Journal Gérer sa vie numérique (et ses mails) offline : les problèmes de fragilité

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oct.
2021

Cher Nal,

Depuis quelques mois, je cherche à pouvoir fonctionner de plus en plus en mode offline. Je suis en effet ébahi par la dépendance que nous avons envers une connexion permanente. Pour l’anecdote, le simple fait de travailler quelques heures par jour offline m’a permis de découvrir un bug dans ma distribution Linux (Regolith, un applet qui consommait 100% du CPU si pas de connexion, corrigé très rapidement), preuve s’il en est que peu de monde travaille ne fut-ce que parfois offline.

Cette quête de l’offline, je l’ai notamment introduit sur mon blog avec mon rêve d’un ordinateur qui durerait 50 ans:

https://ploum.net/the-computer-built-to-last-50-years/

Et c’est le thème de mon gemlog :

gemini://rawtext.club/~ploum/

Certaines solutions offline fonctionnent déjà assez bien (Kiwix ou Webarchives pour Wikipedia, même si, parfois, l’ergonomie est un peu problématique, Antidote pour dictionnaire/traduction).

Mais le web, c’est également beaucoup de lectures que je fais à travers les mails, les RSS, les articles sauvegardés dans Pocket.

Sauver ses mails pour consultation offline est bien documenté. Une config isync et voilà mes boîtes mails au format Maildir dans mon $HOME. Mieux : alors que je n’ai jamais réussi à avoir une config Mutt qui me conviennent, j’ai découvert s-nail, qui est exactement ce que je cherchais. (la documentation est par contre très dense et très peu explicite. Si vous avez des liens vers des configs, je suis preneur).

Par exemple :

https://icyphox.sh/blog/s-nail/

Du coup, repensant à forlater.email et rss2mail, je me dis : « Génial, je peux avoir automatiquement mails, RSS et Pocket en offline dans une seule inbox. Potentiellement, je peux sauver directement des articles au format TXT dans mon répertoire de travail au lieu copier coller le contenu dans mon éditeur de texte comme je fais ».

Seul problème : le mode texte c’est bien pour une partie des cas et pour le traitement rapide. Mais parfois, j’aimerais lire le contenu avec les images (que ce soit un mail, un article). Vu que tout est en local au format Maildir, ça ne devrait pas poser de problème.

Sauf que…

Pas moyen de trouver un client mail graphique (simple si possible) qui accepte de lire mes répertoires maildir. J’ai même essayé avec evolution mais il m’affiche des répertoires vides.

  • PROBLEME 1 : consulter ses mails locals avec des images et de la mise en page

En cherchant sur le net (je ne suis pas le seul à me poser cette question), toutes les solutions que je vois impliquent d’installer un serveur IMAP pour "servir" les mails Maildir à un client graphique. Je trouve ça d’une complexité assez effrayante et cela rend forcément le système fragile.

Par exemple, la configuration pour utiliser Himalaya en mode offline me semble exagérément compliquée :

https://github.com/soywod/himalaya/wiki/Tips:offline-with-isync-dovecot

Cette fragilité est au cœur de la problématique. Comme on touche aux emails, ce qui est quand même assez critique, la moindre erreur de configuration peut effacer des emails (tellement simple avec mutt) ou ne pas en envoyer. Il y’a un an ou deux, j’ai ainsi découvert que suite à un bug, certains emails n’étaient pas envoyés par Geary. Je les ai simplement retrouvé dans ma boite d’envoi des semaines plus tard. Cela ne touchait pas tous les emails (il fallait un caractère spécial dans le titre je crois) et aucune erreur n’était affichée. Ce fut un tel stress de constater ce problème (qui s’est révélé suite à une urgence alors que j’étais persuadé d’avoir envoyé plusieurs fois l’information) que je ne suis plus capable d’utiliser Geary sans vérifier 10 fois si mes mails sont partis.

En offline, le problème est décuplé : si postfix maintient une liste de mails à envoyer, je veux avoir la certitude que ces mails sont partis.

Donc je veux pouvoir consulter les mails en attente d’envoi en mode offline et, à la connexion, pouvoir avoir un log des mails envoyés.

Après tout, le POP3 fonctionnait exactement comme cela à l’époque des connexions intermittentes : chaque client mail affichait un dialogue lors de l’envoi.

Ce doit être possible mais je n’ais pas encore réussi à le faire.

  • PROBLEME 2 : avoir la certitude que mes mails sont bien envoyés à chaque connexion.

Une fois que ces problèmes seront résolus, je pourrai m’attaquer à la problématique du surf internet en mode offline. Dans un premier temps, l’idée serait d’envoyer toutes les URLs à ouvrir non pas au navigateur mais dans une liste de "sites à consulter". À la connexion, ces URLs seraient sauvegardées pour consultation en offline.

C’est pourquoi j’ai spécialement été intéressé par forlater.email : les URLs peuvent être stockées dans une liste qui est envoyée en un seul email à forlater.email. La consultation se fait du coup dans mon inbox, comme pour les mails et pour tout le reste.

L’idée d’explorer une inbox unifiée pour tout ce que je dois lire/faire m’intéresse. Je ne sais pas si ce sera tenable mais c’est une expérience qui se tente.

Problème : cela dépend d’un service extérieur.

Mais ça, ce sera un problème nice to have. Dans un premier temps, les deux problèmes que j’ai exposé sont bloquant pour continuer.

Bref, cher Nal, je me réjouis de lire tes expériences et tes idées pour résoudre le problème.

Par contre, je t’avoue, tes réflexions sur le fait que de toutes façons on doit être online pour la vidéconf ou pour Slack ne m’intéressent pas. Ou sur le fait que je n’ai qu’à installer un serveur POP3. Je tiens à garder mon compte mail IMAP chez mon fournisseur, cela fait partie des données du problème que je tente de ne pas modifier.

  • # Tout à fait d'accord !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

    Merci pour ce journal je me sens moins seul sur cette position !

    🦀🐍 http://github.com/buxx 🖥 https://algoo.fr 📋 https://tracim.fr

  • # In emacs we trust

    Posté par  . Évalué à 5.

    Si j'en crois les screenshots ici https://www.djcbsoftware.nl/code/mu/mu4e.html emacs et mu4e sont en mesure de répondre à ton besoin

    Moralité de l'histoire : emacs est devenu plus incontournable que google

    • [^] # Re: In emacs we trust

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

      j’ai passé 3 semaines entières avec l’objectif de me mettre à emacs juste pour cette raison.

      Je n’ai même pas réussi à avoir un truc vaguement utilisable ni avoir la plus petite intuition de où j’étais et ce que je faisais (j’ai essayé des tas de distrib emacs, du bare emacs, tout…). Tout simplement ouvrir, éditer un fichier, le sauver et passer à un autre fichier, je n’ai pas été capable de le faire. (et je m’en suis tapé des tutoriels entiers).

      J’ai rencontré d’autres personnes qui m’ont dit avoir le même problème. Y’a une sorte de switch mental qui n’est documenté nulle part et qui semble nécessaire pour simplement débuter avec emacs.

      (ce qui est l’opposé de mon expérience avec mutt/vim : chaque changement de config est une légère amélioration sur la précédente, y’a jamais de grand chamboulement).

      Donc, emacs n’est claiment pas pour moi. Et j’ai vraiment consacré des journées entières à tenter d’y accéder. (j’avais fait pareil y’a 20 ans, je n’avais pas réussi non plus, j’étais pourtant plus jeune à l’époque).

      Mes livres CC By-SA : https://ploum.net/livres.html

      • [^] # Re: In emacs we trust

        Posté par  . Évalué à 1.

        Je comprends, j'ai passé des années à essayer de passer à emacs. Mon plus gros problème était de retrouver ce qui rend si pratique vim dans l'édition de texte.

        Au final, pour passer un cap, je me suis mis à utiliser org-mode, from scratch, et en gui (moi qui ne voulait pas entendre parler des gui), et ne surtout pas essayer de faire ce que je faisais avant. Un peu comme si tu te mettais à word pour rédiger. Tu apprends plus emacs mais org-mode.

        Bilan : ça me permet d'appréhender emacs, qui est toujours moins bon que vim pour éditer du texte. L'apprentissage est long (Latex est tellement plus facile à apprendre), mais j'ai enfin réussi à le lancer tous les jours pour travailler et enfin commencer à apprécier son univers. La prochaine étape, c'est Magit

  • # Quelques pistes...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Pour le problème 1, de mémoire, kmail gère le maildir (bien sûr, avec ses dépendances, ce n'est pas exactement un client léger…). Claws gère le MH qui est très proche du maildir et partiellement compatible. Sinon, il doit aussi être possible d'avoir (avec des limites au niveau JS/CSS) images et mise en forme depuis mutt en appelant w3m pour les mails HTML.

    Pour le problème 2, je n'ai jamais utilisé Postfix, mais pour Qmail par exemple il y a un script qmailctl et l'on peut utiliser "qmailctl queue" pour voir les messages qui doivent être envoyés, et "qmailctl doqueue" pour les envoyer si on est connecté (et il doit être possible de faire quelque chose pour appeler directement cette commande quand on se connecte, mais je n'en ai pas eu le besoin). J'imagine qu'il doit y avoir des choses similaires pour Postfix…

  • # notmuch et astroid

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

    Un truc que j’avais complètement oublié, c’est notmuch.

    J’arrive toujours pas à comprendre comment utiliser notmuch avec ma config (parce que notmuch semble utiliser son propre système de flag, ce qui rend toutes mes expériences avec notmuch incompatible avec continuer à utiliser un webmail de l’autre côté) mais ça pourrait être la solution.

    Mes livres CC By-SA : https://ploum.net/livres.html

  • # Thunderbird pour lire les Maildir

    Posté par  . Évalué à 8.

    Avec un petit peu de bidouilles, j'ai réussi à lire d'anciens mails au format Maildir (provenant d'une vieille sauvegarde) dans Thunderbird.

    Je me suis servi du compte spécial nommé "Dossiers Locaux" ou "Local Folder" dans Thunderbird.

    Dans le menu Edition -> Paramètres des comptes, tu peux renommer ce compte et modifier son emplacement. Pour ma part, j'ai crée un dossier spécifique dans mon home et j'ai indiqué son chemin dans cette fenêtre.

    Concernant le format de stockage, il était par défaut grisé et en mode mailbox.
    Pour changer en maildir, dans l’Éditeur de configuration de Thunderbird (Outils > Options > Général > Éditeur de configuration), il faut chercher les options se terminant par storeContractID. Si il y a plusieurs comptes de configurer dans Thunderbird, il faudra faire attention à modifier celle concernant le bon compte. Il faut passer la valeur de @mozilla.org/msgstore/berkeleystore;1 (qui correspond au format mbox) vers @mozilla.org/msgstore/maildirstore;1 (qui correspond au format maildir).

    J'ai fermé Thunderbird, puis copier quelques dossiers contenant chacun un sous-dossier "cur" contenant les fichiers emails.
    Les dossiers "new" n'ont pas l'air d'être pris en compte.
    J'ai remarqué également que j'avais un dossier "INBOX" que j'ai du renommer en "Inbox" pour que Thunderbird le lise.

    Ce n'est pas out of the box, cela implique un dossier racine et un respect de certaines petites règles pour les sous dossiers, mais au final, on peut lire les emails dans thunderbird.

  • # forlater.email moui ... ou wallabag !

    Posté par  . Évalué à 3.

    J'ai croisé un article sur forlater.email sur un autre site de moules. Mais pas de compte donc pas commenté.

    J'ai l'impression qu'on utilise ça quand on connaît pas Wallabag.

    En terme d'utilisation forlater.email, faut envoyer un mail. Alors que wallabag, y a une extension firefox pour le desktop et une application android pour le téléphone. Ce qui permet de ne pas changer d'outil pour capturer un lien. Et on peut ajouter des tags.

    Wallabag c'est aussi la possibilité d'avoir des flux RSS de tous ses articles sauvegardés, des articles non lus. Et même une application Kobo, pour lire en confort.

    Framabag, l'instance de Framasoft a fermé, mais il y a des alternatives. Et le créateur du logiciel propose aussi de l'hébergement très peu cher (9€/an).

    Wallabag, c'est bon, c'est libre, mangez-en.

  • # Commentaire supprimé

    Posté par  . Évalué à 3.

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