Avec cette remarque je ne comprends pas comment tu te revendique "queer informatique" puisque c'est l'essence de l'informatique.
Alors déjà je ne me revendique pas "queer informatique" : ce n'est pas ce que dit le titre de mon journal.
Ce que dit le titre, c'est que le Libre est queer.
Et Libre != informatique.
Tu ne peux pas subvertir le logiciel pour qu'il soit autre chose que de l'automatisation et donc qu'il remplace des métiers.
Je ne suis pas non plus d'accord sur ce point. Regarde Internet : j'ai l'impression qu'il a surtout permis une meilleure communication entre les humain·es (du moins à ses débuts, avant que tout soit privatisé -plateformisé - IAshittifié). Regarde des logiciels comme OpenStreetMap, PeerTube et compagnie : ça ne remplace pas des métiers (?) et ça nous facilite plutôt la vie.
Plutôt que d'automatiser des trucs que les humains aiment faire, s'il faut automatiser ce serait plutôt les trucs chiants or quelque part, c'est exactement le contraire qui se produit avec l'"IA" : d'auteurices/créateurices/développeureuses on devient simples relecteurices, correcteurices.
J'ai beaucoup aimé ta conférence sur l'IA aux JDLL. Merci de l'avoir retranscrite au passage, ce qui m'a permis d'y accéder.
Merci :-)
je comprends bien la détestation de l'IA en tant que projet politique, mais j'ai l'impression que tu ne l'applique pas forcément à tous les outils placés sous le nom "d'IA". S'il y a des modèles réellement libres qui émergent, c'est à dire avec des données acquises en respectant les licences, est-ce que tu considèrerais ça comme acceptable ?
En fait, des systèmes résultant d'apprentissage stochastique libres et qui ne crament pas la planète ça existe déjà (en tant que chercheureuse par exemple on peut s'amuser à entraîner un modèle de A à Z) ; évidemment c'est moins "puissant" qu'un truc du type ChatGPT mais la bonne question qu'il faut, je pense, se poser, c'est "puissant pour quoi faire ?".
A-t-on vraiment besoin de tels outils ? Pour quel usage ?
Outre le côté éthique/écologique, peut-on encore qualifier de "Libre" un outil qui nécessiterait de posséder un data center (et les capacités énergétiques, les ressources en eau…) associées pour le créer / le faire tourner ? Peut-être dans un système où les data centers seraient un commun, mais dans notre système ?
D'autant que ne l'oublions pas, il y a également beaucoup de travail humain (des humain·es sous-payées, souvent traumatisé·es par les contenus qu'ils et elles doivent traiter, classer, identifier) derrière ces SRAS. Il ne faudrait pas penser que ça se fait tout seul juste avec beaucoup de données, une grosse machine et quelques bons algos.
De même que le copyleft est effectivement basé sur le copyright pour le détourner de son objectif initial, est-ce que tu envisages que les outils et algorithmes associés à "l'IA" puissent être détournés pour un usage profitable ?
La question est : les détourner pour quoi faire ?
Il faut déjà avoir pleinement conscience de ce que cela peut, et ne peut pas, faire correctement. C'est juste une machine à recracher du texte (ou des images) en fonction de poids statistiques obtenus à force d'entraînement (et pas mal d'huile humaine aussi). Ça ne "pense" pas, ça ne "cherche" pas. Ça ressort du plausible, pas du correct. C'est en général très fortement biaisé envers les populations non dominantes (aka non mec blanc cis causant l'anglais).
Le vrai but des techbros qui poussent à l'adoption des gadgets d'IA actuels est profondément néolibéral : automatiser des jobs auparavant épargnés, pour précariser encore un peu plus les travailleureuses. Virer les artistes, les traducteurices, les développeureuses pour mettre des machines à leur place - quitte à garder quelques humain·es pour babysitter les machines (j'adore cette image, elle vient de The AI Con, il faut vraiment lire ce livre, il y a tout dedans pour comprendre).
Tout en nous faisant perdre nos repères par rapport à ce qui est un fait, et ce qui n'est qu'une invention de ces machines à produire du plausible.
Par conséquent, pour moi, le "hack", ce serait déjà de ne pas se faire avoir quant à ce que sont réellement ces outils. Ce serait de documenter leurs failles. Étudier leurs biais. Faire un travail d'éducation critique auprès du grand public comme on a pu le faire concernant les outils des GAFAM : c'est en fait leur nouvel avatar.
J'en profite pour signaler cet article, qui résume brillamment la situation actuelle concernant l'IA.
Les logiciels ne remplaceront jamais les êtres humains, et ceux qui défendent leur déploiement le savent. Tout ce que les fossoyeurs de la démocratie attendent de l'outil technique, c'est qu'il soit perçu comme un concurrent plausible du fonctionnaire le temps du remplacement de la bureaucratie par l'infrastructure
Je trouve assez fallacieux de résumer l'IA aux réseaux de neurones. Surtout en ce qui concerne la question du libre.
Un réseau de neurones fourni sans la base de données et la méthode détaillée d'apprentissage utilisées c'est exactement comme un logiciel dont on ne fournirait pas le code source. C'est complètement non reproductible.
En ce qui me concerne, j'utilise SRAS (Système Résultant d'Apprentissage Stochastique) pour désigner la techno et IA pour l'idéologie derrière, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour l'instant.
C'est une formulation mathématique de ce que j'ai écrit en toutes lettres :-)
Bah oui je sais :-)
si VLC utilise whisper, pourquoi ça ne serait pas de l'IA ? Comment definis-tu l'IA ?
Mon propos est précisément de dire qu'il faut arrêter d'utiliser ce terme fourre-tout d'IA, qui peut désigner un peu tout et n'importe quoi, d'un truc basique comme ELIZA aux trucs d'aujourd'hui en passant par les systèmes experts des années 80.
Je ne vais donc PAS donner une définition de ce que j'entends par IA parce que PERSONNE N'EN A, et c'est bien ça le problème. On pourrait trouver des contre-exemples assez facilement à ta propre tentative de définition (sauf si on décide de n'appeler IA que les trucs d'aujourd'hui, mais alors, autant les appeler SRAS ce sera moins trompeur).
Or moi, ça me pose un gros problème de définir un domaine d'étude sur un sujet que l'on ne parvient pas bien à définir et qui désigne plus un résultat (ou une absence de connaissances face à un résultat) qu'un ensemble clair de techniques (cf ELIZA). Sauf, comme je le disais, à l'étudier en tant que concept idéologique.
Car l'IA pour moi, si c'est quelque chose, ce n'est pas une technique. C'est un ensemble d'idées, de croyances, d'envies, une façon de voir le monde (bref, une idéologie) consistant à dire qu'il est possible de remplacer l'intelligence humaine par des machines et qu'il est bon de le faire. Qu'il faut le faire.
Merci beaucoup pour cette référence, je vais regarder ça !
Il s'agit ici de critères pour le machine learning, qui est pour le coup une technique tout à fait identifiable et sur laquelle on peut effectivement réfléchir en termes de libre/non libre.
Contrairement à l'"IA" (que je ne qualifierais pas de domaine d'étude, à part peut-être en tant que concept idéologique).
Et bien sûr, libre≠vertueux.
En revanche, j'ai tendance à penser que vertueux => libre mais comme tu le dis, ça reste très subjectif ;-)
Je note donc que tu dis tout et son contraire, c'est surtout ça qui est incompatible, il faudrait que tu clarifies dans ton esprit.
Oui je suis un peu bête et je ne comprends rien à ce que je dis, pardon :-)
"Le mouvement du libre, c’est affirmer et lutter pour la liberté des utilisateurices, quelles qu’iels soient." est incompatible avec " l'IA ne peut pas être compatible avec le Libre", il te faut choisir car "IA" est un "quelles qu’iels soient".
Mais là, pour le coup, je crois que c'est toi qui n'as rien compris à ce que j'ai écrit.
[^] # Re: Où placer la subversion ?
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 2 (+3/-1).
Alors déjà je ne me revendique pas "queer informatique" : ce n'est pas ce que dit le titre de mon journal.
Ce que dit le titre, c'est que le Libre est queer.
Et Libre != informatique.
Je ne suis pas non plus d'accord sur ce point. Regarde Internet : j'ai l'impression qu'il a surtout permis une meilleure communication entre les humain·es (du moins à ses débuts, avant que tout soit privatisé -plateformisé - IAshittifié). Regarde des logiciels comme OpenStreetMap, PeerTube et compagnie : ça ne remplace pas des métiers (?) et ça nous facilite plutôt la vie.
Plutôt que d'automatiser des trucs que les humains aiment faire, s'il faut automatiser ce serait plutôt les trucs chiants or quelque part, c'est exactement le contraire qui se produit avec l'"IA" : d'auteurices/créateurices/développeureuses on devient simples relecteurices, correcteurices.
[^] # Re: Où placer la subversion ?
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 5 (+6/-1).
Merci :-)
En fait, des systèmes résultant d'apprentissage stochastique libres et qui ne crament pas la planète ça existe déjà (en tant que chercheureuse par exemple on peut s'amuser à entraîner un modèle de A à Z) ; évidemment c'est moins "puissant" qu'un truc du type ChatGPT mais la bonne question qu'il faut, je pense, se poser, c'est "puissant pour quoi faire ?".
A-t-on vraiment besoin de tels outils ? Pour quel usage ?
Outre le côté éthique/écologique, peut-on encore qualifier de "Libre" un outil qui nécessiterait de posséder un data center (et les capacités énergétiques, les ressources en eau…) associées pour le créer / le faire tourner ? Peut-être dans un système où les data centers seraient un commun, mais dans notre système ?
D'autant que ne l'oublions pas, il y a également beaucoup de travail humain (des humain·es sous-payées, souvent traumatisé·es par les contenus qu'ils et elles doivent traiter, classer, identifier) derrière ces SRAS. Il ne faudrait pas penser que ça se fait tout seul juste avec beaucoup de données, une grosse machine et quelques bons algos.
La question est : les détourner pour quoi faire ?
Il faut déjà avoir pleinement conscience de ce que cela peut, et ne peut pas, faire correctement. C'est juste une machine à recracher du texte (ou des images) en fonction de poids statistiques obtenus à force d'entraînement (et pas mal d'huile humaine aussi). Ça ne "pense" pas, ça ne "cherche" pas. Ça ressort du plausible, pas du correct. C'est en général très fortement biaisé envers les populations non dominantes (aka non mec blanc cis causant l'anglais).
Le vrai but des techbros qui poussent à l'adoption des gadgets d'IA actuels est profondément néolibéral : automatiser des jobs auparavant épargnés, pour précariser encore un peu plus les travailleureuses. Virer les artistes, les traducteurices, les développeureuses pour mettre des machines à leur place - quitte à garder quelques humain·es pour babysitter les machines (j'adore cette image, elle vient de The AI Con, il faut vraiment lire ce livre, il y a tout dedans pour comprendre).
Tout en nous faisant perdre nos repères par rapport à ce qui est un fait, et ce qui n'est qu'une invention de ces machines à produire du plausible.
Par conséquent, pour moi, le "hack", ce serait déjà de ne pas se faire avoir quant à ce que sont réellement ces outils. Ce serait de documenter leurs failles. Étudier leurs biais. Faire un travail d'éducation critique auprès du grand public comme on a pu le faire concernant les outils des GAFAM : c'est en fait leur nouvel avatar.
# Quelques liens pour compléter
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal Mais arrêtez de massacrer la planète !. Évalué à 8.
Hello,
J'en profite pour signaler cet article, qui résume brillamment la situation actuelle concernant l'IA.
Sinon, Cloudflare a mis en place une défense assez sympa :-)
# Pourquoi dire IA si on ne parle que des réseaux de neurones ?
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une intelligence artificielle libre est-elle possible ?. Évalué à 5.
Je trouve assez fallacieux de résumer l'IA aux réseaux de neurones. Surtout en ce qui concerne la question du libre.
Un réseau de neurones fourni sans la base de données et la méthode détaillée d'apprentissage utilisées c'est exactement comme un logiciel dont on ne fournirait pas le code source. C'est complètement non reproductible.
En ce qui me concerne, j'utilise SRAS (Système Résultant d'Apprentissage Stochastique) pour désigner la techno et IA pour l'idéologie derrière, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour l'instant.
Et j'ai déjà donné mon avis sur la question ;-)
[^] # Re: Réflexions sur le sujets chez Debian
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal L'IA est-elle compatible avec le Libre ?. Évalué à 2.
Bah oui je sais :-)
Mon propos est précisément de dire qu'il faut arrêter d'utiliser ce terme fourre-tout d'IA, qui peut désigner un peu tout et n'importe quoi, d'un truc basique comme ELIZA aux trucs d'aujourd'hui en passant par les systèmes experts des années 80.
Je ne vais donc PAS donner une définition de ce que j'entends par IA parce que PERSONNE N'EN A, et c'est bien ça le problème. On pourrait trouver des contre-exemples assez facilement à ta propre tentative de définition (sauf si on décide de n'appeler IA que les trucs d'aujourd'hui, mais alors, autant les appeler SRAS ce sera moins trompeur).
J'invite à lire ce que dit Ali Alkhatib à ce propos.
Or moi, ça me pose un gros problème de définir un domaine d'étude sur un sujet que l'on ne parvient pas bien à définir et qui désigne plus un résultat (ou une absence de connaissances face à un résultat) qu'un ensemble clair de techniques (cf ELIZA). Sauf, comme je le disais, à l'étudier en tant que concept idéologique.
Car l'IA pour moi, si c'est quelque chose, ce n'est pas une technique. C'est un ensemble d'idées, de croyances, d'envies, une façon de voir le monde (bref, une idéologie) consistant à dire qu'il est possible de remplacer l'intelligence humaine par des machines et qu'il est bon de le faire. Qu'il faut le faire.
[^] # Re: Réflexions sur le sujets chez Debian
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal L'IA est-elle compatible avec le Libre ?. Évalué à -1.
Merci beaucoup pour cette référence, je vais regarder ça !
Il s'agit ici de critères pour le machine learning, qui est pour le coup une technique tout à fait identifiable et sur laquelle on peut effectivement réfléchir en termes de libre/non libre.
Contrairement à l'"IA" (que je ne qualifierais pas de domaine d'étude, à part peut-être en tant que concept idéologique).
Et bien sûr, libre≠vertueux.
En revanche, j'ai tendance à penser que vertueux => libre mais comme tu le dis, ça reste très subjectif ;-)
[^] # Re: Toujours à vouloir limiter le libre...
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal L'IA est-elle compatible avec le Libre ?. Évalué à 3. Dernière modification le 21 janvier 2025 à 22:04.
Oui je suis un peu bête et je ne comprends rien à ce que je dis, pardon :-)
Mais là, pour le coup, je crois que c'est toi qui n'as rien compris à ce que j'ai écrit.
[^] # Re: Toujours à vouloir limiter le libre...
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal L'IA est-elle compatible avec le Libre ?. Évalué à 4.
Je crois que tu te méprends profondément sur ma conception du libre :-)
(si tu lis ce que j'en dis à la fin de ma conf à Capitole du libre je crois que c'est assez clair)
# Merci
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse à la dépêche Aux (codes) sources de la poésie. Évalué à 5.
Merci pour cette belle découverte !
# IA
Posté par Khrys (site web personnel) . En réponse au journal Quelques notes de lecture. Évalué à 2.
Bonjour, en ce qui concerne le sujet de l'IA, je recommande vivement Artificial Intelligence: A Guide for Thinking Humans de Melanie Mitchell. Ça ne semble pas encore traduit en français, malheureusement.