Forum général.général La GPL, un modèle économique viable ?

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sept.
2004
Bonjour, je me pose certaines questions.

J'entends souvent dire sur LinuxFR qu'en effet la GPL est viable economiquement car il est tout a fait possible de vendre un programme sous licence GPL (Je ne parlerais volontairement pas des frais de support).

Mais prenons un exemple, mettons que votre programme libre preferé (Mozilla Firefox, OOo, The Gimp ...) ait été payant malgre sa licence GPL impliquant son code source libre. Pour le cas de Firefox, qu'est ce qui m'empecherait alors d'acheter une copie de Firefox avec ses sources, de modifier legerement le skin, changer le about et le nom en Starfox par exemple et de le recompiler. Starfox serait forcément a son tour en GPL et je pourrais le distribuer gratuitement ??

Je m'interroge donc sur la viabilité de cette clause qui permet de vendre un soft un GPL. Je connais des developpeurs amateurs qui font ca en dehors de leurs activités et qui vendent des licences aux alentours de 10euros (et aux alentours de 100 euros pour une licence multiposte). Bref pas un gagne-pain mais une bonne activité pour arrondir les fins de mois, surtout quand les logiciels sont tres bien.
Aidez moi a les convaincres de faire du libre (peut etre une licence plus adaptée que la Gnu GPL dans ce cas ?) en pouvant leur assurer qu'il continueront a faire de petit profit sans que quelqu'un forke tout leur boulot d'entrée de jeu (un fork soumis a condition ?), car eux ne pourront pas faire de bénéfice sur un quelconque support.
  • # ne t'interroge pas sur la viabilité de cette clause

    Posté par  . Évalué à 4.

    mais sur celle de leurs développements commerciaux.

    la clause, elle est là depuis des lustres, et tu ne peux pas y faire grand chose. elle fait partie intégrante de la GPL, et tu ne peux pas l'en extraire. elle apporte du code et des droits et impose des règles du jeu. apparement, elle empêche même des choses aussi courante qu'une distribution en shareware (cf cas "xchat").


    si l'exemple de Sodipodi t'inquiète (fork "sauvage" vers Inkscape puis lamentations de l'auteur original qui comptait bien exploiter commercialement Sodipodi), effectivement, la GPL n'est pas à conseiller.


    Il existe plusieurs autres licences libres (et pas seulement "libres selon la FSF"). Ils peuvent très bien prendre une licence qui existe et la modifier, du moment qu'ils l'appellent autrement pour éviter toute confusion. sans parler qu'ici en France, certaines licences écrites aux US ou se voulant "universelles" n'ont peut être aucune valeur.

    (je ne préjuge pas ici de ce que ça implique au niveau du code qui vient d'autres projets GPL, LGPL ou BSD...)

    Mais d'une manière générale, faire du libre et vouloir interdire tout fork me parait peu possible sans licence ad hoc. (licence classique plus ajout d'une clause prioritaire "pas le droit de faire de logiciel du même type que celui ci"), mais il y aura beaucoup de corniauds pour se plaindre que ce n'est pas du Libre avec un grand L comme dans StaLLman.


    une réflexion amusante serait d'inverser les rôles : imaginons que Toto fait un (bon) soft en GPL, gratuit depuis l'an mil, quelqu'un le reprend, fait comme tu dis pour StarFox et se met à vouloir le vendre. qui en voudra ? à part un meilleur "support" comme des mises à jour bien plus rapides que le projet d'origine en cas de bugs ou de failles de sécurité, des builds personnalisés, optimisés ou tout simplement présents pour une plateforme rare... pas grand chose qui apporte de la valeur ajoutée.

    ah, et l'exemple de X-Chat montre que vouloir poser un verrou ou système de clé quelconque va faire râler, aussi.

    divers exemples dans l'industrie existent, JBoss fait du libre mais ne documente pas vraiment son usine à gaz (lire : il fait payer ses "vraies" docs, cher, et il y a un (c) Pas Copier dessus), ce genre de trucs ne sera pas applicable pour un bête jeu de cartes style Tarot. de la même façon, seuls des outils "importants" justifieront qu'une entreprise viennent vous chercher comme consultants experts, les meilleurs puisqu'ayant écrit le logiciel.


    Bon, histoire d'être un peu positif, et histoire de faire un peu de libre quand même, dans le cadre que tu donnes (et infos très restreintes)...

    je leur suggère d'éclater dans un premier temps leur projet ou produit en plusieurs programmes et de mettre en libre des programmes secondaires, non critiques mais importants quand même. si c'est un jeu de course de voitures, mettre en libre l'éditeur de voitures, de circuits, avec un format documenté, et voir ce que donne la "communauté" qui va se former. histoire de voir si tes amis sont compatibles avec certains spécimens de la faune du Libre, d'ailleurs...


    de cette façon, ils feront du libre, même si tout le projet ne l'est pas. et si quelqu'un s'approprie cet éditeur, il ne risque pas d'aller bien loin avec : il en fera peut-être un éditeur de char d'assauts, mais pas un autre jeu de course.


    de la même façon, pour tout programme traitant des données, on pourrait se "contenter" de fournir un éditeur ou une API d'entrée-sortie en libre, pour des plug-ins par exemple.

    Ils peuvent toujours prévoir de rendre public (libre) le code de la version n une fois que la version majeure n+1 sera sortie ET rentabilisée, aka un certain nombre de ventes atteint. proposer les sources de la version actuelle à la vente me parait aller à l'encontre de la paranoia de pas mal de développeurs "amateurs", mais à eux de voir, hein.


    on va me dire que ce n'est pas du 100% GNU-LLLLLibre mais il faut savoir ce qu'on veut. vouloir garder le contrôle d'un projet va de fait CONTRE certaines interprétations du Libre et des Libertés Fondamentales des Utilisateurs et du Logiciel Machin Pardon aux Familles Tout Ca. pourtant Apple fait ça pour Squeak par exemple avec une licence adaptée, et tout le monde ne râle pas.
    • [^] # Re: ne t'interroge pas sur la viabilité de cette clause

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      A propos d'X-Chat le probleme ne vient pas du fait qu'il veux le vendre mais du fait qu'il ne respecte pas les thermes de la licences qu'il a choisi [la GPL] en refusant de donner les sources d'une partie du programme.
      Ceci etant dit si il souhaite vendre sont programme il le peut mais en respectant ca licence.

      Pour l'exemple de starfox, pas la peine de changer des truc et des bidulles, tu peut même directement le revendre, hors si tu n'apporte rien d'interessant personne ne l'achetera, ce qui parait logique. Mais souvent c'est l'original qui reste (cf winzip qui a du mal a se faire detronner par filezip ou 7-zip)

      Maintenant il est claire que les LL ne sont pas viable par eux même, les dont etant faible a premiere vue et seul les gros projets sont sponsorisés. Ce qui marche avec l'economie autour du LL c'est la valeur ajouté que tu apporte : binaire, doc, conseil... ce n'est donc peut etre pas l'ideale pour les fin de mois. Mais je me demande quel type de programmes pouvant etre realisé sur son temps libre pour arrondir les fin de mois n'existe deja pas en freeware ou mieux en libre alors de toute maniere je regarde par 2 fois les features avant d'opter pour du proprio, payant ou non.

      Une solution pourrait etre de proposer une liste de features et d'attendre que la somme des dont soit suffisante pour les sortir.

      Un autre points, il peuvent tjs garder la version n en proprio et passer la version n-1 en libre, genre quake.
    • [^] # Re: ne t'interroge pas sur la viabilité de cette clause

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

      Mais d'une manière générale, faire du libre et vouloir interdire tout fork me parait peu possible sans licence ad hoc. (licence classique plus ajout d'une clause prioritaire "pas le droit de faire de logiciel du même type que celui ci"), mais il y aura beaucoup de corniauds pour se plaindre que ce n'est pas du Libre avec un grand L comme dans StaLLman.

      Du libre qui ne permettrait pas de faire ce que l'on veut du code ne serait tout simplement pas du libre. Pas besoin ici de faire appel à une guerre de chapelles, le fork est une des bases du libre, point. La liberté de reprendre le code permet de s'affranchir des auteurs qui gèrent mal (pour x raisons) leur projet par exemple.
      Le coup du "pas le droit de faire de logiciel du même type que celui ci" ça s'appelle un brevet logiciel.

      Et pour ce qui est "d'arrondir ses fins de mois" avec du libre, à mon avis c'est plus que compromis pour des petits logiciels. le seul espoir réside dans une éventuelle embauche par des boites privées ou un financement par dons (hum).

      Je vois deux raisons (valables ?) souvent avancée pour ne pas faire du libre :
      1) "je ne supporte pas l'idée qu'on me copie"
      2) "je ne supporte pas l'idée de donner quelque chose"

      Si tes amis sont dans ce cas, je ne pense pas que le libre leur convienne...
    • [^] # Re: ne t'interroge pas sur la viabilité de cette clause

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

      Y'a la version aussi de sortir une libn, sois en GPL pour pouvoir la vendre en pas GPL pour ceux qui veulent l'utiliser dans un soft proprio (comme Qt).

      Il aussi le fait faire une lib LGPL et de s'en servir sur une appli proprio.

      "La première sécurité est la liberté"

  • # Ca dépend ce qu'ils proposent

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Si ils ne veulent vendre que du logiciel, c'est assez mal baré de gagner sa vie avec une licence type GPL. Deux exemples que j'ai en tête de projets où les auteurs gagnent leur vie avec c'est :
    • ofbiz http://www.ofbiz.org(...) où ils - D. Jones et A Zenesky - vendent des formations, des développements à façon sur la base de leur framework et surtout un accés priviligié au support (sinon c'est juste la mailing list)
    • RT http://www.bestpractical.com/rt/(...) où la aussi ils vendent des formations, support "premium" et développements de fonctionnalités spécifiques.


    Leurs produits sont donc open-source, mais si on veut du support spécifique, on paye. Si on veut voir ajouter une fonctionnalité pas prévue dans la roadmap (ou en avance) on paye. Si on veut une formation, on paye. Bref, ils vendent plus du service que du logiciel. C'est le même principe pour les distributions gnu/Linux (elles vendent de l'emballage quand t'achètes une boite, un accés privilégié à des mises-à-jour via le club bidule-truc, des formations (Une formation Red-Hat, c'est pas donné par exemple), des goodies et j'en passe surement.

    Le libre, c'est une autre façon de voir tes relations avec tes "clients". Si tes connaissances ne peuvent pas développer ce genre de services autour de leur produit - puisque c'est une activité annexe apparement - il y a peu de chance que cela soit "rentable". Aprés, c'est une question de philosophie ;) et on ne peut pas forcer les gens à faire du libre! Car ils sont libres de ne pas en faire, non?
  • # Libre et profits

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    La première question c'est pourquoi tu veux les convaincre de faire du libre ? La réponse est conditionnée par cette finalité.

    Si tu veux les convaincre car tu veux utiliser leur logiciel sous Linux, tu n'as pas besoin qu'il soit libre pour cela.

    Mais si tu veux les convaincre pour l'idée de liberté et de pérennité apportée par le logiciel libre, alors il est tout à fait logique de comprendre les implications en terme de "fork sauvage". On ne peut pas espérer imposer une liberté ou une pérennité à un logiciel inforkable, c'est juste pas compatible entre eux.

    Si les développeurs amateurs que tu connais ont comme but d'arrondir leurs fins de mois en vendant des logiciels, une licence propriétaire me paraît bien adaptée.


    De manière plus générale, la question de la viabilité économique d'une activité autour d'un logiciel GPL est une question secondaire, qui est certes intéressante mais qui se "greffe" sur un existant. L'existant, c'est la GPL avec son texte, son esprit et sa finalité. Et tout ça ne se préoccupe pas directement d'activité économique[1], mais uniquement de la liberté. Le point central du logiciel libre c'est bien la liberté. Ensuite, des entreprises, se rendant compte que la GPL était compatible avec une activité économique (on peut vendre du logiciel libre), ont bâti leur activité dessus ou autour.

    Reste la question de l'origine : est-ce que RMS et la FSF ont fait leur licence sans restriction à usage commercial afin de susciter une activité économique qui prendrait sa part au développement des logiciels libres, dans un autre but qui nous échappe aujourd'hui, ou bien est-ce un hasard ? Je n'ai jamais vu/lu de réponse à ce sujet, si quelqu'un est tuyauté...


    [1] "pas directement" parce qu'indirectement le fait qu'on puisse vendre un logiciel libre (ce qui est antithétique de la clause bien connue "gratuit pour utilisation non commerciale") la rend "compatible" avec une activité économique

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