Utopie du logiciel libre

Posté par  . Édité par Benoît Sibaud et patrick_g. Modéré par Nils Ratusznik. Licence CC By‑SA.
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déc.
2013
Culture

Sébastien Broca vient de publier un ouvrage intitulé Utopie du logiciel libre, paru le 22 novembre aux éditions Le passager clandestin. Ce sociologue de la Sorbonne y raconte toute l'histoire du Libre mais il en analyse aussi les valeurs, et montre que c'est un engagement qui s'étend à d'autres causes…

couverture

Le préface est de Christopher M. Kelty, de l'université de Californie, qui a écrit divers ouvrages et articles sur le logiciel libre.

L'ouvrage est, dans sa version numérique, sous licence Creative Commons CC-By-NC-ND, l'éditeur rappelant qu'il donne « accès ici à l'intégralité de l'ouvrage » mais « cependant que c'est grâce à sa vente que nous pourrons poursuivre notre activité ».

Aller plus loin

  • # Juste une remarque

    Posté par  . Évalué à 9.

    Le terme utopie se réfère à une organisation sociale idéale, mais théorique, qui ne pourrait pas exister dans la réalité pour tout un tas de raisons (la nature humaine, etc).

    Je ne sais pas si avoir choisi le mot utopie dans le titre est très pertinent. Ça laisse l'impression d'un mouvement de doux rêveurs, alors que le mouvement du logiciel libre est bien concret.

    • [^] # Re: Juste une remarque

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

      L'auteur s'en explique dans l'interview sur framablog.

      Oui, je n’utilise pas le terme utopie dans le sens péjoratif courant, afin de dénigrer des ambitions irréalistes et un peu farfelues. Je l’emploie plutôt pour désigner des projets qui dessinent un monde social différent dont rien n’indique qu’il soit totalement hors de portée ou, du moins, qu’on ne puisse pas s’en approcher. Cet usage positif du terme a des racines historiques dans les utopies socialistes du XIXe siècle par exemple, et des racines philosophiques chez des auteurs comme Walter Benjamin, Ernst Bloch ou plus récemment Miguel Abensour.
      ``̀
      
      • [^] # Re: Juste une remarque

        Posté par  . Évalué à 3.

        L'interview sur Framablog utilise le terme « utopie concrète ». L'auteur répond : « […] C’est cette conjonction d’un idéal social fort et de pratiques inventives qui permet de parler d’utopie concrète. »

        …Cela dit il est vrai que le mot « concrète » a été sabré pour le titre…

      • [^] # Re: Juste une remarque

        Posté par  . Évalué à 1.

        des projets qui dessinent un monde social différent dont rien n’indique qu’il soit totalement hors de portée

        Il a l'air convaincu que ça n'existe pas.

        Un monde « différent » (différent du monde réel hein espèces d'utopistes) à peine « dessiné » (vous êtes encore loin de quoi que ce soit de concret) par des projets, et qui n'est « pas totalement hors de portée » (gardez espoirs esprits faibles, votre monde utopiste est environ 10 % à votre portée, mais 90 % c'est hors de portée juste dans votre tête trop crédule).

        • [^] # Re: Juste une remarque

          Posté par  . Évalué à 2.

          Et lire les mots/phrase dans leur contexte, c'est « totalement hors de portée » ? Sérieusement si on fait de l'analyse de citation en zoomant sur un segment de phrase, on peut extrapolé tout ce qu'on veut.

          La lecture COMPLÈTE de l'entretien renvoit une autre impression que celle d'un gars méprisant les portes ouvertes par le Logiciel Libre. C'est 10-15 minutes grand max…

          Après si tu veux rejouer le couplet des martyrs incompris, je pense que là ce n'est pas approprié.

          • [^] # Re: Juste une remarque

            Posté par  . Évalué à 2.

            Sérieusement si on fait de l'analyse de citation en zoomant sur un segment de phrase, on peut extrapolé tout ce qu'on veut.

            Mon analyse porte sur une phrase toute entière, et son seul intérêt est de répondre au second commentaire. Je te résume le fil : 1er commentaire : utopie ça fait doux rêveur, c'est dommage d'utiliser ce mot dans le titre. 2e commentaire : citation tirée de l'interview qui tendrait à prouver que l'auteur ne veut pas dire doux rêveur. 3e commentaire (le mien) : la citation choisie ne prouve pas cela.

            Après si tu veux rejouer le couplet des martyrs incompris, je pense que là ce n'est pas approprié.

            Je pense juste que le mot utopie est mal choisi, et que la citation donnée renforce cette idée. Il cite des philosophes pour justifier le sens qu'il emploie, c'est très bien mais seulement s'il définit ses termes dans l'introduction de l'ouvrage, ce que je ne peux pas vérifier d'ici. J'achèterais bien l'ouvrage s'il était en anglais (je pourrais ainsi le prêter à mes collègues qui ne connaissent pas le libre).

            • [^] # Re: Juste une remarque

              Posté par  . Évalué à 1.

              Là je comprends mieux ;-)

              (merde, aurais-je fait de l'interprétation hors contexte ? Disons que le contexte était difficile à extraire… on est quittes ?)

              Bon fin de semaine ! On voit le bout !

              • [^] # Re: Juste une remarque

                Posté par  . Évalué à 2.

                Et moi j'aurais dû lire l'interview complète avant de répondre sur la citation.

    • [^] # Re: Juste une remarque

      Posté par  . Évalué à 3.

      En tout cas, le choix de la licence montre que chez lui le libre n'est pas une réalité.

      *splash!*

    • [^] # Re: Juste une remarque

      Posté par  . Évalué à 9.

      Le terme utopie se réfère à une organisation sociale idéale, mais théorique, qui ne pourrait pas exister dans la réalité pour tout un tas de raisons (la nature humaine, etc).

      Je ne sais pas si avoir choisi le mot utopie dans le titre est très pertinent. Ça laisse l'impression d'un mouvement de doux rêveurs, alors que le mouvement du logiciel libre est bien concret.

      De toute façon, aujourd'hui, la moindre proposition - aussi concrète et détaillée soit-elle - allant dans le sens d'un progrès social est aussitôt qualifiée d'utopie, comme pour la marquer du sceau de l'infâmie. Aujourd'hui, seules les choses réalistes sont souhaitables et seules les régressions sociales sont réalistes.

      Mettre « utopie » en titre me semble un moyen de couper l'herbe sous le pied de ceux qui s'empresseraient de dénoncer la chose, et de revendiquer le caractère profondément souhaitable de cette transformation sociale.

  • # Désolé

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

    Je n'ai pas vraiment aimé cette interview, je l'ai trouvée un peu puante avec un vrai vocabulaire qui nous embrouille et des références pour se justifier.

    Morceau choisi :

    Ensuite, il existe indéniablement certains éléments qui font pencher le logiciel libre, du moins dans sa version free software, vers la gauche. L’activisme des libristes (que ce soit contre les brevets logiciels, Hadopi, ACTA, peut-être TAFTA bientôt) se comprend la plupart du temps comme une lutte contre l’appropriation de certains biens informationnels par les multinationales, qui ont ces dernières années réussi à tordre le droit de la propriété intellectuelle dans le sens de leurs intérêts. Ce combat contre le « capitalisme informationnel » (comme l’appelle Philippe Aigrain) est plutôt marqué à gauche. Par ailleurs, une part de ce qui se joue dans l’open hardware, le design libre ou l’open source ecology fait clairement écho à des projets politiques de gauche.

    Ils concluent par : se mettre à la place de l’utilisateur non-technicien. Je pense qu'il y a une remarque très pertinente qui pourrait être compléter par : se faire comprendre.

    La réalité, c'est ce qui continue d'exister quand on cesse d'y croire - Philip K. Dick

    • [^] # Re: Désolé

      Posté par  . Évalué à 4.

      Ils concluent par : se mettre à la place de l’utilisateur non-technicien. Je pense qu'il y a une remarque très pertinente qui pourrait être compléter par : se faire comprendre.

      Je ne te le fais pas dire : je n'ai pas compris ton commentaire et n'ai pas vu ce que cette interview avait de puant.

    • [^] # Re: Désolé

      Posté par  . Évalué à 3.

      On peut effectivement contester que le libre soit de gauche en tant que tel, par contre on ne peut pas contester que le logiciel libre ait un certain attrait pour la gauche. Le truc c'est qu'il peut aussi y avoir de l'attrait pour le libre à droite ou à l'extrême droite, c'est un peut ça qui me dérange dans l'extrait que tu cites. Sinon je le trouve très clair.

  • # Un ouvrage intéressant

    Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 05 décembre 2013 à 01:18.

    Je viens de lire cet ouvrage et je le trouve très bien: il est clair, bien informé, nuancé et surtout il s'intéresse et présente des aspects modernes connexes aux logiciels libres comme par exemple toute la problématique du Hardware Libre.

    Par ailleurs, il y a tout un aspect concret du fonctionnement de la logistique des logiciels libres, comme par exemple le fonctionnement pratique de la communauté Debian qui est présenté à un public non nécessairement spécialiste d'une façon précise et compréhensible.

    C'est un aspect très rare de ce type d'ouvrages de réflexion sur le logiciel libre, qui part ailleurs fait aussi une généalogie intellectuelle, à la Michel Foucault (sans en avoir toutefois l'ampleur, mais vu le format du livre, cela aurait été difficile), de la notion du Libre.

    C'est un très bon ouvrage qui fait réfléchir tant le néophyte que le spécialiste du domaine.

    Je le conseillerai à toute personne intéressée par l'aspect politique et culturel du Libre.

  • # Utopie oui

    Posté par  . Évalué à -1.

    L'utopie n'est pas réservé au doux rêveur. L'utopie est plus une base qui doit être adapté à la réalité mais elle est un passage obligé pour toute idée sociologique. Mais l'utopie est partout : la démocratie, la liberté religieuse, la liberté d'expression… sont des utopies, le capitalisme même comporte une part d'utopie. Le logiciel libre n'y échappe pas. Dans l'idéal utopique, tous les logiciel mais aussi tous les produits seraient libre de droits et chaque personne modifiant le produit le redistribuerais. On sait très bien que cela ne fonctionne pas ainsi mais cela fonctionne.

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