Interview d’Aryeom dessinatrice de marmottes (mais pas que)

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Édité par Benoît Sibaud et bubar🦥. Modéré par Benoît Sibaud. Licence CC By‑SA.
94
25
juil.
2021
Graphisme/photo

Le logo avec un manchot, une marmotte et un gnou dormant sur l’herbe, c’est elle.

Aryeom est dessinatrice et réalisatrice de films d’animation et c’est l’une des premières personnes auxquelles j’ai pensé pour ces entretiens.

On lui doit un certain nombre d’améliorations de Gimp. Et même si on parle beaucoup de Gimp, on découvrira dans cette interview les autres logiciels qu’elle utilise. On y parlera aussi de marmottes, de tablette graphique, de licences et de langues. En effet, Aryeom est coréenne et le français, ni l’anglais ne sont ses langues maternelles et elle mérite un énorme remerciement pour cet entretien où certaines questions n’étaient peut-être pas si évidentes.

Logo du site dessiné par Aryeom

Il se trouve que, si tout va bien, cette interview est la première d’une petite série où le logiciel Gimp tient une place significative. Mais, ne divulgâchons rien.

Sommaire

Pour commencer, une question qu’un anglophone poserait sûrement : commence se prononce ton prénom ?

aˑɾjʌm Hahaha :D

Ce n’est pas exact, car il n’y a pas de voix coréenne dans la liste mais c’est le plus proche.

Les outils, Gimp et Blender

Sur quels outils as-tu été formée en tant que réalisatrice de films d’animation ?

J’ai été formée avec des outils propriétaires. Photoshop, Illustrator, Flash, After Effects, Première, Maya, 3Ds Max, etc. Ceux que j’ai le plus utilisés sont Photoshop, After Effects et Première.

Est-ce que cela a été difficile de changer d’outils notamment pour passer à GIMP et Blender ? Pour quelles raisons as-tu changé de logiciels ?

Au début, je n’étais pas habituée c’était difficile mais maintenant, c’est plus confortable. En plus GIMP n’était pas assez stable quand j’ai commencé à l’utiliser, mais depuis le logiciel a beaucoup évolué et est maintenant très stable. J’utilisais les logiciels propriétaires surtout par habitude. Mais je cherchais toujours les alternatives. Ce qui m’a plu dans le logiciel libre, c’est la philosophie avec un focus sur la liberté.

Puis, quand Jehan a commencé à corriger des bugs pour mon usage, cela m’a vraiment permis de franchir le pas.

Quels sont les points forts de GIMP, outre le fait qu’il s’agit d’un logiciel libre ? Quels sont ses points faibles ?

Les points forts : je peux personnaliser. Particulièrement, les options de dynamiques de brosses sont très intéressantes. Et je peux changer les raccourcis avec presque n’importe quelle touche de clavier. Par exemple, j’ai changé de ctrl+z à juste z pour annuler. Ce n’était pas possible avec Photoshop. Et on peut tout le temps discuter avec les développeurs. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu’ils vont implémenter n’importe quelle idée.

Les points faibles : c’est pareil que les points forts, parfois il y a trop de choix et d’options. Donc si je ne cherche pas bien, je peux ne pas trouver l’option qui me convient. En plus, c’est plus mon point faible que celui de GIMP, si vous ne connaissez pas bien l’anglais, c’est dur de chercher des informations sur GIMP. Il y a peu d’informations utiles en coréen.

Quels sont les points forts de Blender, outre le fait qu’il s’agit d’un logiciel libre ? Quels sont ses points faibles ?

Je ne connais pas assez pour donner des détails. J’utilise Blender mais en ce moment c’est plus de 90 % sur la partie Video Sequence Editor (VSE). Mais j’ai vu des œuvres magnifiques qui sont faites avec Blender. Donc je n’ai pas même l’ombre d’un doute sur le fait que c’est un outil très puissant pour la 3D et, depuis récemment, pour la 2D aussi. Il y a cet outil qui s’appelle le grease pencil1. Moi, j’utilise VSE pour le montage. Et malheureusement, je pense que VSE est une partie moins puissante dans Blender ou bien que les développeurs de Blender ont d’autres besoins. Ce n’est malheureusement pas le logiciel de montage idéal pour mon cas d’usage. Il y a beaucoup de mises à jour dernièrement, mais malgré cela, j’ai l’impression que ce n’est pas adapté à mon usage. Et aussi je dois sûrement étudier plus, car il est possible que je ne connaisse pas toutes les fonctionnalités. Souvent j’ai été bloquée parce que je ne savais pas qu’une fonction dont j’avais besoin existait déjà…

Contribution à GIMP

En tant, notamment, que contributrice de GIMP qu’as-tu apporté au logiciel ? As-tu rencontré des difficultés pour présenter tes suggestions (par exemple, des difficultés pour expliquer telle ou telle fonctionnalité et pourquoi elle est nécessaire) ?

Quelques icônes, des brosses marrantes, la dynamique pression taille, des petites BD pour illustrer les annonces officielles sur gimp.org, une page 404 animée. J’aide aussi à améliorer les options par défaut, et surtout je teste, rapporte les bugs, aide à débugger ou améliorer des fonctionnalités parce que j’utilise GIMP constamment et j’ai conçu ou aidé à concevoir quelques fonctionnalités de GIMP. Sélection de calque directement sur le canevas, multi sélection de calques, le coloriage par détection de lignes, notre travail en cours sur l’animation dans GIMP…

Pour mes suggestions, normalement, je parle directement à un développeur qui est toujours à côté de moi. Haha. Pour ça, c’est plus facile de montrer quels sont les problèmes. Trouver les problèmes n’est pas le plus difficile. Ce qui est le plus difficile est de concevoir des solutions génériques qui sont utiles à tout le monde, et pas juste à moi. Cela demande beaucoup de travail pour la conception des fonctionnalités.

GIMP et le milieu professionnel

Comment sont accueillis les projets de formation à des logiciels libres dans ton secteur ? Est-ce que les gens trouvent ça bien, sont sceptiques, rejettent l’idée même ? Sur quel système d’exploitation se passent le plus généralement ces formations ?

Je donne quelques fois des cours universitaires avec GIMP depuis quelques années, mais la formation n’est pas ma spécialité, donc je ne sais pas très bien. Justement, j’ai vu qu’il y a beaucoup de cours et projets 3D en blender, mais pour la 2D, j’entends surtout parler de cours qui utilisent des logiciels propriétaires.

Cependant, en donnant mes cours à l’université, j’ai vu que des étudiants connaissent et utilisent un peu les logiciels libres de graphisme 2D.

Est-ce que, dans ta pratique professionnelle, GIMP est vu comme un outil professionnel ? Faut-il passer du temps à convaincre tes interlocuteurs de ses capacités ?

Cela peut dépendre du contrat et de ce que le client veut, mais en gros pour un client, le projet se termine quand il a un fichier d’export final. Personnellement si le client le souhaite, je peux lui fournir les sources de travail (fichier xcf). Mais en général, dans le graphisme professionnel, puisque cela fonctionne en licences d’usage, il est rare de donner les fichiers sources sans conditions. Cela signifie que le format utilisé dans du travail en cours, xcf ou psd, importe rarement. Les clients ont besoin de formats finaux spécifiques, fichiers images ou vidéos, donc en fait, on a rarement cette discussion. Bien sûr c’est différent si on s’insère dans un projet plus gros et qu’il faut des formats intermédiaires donnés pour travailler avec d’autres personnes qui sont sur des logiciels spécifiques.

Chaque client a des demandes différentes. En fonction de la demande, on va choisir ses outils en fonction des fonctionnalités nécessaires. En fait sur certains projets, on peut même utiliser des logiciels bien plus simples que GIMP et on peut tout à fait avoir un rendu professionnel, du moment que le format final correspond à la demande.

Ainsi sans même avoir besoin d’en discuter, il n’y a pas de doutes que GIMP est tout à fait à un niveau professionnel. Si un client n’est pas content du résultat, ce serait probablement plus un problème dû à mon travail ou à ma compréhension de la demande qu’un problème de logiciel. Bien sûr, hormis si la demande du client requiert spécifiquement le format d’un logiciel particulier.

Les tablettes graphiques

Quels outils utilises-tu et recommanderais-tu à des graphistes, des dessinateurs, ou tout autre professionnel de ces secteurs qui voudraient travailler uniquement sur des logiciels libres, qu’il s’agisse de matériel ou de logiciel ? La question de la tablette graphique par exemple est assez primordiale. Est-ce qu’il est facile de trouver des tablettes graphiques fonctionnant sous Linux ?

Sur mon projet principal actuel, j’utilise principalement GIMP et Blender. Parfois j’utilise Inkscape, Scribus, Synfig, Kdenlive… Il y a aussi des logiciels que je n’ai pas encore eu la chance d’utiliser beaucoup mais que j’aimerais essayer davantage. L’avantage du logiciel libre est qu’il est très simple de les télécharger et les tester. Essayez divers logiciels, apprenez à les utiliser, et lorsque vous êtes à l’aise dans l’usage de certains logiciels et qu’ils correspondent à vos besoins, utilisez-les.

Pour les tablettes, j’utilise Wacom. C’est principalement, car c’est ce que j’ai toujours utilisé et que c’est le plus répandu. Parfois il y a des problèmes sous Linux mais rien de bloquant. Ces dernières années, il y a plusieurs autres sociétés qui sortent des modèles qui ont du succès et marchent sous Linux. Mais je ne les ai pas essayées donc je ne peux pas trop donner d’avis. Si ce que vous utilisez actuellement marche bien sous Linux, continuez à l’utiliser. Vous pouvez aussi envoyer des rapports de bugs aux développeurs. C’est la seule façon pour que la situation de la prise en charge du matériel s’améliore.

Les licences

As-tu eu des réticences à publier tes productions sous licence libre ? Quel est ton point de vue sur l’utilisation des clauses ND et NC des contrats Creative Commons ?

Pour aller à l’encontre de l’image « cool attitude » où je pourrais affirmer qu’il n’y a aucune hésitation, en réalité c’est quelque chose à laquelle j’ai beaucoup réfléchi et hésité, encore aujourd’hui. Déjà en voyant d’autres artistes qui mettent leurs œuvres sous licence libre, cela attire et on veut faire pareil. Alors sur le coup, j’ai fait ce choix. Mais plus d’une fois, on se pose la question de savoir si on arrivera à en vivre. Néanmoins, on se rend aussi compte que licence libre ou non, arriver à vivre de l’art graphique n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas un chemin professionnel aisé. Le problème des licences libres est surtout que c’est un chemin encore moins connu donc avec un avenir encore plus incertain. C’est ça qui rend ce choix plus complexe.

Ce projet principal est donc surtout une expérimentation. Si j’arrive à le finir et à en vivre, alors je continuerai à créer d’autres œuvres libres. Mon prochain projet pourra être libre. Et ainsi de suite tant que j’arrive à vivre de l’art libre. En travaillant avec cette logique, on peut arriver à faire un choix plus léger et à mieux concevoir l’avenir.

La logique des Creative Commons est de proposer un système de personnalisation. Donc c’est normal qu’ils proposent des choix si on veut refuser les modifications (ND) ou les usages commerciaux (NC), etc. Personnellement je n’ai pas de jugement à faire sur les clauses ND et NC. Bien sûr, plus il y aura de personnes qui utilisent plutôt des licences libres, plus on pourra se partager les œuvres, dans une logique plus ouverte et de partage. C’est un monde dans lequel je préférerais vivre. Mais au final c’est à chacun de choisir ce en quoi il croit ou ce dont il pense avoir besoin. Cela reste un choix personnel et je ne peux pas forcer les gens à promouvoir le partage.

Moi aussi, mes œuvres n’ont pas toutes été sous des licences libres.

Les rapports avec la communauté du libre

Quel est ton ressenti sur la communauté du libre ? Te sens-tu soutenue par le public ?

Je ne suis pas si habituée aux activités de communauté internet, donc je ne participe pas tant que ça. C’est en général Jehan qui fait l’interface avec les gens et les messages. Il me passe en général les messages positifs. Il y en a eu pas mal et je ressens en effet bien un soutien du public ! Tous les messages de remerciements, de soutien dans les temps durs, les messages chaleureux et compliments et bien sûr le soutien financier par financement participatif, tout cela me donne le pouvoir de continuer. Néanmoins c’est aussi une source d’anxiété, car j’ai peur de décevoir les gens si la qualité du rendu final ne leur plaît pas, surtout avec le temps que cela a pris. Donc merci beaucoup à tous et à toutes !

Tu produis des illustrations pour des articles au sujet de GIMP, LILA et ZeMarmot. Quel est ton niveau d’implication dans la communication de ces projets ?

Sur le site web de GIMP, je dessine en effet une BD « Wilber and co. » pour rendre les articles plus vivants et joyeux. Je fais aussi parfois les petits détails graphiques lorsque nécessaire.

J’essaie aussi de participer aux communautés GIMP en coréen, mais elles sont très petites.

LILA est une association très petite et pour ZeMarmot, je fais du graphisme additionnel mais c’est surtout Jehan qui fait le gros de la communication.

De manière générale, j’ai du mal à communiquer, surtout que c’est souvent dans des langues non natives pour moi. Je suis aussi peu sur les réseaux sociaux et j’essaie en fait d’éviter de trop utiliser ces derniers.

As-tu d’autres actions en faveur du logiciel que celles sus-citées ?

J’aimerais en faire bien plus, mais je ne fais pas grand-chose d’autre. J’aimerais notamment pouvoir aider à la traduction de GIMP en coréen et à promouvoir davantage GIMP en Corée.

Ze Marmot

Pourrais-tu nous dire quelques mots sur le film d’animation Ze Marmot, où en est-il ? Quels logiciels sont utilisés ? As-tu dû te former sur d’autres logiciels pour le faire vivre ?

Je travaille en ce moment sur la prévisualisation de l’animation finale. Lorsque l’animation est finie, je fais un montage final. Cependant en faisant cela, je découvre des problèmes à corriger que je n’avais pas vus lors de l’étape d’animation mais doivent absolument être corrigés pour passer à l’étape suivante.

Il y a aussi des problèmes d’organisation dus aux changements de GIMP. J’ai fait des choix d’organisation simple mais très répétitive à cause de fonctionnalités absentes. Par exemple pour l’export de certaines images une par une, ou encore parce que GIMP ne permettait pas de sélectionner plusieurs calques à la fois, j’avais fait des choix organisationnels pour pallier ces manques. Entre-temps, beaucoup de développement a été fait, donc je réorganise maintenant mieux certaines logiques simples pour les rendre plus efficaces, ce qui me prend du temps. En outre, puisque la prévisualisation implique du montage, je travaille beaucoup avec GIMP et Blender donc l’organisation des fichiers du projet doit être irréprochable pour ne pas s’y perdre.

Idéalement Blender pourrait lire les XCF dans le VSE et permettre d’en utiliser les calques indépendamment. Cela éviterait énormément d’étapes. Pour l’instant, lorsque je change le moindre détail, si je ne fais pas attention, l’organisation des fichiers risque de devenir chaotique.

Je règle aussi en ce moment des problèmes non vus en pré-production, par exemple lorsque je me rends compte que certains fonds ne coïncident pas bien entre deux séquences. Je découvre de telles erreurs lors du montage et me demande souvent si je dois continuer à les corriger ou juste les laisser passer. Tous ces petits choix et travaux ralentissent énormément ma progression. En fait c’est le problème quand une seule personne fait tous les rôles. Le rôle de directeur a une vision d’ensemble du projet alors que l’animateur a une vision détaillée. En mélangeant ces rôles, on se mêle les pinceaux et on a du mal à avoir les deux visions en même temps.

Quand j’aurais fini la prévisualisation, il me restera l’in-between2, la colorisation, les fonds et le rendu final.

Pour le dessin et la colorisation, j’utilise essentiellement GIMP et pour le montage Blender. De temps en temps, quand Blender VSE est un peu trop compliqué, j’utilise un peu Synfig aussi.

Pour finir

Quelle est ta distribution GNU/Linux préférée et pourquoi, quels sont tes logiciels libres préférés hormis GIMP ?

J’utilise Fedora et j’ai aussi utilisé Mint. Je n’essaie pas trop d’autres distributions. Mes logiciels préférés, hors GIMP, sont Inkscape, LibreOffice, Blender, Firefox, Synfig, etc.

Quels autres logiciels utilises-tu ?

En dehors des logiciels de graphisme, j’utilise Libre Office et Firefox le plus. J’ai utilisé aussi un peu Virtual Box et Sweet Home 3D. J’aime bien tester divers logiciels aussi.

Quelle question aurais-tu adoré qu’on te pose ? (évidemment tu peux y répondre).

Il n’y a pas vraiment de question supplémentaire à laquelle j’aurais voulu répondre.

Quelle question aurais-tu détesté qu’on te pose ? (en espérant que je ne te l’ai pas posée).

Là non plus, pas de question en particulier.

Merci beaucoup !


  1. N. D. M. : en français « crayon gras ». Dans Blender (EN), l’objet « grease pencil » est un outil qui permet de dessiner dans l’espace en 3D. On peut l’utiliser pour faire de l’animation 2D traditionnelle, de l’animation découpée, des graphiques de mouvement ou l’utiliser comme outil de storyboard, entre autres. ↩

  2. N. D. M. : en français « intervalle ». Cela consiste à dessiner les dessins manquants pour les animations, en gros les mouvements intermédiaires, ce qui les rend plus fluides. Le métier d’intervalliste est un métier à part entière dans le film d’animation. ↩

Aller plus loin

  • # chouette entretien

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10.

    Coucou,

    merci pour ce chouette entretien, c'est très agréable de lire le travail d'artistes, ça change du développement logiciel.

    Petite question pour un non initié, qu'est-ce que le « in-between » ?

    Bravo pour réussir à continuer sur la durée, c'est vraiment pas évident de porter un gros projet à bouts de bras quand on est une petite équipe avec peu de moyens.

    • [^] # Re: chouette entretien

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7. Dernière modification le 26 juillet 2021 à 12:54.

      D’après ce que je comprends, cela consiste à dessiner les dessins manquants pour les animations, en gros les mouvements intermédiaires, ce qui les rend plus fluides. C’est un assez gros boulot pas forcément très excitant mais essentiel.

      Je peux rajouter ça en note si on veut.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

      • [^] # Re: chouette entretien

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4. Dernière modification le 26 juillet 2021 à 15:11.

        OK, c'est que j'avais soupçonné avec le nom, merci.

        Une note serait bienvenue oui.

    • [^] # Re: chouette entretien

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

      merci pour ce chouette entretien, c'est très agréable de lire le travail d'artistes, ça change du développement logiciel.

      100% d'accord.

      Et, au grand merci à Aryeom et à Ysabeau, j'ajouterai que j'espère bien avoir le plaisir de lire d'autres interviews dans le même esprit. Autour de graphisme comme de toute autre activité créatrice.

  • # C’est une bonne idée cette série d’entretien

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    C’est une bonne idée cette série d’entretien, et l’occasion de rappeler qu’il est important de participer au financement de ZeMarmot, ce qui a un impact assez direct sur le développement de GIMP via le travail de Jehan. =)

    Peut-être que ça gagnerait à être mis en avant de manière plus explicite. :-)

    ce commentaire est sous licence cc by 4 et précédentes

  • # Graphisme libre et formation

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 31 juillet 2021 à 11:10.

    Pour compléter, ce qui est dit au niveau de la formation, il est vrai qu’un logiciel comme Blender s’est fais sa place presque partout depuis la sortie de la 2.8

    Il y a peu de formations professionnelles qui sont orientées logicielles libres dans ce milieu, mais il y en a :
    - coté communication, il y a par exemple la licence colibre à Lyon, qui existe déjà depuis au moins 10 ans et qui a sorti de bons éléments
    - côté création graphique et illustration, il y a Activdesign (https://activdesign.eu) qui donne des formations orientées vers les usages métiers, seulement avec des logiciels libres, depuis 2011.

    Il y en a peut être d’autres. J’ai aussi entendu parlé de certaines écoles qui passent au libre pour des raisons financières. Ce n’est pas la meilleure raison, mais cela aidera à la reconnaissance des logiciels.
    Je pense que les personnes qui cherchent des formations en logiciels libres pour le graphisme doivent systématiquement poser la question. Ça aidera les interlocuteurs à saisir l’ampleur de la demande.

    Peut être que ça vaudrait le coup de faire un papier sur le sujet, mais il faudrait avoir des données.

  • # Quelle formation pour les arts graphiques libres ?

    Posté par  . Évalué à 3.

    Ça n'a quasiment pas été abordé dans l'article (ceci dit sans aucun reproche de ma part). Aussi Aryeom (ou d'autres volontaires) pourrait peut-être en dire un peu plus en réponse à ce commentaire sur son parcours et sa formation pour sa carrière de graphiste, y compris sa formation à l'utilisation de logiciels propriétaires.
    Ma fille de 15 ans est passionnée par les arts graphiques (peu d'animation pour l'instant) auxquels elle consacre presque l'exclusivité de son temps libre. Elle utilise une petite tablette wacom et exclusivement des logiciels libres : essentiellement MyPaint, PikoPixel et Gimp sous Linux comme sous Mac, avec une préférence pour Linux ;-). Elle entre en 1ere et a choisi des modules correspondants à ses points forts et centres d'intérêts (langues anglaise et japonaise ainsi que les maths et la programmation). Quelles formations s'ouvriront à elle après le bac si elle souhaite faire du graphisme un métier ? Qu'est-ce qui existe ? Aryeom pourrait-elle aussi en dire un peu plus sur les lieux ou elle a donné des formations ?
    Merci pour cet intéressante interview.

    • [^] # Re: Quelle formation pour les arts graphiques libres ?

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

      Il me semble qu'elle a délivré ces formations en région parisienne (Beauvais ?). Sinon, on peut en trouver, pour la France, sur le site MaFormation. Mais, j'ai peur que, dès qu'il s'agit de formation initiale, il n'y ait pas grand chose.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

      • [^] # Re: Quelle formation pour les arts graphiques libres ?

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

        Je peux répondre quelques trucs pour Aryeom en espérant ne pas me planter.

        Ça n'a quasiment pas été abordé dans l'article (ceci dit sans aucun reproche de ma part). Aussi Aryeom (ou d'autres volontaires) pourrait peut-être en dire un peu plus en réponse à ce commentaire sur son parcours et sa formation pour sa carrière de graphiste, y compris sa formation à l'utilisation de logiciels propriétaires.

        Elle a été formée et diplômée à l'université en Corée (en Beaux Arts, spécialité animation), donc je crois pas que ça t'aidera beaucoup.

        Je sais qu'elle dessine depuis très jeune. Quand j'entends ses histoires, je ne peux que l'imaginer que comme cet(te) élève qui dessine tout le temps et qu'on a tous eu dans certaines classes pendant notre scolarité.

        Elle a aussi été en académie de dessin au lycée. Les "académies" sont un concept habituel en Corée où les enfants vont à une école-après-l'école — les académies donc, le soir après les cours — pour exceller dans certains domaines en fonction des choix des parents et/ou des désirs des enfants, et surtout (au lycée) qui les préparent aux concours d'entrées des universités; des cours du soir quoi, sauf que presque tout le monde en fait en Corée… Quand d'autres prenaient des cours du soir de maths ou autres matières scolaires habituelles (en général, c'est ce vers quoi les parents veulent pousser leurs enfants, pour devenir médecins, avocats, ou je-ne-sais-quoi de prestigieux), Aryeom prenait donc des cours du soir de dessin (3 à 4 heures par jour, de lundi à samedi, puis toute la journée pendant les vacances scolaires).

        En gros, elle a beaucoup dessiné, déjà avant les études supérieures.

        Aryeom pourrait-elle aussi en dire un peu plus sur les lieux ou elle a donné des formations ?

        Elle a donné des cours 3 années de suite à l'université de Cergy Pontoise. Elle donne un cours de retouche d'image à une licence 3 pro de "Patrimoine, visualisation et modélisation 3D" (avec un focus sur des retouches de vielles œuvres graphiques, ou des frises et autres œuvres murales sur des monuments historiques) et un cours d'illustration numérique à une licence 3 pro "Infographie, webdesign et multimedia". GIMP est utilisé pour ces 2 cours.

        Ma fille de 15 ans est passionnée par les arts graphiques (peu d'animation pour l'instant) auxquels elle consacre presque l'exclusivité de son temps libre. Elle utilise une petite tablette wacom et exclusivement des logiciels libres : essentiellement MyPaint, PikoPixel et Gimp sous Linux comme sous Mac, avec une préférence pour Linux ;-).

        Je pense qu'être passionné est un premier gros avantage dans ces métiers. Je conseillerais aussi de ne pas faire que du dessin numérique. Je pense que s'enfermer dans le numérique dès le début est une erreur de notre époque (le numérique est beaucoup plus limité, quel que soit le logiciel, que les méthodes physiques). C'est comme pour l'informatique, on apprend les maths et la logique d'abord (pas besoin d'ordi pour ça). On apprend aussi à écrire avec des stylos avant de le faire avec au clavier, et avec des livres et des dictionnaires avant d'avoir des corrections automatiques qui corrigent et proposent même des tournures de phrase de nos jours (😱).

        Quand on est adulte, on aura bien assez l'occasion de ne plus faire toutes ces étapes manuelles (plus le temps ni l'envie, recherche d'efficacité permanente, emplois du temps chargés…), donc on doit absolument les voir comme des bases surtout quand on débute.

        Faire que du numérique dès le début, c'est aussi l'un des meilleurs moyens de s'enfermer dans les logiciels (car on ne sait plus faire les trucs que parce que nos logiciels le font à notre place, donc si on change de logiciel avec une fonctionnalité en moins, paf! on est perdu bêtement!).

        Elle entre en 1ere et a choisi des modules correspondants à ses points forts et centres d'intérêts (langues anglaise et japonaise ainsi que les maths et la programmation). Quelles formations s'ouvriront à elle après le bac si elle souhaite faire du graphisme un métier ?

        Je pense qu'il faut pas forcément s'évertuer à chercher une formation "libriste" à tout prix. Enfin s'il se trouve qu'il y a juste à côté de chez vous une université ou école pro-libre, clairement c'est un choix à considérer en priorité (mais il faut tout de même vérifier le cursus dans son entièreté, rien n'empêche de faire n'importe quoi avec du libre!). Mais sinon, je déconseillerais de s'acharner sur ce point, tout simplement car il y en a trop peu, et ce serait dommage de manquer sa vocation sur un point technique.

        Ce qu'il faut bien voir, c'est que ces logiciels ne sont que des outils. Si on apprend le graphisme numérique, il y a énormément de concepts en commun, quels que soient les logiciels. Se réhabituer à un autre logiciel n'est pas le gros du travail. D'ailleurs cela s'applique à une majorité de métier. En tant que développeur, quand je vois des "développeurs" qui se disent "développeur Python" (ou ceci ou cela) comme si c'est la seule chose qu'ils peuvent écrire, c'est juste triste. Quand on a les bases du développement logiciel et qu'on a compris les concepts, qu'importe le langage ou les outils. Ben pour un graphiste, c'est similaire. Si vous apprenez avec Photoshop ou que-sais-je, passer à GIMP (ou inversement) n'est qu'un détail technique (qui prendra un peu de temps au début, mais c'est comme quand on change de boîte, on est rarement efficace sur tout immédiatement, faut apprendre les spécificités du nouveau métier, c'est juste normal).

        Par contre, ça n'empêche pas ta fille de continuer à utiliser les logiciels libres de son côté, voire sur des projets pros ou scolaires quand possible (certains profs peuvent bêtement être anti-libres, pas la peine de se les mettre à dos). L'interview montre bien d'ailleurs que "dans la vraie vie", c'est souvent juste le résultat qui compte.
        Et puis justement c'est parce qu'on aura de plus en plus de professionnels qui utilisent GIMP dans leur vie professionnelle (sans pour autant avoir été formés avec à l'école) que les formations commenceront à affluer, pas l'inverse.

        Enfin je rappelle que c'est rarement la formation qui nous apporte le gros des connaissances et techniques. La formation, c'est bien sur plein de points de vue, ça nous met un premier pied dans la porte d'un métier, on voit certaines bases (pas forcément techniques d'ailleurs, mais justement des choses qu'on ne voyait pas en se focalisant sur la technique), on rencontre des gens (ce qui peut ou non être important, ça dépend), etc. Et puis quand on a un diplôme, ça rassure certaines personnes (même si souvent on se rend compte rapidement que ça a peu d'importance). Néanmoins c'est rarement là où on apprend réellement le métier… mais en le faisant tout simplement.

        D'ailleurs en réalité, les écoles les plus côtées le sont rarement car elles ont les meilleurs professeurs ou formations, mais parce qu'elles sélectionnent les meilleurs déjà avant d'entrer (par dossier ou examen). Donc c'est le serpent qui se mord la queue (puisque forcément ça fait que ces bons étudiants ont rapidement du boulot en sortant, donc que la réputation de l'école monte, donc que les meilleurs étudiants veulent y aller, et ainsi de suite). Personnellement on a été à une porte ouverte d'une des écoles de graphisme parisiennes parmi les plus côtées et j'étais juste choqué du speech où ils expliquent que les jeunes font des "vrais projets pour des grosses entreprises", genre des clips pour des chaînes de télés, qui passent réellement à la télé. À ce moment là, j'ai pas pu me retenir de poser une question: "donc les étudiants travaillent gratuitement pendant des semaines pour des grosses entreprises privées qui auraient largement de quoi payer mais préfèrent plutôt exploiter des étudiants?" Ma question n'a pas été si bien reçue (j'ai eu droit aux clichés habituels "c'est pour le CV" et compagnie). 🙄

        Des fois, j'ai plus l'impression d'écoles qui sélectionnent les meilleurs plutôt que se fouler à bien former, puis les trans-forment en bons petits soldats pour les grosses entreprises du design et de l'audiovisuel.

        Il me semble qu'Aryeom me disait qu'elle avait appris plus avec les autres étudiants (notamment les plus âgés lorsqu'elle travaillait sur leurs projets, un truc un peu courant où les classes supérieures "embauchent" des étudiants plus jeunes pour travailler sur leurs projets de fin d'années, quand ils sont un peu gros, ce qui est classique dans l'audiovisuel évidemment) qu'avec les professeurs et elle a même travaillé professionnellement, à côté de l'école, sur des projets graphiques/audiovisuelles pendant ses années d'université (ce qui forcément forme beaucoup aussi, en sautant à pied joint dans le métier directement).

        Donc mon conseil: trouve une formation (y en a plein pour le graphisme, audiovisuel, animation, design, etc.), regarde un peu leur éthique, et inscris la mais sache que ce n'est pas l'alpha et l'omega. Mon but n'était pas de dégoûter du système éducatif. Au contraire, faut voir cela comme un soulagement: choisir une bonne école, c'est bien, mais c'est pas ça qui va réellement décider son succès professionnel, donc ça sert à rien de trop se stresser sur ce choix (notamment même si elle n'est pas acceptée dans les écoles les plus côtées, ça veut pas dire qu'elle fera pas une super carrière quand même).
        Je pense que pragmatiquement, c'est quand même très bien d'avoir un pied dans le système et de suivre un parcours classique quand on le peut (ça reste plus simple). Mais il ne sert à rien d'y mettre tout ses espoirs. Cela aidera mais ce n'est pas cela qui fera et déterminera sa vie professionnelle. Comme tout le monde, elle devra travailler beaucoup (hors cursus), s'acharner peut-être, chercher sa voie (le graphisme, c'est large, y a plein de branches), découvrir ce qui lui fera plaisir. Si elle est passionnée, ça viendra.

        Qu'est-ce qui existe ?

        Je pense que tu t'attendais à des noms d'école précis. Déjà tu dis même pas dans quelle région tu es, donc on peut pas trop répondre. Et puis de toutes façons, je pense pas que ce soit la meilleure idée de te donner des noms. Comme je disais, je pense pas que du bien de certaines des écoles les plus prestigieuses et de leur logique de formation (sans penser que du mal non plus! Je sais rester objectif quand il faut), mais je veux pas non plus te dire que c'est mal d'y rentrer. Il est clair que sortir d'une école connue va tout de même ouvrir des portes. Et pis si ta fille veut absolument y aller, faut pas lui interdire non plus.
        Quant à trouver les noms exacts, une simple recherche web (associée à ta ville/région) te donnera les noms des écoles les plus connues (qui franchement ne manquent pas).

        Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]

        • [^] # Re: Quelle formation pour les arts graphiques libres ?

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3. Dernière modification le 26 août 2021 à 17:14.

          En complément en ce qui concerne la recherche d’une formation.

          De mon expérience de formatrice en bureautique (désolée argument d’autorité tout ça) :

          1. beaucoup de centres formation ont dans leur catalogue des formations avec les noms de logiciels libres en plus des logiciels privateurs ;
          2. ce n’est pas ça qui les font vivre et j’en soupçonne un paquet d’avoir inscrit ces formations surtout pour des motivations SEO parce que souvent ils n’y connaissent pas grand chose ;
          3. quand il leur tombe dessus des demandes de formation pour des logiciels libres, ils font appel à qui ils peuvent, voire à leurs formateurs et formatrices habituelles sur les autres logiciels ;
          4. du coup on a souvent affaire à des gens pas très au fait du logiciel sur lequel ils forment et qui vont essayer de faire rentrer à coups de marteau au besoin des chevilles rondes dans des trous carrés et donc passer à côté des atouts très réels des logiciels libres par rapport à la concurrence.

          Comment vérifier que les formations seront vraiment vraiment faites en fonction des logiciels libres, mais pas, par exemple, des formations sur les logiciels Adobe recopiées sur les logiciels libres équivalents ?

          Des indices :

          • regarde les programmes de formation, s’ils ont l’air calqués les uns sur les autres, euh bon…
          • jette un coup d’œil sur les supports et tutoriels que le centre peut mettre en ligne ;
          • s’il y a des noms d’intervenants, essayer de voir leur parcours.

          Oh, et aussi…, si le centre de formation propose des formations bureautiques et sur les logiciels graphiques, regarde si ça parle encore d'OpenOffice et comment LibreOffice est écrit. C'est souvent assez significatif.

          « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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