Journal Le modèle open source dans l'aide humanitaire

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31
mar.
2006
Cher journal, en ce moment je fais décidemment beaucoup de hors sujet, mais j'ai lu dans le New Scientist de la semaine dernière (18 mars) un article assez intéressant sur l'application du modèle open source dans l'aide humanitaire

Version courte pour dissaïdors pressés :
Le fait d'expliquer à l'habitant comment est conçu le bâtiment lui permet d'en assurer la maintenance à un coût presque nul. Les plans sont placés sous licence Creative Commons pour pas se faire repomper à tort et à travers, et les habitants peuvent faire évoluer le bâtiment suivant leurs besoins.

Version longue, parce que je le veau bien :
L'article par en fait de Cameron Sinclair, un architecte britannique qui s'est spécialisé dans l'aide humanitaire, le fait de gagner le prix Technology Entertainment Design lui a permis d'avoir 100 000$ pour faire avancer ses projets.
La morale de cet architecte est "si tu ne peux pas fournir un abri, alors tu n'es pas un architecte.". Il travaille actuellement au Kashmir, afin d'aider les gens à se reloger. Son travail en groupe, à la fois avec les locaux et avec des architectes de sa connaissance lui permet d'avoir des idées novatrices, en effet les solutions se doivent d'être pratiques et accessibles financièrement. Un de leurs produits est par exemple un abri résistant à l'eau et au feu, coûtant 300$, pouvant être assemblé en 45 minutes par deux personnes non formées. L'abri dure plus d'un an, ce qui permet une certaine visibilité.
Tous les plans des bâtiments que produit Cameron sont open source, c'est à dire que le "client" sait exactement comment il est construit, et comment le réparer, ce qui lui permet de le garder en état avec les matériaux locaux, et donc à moindre coût. Cela permet aussi de faire évoluer le modèle, pour le rendre plus en rapport avec le terrain. Pour pas se faire trop repomper à tort et à travers, les plans sont sous licence Creative Commons.

Comme quoi s'il est certain que le modèle open source ne s'applique pas partout, il peut parfois s'appliquer là où on ne l'attend pas.
  • # CC ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Quel est le but de poser les plans en CC ?

    Il utilise le nc-by-sa ou un juste un by-sa (GPL like donc) ? Il fait signer un nda à ses utilisateurs ?

    "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: CC ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      L'article (pas technique) ne le précisait pas, en gros l'idée était que les habitants pouvaient connaître intégralement le bâtiment, pour pouvoir le réparer avec ce qu'ils ont sous la main, mais d'éviter qu'une entreprise utilise les plans pour créer un produit commercial. En plus je suis nul en licenses moi :)
      • [^] # Re: CC ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        La licence s'applique sur les plans pas le batiment. Mais je comprends l'idée. Sauf qu'en général, dans le libre, on ne considère pas mal qu'une entreprise commercial puisse continuer ailleurs. C'est même le principe de ne pas mettre de limites pour augmenter la diffusion.

        "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: CC ?

      Posté par  . Évalué à 3.

      l'architecte crée une oeuvre, même si c'est une maison en parpaing brute, du coup je pense que la license CC est parfaitement adapté à l'architecte.
  • # J'voudrais pas dire,

    Posté par  . Évalué à 4.

    Je trouve que c'est un peu de l'esbrouffe marketing (enfin, je parle de l'article glorifiant CC, pas de l'action elle même).
    Une sorte de ravallement de façade à la sauce Web 2.0 pour faire un joli papier dans le New scientist.

    Tous les projets sérieux, que ça soit de l'alimentaire, des pompes ou des éoliennes, de la médecine, de l'agriculture, de l'industrie, tous forment les "locaux" à continuer après le départ de l'organisme proprement dit.

    Quand Volvic va faire des puits dans le Sahel (avec Gérard Klein), je suis certain qu'il forment un technicien de maintenance dans le village, et créent une structure de pièces de rechanges dans la région.
    Quand MSF créé un hopital, ils forment du personnel.
    Quand "jenesaisqui" développe l'agriculture dans "jenesaisquellerégion", évidement que l'agriculteur peu ensuite duplique le système.
    Quand une coopérative industrielle est crée quelque part, y a pas de secret.
    Quand après le tsunami des ONG reconstruisent maisons et bateaux, ce sont des locaux qui le font, ce sont eux qui ont les plans.

    Pour enfoncer le clou, je dirait qu'en terme d'aide humanitaire, c'est pas le code source qui compte (faire une pompe, une école c'est facile) mais c'est l'implémentation, l'intégration l'utilisation et le suivi.
    C'est pas donner le plan d'une école qui va aider un village, mais c'est se pointer avec un maitre d'oeuvre et un maitre d'ouvrage, initier le boulot, suivre le projet. Les plans, ça doit représenter 0,5 % du projet.

    Voilà, c'est ce que je voulais dire. Ca fait des années que les ONG sont des M Jourdain qui font de l'open source sans le savoir (plutôt sans ls'en enorgueillir dans le new scientist avec des termes à la mode), et cette étiquette "CC" ne change presque rien.


    PS : ne pas me balancer un contre exemple dans lequel X a fait un projet en afrique, s'est barré et l'activité a périclité. Je parle du cas général des ONG sérieuses
    • [^] # Re: J'voudrais pas dire,

      Posté par  . Évalué à 1.

      Zut alors, moi qui croyait que l'aide humanitaire était une devanture pour gagner des parts de marché.

      Ex; Vivendi pose des canalisations gratuitement après le tsunami. Puis pour tout ce qui est suivi, raccordement à d'autres réseaux etc... ben maintenant faut s'adresser à eux. Schkling tiroir caisse.
      • [^] # Re: J'voudrais pas dire,

        Posté par  . Évalué à 3.

        ben maintenant faut s'adresser à eux. Schkling tiroir caisse.
        Oui, et alors ? Quoi de plus normal ?

        Et il faut s'adresser où ? Ben à l'antenne locale. Qui emploie du "local" aussi.

        Dans l'autre sens, pas de Vivendi (ou autre), pas non plus de raccordement, pas d'antenne locale, etc.

        L'alternative, c'est éventuellement Vivendi arrive, met l'infrastructure, et se casse sans superviser un peu son matos, et on arrive à des situations à peu près aussi aberrantes que dans les fermes expropriées du Zimbabwe : elles tombent en ruines et l'activité économique précédente disparait.
    • [^] # Re: J'voudrais pas dire,

      Posté par  . Évalué à 1.

      Quand "jenesaisqui" développe l'agriculture dans "jenesaisquellerégion", évidement que l'agriculteur peu ensuite duplique le système.

      Prend l'exemple du thé, bien sûr que l'agriculteur connaît son boulot, mais entre la récolte et la distribution du produit finis il se passe des étapes dont les détails sont de grands secrets industriels.

      Tout le monde peux essayer de construire un abris, mais est ce qu'il arrivera à la cheville d'un modèle bien développé avec un bon manuel de construction, le " code source", qui étant sous license libre permet de faire des améliorations et de diffuser celles-ci ?
      • [^] # Re: J'voudrais pas dire,

        Posté par  . Évalué à 3.


        Prend l'exemple du thé, bien sûr que l'agriculteur connaît son boulot, mais entre la récolte et la distribution du produit finis il se passe des étapes dont les détails sont de grands secrets industriels.


        Faut pas non plus se voiler la face, où jouer au candide.
        Quand une ONG met en place une coopérative, il y a bien 2 ou 3 malins de cette coopérative qui vont développer leur activité, grossir, trouver des partenaires, devenir des interlocuteurs sur le marché national puis mondial.
        Quand une multinationale vient "exploiter" le thé, elle ne peut pas contrôler toute la chaîne, donc les producteurs progressent tout seuls.

        La main invisible du marché, ça marche aussi dans le développement. La vision "occidentale populaire" de l'aide au developpement est souvent de considérer qu'il faut tout encadrer avec un superprojet, de faire des écoles, du néocolonialisme gratuit en quelque sorte. Mais ça marche pas comme ça.
        Le sénégalais, il cré sa boîte et cherche la multinationale comme intelocuteur, parce que c'est dans son intêrte de capitaliste libéral qui cherche à gagner de la thune et qui comprend vite comment le monde marche.
        Ce principe a marché en occident au 18em siècle, ca marchera aussi vite dès que l'étincelle sera là.


        Tout le monde peux essayer de construire un abris, mais est ce qu'il arrivera à la cheville d'un modèle bien développé

        Là encore, ci il y a un projet rondement mené pour construire une maison, les ingénieurs/ouvriers qui l'on construite sous le chapeutage de la multinationale ou de l'ONG vont bien se rendre compte qu'ils seraient malin de se mettre à leur compte, démarcher pour construire alentours.
        Regarde par exemple le principe de Vinci : ils vont dans les pays, fondent des filiales avec des locaux, et après ça roule tout seul.


        En matière de dévloppement, faut pas non plus sous estimer la vitalité des locaux. Il y aura toujours un malin pour refaire ce qui marche. Les ONG l'on bien compris, elles font beaucoup "d'open source" depuis longtemps. Pas la peine de dire "Moi je fais des plans sous CC-ma-ch-in-truc-bidule" pour faire semblant de révolutioner la mondialisation.

        Les chinois, marocains, ivoriens, sénégalais comprennent très bien la libre entreprise et les bases du capitalisme (bouuuuuhh). Il suffit de créer les conditions. Et ça, ca se fait petit à petit, et j'aurais tendance à penser que ça se fera de plus en plus vite, et de moins en moins venant de l'occident (la chine et l'inde on bien compris le système, et participent activement au dev de l'Afrique, en chassant d'alleurs les orgueilleuses multinationales européennes).


        Evidement, cet emballement de la planète ne se fera pas sans guerre et pollution, mais il se fera.

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