Journal Le Boléro, une histoire sordide à rebondissements

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25
28
juin
2024

Salut les gens et les autres,

Maurice Ravel (1875-1937) fait partie des compositeurs majeurs français du début du 20e siècle. Parmi ses œuvres les plus connues, et jouées : la Pavane pour une infante défunte, une pièce pour piano composée pour Ricardo Viñes, L’Heure espagnole opéra sur un livret Franc-Nohain, le Concerto pour la main gauche, un concerto pour piano et orchestre écrit à la demande du pianiste autrichien Paul Wittgenstein, ou encore l’Enfant et les sortilèges dont Colette est la librettiste.

Qu’est-ce que ça vient faire ici ?

Ravel est aussi le compositeur de la pièce de musique classique la plus jouée au monde. À une époque, il se disait qu’il ne se passait pas quinze minutes quelque part dans le monde sans que le Boléro soit interprété. Quand on sait que les partitions peuvent être vendues ou louées par l’éditeur aux orchestres, cela représente un marché juteux pour la maison d’édition et les autres ayant-droits tant que l’œuvre est assujettie aux droits d’auteur. Soit, pour la France, soixante-dix ans après la mort de l’auteur à compter du 1er janvier suivant la date de son décès (article L.123-1 du Code de la Propriété intellectuelle).

Ravel écrit le Boléro en 1928. C’est une musique de ballet pour orchestre que lui avait commandé la danseuse russe Ida Rubinstein (1885-1960). Elle est basée sur un thème répétitif rythmé par la caisse claire et sur lequel les instruments de l’orchestre entrent les uns après les autres. Ravel, qui n’avait pas tellement d’estime pour cette pièce, le décrivait comme :

un thème qui ne va pas durer une minute mais que je vais répéter jusqu’à 18 minutes en comptant.

Ravel meurt en 1937, plus la prorogation de guerre, l’œuvre de Ravel entre dans le domaine public le 1er janvier 2016. À ce moment-là, les héritiers1 se réveillent soudain et sortent des tiroirs de nouveaux ayants-droits. Leur argument est qu’il s’agit d’une œuvre de collaboration (art. L. 113-2 alinéa 2 et L.113-3 du Code de la propriété intellectuelle). Les co-auteurs seraient la danseuse Bronislava Nijinska (1891 – 1972) et Alexandre Benois (1870 – 1960). La Sacem rejette la demande. Le Boléro entre donc dans le domaine public le 1er mai 2016.

Pourquoi j’en parle aujourd’hui ?

Parce que les ayants-droits n’en sont pas restés là et qu’ils ont intenté un nouveau procès en février de cette année. Le jugement devrait tomber aujourd’hui !

Pour aller plus loin


  1. Précisons que Ravel est mort sans descendance et que l’héritage de Ravel est déjà en soi une affaire sordide qui est susceptible de faire penser à de la captation d’héritage ou à de l’abus de faiblesse).  

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