L'incompétence alliée à l'incurie dans le management de la recherche — visiblement pas uniquement en France — combinés avec cette « loi de Goodhart », des pressions sur les chercheurs, et des cours d'éthique scientifique qu'on pourrait aussi titrer « mille et une manière auquel vous n'auriez jamais songer de publier à moindre effort » ne peuvent que conduire à ce genre de chose. Et encore, les cas relevés dans l'article son bien bénins. Des journaux « scientifique » qui publient n'importe quoi (pas uniquement de gentils plagiats, mais carrément des inepties), et servent essentiellement à ajouter des lignes sur les CV, on en trouve à la pelle.
Espérons qu'advienne un temps ou on repassera de l'affichage d'une politique de recherche et de formation à quelque chose de plus sérieux.
Il a été désigné par la prestigieuse revue scientifique Nature, comme l'une des 10 personnalités scientifiques de l'année 2021.
Avec ses collègues, Guillaume Cabanac a découvert des milliers de publications non fiables dans les catalogues des maisons d'édition de premier plan : Elsevier, Springer et Wiley, notamment. Publiés et souvent vendus, ces pseudo-articles générés par ordinateur ou assemblés par des paper mills (des « usines à papier » préparant des patchwork d'articles à vendre) sont trahis par la présence d'expressions torturées, dénuées de sens.
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
Ils se pressent de d'empiler d'autres papiers. impossible de tout faire bien : des piles de cellulose tachée, la relecture des monceaux produits par autrui, de la recherche (de crédits, qu'alliez-vous imaginer !?), présenter des diapositives non relues…
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 6 (+4/-0).
Dernière modification le 17 janvier 2025 à 13:52.
Ils encaissent les sous. => facile. La vie est dure y compris pour les chercheurs.
Je ne sais pas si tu parles des relecteurs, mais il faut savoir que les relecteurs (reviewers) sont d'autres chercheurs du domaine et qu'ils ne sont pas payés par les journaux pour relire ces articles. Tout au plus peut-on dire que ça fait partie de leur job et donc de leur paie, quand ils ont le temps au milieu de toutes les sollicitations.
La deuxième phrase est exacte, toutes proportions gardées. Réussir à faire de la recherche, de la science, c'est-à-dire son travail, dans le système actuel n'est pas facile.
Je précise aussi pour les lecteurs que les auteurs des articles scientifiques ne sont pas payés par les journaux. Dans beaucoup de revues, c'est le labo qui va payer le journal pour publier (parfois plusieurs milliers d'euros). Avec une belle surfacturation si on veut que l'article soit en Open Access… On n'est pas sur LinuxFr !
La rétribution se fait effectivement en terme de réputation, ce qui peut amener plus de crédits ou des promotions. C'est une rétribution indirecte et différée en quelque sorte. Si tu as été bronsonisé avant, tant pis :-)
les relecteurs (reviewers) sont d'autres chercheurs du domaine et qu'ils ne sont pas payés par les journaux pour relire ces articles
Ah bon, mea culpa alors.
Benoîtement, je pensais que tout travail mérite salaire.
La rétribution se fait effectivement en terme de réputation, ce qui peut amener plus de crédits ou des promotions
le deuxième point est aussi de dire que si tu es reviewer d'une revue de troisième zone et que tu laisses passer des énormités, ça devrait, en toute logique, être assez moyen en terme de réputation.
J'ai pas fini de regarder la conf du chercheur, mais ce que j'y ai entendu jusqu'à présent est assez inquiétant: même les revues les plus prestigieuses se font avoir et, en moyenne, on en est à rythme de 16000 articles soumis par jour (en 2021)!
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 3 (+1/-0).
Dernière modification le 17 janvier 2025 à 15:43.
Benoîtement, je pensais que tout travail mérite salaire.
Le salaire, c'est plutôt la réputation. Encore qu'une relecture, ça ne vaut pas grand chose : à part l'éditeur, personne n'aura la preuve que tu l'as faite (les noms des reviewers n'apparaissent pas dans l'article, c'est anonyme). Faire partie d'un comité éditorial d'un journal compte plus. C'est visible.
En fait, quand on accepte de relire un article, c'est en général parce que le sujet nous intéresse un minimum (est dans notre champ de compétences) et en plus ça donne accès à l'article plusieurs mois avant sa publication. C'est comme dans l'onglet Rédaction de LinuxFr (en plus ici on peut chatter un peu, c'est sympa).
J'ai pas fini de regarder la conf du chercheur, mais ce que j'y ai entendu jusqu'à présent est assez inquiétant: même les revues les plus prestigieuses se font avoir et, en moyenne, on en est à rythme de 16000 articles soumis par jour (en 2021)!
Oui, c'est le déluge. Il faut dire aussi qu'il y a pas mal de revues dites prédatrices qui sont apparues. Quand tu paies la revue pour qu'elle te publie, on comprend bien qu'il peut y avoir une tentation pour certaines de ne pas être trop regardantes. A l'époque actuelle, tu n'as plus besoin d'imprimer le journal. Tu mets le PDF en ligne. Créer un business un peu pipo pendant quelques années, ça ne doit pas être trop dur.
Ha, faudrait demander à un économiste. Parce que si les articles sont tous refusés, il n'y a plus de journal… Et puis quand un article est refusé, c'est terminé. Il n'y a plus qu'à le proposer à un autre journal, en se retapant tout un travail de mise en page, en particulier des références bibliographiques. Et puis du genre, y'en a un qui prend le LaTeX mais l'autre qui veux du Word…
En tout cas, refuser un bon article serait un mauvais calcul. Ca ferait baisser la qualité du journal, et donc on leur enverrait moins d'articles parce que la réputation du journal est un paramètre important.
Ma modeste expérience de la recherche me fait penser que plus l'auteur est compétent, plus il a tendance à produire des papiers pédagogues, agréables à lire et permettant une relecture critique.
(Étant entendu que l'obscurité et la profondeur sont deux choses très différentes.)
Au contraire, la personne moins compétente est souvent plus prompte à des raisonnements plus confus, un peu tortueux et difficiles à cerner.
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 5 (+3/-0).
Dernière modification le 19 janvier 2025 à 12:35.
En tout cas, le premier réflexe de l'éditeur va être de chercher des relecteurs qui ont déjà publié dans son journal. Ce qui garantit une certaine cohérence en terme de niveau.
Les revues les plus prestigieuses auront moins de mal à trouver de bon relecteurs. Souvent donc bien sûr des équipes concurrentes qui vont asticoter les auteurs et les pousser dans leurs retranchements.
A noter qu'un article peut être renvoyé une fois, deux fois, trois fois avant d'être accepté et ça peut prendre de longs mois. En bas de la première page d'un article, on va généralement trouver les dates du processus, par exemple : "Received 6 March 2023; Received in revised form 23 June 2023; Accepted 22 July 2023" (https://doi.org/10.1016/j.ymssp.2023.110636)
Après, bien sûr, aucun système n'est parfait. Et on y retrouvera toutes les qualités et défauts des êtres humains.
J'ai le sentiment que cette course à la publication est l'un des aspects les plus détestables de la recherche actuelle.
C'est devenu la métrique de référence, tant à l’échelon national (pour le financement de la recherche, pour le recrutement des chercheurs, mais c'était déjà le cas il y a 25 ans dans mes souvenirs) qu'international. La vidéo de la conférence en lien ci dessus dit vers la 15ème min que la Chine s'était fixée comme objectif de dépasser les USA en terme de nombre de publications, ce qui fut fait vers 2018. Bravo les gars, un bel exemple du "quand on veut on peut".
Avec un tel référentiel, qu'il y ait des revues plus ou moins bidons et plus ou moins regardantes n'est pas surprenant. D'autant plus que :
si tu payes, il y en aura bien une revue qui finira par te publier. "Yes we can".
la marge des éditeurs est énorme (environ 40% -l'hallu- pour Elsevier, toujours d'après la vidéo vers 16:30): "à nous la bonne sousoupe".
même les revues les plus prestigieuses publient parfois des articles bidonnés. "Dans le lot, ça va passer crème et, au pire, tu fais semblant de faire acte de contrition en cas de scandale"
Faire partie d'un comité éditorial d'un journal compte plus. C'est visible.
Et, c'est payé ça ?
Sous entendu: si tu veux ton pognon, fait bien ton job. T'es visible, donc si tu te plantes, gare à toi. En plus les reviewers/soutiers ont déjà fait la moitié du job.
Nan, en fait c'est le thésard qui a presque tout fait (les manips, le code, la rédaction, etc).
Pour finir sur une note plus harmonieuse,
quand on accepte de relire un article, c'est en général parce que le sujet nous intéresse un minimum
et que ça permet d'avoir un échange scientifiquement fructueux, de faire de belles rencontres (éventuellement, de boire des bières), d'envisager des collaborations etc
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 3 (+1/-0).
Dernière modification le 18 janvier 2025 à 17:10.
Faire partie d'un comité éditorial d'un journal compte plus. C'est visible.
Et, c'est payé ça ?
Hum… je ne pense pas. On reçoit des emails du genre "Invitation of Joining the Editorial Board/Reviewer Team of…" plusieurs fois par semaine. Par exemple sur la page du journal suivant, il y a un cadre "As an Editorial Board Member, You will Benefit from:" :
Le premier point est "Enhance your academic influence and enrich your resume." Le dernier est "Enjoy special discounts on Article Processing Charges". Mais là c'est au labo que ça bénéficie, ou au budget de l'équipe. Le chercheur publique pourra valoriser ça de différentes façons mais pour l'aspect financier, ça viendra plus tard avec les éventuelles promotions.
Une grande partie du travail est donc faite, du point de vue de l'entreprise (l'éditeur), gratuitement : écriture de l'article, partiellement la mise en page (voire une grande partie de la mise en page si c'est du LaTeX), relecture d'autres articles, participation à un comité éditorial scientifique…
Si tu veux gagner de l'argent de ta plume, c'est possible en écrivant un livre d'enseignement ou de vulgarisation. Là tu es rémunéré en droits d'auteur (il y a une case pour les impôts). Mais les auteurs ne sont pas très bien rémunérés, donc vu le boulot ça sera plus pour le plaisir (ou encore le prestige) que pour arrondir les fins de mois. Encore plus si tu écris en français. Je n'ai pas essayé d'écrire un livre mais j'ai déjà vu des chiffres, en particulier d'un auteur américain dont le livre sur Fortran a plutôt bien marché (toutes proportions gardées vu le sujet).
Ou alors il faut s’appeler Hubert Reeves… (pour notre génération)
Décidément, le monde de l'édition scientifique est bien pourri. M'enfin bon, je ne vais pas m'étendre plus à ce sujet.
Ensuite, écrire des bouquins, c'est une autre histoire. Le monde de l'édition classique, c'est aussi un peu la jungle.
Mais sinon, c'est plutôt cool: il y en a des bien techniques, des plus vulgarisateurs, des qui délivrent un message plus "philosophique/politique" on va dire … De temps en temps je m'en lis un histoire de me réveiller les neurones.
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 3 (+1/-0).
Dernière modification le 19 janvier 2025 à 12:55.
Bienvenue dans le monde étrange de l'édition scientifique !
Évidemment, sur le long terme ça bouge. Mais selon le bon vieux principe de Newton, toute action dans un sens implique une réaction dans l'autre sens. Par exemple, beaucoup de journaux étant lisibles avec abonnement, ça posait problème au niveau des principes : quand c'est une recherche financé par de l'argent publique, ça devrait être librement accessible (en plus si tu paies quand tu publies et quand tu lis, c'est double peine). Donc dans le cadre d'un projet financé, on peut maintenant exiger que tu publies en OpenAccess (généralement une licence CC). Sauf que bien sûr l'éditeur va demander nettement plus vu que ça remet en cause son modèle économique avec abonnement.
Ça monte des initiatives pour éviter ces nouvelles menaces à l'intégrité scientifique. https://zenodo.org/records/14528541 On a vu pendant la crise covid que les scientifiques étaient en première ligne pour lutter contre les mauvaises pratiques à la Didier Raoult … On note dans leur publi qu'ils ont bien conscience qu'il faut lutter contre ça au niveau systémique, à l'heure de Trump dans un des pays les plus producteurs de sciences on peut avoir peur de ce côté là évidemment.
Posté par vmagnin (site web personnel) .
Évalué à 3 (+1/-0).
Dernière modification le 17 janvier 2025 à 15:55.
Fin 2024 j'ai lu un article sur un type de matériaux pour le solaire. C'était un article de review, c'est-à-dire qui passe en revue un grand nombre d'articles dans un domaine pour faire une synthèse. Là, c'était du genre 300 articles.
Au début l'article était intéressant, et globalement il le reste un peu par sa somme, puis au bout de quelques pages j'ai trouvé étrange la répétition d'un certain nombre d'informations. L'article était dense. Et la lecture a commencé à devenir un peu agaçante.
Je me demande si les auteurs n'ont pas utilisé un GPT pour résumer chaque article puis collationné plus ou moins bien l'ensemble. Du coup, comme ces articles tournent tous autour du même sujet, forcément ils disent tous à peu près les mêmes choses sur les propriétés intéressantes du matériau. Et donc il y a des infos qui reviennent quatre ou cinq fois tout le long de l'article dans différentes sections. Si le relecteur avait lu chaque ligne de l'article, il aurait dû demander aux auteurs de corriger cet aspect (et donc de le raccourcir un peu).
# La course au papier
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-0).
L'incompétence alliée à l'incurie dans le management de la recherche — visiblement pas uniquement en France — combinés avec cette « loi de Goodhart », des pressions sur les chercheurs, et des cours d'éthique scientifique qu'on pourrait aussi titrer « mille et une manière auquel vous n'auriez jamais songer de publier à moindre effort » ne peuvent que conduire à ce genre de chose. Et encore, les cas relevés dans l'article son bien bénins. Des journaux « scientifique » qui publient n'importe quoi (pas uniquement de gentils plagiats, mais carrément des inepties), et servent essentiellement à ajouter des lignes sur les CV, on en trouve à la pelle.
Espérons qu'advienne un temps ou on repassera de l'affichage d'une politique de recherche et de formation à quelque chose de plus sérieux.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
# Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 4 (+2/-0).
https://www.youtube.com/watch?v=MtGMSfubD8Y
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Ontologia (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
Mais que font les fameux relecteurs censés vérifier la qualité scientifique des papiers ?
« Il n’y a pas de choix démocratiques contre les Traités européens » - Jean-Claude Junker
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).
Ils se pressent de d'empiler d'autres papiers. impossible de tout faire bien : des piles de cellulose tachée, la relecture des monceaux produits par autrui, de la recherche (de crédits, qu'alliez-vous imaginer !?), présenter des diapositives non relues…
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 2 (+1/-1).
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 6 (+4/-0). Dernière modification le 17 janvier 2025 à 13:52.
Je ne sais pas si tu parles des relecteurs, mais il faut savoir que les relecteurs (reviewers) sont d'autres chercheurs du domaine et qu'ils ne sont pas payés par les journaux pour relire ces articles. Tout au plus peut-on dire que ça fait partie de leur job et donc de leur paie, quand ils ont le temps au milieu de toutes les sollicitations.
La deuxième phrase est exacte, toutes proportions gardées. Réussir à faire de la recherche, de la science, c'est-à-dire son travail, dans le système actuel n'est pas facile.
Je précise aussi pour les lecteurs que les auteurs des articles scientifiques ne sont pas payés par les journaux. Dans beaucoup de revues, c'est le labo qui va payer le journal pour publier (parfois plusieurs milliers d'euros). Avec une belle surfacturation si on veut que l'article soit en Open Access… On n'est pas sur LinuxFr !
La rétribution se fait effectivement en terme de réputation, ce qui peut amener plus de crédits ou des promotions. C'est une rétribution indirecte et différée en quelque sorte. Si tu as été bronsonisé avant, tant pis :-)
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 5 (+3/-0).
Ah bon, mea culpa alors.
Benoîtement, je pensais que tout travail mérite salaire.
le deuxième point est aussi de dire que si tu es reviewer d'une revue de troisième zone et que tu laisses passer des énormités, ça devrait, en toute logique, être assez moyen en terme de réputation.
J'ai pas fini de regarder la conf du chercheur, mais ce que j'y ai entendu jusqu'à présent est assez inquiétant: même les revues les plus prestigieuses se font avoir et, en moyenne, on en est à rythme de 16000 articles soumis par jour (en 2021)!
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 17 janvier 2025 à 15:43.
Le salaire, c'est plutôt la réputation. Encore qu'une relecture, ça ne vaut pas grand chose : à part l'éditeur, personne n'aura la preuve que tu l'as faite (les noms des reviewers n'apparaissent pas dans l'article, c'est anonyme). Faire partie d'un comité éditorial d'un journal compte plus. C'est visible.
En fait, quand on accepte de relire un article, c'est en général parce que le sujet nous intéresse un minimum (est dans notre champ de compétences) et en plus ça donne accès à l'article plusieurs mois avant sa publication. C'est comme dans l'onglet Rédaction de LinuxFr (en plus ici on peut chatter un peu, c'est sympa).
Oui, c'est le déluge. Il faut dire aussi qu'il y a pas mal de revues dites prédatrices qui sont apparues. Quand tu paies la revue pour qu'elle te publie, on comprend bien qu'il peut y avoir une tentation pour certaines de ne pas être trop regardantes. A l'époque actuelle, tu n'as plus besoin d'imprimer le journal. Tu mets le PDF en ligne. Créer un business un peu pipo pendant quelques années, ça ne doit pas être trop dur.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Antoine J. . Évalué à 4 (+2/-0).
En fait elles ne devraient faire payer que les articles refusés, Ça inciterait à soumettre du contenu de qualitai.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).
Ca c'est une idée intéressante. L'édition punitive…
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 4 (+2/-0).
Oui, mais non. Ça inciterait surtout l'éditeur à refuser plusieurs fois l'article avant de l'accepter pour faire payer quand même l'auteur.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).
Ha, faudrait demander à un économiste. Parce que si les articles sont tous refusés, il n'y a plus de journal… Et puis quand un article est refusé, c'est terminé. Il n'y a plus qu'à le proposer à un autre journal, en se retapant tout un travail de mise en page, en particulier des références bibliographiques. Et puis du genre, y'en a un qui prend le LaTeX mais l'autre qui veux du Word…
En tout cas, refuser un bon article serait un mauvais calcul. Ca ferait baisser la qualité du journal, et donc on leur enverrait moins d'articles parce que la réputation du journal est un paramètre important.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Ontologia (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).
Est-ce que les relecteurs ont forcément le niveau pour évaluer un papier écrit par un chercheur meilleur qu'eux ?
« Il n’y a pas de choix démocratiques contre les Traités européens » - Jean-Claude Junker
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
Ma modeste expérience de la recherche me fait penser que plus l'auteur est compétent, plus il a tendance à produire des papiers pédagogues, agréables à lire et permettant une relecture critique.
(Étant entendu que l'obscurité et la profondeur sont deux choses très différentes.)
Au contraire, la personne moins compétente est souvent plus prompte à des raisonnements plus confus, un peu tortueux et difficiles à cerner.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0). Dernière modification le 19 janvier 2025 à 12:35.
En tout cas, le premier réflexe de l'éditeur va être de chercher des relecteurs qui ont déjà publié dans son journal. Ce qui garantit une certaine cohérence en terme de niveau.
Les revues les plus prestigieuses auront moins de mal à trouver de bon relecteurs. Souvent donc bien sûr des équipes concurrentes qui vont asticoter les auteurs et les pousser dans leurs retranchements.
A noter qu'un article peut être renvoyé une fois, deux fois, trois fois avant d'être accepté et ça peut prendre de longs mois. En bas de la première page d'un article, on va généralement trouver les dates du processus, par exemple : "Received 6 March 2023; Received in revised form 23 June 2023; Accepted 22 July 2023" (https://doi.org/10.1016/j.ymssp.2023.110636)
Après, bien sûr, aucun système n'est parfait. Et on y retrouvera toutes les qualités et défauts des êtres humains.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 4 (+2/-0).
J'ai le sentiment que cette course à la publication est l'un des aspects les plus détestables de la recherche actuelle.
C'est devenu la métrique de référence, tant à l’échelon national (pour le financement de la recherche, pour le recrutement des chercheurs, mais c'était déjà le cas il y a 25 ans dans mes souvenirs) qu'international. La vidéo de la conférence en lien ci dessus dit vers la 15ème min que la Chine s'était fixée comme objectif de dépasser les USA en terme de nombre de publications, ce qui fut fait vers 2018. Bravo les gars, un bel exemple du "quand on veut on peut".
Avec un tel référentiel, qu'il y ait des revues plus ou moins bidons et plus ou moins regardantes n'est pas surprenant. D'autant plus que :
Comme il est dit ici pour un autre sujet: oui, il y a quelque chose de pourri …
Et, c'est payé ça ?
Sous entendu: si tu veux ton pognon, fait bien ton job. T'es visible, donc si tu te plantes, gare à toi. En plus les reviewers/soutiers ont déjà fait la moitié du job.
Nan, en fait c'est le thésard qui a presque tout fait (les manips, le code, la rédaction, etc).
Pour finir sur une note plus harmonieuse,
et que ça permet d'avoir un échange scientifiquement fructueux, de faire de belles rencontres (éventuellement, de boire des bières), d'envisager des collaborations etc
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 18 janvier 2025 à 17:10.
Hum… je ne pense pas. On reçoit des emails du genre "Invitation of Joining the Editorial Board/Reviewer Team of…" plusieurs fois par semaine. Par exemple sur la page du journal suivant, il y a un cadre "As an Editorial Board Member, You will Benefit from:" :
http://www.amjcst.net/jy/AtlQ1
Le premier point est "Enhance your academic influence and enrich your resume." Le dernier est "Enjoy special discounts on Article Processing Charges". Mais là c'est au labo que ça bénéficie, ou au budget de l'équipe. Le chercheur publique pourra valoriser ça de différentes façons mais pour l'aspect financier, ça viendra plus tard avec les éventuelles promotions.
Une grande partie du travail est donc faite, du point de vue de l'entreprise (l'éditeur), gratuitement : écriture de l'article, partiellement la mise en page (voire une grande partie de la mise en page si c'est du LaTeX), relecture d'autres articles, participation à un comité éditorial scientifique…
Si tu veux gagner de l'argent de ta plume, c'est possible en écrivant un livre d'enseignement ou de vulgarisation. Là tu es rémunéré en droits d'auteur (il y a une case pour les impôts). Mais les auteurs ne sont pas très bien rémunérés, donc vu le boulot ça sera plus pour le plaisir (ou encore le prestige) que pour arrondir les fins de mois. Encore plus si tu écris en français. Je n'ai pas essayé d'écrire un livre mais j'ai déjà vu des chiffres, en particulier d'un auteur américain dont le livre sur Fortran a plutôt bien marché (toutes proportions gardées vu le sujet).
Ou alors il faut s’appeler Hubert Reeves… (pour notre génération)
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 3 (+1/-0).
Merci pour les précisions.
Décidément, le monde de l'édition scientifique est bien pourri. M'enfin bon, je ne vais pas m'étendre plus à ce sujet.
Ensuite, écrire des bouquins, c'est une autre histoire. Le monde de l'édition classique, c'est aussi un peu la jungle.
Mais sinon, c'est plutôt cool: il y en a des bien techniques, des plus vulgarisateurs, des qui délivrent un message plus "philosophique/politique" on va dire … De temps en temps je m'en lis un histoire de me réveiller les neurones.
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 19 janvier 2025 à 12:55.
Bienvenue dans le monde étrange de l'édition scientifique !
Évidemment, sur le long terme ça bouge. Mais selon le bon vieux principe de Newton, toute action dans un sens implique une réaction dans l'autre sens. Par exemple, beaucoup de journaux étant lisibles avec abonnement, ça posait problème au niveau des principes : quand c'est une recherche financé par de l'argent publique, ça devrait être librement accessible (en plus si tu paies quand tu publies et quand tu lis, c'est double peine). Donc dans le cadre d'un projet financé, on peut maintenant exiger que tu publies en OpenAccess (généralement une licence CC). Sauf que bien sûr l'éditeur va demander nettement plus vu que ça remet en cause son modèle économique avec abonnement.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par thoasm . Évalué à 2 (+0/-1).
Ça monte des initiatives pour éviter ces nouvelles menaces à l'intégrité scientifique. https://zenodo.org/records/14528541 On a vu pendant la crise covid que les scientifiques étaient en première ligne pour lutter contre les mauvaises pratiques à la Didier Raoult … On note dans leur publi qu'ils ont bien conscience qu'il faut lutter contre ça au niveau systémique, à l'heure de Trump dans un des pays les plus producteurs de sciences on peut avoir peur de ce côté là évidemment.
[^] # Re: Une conférence à ce sujet
Posté par Luc-Skywalker . Évalué à 2 (+0/-0).
Je n'ai pas lu le texte, mais j'ai vu que le conférencier sur les "phrases torturées" en était un des signataire.
"Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard
# Articles et GPT
Posté par vmagnin (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 17 janvier 2025 à 15:55.
Fin 2024 j'ai lu un article sur un type de matériaux pour le solaire. C'était un article de review, c'est-à-dire qui passe en revue un grand nombre d'articles dans un domaine pour faire une synthèse. Là, c'était du genre 300 articles.
Au début l'article était intéressant, et globalement il le reste un peu par sa somme, puis au bout de quelques pages j'ai trouvé étrange la répétition d'un certain nombre d'informations. L'article était dense. Et la lecture a commencé à devenir un peu agaçante.
Je me demande si les auteurs n'ont pas utilisé un GPT pour résumer chaque article puis collationné plus ou moins bien l'ensemble. Du coup, comme ces articles tournent tous autour du même sujet, forcément ils disent tous à peu près les mêmes choses sur les propriétés intéressantes du matériau. Et donc il y a des infos qui reviennent quatre ou cinq fois tout le long de l'article dans différentes sections. Si le relecteur avait lu chaque ligne de l'article, il aurait dû demander aux auteurs de corriger cet aspect (et donc de le raccourcir un peu).
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