Journal Cette année je donne

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déc.
2019

Cette année j'ai fait un deal avec mes enfants. Ils ont déjà un paquet de jouets et Noël arrivant il vont sans aucun doute en avoir encore plus. Je leur ai donc demandé de faire le tri de leurs anciens jouets afin que nous les donnions à des gens qui ne peuvent se permettre d'acheter des jouets neufs, ni même d'occasion.

En effet, il n'est pas question de tirer un profit de cette démarche. Il y a quelques années j'aurais sans doute mis tout ça en vente sur un site ou un autre pour récupérer quelques dizaines d'euros mais avec le temps qui passe j'ai tendance à me dire qu'il n'y a pas de mal à être sympa ou désintéressée.

Quand je vois la quantité de trucs que j'ai accumulés… Des bouquins, des consoles et d'autres objets qui prennent la poussière. Par exemple j'ai deux tiroirs pleins à craquer de DVDs. Je les ai mis là en vidant les cartons quand j'ai emménagé et je n'en ai pas regardé un depuis. Ça fait plus de quatre ans déjà. Ai-je besoin de conserver tout ça ? Les enfants auront-ils un jour envie de regarder RRRrrrr ou Dexter ? Iront-ils brancher un lecteur DVD plutôt que lancer Netflix ?

C'est pas tout à fait évident de convaincre des enfants de se débarrasser de jouets mais je suis quand même impressionnée de voir ce qu'ils ont bien voulu donner. Les jouets de fast food, quelques puzzles : pas de problème ; mais il y a aussi un beau circuit, des poupées et des figurines en très bon état. C'est étonnant aussi de voir l'attachement sentimental à des jouets sans intérêt. J'ai tenté de les convaincre grâce à un raisonnement très simple : je montre le coffre à jouet fermé et je leur dis « Dis-moi tout ce qui est dans cette boîte. Si tu omets quelque chose c'est que cela est insignifiant et pourra être donné ». Ce fut un échec, ils se sentaient piégés. Finalement il vaut mieux qu'ils puissent les voir un par un et choisir d'eux-même.

Enfin bon, du coup j'ai quatre sacs de jouets à donner. Une fois les jouets triés il faut décider à qui les donner. Ce n'est pas la misère qui manque et je me retrouve donc à devoir choisir, ce qui n'est pas tout à fait évident car rapidement la situation vire de « je donne généreusement aux nécessiteux » à « quel misérable sera l'élu pour récupérer mes miettes ». En effet, je suis restée un peu bloquée sur une simple observation : je vais donner des jouets à des gens puis acheter des jouets à mes enfants. Pourquoi alors ne pas garder les jouets et donner l'argent aux gens ? Je n'ai pas de réponse satisfaisante mais je ne veux pas ne rien faire, alors bon.

Au final j'ai choisi de donner les jouets à un foyer de protection de l'enfance. C'est un lieu où transitent les enfants dont les parents sont jugés inaptes à s'en occuper. Violences familiales, alcoolisme, drogues, viols… ces enfants ont pu observer dès leur plus jeune âge les comportements les plus déplaisants, et moi ça me fiche les boules. Après je ne dis pas que leurs parents sont foncièrement mauvais ; personne ne se dit « l'ivresse c'est ma passion et prends-toi ça dans la tronche ». Je crois que chacun a son histoire qui dégénère plus ou moins, mais naître là dedans, se retrouver dans ces conditions sans avoir rien fait pour, ça craint. Donc mes jouets vont à ces enfants, si ça peut leur changer les idées j'en serais ravie.

Enfin… j'aurais aimé qu'ils reçoivent ces jouets mais la dame à l'accueil m'a dit qu'ils ne prennent plus de dons de jouets, que c'est les parents qui gèrent et que c'est les directives. C'est frustrant.

J'en suis donc à chercher quelqu'un d'autre à qui donner mes jouets. J'ai vu passer le site Geev qui permet de lister des objets à donner. Le concept me plaît mais j'hésite face à l'effort à faire pour prendre en photo et lister chaque jouet, et aussi par crainte qu'ils ratent leur cible en étant récupérés par des brocanteurs et autres revendeurs.

Il est aussi possible de les donner au secours populaire ou à Emmaüs. Là ça irait bien vers la cible mais si j'ai bien compris ces deux organismes revendent les objets. Pourquoi pas si c'est accessible, mais quand je vois par exemple chez ce dernier la BD Astérix : La Zizanie à 14 € avec frais de ports alors que le même pauvre pourrait l'acheter à moins de 10 € chez Rakuten, je me demande l'intérêt de la démarche.

Au final je vais sans doute amener mes objets au secours populaire mais ça me laisse un goût amer, j'ai l'impression de jeter plutôt que d'aider. Que feriez-vous à ma place ?

  • # Qu'est-il important de donner ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Juste quelques petites réflexions relatives à cette démarche pleine de bon sens :

    • Peut-être le secours populaire ne vend-t-il pas plus cher une BD d'occasion à des gens défavorisés ? Ne les vendrait-il pas plutôt à des mécènes qui emploient ce moyen pour aider les nécessiteux ?
    • Si jadis dans une société de pénurie, les babioles et autres jouets pouvaient être fort appréciés, peut-être n'en est-il plus de même dans un monde où beaucoup de ces objets sont vendus moins cher qu'un sandwich ?
    • On décrit l'homme comme un ζῷον πολιτικόν (animal social) depuis des temps quasi immémoriaux. Et n'est-ce pas bien plus d'intégration sociale que les exclus ont besoin que de verroteries ? Si seulement il était possible de profiter d'offrir les dernières pour faire les premiers pas de l'intégration ! Ce serait infiniment plus utile si j'en crois le livre que je viens de lire traitant justement de ce sujet.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Qu'est-il important de donner ?

      Posté par  . Évalué à 7.

      Je n'avais pas envisagé que la vente d'objets était surtout un moyen de récolter de l'argent plutôt que de vendre à bas prix. Cela a effectivement beaucoup plus de sens.

      Quant au fait de passer du temps avec les gens, je ne doute pas que c'est nécessaire mais ça ne suffit pas. Et puis je trouve ça un peu risqué. Je me tâte à caler un temps régulièrement pour passer un moment avec des enfants et des jeunes en galère et je me demande quelles seront les conséquences sur la durée. Que se passera-t-il si nous ne nous entendons pas ? Et si je n'ai soudain plus le temps d'y aller, ne se sentiront-ils pas à nouveau abandonnés ? Comment mes enfants prendront-ils le fait que j'aille passer du temps avec d'autres plutôt qu'avec eux ?

      J'envisageais aussi de devenir famille d'accueil mais là encore je me demande quelles seront les conséquences pour l'enfant accueilli et pour mes propres enfants si ça se passe mal. En plus il aura probablement la plus petite chambre, actuellement la chambre d'amis, est-ce que ce n'est pas marginalisant ? Et si je lui donne une grande chambre, est-ce que mes enfants ne seront pas à leur tour vexés à vie d'avoir été déplacés dans la petite chambre pour laisser la place au nouveau venu ?

      En gros avant d'aller aider un tiers j'ai envie de garantir que je ne produis pas plus de mauvaises situations dans mon foyer ni chez ce tiers.

      Donner des choses est aussi un moyen d'aider sans s'engager. De minimiser les risques en quelques sortes. Et je ne crois pas que donner un jouet soit sans valeur. Je pense au contraire que posséder un jouet est un moyen de sociabilisation. On peut l'amener à l'école pour jouer avec les autres ou le sortir quand on reçoit des copains et copines à la maison. C'est l'occasion de partager quelque chose avec d'autres enfants, de passer un moment avec les frères et sœurs. C'est quelque chose qui permet de passer le temps et d'être créatif, plutôt que de ne rien faire.

  • # Solution en dehors des sentiers battus

    Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 09 décembre 2019 à 23:05.

    Faire la grille d'une cour d'école ou d'un jardin public la nuit, planquer les jouets dans les buissons, comme des oeufs de paques.

    • [^] # Re: Solution en dehors des sentiers battus

      Posté par  . Évalué à 3.

      J'aime cette idée !!

      Dans le quartier tout taggué et couvert de stickers, pas loin d'un QG anar, avec des gens qui font chier leur clébard sur le trottoirs, et des bris de verre pour lutter contre la gentrification et sortent des canap' sur les trottoirs (assez larges) en été, il est de coutume de laisser ses babioles/fringues/jouets dans des cartons au pied des portes d'immeubles, à l'abri de la pluie

      C'est une pratique assez cool (ma copine trouve des fringues vraiment bien, et fait tourner celles qu'elle ne met plus), qui peut se retourner contre nous, avec des enfants qui ramènent toujours des trucs à la maison :-D

    • [^] # Re: Solution en dehors des sentiers battus

      Posté par  . Évalué à 1.

      Ha, j’oubliais le mot de la fin "toc, méfait accompli".

    • [^] # Re: Solution en dehors des sentiers battus

      Posté par  . Évalué à 3.

      Alors j'aime beaucoup l'idée mais je crains que cela devienne juste un tas de déchets qui s'accumulent un peu partout. En plus la plupart des jouets sont en plastique donc tu peux être sûr qu'ils seront encore à traîner là dans 2 000 ans.

  • # ce que fait Emmaüs

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Les chiffonniers d'Emmaüs revendent, oui. C'est le mode de vie des compagnons qui sont accueillis. Ça leur permet d'avoir un toit et un travail salarié. Ça permet aussi à Emmaüs d'accueillir, d'aider ou secourir d'autres gens en grande difficulté (par exemple j'ai vu Emmaüs donner à manger). Emmaüs fait au mieux.

    Donc un don à Emmaüs va directement aux pauvres — les jouets seront vendus ou donnés selon les besoins. Et on peut acheter pour pas grand chose dans un centre Emmaüs. Le site web ne vise pas les mêmes personnes.

    "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

    • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

      Posté par  . Évalué à 3.

      J'ai l'impression que le site web est quelque chose d'anecdotique, voire expérimental, à l'échelle de leur activité. Je ne me baserais pas sur celui-ci pour les juger.

      Mais oui, Emmaüs revend, et leur public c'est tout le monde, pas seulement les nécessiteux.

    • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

      Et, pour les jouets, notamment les poupées, ils soignent la présentation en les mettant dans des boites de carton. C'est plutôt bien fait et ça ne fait pas "truc pour pauvre" que quelqu'un a donné dans sa grande bonté.

      Accessoirement, il y a des jours dans l'année ou les boutiques Emmaus font des "soldes" avec des prix encore plus bas.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

    • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

      Posté par  . Évalué à 1.

      Emmaüs met aussi de coté certains types de jouets pour des revendeurs, des clients "privilégiés", voir des compagnons qui se servent.
      Je pense à tout ce qui est du domaine du jeu vidéo, certainement du Lego, ou encore des anciennes gloire de la TV (Goldorak & co). On peut facilement atteindre des sommes folles selon le type de jouet.

      Si bien que chez Emmaüs, les meilleurs jouets ne sont jamais présentés au client lambda, mais disparaissent par d'autres réseaux, rarement destinés aux enfants.

      Cela dit, c'est pareil dans les Cash.

      Donc si tu veux que les "beaux jouets" ou jeux vidéos / consoles aillent réellement à des enfants (et non des adultes collectionneurs / spéculateurs), ne passe pas par Emmaüs.

      • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        D'où tu sors ça ?
        Que des compagnons se servent ça n'a rien de choquant. Mais qu'il y ait des réservations pour des clients privilégiés, je fais l'expérience contraire dans les Emmaüs de Rennes et de Cholet. Au contraire d'ailleurs, la volonté de maintenir des prix bas est régulièrement critiquée parce que les brocanteurs qui s'y connaissent y ont accès comme les autres, mais sans privilège.

        "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

        • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.

          Et ça fait de la concurrence plutôt déloyale aux brocanteurs dans certains cas. D'un autre côté, j'ai connu des Emmaus qui vaient des conventions avec des brocanteurs. Quand un meuble restait un certain temps, ils le passaient au brocanteur et récupéraient un pourcentage sur les ventes. Bénef pour tout le monde.

          « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

        • [^] # Re: ce que fait Emmaüs

          Posté par  . Évalué à 1.

          Constaté à Bougival.

  • # mairie?

    Posté par  . Évalué à 2.

    Y a-t-il un service social à la mairie qui pourrait récupérer ça et faire des heureux pour Noël?

  • # Restaurants du Cœur ?

    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 8.

    Est-ce que les Restos du Cœurs ne distribuent pas des jouets donnés de cette façon durant la période de Noël ?

    Ne n'en suis pas certain, mais si c'est le cas, j'ai l'impression que cela cadrerait assez bien dans ta démarche, non ?

  • # Pas comparer des poules et des lapins

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.

    quand je vois par exemple chez ce dernier la BD Astérix : La Zizanie à 14 € avec frais de ports alors que le même pauvre pourrait l'acheter à moins de 10 € chez Rakuten, je me demande l'intérêt de la démarche.

    La première édition de la BD a une plus grande valeur marchande que celles sur le site de Rakuten. Elle n'est pas très chère sur le site d'Emmaus !

    Sinon une version neuve comme celles sur le site de Rakuten se vend entre 1,50 et 5 euros dans une boutique Emmaus, parfois même moins cher quand il y a une braderie. Les bouquins en boutique Emmaus sont entre 50 centimes et 5 euros (rarement 5 euros d'ailleurs).

    « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

  • # Prendre le problème à la racine

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 10 décembre 2019 à 10:08.

    Que feriez-vous à ma place ?

    Simplement arrêter d'acheter des choses dont tu n'as pas besoin. Et passer le mot autour pour que ça se sache et que ce ne soit pas les autres qui vous achètent les choses dont vous n'avez pas besoin.

    Adhérer à l'April, ça vous tente ?

  • # Emmaüs car c'est un contact indirect.

    Posté par  . Évalué à 5.

    Emmaüs ne revend pas cher les objets, en tout cas dans leurs centres. J'ai vu une BD d'Astérix à 4 € il y a quelques temps. J'achète la plupart de mes livres là-bas, à 0,50€, 1€ ou 2€, quelques BD à 3€, des vêtements à 2€, des jouets pour l'école (éducatifs) entre 2€ et 5€.

    Je trouve ça vraiment pas cher et l'argent sert toute la cause.

    Tu as clairement besoin d'un intermédiaire, tu ne sembles pas en mesure de prendre plus de responsabilités que celles qui t'incombent déjà. Emmaüs fonctionnera très bien pour toi et ce ne sera vraiment pas perdu.

  • # Braderie - Urgences pédiatriques

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

    Je vends les jouets de mes enfants sur les braderies, et j'en achète le maximum sur les braderies aussi…
    Cela permet de recycler et de se faire plaisir en consommant moins.
    Lorsque je vend, je vois beaucoup de personnes qui ne semblent pas très riches (peut-être que je me trompe) et je vend les jouets (mais aussi les vélos, trotinnettes, etc) vraiment pas cher. Ca fait plaisir de voir les enfants vraiment contents.
    Si tu as pas envie de passer une journée sur la braderie, tu mets tes jouets vraiment pas cher. Tu peux aussi faire le prix à la tête du client.
    Sinon, dans les urgences pédiatriques des hopitaux, ils prennent aussi des jouets pour faire patienter les enfants et leur changer les idées (parfois on attend aux urgences :)), mais toutes classes confondues !

  • # Gratiféria

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    À voir si tu as des gratiféria vers chez toi, et peut-être que tu peux voir avec des gens pour en organiser si y'en a pas. Le principe est de se réunir et de donner. C'est un peu comme une brocante, mais sans échange d'argent.

    Au delà de ça, peut-être aussi expérimenter peu à peu un autre rapport aux cadeaux dans la famille. C'est un sujet complexe, tout extrémisme est malvenu, mais en prenant le temps de discuter avec tout le monde on trouve parfois un accord. J'avais ainsi des amis qui expérimentaient un nouveau truc chaque année (famille un peu atypique de base… mais faut aussi avouer que vu le nombre et les salaires il y avait une nécessité à ne pas devoir faire des tas de cadeaux à tout le monde). Il y a eu "une personne = un cadeau" : chacun tirait au sort le nom d'une autre personne, et était en charge de lui faire un cadeau. Pour bien faire, il est pas mal de se mettre d'accord sur un budget : environ 20€ par exemple. Ça évite que quelqu'un se retrouve avec un ordi et un autre avec une boite de chocolat : y'en a qui se sentent lésés ! Il y a aussi eu "on fabrique des trucs, on les emballent, on met des numéros dessus, et on fait une loterie". Là le plaisir était d'ouvrir pleins de petits cadeaux, tous ayant peu de valeur marchande (et le jeu était de mettre aussi des trucs kitsch dedans). Je ne me souviens pas des autres expérimentations, mais l'idée était là.

    C'est intéressant aussi d'interroger les gens sur leur rapport au matériel. J'ai des gens dans mon entourage qui se contrefichent complètement des cadeaux et des fêtes. Je sais que si je ne leur offre rien, ça leur va très bien ; c'est même le vrai cadeau, car au moins je ne les encombre pas. Bon, de mon côté j'ai un mal fou avec ça donc je triche en offrant un truc qui se mange… ça encombre pas longtemps. De mon côté j'aime beaucoup les cadeaux éphémères aussi : à manger, un poème, un peu de temps privilégié à faire quelque chose avec la personne… mais j'aime quand même bien qu'il y ai un "cadeau", je suis encore matérialiste ;)

    Enfin, pour les autres endroits où donner, certaines ressourceries sont vraiment bien. Oui, ok, les objets sont vendus… enfin celle à côté de chez moi, vu le prix c'est juste pour payer la location du lieu, ça va de quelques centimes à quelques euros.

    À noter aussi que quand on est pauvre, ne pas payer renvoie à son statut (et c'est pas un statut agréable à porter). Quand on a un RSA et qu'on paie un truc sur une brocante, à Emmaüs ou dans une ressourcerie, on peut se bercer de l'illusion que l'argent échangé est là pour aider autrui ; payer Emmaüs c'est aider plus pauvre que soi, en principe. Ça donne l'illusion qu'on a aussi le droit d'être intégré dans le vaste mouvement consommatoire. Ok, c'est un peu cynique dit comme ça, mais le jouet payé 1€ procure plus de satisfaction que celui qui est donné dans ce genre de cas, parce qu'on a l'impression d'avoir eu un peu de choix. Ça renvoie aussi à tout ce qui se passe symboliquement autour des échanges (qu'on soit d'accord avec les théories de Mauss ou pas, faut reconnaître que c'est pas simple). Donc… chercher des solutions qui sortent des échanges marchands, c'est sympa, mais si les seules solutions que tu as autour de toi utilisent les codes de la marchandisation, ce n'est pas forcément un problème, tant que les prix de reventes restent symboliques.

    • [^] # Re: Gratiféria

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

      ). Quand on a un RSA et qu'on paie un truc sur une brocante, à Emmaüs ou dans une ressourcerie, on peut se bercer de l'illusion que l'argent échangé est là pour aider autrui ; payer Emmaüs c'est aider plus pauvre que soi, en principe.

      C'est surtout que ce n'est pas donné et qu'on n'est pas obligé de remercier même si ça ne nous plait pas. Bref ce n'est pas de la charité.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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