Journal Rions un brin

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28
14
avr.
2022

Je voudrais tenter de distribuer un peu de bonne humeur en vous parlant de ces livres qui m'ont fait rire aux larmes, auxquels je ne peux pas penser sans me marrer tout seul, bref, les monuments des zygomatiques. Je laisse volontairement de côté le pape de la fantasy comique, Pratchett, qui me semble suffisamment connu, pour plonger du côté de ces bouquins dont vous n'avez peut-être pas entendu parler.

Alphonse Allais

Commençons dans l'ordre chronologique, avec l'un des premiers grands auteurs comiques, Alphonse Allais. Né à Honfleur en Normandie, descendu sur Paris pour y étudier la pharmacie, il délaisse rapidement ses études pour devenir une figure haute en couleurs du Paris de la Belle Époque. Auteur de nouvelles humoristiques dans le journal "Le chat noir", il publie de nombreux recueils d'histoires légères et souvent absurdes, égratignant gentiment ses contemporains.

Ses recueils sont disponibles sur WikiSource, donc aucune excuse pour ne pas se jeter dessus.

Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien)

Ce chef d’œuvre de Jerome K Jerome retrace la pérégrination de 3 amis qui décident de remonter la Tamise. Récit de voyage et mémoires plus ou moins autobiographiques, c'est une ode à l'absurdité et à "l'esprit de contradiction inhérent aux choses".

La traduction française est d'excellente facture, mais allez quand même jeter un coup d’œil sur l'original d'abord.

A l'assaut du Khili-Khili (The ascent of the Rum Doodle)

Conversation (en Anglais dans le texte)

Un collègue se retourne. "Hey, small_duck, tu dois avoir entendu parler de l'Ascent of the Rum Doodle, le livre le plus funny au monde ?
- Nonsense! réponds-je. Jamais entendu parler de ce truc. Le livre le plus funny au monde, c'est 3 men in a boat!
- Double nonsense, me rétorque-t-il. Jamais entendu parler de 3 men in a boat"

Après échange culturel, il s'avère qu'il y a deux livres ex-æquo les plus funny au monde.

Clairement inspiré de 3 hommes dans un bateau (auquel il fait d'ailleurs une subtile référence), "À l'assaut du Khili-Khili" est un pastiche de ces livres de montagne dans la veine de Premier de cordée. Là où "3 hommes" est dans la poésie de l'absurde, "À l'assaut" est une farce qui prend à contre-pied tous les stéréotypes du genre. Chaque montagnard est d'une nullité crasse dans sa spécialité, tels le guide qui se perd toujours, le médecin tout le temps malade, le photographe qui rate tous les clichés. Le cuistot est un monument à lui tout seul. Et le narrateur, chef de l'équipe, qui se fait mener en bateau par tout le monde.

C'est d'ailleurs l'occasion de s'intéresser à une variante du narrateur non fiable, le narrateur naif, que l'on retrouve parfois dans certains récits où le narrateur est un enfant : l'on lit un récit apparemment positif où tout semble bien se passer, mais "entre les lignes", l'on perçoit que la réalité est tout autre. En l'occurrence, c'est tordant.

Très drôle, mais sans méchanceté aucune, c'est devenu un incontournable chez les passionnés de montagne. Il n'est pas encore dans le domaine public, mais jetez-vous quand même dessus. Il existe une édition française que je n'ai pas évaluée.

The Gun Seller

Vous connaissez probablement Hugh Laurie grâce à Dr House. Eh bien, Hugh Laurie a également écrit un bouquin, "The Gun Seller". C'est un thriller bien ficelé, où se mêlent agents secrets, terroristes internationaux et ventes d'armes. Mais le narrateur et personnage principal, Thomas Lang, raconte l'histoire avec un sens de la petite phrase et de l'humour "british" façon pince sans rire, à s'en rouler par terre. Notez qu'il existe une traduction en français, là encore non évaluée par mes soins.

Laurie prépare une suite depuis des décennies, "Paper Soldiers", qui semble malheureusement abandonnée.

Maïkole - Jean Bon

Ça a commencé tout bêtement - Une petite recherche sur Internet pour voir si quelqu'un avait déjà fait une blague avec les massages "shiatsu". Je suis donc tombé sur Permis de Tirer, un pastiche de James Bond à sa sauce San Antonio, auto-publié sur The Book Edition, qui retrace les aventures de Jean Bon de l'agence 00 Sète qui, aidé de l'espionne chinoise Tren Pao Li et de l'espion tahitien Paul Inézi, tente de débrouiller une sombre machination. C'est un festival de jeux de mots et autres calembours, de situations délirantes, ça ne s'arrête pas une minute. Je me suis rapidement offert la moitié de la série, et j'en a racheté pour faire des cadeaux. Mention spéciale également au "Service de table de sa majesté", qui en fait des tonnes (littéralement) sur la famille royale et sur les rosbeef. Petit bémol : autant les livres papier sont de bonne facture, autant la version PDF ne passe pas du tout sur une liseuse.

Voilà, c'est votre tour, faites moi découvrir les bouquins et les auteurs qui vous font le plus rire !

  • # On retrouve les trois hommes en Allemagne, sinon, Pratchett bien sûr !

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.

    De Jérôme K. Jérôme je suggère aussi Les Trois hommes en Allemagne, il y a notamment une scène qui m'a fait pleurer de rire sur les guides touristiques (et c'est bien vu).

    Pratchett, évidemment, tout ! Bonus : ils sont en version électronique sans DRM.

    Wodehouse et sa série sur le valet d'exception Jeeves et son crétin de maître, et la série Miss Seton, des romans policiers avec une vieille dame qui attire à peu près tous les crimes autour d'elle et une façon très particulière de faire en sorte que ça soit résolu par les forces de l'ordre.

    C'est tout pour l'instant.

    Oh, et merci pour le journal.

    « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

  • # quelques livres

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    le livre le plus drôle que j'ai lu n'est pas écrit dans ce but, c'est un livre d'ethnologie.
    Nigel Barley décide, à la fin de ses études, d'aller sur le terrain, étudier les Dowayos, une tribu du Cameroun.
    https://www.amazon.fr/Innocent-Anthropologist-Notes-Mud-Hut/dp/1577661567

    Les autres livres de Nigel Barley sont dans la même veine.

    La série de livres de P.G. Wodehouse sur le majordome Jeeves est hilarante.

    Plus léger, les Shopaholic de Sophie Kinsella (l'accro du shopping en français) sont excellents.

    Les livres de David Lodge comme

    Changing places
    ou
    Small world

    ウィズコロナ

    • [^] # Re: quelques livres

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Plus connu mais qui mérite d'être cité ici : "Pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis.

      Si la partie historique a mal vieilli, le texte est souvent drôle.

  • # Sans parler du chien

    Posté par  . Évalué à 4.

    Je dois mes meilleurs souvenirs de fous rires à Trois hommes dans un bateau et Le Caporal Épinglé, de Jacques Perret.
    Aux amateurs de Trois hommes dans un bateau, je ne saurais trop recommander To Say Nothing of the Dog, de Connie Willis.

    Et merci pour le conseil sur The ascent of the Rum Doodle, je vais le mettre en haut de la pile.

  • # Ben Hecht et Albert Cohen

    Posté par  . Évalué à 3.

    D'un grand scénariste hollywoodien, Ben Hecht, son roman Je hais les acteurs, hilarante comédie policière à laquelle le tout hollywood des années 30 ou 50 est mêlé.

    Et d'un suisse grec français né à Corfou, Albert Cohen, son roman Mangeclous, grace auquel je me tord de rire à chaque fois.

    Ces deux auteurs on écrit aussi sans se connaître deux belles et célèbres histoires d'amour tumultueuses et romantiques, dans les années 30 d'avant la barbarie Naze :
    Albert Cohen Belle du Seigneur et Ben Hecht Le juif amoureux

  • # Commentaire supprimé

    Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 15 avril 2022 à 09:39.

    Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

  • # Salardenne

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    J'ai un faible pour « La vie romancée d'Évariste Malfroquet : plombier-zingueur de Louis XIV » de Roger Salardenne (j'avais toujours cru que c'était de Pierre Dac, car c'était publié dans L'Os à Moelle).

  • # Donald Edwin Westlake

    Posté par  . Évalué à 5.

    Donald Westlake est un des derniers grands maîtres du roman noir américain. Au lieu de le poursuivre de manière sérieuse il a décidé de le faire par le biais du pastiche. Au lieu de dresser un portrait de celui qui est mon romancier préféré dans ce genre, portrait facile à cerner en lisant Wikipédia ou les chroniques de Jean-Patrick Manchette sur le polar, rassemblées dans un livre, voici un mode d'emploi pour bien rire en le lisant.

    Il y a une série de livres de Westlake, signés Richard Stark, un de ses nombreux pseudonymes, conçue autour du personnage de Parker (pas de prénom), braqueur de banque et disciplines associées, dont l'essentiel du profil psychologique tient au fait qu'il n'a apparemment aucune sensibilité. L'acte de tuer, par exemple, ressortit plus d'une décision de type rationalité économique que moral. Cette série connaît une forme de point d'orgue avec Signé Parker, où justement on s'aperçoit que Parker peut procéder selon une certaine déontologie en volant au secours de son collègue Alan Grofield dans les griffes d'une mafia locale. Ce livre est le point de démarcation entre deux parties de cette série et clôt la partie originale de celle-ci. Il la reprendra bien après, avec des livres qui valent la peine d'être lus, mais d'une certaine manière c'est une prolongation artificielle, probablement alimentaire ce qui n'est pas infamant. Il faut avoir lu quelques Parker pour apprécier ce qui suit.

    Puis Donald Westlake entama la série des Kelp et Dortmunder, maintenant plutôt appelée celle des Dortmunder. John Dortmunder est l'alter ego littéraire de Parker. Excellent organisateur de cambriolages − c'est un cambrioleur, pas un braqueur − quand les impondérables le permettent ce qui est très rare, à la différence près qu'il n'est pas un tueur et qu'il tient les assassins dans le plus grand mépris. Quelque aperçus pour cerner le personnage. Il a fait la connaissance de sa compagne, May, lorsque celle-ci, caissière au magasin d'alimentation Bohack's l'a surpris en train de voler. Quand elle lui a conseillé d'aller voler dans un autre magasin, situé de l'autre côté de la rue, il a répondu « Oui, mais je préfère le café de chez Bohack's ». À un commanditaire qui lui demande de venir le braquer, lui et ses amis, contre une rémunération et qui lui demande s'il veut bien lui faire confiance et attendre un peu pour le versement de cette rémunération : « Vous faire confiance à vous, vous qui veut me payer pour cambrioler vos propres amis ? Je ne vous confierais pas un sandwich jambon-beurre, même si nous étions enfermés tous les deux dans la même cabine téléphonique ! ». John Dortmunder est un des archétypes du cambrioleur malchanceux, comme par ailleurs l'élégant Bernie Rhodenbarr d'un autre excellent auteur, Lawrence Block.

    Cette série a pris son essor à peu près en même temps que Westlake a repris sous son pseudonyme de Richard Stark (choisi en hommage à l'acteur Richard Widmark) celle des Parker. Il y a un point d'orgue à celle ci, un livre qu'il ne faut surtout pas lire avant d'en avoir lu plein d'autres de cette série : « Au pire, qu'est-ce qu'on risque ? » La vis comica de celui-ci est que Dortmunder, non seulement n'y est pas malchanceux, mais y a carrément de la chance. Le lire sans bien connaître la série serait gâcher. Patientez ! Ça en vaut le coup.

    Plein d'autres livres de Westlake abordent le roman noir par le biais de l'humour. N'exagérons rien ! , Festival de crêpe ou Les cordons du poêle, parmi plein d'autres, en sont des exemples.

    Donald Edwin Westlake est mort le 31 décembre 2008. Depuis je suis un peu en deuil, de lui mais aussi des personnages qu'il continuait de créer dans ses séries, et dont j'aurais aimé connaître le destin.

    • [^] # Re: Donald Edwin Westlake

      Posté par  . Évalué à 5. Dernière modification le 17 avril 2022 à 15:29.

      Je ne peux que plussoyonner à cette référence de Westlake, qui est à mon avis, le plus drôle de tous les écrivains de polars, ex æquo avec Wodehouse ci-dessus cité. On a bien l'excellent "Fantasia chez les ploucs", de Charles Williams (réédité sous le titre "Le bikini de diamants"), avec une séquelle nommée "Aux urnes les ploucs" pas mal mais nettement moins bien, mais c'est l'unique incursion de Williams dans le comique (AFAIK). Alors que Westlake et Wodehouse sont chacun une fontaine de livres délirants.

      Dans la série Dortmunder, si je suis d'accord avec Philip Marlowe, je conseillerais toutefois de commencer tout simplement par le premier de la série, "Pierre qui roule" (The hot rock), qui est dans ma famille devenu un catalogue de private jokes ("Ramène-moi au chien", "— Appelez la police… — Mais c'est nous, la police !"). À noter qu'un film complètement nul en a été tiré avec Robert Redford, ce qui est quand même un exploit, d'arriver à saloper un pareil joyau.

      Pour Wodehouse, je préfère la série des Blandings Castle à celle de Jeeve. Elle est encore plus délirante, et pleine de ce délicat anglais humour et de personnages complètement improbables.

      Dans la SF, on a bien sûr Sheckley, qui écrit toujours ses bouquins le sourire aux lèvres et qui allie l'humour au non-sens des situations, et Terry Bisson, notamment "Échecs et maths" et "Meucs" ("Voyage vers la planète rouge" est également classé comme SF humoristique, mais je ne l'ai pas encore lu).

      Et, pour les fans de Stars War, on a également cette parodie de A3R Roberts : La "der" des étoiles ("Que la farce soit avec vous").

      • [^] # Re: Donald Edwin Westlake

        Posté par  . Évalué à 4.

        À propos de Pierre qui roule qui m'a littéralement tué de rire − l'hélicoptère ! les cambrioleurs en combinaisons d'hommes grenouilles pénétrant dans un hôpital psychiatrique à bord d'une locomotive ! − je lui trouve une petite faiblesse. Il fait appel au fantastique à travers le personnage du Grand Miasmo pour dénouer l'histoire. Dans tous les autres livres de la série, tout est invraisemblable mais possible.

  • # Effinger && Stephenson

    Posté par  . Évalué à 2.

    Neal Stephenson : Zodiac . Ce livre sort un peu de son style habituel. C'est un roman policier qui réussit à la fois à taper sur les pollueurs et l'activisme écolo.
    Le système de comm' à la greenpeace est décrit sur un ton railleur, mais détaille bien les techniques utilisées.

    Alec Effinger m'avait également bien fait rire, avec son « Gravité à la manque » (premier d'une trilogie, il voulait en écrire davantage mais il est mort avant). J'ai lu les suivants, mais ils étaient moins amusants.

    https://www.babelio.com/livres/Effinger-Gravite-a-la-manque/123110

    Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC libera / #gamedev-fr

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