Vivre du logiciel libre - Ludovic Dubost nous parle de sa société : XWiki SAS

24
29
sept.
2014
Commercial

Le deuxième volet de la série sur l'économie du libre continue. Après l'entretien avec Jérôme Martinez début septembre, je vous propose de découvrir la société XWiki SAS, éditeur de logiciels libres créée il y a maintenant 10 ans par Ludovic Dubost.

XWiki SAS prouve si cela était nécessaire que l'édition de logiciels vraiment libres (sous licence LGPL) est une activité économique viable.

Sommaire

Introduction

Nom et prénom Ludovic Dubost
Société XWiki SAS
Activité de l'entreprise Editeur de logiciel collaboratif Open Source
Démarrage de l'activité 15/11/2003 — Projet Open Source XWiki
19/07/2004 — XWiki SAS
Localisation de la clientèle France, Europe, Monde
Nombre de collaborateurs 42
Sites web http://www.xwiki.com, http://www.xwiki.org

Note : si vous êtes intéressé(e)s pour une interview, contactez-moi par courriel - damien point accorsi arobase free point fr.

Je vous laisse découvrir l'entretien et les réponses de Ludovic ; notez que Ludovic sera disponible ce mardi 30 septembre pour répondre aux questions que vous [vous|lui] posez. Alors n'hésitez pas à commenter/questionner !

La génèse du projet, la société

Bonjour Ludovic, pourrais-tu présenter en quelques lignes qui tu es, ce que tu fais et la démarche qui t'a mené à la création de la société XWiki ?

Bonjour Damien, très heureux de répondre à tes questions. Je suis un passionné d'informatique et d'Internet qui a la chance de pouvoir exercer sa passion dans un domaine très porteur. Depuis que j'ai eu accès à un ordinateur et ensuite à Internet en 1990 dans mon école d'ingénieur, j'ai eu envie de créer des choses qui exploitent la formidable puissance de ces technologies. J'ai commencé par un "shareware" (partagiciel) et un site internet de jeu quand j'étais étudiant puis je me suis retrouvé chez Netscape comme consultant en technologies Internet. Après cette expérience plus qu'enrichissante j'ai pu rejoindre un projet de startup de mesure des usages d'Internet "NetValue" qui fut une vraie aventure avec ses bons et mauvais côtés.

C'est chez NetValue que j'ai découvert les Wikis qu'on a mis en place avec succès, alors que chez Netscape nous avions travaillé sur des outils "plus traditionnels" de partage d'information qui n'avaient pas marché. C'est ce qui m'a donné envie de créer XWiki pour apporter aux entreprises une nouvelle approche du partage de l'information et de la connaissance.

Question : En 2004, l’édition de logiciel libre n’était pas le modèle économique le plus courant… Pourquoi avoir choisi ce modèle, et quelles difficultés cela a engendré ? Comment cela a-t-il évolué 10 ans plus tard ?

Initialement mon projet était de proposer des services sur les logiciels libres que j'avais utilisé, mais finalement j'ai vu les limites des outils que j'utilisais et j'ai décidé de faire mon propre logiciel. Ayant tout appris de ces logiciels Open Source, il m'a semblé naturel de le faire aussi en Open Source.

C'est à ce moment là que j'ai réfléchi à l'aspect business de l'Open Source. J'avais suivi en tant qu'utilisateur l'émergence des technologies Open Source Linux, MySQL, Apache, Tomcat et des entreprises comme Red Hat et JBoss. Surtout, quand j'ai quitté la société après cinq ans je me suis demandé ce qu'on ferait différemment technologiquement si on devait refaire le même projet, et là massivement la décision aurait été de construire sur des technologies libres alors qu'avant notre stack était Sun/Oracle. Je me suis dit que si en 5 ans des acteurs de plus de 15 ans ne sont plus les solutions d'avenir, alors il y a d'autres domaines où cela devait être possible, et c'est à mon sens le cas de la couche supérieure des "applications".

Finalement, mon parcours a fait que j'ai été dans des entreprises qui ont subi une très vive concurrence des leaders en place sur leur marché. Chez Netscape la "guerre" avec Microsoft était palpable tous les jours. Chez NetValue nous avions senti la concurrence des sociétés américaines largement mieux financées que nous alors que sur l'aspect technique nous étions tout à fait au niveau (ce que nous avons pu vérifier une fois racheté par le leader). Ceci a renforcé mon avis, qui est que concurrencer les entreprises de la Silicon Valley sur le même champ de bataille qu'eux est quasiment peine perdue. Cela a renforcé ma motivation à faire du libre.

Cependant ce choix initial m'a fait découvrir un monde complètement nouveau que je ne voyais avant qu'en tant qu'utilisateur. Ce que ce serait la vie du côté du "producteur" de logiciel libre tout en devant faire tourner une entreprise est quelque chose que je n'avais pas du tout imaginé tel que c'est réellement. Je pense d'ailleurs que beaucoup d'utilisateurs des logiciels libres ignorent comment les choses fonctionnent effectivement du côté des personnes qui "créent".

En fait pendant la phase de création je pense que faire du logiciel libre est plus "facile" que de faire du logiciel "propriétaire". On peut se faire aider par des contributeurs, les clients payent des améliorations au logiciel, on n'a pas à "donner" le logiciel pour se faire des références puisque celui-ci est déjà disponible gratuitement.

Mais globalement la difficulté est la même, il s'agit d'abord de faire un bon logiciel et de bien comprendre les besoins des utilisateurs et d'y répondre. Ensuite il faut être innovant face à des solutions venues d'entreprises bien plus capitalisées et dont les logiciels ont plus de fonctionnalités. Pour XWiki une chose qui n'a pas été facile à été de faire à la fois de l'Open Source et de l'innovation. Quelque part il est plus facile de "reproduire" un logiciel propriétaire et de le faire en Open Source que d'innover et de proposer en Open Source quelque chose de nouveau.

Aujourd'hui, dix ans plus tard, la situation est différente. On a une base installée et une certaine renommée. Le logiciel s'améliore en permanence (et la concurrence aussi). La difficulté est de pouvoir financer le fait de "donner" un logiciel, et ce qui est difficile est qu'il faut en même temps développer le logiciel lui-même pour avoir une base installée la plus grande possible et en parallèle développer une offre (qui peut prendre plusieurs formes) qui permet de réaliser du revenu, sans d'un côté dénaturer notre aspect "Libre" et sans nous auto-cannibaliser.

Question: Aujourd’hui, quel est le fil conducteur de XWiki ? Quels sont les sujets qui nécessitent toute la vigilance de l’équipe dirigeante pour pérenniser et développer son activité ?

Ce que j'expliquais précédemment. Continuer à améliorer le logiciel, tout en construisant les offres qui nous permettent de financer le développement de ce logiciel. Ces offres sont d'un côté nos offres de service : développement, formation et surtout le support et ensuite l'offre "cloud" ainsi que les extensions (Applications, Solutions). Nous devons trouver un bon équilibre entre l'investissement sur la technique et sur la partie marketing et la commercialisation. Le logiciel lui-même étant gratuit, nous devons travailler pour bien expliquer la valeur des services et les possibilités qui s'offrent aux clients en faisant appel à XWiki SAS et à ses solutions.

Ceci est aussi lié au fait que ce que propose XWiki reste quelque chose d'innovant et de complexe (ce qui le rend aussi passionnant). Il s'agit d'apporter aux entreprises des outils qui vont les rendre plus efficaces non seulement par l'usage du logiciel mais par le fait que ces entreprises vont changer leurs modes organisationnels et devenir "2.0".

Question : Sur ton profil Linkedin on voit que tu es « business angel » chez Alenty, ce qui m’amène à la question suivante. Aujourd’hui, les startups passent très souvent (systématiquement ?) par des levées de fonds, auprès de business angels, de capital-risqueurs ou d’investisseurs privés, ce qui a pour conséquence, en général, de diluer le capital et de transférer le pouvoir des fondateurs vers les investisseurs. Comment as-tu géré la croissance de XWiki du point de vue financier / perte de contrôle ?

Alors de ce point de vue nous sommes très atypiques. XWiki SAS n'a jamais fait appels à des investisseurs externes. Il y a plusieurs raisons à cela. J'ai d'ailleurs écrit un article sur notre blog sur ce sujet. Pourtant j'ai rencontré des investisseurs potentiels (business angels et VC) et finalement cela ne s'est jamais fait. Une des raisons est que je n'ai jamais été prêt à dire ce que ces investisseurs voulaient entendre i.e. "nous ferons tout ce qu'il faut y compris réduire le libre dans notre offre, pour faire plus d'argent". L'autre aspect est que mon profil "technique" n'a jamais parlé aux investisseurs que nous avons rencontré. Les VC français cherchent des "business men", et je pense que c'est moins le cas en Silicon Valley qui eux cherchent des "visionnaires". AU final ce dont je me suis rendu compte c'est que nous pouvions nous développer sans ces investisseurs, bien évidement plus lentement mais notre modèle Open Source nous a permis de nous développer beaucoup plus progressivement (ce n'est pas le cas je pense du modèle propriétaire qui demande beaucoup plus d'investissement pour amener l'offre à un niveau où les clients sont prêts à payer).

Un autre élément qui me rendait très prudent vis à vis d'investisseurs et qui faisait que je n'étais pas prêt à "brader" le capital de ma société, est que 99% des deals d'investisseurs comme tu le dis bien passent le contrôle de la société des fondateurs vers les investisseurs et finalement presque à la première levée de fonds la société est déjà "à vendre". Personnellement ma passion pour le projet XWiki excluait des deals qui nous mettraient sur un chemin sans retour.

Aujourd'hui nous ne sommes pas contre la notion d'investissements mais nous voulons que ce soient des investissements qui ne remettent pas en cause le contrôle que les employés ont sur la société (XWiki appartient à 100% aux employés et ex-employés, dont 92% à des employés actifs, et 62% contrôlés par moi personnellement). Les employés et actionnaires d'XWiki sont des personnes attachés aux valeurs de l'Open Source. Nous nous intéressons par exemple de près au crowd-funding car nous y voyons un moyen intéressant de nous rapprocher encore de notre communauté.

Question : À propos de la croissance… il me semble que XWiki a deux filiales à l’étranger, en Roumanie et en Algérie. Quelle a été la stratégie de croissance depuis le début, et pourquoi s’être implanté dans ces pays ? Est-ce parce qu’une part importante du chiffre d'affaires est faite dans ces pays ?

En fait ces filiales sont des filiales de production et pas de commercialisation. Je n'aurais pas imaginé quand j'ai crée XWiki d'avoir des employés en Roumanie et en Algérie. Ces filiales sont aussi issues de l'Open Source. Nous nous sommes retrouvé en Roumanie en 2007 après avoir convaincu un étudiant qui avait participé au Google Summer of Code avec XWiki de nous trouver des employés à l'université et de nous ouvrir un bureau. Aujourd'hui nous avons une équipe de 16 personnes la bas, tout aussi passionnée d'Open Source que notre équipe française. L'équipe algérienne, elle, est issue d'une entreprise qui faisait une solution propriétaire basée sur XWiki et qui a fait faillite après 8 ans d'existence. Nous avons embauché leurs meilleurs ingénieurs déjà formés au logiciel XWiki. Ces équipes nous ont permis de nous développer plus vite qu'à Paris et aussi de nous internationaliser. Notre niveau d'anglais est meilleur avec notre équipe roumaine et nous permet de nous adresser aux marchés internationaux.

Du logiciel libre…

Question : Si l’on revient un peu sur le thème du logiciel libre… Là où certains éditeurs font de l’open-core ou du freemium, XWiki a choisi de faire du “vrai” open source en distribuant sa plateforme en LGPL. N’y a-t-il pas des risques à “distribuer gratuitement” sa matière grise sans contrepartie financière, en particulier en phase de démarrage ? A quelles conditions ce modèle “full open source” fonctionne-t-il (ou ne fonctionne-t-il pas) ?

Oui, forcément c'est plus compliqué de tout distribuer en logiciel libre. En même temps il y a un vrai danger avec le modèle Open Core, surtout quand il est combiné avec des investisseurs qui ont le contrôle. Le danger est grand de voir un désengagement progressif du libre pour en final n'investir que dans la partie payante. Pour nous qui sommes indépendants c'est en fait une question d'objectif. Notre objectif, au final, c'est d'abord de faire quelque chose qui compte et ensuite d'en vivre bien. Quand on pose cet objectif on se rend compte de plusieurs choses :

  1. Si notre arrivons à rendre notre logiciel "leader" oui nous aurons des concurrents mais en même temps notre logiciel sera tellement demandé que ceux qui ont le leadership sur le développement du logiciel et aussi le contrôle de sa marque seront très demandés.
  2. Quelque soit ce que nous vendons, nous ne pouvons le vendre qu'à la base d'utilisateurs d'XWiki. Nous avons donc besoin d'un maximum d'utilisateurs et de contributeurs, et pour cela il nous faut distribuer nos logiciels y compris nos extensions le plus largement possible. Si nous fermons une partie des ces extensions, nous réduirons forcément la base installée.
  3. Nous avons la chance d'être dans un métier qui est demandé et où il faut des compétences bien particulières. Ceci fait que malgré le fait d'être en concurrence nous pouvons être concurrentiels d'autant plus que notre équipe dispose des contributeurs qui connaissent le mieux le logiciel.

Un autre point important est que je suis convaincu que l'économie collaborative va prendre une part de plus en plus importante dans notre économie. Même si dans le domaine informatique il est possible de faire des solutions "propriétaires" compétitives, il faut bien se rendre compte qu'il y aura de plus en plus de solutions Open Source de qualité et ce pour une raison assez simple. Chaque ligne de code libre s'ajoute aux lignes de code libre codés précédemment et la limite de ce qu'est capable de faire le libre ne cesse d'aller plus loin. Et ceci ne s'applique pas qu'au code. Pour mieux comprendre le phénomène je conseille à tes lecteurs le livre de Jeremy Rifkin Zéro marginal cost society. Ainsi être 100% open source c'est se positionner dans l'économie de demain et non celle d'hier.

Au final, nous donnons la priorité à la diffusion du logiciel, et nous sommes convaincus que notre position de contributeur principal à XWiki fera le reste, ainsi que l'accès à la marque. D'ailleurs sur ce sujet il est important de noter que la marque est sous mon contrôle personnel et j'autorise son usage double pour la communauté et pour la société.

Question : Comment les clients se positionnent par rapport à cet aspect “tout gratuit” ? N’achètent-ils que des prestations autour de la plateforme XWiki ?

Cela dépend des clients. Il arrive bien sûr que certains aient l'impression que tout doit être gratuit y compris les services. J'ai l'exemple d'un utilisateur qui voulait un single sign-on qui existait déjà mais qui demandait d'être configuré. Comme ce n'était pas assez bien documenté il n'arrivait pas à le faire lui-même, il nous a appelé et nous avons eu l'impression qu'il se sentait "volé" de devoir acheter une journée de service pour qu'on lui fasse l'installation. Ce qui est dommage finalement dans cette vision de l'Open Source tout gratuit est de ne pas se rendre compte que chaque service vendu nous permet de contribuer plus de code libre.

Cependant heureusement nous avons suffisamment de clients qui sont conscients de cela et depuis 10 ans que XWiki existe beaucoup de code, de documentation ont pu être réalisés grâce aux prestations vendues aux client, y compris des développements qui sont mis en Open Source avec l'accord du client, contribuant ainsi à l'enrichissement de la plateforme. Et au fur et à mesure, en particulier avec les contrats de support technique, nous finançons une équipe permanente qui améliore le logiciel et ce qu'il y a autour (documentation, extensions, etc..) suivant une feuille de route publique. Ceci contribue à un produit de plus en plus riche et toujours gratuit.

Ce n'est pas très compliqué à comprendre d'ailleurs, XWiki SAS re-dépense tout son revenu pour se développer et lorsqu'on compare l'investissement R&D de notre société en % du revenu celui-ci est supérieur à celui des sociétés de logiciels propriétaires qui dépensent beaucoup en vente et marketing. Un euro dépensé chez XWiki finira en bien plus grande proportion dans le logiciel qu'un euro chez Microsoft.

Oui bien sûr nous serons heureux en tant qu'investisseurs ou employés de pouvoir générer un dividende ou d'augmenter les salaires, mais nos objectifs sont clairs, il s'agit d'abord de faire la plus belle offre possible, la plus utilisée possible. C'est ce pour quoi nous nous levons le matin.

Question : Qui dit logiciel libre, dit communauté. Peux-tu nous en dire un peu plus sur la communauté XWiki et son mode de gouvernance ? Le projet libre et la société sont-ils distincts ? Qui sont les principaux contributeurs ?

Bien que le nom soit le même, en terme d'organisation la communauté et l'entreprise sont distinctes. La communauté est géré de façon indépendante. Les employés d'XWiki sont de simples participants. Dans tout ce qui est produit sur la communauté le nom "XWiki SAS" n'apparaît que comme contributeur, comme "sponsor" (car nous hébergeons), et sur la page des sociétés qui fournissent du support, où d'autres sociétés apparaissent aussi, en fonction de leur nombre de "committeurs". Le mode de gouvernance de la communauté fonctionne sur le modèle d'Apache avec des votes +1/0/-1 permettant à un unique committeur d'opposer son veto à une décision. Bien entendu XWiki SAS est le contributeur principal, ce qui est renforcé par le fait qu'il nous arrive de recruter des contributeurs, ce qui a été le cas plus d'une fois. Une autre chose qui rend les contributions difficiles est le rythme de développement des employés de XWiki SAS.

Mais malgré cela XWiki SAS n'est pas le seul contributeur et nous sommes heureux de voir beaucoup de pull requests, des traductions, des remontées de bugs et aussi des extensions publiées par des contributeurs. Il nous arrive de contribuer à une extension développée par un contributeur comme l'extension Mocca-Calendar, développée par des Allemands sur laquelle nous investissons du temps de nos équipes.

Notre objectif dans le futur est de toujours rendre plus facile la réalisation et la publication d'extension sur l'extension repository d'XWiki qui permet d'installer des extension en un clic.

Question : En tant qu’éditeur de logiciel libre, vous êtes probablement également utilisateur de logiciels libres. Il y en a-t-il sur lesquels vous contribuez activement ?

Nous l'encourageons en tout cas en interne. Nous faisons des remontées de bugs et des patches sur les bibliothèques java que nous utilisons, par exemple jodconverter, jdeb, kibana et aussi sur maven (notre directeur technique Vincent Massol est un ancien contributeur Maven), mais globalement pour notre usage les bibliothèques qu’on utilise fonctionnent plutôt bien.

Par ailleurs nous essayons aussi de contribuer des modules de façon indépendante à XWiki. Par exemple nous avons publié notre moteur de rendering de page Wiki de façon indépendante d'XWiki (XWiki rendering) et celui-ci est utilisé en dehors d'XWiki (par eXo Platform par exemple). Nous travaillons sur un éditeur Real Time qui peut être utilisé de façon indépendante à XWiki et aussi les WebViewers pour lesquels nous avons fait un module Wordpress.

Nous avons aussi une application "XWiki Glimpse" qui s'intègre avec Nagios et Cacti. Nous avons un module qui intègre Piwik avec XWiki. De manière générale nous essayons de favoriser l'intégration d’autres logiciels libres avec XWiki.

Nos employés sont aussi pour certains des contributeurs ou des créateurs de logiciel libre. Par exemple, Caleb James De Lisle est le créateur de cjdns (un réseau P2P encrypté), un projet qui connaît déjà un certain succès.

Question : Une dernière question : quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans l’édition de logiciel libre ? N’est-ce pas une aventure risquée ?

Tout dépend l'objectif qu'on se fixe. Si l'objectif est de faire la super startup qui va gagner beaucoup d'argent, alors le logiciel libre n'est pas la meilleure solution (même s'il y a quelques succès comme JBoss, Spring, etc..). Par contre s'il s'agit de faire une entreprise qui se développe correctement alors non ce n'est pas si risqué que cela. Un avantage du logiciel libre est de permettre de se développer progressivement, avec peu de financement initial.

Cependant il n'est pas facile de créer une entreprise et ce quelque soit le choix, libre ou non. L'entreprenariat est une aventure difficile mais c'est une aventure exaltante. On se retrouve régulièrement face à des difficultés, mais chaque année on peut mesurer le chemin parcouru et se rendre compte qu'on a pu contribuer un peu plus à la communauté du logiciel libre et que l'on peut faire de plus en plus de choses avec ce que nous avons produit.

Conclusion

Question : Le mot de la fin… Une nouveauté XWiki future ou présente à dévoiler ? Un projet de R&D particulièrement vivant à promouvoir ? Un évènement à annoncer ?

XWiki a passé les 10 ans d'existence cet été, et cette dixième année a été le temps d'un renouvellement technologique. Dans la version 6.2 de XWiki Enterprise qui est sorti il y a 10 jours, nous avons mis en place un nouvel habillage HTML5/Responsive basé sur Bootstrap et LESS. Par ailleurs nous avons fait notre première extension développée avec AngularJS et le résultat est assez bluffant (en 2 mois nous avons livré un gestionnaire web de fichiers complet).

Côté R&D, nous développons une technologie d'édition Realtime, qui s'applique non seulement au markup wiki mais surtout au texte riche. Ce que nous avons développé est plus complet et plus avancé qu'Etherpad. L'intérêt est que cette technologie peut être utilisée pour d'autres usages temps réel comme le dessin collaboratif en temps réel. Nous allons continuer dans cette direction et nous avons l'ambition d'aller plus loin dans les usages collaboratifs afin de permettre au logiciel libre de concurrencer les plateformes comme Google Apps et Office 365. Mais ça c'est pour un autre projet dont je ne peux pas encore parler.

Merci beaucoup, Ludovic, pour le temps que tu as pris pour répondre à cette interview. Bonne continuation à XWiki, et pour les lecteurs qui cherchent un job dans le domaine… http://www.xwiki.com/lang/fr/Company/Jobs

Merci à toi. Et même si vous ne voyez pas d'offre qui vous corresponde. Si vous êtes un fan d'Open Source et que vous pensez que XWiki SAS peut être un bon endroit pour vous n'hésitez pas à nous contacter. Même si nous n'avons pas de jobs tout de suite, cela peut changer dans le futur.

Aller plus loin

  • # Intéressant

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 29 septembre 2014 à 14:24.

    Merci pour cette interview intéressante.
    J'aurais aimé avoir plus de détails sur le lancement du projet :

    • Combien de prospects dans le carnet d'adresses ? Avec quel pourcentage dont vous pouviez être sûrs qu'ils signeraient un contrat de service ? En gros, quel risque…
    • Combien de temps d'activité avant que l'entreprise ne soit devenue rentable ? J'entends par là que le(s) salarié(s) n'y étaient pas de leur poche…
    • Et au fait, combien de personnes à la création de l'entreprise ?
    • Quel genre d'horaires (h/semaine) ?
    • [^] # Re: Intéressant

      Posté par  . Évalué à 9.

      Bonjour Yves,

      Question: Combien de prospects dans le carnet d'adresses ? Avec quel pourcentage dont vous pouviez être sûrs qu'ils signeraient un contrat de service ? En gros, quel risque…

      Je ne sais pas trop comment répondre à cette question. XWiki travaille surtout avec des appels entrant. En général on est à plus de 50% sur ces appels en terme de signature. Après plus nous travaillons avec des personnes qui ont juste laissé leur contact sur le site, mais sans faire une demande particulière, plus le taux chute. Sur la partie entrante le risque est donc faible. Sur le reste de la base cela demande un investissement commercial plus important.

      Question: Combien de temps d'activité avant que l'entreprise ne soit devenue rentable ? J'entends par là que le(s) salarié(s) n'y étaient pas de leur poche…

      Il n'y a que moi qui effectivement n'a pas eu de salaire au début de l'entreprise. Comme je pouvais me le permettre, les revenus ont permis ainsi d'embaucher des nouveaux employés. L'entreprise elle même à toujours dépensé moins que ce qu'elle avait. Après il est sûr que nous avons tous fait des efforts sur les salaires en particulier au début. Progressivement, nous avons monté les salaires pour que nos salaires soient le plus compétitif possible. Après il est probable que beaucoup d'entre nous pourraient avoir des jobs mieux payés, mais probablement pas en faisant du logiciel libre.

      Question: Et au fait, combien de personnes à la création de l'entreprise ?

      J'ai été seul au début. Le premier employé était en 2005. Le capital a été ouvert à 12 employés en 2008.

      Question: Quel genre d'horaires (h/semaine) ?

      Il n'y a pas de création d'entreprise sans effort. Mais aujourd'hui le rythme de travail est "normal" chez XWiki car nous faisons un marathon et il est impossible de sprinter en permanence dans un marathon.

  • # Merci, et questions

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

    Dépèche de très bonne qualité, on apprend beaucoup.

    Je retiens entre autres (il y a tellement) :

    il nous a appelé et nous avons eu l'impression qu'il se sentait "volé" de devoir acheter une journée de service pour qu'on lui fasse l'installation

    Je me sens moins seul… La mentalité "tout gratuit, bosse pour moi gratos ton développement n'est pas assez gratuit pour moi" est parfois impressionnante. Heureusement c'est seulement une petite part de la faune.

    Mais l'open source n'est pas un objectif ; c'est une façon d'atteindre plusieurs les objectifs présentés.

    (venant du blog).
    Oh merci! Ca fait aussi plaisir de lire ça.
    Mais ça va faire grincer des dents les "puristes" pour qui le libre est le but ultime (mais on ne les vois pas beaucoup commiter, ils utilisent surtout, comme c'est étonnant).


    bon, des questions :

    1/ Combien de temps avant d'avoir été rentable (=un revenu correct par investisseur)?

    2/ Quel ratio entre service facturé et dévelopement non facturé?

    3/ Quelle a été la forme de l'augmentation de collaborateurs (de combien au départ à combien à la fin, quelles grosses étapes et élément déclencheur d'un recrutement donc d'investissement risqué)?

    • [^] # Re: Merci, et questions

      Posté par  . Évalué à 7.

      Bonjour, je me permet d'apporter un éclairage en tant qu'employé et actionnaire de la société :

      2/ En règle générale, tout ce qui est fait pour le compte d'un client est facturé alors tout ce qui est fait par l'équipe coeur est pris en charge par des committers (internes ou externes) et donc non facturé. Dans certains cas, lorsqu'un client demande un développement qui a vocation à être ré-intégré dans le coeurs, nous appliquons une remise significative.

      3/ Comme l'a indiqué Ludovic, il a démarré seul. Nous étions 8 quand je suis arrivé fin 2006. Nous avons ouvert un bureau en Roumanie avec 3 employés en 2007. Globalement, la croissance du nombre d'employés a ensuite été assez linéaire, pour arriver à 42 employés aujourd'hui. Nous avons également ouvert un bureau en Algérie début 2014, suite au rachat des actifs de la société Nearbee.

      1/ D'une façon générale, nous avons toujours fait le choix de ré-investir la progression de CA générée au fil des ans dans des augmentations de salaires et/ou des embauches de nouveaux collaborateurs. Il n'y a donc pas vraiment d'élément déclencheur particulier. L'ouverture des filiales à l'étranger (Roumanie et Algérie) s'est fait sur des opportunités. En Roumanie, c'est un étudiant qui avait participé au GSoC en 2005 qui nous a ensuite aidé à monter la filiale.

      • [^] # Re: Merci, et questions

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        tout ce qui est fait pour le compte d'un client est facturé alors tout ce qui est fait par l'équipe coeur est pris en charge par des committers (internes ou externes) et donc non facturé.

        Je me suis peut-être mal exprimé.
        passons sur la partie "externe", qui concerne d'autres boites.
        Concentrons-nous usr la partie "interne". Sauf erreur de ma part, les personnes internes sont payées par XWiki, et donc l'argent vient de ce qui est vendu au client.
        Ce qui m'interesse est de connaitre le ratio entre ce qui est fait en interne facturé au client pour son besoin et le ce qui est fait en interne non facturé? En d'autres mots, pour une heure facturée, combien d'heure XWiki "sponsorise" les commiteurs internes? En tournant d'une autre façon la question (même si ce n'est pas exactement la même question), quelle remise pour un développement qui sera intégré au coeur par rapport à un dévelopement non pertinent qui va rester dans son coin?

        • [^] # Re: Merci, et questions

          Posté par  . Évalué à 7.

          Re-bonjour,

          concernant la partie interne : la majorité des committers du logiciel sont en effet financés par XWiki SAS, mais pas la totalité. Vous pouvez voir cela ici :
          HallOfFame

          Nous ne raisonnons pas vraiment en termes d'heures, mais plus en nombre de personnes par équipe. À l'heure actuelle, nous avons environ 6-7 personnes dédiées au développement du coeur XWiki, pour environ 17-18 personnes côté projets client (chefs de projet et support technique compris). Donc en termes de ratio c'est 25% de non-facturé pour 75% de facturé (en gros).

          Il est à noter que dans ces 75%, une partie finit tout de même dans le produit. Un projet client committable dans le coeur fait en règle générale l'objet d'une remise qui peut aller de 20 à 50% en fonction surtout du délai attendu et de l'intérêt de la fonctionnalité demandée pour le coeur XWiki.

        • [^] # Re: Merci, et questions

          Posté par  . Évalué à 7.

          Bonjour Zenitram,

          Il y a divers scenarios. Tout d'abord, nous avons une équipe de développeur permanent qui bosse sur le produit sans aucune facturation client. Ces développeurs sont payés par la marge du support et des projets de développement clients ainsi que par le CIR (Crédit Impôt Recherche) et projets de recherches financés. Ils sont quasi à 100% sur la roadmap que nous décidons et discutons avec la communauté. Cette équipe est aussi sollicité pour certains développements qui vont dans le produit et sont achetés par les clients (c'est le cas par exemple du File Manager en AngularJS développé cet été). En général nous faisons des discounts plutôt important quand nous estimons que ces développements sont intéressants pour la roadmap (25% voire 50%) sans compter que dans ces cas nous ne regardons par trop les jours consommés et nous concentrons beaucoup plus sur le fait de faire de la très haute qualité réutilisable. Cette équipe est aussi sollicité par notre équipe de support pour investiguer et corriger les bugs dans le produit. Il est difficile d'estimer la part de facturé car c'est bien facturé dans le cadre des contrats de support mais ce n'est pas une facturation au temps mais une garantie. Nous estimons à 25% environ le temps passé sur les corrections de bugs.

          Par ailleurs nous avons une équipe de projet clients, dont les projets sont facturés. La c'est le mode inverse. La majorité des développements sont "spécifiques", cependant il arrive que nous développons dans ces projets clients des modules que nous mettons en Open Source (avec l'accord du client), ou bien que nous corrigions ou améliorons des éléments de la plateforme XWiki. Il n'y a pas vraiment de discount de ce côté la mais un intérêt mutuel des clients à voir la plateforme s'améliorer. L'équipe client "prête" aussi des développeurs à l'équipe coeur pour travailler sur des application quand il y a du temps disponible. Cette dernière année l'équipe client à publié beaucoup d'applications/extensions d'XWiki.

          En terme d'effectifs l'équipe client est environ deux fois plus importante que l'équipe permanente produit, cependant l'équipe produit est très "sénior".

          Ludovic

  • # JEI et CIR

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Perso, devant l'opacité des critères pour la définition de "recherche" des JEI et CIR pas très adaptée au monde logiciel de mon point de vue, et vu mon adoration de la paperasse, j'avais abandonné l'idée de demander le statut de JEI et l'idée de demander le CIR; comment s'est passé tes demandes de JEI et CIR par rapport à XWiki? En d'autres mots, comment as-tu pu faire rentrer XWiki dans les cases demandées par la paperasse JEI et CIR?
    (je n'irai pas jusqu'à demander une copie des documents, mais j'en suis pas loin ;-) )

    • [^] # Re: JEI et CIR

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      C'est évident pour Zenitram, peut-être moins pour d'autres

      JEI -> Jeune entreprise innovante
      CIR -> Crédit impôt recherche

      En théorie, pour obtenir le CIR, il faut faire un truc très innovant, en pratique les grosses boites l'utilisent pour réduire leur impôt.

      ウィズコロナ

    • [^] # Re: JEI et CIR

      Posté par  . Évalué à 6.

      Concernant JEI et CIR, XWiki y a et y fait encore appel. Nous avons été JEI sans problème depuis le début d'XWiki et nous avons le CIR depuis 2006. Pour cela nous avons été initialement aidé par une personne de l'incubateur Telecom Paris (je peux te mettre en contact car il a aidé d'autres entreprises).

      Dans le cas d'XWiki, nous sommes assez bien dans le "cadre" car XWiki est un logiciel innovant et nous n'avons pas eu de difficultés à justifier cela. Nous avons eu un contrôle URSSAF et deux contrôles fiscaux qui ont validés nos dossiers. Cependant nous avons aussi été aidé car depuis 2007, nous avons répondu avec succès à des projets de recherche collaboratifs (d'abord Français puis Européen). Cela bien entendu donne une justification supplémentaire à l'aspect recherche chez XWiki.

      Je ne peux que conseiller pour les acteurs du logiciel libre de faire appel à JEI et CIR, mais bien entende de bien préparer leur dossier. Pour ceux qui veulent des garantis la méthodes du rescrit (JEI et CIR) est un bon moyen de se protéger avant de faire les dépenses.

      Ludovic

  • # Nombre de collaborateurs?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Nombre de collaborateurs : 42

    Est-ce compté en ETP (Equivalent Temps Plein) ou avez-vous beaucoup de temps partiels ou est-ce juste la réponse à La Grande Question sur la vie, l'univers et le reste?
    Je me pose la question, car le C.A. est de 1.16 M€ (pour la partie que française, mais j'ai cru comprendre que les filiales à l'étranger ne font pas de vente), soit 26 k€/tête tout compris (salaires nets, charges sociales, machines, locaux… à payer avec ça), et je réverai d'avoir des employés à ce niveau de salaire si il y avait 42 ETP, même en Open-Source ce n'est pas facile à trouver.
    Après, j'imagine que les filiales doivent payer moins cher vu les pays, certes.

    • [^] # Re: Nombre de collaborateurs?

      Posté par  . Évalué à 6.

      C'est une remarque qu'on nous fait souvent :-) La réponse tient à 2 éléments : un évoqué dans le commentaire, l'autre dans l'article. Tout d'abord, c'est indéniable, le fait d'avoir des filiales à l'étranger permet d'embaucher plus de personnes que si nous étions installés uniquement en France. C'est l'une des grandes chances qu'offre le travail dans notre domaine : il y a des gens très compétents ailleurs qu'à Paris centre ! Outre la Roumanie et l'Algérie, nous avons également des employés en Picardie ou encore à Lyon.

      Concernant l'autre variable de l'équation, notre budget total n'est pas uniquement composé de notre CA HT. En interne, le suivi budgétaire est fait en TTC. Il faut également prendre en compte les revenus en provenance des projets de recherche et du CIR. Au final, notre volume d'affaires total est donc plus proche de 1.8 - 2M€, ce qui nous amène autour de 43K€/employé tout compris. C'est certes toujours bas pour la France, mais dans une moindre mesure qu'au niveau évoqué plus haut.

  • # Originalité du logiciel initial ?

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

    Si je comprends bien, XWiki avait 8 mois d'existence lorsque la société a été créée. XWiki était déjà commercialisable ? Quelles étaient ses "killer-features" à l'époque par rapport à l'existant (wikimedia ? autre ?) ?

    Est-ce que l'aspect libre était un argument commercial dès le début ? Dit autrement : les premiers prospects/clients étaient utilisateurs de XWiki et ont demandé des contrats associés ou bien étaient-ils en recherche d'un outil de type Wiki et sont devenus utilisateur/client XWiki en même temps ?

    • [^] # Re: Originalité du logiciel initial ?

      Posté par  . Évalué à 10.

      Bonjour LeBouquetin,

      Il est clair qu'entre le logiciel XWiki et celui qui nous a permis d'avoir les premiers clients, il y a un monde complet. Pourtant les innovations d'XWiki existaient déjà dans des formes rudimentaires.

      XWiki s'est développé et continue à se développer sur plusieurs tendance et innovations:

      Des tendances générales:

      • les wikis, même si le concept du wiki à tendance à être limité à la notion de page texte, alors que le concept est plus général puisqu'il s'agit de collaboration et de liens entre les contenus. Une fois appliqué à tout type de contenus, incluant fichiers, données structurées, applications, ce concept est beaucoup plus large. Cependant il rejoint un concept plus large qui est la collaboration sociale en étant une approche différente.
      • l'entreprise sociale, la collaboration sociale, l'entreprise 2.0. Cependant je regrette que la perception de la collaboration sociale est limité à Facebook plutôt qu'a Wikipedia. Ainsi en entreprise si on parle de Réseau Social, on parle surtout du profil et de canaux de discussions. Cependant l'entreprise 2.0 correspond aussi à des changements organisationnels qui nous correspondent.
      • la gestion de l'information en mode web et l'abandon du mode "fichier", ou toutes les informations de l'entreprise sont déportés sur des serveurs web, et ou progressivement les informations passent de document en page web ou en applications. Ce dernier trend prend cependant du temps car les habitudes sont dures à changer (c'est plus facile de rester en mode fichier sur Google Drive que de changer les modes de collaboration et passer en mode wiki et collaboratif, pourtant ça change tout).

      Des innovations spécifiques à XWiki:

      • le Wiki structuré ou Wiki applicatif. Dés 2003, dans XWiki on peut faire des pages Wikis en mode formulaire. Nous avons rendu cette innovation beaucoup plus accessible avec AppWithinMinutes beaucoup plus tard. Mais dés 2003 cette innovation était importante car elle à permit de répondre à plus de besoins des entreprises
      • la plateforme de développement en mode Web. XWiki en plus d'être un wiki est une plateforme de développement complète. Son interface elle même est construite sur une API scriptée. Il est possible de customiser XWiki et de faire des applications, y compris non collaboratives. Le mode de développement d'XWiki est très innovation car il est possible de développer 100% par le navigateur web. Cela permet à un développeur de travailler avec un graphiste, un chef de projet et de voir le projet se construire petit à petit sur une interface unique. Cette innovation est surtout orienté vers les développeurs dans l'entreprise en permettant de faire des développements encore plus rapides.

      Au départ, nous avons commencé soit par des développements importants basés sur la plateforme XWiki, soit par des améliorations ou des formations sur le logiciel XWiki comme outil simple de collaboration. Par exemple le projet Curriki (http://www.curriki.org) décliné en Planète Sankoré en France (http://planète.sankore.org) à été des premiers grands clients d'XWiki, et l'usage d'XWiki est plus un usage plateforme que Wiki (Curriki et Sankoré sont des espace de partage pour l'éducation), et le logiciel Curriki/Sankoré est un solution à part entière utilisant XWiki comme base.

      Nous n'avons jamais été positionné comme un "me-too", c'est à dire un remplacement d'outil closed source parce que le Wiki est un usage innovant et c'est à la base une innovation "Libre" (la plupart des logiciels de Wikis sont des logiciels libres). Le concurrent propriétaire dans ce domaine est Atlassian Confluence qui s'est lancé environ au même moment, et leur approche commerciale étant plutôt aggressive au niveau prix le positionnement "gratuit" d'XWiki n'est pas le critère principal qui ferait choisir XWiki (cependant depuis et c'est ce que j'avais anticipé, les prix d'Atlassian ont bien augmentés donc cela devient un argument). L'argument face à Confluence à toujours été sur les features et en particulier le "Wiki Structuré", XWiki et l'Open Source en tant que plateforme ouverte et extensible). Après nos concurrents sont sur un domaine plus large de la collaboration et sur ce domaine nous faisons jouer tout aussi bien des arguments de prix que des arguments d'approche différente et innovante. C'est le cas de la concurrence avec Microsoft Sharepoint. L'argument prix existe, encore que beaucoup d'entreprises ont Sharepoint gratuitement ou pseudo-gratuitement, ce qui fait partie de la tactic de Microsoft pour empêcher l'entrée de concurrents. Mais le prix est loin d'être le seul argument. Nous considérons que nous sommes compétitifs en tant que tels, après nous présentons le libre comme un avantage supplémentaire pour les clients leur offrant des garanties à long terme, mais il est important de savoir que le plus important est d'abord de pouvoir bien répondre aux besoins des clients.

      Maintenant un argument que nous utilisons souvent est cette garantie à long terme et les perspectives que nous pouvons offrir aux utilisateurs et clients d'XWiki. Nous leur indiquons que si aujourd'hui avec une centaine de clients nous arrivons à financer les développements d'XWiki au niveau ou ils les considèrent déjà comme concurrentiel face à des offres d'entreprises dont les comptes sont en milliards de  et à des startups qui lèvent des dizaines de millions de, alors à eux de voir ce que le logiciel XWiki pourra être avec des milliers ou dizaines de milliers de clients. C'est ça un argument fort du libre. Au fur et à mesure que les clients adoptent les solutions libres, celles-ci ne peuvent que s'enrichir et devenir plus riches et fonctionnelles. Si les milliards dépensés chez Microsoft allaient vers le libre, ne serait-ce qu'en étant divisé par 10, la R&D des éditeurs libres serait forcement boostée.

      D'ailleurs je conseillerais aux entrepreneurs Open Source de ne pas être des "me-too open source", et d'avoir leur approche et leur différentiateur, ne serait-ce que pour se différencier des autres solutions libres qui existent, ou envers les solutions "cloud" peu chères. Le sens de l'histoire va vers des solutions de moins en moins onéreuses qui font de plus en plus de choses. Tout entreprise de logiciel doit être prête à être concurrentielle dans un marché compétitif. C'est aussi une des grandes raisons qui fait qu'à mon sens notre modèle en comparaison au modèle des éditeurs propriétaires français (que je respecte beaucoup). Forcement à un moment ces éditeurs feront face à une concurrence de plus en plus rude des logiciels libres et il sera trop tard pour changer de modèle.

      Ludovic

      • [^] # Re: Originalité du logiciel initial ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        D'ailleurs je conseillerais aux entrepreneurs Open Source de ne pas être des "me-too open source", et d'avoir leur approche et leur différentiateur, ne serait-ce que pour se différencier des autres solutions libres qui existent, ou envers les solutions "cloud" peu chères.

        +1 (pour ne pas dire +1000)

        C'est aussi une des grandes raisons qui fait qu'à mon sens notre modèle en comparaison au modèle des éditeurs propriétaires français (que je respecte beaucoup)

        Pas compris la phrase, il manque des choses je crois.

        ウィズコロナ

        • [^] # Re: Originalité du logiciel initial ?

          Posté par  . Évalué à 4.

          C'est aussi une des grandes raisons qui fait, qu'à mon sens, notre modèle, en comparaison au modèle des éditeurs propriétaires français (que je respecte beaucoup), est le bon.

          Un peu trop d'interstices :)

  • # Rifkin

    Posté par  . Évalué à 3.

    Pour mieux comprendre le phénomène je conseille à tes lecteurs le livre de Jeremy Rifkin Zéro marginal cost society

    Le bouquin de Rifkin est proprement démonté ici :
    http://michelvolle.blogspot.fr/2014/09/jeremy-rifkin-zero-marginal-cost.html

    • [^] # Re: Rifkin

      Posté par  . Évalué à 1.

      Proprement, proprement.. C'est vite dit. Je ne suis pas spécialement convaincu par le démontage.

    • [^] # Re: Rifkin

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.

      Le "démontage" d'un bouquin entier en 3 paragraphes me paraît un peu léger.

      • [^] # Re: Rifkin

        Posté par  . Évalué à 2.

        À partir du moment où le postulat de base d'un ouvrage est faux, il n'y a pas grand'chose de plus à en dire…

        • [^] # Re: Rifkin

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

          Le fait que le postulat est faux n'est pas sérieusement démontré par l'article auquel tu fais référence. Cet article est "torché" en 3 paragraphes, la seule référence "extérieure" étant un article… du même auteur. Sa démonstration ne m'a pas convaincu du tout.

          Par ailleurs sur quasiment 400 pages, il est un peu pédant de dire que si les hypothèses de base ne sont pas avérées il n'y a rien à tirer du bouquin. Perso, quand je lis ce genre de bouquin, ce n'est pas pour prendre la thèse de l'auteur comme une vérité mais plutôt pour m'imprégner d'un raisonnement et d'un point de vue et de faire évoluer ma vision des choses (en prenant en compte seulement certains éléments de réflexions tirés du bouquin).

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