• # Problème de méthodologie

    Posté par  . Évalué à 4.

    En fait, cet article serait plutôt "Pourquoi certains acteurs des sciences sociales refusent la méthode scientifique?". Par contre, c'est étonnant, beaucoup aiment bien coller le mot "sciences" devant le nom de leur discipline, tout en continuant à publier leurs élucubrations qui ne sont pas censées être testables ou vérifiables par des expériences ou des données.

    • [^] # Re: Problème de méthodologie

      Posté par  . Évalué à 4.

      Je pense que ce que l’article veut montrer, c’est que les indicateurs c’est bien, le réel surtout s’agissant de personnes, c’est mieux.

      Un parallèle avec ce qui a été fait pour la police est à mon sens éclairant : se baser « sur du solide », des chiffres, des statistiques « indiscutables » puisque « factuels » et non sur le réel a abouti au résultat que l’on sait : une police coupée du peuple qu’elle est sensée protéger (même si je sais bien qu’au fond, le rôle de la police est d’asseoir la position des dominants, cela peut se faire en plus ou moins bonne intelligence).

      « Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »

      • [^] # Re: Problème de méthodologie

        Posté par  . Évalué à 1.

        Je pense que ce que l’article veut montrer, c’est que les indicateurs c’est bien, le réel surtout s’agissant de personnes, c’est mieux.

        C'est plus que cela, c'est que le recours systématique et exclusif à des méthodes quantitatives pose de nombreux problèmes, cf cet article apparenté

      • [^] # Re: Problème de méthodologie

        Posté par  . Évalué à 5. Dernière modification le 25 août 2023 à 15:54.

        J'ai l'impression qu'on parle quand même de choses qui sont très différentes. La recherche en sciences de l'éducation, c'est un domaine des sciences humaines, qui cherche à comprendre l'influence des différentes méthodes d'enseignement sur les élèves, à court terme (par exemple sur la note qu'ils auront au contrôle), à long terme (par exemple sur les scores d'alphabétisation), et sur la société (niveau de vie, emploi, criminalité, etc).

        Je ne connais rien au sujet, mais les sciences de l'éducation, c'est un domaine dominé par les courants dogmatiques. Différentes philosophies de l'enseignement sont apparues pour coller à différents courants religieux, politiques, ou pseudo-scientifiques (comme la psychanalyse); puis à différents mouvements ou tendances de la société (avant/après Mai 1968, typiquement). Les changements de ministres sont souvent associés à des innovations drastiques, soufflées par des conseillers douteux, à qui ont doit par exemple les maths modernes ou la méthode globale. Par dessus, en France, tu as des "innovations" qui viennent des ministères et des écoles supérieures de formation (IUFM, puis ESPE), qu'on peut sans trop exagérer assimiler à un mouvement pseudoscienfique (c'est eux qui inventent le fameux jargon ridicule), et dont les réformes successives ont pour principal objectif de diminuer leur pouvoir de nuisance.

        Tout ça pour dire qu'il faut bien se rendre compte que quasiment rien dans les programmes scolaires ou la formation des enseignants n'a de base scientifique, et c'est aussi vrai dans la plupart des domaines liés (typiquement, la formation professionnelle). Une des raisons, c'est que les multiples "pédagogues" issus d'une école de pensée ou d'une autre ne souhaite absolument pas que les méthodes qu'ils proposent soient testées. La raison, c'est juste que la méthode est basée sur des considérations idéologiques (souvent avec de bonnes intentions), et que la pédagogie n'est qu'une excuse.

        Par exemple, les défenseurs des méthodes fondées sur la "bienveillance" (absence de sanctions en cas d'échec ou de non-respect des règles) prétendent qu'on apprend mieux dans ce genre de contexte. Il faut bien avoir conscience qu'ils se moquent complètement que cette dernière phrase est vraie ou fausse, et ne souhaitent absolument pas que cette affirmation soit testée. L'augmentation du niveau d'étude au recrutement (master au lieu de licence) est fondée sur l'argument de la qualité de l'enseignement, mais c'est évidemment sans rapport avec la question (qui tourne plutôt autour des effectifs universitaires, des durées des carrières, de la revalorisation des grilles de salaires, etc). Je ne vais pas faire une liste avec des centaines d'exemples, mais tout est comme ça : l'introduction d'outils numériques, les devoirs à la maison, l'évaluation, les classes de niveau, etc etc; tout ça n'est que du dogme politique.

        Du coup, il faut lire entre les lignes. Quand un professionnel de la pédagogie dit "Les sciences de l'éducation sont trop complexes pour être approchées par les méthodes réductionnistes issues de la pensée positiviste", il veut en faire dire "il est hors de question que mes convictions dans le domaine puissent être remises en cause sur des bases rationnelles".

        Regarde ce qu'il écrit: Le discours sur les données probantes est souvent très exclusif. Certains auteurs proposent même une hiérarchie formelle des approches méthodologiques et de la robustesse des « preuves » en recherche. Ah bah oui mon gars, c'est un peu ça l'idée de la recherche scientifique, en fait. Si tu as sorti tes méthodes pédagogiques de ton fondement et que tu te refuses à les évaluer de manière contradictoire, c'est que tu fais un peu de la m***, en fait. Seuls les charlatans tiennent ce genre de discours.

        Ça me fait un peu penser à la chroniqueuse que France Inter a eu l'idée saugrenue de mettre à l'antenne cet été; elle milite pour plus de dialogue entre la médecine et la psychanalyse. Il y a un côté "Je rêve d'un monde où les Juifs et les Nazis pourraient discuter paisiblement."

        • [^] # Re: Problème de méthodologie

          Posté par  . Évalué à 10.

          L'évaluation en science de l'éducation ça veut en pratique dire classement PISA qui ne mesurent que ce qu'ils mesurent, et les innovations qui sont prétendues être testées en terme de pédagogie le sont pour des raisons pratiques faites sur des petites effectifs dans des classes souvent privilégiées et se heurtent en pratique à une mise en place qui ne fonctionne pas sur des classes ordinaires.

          Il y a aussi le souci de ce qu'on attend d'une éducation, et si à la fin c'est faire des citoyens responsables ou, dans une autre optique, une bonne insertion sur le marché du travail, pour prendre des buts politiques existants, alors ça prend une génération au mieux a tester, c'est difficile à objectiver et le temps de faire l'xp les conditions ont changées et les conclusions ne sont pas transposables pour la génération d'après…

          Le truc c'est que les évaluations, l'institution en produit à la pelle. C'est un peu ironique de leur en demander toujours plus.

        • [^] # Re: Problème de méthodologie

          Posté par  . Évalué à 5.

          Je ne connais rien au sujet

          Ça n'est manifestement pas un obstacle pour pondre une tartine fastidieuse, définitive et surplombante.

          • [^] # Re: Problème de méthodologie

            Posté par  . Évalué à 8.

            C'est pas grave puisque justement je n'ai pas parlé de sciences de l'éducation. J'ai parlé des théories pseudoscientifiques fumeuses mises en avant par les charlatans de l'éducation, et les raisons pour lesquelles ils font tout pour qu'elles ne soient pas remises en cause par des choses aussi vulgaires que de la science et des données.

            Après, si tu n'aimes pas mon style, tu n'es pas obligé de lire.

            • [^] # Re: Problème de méthodologie

              Posté par  . Évalué à 0. Dernière modification le 25 août 2023 à 17:37.

              tu n'es pas obligé de lire

              Merci beaucoup.

              Mais sois sans crainte : pas besoin de tout lire pour mesurer le poids de ton mépris ;o).

              • [^] # Re: Problème de méthodologie

                Posté par  . Évalué à 6.

                Je méprise les charlatans, c'est évident. Mais je pense que les charlatans sont des gens éminemment méprisables, de toutes manières. Certains ne sont pas conscients qu'ils sont des charlatans (ça semble être le cas de certains naturopathes, etc), mais ça n'enlève pas qu'ils gagnent leur vie en tant qu'imposteurs, et en se gardant bien de se poser des questions.

                Par contre, je n'ai absolument rien contre toi, je ne sais pas du tout comment tu as pu imaginer le contraire. Tu as répondu à mon post de manière super-agressive et ad-hominem, ce qui a définitivement pourri la discussion.

                • [^] # Re: Problème de méthodologie

                  Posté par  . Évalué à 4.

                  Mais qui seraient ces charlatans en éducation? Les personnes qui pratiquent une activité en rapport avec l'éducation (enseignants, formateurs, chercheurs…) sans se conformer à la méthode scientifique?
                  Tout est-il mesurable en éducation? Peut-on tirer des généralités d'observations nécessairement plongées dans un certain contexte? Et d'ailleurs, qu'est-ce que l'éducation?

                  • [^] # Re: Problème de méthodologie

                    Posté par  . Évalué à 10.

                    Les charlatans de l'éducation ce sont peut-être ceux qui pensent qu'une méthode ou un gadget magique va révolutionner l'apprentissage et la transmission des savoirs, ou pire, qui font semblant d'y croire tout en expliquant qu'avec cette méthode magique on va pouvoir se passer de recruter des profs au niveau requis préalablement, diminuer le nombre d'heures de cours, ne pas investir dans les infras, tout en externalisant des travaux et activités péri-scolaires pour des coûts non négligeables (euphémisme) avec un retour sur investissement qui bizarrement n'est plus analysé avec les mêmes indicateurs ayant conduit à penser que ça serait mieux fait si c'était fait ailleurs.

        • [^] # Re: Problème de méthodologie

          Posté par  . Évalué à 6.

          Je comprends bien l’idée de mesurer l’efficacité des méthodes éducatives, et je pense qu’effectivement leur évaluation est non seulement souhaitable, mais nécessaire.

          Je pense cependant que s’agissant de personnes, vouloir être objectif reste une gageure. Ça ne me semble possible qu’en restant très général :
          - capacité de lecture
          - capacité de comptage
          - compréhension complexe (lecture de graphique, etc.

          Tout l’enjeu étant de garantir ces évaluation sur une longue période sans trop changer les règles (alors que l’école subit des réformes tous les 4 matins).

          Pour ce qui est de la « scientificité » des méthodes, je trouve l’expérience de Piaget éclairante : ce dernier avait montré selon un protocole tout à fait reproductible que les enfants confondaient extension spatiale et quantité jusqu’à environ 7 ans à l’aide d’un nombre fixe de jetons plus ou moins espacés. Avant 7 ans, les enfants désignent le plus grand nombre de jetons par ligne la plus longue.

          Cette expérience qui a été une référence pendant des années a été battu en brèche simplement en remplaçant les jetons par des bonbons : « bizarrement », les enfants réussissaient le test bien plus précocement !

          Pour finir, il faut savoir ce qu’on veut mesurer :
          - l’école doit-elle préparer au marché du travail (satisfaire l’employabilité demandée par les entreprises) ?
          - l’école doit-elle préparer à la citoyenneté (permettre de voter en toute connaissance de cause) ?
          - l’école doit-elle épanouir les élèves (faire en sorte qu’ils soient heureux d’y aller) ?

          « Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »

          • [^] # Re: Problème de méthodologie

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

            Je rajouterais ces questions :
            — l'école doit-elle coûter le moins cher possible ?
            — Doit-elle détruire l'estime de soi de l'essentiel de la jeunesse afin de former des adultes serviles et non engagés politiquement ?

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

          • [^] # Re: Problème de méthodologie

            Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 26 août 2023 à 22:26.

            Pour finir, il faut savoir ce qu’on veut mesurer :

            Entièrement d'accord. La plupart de ces rôles sont très difficiles voire impossible à représenter et à mesurer avec des méthodes scientifiques réductionnistes conventionnelles.
            Donc, tout ce que l'on risque d'obtenir avec le recours systématiques à ces méthodes c'est une école fondée sur la transmission verticale de savoirs (la réussite à un QCM, c'est facile à mesurer ; l'engagement dans un projet de groupe ou l'épanouissement, c'est tout de suite une autre paire de manches) et coupée du monde extérieur et une infantilisation des différents publics concernés (apprenants, enseignants, formateurs, chercheurs…): "vous devez faire comme ça parce que c'est fondé sur la méthode scientifique!", là où ce qui fonctionne est par essence holistique et vise la montée en compétence des acteurs plutôt que le contrôle.

        • [^] # Re: Problème de méthodologie

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          Je pense que tu confonds sciences de l'éducation et politique politicienne, les deux étant aussi éloignées l'une de l'autre que le solfège et le karaoké amateur

  • # Pour creuser

    Posté par  . Évalué à -10. Dernière modification le 26 août 2023 à 02:14.

    https://www.livredepoche.com/livre/quest-ce-que-la-science-9782253055068
    https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/la-philosophie-des-sciences-3
    https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/sociologie-des-sciences-3

    cité par l’auteur du texte sur lequel pointe le lien (je vous hais, je vais finir par faire un buffer-overflow avec ma fifo de lecture) :

    https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/le-metier-de-chercheur-regard-d-un-anthropologue-2e-edition-revue-et-corrigee

    Le concept des données probantes porte en effet toutes les caractéristiques du positivisme, ce courant philosophique né au XIXe siècle qui soutient qu’il existerait des vérités, voire des lois qui expliqueraient la totalité de l’expérience humaine. Pour identifier ces lois, il suffirait d’exploiter des outils ou des instruments de mesure suffisamment précis.

    En philosophie de la connaissance, une telle posture n’est pas tout à fait nouvelle. Elle est cependant loin de faire consensus dans le domaine scientifique et plus encore, dans celui des sciences humaines et sociales. Plusieurs chercheurs et philosophes sont en fait très critiques de la capacité du positivisme d’expliquer les choses humaines. Ils soulignent notamment que, pour assurer la validité de leurs modèles, les approches découlant du positivisme doivent réduire de façon artificielle le nombre de variables en présence dans une situation.

    L’est encore bien gentil le monsieur. Le positivisme logique se fait démonter sa gueule bien comme il faut, Popper a connu le même destin. Et ça vaut pour toutes les sciences, y compris les bien dures qui font bander les vieux mâles blancs issus des domaines de l’ingéniérie.

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.