Journal Votre avis sur le nouveau module de Seconde "Informatique et société numérique"

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7
13
nov.
2008
Bonjour, le ministre de l'Education Nationale Xavier Darcos a récemment annoncé son projet de "nouvelle" classe de Seconde (projet controversée mais là n'est pas la question). Parmi les nouveautés on trouve un module semestriel, 3h par semaine sur 18 semaines, intitulé "Informatique et société numérique".

Pour le moment, il n'y a rien dedans. l'Association Enseignement Public et Informatique (EPI) et le Groupe « Informatique et TIC » de la Fédération des
Associations françaises des Sciences et Technologies de l'Information (ASTI) ont fait une proposition de programme que vous trouverez ci-dessous :

http://asti.ibisc.fr/groupe-itic/module

Je voulais juste savoir ce que vous pensiez de ces propositions et plus largement ce que vous y auriez mis dedans si on vous l'avait demandé ;-)
  • # Risqué

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    J'en pense surtout que c'est risqué, parce que ce module pourrait devenir fortement idéologique (genre flicage, verrouillage et tutti quanti). Or, l'école n'est pas là pour ça, je dirais.

    Bon, quand au programme proposé, il n'est pas du tout idéologique, il me semble. Mais il parle d'informatique, pas de société…
    • [^] # Re: Risqué

      Posté par  . Évalué à 3.

      genre flicage, verrouillage et tutti quanti

      "... le proprio c'est bon mangez-en de toute façon on a payé cher les logiciels que vous utilisez parce qu'on reçois des gros pots de vin pas parce que c'est mieux mais ça faut pas le dire à vos parent qui payent et qui votent. Oubliez pas qu'à la sortie du cours vous pourrez acheter un DVD original des bronzés 4 dont la BO est réalisée par une amie brunie proche."

      Oui c'est risqué idéologiquement.

      ---->>>>>>>>>>>>>> [en suisse^wà groland]
    • [^] # Re: Risqué

      Posté par  . Évalué à 8.

      Le programme proposé me semble assez technique, voire théorique... (Si on ne garde que les titres, ça ressemble à un programme de licence !). Je ne suis pas sûr qu’il puisse en ressortir autre chose qu'un vernis qui s'effritera bien vite, si on doit étudier tout cela en 54h.

      Et puis oui, il manque l'aspect société. Je pense que cette proposition est hors-sujet (mais pourrait donner naissance à un module optionnel intéressant).

      Moi je verrais plutôt les thèmes suivants, plus dans le sujet, et bien plus utiles pour les non-spécialistes (et voire indispensables tout court) :
      - recherche d'information et esprit critique
      - sécurité
      - droits et devoirs (incluant, bien évidemment le droit d'auteur, mais aussi les lois informatique et libertés, LCEN et compagnie)

      Évidemment, pour les débouchés dans ma paroisse, je préférerais la proposition de l’ASTI... mais bon ;-).
      • [^] # Re: Risqué

        Posté par  . Évalué à 10.

        Moi je verrais plutôt les thèmes suivants, plus dans le sujet, et bien plus utiles pour les non-spécialistes (et voire indispensables tout court) :
        - recherche d'information et esprit critique
        - sécurité
        - droits et devoirs (incluant, bien évidemment le droit d'auteur, mais aussi les lois informatique et libertés, LCEN et compagnie)


        J'avais presque la même idée, je la détaille :
        - L'information numérique :
        --- Voies de transmissions (par quels biais l'information numérique est transmise, et à qui) (via un site web, blog, forums, site communautaire, images, animations, sons, webradios, podcasts..)
        --- Types d'informations et formats de fichiers
        ------ Les types d'informations : quelles sont les différences entre une information, une publicité, une fiction, un billet de blog, un cours... et un film, un clip, un pod cast... et un album, un morceau, un sample... et comment sont diffusés (diffusables) ces types d'infos
        ------ Les formats de fichiers : les standards (définition, buts, bénéfices, contraintes) les "non-standards" et "faux-standards" (.mp3, .doc...)
        --- Droit de l'information numérique : droits d'auteur, licences : "proprios"vs"libre" (définition, buts, bénéfices, contraintes...),

        - L'information et la société
        --- La maîtrise de l'information : comment, pour quoi, par qui ? (de la révolution de 1917, la propagande durant la guerre froide, à aujourd'hui, le détournement d'info, le buzz, le fud, le troll...)
        --- Vocabulaire de la société numérique (blog, site web, cracker, hacker...)
        --- Les communautés :
        ----- La communauté du logiciel libre : un exemple de communauté numérique développée
        -------- L'objet : le logiciel libre et la sauvegarde des libertés autour de l'information
        -------- Les personnes : développeurs, utilisateurs... interactions, qui fait quoi...
        -------- Les outils communautaires : forums, tribunes, bugtrackers, cannaux jabber/irc...
        ----- Communautés d'intérêts (communautés de joueurs, de spécialistes)
        ----- Communautés de réseaux (MySpace, EdvigeFacebook...)
        --- Les modèles économiques :
        ----- Système "proprio" : bénéfices, contraintes, pérennité
        ----- Système libre : bénéfices, contraintes, pérennité

        et pour finir les notions de développement, d'algo, etc...
        • [^] # Re: Risqué

          Posté par  . Évalué à 4.

          J'ajouterais une rubrique dangers – sécurité :

          — Comment protéger ses info personnelles
          — Notions de sécurité élémentaire : virus, troyen… et comment lutter contre
          — les comportements à risque sur internet

          Mais ça recoupe un peu d'autres rubriques.
    • [^] # Re: Risqué

      Posté par  . Évalué à 7.

      > il parle d'informatique, pas de société…

      Effectivement. C'est très axé "programmation" (+ un module fourre tout)

      L'informatique au lycée, ca ne date pas d'hier

      Au lycée - il y a fort longtemps - j'ai suivi l'option informatique, qui traitait clairement de "Informatique et société numérique". Bien sûr avec les sujets de l'époque, et effectivement juste pour une trentaine d'élèves.

      Il serait excellent de la généraliser.

      On avait vu entre autres :

      - histoire de l'informatique en général
      - histoire du matériel (les mémoires à tores de ferrite, les cartes perforées, tout ca)
      - architecture des machines (cpu, registres, bus de données, etc)
      - le côté légal (lois informatique et libertés de 1978)
      - le côté mathématique (binaire, hexa, logique, etc.)
      - de la programmation (basic, pascal) avec pour objectif l'approche rationelle aux problèmes
      avec toujours en alternance :
      - une session en classe sur papier : poser le problème, appre
      - une session en salle machine : entrer le programme, et expérimenter, analyser les résultats

      (d'une efficacité redoutable, comparé aux cours exclusivement en salle machine où les élèves se lancent dans la programmation sans réfléchir, et puis passent le reste de l'heure à contempler leur écran parce qu'ils ne comprennent plus pourquoi ca ne marche pas.)


      L'objectif de l'option était très clairement annoncé :
      PAS de former des dévelopeurs
      MAIS
      - donner une culture générale informatique, et
      - apprendre à avoir une démarche rationelle devant un problème

      Les profs étaient autodidactes et pationnés d'informatique, ils nous racontaient leur vielles histoires. Un régal !

      Le document de l'ASTI est une proposition. Je comprends donc qu'elle est soumise au sens critique ou à la concurence, non ?

      Il y a plein de bonnes idées dans les commentaires. Est-ce qu'une organisation pourrait centraliser les retours, et faire une autre proposition ?


      APRIL ?
      AFUL ?
      autre ?
      • [^] # Re: Risqué

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        ah j'avais pris ça aussi, c'était sympa fait par 2 profs de maths de deux lycées, on alternait de l'un à l'autre selon les sessions.

        Pour la présentation de l'architecture d'un ordinateur (CPU, RAM, bus...) et un historique des ordinateurs personnels, c'était moi qui m'y était collé ;-) (yavait possibilité de faire des exposés). Le cours sur Informatique et libertés (la loi de 1978) m'avait bien intéressé, c'était ce qui tombait comme questions à l'examen (en 1ère ?).
  • # mouais

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    J'aurais rajouter aussi des trucs plus culturels rattaché au quotidien.

    Les grandes lignes de la compression mpeg4, mp3...
    Le fonctionnement des DRM, parler de crypto.
    Ce qu'est un protocole (parler de msn ? du web et des navigateurs).
    La (non) confidentialité sur internet (trace des ip, log des serveurs web, grand principe des virus)
    Les formats de fichier.
    Comment fonctionne un moteur de recherche (google, exaleed,...)
    Comment fonctionne une web app.

    Pour le langage, il faudrait un truc qui permet de faire du graphisme facilement. Genre perl+Qt ou python + Qt ? Ou pourquoi pas C++ avec Cimg (on fait une image en 5 lignes).

    Franchement la complexité et autre math, on peut oublié.

    "La première sécurité est la liberté"

  • # HADOPI

    Posté par  . Évalué à 4.

    Parmi les nouveautés on trouve un module semestriel, 3h par semaine sur 18 semaines, intitulé "Informatique et société numérique".


    C'est moi où ça sent fortement HADOPI qui pointe son nez ?

    cf : http://www.laquadrature.net/wiki/HADOPI_amendements_senat_co(...)
    • [^] # Re: HADOPI

      Posté par  . Évalué à 3.

      C'est toi, les gens à l'origine de ce programme n'ont clairement rien à voir avec cet truc infâme.
      • [^] # Re: HADOPI

        Posté par  . Évalué à 2.

        le ministre de l'Education Nationale Xavier Darcos a récemment annoncé son projet de "nouvelle" classe de Seconde (projet controversée mais là n'est pas la question). Parmi les nouveautés on trouve un module semestriel,

        Xavier Darcos ne fait plus partie du gouvernement Fillon 2 ?


        Je n'ai pas cité les parties concernant le programme, mais la partie parlant du module et de l'intitulé. Quand HADOPI sera passé, si les amendements "propagande à l'école" sont conservés, on sera amenés à se poser la question, "où et quand faire cette publicité". Et là il sera facile de répondre "Ce module «informatique et société numérique» semble le plus approprié pour absorber cette partie".
  • # Passionnant mais beaucoup trop gros

    Posté par  . Évalué à 6.

    Programme passionnant mais beaucoup trop chargé à mon sens !
    Ce n'est pas pour des étudiants ingénieurs, mais pour des jeunes de secondes, et pour une matière non "fondamentale".

    Pour ma part, j'y mettrais les points suivants :

    - Histoire et évolution de l'informatique : du Zuse_3 au Cloud_computing

    - Architecture d'un ordinateur (composants principaux et leur rôle respectif)

    - Architecture d'un réseau

    - Le réseau Internet
    -- architecture (réseau maillé)
    -- services (web, messagerie, VoIP, P2P, VPN,...)

    - Le web
    -- les sites web
    -- les applications web
    -- les services web

    - L'environnement logiciel
    -- les grandes familles de logiciels
    --- la bureautique
    --- la gestion (progiciels,...)
    --- le multimédia professionnel (graphisme, vidéo,...)
    --- les applications métier (ex: gestion des aiguillages SNCF)
    --- les loisirs (jeux, multimédia,...)
    -- les modèles de développement
    --- les logiciels propriétaires
    --- les logiciels libres
    -- les modèles économiques
    --- la distribution de logiciels
    --- la fourniture de services autour de logiciels
    --- le Saas

    - Les grands acteurs de l'informatique
    -- les éditeurs de logiciels
    -- les sociétés de services
    -- les hébergeurs (de pages web mais aussi les fournisseurs de services : plateforme de blogs, de messagerie,...)
    -- les fournisseurs d'accès
    -- l'industrie du divertissement
    -- les communautés
    • [^] # Re: Passionnant mais beaucoup trop gros

      Posté par  . Évalué à 10.

      A mon avis, il faut rester super généraliste, parler le moins possible technique...
      Le but (mon but) est de donner aux jeunes concernées une aperçue de ce qui existe, un peu dans l'optique "de quoi est donc fait le monde dans lequel nous vivons ?"

      Dans l'assemblée (des ados boutonneux, des gamers fous, des pouffiasses surmaquillées, des racailles, des comiques, des paumés, des intellos, des geeks,...) il y a au moins 85% qui n'en a strictement rien à faire, et qui de toute façon n'y comprend pas un mot (comme d'autres avec les métabolismes sexuels ou photo-synthétiques des fleurs en cours de SVT). Les 15% restants, c'est à dire 5 ados par classe, ce sont des jeunes geeks passionnés, beaucoup plus calés et à jour que le prof.

      Sans compter que les profs, il faut les trouver. Et des vrais profs. Qu'on aille pas nous mettre des profs d'une autre matière, qui font ça en rab, 3h par semaine, comme l'éducation civique...
  • # hs

    Posté par  . Évalué à 9.

    programme trop technique par rapport à l'intitulé, à la limite de l'hors sujet, et peut-être trop chargé.
    • [^] # Re: hs

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

      Je suis du même avis. En plus ça ne sert à personne sauf à qui veut poursuivre dans des études vraiment de concepteur/développeur.

      Tout le monde ne veut pas faire du développement en s'intéressant à l'informatique...surtout avec un intitulé comme celui-ci.

      Il serait beaucoup plus intéressant d'aborder les problèmes de société autours de l'informatique : l'importance dans la société d'aujourd'hui, le droit d'auteur notamment sur Internet (les jeunes lycéens d'aujourd'hui sont nés avec Internet, et ne font pas forcément la différence entre _possible_ et _permis_), les différents métiers avec un aperçu pour chacun d'entre eux, les risques de certains sites/logiciels (rétention de données personnelles massives, phishing, ...), les différents courants de penser.
      Enfin bref ce genre de chose. Le lycée n'est pas là pour apprendre un métier. Et, pour la grande majorité des gens, faire de l'informatique ne nécessite pas de savoir programmer/compiler un logiciel !
      Je vois pas à qui s'adresse ce module si ce n'est à des gamins déjà pationnés par la programmation et qui risquent donc de s'ennuyer dans ces cours.
  • # Déjà...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Si on leur apprenait les ordres de grandeur des données, les débits, etc... Je ne compte plus le nombre de dois par semaine où je vois des gens demander à quoi ça correspond un giga octet...
    • [^] # Re: Déjà...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      En effet, il faut faire de la vulgarisation !

      Un Gigaoctet = environ 250 mp3 piratés /o\

      L'association LinuxFr ne saurait être tenue responsable des propos légalement repréhensibles ou faisant allusion à l'évêque de Rome, au chef de l'Église catholique romaine ou au chef temporel de l'État du Vatican et se trouvant dans ce commentaire

    • [^] # Re: Déjà...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

      si on te suit et que les gamins restent accrochés à ce qu'ils apprennent, je serais resté à un disque dur de 20 Mo comme standard...

      \_o<

  • # quelle seconde ???

    Posté par  . Évalué à 3.

    Petite question :
    - j'ai lu en diagonale mais (si je me rappelle bien) en seconde on est déjà un peu orienté vers du scientifique ou pas. Or enseigner de la programmation a des seconde qui souhaite faire L derrière je vois pas trop l'intérêt a part créer encore une matière a te dégouter d'aller en cours.

    Donc la question est est-ce que se nouveau programme s'appliquera a toute les secondes si il est validé?
    • [^] # Re: quelle seconde ???

      Posté par  . Évalué à 2.

      D'après ce que j'ai compris ces modules sont totalement optionnels. C'est a l'élève de les choisir. Mais il faut bien se dire que toutes les options ne seront pas dispos dans tous les lycées :).
  • # Programmation graphique

    Posté par  . Évalué à 2.

    J'aurai ajouté un peu de programmation évenementielle avec une api graphique. On ne peut pas simplement rester aux primitives d'entrée et de sortie comme en basic dans les années 80 (goto label). On pourrait aussi mettre des explications sur la notion d'ensemble de bibliothèques de développement, d'API, etc...

    Mais sinon ça mériterait deux modules: un module éducation civique vu de l'informatique, accessible à tous et branché informatique et liberté, droit d'auteur et internet, logiciel libre et logiciel libre, etc...

    Et un module algorithmique et fonctionnement des ordinateurs, plus destiné à ceux que l'informatique peut brancher comme objectif d'étude.
  • # Oui !

    Posté par  . Évalué à 2.

    Je suis assez sidéré par les commentaires présents à l'heure actuels.

    Certes, la partie « société » n'est pas du tout prépondérante, bien que
    clairement abordée, cf. annexe 1. Certes, le programme est ambitieux et bien sûr
    imparfait (par exemple, le logiciel libre ne mériterait-il pas d'être au moins
    mentionné ?).

    Mais je ne peux m'empêcher de penser que la plupart des objections que j'ai lues
    plus haut sont en contradiction presque totale avec ce qui me semblerait être la
    vocation d'un tel programme : l'acquisition d'un vrai savoir généraliste faisant
    potentiellement d'un citoyen un acteur responsable et lucide face au numérique,
    c'est à dire capable de prendre des décisions basées sur ses connaissances
    scientifiques et techniques objectives plutôt que sur le mélange de propagande,
    rumeur et ouï-dire qui forme la base du savoir informatique de la vaste majorité
    de nos compatriotes.

    Avant tout, il ne faut pas négliger que les formulations employées exposent le
    programme à des décideurs sensés être compétents en la matière (hum), et ne
    reflètent pas du tout la présentation qui en sera faite aux élèves.

    De plus, je trouve assez savoureuses certaines objections à ce programme, qui
    transposées dans le cadre d'autres disciplines, feraient probablement hurler
    leurs auteurs. Par exemple, on semble lui reprocher d'être trop théorique;
    pourquoi ne pas faire de même, disons, pour le programme de chimie ? Après
    tout, accabler des élèves très différents avec un savoir qui ne leur servira pas
    dans leur vie professionnelle, à quoi bon ? On se contentera facilement d'un
    module « Chimie et société » exposant de façon vulgarisée les grands principes
    de la chimie, son histoire et l'apport à la société moderne. Mieux, on
    généralisera aisément à toutes ces disciplines superflues comme l'histoire ou
    les mathématiques; après tout, quel DRH a déjà demandé la date de la bataille de
    Marignan lors d'un entretien d'embauche ? Ou bien, pour l'écrasante majorité
    d'entre eux, la résolution d'une équation du second degré ? Ne parlons pas de la
    philosophie. En route pour l'ECJSisation du lycée !

    Toutes les ébauches de programmes gloubi-boulga que j'ai vu ci-dessus me
    semblent oublier un détail : tous les points « web social » / « sous-culture
    internet » seront probablement autant maîtrisés par les élèves que par le
    professeur. Le rôle du lycée devrait plutôt être de dispenser un savoir plus
    difficile à acquérir par soi même pour la majorité, réduisant ainsi les
    inégalités présentes et futures.

    Quand aux reproches concernant le caractère supposé trop « professionnalisant »,
    ils me semblent vraiment absurdes; pour reprendre l'analogie avec la chimie,
    va-t-on reprocher l'étude de la combustion du carbone en quatrième comme un
    honteux cadeau au patronat friand de jeunes ingénieurs chimistes ?

    En filigrane se pose la question de la nature de l'informatique. Si on admet, ce
    qui me semble raisonnable bien qu'inconscient chez 99% de la population, qu'il
    s'agit d'une discipline technique mais aussi d'une science*, alors on
    doit en déduire que ce genre de programme a sa place, et que l'algorithmique et
    la programmation doivent légitimement en former le coeur, tout comme elles
    fondent la science qui le sous-tend.

    Pour conclure : cet enseignement a pour vocation avouée d'être « de qualité »,
    ambition rafraîchissante à la lueur de la médiocrité éducative ambiante; il aura
    besoin d'enseignants compétents et motivés ainsi que de courage politique
    et pédagogique pour arriver à ne serait-ce qu'une fraction de son objectif. Mais
    je pense sincèrement qu'à long terme, il peut améliorer significativement les
    rapports des français au numérique.

    Si on lui en donne l'occasion.

    auve

    PS : Les lecteurs intéressés par plus d'information, et en particulier un
    programme plus général concernant le lycée, pourront se référer à la page de
    Gilles Dowek : http://www.lix.polytechnique.fr/~dowek/enseignement.html

    * : Tout à fait distincte mais souvent voisine des mathématiques.
    • [^] # Re: Oui !

      Posté par  . Évalué à 2.

      Le programme (incluant ses proportions) serait certes probablement bon pour un cours intitulé "programmation (et une touche de ce qui gravite autour)".

      Il est intitulé "Informatique et société numérique".

      Personnellement ça m'inspire un tas de choses, et à vrai dire beaucoup plus de théoriques que de pratiques (je disais plus haut "technique"). Faut-il passer 30 heures sur 54 à débuter en programmation ? À mon avis non. Ces cours ne servent à rien aux passionnés qui en savent des fois plus que le prof, et 30 h de programmation est un volume ridicule pour qu'il en reste quoique ce soit à ceux qui ne pratiqueront pas plus tard. Si l'on veut enseigner décemment les bases de la programmation (et à mon avis on devrait...) il faut faire comme pour les autres applications des maths : en faire chaque année et commencer au collège. À la fin je lis "L'objectif est ici une véritable transmission de savoirs et savoir-faire." (en parlant de programmation). MWARF. 30h. hmmmm, comment on dit déjà ? LOL! On tombe dans le piège fondamental où on en a trop dit ou pas assez.

      Alors évidemment le cours doit dire deux mots de programmation. Mais là on dirait qu'ils vont apprendre (effleurer) le C (ou alors le langage traditionnel des cours d'informatique inutiles : le Pascal). Il me semblerait plus intéressant de parcourir les différentes choses qui existent - il y a déjà bien assez de moutons pseudo-informaticiens qui ne savent même pas qu'autre chose que l'impératif existe - et taper 3 lignes de Haskell ne me semble pas hors de portée ; d'ailleurs juste derrière un cours de maths, ça sera bien moins hors de porté que de l'impératif façon siècle dernier. Pis histoire d'être vraiment ambitieux aborder un hello world en VHDL à un moment où l'on fait de l'architecture des ordinateurs sera bienvenu.

      Mais le primordial est de démystifier le monde numérique qui nous entoure. Que les gens arrêtent de voir des boites magiques partout. Programmer un casse brique est certes amusant, mais à mon avis légèrement hors sujet pour atteindre ce but. L'architecture des machines et systèmes qui nous entoure sera plus efficace - ainsi que la représentation de l'information - et sa transformation, et c'est là qu'on peut toucher quelques mots d'algorithmes d'une manière intéressante (ainsi qu'en parlant des réseaux).

      Aborder les techniques de codage et compression audio vidéo me semble essentiel => étendre le chapitre 2.

      Dans "Informatique et société numérique", même si ce n'est pas explicite, je vois aussi télécom (au sens large). Mais le chapître "4) Réseaux" ne va pas jusqu'à l'applicatif. Il est primordial de faire le lien avec les bidules à succès d'internet (et autres visiophones 3G)

      Bref la disproportion en faveur d'un type extrêmement spécifique de programmation (impérative et avec un certain système de typage) ne me plaît pas du tout. Il y a tant d'autres choses à découvrir (du fonctionnel ;). Des aspects "société" totalement passés sous silence aussi : informatique et libertés, inefficacité fondamentales des DRM, introduction aux lois de propriété intellectuelles, de leur histoire, en quoi la non rivalité des biens immatériels change tout, (et mention des licences libres pour le logiciel et autre :), etc...

      Le reste de la proposition, je trouve ça pas mal. Je n'ai rien contre sa richesse, bien au contraire. Ce qui est à mon avis hors sujet est le coté technique trop détaillé et l'arbitraire de ce qui est détaillé ainsi (le style de programmation envisagé étudié et ce bien plus en détail que tout le reste). Finalement, il faudrait tenter une nouvelle approche ; pour augmenter l'attrait et l'impact en terme de démystification il faudrait organiser le tout autour de dissection d'applications utilisant les différents plans (du très bas au plus haut niveau mais sans tomber dans le piège du début de l'apprentissage suivi d'une techno arbitraire). Ex : de l'IM entre portable et PC en abordant les différents réseaux, puis les stacks hards et softs des deux cotés + puis un ptit coup de blog vidéo avec explication du codage et de la compression, etc... et on fini en beauté en montrant comment on peut faire les deux à la fois sur la même machine avec du scheduling. Je peux aussi rêver un peu et souhaiter un exposé sur le flux qui forme un film à l'écran à partir d'un DVD, histoire que tout le monde comprenne bien que les DRM servent à guère plus qu'emmerder (et taxer) les consommateurs honnêtes.

      Et j'ai failli oublier : parler aussi de programmation parallèle et de cartes graphiques modernes
      • [^] # Re: Oui !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.


        "Mais le primordial est de démystifier le monde numérique qui nous entoure. Que les gens arrêtent de voir des boites magiques partout."


        tu résumes très bien ma pensé avec cette phrase.

        On peut même rajouter que savoir programmer ne permet pas seul de comprendre les fonctionnements globaux. A moins de commencer à créer des images (cimg ?), de faire du réseau, etc...

        "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: Oui !

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Le titre du cours est "Informatique et société numérique" pas "programmation". A part quelque geek, il sera trés chiant et frustrant.

      C'est pas avec 3 notions de programmation que l'on peut se faire plaisir ou que l'on peut aller plus loin.

      "La première sécurité est la liberté"

  • # Informatique et société

    Posté par  . Évalué à 1.

    12h pour la société en comptant les 6 heures de "Représentation des informations" le reste c'est de la technique des ordinateurs.

    C'est comme si on faisait un cours "urbanisme et société" avec une grande partie du temps consacré à la mécanique automobile et aux travaux publics. Tous les jours, j'essaye (nous essayons) de faire comprendre qu'à l'ère du numérique, l'informatique ne se résume pas à l'ordinateur et aux infrastructures réseau.

    Aujourd'hui, dans l'informatique, les hommes sont plus importants que les machines et leur module oublie les hommes.

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