise

Guillaume, Jean-Michel, pourriez-vous présenter en quelques lignes : qui vous êtes, ce que vous faites, et la démarche qui vous a menés à cette création d'entreprise ?

Guillaume : J'ai 30 ans, ingénieur en informatique de formation. Je travaille principalement en tant que développeur, mais je suis aussi le graphiste de l'équipe ; de manière générale, dans une si petite structure on n'est pas attaché à une tâche bien précise, et les talents annexes sont les bienvenus. Dans mon école, j'ai d'une part rencontré des gens talentueux avec qui j'ai eu envie de travailler, et d'autre part je suis tombé amoureux des logiciels libres. Combiner les deux ne pouvait se faire qu'avec la création d'une entreprise, et l'idée est arrivée très tôt (première année d'école d'ingénieurs, à Bac + 3 donc).

Jean-Michel : J'ai 31 ans, ingénieur en informatique de formation (dans la même école que Guillaume, l'ESIL à Marseille). Au jour d'aujourd'hui, je me retrouve à coder très peu. Je m'occupe plus de tout ce qui est gérance de l'entreprise, toute la partie commerciale et la définition des fonctionnalités futures de Crème. Au niveau de l'envie de créer une boîte, c'est une très vieille envie que j'avais déjà lorsque j'étais en IUT (où j'ai d'ailleurs rencontré l'un des fondateurs d'Hybird). Elle a pu se concrétiser en fin de cycle d'école d'ingé.

Avez-vous rencontré des difficultés pour mener à bien ce projet, et si oui de quelles aides avez-vous pu bénéficier ?

Guillaume : Des difficultés, oh que oui, un paquet, et même encore aujourd'hui ! Les deux aides les plus substantielles sont venues de nos parents et des structures d'aide à la création d'entreprise. Nos parents nous ont aidés à nos débuts, en nous aidant pour nos logements (loyer ou hébergement) par exemple. En ce qui concerne les structures d'aide, nous sommes passés en incubateur d'entreprises (avant la création) puis en pépinière d'entreprises ; en plus de l'aide que ces structures apportent de manière directe (locaux, photocopieuse, experts, ...), le fait de côtoyer d'autres créateurs a été très important.

Jean-Michel : On dit parfois que la France est le pire endroit pour créer une entreprise. Je suis loin d'être sûr que cela soit vrai, mais n'empêche qu'il y a eu pas mal d'obstacles à franchir, et dès le tout début. Mais ce ne sont pas que des obstacles administratifs. Il faut aussi convaincre son entourage, faire un travail sur soi pour se rendre compte qu'être bon techniquement ne suffit pas du tout, etc. Et comme le dit Guillaume, il y en a encore aujourd'hui. Concernant les aides, le chômage et le RMI ont été importants, pour une partie au moins des associés. J'en profite pour en parler, parce que ça m'énerve pas mal, le préjugé négatif qui est accroché au fait de toucher de telles aides. Sans ça, je ne sais pas si on aurait pu créer Hybird. Et du coup, ça ferait six emplois de moins.

On dit souvent que se lancer dans le domaine de l'informatique ne nécessite pas de grosses ressources financières. Quelle est votre expérience par rapport à cela ? Avez-vous pu devenir profitable rapidement ? Cette activité est-elle suffisante pour gagner votre vie ?

Guillaume : Je vais essayer d'être synthétique, mais ça va être dur. Notre parcours est assez inhabituel, et on ne peut pas dire qu'on se soit facilité la vie ! Premièrement, nous avons créé notre entreprise à la sortie de l'école ; c'était tout à fait voulu, car du coup nous n'avions pas grand chose à perdre, contrairement à ceux qui doivent quitter un travail bien payé. Mais du coup nous étions jeunes, et donc inexpérimentés et pas toujours pris au sérieux ; nous n'avions pas non plus de réseau de connaissances. Deuxièmement, nous avons fait beaucoup de R&D, d'abord sur un projet très (trop) ambitieux, et mis en suspens, puis sur Crème : cela représente au final des années de développement sans retour financier immédiat, qu'il a fallu financer en faisant d'autres contrats à côté. Nous avons été indépendants financièrement au bout de 2 ans. Mais pour vivre entouré par d'autres entreprises faisant du libre, celles qui se « contentent » (rien de péjoratif là dedans) d'intégrer des logiciels connus et reconnus peuvent être profitables bien plus rapidement que nous.

Jean-Michel : On peut démarrer sans beaucoup de ressources, oui, même si je reste très dubitatif concernant ceux qui démarrent à 1 €. Nous, on a démarré avec 12 000 € d'apport. Plus les prêts à la création d'entreprise et autres, cela a fait 21 000 €. Ce n'est pas vraiment « rien », mais ça reste abordable. Au niveau de la profitabilité, Guillaume a tout dit. Je rajouterais qu'aujourd'hui, c'est six salaires qui sortent tous les mois, bientôt sept.

Puisqu'on parle d'argent, pourriez-vous décrire votre modèle économique ?

Jean-Michel : Au niveau de Crème CRM, étant éditeur et intégrateur, on a un modèle économique en deux parties.

Sur la partie éditeur, on essaie à la fois de nouer des accords avec des intégrateurs pour qu'ils deviennent intégrateurs Crème certifiés et de faire financer des parties de la roadmap de Crème par des clients existants.

Sur la partie intégrateur, c'est très classiquement du service. On fait de l’hébergement d'instance de Crème pour nos clients (du SAAS libre), on fait du code spécifique, du paramétrage, de l'intégration dans le SI client, de la formation d'utilisateurs et beaucoup d'aide à la gestion du changement au niveau des équipes commerciales des clients.

On essaie de mutualiser le plus possible les développements entre nos clients et de reverser les dev faits dans le Crème trunk. On mutualise parfois même « en avance », avec une notion de club utilisateurs où les clients ne paient qu'une partie du coût d'un développement, nous on le fait tout de suite totalement et on prend à notre charge le fait de trouver les autres entreprises qui voudront payer d'autres tranches du budget global, avec pour objectif de reverser le code dans trunk quand toutes les tranches auront été payées.

Pour finir, j'ai parlé de SAAS libre, je sais que beaucoup pensent qu'on ne peut pas faire du SAAS libre et que le simple fait de mettre à disposition le code source ne fait pas que l'on est un SAAS libre (sur ce point je suis tout à fait d'accord). Mais je pense que nous sommes arrivés à proposer un SAAS que l'on peut appeler libre. On fournit en effet bien entendu le code qui est hébergé, mais ce n'est pas tout. Il n'y a pas de durée minimale d'engagement sur un contrat SAAS Crème, on peut partir quand on veut, si on le veut. Si un client veut partir, on s'engage à lui donner bien entendu une version du code à jour, ainsi que des configs Apache/WSGI mais aussi sa base de données à jour, ainsi que les sauvegardes code/bases sur deux mois et ainsi qu'une liste de trois entreprises qui seront capables d'être hébergeur Crème à notre place (des gens qui savent faire tourner du Django).

La vie d'indépendant étant parfois difficile à appréhender pour un salarié “traditionnel”, pourriez-vous décrire à quoi ressemble une journée-type de l'entrepreneur dans le monde du libre ?

Guillaume : La plupart du temps, rien de bien différent de celle d'un développeur lambda, à part que personne ne va me remonter les bretelles si j'arrive un peu tard ! À côté de cela, il y a les journées où je vais sortir de mes fonctions habituelles, et préparer un kakémono (banderole verticale) pour un salon par exemple.

Jean-Michel : Une journée type c'est, pour moi qui doit gérer différentes casquettes, un numéro d'équilibriste permanent, passer de l'écriture d'un bout de code à traiter un problème client, continuer en rédigeant une propal et finir en tentant de régler un problème administratif. Et pour un indépendant cette notion d'homme-orchestre qui doit tout faire est primordiale.

Le logiciel libre dans le projet

On vante souvent la communauté comme un atout majeur du logiciel libre. Quel est l'apport de la communauté par rapport à votre activité ?

Guillaume : Les logiciels qu'on utilise, comme Python ou Django, ont eux-même de belles communautés, avec toute la sérénité que ça nous apporte sur leur pérennité et leur dynamisme. En revanche, nos logiciels libres publics n'ont pas vraiment de communauté ; mais c'est sûrement de notre faute, car on ne cherche pas spécialement à en avoir. En ce qui me concerne, je suis peu enclin à faire du prosélytisme sur LinuxFR par exemple, parce que je sais qu'étant partie prenante mon discours pourrait être mal interprété.

Jean-Michel : Pour l'instant il est en effet pas bien grand. Mais ça finira peut-être par venir. On verra bien. Mais effectivement, on est pas vraiment très moteur dans le fait de construire une communauté de dév. autour de Crème. Peut-être que ça changera quand on aura plus de temps.

L'ouverture et le partage du code source sont également des avantages majeurs du logiciel libre. Par rapport à votre activité économique, quels avantages et inconvénients y voyez-vous ?

Guillaume : À terme, on se retrouvera sûrement en concurrence avec des gens intégrant notre logiciel, mais qui cassent les prix et n'ont pas eu à investir énormément dans le développement initial ; c'est le principe et on l'accepte. Dans l'ensemble, beaucoup de nos clients attendent avant tout un bon logiciel/service et se fichent du côté libre ; mais lentement les gens se sensibilisent aux arguments de transparence, de non dépendance à un prestataire, et c'est bien.

Jean-Michel : Le fait d'être concurrencé par des gens qui deviendraient des intégrateurs Crème sans « jouer le jeu » est quelque chose qui risque d'arriver. Personnellement, je ne vois même pas cela comme un inconvénient. Cela favorisera peut-être la pénétration de Crème sur le marché et ensuite je pense qu'on est assez bon pour gagner un marché, si on le voulait, face à quelqu'un qui ferait de l'intégration Crème « sauvage ». Au niveau des avantages, les gens commencent à comprendre l'intérêt du libre. Ça peut aussi aider au niveau des appels d'offres des administrations qui maintenant demandent parfois explicitement du logiciel libre (ou choisissent un logiciel libre et demandent uniquement une prestation d'intégration).

Parmi les logiciels libres que vous utilisez dans votre activité quotidienne, pourriez-vous en citer un ou deux qui soient peu connus et qui gagneraient à l'être ?

Guillaume : Les lecteurs de LinuxFR ont une grosse culture technique, et aucun des logiciels que j'utilise n'est bien méconnu je pense. En revanche, je peux dire qu'on a régulièrement à faire imprimer des plaquettes ou kakémono par exemple, et qu'on est très content du résultat qu'on obtient avec Inkscape et Gimp dans la pratique.

Jean-Michel : La plupart des logiciels libres vitaux pour moi sont ceux que tout le monde connait. Mais j'avoue que j'aurais beaucoup de mal à me passer de Zim (un wiki de bureau) et Synapse (un lanceur intelligent mais pas que) qui sont eux peut-être moins connus. Et bien entendu Crème CRM sans lequel je ne pourrais pas bosser. :)

Peut-être y a-t-il malheureusement des logiciels propriétaires dont vous ne pouvez vous passer. Si c'est le cas, pourriez-vous en citer un ou deux et expliquer les raisons de cette dépendance ?

Jean-Michel : Il y en a deux :

  • Pycharm parce que c'est un super bon IDE pour le Python et Django (voire le meilleur) et que malgré de multiples essais de configuration VI, je ne suis pas arrivé à avoir tout ce que je peux avoir comme fonctionnalités dans Pycharm.
  • Tweetdeck, parce qu'il n'y a pas de client Twitter libre multicompte décent (Choqok pourrait presque l'être...).

Travaillez-vous avec des prestataires ou partenaires impliqués dans le libre ? Leur implication dans le logiciel libre a-t-elle été l'élément déterminant de votre choix, et pourquoi ?

Jean-Michel : Concernant nos fournisseurs, il est important pour nous effectivement de travailler avec des gens qui s'impliquent dans le libre, lorsque c'est possible. Ce fut un critère qui fut pris en compte lors du choix des gens qui infogèrent maintenant nos serveurs. Maintenant il est vrai qu'au moment de choisir notre imprimeur, on ne s'est pas demandé s'il utilisait Gimp ou pas.

Concernant nos partenaires, là aussi il est très important pour nous de travailler avec des gens qui font et s'impliquent dans le libre.

Bosser avec des entreprises qui font elles-mêmes du libre a plusieurs intérêts, on travaille avec des gens qui « nous ressemblent », qui comprennent nos business models et nos choix. Ça facilite grandement la discussion.

Maintenant, on n'a pas encore eu à choisir entre un excellent futur partenaire qui ne fait pas de libre et un moins bon qui fait du libre. Et honnêtement, mais là c'est vraiment uniquement mon avis personnel, je ne sais pas lequel on choisirait et si l'argument « ils font du libre » ferait pencher la balance à coup sûr.

Inciter les visiteurs de LinuxFR à se lancer

La création d'entreprise est bien souvent un parcours semé d'embûches. Quelle mise en garde feriez-vous à un créateur en herbe ?

Guillaume : Il y aurait vraiment beaucoup à dire, et malheureusement il est certain que vous tomberez à de nombreuses reprises ; être tenace est donc une qualité indispensable. Ne soyez pas trop gourmands : ne vous augmentez pas au premier contrat venu ; nous avons vu des tas d'entreprises déposer le bilan rapidement après avoir pris un départ canon. Apprenez à rédiger des contrats, et veillez à avoir des traces écrites des exigences des clients, pour éviter de partir dans des cycles infinis de corrections non rémunérées.

Jean-Michel : Ouh la... Comment dire... Il y en a bien trop pour pouvoir être exhaustif et je ne voudrais vraiment pas détruire des vocations. Un point qui me semble important c'est de savoir que lorsqu'on se lance dans la création d'entreprise, surtout en tant que freelance, on peut faire une croix sur coder 100% du temps, nuit et jour. Il faut avoir conscience qu'une activité ça se gère, des clients ça se trouve, etc. Sinon Guillaume a donné une bonne petite liste. J'abonderais sur le fait de toujours tout écrire. Les traces écrites, c'est ce qui un jour peut être vous sauvera. Faites des contrats, faites des cahiers des charges et faites les signer. Même si vous travaillez avec un ami. Surtout si vous travaillez avec un ami.

Les entrepreneurs disent souvent qu'ils ne reviendraient pour rien au monde à leur ancien statut. Quelle est votre position par rapport à ça, et pourquoi ?

Guillaume : Mon ancien statut est étudiant mais tu ne dois pas parler de ça ! Au cours des dernières années j'ai du travailler en régie dans d'autres entreprises, et j'ai donc expérimenté la vie d'un salarié « ordinaire » ; c'était à chaque fois des projets intéressants techniquement (avec du libre, mais pour faire du propriétaire), avec des personnes très sympathiques. Il y a deux aspects que j'en retiens. Tout d'abord, sorti du défi technique initial, travailler sur du propriétaire ne me motive pas du tout, et je n'ai aucune envie de faire un travail que je déteste, à attendre mes vacances. Ensuite il est clair que travailler de chez moi si je le veux, choisir mes horaires, ou ne pas obéir à un commercial incompétent sont un confort très appréciable. Au final, il est clair que malgré tous les sacrifices que ça implique, à aucun moment je ne regrette ma situation.

Jean-Michel : J'ai quelques potes salariés avec qui je discute parfois des différences et qui pensent qu’être indépendant ou chef d'entreprise, c'est le pied parce qu'on est libre. Qu'on a pas de grosses chaînes qui nous emprisonnent et qu'on peut faire ce que l'on veut. J'espère qu'ils ne tenteront jamais de se lancer à leur comptes, ils auraient la plus grosse désillusion de leur vie. Des chaînes, on en porte aussi. La différence c'est que les chaînes que l'on porte, on les a choisies. Et qu'on peut dire non. Non à un prospect lorsque l'on pense que le projet va partir en quenouille par exemple. Et que l'on choisit avec qui on bosse chaque jour.

Alors clairement, malgré les heures qu'il ne vaut mieux pas compter, la rémunération complètement à l'ouest comparée à celle que je pourrais avoir en tant que salarié, à aucun moment au cours des six années passées, je n'ai regretté mon choix.

Pour terminer, quel conseil original donnerais-tu aux visiteurs de LinuxFR qui ont décidé (ou sont sur le point) de se jeter à l'eau ?

Guillaume : J'espère ne pas vous ennuyer, mais je vais en donner plusieurs. Faites de la qualité, on ne regrette jamais d'avoir bien fait ; mais ne soyez pas trop perfectionnistes non plus, imposez-vous des délais et acceptez de sortir une version 1.0 qui a des défauts. Et enfin, même si ça fait mal à votre honneur de geek, acceptez que faire le commercial est indispensable.

Jean-Michel : Bon Guillaume a déjà donné les deux conseils que je donne la plupart du temps. Je rajouterais juste qu'un bon logiciel que personne n'utilise n'est pas un bon logiciel, c'est un logiciel mort.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Peut-être avez-vous une dernière remarque ou idée à partager ? Si c'est le cas, cette « question » est là pour ça ;)

Guillaume : Contrairement à ce que je lis souvent ici-même, le but d'une entreprise n'est pas de gagner le plus d'argent possible quel que soit le moyen. Une entreprise offre un cadre légal pour exercer une activité, et son but est celui des gens qui la dirigent. La mienne me permet de passer mes journées à faire ce que j'aime, en accord avec mes principes. Évidemment que l'argent est vital à une entreprise, ça n'en fait pas pour autant son but, tout comme le fait que manger soit vital sans être le but de ma vie. Et bon courage à ceux qui se lanceront !

Jean-Michel : Un truc qui m'insupporte. Les gens qui pensent qu'on ne devrait pas faire d'argent avec le libre. Que c'est du coup forcément sale, mal et que cela perverti le libre. Il y a bien une évolution à ce niveau là (depuis quelques années, j'en croise de moins en moins aux RMLL), mais ils continuent à me faire sortir de mes gonds. Avoir aussi peu de recul et d'ouverture d'esprit... Je ne dis pas que les entreprises qui font du business avec du libre font forcément des trucs biens, mais qu'on peut faire du libre autrement que le soir et le week-end, réussir à en vivre et que cette démarche devrait être encouragée, y compris par les libristes les plus convaincus.

Guillaume, Jean-Michel, merci encore pour le temps que vous avez accordé à cet entretien, bonne continuation à vous.

À bientôt sur LinuxFr.org.

Aller plus loin

  • # Part de CA générée par Crème CRM

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

    En début de dépêche, on peut lire ceci :

    Les activités d'Hybird ont changé au gré des inflexions de la stratégie d'entreprise. D'abord quasiment uniquement prestations de services et développements à façon, puis intégrateur de CRM libres pour maintenant être éditeur/intégrateur de Crème CRM.

    2 petites questions :

    • Quelle est en gros la part de chiffre d'affaire généré par Crème et les services associés (intégration, personnalisation, hébergement... par opposition aux prestations plus générales ou associées à des logiciels autre que Crème) ? Est-ce que c'est plutôt de l'ordre de 90% Crème et 10% prestations non associées au logiciel ? Est-ce que c'est plutôt 50/50 ? Plutôt 10/90 ?
    • Est-ce que l'hébergement est un service beaucoup demandé ?
    • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10. Dernière modification le 14 décembre 2011 à 17:52.

      Bonsoir,

      Histoire de ne pas donner que des chiffres et que ma réponse ait un intérêt, je vais faire un bref historique.

      On a commencé à vendre des prestations Crème début 2010. En 2010 on a fait entre 20 et 25% de CA avec Crème.

      En 2011, on est sur un découpage de 60% de Crème pour 40% de autre tout en ayant augmenté le CA global comparé à celui de 2010.
      En 2012, on prévoit au moins 80% de Crème, plus 90, avec la encore une augmentation du CA global de 2012 comparé à celui de 2011.

      Au niveau de l'hébergement, ce qui est très rigolo c'est qu'au tout début, on ne proposait pas d'hébergement SAAS chez nous, parce qu'on pensait que c'était une perte de liberté pour nos clients, etc etc. On se proposait donc de leur installer sur leurs serveurs pour qu'ils soient indépendants au maximum. Après avoir perdu 2 ou 3 contrats à cause de ça, on s'est mis au SAAS. Aujourd'hui on a une énorme proportion de clients (plus de 90%) qui sont en SAAS chez nous et qui refusent même d'entendre parler d'installation chez eux.

      • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

        Aujourd'hui on a une énorme proportion de clients (plus de 90%) qui sont en SAAS chez nous et qui refusent même d'entendre parler d'installation chez eux.

        C'est de mon point de vue logique :
        Pour le client, la première chose importante est que le service soit rendu.
        Après, en deuxième, si il peut avoir ça en bonus, mais c'est optionnel, c'est la possibilité de migrer chez un autre si ça ne va plus (donc la partie libre)

        Mais bon, c'est ce que dit Guillaume dans la dépêche : "Dans l'ensemble, beaucoup de nos clients attendent avant tout un bon logiciel/service et se fichent du côté libre"

        Bref, normal, ce fût un petit loupé dans l'étude de marché vite rattrapé.

        • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

          Dans l'ensemble, beaucoup de nos clients attendent avant tout un
          bon logiciel/service et se fichent du côté libre

          Amen. C'est pas très "logiciel libre" de dire que la licence importe peu tant que le logiciel et les services associés sont de qualité, mais c'est la vraie vie avec les vrais utilisateurs.

          Pour avoir travaillé chez un éditeur opensource pour les entreprises, il faut être bien clair : l'énorme majorité des clients ne sont attirés par l'opensource que parce que rime avec gratuité de la licence.

          • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

            C'est pas très "logiciel libre" de dire que la licence importe peu tant que le logiciel et les services associés sont de qualité [...]

            Je pense qu'au fond on est d'accord, et je vais faire de la rhétorique plus qu'autre chose, mais dans un contexte d'entreprise, je dirais: au contraire.
            En effet, vu qu'on gagnerai tout autant en faisant du proprio (ou peut être moins ou peut être beaucoup plus, mais c'est difficile à dire sans machine à remonter le temps), faire du libre dans ses conditions témoigne d'une réelle envie militante.

            A contrario, lorsqu'une grosse boite faisant habituellement du proprio, se met à faire de l'"Aupenne Source" car elle répond à un appel d'offre l'exigeant, le côté militant est beaucoup moins évident ! Je serai content lorsque tous les clients auront ce genre d'exigences, mais ce n'est pas pour tout de suite, alors il est important que les gens croyant au libre proposent des solutions de qualité dès maintenant.

            Même si mes clients se fichent d'être libres, tant pis ils le seront quand même !

            • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

              Posté par  . Évalué à 2.

              Bah c'est un peu comme la sécurité. La plupart s'en foutent royalement jusqu’à ce que cela crée des problèmes. Et la il faut tout corriger tout de suite. Mais il n'y a plus personne pour payer, alors que pour ajouter des fonctionnalités inutiles, la il y a plus de monde.

      • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

        Dans ton explication de votre SAAS libre, le client n'a en effet aucun intérêt à héberger lui-même le logiciel, sauf s'il a une équipe IT qui disposerait de "temps libre" pour gérer en complément l'administration et la maintenance de son instance de Crème, d'autant plus si vous vous engagez à lui fournir données, patchs et liste de prestataires !

        Vu de l'extérieur, ça ressemble très fortement au modèle de SAAS proposé via piwigo.com par PigoLabs. Vivement que je fasse l'interview de Pierrick ;)

        • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          Certains clients ont quand même des données "sensibles" (top secret et compagnie), et pour cela s'héberger en interne, en faisant attention aux connexions venant de l'extérieur, a du sens. Mais c'est vrai que même dans les entreprises ayant un service informatique, ce dernier est souvent très occupé et bien content de ne pas gérer un logiciel de plus.

        • [^] # Re: Part de CA générée par Crème CRM

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

          Vu de l'extérieur, ça ressemble très fortement au modèle de
          SAAS proposé via piwigo.com par PigoLabs. Vivement que je fasse
          l'interview de Pierrick ;)

          (c'est moi Pierrick)

          Effectivement, ça ressemble à ce que PigoLabs propose avec Piwigo.com, sauf que la cible est très différente puisqu'on est plutôt pour le particulier, le photographe freelance et les associations. Mais sur le principe : vous avez un Piwigo "prêt à l'emploi" sans installation ou mise à jour à faire vous-même, mais vous n'êtes pas verrouillé chez nous. Vous pouvez à tout moment exporter vos données (base de données comprise) et déménager chez n'importe quel hébergeur.

          A Piwigo.com ensuite de prouver qu'aucun hébergeur ne fera mieux que nous en terme de qualité de service sur Piwigo (pour ce tarif là je veux dire). Je trouve que c'est une bonne façon de concilier business et logiciel libre, mais on en reparlera dans l'interview :-)

          Chez PigoLabs, on a aussi des clients qui préfèrent s'héberger sur leur propre serveur dédié, question de maîtrise des données. Ceux là ne sont pas sur Piwigo.com mais sont quand même parfois clients de PigoLabs.

  • # Interessant...

    Posté par  . Évalué à -9.

    Mais si vous editez un CRM, pourquoi votre blog est sur Wordpress et le site de la boite sur Drupal?

  • # Des gus en école d'ingé :)

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    J'apporte ma petite contribution au débat, dans la mesure où j'ai fait partie de la même promo (ESIL Info 2004) qu'eux :)

    Leur profil à l'époque, c'était vraiment une bande de geeks, dans le style qui débat des perfs de la journalisation du nouveau noyau linux pendant le repas.

    Au moment de créer leur boite, qui était compté comme projet de 3e année (*), Jean-Michel m'avait dit :

    De toutes façons, même si la boite coule, c'est toujours une super expérience à mettre sur un CV

    Quand ils font référence à la grosse quantité de R&D qu'ils ont fait, je suppose qu'ils parlent d'un gros truc de 3D qui était impressionnant à l'époque, mais qu'ils n'ont pas vendu (?).

    Ce que je comprends, c'est qu'ils se sont lancés comme des geeks avec un produit sans marché et qu'ils ont su s'adapter pour trouver des contrats annexes pour vivre en attendant de trouver une niche rentable (Crème CRM).

    Si en 2004 on leur avait dit qu'ils éditeraient un jour un logiciel de Relation Client, je pense qu'ils auraient bien rigolé :)

    N'hésitez pas à me corriger si j'ai réécrit l'histoire ;)

    (*): une des qualités de l'ESIL, c'est qu'ils sont super souples : j'ai pu faire un DEA en parallèle de la 3e année, et une thèse derrière.

    • [^] # Re: Des gus en école d'ingé :)

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Quand ils font référence à la grosse quantité de R&D qu'ils ont fait, je suppose qu'ils parlent d'un gros truc de 3D qui était impressionnant à l'époque, mais qu'ils n'ont pas vendu (?).

      Qu'on a pas amené à un niveau vendable surtout. Mais je ne suis pas rentré dans les détails pour cette partie parce que ça n'a pas grand intérêt avec le sujet.

      N'hésitez pas à me corriger si j'ai réécrit l'histoire

      Non c'est tout à fait ça.

      Si en 2004 on leur avait dit qu'ils éditeraient un jour un logiciel de Relation Client, je pense qu'ils auraient bien rigolé :)

      Sûrement ; mais en ce qui me concerne j'ai pensé assez tôt qu'on trouverait notre voie au détours du chemin sans savoir ce qu'elle serait. En revanche la plupart de nos camarades pensaient qu'on allait crever rapidement et renier nos idéaux, et là c'est nous qui leur donnons tort !

      • [^] # Re: Des gus en école d'ingé :)

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

        Mais je ne suis pas rentré dans les détails pour cette partie parce que ça n'a pas grand intérêt avec le sujet.

        Je pense qu'au contraire, c'est une partie très intéressante. Pas l'objet du projet initial lui-même (c'est mort, tant pis), mais le principe.

        Si au début de ma propre aventure, on m'avait dit que je ferai ce que je fais aujourd'hui, je ne l'aurai pas cru, car ce n'était pas mon idée de départ. Et je vois que pour vous c'est la même chose (le fait que ce que vous faites aujourd'hui n'est pas ce que vous aviez prévu au départ).

        Et c'est sans doute un conseil à donner aux gens qui vont se lancer : ne vous focalisez pas sur votre idée à tout prix, écoutez les gens que vous rencontrez, adaptez votre objectif aux besoins remontés, bref soyez "caméléon".

        • [^] # Re: Des gus en école d'ingé :)

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

          Je l'ai évoqué dans mes réponses parce que c'est en effet une leçon à retenir, et que ça explique les dates (création en 2005, mais Creme n'a débuté qu'en 2008-2009). Pour être franc j'ai essayé d'être synthétique pour ne pas pondre des réponses exagérément longues, et éventuellement compléter dans les commentaires si les gens sont vraiment intéressés par la question.

          Il y aurait surement des tas d'anecdotes porteuses de leçons à raconter ; par exemple il est amusant de noter que durant ce projet je m'étais mis à Blender, et au Python pour le scripter, et que bien plus tard cette expérience m'a fait briller en entretien, et que j'ai même "contaminé" mes collègues (puisque Creme est en Python).

  • # Quelle suprise !

    Posté par  . Évalué à 3.

    Oh, ça alors, Hybird sur trollfr !

    Ça fait plaisir de voir que vous marchez toujours et que vous avez grandi. Par contre, changement complet d'activité, passer du jeu vidéo au CRM c'est plutôt fort (quoique à l'époque vous y touchiez déjà un peu je crois).
    ToaD est mort alors, ou il est dans un carton prêt à renaître de ses cendre ? Joe est toujours là ?

    Signé : le stagiaire de juin 2009.

    • [^] # Re: Quelle suprise !

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Le jeu vidéo n'a jamais été notre activité (un jour peut être...), juste une occupation pendant le temps libre (entre 2 contrats par exemple) pour certains d'entre nous. Ça continue donc doucement en tâche de fond.
      Mais tu le saurais si tu avais levé le nez de ton clavier à faire du Haskell, parce qu'on faisait du CRM depuis longtemps quand tu étais là.
      Ahlala ces jeunes....

  • # Libre et business

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Le fait d'être concurrencé par des gens qui deviendraient des intégrateurs Crème sans « jouer le jeu » est quelque chose qui risque d'arriver. Personnellement, je ne vois même pas cela comme un inconvénient. Cela favorisera peut-être la pénétration de Crème sur le marché et ensuite je pense qu'on est assez bon pour gagner un marché, si on le voulait, face à quelqu'un qui ferait de l'intégration Crème « sauvage ».
    
    

    Justement, le fait d'avoir mis votre code libre fournit finalement tout votre travail "gratuitement" et quelqu'un qui voudrait vous faire concurrence peut se baser sur tout le travail que vous avez fait et pourrait facilement vous faire concurrence.
    Qu'est ce qui se passerai si justement quelqu'un vous fait concurrence en faisant une intégration sauvage et en ne remontant aucun patch par exemple?
    Je suis d'accord ça permettrai a Creme CRM d'avoir plus de visibilité, mais elle n'en serait pas forcément meilleure.
    De plus si on compare les avantages et inconvénients on se rend compte que d'un coté il a une entreprise, des salariés et de l'autre une grande partie du travail de l'entreprise qui est open source, finalement n'est ce pas un grand risque d'avoir mis le code open source sachant que pour les clients ce n'est pas si important que cela?
    Je sais qu'en mettant ce genre d'arguments sur LinuxFr cela risque de partir en troll, surtout un vendredi, mais je pense que c'est quand même une question importante et qu'il faut bien peser le pour et le contre...

    • [^] # Re: Libre et business

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Oui la question est intéressante. Une première réponse et après au dodo.

      • Faire du libre est déjà pour nous une démarche militante. Ce n'est pas une volonté issue d'une étude de marché pointue qui nous aurait démontré que dans notre cas c'est plus rémunérateur ; évidemment il n'est pas question non plus de partir au casse-pipe. Mais avant nous faisions de l'intégration VTiger (un autre CRM libre), et on a bien vu que sur ce marché très concurrentiel, en travaillant sérieusement nous arrivions à gagner notre vie.

      • La concurrence est déjà rude, et les CRM libres s'en sortent plutôt bien ; ça ne ferait qu'un concurrent de plus au final.

      • Pour le moment en tout cas, le fait que notre boite soit jeune et petite est le plus gros problème pour lutter face aux gros ; le fait de faire du proprio n'y changerait pas forcément grand chose (c'est discutable toutefois, car on aurait du coup peut-être accepté des financements qu'on refuse justement pour pouvoir garder le contrôle et rester libres). Du coup que des gens utilisent notre soft serait plutôt synonyme de publicité.

      • On a écrit la moindre des lignes de Creme, alors quand il faut le customiser nous sommes efficaces forcément. Si nous n'arrivons pas à nous démarquer face à un concurrent faisant du Creme "sauvage" c'est que nous devons nous améliorer (mais oui c'est plus rude que de vivre de rentes comme avec le proprio).

      Au final je dirais que ce problème d'auto concurrence est un peu une chimère, mais c'est vrai c'est LA question que nous posent les gens habitués au monde propriétaire. À part nous empêcher un jour d'ériger un monopole (ce qui est une bonne chose, ils ne sont pas souhaitables), ça n'est pas un gros problème.

      • [^] # Re: Libre et business

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

        Au final je dirais que ce problème d'auto concurrence est un peu une chimère, mais c'est vrai c'est LA question que nous posent les gens habitués au monde propriétaire.

        Pour rebondir la dessus (j'ai souvent la même question. Ah les gens habitués à l'enfermement!) : mon discours est en gros "D'après, qui peut connaitre le code mieux que celui qui l'a pondu? Mais contrairement à mon concurrent propriétaire, moi je vous invite à travailler avec moi parce que vous pensez que je suis (toujours) compétant, pas parce que vous n'avez pas le choix si vous voulez utiliser ce produit". Ca a tendance à mettre rapidement le client en confiance (après l'effet de surprise, il faut quand même en petit temps pour assimiler le concept : c'est pas courant des gens qui ont confiance dans leur compétences). Pour des clients plus "cool" que costard cravate (et pas catholiques :) ), je prend l'exemple du mariage : "avec le proprio, c'est le mariage à l'ancienne : tu te maries jusqu'à la mort, même si l'autre change. Avec le libre, c'est le mariage moderne : tu peux demander le divorce sans souffrir. Quel mariage préfères-tu?".

        Bref, il y a beaucoup à faire pour casser cette éducation du monde proprio, pour montrer tous les avantages du libre pour le client (le fournisseur qui doit dire au client quel avantage le client a, n'est-ce pas un joli monde à l'envers?), sans pour autant que le fournisseur perde (il a les compétences, et ce sont les compétences qu'il vend)

        Il faut bien se mettre dans la tête qu'un développeur libre vend ses compétences, et pas le code déjà existant. Et celui qui maintient le repo officiel dépense certes plus de fric car il doit maintenir, mais il a sa publicité "c'est moi qui ai le plus de compétences".

        Sinon, par rapport à cette question spécifique :
        > Qu'est ce qui se passerai si justement quelqu'un vous fait concurrence en faisant une intégration sauvage et en ne remontant aucun patch par exemple?

        D'après toi, les patchs, qui va les maintenir si ce n'est pas dans le repo officiel? Une petite évolution, et boom patch à refaire. le développeur initial laisse le choix d'un fork si ça va mal, mais il garde des billes pour lui : le repo officiel. On m'a déjà filé des patch non pas par envie, mais parce que le client de la personne avait stipulé dans le contrat "doit être dans le repo officiel" ;-).

        • [^] # Re: Libre et business

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

          Y a t'il la possibilité de faire une double licence comme le faisait trolltech avec Qt avant:
          * GPL pour les projets Open Source et non-commerciaux
          * LGPL pour les autres projets

          Ce qui finalement permet de protéger le code.

          • [^] # Re: Libre et business

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            Ca protège de quoi? de qui? Comment? c'est quoi non-commercial? C'est quoi open-source?

            Je ne vois absolument pas l’intérêt de ce genre de licence bâtarde, complexe, et subjective, sans compter qu'il me semble que limiter suivant des critères externes va à l'inverse de la philosophie du libre (qui, il me semble, donne des droits quelque soit la couleur de peau, le sexe, la religion ou... le côté commercial).

            Quitte à me répéter : le commercial n'est pas le mal. Il n'y a pas à changer de type de licence suivant ce "critère".

          • [^] # Re: Libre et business

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

            Comme le dit Zenitram au dessus, tu oppose libre et commercial, mais ce sont 2 concept orthogonaux. La double licence TrollTech, c'était libre vs propriétaire. Du moment que tu fais du libre, tu n'empêche pas les concurrents de faire du commercial ; tu peux juste les empêcher de faire du propriétaire (licences *GPL), mais même pas les obliger à contribuer avec toi.

            Encore une fois la protection du code, pour nous qui vendons du service, n'est pas une problématique. Les mauvais payeurs sont un problème par exemple, pas les "voleurs" de code.

            Mais admettons que tu n'aies pas fait la confusion propriétaire/commercial ; il est clair que TrollTech était confronté à un problème de business model dans le libre : ils pouvaient difficilement vendre du service autour de Qt. Ils en vendaient (support etc...), mais leurs utilisateurs sont des techniciens et n'en pas souvent besoin. Et c'est encore plus un problème dans le cas de produit pour le grand public ; il est clair qu'on ne peut transposer le modèle propriétaire classique dans le monde du libre, et c'est bien embêtant. Les réponses changent donc en fonction du type de logiciel ; mais encore une fois, pour beaucoup la "non-protection" n'est pas gênante.

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