A s'adressant à B et C :
- J'ai des mercedes neuves à vous vendre : 20000 € !
B : Super je prends !
C : Dites ce ne serait pas un peu excessif pour ce que c'est ?
A : Sinon j'ai des suzuki ou des kia, évidemment c'est moins bien …
C : Et techniquement ça se compare comment vos mercedes, kia, suzuki ?
A : Ben mercedes, ça c'est de la marque de la vraie. Et puis regardez les formes !
C : Mais les modèles, leurs qualités, desquelles s'agit-il ?
A : De quoi parlez-vous ?
Il est évident pour presque tous que la marque n'est nullement déterminante pour évaluer la qualité d'un produit. Par exemple chez citroën, on ne s'étonnera pas qu'une c1 ne soit pas vendue au même tarif qu'une c5. Cela paraîtrait aberrant. Mais il se trouve que l'acheteur peut juger des produits proposés sur nombre de caractéristiques techniques.
En remplaçant les marques de voitures par des marques de pneus, le dialogue devient immédiatement moins surréaliste et tourne même au tristement banal. Surtout pour quiconque a déjà subi le discours d'un vendeur de pneus européen.
Une rapide observation de l'ensemble des sites de commerce de pneumatiques européens en ligne montre facilement qu'aucun (détrompez-moi éventuellement) n'affiche les caractéristiques techniques permettant de comparer les offres. Le discours étant que le client doit se déterminer en fonction des tarifs et de la marque ; discours qui fait fi de la capacité d'un industriel à proposer des produits de qualité fort hétérogène.
Pourtant des tests standardisés des pneumatiques existent belle et bien. Mais l'idéologie de la marque est si profondément ancrée dans certains esprits que l'on trouvera des commerçants n'hésitant pas à affirmer que l'absence d'information est préférable à celle donnée par des mesures pas suffisamment fiables et exhaustives. Réminiscence des discours de commerciaux de fondeurs de cpu, acharnés à démontrer l'inanité des benchmarks lorsque leur marque est derrière, et les brandissant en étendards dans l'alternative.
Donc pour ceux qui l'ignorerait, tous les pneus commercialisés en Amérique du nord subissent des mesures standardisées appelées tests « UTQG ». Le résultat est résumé en trois indices (portés sur le flanc des pneus) nommés treadware, temperature, & traction donnant des indications sur — respectivement — la durabilité, la résistance à la température, et l'adhérence. Et si les commerciaux européens se refusent à en faire profiter leurs clients, le grand ternet et l'U.S. departement of transportation les rendent tout de même disponibles pour tout un chacun. On trouvera donc sur safercar.gov l'ensemble des indices UTQG de pneumatiques pour véhicules de tourisme commercialisés aux USA.
Malheureusement les constructeurs ont compris le truc et disposent de multiples stratégies pour empêcher leurs clients d'obtenir des informations pertinentes : vendre des références de pneus différentes en fonction du marché ; mieux encore vendre des pneus différents sous la même marque dans les différents marchés …
Finalement après des dizaines d'années, l'union européenne se décide enfin à mettre en place une réglementation pour informer les citoyens quant aux pneumatiques : le règlement 1222/2009. On trouvera de nombreuses informations sur le sujet, dont en particulier ce pdf sous forme de question réponse sur le site du TNPF (site comportant nombre d'information de premières mains sur le sujet des pneus). Ce règlement rend obligatoire l'affichage de trois indices : coefficient de résistance au roulement (~économie d'énergie), adhérence sur route mouillée, et nuisances sonores. Ce règlement est en vigueur dès ce jour (1er juillet 2012) pour les pneus livrés en magasins. À partir du premier novembre tous les pneus concernés devront être étiquetés.
De nombreuses remarques peuvent être faites sur ce règlement. La coïncidence avec un autre événement majeur en France pour le code de la route amène nécessairement à une comparaison. Est-il plus utile de connaître mieux ces pneus, ou d'être équipé d'un outil qui permet aux sobres de vérifier leur alcoolémies et aux ivrognes de prendre le volant en toute confiance pour cause de défaut de fiabilité d'un dispositif ne résistant pas à ses conditions d'entreposage ?
Aussi, n'est-il pas quelque peu humiliant de constater que nos autorités continuent leur tendance aux notations de types ABC…FG, plutôt que d'afficher les mesures ? Peut-être parce que ces chiffres sont trop complexes pour M. Michu ? Mais alors comment se fait-il que la seule mesure réalisée sur une échelle logarithmique soit, elle, donnée en valeur numérique ? M. Michu ne comprend pas la proportionnalité mais maîtrise le logarithme en base 10 ?
Enfin derniers points pour ce trop long discours : Alors qu'en matière de pneumatiques la majorité des gens s'intéressent prioritairement à la longévité, à l'adhérence, et à la résistance au roulement ; alors que les tests UTQG donnent déjà des indications utiles sur la longévité et l'adhérence ; comment se fait-il que la réglementation européenne néglige de faire évaluer la résistance à l'usure des pneus ? Pourquoi attendre tant de décennies pour ne même pas réussir à harmoniser nos normes avec celles des É.-U. d'A. ? Aurait-il été si coûteux d'éventuellement reprendre leurs tests ? Pourquoi la doctrine de « l'absence d'information vaut mieux qu'une information parcellaire » a-t-elle prédominé ? Mystère.
Ce bref journal (sur les forums à cause de la disparition des journaux de seconde page) avait pour but de vous partager ces quelques liens utiles, et de poser en conclusion les questions suivantes : et vous, comment faites-vous choisir vos pneumatiques ? Combien de kilomètres durent-ils (en général et en fonction de leur treadwear et du véhicule éventuellement) ?
Édition du 2012/08/07
NB : merci de lire treadwear et non treadware partout où la faute est répétée. Pour ma défense, j'invoquerais et l'hyper polysémie anglophone et la proximité sémantique comme orthographique des deux termes. Ware ayant parmi ses synonymes le verbe consume ( = consommer, consumer en français) ce qui le rendrai potentiellement adapté pour désigner l'usure de la chape d'un pneumatique ; nonobstant qu'il ne s'agit pas là de sa signification première. C'est donc bien treadwear qui est employé pour désigner l'un des indices les plus informatif de la norme UTQG.
# Que choisir
Posté par JoeltheLion (site web personnel) . Évalué à 5.
Que Choisir a un test pour les pneumatiques, comme pour beaucoup d'autres produits. L'accès à leur site coûte 5€ par mois, mais ils sont largement rentabilisés vu la pertinence des informations.
[^] # Re: Que choisir
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 02 juillet 2012 à 14:19.
N'est-ce pas un peu dommage de devoir recourir à des investigations privées limitées lorsque la collectivité finance des tests exhaustifs ?
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: Que choisir
Posté par JoeltheLion (site web personnel) . Évalué à 3.
Si, bien sûr :) Mais faute de grives …
[^] # Re: Que choisir
Posté par jolitorax . Évalué à 3.
L'adac le fait également de manière tres régulière et les résultats sont en accès libre
http://www.adac.de/infotestrat/tests/reifen/default.aspx
C'est le site que j'utilise pour choisir mes pneus, surtout pour les pneus hiver qui sont très important pour moi.
Sinon 2 hivers + un été ce qui doit faire moins de 20 000 km sur mon ancien express.
Pour la moto moderne, un bon pneu est noir, rond, un peu sportif et en promo… Lorsqu'ils dépassent les 3000 kilomètres, c'est Byzance.
# Evo
Posté par nono14 (site web personnel) . Évalué à 5.
Comparatif pneus hiver, été il y a peu.
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# Comment faites vous ?
Posté par houra . Évalué à 3. Dernière modification le 03 juillet 2012 à 22:40.
Tiens d'ailleurs, à ce sujet : En 1992, je crois, j'avais des pneus hiver Michelin XM+S 100 , dont le niveau d'usure était arrivé à un tel point, que nous avons décidé de les garder jusqu'à leur usure complète.
Les fortes chaleurs de Mai et les pluies de giboulées aidant, ces pneus se sont retrouvé totalement lisses au mois de Mai.
Le garagiste m'a proposé des Dunlop SP ( je sais pas combien, les SP ), malheureusement, les pneus de chez Dunlop s'avéraient beaucoup moins adhérents sur une flaque que les XM+S 100 totalement lisses !
Les organismes normatifs auraient tout simplement dû interdire ces pneus à la commercialisation.
Je sais pas comment Michelin a évolué, mais, d'une part, les essais avec les Conti montés sur une Twingo DCI neuve, et d'autres parts, certaines observations personnelles me font penser que les meilleurs Continental ne valent toujours pas la moitié de leur poids en Caoutchouc. ( à froid sur le mouillé, ils glissent. à chaud, ils tiennent, mais s'usent relativement vite )
33 000 km, à l'avant ils viennent d'arriver au témoin d'usure. ( ils sont bons à changer ).
Pour Michelin, je sais pas ce qu'il en est aujourd'hui.
Pour les MX-L de l'époque, j'ai une paire qui a fait + de 200 000 km à l'arrière sur 2 Lada Samara. Avec une bonne tenue en adhérence. A l'avant, ils tenaient 60 000 km, alors que d'autres marques ne tenaient que 35 000 km avec une adhérence moindre ( mêmes routes, même conduite ) . Les MX-L ont cessé d'être produits très vites. A l'époque, les ingénieurs Michelin utilisaient le circuit de Charade pour tester leurs pneus. Et ça se voyait.
Sedullus dux et princeps Lemovicum occiditur
[^] # Re: Comment faites vous ?
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 3.
Merci pour tout ces détails.
Vous évoquez le problème de comparaison inter-marques. À mon avis, la problématique est plus complexes encore. Comme on peut le voir là, il existe une énorme variabilité intra-marque. Par exemple chez continental la durabilité d'un pneu varie presque du simple au triple ; et Michelin détient une sorte de record avec un rapport dépassant l'octuple.
Puisque vous faites l'effort de partager des données factuelles, la moindre des politesses semble de vous en retourner quelques-unes. Personnellement je n'ai jamais rencontré de problèmes d'adhérence (sauf sur de la neige très épaisse avec des pneus d'été). Pour ce qui est de la longévité des pneus j'ai eu l'expérience suivante :
- sur une seat cordoba (1,4 tonnes 70 ChV), pneumatiques firehawk avec treadware de 400 usés à l'avant au bout de 50000 km, à vue de nez ceux de l'arrière devraient encore pouvoir faire 20 à 30000 km.
- sur une AX (750 kg et ~50 ChV), pneumatiques falken sincera, treadware 380 (de mémoire), plus de 40000 km à l'avant et environ autant à l'arrière sans que les pneus ne soient achevés (encore un peu de marge face aux témoins d'usures).
- Récemment achetés des hankook optimo 4S pour l'avant de la cordoba. D'après safercar.gov le treadware serait de 600. Malheureusement, impossible de vérifier sur les pneus, le marquage UTQG est absent.
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[^] # Re: Comment faites vous ?
Posté par nono14 (site web personnel) . Évalué à 3.
Mon véhicule neuf ( clio 2 dci 80ch ) était équipé de Continental, trés bonne tenue sous la pluie/sur le sec, ils ont tenu 20000km.
Par contre les michelins qui les ont remplacés sont encore dessus ( +45000km, reste 1.5mm d'usure ), mais la tenue de route sous la pluie est vraiment moins bonne ( 50% d'adhèrence en moins ). C'est un compromis, il faut choisir entre la d'adhérence/longévité.
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