• # Une difficultĂ© supplĂ©mentaire pour se syndiquer dans l’informatique

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10.

    (Ce qui suit n’est qu’un avis personnel basé sur mes expériences, dans de grosses et moyennes entreprises – je n’ai jamais croisé de syndicat dans les petites)_

    L’une des difficultés que l’on peut rencontrer si on veut se syndiquer dans l’informatique, c’est qu’à cause du manque de culture syndicale, il y a peu de syndicats en place. Et quand il y en a, on a souvent des syndicats (ou des syndicalistes) qui ne sont pas là pour « les employés » mais « leurs intérêts », ce qui peut être très différent. Ça complique donc le choix d’un syndicat pour faire représenter ses intérêts, voire oblige à le faire soi-même (et tout ne monde n’a pas forcément les appétences ou même les capacités pour ce faire).

    Florilège des absurdités que j’ai pu croiser :

    • Les gens qui sont lĂ  pour la politique, pour emmerder la direction… et pas pour faire avancer les choses (ça peut aller au point de refuser de signer un accord qu’ils ont eux-mĂŞme portĂ© juste parce que la direction est d’accord, « parce qu’on ne signe pas avec la direction ») – espèce qui sĂ©vit aussi dans d’autres domaines.
    • Ceux qui sont lĂ  pour protĂ©ger ceux qui pensent exactement comme eux. Exemple classique rĂ©cemment : « Je n’aime pas le tĂ©lĂ©travail, donc je vais refuser tout accord tĂ©lĂ©travail mĂŞme facultatif, parce que si je n’aime pas, personne ne peut aimer ». Il y a pas mal de bisbilles gĂ©nĂ©rationnelles de ce type.
    • Ceux qui sont carrĂ©ment lĂ  pour se protĂ©ger, eux ou leurs amis. Le but (quasiment explicite) est de syndiquer, voire faire Ă©lire une personne, pour la rendre quasiment impossible Ă  virer, et ce alors que cette personne est toxique, ou notoirement incompĂ©tente, ou jamais lĂ 1.
    • Ce qui nĂ©gocient de dĂ©shabiller Pierre pour habiller Paul. C’est dĂ©jĂ  pas très sain quand Pierre c’est « les sous-traitants » ; ça devient toxique quand c’est carrĂ©ment un autre service de la boite ou une autre catĂ©gorie socio-professionnelle (hors correction d’injustice flagrante) (j’ai mĂŞme vu un syndicaliste cadre qui parlait de supprimer des avantages aux ETAM pour garder les siens « parce que c’est les cadres qui font la valeur »…).

    Un autre truc pénible (et qui n’aide pas à choisir), c’est quand il y a plusieurs syndicats avec presque les mêmes positions, mais que 80 % de leur communication consiste à dire « nous on est meilleurs que les autres » (au lieu d’indiquer ce qu’ils font en pratique).


    1. Il peut y avoir d’excellentes raison d’être employé par une entreprise mais jamais à son poste, toutes les maladies de longue durée par exemple. Mais on ne peut décemment pas prétendre être « représentant du personnel » avec en tout et pour tout 3 semaines de présence sur 2 ans, parce que là on ne représente plus personne. ↩

    La connaissance libre : https://zestedesavoir.com

    • [^] # Re: Une difficultĂ© supplĂ©mentaire pour se syndiquer dans l’informatique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 13 décembre 2023 à 15:31.

      Il y a de nombreux syndicats dans ma boîte, dont des nouveaux cette année ("nouveaux" pour ma sous-entité en tout cas, ils pouvaient exister ailleurs / dans une autre entité ou filiale).

      Les élections pro en novembre ont encore été une débauche éphémère de communication : pendant les 3 semaines avant le scrutin, d'un coup tu vois un à plusieurs syndicats par jour qui viennent tracter direct sur ton bureau. Et aussi devant la cantine. Et fourguer des goodies, genre calendrier papier, bonbons, madeleine, etc., légère impression d'être à acheter… un seul syndicat a communiqué sur son choix de ne pas avoir de goodies. Télétravail ou pas, ton bureau (ou un bureau parce que "flexdesk") a rapidement une dizaine de tracts empilés.

      Particularité cette année : le ton est sérieusement monté, syndicats se prenant à partie entre eux (avec tract distribué répondant aux accusations/insinuations/propos de celui distribué 2h avant par l'autre) et diffusion de courriel assez inédit (un responsable syndical accusant explicitement de délits divers et variés la direction et d'autres syndicats)…

      Le scrutin a eu lieu, retour Ă  la normale/l'habituel, quelques tracts occasionnels.

    • [^] # Re: Une difficultĂ© supplĂ©mentaire pour se syndiquer dans l’informatique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      J'ai connu lors d'un stage dans une petite PME un syndicat en place.
      L'élection a été faite pour porter des revendications concrètes. Et cela a permis de faire avancer les choses.

      Mais après le représentant du personnel a un peu pris la boule et est tombé dans le genre de dérives que tu décris. Et les employés étaient un peu dèg par la suite car en effet il ne représentait plus le personnel comme au début.

      Bref, ça peut arriver dans les petites aussi. C'est plus une question de culture personnelle je pense. Cela dépendra du représentant en question.

      • [^] # Re: Une difficultĂ© supplĂ©mentaire pour se syndiquer dans l’informatique

        Posté par  . Évalué à 3.

        Mais après le représentant du personnel a un peu pris la boule et est tombé dans le genre de dérives que tu décris. Et les employés étaient un peu dèg par la suite car en effet il ne représentait plus le personnel comme au début.

        S'il ne convient plus, on rappelle qu'il est tout à fait possible de le dégager de son poste aux prochaines élections professionnelles.

        Et d'élire ainsi peut-être quelqu'un qui défendra mieux les intérêts des employés.

        La majeure partie des morts l'était déjà de son vivant et le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.

  • # le syndicat c'est nous, c'est toi

    Posté par  . Évalué à 9.

    Bonjour,

    Effectivement, l'engagement syndical est trop faible en France, on peut le déplorer.
    La culture et l'éducation populaire qui vont avec tout ça est également très mince par rapport aux enjeux.
    Un syndicat ce n'est qu'un collectif organisé de travailleuses et travailleurs.
    Syndicaliste c'est pas un métier (ou ça ne devrait pas l'être) mais (il y a un gros MAIS), comme les vocations se font rares, il est fréquent qu'une même personne cumule (beaucoup) trop de mandats (toutes les instances du CSE/CSA, des mandats locaux ou fédéraux…) ce qui a pour effet de déconnecter la personne de son milieu professionnel et de ses collègues.
    Surtout dans les grosses structures, la réunionnite a vite fait de vous bouffer 25-30% de votre temps de travail dans une seule instance représentative et les "groupes de travail" et autres "commissions" qui en découlent.
    Pour peu que vous soyez un peu "efficace" ou juste volontaire, les occasions ne manquent pas pour se faire aspirer par d'autres structures tant la carence d'engagement est criante.
    Et ensuite c'est la porte ouverte à toutes les dérives: soit on hérite d'un/une "autocrate" qui fait tout seul, soit quelqu'un qui se fatigue d'aller seul au charbon (et oui, aller se friter avec "les chefs" et être la/le porte drapeau de service et le bureau des pleurs ça n'amuse pas tout le monde) et qui finit par craquer ou devenir le mou du genou qui ne sert plus à grand'chose.
    Mais c'est pas l'exclusivité du syndicat, il y a la même chose dans le milieu associatif dès qu'il n'y a plus assez de bras pour porter les actions d'un collectif, ça devient compliqué.
    En tout cas j'espère que dans vos boîtes, ça se passe bien et que les gens tiennent la route, dans tous les cas n'hésitez pas à vous en mêler (pas juste pour râler qu'il manque ceci ou cela mais pour faire).
    Parceque des yakafokon y'en a plein, mais des gens qui font, y'en a moins.

  • # prĂ©cĂ©demment

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

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