Journal introduction pas trop chiante à la philosophie politique et morale

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avr.
2023

L'an passé j'ai suivi le cours en ligne « Justice » de Michael J. Sandel qui explore une analyse critique des théories classiques et contemporaines des théories de la justice, y compris avec des applications relativement récentes. Les sujets abordés incluent la discrimination positive, la distribution des revenus, le mariage homosexuel, le rôle des marchés, des débats à propos des droits humains et de la propriété, des discussions autour de l'égalité et des dilemmes entre la loyauté à la vie publique et privée.

Les principaux textes du cours proviennent d'Aristote, John Locke, Immanuel Kant, John Stuart Mill et John Rawls. Il y a aussi des écrits de philosophes contemporains, des jugements et des articles à propos de controverses politiques qui soulèvent des questions philosophiques.

C'est gratuit et, si vous vous intéressez un temps soi peu à l'organisation de la société, je recommande chaudement. Même si je partage pas forcément les conclusions, c'est plus abordable que des textes de philosophie « bruts » et ça donne une excellente base pour avoir des discussions cohérentes sur le sujet.

L'édition 2023 de ce cours commence justement aujourd'hui. Je pense que vous pouvez le commencer plus tard sans problème mais c'est relativement conséquent donc je recommande de se fixer un rythme raisonnable mais soutenu.

Merci à zephred< pour m'avoir rappelé l'existence de cours (même si c'est pour les mauvaises raisons).

https://www.edx.org/course/justice-2

  • # Pas trop chiant non plus

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 02 avril 2023 à 22:56.

    Il ne s'agit pas de cours, mais de petites vidéos en français qui abordent les thèmes d'éthique et de philosophie politique. Lien Peertube : https://skeptikon.fr/c/philoxime_channel/videos

  • # Trop bien ...

    Posté par  . Évalué à 2.

    Surtout le passage qui appelle au lynchage des handicapés notoires.

    • [^] # Re: Trop bien ...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Ça c'était une contribution personnelle de ma part qui ne peut pas être imputée à ce cours. Par contre il donne des outils pour avoir une discussions cohérente pour savoir qui doit être lynché dans quelles conditions.

      pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.

  • # Aristote, par pitié...

    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

    J'ai un principe : dès qu'un truc utilise Aristote comme référence, j'ai un a priori terriblement négatif.

    J'ai lu du Aristote.
    J'ai étudié du Aristote.

    Ma conclusion est qu'il ne faut plus lire Aristote.
    Il ne faut plus étudier Aristote, ailleurs qu'en histoire des philosophies et des dérives morales de l'humanité.
    Et il faut cesser d'en parler.

    C'est un peu comme Freud : par hasard il y a du bon à prendre mais en général, c'est simplement à jeter, eau du bain, bébé, tout ça.

    2500 ans, on peut pardonner à Aristote lui-même d'avoir été beaucoup à côté de la plaque, d'un point de vue historique, il donne une vision très intéressante des pensées de son époque, et de la vie dans la Grèce antique.
    Le problème se situe dans tout ceux qui l'ont suivi, pendant des millénaires, reprenant ses propos hors contexte pour justifier au hasard :

    • la domination des blancs sur les noirs et l'esclavage - alors que lui-même critiquait l'esclavage à la grecque, mais ses écrits sont aisément repris pour justifier l'esclavage avec l'argument d'autorité « Aristote a dit » ;
    • l'infériorité des femmes - inaptes à concevoir la vie, sisi, j'invente rien ;
    • la différence fondamentale entre être humains et animaux - très fortement théorisée par Descartes qui voit les animaux comme des machines, et dont l'héritage donne aujourd'hui un mépris assez répandu pour la vie et la conscience animale ;
    • le fait que nos enfants apprennent encore à la maternelle que nous n'avons que 5 sens, balaise que la science sur ce sujet soit encore incapable de se faire entendre ;
    • le concept complet d'hystérie - qui a tellement fait plaisir à la misogynie de Freud entre autres imbéciles - des trucs du genre l'utérus laissé à l'abandon remonte car il est léger, et la femme devient chaotique avec son utérus dans le cerveau, alors il faut le lester, avec une grossesse de temps en temps, sinon ouhlàlà.

    Pour se débarrasser de son éther, il a fallut Einstein, 1905.
    Enfin accepter que le vide existe !

    Je vais finir sur une citation à laquelle je ne suis pas loin d'adhérer :

    Aristote est responsable de la nuit éternelle du Moyen Âge. Et ses explications par les causes finales relèvent du type d'explication que l'on rencontre chez les enfants d'un âge mental de huit ans.

    Floup,

    • Y.
    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Il ne faut plus étudier Aristote, ailleurs qu'en histoire des philosophies et des dérives morales de l'humanité

      Ça tombe bien alors puisque c'est un peu le contexte comme même.

      pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

        Comme même ? Quand même, tu veux dire ?

        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          Non.

          pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.

          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            Comment ça, non ?
            J’adore les imbus d’eux même au point de dire des âneries et de confirmer avec aplomb.
            https://www.academie-francaise.fr/comme-meme

            La locution conjonctive quand même est parfois remplacée, à tort, par la forme comme même sans doute en raison de la proximité phonétique de ces deux formes. On doit dire quand même (ou quand bien même) je devrais m’en repentir, je partirais demain et non comme même je devrais m’en repentir, je partirais demain. Notons cependant que l’on peut rencontrer comme même, il ne s’agira pas alors d’une locution mais de la succession de la conjonction de subordination comme et de l’adverbe même. On dira ainsi comme même sa famille ne pouvait venir, il a reporté la cérémonie. Mais, en dehors de ce cas, c’est quand même qui s’impose.

            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

              proximité phonétique de ces deux formes

              Ça dépend des accents. Ici à Toulouse on ne fait pas cette faute, le "an" étant très appuyé (il vire plutôt vers le "in") il s'éloigne fortement du "on" (pensez aux imitations de Francis Cabrel par exemple)

              En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

              Posté par  . Évalué à 8.

              C'est moyennement drôle comme mème.

            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 07 avril 2023 à 11:22.

              J'écrirai peut-être un jour un dictionnaire des idiomes moulesques mais pour le moment je ne suis pas particulièrement intéressé de te sortir de ton ignorance. Ce qui ne serait pas non plus pertinent pour ce journal.

              pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 8.

      Pour se débarrasser de son éther, il a fallut Einstein, 1905.

      Oulah, l'Ether c'est plus qu'une légende d'Aristote, c'était clairement LA théorie du moment : la lumière est un phénomène ondulatoire (fréquence toussa…), il faut bien un truc qui vibre, il y a donc bien qqchose entre le soleil et nous pour que sa lumière nous atteigne.

      Enfin accepter que le vide existe !

      Alors là aussi c'est compliqué, même aujourd'hui :)

      En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

        Le simple fait que l'éther soit une théorie Aristotélicienne - pas inventée par lui, reprise et modifiée après lui, mais ça fait partie de son corpus de théories - fait qu'il est difficile de s'en détacher.

        C'est le grand drame d'Aristote, bien des gens à travers les deux derniers millénaires ont considérés qu'il avait je cite « découvert et révélé la vérité, et que le travail philosophique consiste dorénavant à commenter et à expliciter ses thèses ».

        Il est l'Argument d'Autorité par excellence.

        « Aristote a dit ».

        Le contredire - et ceci même s'il a écrit bien des choses et aussi leur contraire - est toujours plus difficile que de partir de zéro.

        • Yth.
        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4. Dernière modification le 03 avril 2023 à 11:01.

          C'est le grand drame d'Aristote, bien des gens

          C'est le drame des gens, pas d'Aristote. Je sais bien que ePenser avait un running gag sur Aristote, mais faut pas croire non plus que tout ce qu'a dit Aristote a été cru comme la Bible, même au Moyen-Âge.

          En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

            D'autant qu'Aristote est, si je ne m'abuse, indissociable de la méthode Académique : quasiment aucune nouveauté, se contenter d'inventions, c'est-à-dire d'inventorier l'existant. Du coup, sauf à ne pas le lire, lui attribuer quelque chose d'autre que des recensions est souvent délicat.

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

              Il a fait ça dans ses traités de biologies et sciences naturelles, mais pas dans ses traités politiques ou éthiques.

              « Jamais un artisan ne sera citoyen, car il doit se vouer aux œuvres serviles pour subvenir à ses besoins. »

              Ce n'est pas de l'« invention », c'est une opinion politique qui érige les classes sociales en réalité absolue.
              Et même si on peut le comprendre en « un artisan étant de part son activité obligé de bosser (par définition sinon c'pas un artisan), alors il ne peut pas dédier sa vie toute entière à celle de la cité (comprendre : palabrer au crochet des autres toute la journée ?), et donc ne peut pas être citoyen », ça reste une opinion, rien n'empêcherait un boulanger d'être député en vrai.

              Et pour répondre à gUI, quand je parle du grand drame d'Aristote, je le place ici plus comme victime de sa propre postérité, déformée, amplifiée, transformée, et malmenée.
              Il aurait pu rester un philosophe intéressant d'il y a ~2500 ans, au même titre que Pythagore, Diogène ou Héraclite, mais il est souvent devenu un argument d'autorité.
              « J'ai raison parce que Aristote a dit la même chose que moi, je ne fais que vous expliquer, et développer. »
              Et bien sûr que tout le monde tout le temps n'a pas pris sa parole comme évangile, mais trop l'ont fait, en tordant ses propos dans tous les sens.

              Par exemple, Aristote est très souvent à la base de toutes les justifications de l'esclavage, alors que - comme je l'ai dit vite fait plus haut - en vrai il critiquait fortement l'esclavage à son époque.

              De plus ses opinions misogynes qui placent la femme comme inférieure à l'homme, sont bien des affirmations, de la nature même des êtres, et pas un quelconque inventaire.
              En raccourci son raisonnement est le suivant, et fonctionne très bien aujourd'hui :
              * je constate que les femmes sont moins bien payée ;
              * je constate que les femmes occupent moins de postes à responsabilité dans les entreprises, ou dans la politique ;
              * je conclus que la femme est inférieure à l'homme par nature, parce que si elle était son égale, on ne verrait pas autant de différences.

              C'est typiquement le résultat que j'attendrais d'une IA moderne : prendre le passé et le présent pour en déduire le présent et tracer le futur.

              • Yth.
              • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

                victime de sa propre postérité, déformée, amplifiée, transformée, et malmenée.

                Et très fantasmée (notamment par toi). Non, Aristote n'a pas fait autorité pendant 2500 ans du simple fait que c'était Aristote.

                En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

                • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                  Posté par  (Mastodon) . Évalué à 1.

                  Alors, il y a une différence entre :
                  « Aristote a été souvent utilisé comme argument d'Autorité et l'est encore aujourd'hui. »
                  Et :
                  « Aristote a fait autorité à lui tout seul pendant 2500 ans. »

                  Merci de ne pas sombrer dans de la mauvaise rhétorique.

                  Je critique : l'utilisation aujourd'hui d'Aristote comme argument d'autorité en philosophie et politique.

                  • Yth.
                  • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                    Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

                    C'est ce que j'avais cru comprendre d'une phrase comme :

                    Le simple fait que l'éther soit une théorie Aristotélicienne […] fait qu'il est difficile de s'en détacher

                    En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.

                    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 0. Dernière modification le 03 avril 2023 à 17:29.

                      Ok, disons qu'il est plus difficile de s'en détacher parce que face à toi tu as cet argument d'autorité.
                      Bien sûr, on parle d'il y a 150 ans, aujourd'hui, l'éther il a disparu, mais avant Einstein et la relativité, c'était plus difficile de lutter contre cette idée, en partie à cause de ça.

                      Mais juste plus difficile, pas en mode seul contre tous non plus ! Ça fait une difficulté de plus, c'est collant les idées d'Aristote, comme du chewing-gum sous la chaussure, et tu crois l'avoir retiré, et ça colle encore quand tu marches…

                      ;)

                      • Yth.
              • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                « Il a fait ça dans ses traités de biologies et sciences naturelles, mais pas dans ses traités politiques ou éthiques. »

                Je n'ai lu que la Politique et la Poétique. Dans les deux, la méthode académique est imperturbablement appliquée. Suivi effectivement d'énoncés d'opinions remarquablement abruptes et dérangeantes.

                « Par exemple, Aristote est très souvent à la base de toutes les justifications de l'esclavage, alors que - comme je l'ai dit vite fait plus haut - en vrai il critiquait fortement l'esclavage à son époque. »

                En particulier dans la Politique on trouve plusieurs passages justifiant péremptoirement l'esclavage. Un résumé lapidaire : « L'esclavage me permet de bien vivre, et comme je suis supérieur, l'esclavage est bon. »

                Sans avoir étudié la question, mon hypothèse était que l'œuvre a tout un contexte socio-politique. Sous un régime tyrannique, tout n'est pas bon à écrire. Peut-être à l'image de ce que l'on lit sous les plumes des lumières qui s’embarrassent parfois de maintes circonvolutions pour ne surtout pas paraître critiquer l'absolutisme et encourir la censure.

                « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

                • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                  Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

                  Voilà, tu as un mélange de méthode académique, de logique, de constructions posées et étayées, et d'affirmations péremptoires tirées de son chapeau.

                  Et comme il en a écrit des tonnes, on peut très facilement lui faire « dire » tout et son contraire.
                  En bon opportuniste il récrivait une partie de ses textes en fonction de son contexte politique du moment, pour plaire au potentat du coin, bref, ya de tout.

                  Et donc, aujourd'hui, quelqu'un qui construit des idées politiques ou philosophique, en utilisant Aristote (entre autre, jamais lui tout seul) comme socle, moi ça me fait tiquer immédiatement, et j'ai tendance à vouloir jeter sans regarder beaucoup plus loin.

                  • Yth.
                  • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

                    On complétera par le fait qu'on n'a pas forcément eu toute son œuvre et qu'une bonne part nous vient de seconde main (et autres copies de copies).

                    « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

                    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

                      Et qu'on va lire des traductions aussi, voire des traductions de traductions !

                      • Yth.
                      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

                        Ça me fait penser à une anecdote qu’un prof nous avait racontée au sujet des araignées. Pendant longtemps, elles n’avaient officiellement que six pattes parce qu’Aristote les aurait décrites ainsi. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’en fait c’était une erreur de copiste. Depuis, elles ont officiellement aussi huit pattes 🙂

                        Honnêtement, je ne sais pas si c’est vrai ou faux, mais se non è vero è bene trovato.

                        « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

                        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                          Posté par  . Évalué à 2. Dernière modification le 03 avril 2023 à 17:46.

                          Après une rapide recherche sur un moteur de recherches:

                          Aristote ne semble pas avoir mentionné le nombre des pattes des araignées. Seul Pline (Nat. Hist., XI, 258) leur en attribue parfois six. Sur cette question, cf. Steier, « Spinnentiere », in Paulys Real-Encyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, Stuttgart : Metzler, 1929, t. 27, col. 1786-1812 (1787).

                          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                            Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4. Dernière modification le 03 avril 2023 à 17:55.

                            Très honnêtement, ce sont de vieux souvenirs (il est possible que je me sois trompée de bestiole) d’une part, et le prof avait seulement évoqué l’anecdote pour illustrer l’importance qu’avaient eu les références à Aristote à une époque, d’autre part. Et, bien sûr, aussi le fait qu’une copie de copie peut aboutir à procurer une collection d’erreurs monumentales et que la réalité prime l’autorité.

                            « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

                            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

                              Pour les six pâtes des araignées, la culpabilité des aristotéliciens et aristotéliciennes relève peut-être de la légende. En revanche pour la condamnation de Galilée, les choses sont plutôt bien documentées, et on peut même entrevoir certains aspect de l'affaire au travers au travers de l'article de Wikipedia.

                              « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

                              • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                                Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

                                C'est un bon exemple ce procès de Galilée.
                                On voit l'influence d'Aristote, mais il est clair que les idées d'Aristote ne sont pas imposées en tant que telles, ni majoritaires, ni obligatoires. Il n'y a pas de pensée unique aristotélicienne.

                                Mais ces idées constituent un frein en plus pour la défense d'une idée nouvelle.
                                Galilée a subit le « Aristote a dit que », ce n'était pas son plus gros problème, mais ça s'ajoute au reste.

                                J'aurais été bien plus avisé de prendre cet exemple plutôt que celui de l'éther pour expliquer mon point de vue…

                                Même si je suis convaincu que le même phénomène a agit lorsqu'il a fallut se débarrasser de cet éther : ce n'est pas que la science, les expériences, ne suffisent pas à théoriser différemment, c'est qu'on va avoir des oppositions liées à l'aristotélisme, en plus du reste.
                                Des oppositions qui tiennent du dogmatisme, et d'un fort conservatisme aussi.

                                Et qui ne découlent pas directement d'Aristote lui-même, dont il ne reste plus que poussière depuis bien longtemps !

                                • Yth.
                        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                          Posté par  . Évalué à 4.

                          Si on parle de compter, on trouve ceci :

                          Les mâles ont plus de dents que les femelles, aussi bien chez l'homme que dans les moutons, les chèvres et les porcs. On n'a pas pu encore faire de ces observations sur les autres animaux. Ceux qui ont un plus grand nombre de dents sont en général aussi d'une existence plus longue, de même que ceux qui ont moins de dents et des dents plus écartées vivent moins longtemps.

                          (extrait de Histoire des animaux, d'Aristote)

                          Alors que chacun sait que l'être humain a trente-deux dents et deux dehors.

              • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                Posté par  . Évalué à 2.

                Il a fait ça dans ses traités de biologies et sciences naturelles, mais pas dans ses traités politiques ou éthiques.

                J'aimerai bien savoir de quels traités tu parles… puisque d'Aristote ne nous reste quasiment que des notes de cours, comme tu sais. Oui je coupes les cheveux en carte, mais c'est pour être précis. :-)

                • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                  Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

                  Ben une partie de ce qu'on appelle l'Organon, par exemple les trucs des Animaux (Histoire, Parties, Génération).

                  Si tu ne veux pas appeler ça des traités, d'accord, mais en général c'est le terme utilisé.

                  À noter : je ne suis pas étudiant d'Aristote, j'ai simplement gratté plus loin que la surface, lu au delà d'e-penser, et de M. Phi, cherché à comprendre pourquoi on en entend si souvent parler (tout est relatif, mais quand on le cherche on finit par le voir partout !), ou comment se fait-ce qu'il soit encore une telle référence, assez souvent pour de belles âneries, aujourd'hui.

                  Quand j'entends un scientifique dans une émission de France Culture (j'ai plus du tout la référence), expliquer qu'encore aujourd'hui tout scientifique est soit Aristotélicien, soit Platonicien, je me demande ce que ça veut dire.
                  Et la seule conclusion à laquelle j'arrive c'est qu'il s'agit d'une belle ânerie et que tout scientifique qui se respecte n'est ni l'un ni l'autre, mais aura forcément certaines positions, ou façons de penser, semblant provenir de l'un et de l'autre.

                  • Yth.
                  • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                    Posté par  . Évalué à 3.

                    j'ai simplement gratté plus loin que la surface, lu au delà d'e-penser, et de M. Phi.

                    Si tu te places au dessus de Mr Phi sur ce sujet (quand même deux vidéos de 20' chacune sur Aristote), chapeau, tu as vraiment gratté beaucoup plus loin que la surface !

                    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

                      Pour les avoir écoutées, c'est assez bourré de « bon, ce truc là on en parlera une autre fois, ceci on va pas entrer dans le détail » etc.
                      Ya pas que ça, bien sûr et il a étudié un minimum aussi, ça se voit, mais il présente aussi des conclusions et opinions pas plus argumentées ou étayées que ça, il colporte un mythe différent.

                      C'est pas si difficile de gratter plus loin, j'ai lu quelques livres, écouté quelques émissions, parcouru des articles, et cherché certains points précis pour séparer un peu la vérité de la légende.

                      Et c'est sur ce dernier point qu'on se rend compte que la légende est bien plus collante que la vérité, et bourrée de mésinterprétations, déformations, et mises hors contexte.
                      Déjà qu'il n'est pas lui-même cohérent avec ses propres écrits (opportunisme, changements politiques, faire plaisir au patron pour pas se faire faire suicider, etc. on peut le comprendre aussi), mais si on rajoute ce qu'on lui a fait dire, il y a de tout.

                      Et ma conclusion est qu'on ne peut rien construire là-dessus, c'est trop mouvant, trop instable.
                      Et donc si quelqu'un construit sur Aristote, soit cette personne ne sait pas vraiment de quoi elle parle et en vrai va citer quelqu'un qui prétend avoir construit sur la philosophie d'Aristote, soit c'est de l'exploitation d'argument d'autorité, l'Ancien par excellence, ça aurait pu être Socrate/Platon ça aurait été pareil, mais Aristote quand même, c'est le summum !

                      En fait, parmi les différentes émissions, livres, ou présentations, de Aristote que j'ai subies, on classe assez facilement les gens en deux catégories : les Aristotéliciens et les non-Aristotéliciens, et les uns le défendent, les autres le défoncent.
                      Chacun avec des citations, en et hors contexte, apocryphes ou non, chacun avec ses opinions, et sa propre lecture, chacun présentant l'influence réelle ou imaginée selon son propre prisme.

                      Léon Brunschvieg, au delà de sa phrase assassine, il l'étaye, avec des citations, et un travail d'analyse. Et les uns et les autres arrivent à des conclusions diamétralement opposées, construites sur la même base.

                      • Yth.
                      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                        Posté par  . Évalué à 2.

                        les Aristotéliciens et les non-Aristotéliciens

                        c'est à dire ceux qui s'y intéresse et ceux qui ne s'y intéressent pas… un classement banal :-)

                        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                          Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

                          Ben ya des gens qui s'y intéressent, mais pour le défoncer méthodiquement.
                          Et des gens qui ne s’intéressent pas trop, mais qui l'aime bien.

                          Donc… nope.

                          • Yth.
                          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                            Posté par  . Évalué à 4.

                            Mais, euh, en 2023, pourquoi ? C’est juste pour troller ou il y a vraiment des domaines ou il est pris en véritable référence autrement que pour retracer l’historique ?

                            Par exemple, les scientifiques dans leur pratique ne le citent absolument jamais à part les historiens de ci ou ça probablement … Les non scientifiques ou universitaire, euh, l’influence concrète dans la vie quotidienne ou spirituelle doit être proche du néant, donc … pourquoi dépenser de l’énergie à ça ?

                            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                              Posté par  . Évalué à 3.

                              Tout à fait. Je l'ai étudié en fac de philo. Il est utile à la fac pour mieux comprendre des auteurs postérieurs, pour éclairer Platon, pour l'histoire de la philo, des sciences, de la politique, de l'église, etc. et enfin pour des domaines assez ardus, plutôt réservés aux universitaires : la métaphysique, l'éthique, … Pour les autres publics, ça m'interroge.
                              Ça s'explique d'ailleurs très bien : de Platon on a des ouvrages grand public, les cours sont perdus, d'Aristote on a des cours, mêlées à des notes prises par des d'élèves et des morceaux d'ouvrages techniques, les ouvrages grand public sont perdus (pour simplifier).

                              Et je pense que les termes aristotéliciens et platoniciens, s'agissant des chercheurs renvoient à des façons de faire plutôt qu'à des lecteurs de l'un ou l'autre. Peut-être parce que l'un observe, expérimente et déduit, tandis que l'autre met l'hypothèse d'abord.

                            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 4.

                              Ah mais il n'est pas cité par des scientifiques !
                              Oui, en 2023 on a encore des gens qui sortent Aristote de leur chapeau.
                              Il suffit d'écouter, et on le voit de temps en temps apparaître comme caution à n'importe quoi.

                              Après il faut accepter de lire ou d'écouter des trucs pas super pointus scientifiquement.

                              Et j'ai lancé tout ça parce que un cours introductif à la philosophie politique et morale, en 2023, le cite comme une des références.
                              Alors j'imagine que comme on est dans une introduction on fait un peu d'historique, mais je suis convaincu qu'il y a d'autres auteurs de l'antiquité qui auraient pu être mis à sa place.
                              Mais c'est lui qui a été choisi.

                              • Yth.
                              • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                                Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5. Dernière modification le 08 avril 2023 à 18:19.

                                Dans mes souvenirs, en Hypokhâgne, on n'avait pas beaucoup passé de temps sur Aristote. Plus sur Platon, Kant ou Descartes en fait. C'est pour ça que je suis assez étonnée qu'on le cite en référence, entre autres raisons.

                                « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

                                • [^] # Re: Aristote, par pitié...

                                  Posté par  . Évalué à 4.

                                  Ça dépend des khagnes : ma cousine s'est farci l'Éthique à Nicomaque de fond en comble.

          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2. Dernière modification le 03 avril 2023 à 14:23.

            Et ma citation est de Léon Brunschvieg, 1869-1944, donc un poil avant e-penser ^ ^

            • Y.
            • [^] # Re: Aristote, par pitié...

              Posté par  . Évalué à 3.

              Brunschvicg c'est l'ancienne école sur Aristote, celle qui pendant 2000 ans s'est empêtré dans un système plein d'incohérences à résoudre. Depuis les travaux philologiques de Jaeger, il y a 100 ans, on considère l'oeuvre d'Aristote comme des fragments d'une évolution intellectuelle, ce qui nous a été légué ayant été largement remanié par ses éditeurs des premiers siècles après JC.
              Ça ne m'étonne plus que tu y voies beaucoup de contradictions. Il faut lire Aristote avec les commentateurs plus récents.

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

      Au fait, avez-vous lu le Cycle du Ā ?

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  . Évalué à 4.

        La carte n'est pas le territoire.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  . Évalué à 1.

        Pour le coup, un roman pas aristotélicien, mais largement misogyne de mémoire (surtout le tome 3).

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

        J'en ai lu un il y a longtemps, je n'en ai aucun souvenir, vaguement que c'était intéressant, mais sans m'avoir poussé à aller acheter la série.
        Pourtant j'en ai de la SF à la maison, de toutes les époques, du bon comme du mauvais !

        Donc on va répondre non…

        • Yth.
      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.

        J'avais beaucoup aimé ado en première lecture.

        Après le fondement philosophique me semble pas si philosophique que ça (et assez américain).

        « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  . Évalué à 6.

      Pour se débarrasser de son éther, il a fallut Einstein, 1905.

      La question traînait (légitimement) depuis un bon moment, et on doit surtout la réponse à l'expérience de Michelon et Morley :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Michelson_et_Morley

      Il faut quand même garder en tête que la lumière est la première onde qui ne nécessite pas de support matériel et que sa description "propre" est récente. Et si en vrai la théorie (équations de Maxwell) nous le disait, il a fallu l'ENORME travail expérimental cité pour trancher le débat et ensuite pouvoir oser bâtir une théorie (relativité restreinte) qui chamboule "un peu" notre vision du monde. Ajoutons qu'à ce jour, nous n'avons découvert qu'un second type d'ondes qui ne nécessite pas de support matériel pour se propager, les ondes gravitationnelles (il y a moins de 10 ans). Je laisse les intéressés se renseigner sur le volume instrumental nécessaire pour les mesurer (https://www.ligo.caltech.edu/, https://www.virgo-gw.eu/)

      Enfin accepter que le vide existe !

      Là dessus, on retiendra que la matière c'est surtout du vide (le noyau est 1000 fois plus petit que le nuage électronique) et le vide donne naissance à pas mal de particules…(https://fr.wikipedia.org/wiki/Vide_quantique)

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

        Moi j'en retiens surtout que le consensus scientifique s'est souvent avéré bien imparfait ; et qu'on a beau jeu de cracher sur les gens du passé du haut de nos petites connaissances en les imaginant obscurantistes.

        Ex : on connaît d'Aristarque de Samos au IIIe av. J.-C. un modèle cosmologique héliocentrique. Mais du IIe ap. J.-C. presque jusqu'au XVe, c'est le modèle géocentrique qui s'impose. Bêtise ? Ou simplement meilleur conformité aux connaissances de l'époque ? Il a fallu attendre XVIIe pour la première mesure de la distance Terre-Soleil qui a permis au XIXe de mesurer une première distance aux étoiles les plus proches et d'enfin pouvoir balayer par une vraie mesure le système géocentrique. Jusque là, l'expérience était quasi irréfragable : les étoiles étaient centrées sur la Terre.

        Si le chemin vers une science du tout était direct, des gens plus brillants que nous l'auraient emprunté depuis belle lurette. Soyons humbles. Nos théories actuelles ont au moins l'avantage de montrer par elles-mêmes bien des limites.

        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

        Ça, clairement c'est pas simple cette histoire de vide et de lumière :)

        Mais pour en revenir au sujet, ici on parle de « philosophie politique et morale ».
        Je n'ai rien contre les sciences chez Aristote, il a été une étape, après d'autres, avant d'autres, il a émis des hypothèses, certaines utiles, d'autres moins. On ne va pas non plus cracher sur Newton alors que sa gravitation ne fonctionne pas dans le détail.

        Mon problème avec lui est complètement philosophique.
        Et quand aujourd'hui des gens continuent à sortir l'argument d'autorité d'Aristote pour justifier des âneries.

        Par exemple, dans plein de bouquins ou méthodes de leadership, un concept de base c'est qu'il y a des leaders et des suiveurs, et que bouge ton cul, soit un leader, et écrase les autres !
        Aristote dit, ici aussi en résumé et en termes modernes :
        « SI il y a des leaders et des suiveurs, alors il est normal que les leaders dirigent les suiveurs. » Pour lui c'était justement dans le contexte de l'esclavage : « SI il y a des gens incapables de diriger leur propre vie, et d'autres capables de diriger la vie des autres, alors il est juste et bien qu'il y ait des maîtres et des esclaves. »
        Tout est dans le SI au début, car les esclaves dans la Grèce antique ont perdu une bataille, une guerre, sont nés esclaves, bref ne sont pas esclaves par nature. Donc on ne peut pas dire que l'esclavage c'est cool.

        Il suffit de virer le « Si » initial et tu as un traité de leadership « soyez le leader qui est en vous ! » : tu peux écraser les autres, tu es un leader, les autres sont des moutons, on sait ça depuis plus de 2000 ans, t'as qu'à lire Aristote (et truc, bidule, machin et chose, mais il y a souvent Aristote dans la liste) (mais on sait bien que tu ne le feras pas).
        C'est pratique, la plupart des gens ne savent pas qui est Aristote, ne l'ont jamais lu, ne le liront jamais, mais l'argument d'autorité tient toujours, c'est super balaise !

        • Yth.
        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  . Évalué à 1.

          Cela semble contredire ta théorie selon laquelle on ne doit pas lire Aristote : une personne l’ayant étudié sera moins sensible à cet argument d’autorité, ou, a minima, pourra distinguer ce qui est censé être issu du vrai Aristote de ce qui provient d’un Aristote fantasmé ou déformé.

          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

            Tout dépend.
            À titre personnel c'est de la perte de temps.
            Pour le repérer chez d'autres, et débusquer ses utilisations fallacieuses, évidemment pas.

            Mais j'ai le même rapport à la Bible.
            À titre personnel je m'en fous pas mal.
            Si j'avais à discuter avec des théologiens pour leur expliquer que leurs interprétations ne sont que des interprétations, je l'aurais lue et relue douze fois.

            Je préfère accorder mon temps ailleurs.
            J'ai quand même accordé du temps à Aristote pour en arriver à ma conclusion. Sur laquelle je reviendrai peut-être, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de lire plus de son œuvre, c'est assez indigeste aujourd'hui…

            • Yth.
    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  . Évalué à 6.

      C'est amusant parce que j'aime beaucoup Aristote. Replacé dans son contexte, il est vrai. Il ne régnait pas en maître au début, loin de là (cf les multiples écoles de -300 à +700) il a fallu le moyen-âge (1500 ans après quand même !). Ce que j'aime chez lui, c'est le principe d'enquête (rappelé sans cesse dans la Métaphysique), la recherche encyclopédique du savoir, l'envie de constituer un corpus de la connaissance de son temps. Il a suffit de sa redécouverte via les arabes pour que l'église batisse des dogmes sur l'ignorance et les peurs du moyen-âge. J'ai du mal à le rendre responsable, on peut très bien le lire avec la distance qui a manqué jusqu'au XIXème siècle.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

        Il n'est pas trop responsable.
        Un petit peu parce qu'il a beaucoup écrit des trucs et leur contraire, donc son œuvre - et lui-même par commodité - est pratique pour justifier à peu près n'importe quelle position, en déformant un minimum ses écrits. Mais c'est tout.

        Ça veut dire - de mon point de vue - qu'en première instance, une référence à Aristote pour étayer n'importe quelle idée aujourd'hui, est exclusivement un argument d'autorité.
        Et si une idée exploite un argument d'autorité pour se donner plus de valeur, de volume, de prestance, c'est qu'elle en manque en elle-même.

        Ma position ne consiste certainement pas à lui cracher dessus plus que sur Platon, Thalès, Siddhartha, Lao Tseu, Sun Tzu, ou autre, mais à me méfier des gens qui ont besoin d'Aristote pour faire passer leurs idées.
        Que ça soit aujourd'hui, il y a 100 ans, ou il y a quelques siècles, même si plus on remonte et plus il faut contextualiser.

        • Yth.
        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  . Évalué à 6.

          Un petit peu parce qu'il a beaucoup écrit des trucs et leur contraire

          D'une part, Aristote a écrit à différentes époques, en explorateur du savoir. C'est normal que son savoir évolue dans le temps, à son époque ce savoir est très nouveau. Lui même et ses élèves poursuivaient d'ailleurs les recherches dans son école, qui contenait en quelque sorte un "labo".
          D'autre part, les bibliothécaires du Lycée ont plus tard regroupé ce qui restait de ses écrits avec des notes prises par ses élèves, les rassemblant par thèmes sans trop se préoccuper de chronologie (c'est très sensible dans la Métaphysique). Ils ont ainsi constitué un corpus destiné à l'enseignement (au sein du Lycée). Il ne s'agit pas de livres composés par Aristote. En tant que support de cours, ce corpus pas toujours cohérent n'était pas destiné à sortir de l'école où il pouvait être discuté.
          Et aussi, les grecs écrivaient sans espace entre les mots. Selon l'endroit où l'on coupe le mot on peut lire un autre sens (ajoutes-y les erreurs de copies). Les grecs recourraient à des lecteurs entraînés pour lire leurs oeuvres à voix haute. Aristote s'interprète, aux deux sens du terme (de Platon il nous reste des livres composés, plus solides, les mots y sont moins sujet à débat).

          Je bataille, je bataille, mais Aristote est pour moi un excellent modèle de chercheur, pas dogmatique pour un sou, au contraire il cherche même les façons correctes de penser et raisonner pour découvrir le savoir, il s'interroge sur le langage, il tente d'explorer les propriétés foncières de l'humain… on voit dans les ouvrages sa réflexion qui se construit, sa pensée qui fait des allers-retours, il n'y a rien d'assuré, il faut chercher.

          Tandis que, c'est vrai, on s'est tellement appuyé sur lui et tant de textes y font référence qu'il revient souvent dans les arguments.

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      Pour se débarrasser de son éther, il a fallut > Einstein, 1905.
      Enfin accepter que le vide existe !

      Jusqu'à cette époque, aucune expérience ne donnait l'impression que le vide existe. L'éther était une bonne théorie, solide sur le plan expérimental.

      L'existence du vide n'est absolument pas quelque chose d'intuitif.

      L’électromagnétisme de Maxwell donnait des solutions qui semblent se propager à une vitesse indépendante de l'observateur, puis les expériences de Michelson-Morley l'ont confirmé (là je super-résume).
      Cela étant acquis, les physiciens de l'époque ont bâti une théorie qui en tient compte.

      À quel moment l'héritage de Aristote joue dans cette histoire ?

      Tu as des sources pour dire que l'argument d'autorité d'Aristote a ralentit ce processus scientifique de ne fut-ce qu'une demi-heure ?

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

        L'existence du vide n'est absolument pas quelque chose d'intuitif.

        Pour enfoncer le clou, je précise qu'avant le début du 20ième siècle, il n'y avait pas de preuves expérimentales de la nature atomique de la matière.

        Le fait que la matière était un milieu continu n'était pas encore contredit expérimentalement.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  . Évalué à 8.

        Hum…

        Beaucoup de confusions ici.

        La notion de vide apparait expérimentalement à l’occasion de l’invention du baromètre suite au problème de pompage de l’eau, au XVIIè. Voir Evangelista_Torricelli. Les physiciens étaient parfaitement habitués à la notion de vide.

        La relativité restreinte traite de cinématique, plus exactement l’incompatibilité entre relativité galiléenne et équations de Maxwell, où la vitesse de la lumière est fixe et donc dépendante d’un choix de référentiel.

        L’éther permet de résoudre le problème en postulant que la vitesse de la lumière vaut dans ce milieu spécifique. Ce qui permet de faire cohabiter mécanique de Newton et électromagnétisme de Maxwell. Rien à voir avec le vide, et/ou à un fantasmé refus de la notion du vide de la part des physiciens : y’avait un vrai argument derrière l’existence de l’ether (tout comme il y avait un vrai argument derrière le géocentrisme… en l’absence de connaissance de la relativité galiléenne).

        Mais du moment où on obtient expérimentalement que la vitesse de la lumière est constante quelque soit le référentiel galiléen, l’explication de l’éther ne tient que très difficilement. Et c’est la relativité galiléenne qui s’écroule, donc toute la mécanique de Newton. Einstein va proposer une nouvelle transformation cinématique qui va permettre de sauver les meubles (et vérifiée expérimentalement depuis).

        Pour le support physique de la lumière, on le résoudra avec la dualité onde-particule (Einstein encore, Dirac va généraliser), et qui va amener son lot de problèmes loin d’être clos. Et on spécule aussi l’existence d’un graviton… Dire qu’il existe des champs/ondes sans support physique, ça n’a aucun fichu sens : un champs c’est juste une fonction mathématique qui prend valeur en tout point de l’espace. De base c’est une pure abstraction mathématique, un modèle de la réalité ; la réalité physique qu’on peut donner aux champs va dépendre de l’état des connaissances et de la position philosophique tenue. C’est particulièrement critique dans le cas de la mécanique quantique parce que la manière de le “mesurer” est purement statistique et ce n’est absolument pas un débat tranché à l’heure actuelle de savoir ce qu’un champ quantique ou une fonction d’onde d’une particule signifient.

        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

          Je profite de cette belle réponse pour aller dans le sens de Yth : mon mode méfiance est automatiquement actif quand quelqu'un introduit Aristote comme justification. Je le mentionne ici, parce-que sont listés tous les autres mots qui (en dehors de certains contextes s'entend) activent mon bouclier contre-manipulatoire : Einstein, relativité (par une personne qui ne comprend même pas ce qu'est un champ gravitationnel), quantique (par des gens qui ne savent pas ce qu'est un spin et ne pigent pas grand chose aux stats), etc.

          Concernant le vide, le débat n'est toujours pas tranché aujourd'hui ; et le vide de la physique n'est pas le vide qu'imagine le commun des mortels (rien ou absence de tout) mais bien bien plus subtil.

          “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

          • [^] # Re: Aristote, par pitié...

            Posté par  . Évalué à 5.

            Je crois comprendre qu'Yth et toi entendez des gens citer Aristote en dehors d'ouvrages de philosophie. C'est bien ça ? Ça ne m'est jamais arrivé, mais j'étais étudiant en philo. Aristote m'évoque plutôt des cours assez techniques, avec des volumes de commentaires important (c'est difficile d'analyser correctement une pensée d'il y a 2500 ans!) et des interprétations prudentes parce que comme je l'ai écrit plus haut on n'a pas de livres composés par Aristote.

        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  . Évalué à 4.

          la vitesse de la lumière est fixe et donc dépendante d’un choix de référentiel.

          indépendante, non ?

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      Pour se débarrasser de son éther, il a fallut Einstein, 1905.

      Alors c'est une erreur courante, parce qu'on ne s'est pas débarrasser de ça, on a juste mis de coté l'ether brut, car c'était trop flou.

      Puis en 1973, on a mis au point une méthode permettant d'avoir l'ether net, grâce à l'usage de méthodes de pointes en Californie.

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3. Dernière modification le 04 avril 2023 à 13:11.

        S'en est suivie la théorie de la relativité ondulatoire des réseaux cuivrés, dont l'une des application moderne sont les réseaux de neurones sociaux, et aussi la propagation des vidéos de chats.

        • Yth.
    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Ah bon on a plus que 5 sens ?
      Bon je fouille un peu : https://www.radiofrance.fr/franceculture/ces-quatre-sens-que-vous-ne-connaissez-pas-8943630
      la proprioception : Connaitre la position de ses membres
      l'équilibrioception : garder son équilibre
      la thermoception : ressentir la température
      la nociception : connaitre la douleur.

      J’imagine que c’est ce à quoi tu pensais. (Des tarés vont parler d’intuition voir divination, ou de sens de "l’entreprenariat", j’en connais mais pas sur linuxfr, heureusement).

      • [^] # Re: Aristote, par pitié...

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

        Oui.
        Ça oscille entre 9 et 21 selon les définitions, donc il n'y a toujours pas de consensus scientifique là-dessus, ce qui doit beaucoup jouer sur le fait qu'on conserve ces cinq sens.

        Mais en gros la définition d'un sens, c'est un moyen pour le cerveau d'obtenir des informations internes ou externes.
        On les différencie par le fait qu'ils viennent d'organes différents, ou qu'on peut en perdre un (par accident ou génétiquement), sans que ça affecte les autres.

        Par exemple tu peux avoir un sens du toucher parfaitement normal mais ne pas ressentir la douleur.
        Il y a des gens incapables de toucher le bout de leur nez les yeux fermés : pour marcher ils doivent voir leurs pieds sinon ils ne savent pas où sont leurs jambes.
        L'équilibre est certes dans l'oreille interne juste à côté du tympan, mais c'est un organe différent. Un trauma peut affecter les deux, mais c'est plutôt un hasard de biologie.

        Il y a des débats sur le sens de l'orientation, pas vraiment de preuve sur la sensibilité des champs magnétiques (savoir où est le nord en sentant le champs magnétique terrestre ?), ou l'écholocalisation (certains aveugles développent de façon limitée, mais est-ce différentiable de l'ouïe chez l'être humain ?), etc.
        Le sens de la faim aussi, si on t'enlève l'estomac tu perds toute sensation de faim, et c'est difficile de te nourrir correctement (mon grand-père a vécu ça, suite à un cancer de l'estomac, il en parlait de cette disparition totale de l'appétit).

        En tout cas, 5 c'est un choix assez arbitraire au final.
        S'il avait préféré le chiffre 4, il y aurait peut-être eu confusion entre goût et odorat, comme il y a entre toucher, douleur et température.

        Bref, en tout cas on devrait au minimum parler des 4 que tu as cités, qui ne sont pas tellement plus discutables que les 5 premiers. Mais les enseignements restent sur les 5 sens.
        C'est trop pratique, c'est facile à apprendre pour des enfants de maternelle, 9 c'est plus difficile, et les mots sont moins des mots du quotidien et trop techniques.
        Mais bon, sens de la douleur, sens de la température, sens de l'équilibre, et… sens de soi ? On pourrait trouver des mots du quotidien et simplement leur assigner le statut de sens.

        Sur l'article de wikipédia, il restreignent à 7, mais plutôt sept familles de sens, en regroupant toucher, douleur et température par exemple.

        Bref, ça vient d'Aristote si on n'a toujours que 5 sens.
        Et encore une fois ce n'est pas tellement de sa faute, pas directement, il en a inventorié 5, sans empêcher quiconque d'en rajouter par la suite.
        Mais ça n'a pas été fait, et il y a clairement du « Aristote a dit » derrière cette stagnation.
        Et on a toujours le problème du « sixième sens », qui, lui, n'a aucun sens ;)

        • Yth.
        • [^] # Re: Aristote, par pitié...

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

          Mais ça n'a pas été fait, et il y a clairement du « Aristote a
          dit » derrière cette stagnation.

          Et sans doute aussi le fait qu'on ne se plonge pas plus loin dans la biologie, et qu'on apprends les trucs de bases uniquement.

          Un autre exemple, c'est la question du sexe et des chromosomes.

          On apprends en 3eme que les chromosomes sexuels, c'est soit XX, soit XY, et que ça va déterminer l'appareil génital, donc le genre (et donc le droit de vote jusqu'à y a pas si longtemps, ou le salaire plus bas en moyenne).

          En pratique, c'est une simplification vu qu'il y a d'autres cas, il y a des personnes avec du XXX, du XXY (syndrome de Klinefelter), voir XXXX, mais aussi simplement un chromosome X (sans X ou Y).

          Mais c'est aussi une simplification car il y a aussi des cas ou d'autres chromosomes/gênes influent sur l'effet de ces chromosomes, par exemple, en rendant le corps insensible (ou moins sensible) aux androgènes (qui comprends la testostérone). Donc il existe des personnes avec un génotype XY (comprendre masculin), mais dont le corps se développe comme si c'était un génotype XX (comprendre féminin).

          Et au total, ce ne sont pas des cas si rares, vu que qu'on estime que ça touche entre 1.5 et 0.5% de la population toute variations confondues. Comme un karyotype coûte dans les 500€, c'est rarement fait (d’où l'absence de stats précises).

          1.5 à 0.5% de la population, ç'est pas beaucoup, mais c'est rien non plus.

          Si on prends Linuxfr, soit 1864 comptes sur 3 mois, ça fait entre 10 et 27 personnes.

          Si on prends les lycées en Alsace, il a 520 élèves en moyenne par lycée. Donc pour chaque lycée et tout les ans, il y a entre 2.6 et 7.8 élèves présentant une variation génétique à ce niveau, soit sans doute 1 ou 2 par tranche (terminale, 1ere, 2nd).

          Mais c'est jamais abordé comme ça, donc on se retrouve souvent avec des discussions hallucinantes sur la base d'une conception simpliste de la biologie, avec des gens qui s'enfoncent sans connaître.

          Et je pense à ça, parce que le dernier exemple que j'ai vu (et c'était même pas le seul de la semaine que j'ai vu, et on est jeudi).

          Donc ouais, la biologie, on donne des trucs simplifiés, et on oublie que c'est simplifié, et ça se retrouve ensuite dans la culture populaire (exemple, l'arc d'Ikki dans les chevaliers du Zodiaque avec le sacrifice des 5 sens).

    • [^] # Re: Aristote, par pitié...

      Posté par  . Évalué à 2.

      Ah tiens, ça me donne l'occasion de relire Pierre Aubenque, un peu oublié depuis la fac. Son avant-propos du livre "Le problème de l'être chez Aristote" résume bien la situation de l'oeuvre dans l'histoire, Google le propose en ligne, tu devrais le lire.

      (Si ma mémoire est bonne, l'introduction montre Aristote en métaphysicien chercheur, pas du tout sûr de lui ni dogmatique).

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