Fin des « labs » de la Hadopi

Posté par  . Édité par Benoît Sibaud et Nÿco. Modéré par claudex. Licence CC By‑SA.
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déc.
2012
Internet

Experts-pilotes, experts-associés, Directeur délégué, Adjoint Directeur des opérations, ils ne brilleront plus grâce à leur plume numérique. Je vous vois déjà en train de passer le coton-tige entre les touches de votre clavier venant de recevoir vos larmes lourdes de désespoir, je vous entends vous lamenter, grincer des dents. Vous êtes tristes, très tristes.

NdM : les « Labs » étaient censés être pour la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (source Numerama) des « ateliers d'observations et de discussion en ligne et hors ligne » qui « s'inspirent de modèles de recherche ou de construction collective sur internet qui ont déjà fait leur preuve ». Le secrétaire général de l'Hadopi, Éric Walter, cité par PC INpact, estime leur coût « proche du demi-million d’euros » en 2011 (5 salariés), puis fortement réduit en 2012 (2 salariés).

Comme je vous comprends, comme je compatis.
Vous ne pourrez bientôt plus consulter ce si riche forum (84 sujets, un petit millier de posts), ce si céleste wiki (53 articles d'environ 500 mots), et ces articles extraordinaires, comme celui-ci, Le paradoxe ubiquitaire, celui-là, Le savant brade-t-il la politique par les experts des labs Hadopi, ou bien cet autre, L’imaginaire des jeux vidéos : l’exemple des FPS.

Le libre, enfin, eut sa place d'honneur, avec ces deux pièces maitresses, Synthèse du workshop open-source et sécurité et Cartographie : l'écosystème du logiciel libre. J'attire votre attention sur le premier lien, introduit ici : Workshop open-source et sécurité, et vous livre avec émoi les quelques lignes d'ouverture :

Les Labs font leur rentrée avec un workshop dont la thématique sera "Open-source et sécurité : source du mal et/ou ouverture vers le bien ?"
Lorsque l'intelligence logicielle était captive du matériel, la sécurité informatique était une préoccupation très secondaire voire inexistante.
La séparation du hardware et du software a donnée naissance à la possibilité d'exploiter les failles logicielles. L'open-source a beaucoup facilité cet accès, rendant les failles analysables et exploitables par à peu près n'importe qui.
Pour autant, il semble peu réaliste de revenir en arrière pour enfermer à nouveau le software dans du hardware dans le but de le protéger et l'open-source permet finalement de curer le mal qu'il a lui-même contribué à créer, pour peu que tous se donnent la peine d'entretenir, à leur niveau, leur univers logiciel.

Lignes qui, à mon sens, illustrent magistralement la ligne éditoriale générale des « labs ». Ouverture, réflexion, profondeur, indépendance, pertinence, curiosité ; quelques termes bien faibles pour qualifier ce grand-œuvre, si tôt disparu.

Février 2011, décembre 2012.
Repose en paix.

Aller plus loin

  • # mdr

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    C'est triste d'en arriver là, je plains ceux qui ont travaillé là-dedans.

    • [^] # Re: mdr

      Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 22 décembre 2012 à 11:03.

      Oserais-tu remettre en question la Haute compétence de la Haute autorité ? :)

      • [^] # Re: mdr

        Posté par  . Évalué à 2.

        Bordel, et dire que j'avais raté ça.

        Écrit en Bépo selon l’orthographe de 1990

    • [^] # Re: mdr

      Posté par  . Évalué à 2.

      Juste un troll payé par les impots:

      Vous avez bien noté le sujet trollesque et les affirmations à l'emporte pièce. Vous avez bien noté qu'on les entendais dès 1980/90, vous vous doutez qu'on les entends encore.

      A qui est destiné le doc ? A ceux qui voudront bien le lire, et, en priorité, comme tout ce qui est fait aux labs, à l'hadopi et aux politiques qui tournent autour. Ceux qui écoutent finalement beaucoup ce qui se dit, surtout ce qui se dit fort. Et ce qui se dit contient justement ces affirmations (et d'autres) qui sont, pour grande partie, fausses.

      Le but du document est d'expliquer pourquoi elles sont fausses, dans des mots accessibles et néanmoins précis, et pourquoi le LL est une chance.

      http://labs.hadopi.fr/actualites/workshop-open-source-et-securite#comment-1935

      Depending on the time of day, the French go either way.

  • # Juste un lien

    Posté par  . Évalué à 10.

    Voici un lien d'un article d'une personne ayant travaillé dans ces «Labs» et qui explique son ressenti.

    http://www.hackersrepublic.org/cultureduhacking/la-face-cachee-des-Labs

    Bonne lecture.

  • # PAPOPI

    Posté par  . Évalué à 10.

    Bon, je vois que le post est plein d'ironie.
    Cependant, on ne peut que saluer le fait qu'une "administration" veuille ouvrir faire participer ses concitoyens.

    Pour ma part, à l'époque, Éric Walter m'avait demandé de contribuer aux Labs; j'ai même eu 2 comptes sur la plateforme (à cause d'un problème du premier compte). Je n'ai fait aucune contribution. (par manque de temps et parce que j'avais une légère crainte que mes contributions soient récupérées politiquement)

    De mon scope rapide (sans être un grand habitué des labs), tout le monde avait envie de faire avancer certaines choses; je sais que certains projets étaient menés pour faire avancer les choses (dans le bon sens, celui d'une ouverture et d'un accès plus facile aux catalogues des ayant-droits);

    Je pense que le principal frein a été le côté trop politique et très mal géré de la HADOPI.
    Je me souviens d'un soir, RDV purement happy-hour tard le soir avec Eric; Marie-Françoise Marais passait rapidement dans son bureau, petite discussion entre eux deux, puis elle part rentrer chez elle. J'étais un peu interloqué par le ton défaitiste et légèrement en colère de MF. J'avais demandé à Eric le pourquoi-du-comment. C'est là qu'il me dit que MF a passé la journée avec des gros ayant-droits, tentant de leur faire comprendre qu'il fallait arrêter les conneries et ouvrir leurs catalogues. J'étais interpellé car, même en connaissant un peu la HADOPI (l'administration), je ne savais pas qu'elle effectuait aussi ce genre de mission. Eric était d'accord sur un point : "On communique très mal là-dessus: Pour les gens, on est les méchants; pour les ayant-droits, on est les méchants (car on fait pas assez et qu'on leur dit que ce qu'ils font n'est pas bien); En gros, tout le monde veut nous voir supprimer". Parfois la HADOPI aidait les jeunes distributeurs sur certains éléments (documentations, aides, discussions)

    Benjamin Bayart résumait très bien la situation: La HADOPI devrait être démantelée : on garde les parties utiles (les labs, les aides, et les "discussions" avec les ayant-droits) et on vire tout le reste; et surtout on renomme la HADOPI en autre chose (je ne cite pas mot à mot car ca fait longtemps lorsqu'il avait dit cela).

    • [^] # Re: PAPOPI

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à -3.

      Si je résume ton message : tu connais Éric Walter et vous vous appelez par vos prénoms. Autre chose ?

      • [^] # Re: PAPOPI

        Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 22 décembre 2012 à 17:31.

        Non, parce que cela aurait fait lourd de répéter son nom à chaque fois; j'aurai pu mettre "il" ou "M. Walter" si tu préfères, il est vrai; mais j'avais peur qu'on ne comprenne pas à qui je m'adresse entre les deux protagonistes. (et non, je ne l'appelle pas "Eric", mais je peux le tutoyer, comme beaucoup de gens d'ailleurs, il est plutôt ouvert à ce sujet)

    • [^] # Commentaire supprimé

      Posté par  . Évalué à 4.

      Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.

    • [^] # Re: PAPOPI

      Posté par  . Évalué à 3.

      Cependant, on ne peut que saluer le fait qu'une "administration" veuille ouvrir faire participer ses concitoyens.

      • elle ne fait pas participer ses concitoyens, elle en recrute.
      • ce n'est en aucun cas une nouveauté : des personnes issues de la « société civile » sont sollicités tout le temps, selon des conditions et des statuts très divers, et rémunérées ou non.

      Là où il y a un problème (parmi d'autres), c'est de vendre ce truc comme un espace ouvert alors même qu'il est directement rattaché à la structure. Dans la charte des Labs, il y a une bonne tartine de garde-fous prévus pour que les recrutés conservent leur liberté de ton et d'action. Ce n'est pas pour rien que ces clauses ont été rédigées ; il fallait se prémunir de l'inféodation totale.

      Dans les faits, un recrutement direct, ça veut dire être chaperonné et porter la voix du chaperon. Il aurait fallu, pour espérer contrer cet effet négatif, pondre des travaux autrement plus conséquents que ceux qui ont été pondus.

      Ça n'a pas été le cas. Le chaperon avait mauvaise presse, il a recruté n'importe comment, il n'a pas réagi quand les premiers travaux foireux ont commencé à être publiés (et cela aurait été délicat), il a observé et n'a rien dit.

      La Hadopi est un cas d'école. Elle a peu ou prou raté tout ce qu'elle aura entrepris. Que ce soit la comm (réussir à foirer leur logo, le tournage de leurs pubs nullissimes, l'affaire TF1), le foirage total de leur label, la carte musique, les moyens de protection pour les individus, les fuites chez tmg, l'incroyable arrogance que ses membres affichaient pendant les conférences de presse, leurs déclarations calamiteuses, l'insondable échec de la riposte graduée, BREF BREF BREF, passons sur tout le reste.

      Les labs, dans tout ça, c'est peau de balle, du vent, du rien, ou sinon encore de l'arrogance, jusque dans les commentaires de la "chargée de gestion web" et du "gars bien" qui assume tranquillou qu'il trolle, fort de son statut d'expert.

      Ils ne sont pas sortis de l'héritage du parefeu d'openoffice.

  • # WOT

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    Haha, amusant la réputation, selon le plugin Firefox « Web Of Trust », du site hadopi.fr

    http://s7.postimage.org/iw96f69oa/hadopi.jpg

    Bon il ne s'agit en fait que de 4 évaluations, mais l'effet est efficace :)

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