Passant a écrit 104 commentaires

  • [^] # Re: C'est dingue... Donc, merci.

    Posté par  . En réponse au journal Plaisir de lire, réjouissance du malheur d'autrui.. Évalué à -1.

    Il dit qu'il voit pas le rapport.

  • [^] # Re: C'est dingue... Donc, merci.

    Posté par  . En réponse au journal Plaisir de lire, réjouissance du malheur d'autrui.. Évalué à 2.

    « L'existence précède l'essence », c'est de Sartre, qui ne fait que transformer une formule de Heidegger, « l'existence est un projet-jeté », et ça ne signifie pas qu'un concept présuppose une attribution d'existence, seulement que nous somme toujours déjà quelque chose, avant d'être tout court.
    Par ailleurs, la logique standard contemporaine considère que l'existence n'est pas un prédicat de l'objet, donc je ne vois pas trop comment l'on pourrait démontrer logiquement l'existence ou l'inexistence de Dieu.

    « Si les propositions portent sur des faits, leur analyse permet de considérer des objets ou des individus. D'où l'introduction de concepts qui jouent un rôle philosophique important (identité, prédication, satisfaction, référence, etc.). Un des exemples majeurs en est le concept d'existence mis en jeu par la quantification existentielle. Ce concept permet l'analyse de la catégorie philosophique d'existence et la critique des conceptions traditionnelles en la matière.
    Ainsi, la logique contemporaine prouve que l'existence, contrairement à ce que suggère la grammaire, n'est pas un prédicat d'objet. Cela, vu par Hume, repris par Kant, formalisé par Frege et Russel, justifie par exemple la critique carnapienne du cogito cartésien ou le rejet de la «preuve» a priori de l'existence de Dieu. »
    Denis Vernant, Introduction à la logique standard.

    On peut par contre montrer, ce que Wittgenstein a fait, ou Kant bien avant lui, qu'on ne peut pas parler logiquement de Dieu. Par exemple, pour Kant : la pensée et le discours rationnels sont soumis à la catégorie de la causalité ; or dieu est un objet qui par définition n'est pas soumis à cette catégorie ; donc on ne saurait en parler rationnellement.

    Sinon, comme «preuve logique» amusante (qu'est-ce qu'on se marre) de l'existence de Dieu, il y la preuve ontologique de Gödel.

  • [^] # Re: Le caractère fétiche dans la musique.

    Posté par  . En réponse au journal Le violon et son contexte. Évalué à 2.

    Je pense que la logique purement commerciale à l'œuvre derrière cette marchandise contribue moins à l'extravagance de son prix que sa fonction de distinction sociale.
    Les personnes n'affirment rarement autant leurs identités et leurs personnalités qu'à travers leurs préférences et leurs consommations musicales.
    La démesure du prix et la rareté du produit établissent un gouffre infranchissable entre ceux qui sont capables de le consommer, par leurs aptitudes culturelles et par leurs moyens économiques, et le reste du monde.

    « S'il n'y a rien par exemple, qui autant que les goûts en musique, permette d'affirmer sa «classe», rien par quoi on soit aussi infailliblement classé, c'est bien sûr qu'il n'est pas de pratique plus classante, du fait de la rareté des conditions d'acquisition des dispositions correspondantes, que la fréquentation du concert ou la pratique d'un instrument de musique «noble» (moins répandues, toutes choses égales d'ailleurs, que la fréquentation du musée, du théâtre ou même des galeries). Mais c'est aussi que l'exhibition de «culture musicale» n'est pas une parade culturelle comme les autres : dans sa définition sociale, la «culture musicale», est autre chose qu'une simple somme de savoirs et d'expériences assortie de l'aptitude à discourir à leur propos.
    La musique est le plus spiritualiste des arts de l'esprit et l'amour de la musique est une garantie de «spiritualité». Il suffit de voir la valeur extraordinaire que confère aujourd'hui au lexique de l'«écoute» les versions sécularisées (par exemple psychanalytiques) du langage religieux. Comme en témoignent les innombrables variations sur l'âme de la musique et la musique de l'âme, la musique a partie liée avec l'«intériorité» («la musique intérieure») la plus «profonde» et il n'y a de concerts que spirituels...
    Être « insensible à la musique » représente sans doute pour un monde bourgeois qui pense son rapport avec le peuple sur le mode des rapports entre l'âme et le corps, comme une forme spécialement inavouable de grossièreté matérialiste. »
    Bourdieu, La distinction.

    Si tu n'es pas capable d'apprécier les sonorités spirituelles d'un Stradivarius, ou de les distinguer de la résonance sans âme d'un instrument moderne, c'est que tu es un prolétaire culturel, un handicapé spirituel et congénital à qui il manque un bout d'âme, et qui a raté sa vie.

  • # Le caractère fétiche dans la musique.

    Posté par  . En réponse au journal Le violon et son contexte. Évalué à 4.

    « Tout cela atteint des sommets d'absurdité dans le culte voué aux violons des grands maîtres. On est rapidement saisi de transe à l'annonce que l'on va entendre un Stradivarius ou un Amati, des violons que seule l'oreille d'un spécialiste peut distinguer d'un bon violon moderne, et on oublie alors de prêter attention à la composition et à l'interprétation, desquelles il y a pourtant toujours quelque chose à retenir.
    Plus la technique moderne de la facture des violons progresse, plus on prise les vieux instruments. Si les moments de sensualité de l'inspiration, de la voix, de l'instrument sont fétichisés et décollés de toutes les fonctions qui pourraient leur donner du sens, ce sont alors les émotions aveugles et irrationnelles qui leur répondent, dans un même isolement, aussi éloignées qu'eux de la signification du tout et, elles aussi, déterminées par le succès : elles sont un rapport à la musique qui n'a plus aucun rapport avec elle.
    C'est bien dans ce type de relation que s'inscrit le consommateur lorsqu'il s'agit d'air à succès. Ne lui est encore proche que ce qui lui est parfaitement étranger ; ne lui est étranger, comme séparé par un voile épais de la conscience des masses, que ce qui cherche à parler au nom des muets. Lorsqu'il réagit, il n'est plus important de savoir si c'est à la Septième Symphonie ou bien à un bikini.
    L'origine du concept de fétichisme musical n'est pas psychologique. Que les valeurs soient consommées et provoquent des affects avant même que la conscience du consommateur ait saisi leurs qualités spécifiques, cela découle de leur caractère de marchandise. »
    Adorno, Le caractère fétiche dans la musique.