Journal Vous avez internet, vous financez la musique française

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15
27
jan.
2012

Mr Mitterrand va signer l'accord donnant naissance au centre national de la musique.
Ce centre, qui n'est en réalité que le regroupement de structures préexistantes (Centre national des variétés et du jazz (CNV), le Bureau export, francophonie diffusion, l'Observatoire de la Cité de la musique ou encore le Fonds pour la création musicale (FCM)).
L'objectif du CNM est d' "assurer le développement d’une création française, comme francophone, dynamique et diversifiée, à travers des aides aux créateurs (auteurs, compositeurs, artistes autoproduits), aux entreprises qui investissent dans la création (éditeurs, managers, producteurs de musique enregistrée, entreprises de spectacle vivant musical et de variété)"

Bon... c'est un peu flou, mais je crains que l'argent soit rediriger indirectement vers les gros du secteur.
Ce qui m'embête à titre perso, c'est que le financement sera dès 2013 en partie assurer par les FAI, bien que le ministre de la culture indique qu'il n'y aura ni nouvelle taxe, ni augmentation d'une taxe déjà existante.

Est ce le rôle des FAI de soutenir la culture française.

On me dira que ça ne change pas grand chose, que ça soit l'état qui finance la CNM (via le budget global), ou que l'argent soit directement rediriger à partir de nos fournisseurs d'accès, néanmoins, sur le principe, cela me gène

News clubic

  • # Créativité mal placée

    Posté par  . Évalué à 10.

    Niveau taxes, commissions, conciliabules je crois que là on peut être fier de nos plus ou moins haut-fonctionnaires et nous n'avons aucune leçon à recevoir de personne.

    Le mode de la culture est la sangsue de notre société, en quelques années les aides allouées sont passées à plusieurs milliards d'euros alors que ça n'améliore en rien notre compétitivité. D'ailleurs à quoi servent nos paroliers puisque le film français le plus apprécié à l'étranger est muet ? Je vous le demande.

    Ça dénonce le vendredi !

    • [^] # Re: Créativité mal placée

      Posté par  . Évalué à -10. Dernière modification le 27 janvier 2012 à 12:01.

      "la sangsue de notre société": wahou bravo pour les expressions légères. Historiquement ces désignations ont été attribuées aux juifs (les points goodwin ne sont pas loin ;-p), aux immigrés, ou depuis peu aux "assistés" du RSA. Au tour des artistes maintenant... ils apprécient la reconnaissance de leur travail (qui ne sert pas qu'à nous divertir mais aussi à élever nos réflexions... en ne pensant pas qu'à Johhny, Luc Besson etc, mais aussi aux auteurs, photographes, plasticiens, danseurs, comédiens).

      effectivement on parle d'impôts : ils sont là pour servir les priorités de la société, faire une redistribution de l'argent, entre les domaines qui rapportent et les "services" qu'on veut accessibles à tous (et pas qu'aux élites)...

      • [^] # Re: Créativité mal placée

        Posté par  . Évalué à 10.

        Au tour des artistes maintenant... ils apprécient la reconnaissance de leur travail (qui ne sert pas qu'à nous divertir mais aussi à élever nos réflexions... raté ?).

        Il a parlé des artistes ? Non, il a cité « le mode de la culture », je pense qu'il visait tout le système des ayant droits et en particulier les majors, qu'il faut sans cesse perfuser alors qu'elles font chaque année plus de bénéfices.

        Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

    • [^] # Re: Créativité mal placée

      Posté par  . Évalué à -1.

      Pourrais tu nous rappeler comment est calculée la compétitivité de la culture ?
      Je suis preneur par ce que cela m'échappe.

      • [^] # Re: Créativité mal placée

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

        De la même manière que celle de l'humour.

      • [^] # Re: Créativité mal placée

        Posté par  . Évalué à 3.

        Justement, il n'y en a pas et c'est ce qui est pointé : ces aides pourraient être distribuées à une autre industrie qui pourrait en avoir besoin.

        Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

  • # rediriger, assurer, interrogation

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    En tout cas, il manque franchement un Centre National de la Grammaire et de l'Orthographe Française ...

    les "l'argent soit rediriger indirectement", "en partie assurer par les FAI", ... me brûlent les yeux !

    Désolé, je râle jamais, mais c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase !
    Et pourtant, j'ai toujours été nul en grammaire et orthographe...

    • [^] # Re: rediriger, assurer, interrogation

      Posté par  . Évalué à 4.

      il manque franchement un Centre National de la Grammaire et de l'Orthographe Françaises

      Je confirme ;-)

      Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

    • [^] # Re: rediriger, assurer, interrogation

      Posté par  . Évalué à -1.

      Bon, je fais déjà mieux que d'habitude
      Mais que veux tu, on est vendredi, jvais me taper 3h de route pour rentrer chez moi et on m'a recollé une saloperie d'appli j2ee à déboguer... ya vraiment des jours où l'on devrait rester au fond de son pieu...

    • [^] # Re: rediriger, assurer, interrogation

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Ils avaient prévu de mettre à sa tête Maître Capello, mais les multinationales du forumisme et du message court ont mis fin à ses jours, du coup ils ont laissé tombé le projet.

    • [^] # Re: rediriger, assurer, interrogation

      Posté par  . Évalué à 0.

      En tout cas, il manque franchement un Centre National de la Grammaire et de l'Orthographe Française ...

      Hum, ne serait-ce pas le rôle de l'Académie Française ?

  • # En principe, c'est illégal

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    On me dira que ça ne change pas grand chose, que ça soit l'état qui finance la CNM (via le budget global), ou que l'argent soit directement rediriger à partir de nos fournisseurs d'accès, néanmoins, sur le principe, cela me gène

    Normalement, tout impôt va dans le pot commun, et l'état décide du budget. On ne peut pas avoir un impôt qui va directement à une dépense. C'est un choix du gouvernement de taper sur les FAI.

    "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: En principe, c'est illégal

      Posté par  . Évalué à 0.

      Les cotisations retraites vont dans le pot "retraite", les cotisations chômage dans le pot "chômage", la taxe sur la copie privée est aussi dédiée à un usage en particulier...

      • [^] # Re: En principe, c'est illégal

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Les cotisations retraites vont dans le pot "retraite"

        (pour tous les métiers, pas que FAI)

        les cotisations chômage dans le pot "chômage"

        (pour tous les métiers, pas que FAI)

        la taxe sur la copie privée est aussi dédiée à un usage en particulier ...

        Et la, ça commence déjà à merder...

        Mais sinon, pourquoi les FAI et pas la poste qui transporte de la musique (des CDs) aussi?
        Pourquoi que eux? Ah oui : c'est facile à taper dessus, ils ont aussi un peu de sous en ce moment.

        Imposer suivant la gueule du mec, hum... bon ce n'est pas nouveau (on taxe bien les alcools suivant leur type et leur degré d'alcool, et surtout suivant le lobbying mis sur ces deux critères)

        • [^] # Re: En principe, c'est illégal

          Posté par  . Évalué à 2.

          Non mais OK sur l'idée, c'est crétin, mais c'était juste pour répondre sur le côté "illégal" de la chose vu que les taxes, impôts et autres cotisations ne vont pas toutes rejoindre un seul et unique pot commun.

      • [^] # Re: En principe, c'est illégal

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        C'est la différence entre les cotisations sociales (vers les 4 caisses de sécu), et les impôts.

        La taxe pour la copie privé, n'est pas touché par l'état non plus, c'est une redevance obligatoire qui n'est pas touché par l'état mais par les sociétés d'auteur et d'éditeur.

        "La première sécurité est la liberté"

        • [^] # Re: En principe, c'est illégal

          Posté par  . Évalué à 4.

          c'est une redevance obligatoire qui n'est pas touché par l'état mais par les sociétés d'auteur et d'éditeur.

          Mais pourquoi je me suis fait chier à monter une boîte d'informatique !...

  • # Deux remarques.

    Posté par  . Évalué à 4.

    Déjà, avant 2013, y'a des élections dont on peut espérer qu'elles permettront de virer ce machin. On n'a pas besoin d'une énième émanation des lobbies du divertissement.

    Ensuite, il semblerait que la taxe sera sur la même assiette que la COSIP, donc appliquée à la partie "radio-TV" des offres triple-play.. pour ceux qui la prennent.

    Je suis un peu étonné de ce choix de laisser une porte de sortie et de permettre aux gens de pas financer encore la SACEM, en prenant une offre Internet seul ou Internet + téléphone (ça existe chez Orange, chez Nerim, chez Free, chez FDN, et probablement d'autres). Peut-être qu'une disposition réglementaire rendrait casse-gueule de taxer aussi des abonnements Internet ou Internet + tel destinés aux pros, par exemple ?

    THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

    • [^] # Re: Deux remarques.

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Déjà, avant 2013, y'a des élections dont on peut espérer qu'elles permettront de virer ce machin. On n'a pas besoin d'une énième émanation des lobbies du divertissement.

      C'est beau les rêves mais à mon avis quelque soit le camps on aura le même résultat. On continuera à financer un mode de développement/distribution de la culture façon moyen âge :(

      Born to Kill EndUser !

    • [^] # Re: Deux remarques.

      Posté par  . Évalué à 5.

      Selon les échos le candidat socialiste a également validé le projet.
      Bon, il faudrait connaitre l'avis des 53 autres candidats

  • # Parasitisme

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Franchement est-ce que c'est le rôle de l’État que de s'occuper de ce genre de truc ?
    Je ne suis pas pour limiter l'intervention de l’État aux fonctions purement régaliennes (monnaie/police/justice/défense) mais il y a quand même de la marge avant d'approuver le financement collectif d'un truc comme le "Centre national de la chanson, des variétés et du jazz" !!

    • [^] # Re: Parasitisme

      Posté par  . Évalué à 8.

      Je suis assez d'accord. Ça pose un sacré problème de subventionner la culture, par rapport à d'autres secteurs économiques : on peut décider objectivement qu'un produit est biologique, par exemple, ou qu'il consomme peu d'énergie. Mais décider qu'une oeuvre est "culturelle", faire la différence entre quelque chose qui n'intéresse pas le public parce que c'est mauvais tout naze, ou qui n'intéresse pas le public parce que c'est assez compliqué mais intéressant (donc, mériterait un soutien de la puissance publique pour élever le niveau des citoyens), c'est forcément une affaire de goûts personnels.

      En plus, l'approche actuelle de la culture présente deux autres défauts :

      • Une définition de la culture par type d'activité. Le cinéma, c'est de la culture. Les mèmes, non. La BD c'est enfin accepté comme de la culture. Les manga, pas vraiment. La musique c'est de la culture. Les jeux vidéos, non. Vu que ce sont (encore et toujours) des "vieux" qui gèrent ce genre de choses, qui attribuent les subventions, qui mettent en place des institutions, on se retrouve avec une approche conservatrice de la culture, qui vise surtout à faire connaître la culture d'avant aux gens de maintenant (ce qui est positif et nécessaire), mais pas forcément dénicher et soutenir la culture de maintenant faite par les gens de maintenant. Au contraire. Par exemple, la vague de détournements parodiques d'une scène de "La Chute", avec Hitler auquel on fait soutenir une cause, c'est un élément culturel. Pas forcément transcendant (mais la culture officiellement soutenue n'est pas toujours mirobolotante non plus), et tout ce que fait le système actuel c'est permettre aux ayants-droits du film de faire supprimer ce type de vidéos.

      • Une différenciation entre consommateurs et producteurs. Au lieu d'essayer de faire participer chacun, de le pousser à s'impliquer, on reste dans un schéma de "créateurs de culture professionnels" qui sont financés (y compris par l'état) par les "consommateurs" ou supposés tels - acheteur de CD vierge par exemple. Avec Internet, cette distinction tend à s'abolir. Là, ce que j'écris, c'est de la culture (certainement oubliée dans 6 mois, mais c'est un morceau d'information produit par un humain DONC un élément culturel). Je demande pas à être payé pour, j'aimerais juste qu'on taxe pas l'accès à Internet avec lequel j'upload ce post parce qu'on suppose qu'il est destiné à télécharger du jazz.

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      • [^] # Re: Parasitisme

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        mais pas forcément dénicher et soutenir la culture de maintenant faite par les gens de maintenant.

        Et quand c'est le gars, on soutient l'art contemporain, dont une bonne partie des oeuvres sont des impostures totales (un mur blanc ; une chaise avec deux clous etc.).

        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  . Évalué à 5.

          Oui mais c'est le neveu du pote de l'adjoint du maire chargé de la culture.

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        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  . Évalué à -1.

          une bonne partie des oeuvres sont des impostures totales (un mur blanc ; une chaise avec deux clous etc.).

          Le mec qui a fait le mur blanc l’a fait précisément pour provoquer le discours que tu tiens.

          <mode philosophie du comptoir>Si son message était de faire passer l’idée que l’art c’est du vent, ben ça a magnifiquement marché sur toi. Mais alors se pourrait-il qu’avec un objet ne représentant rien, il arrive à faire passer un message artistique, que ce message artistique loin d’être nul (nul comme dans « égal à zero », pas comme « pourri »), a été parfaitement transmis ? Beau coup pour une soit disante imposture nan ? (et les plus perspicace d’entre vous auront noté le paradoxe du message passé qui nie son existence… enfin, je crois que j’ai perdu tout le monde là xD)</>

          Bon en même temps se foutre la gueule des collectionneurs contemporains qui vont acheter ça, ça n’a pas de prix. :)

          PS : là où il y a imposture c’est lors d’une affaire qui date maintenant où des gens avaient lacéré un tableau blanc, et où le soit-disant artiste les a poursuivi, signe qu’il ne voulait pas leur reconnaître une démarche tout autant artistique, et par là même que la sienne était juste du foutage de gueule. :/

          • [^] # Re: Parasitisme

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

            Le mec qui a fait le mur blanc l’a fait précisément pour provoquer le discours que tu tiens.

            Si ça avait le tout premier à faire ça, on peut penser que sa démarche aurait respectable. L'ennui c'est que, depuis l'urinoir de Duchamp, l'idée a déjà été exploitée jusqu'à la moelle.
            Maintenant c'est plus une solution de pure facilité.

          • [^] # Re: Parasitisme

            Posté par  . Évalué à 7.

            Ben pour moi, l'art, c'est pas juste faire un truc pour faire réfléchir. C'est aussi de la technique, du talent et du travail.

            Je serais toujours plus enclin à considérer comme de l'art un tableau sur lequel le gars a bossé des années qu'un truc qu'un péquenot a mis trois minutes à poser genre deux clous sur une chaise.

            Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

            • [^] # Re: Parasitisme

              Posté par  . Évalué à 0.

              Je serais toujours plus enclin à considérer comme de l'art un tableau sur lequel le gars a bossé des années qu'un truc qu'un péquenot a mis trois minutes à poser genre deux clous sur une chaise.

              Et qui vous dit que ces "trois minutes pour poser deux clous" ne sont pas l'aboutissement d'années de réflexion, de travail et autre ?

              • [^] # Re: Parasitisme

                Posté par  . Évalué à 6.

                Et qui vous dit que ces "trois minutes pour poser deux clous" ne sont pas l'aboutissement d'années de réflexion, de travail et autre ?

                Pourquoi pas ? Ça me dérange pas qu'on puisse croire à ça, pourvu qu'on ne m'oblige pas à financer cette connerie. Pour l'instant, c'est le cas.

                THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

              • [^] # Re: Parasitisme

                Posté par  . Évalué à 1. Dernière modification le 30 janvier 2012 à 09:06.

                Bah non. Poser deux clous en faisant croire qu'il y a réfléchi, n'importe quel clampin sait faire.

                Peindre ça, c'est déjà plus restreint.

                Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

                • [^] # Re: Parasitisme

                  Posté par  . Évalué à 2.

                  Heureusement qu'on ne réduit pas le métier de développeur au seul temps minimal nécessaire pour taper les caractères qui constituent le code source...

                  • [^] # Re: Parasitisme

                    Posté par  . Évalué à 1.

                    Et heureusement qu'on ne le réduit pas non plus aux effets d'annonce et qu'on regarde un peu ce qui est produit. Si on pousse la comparaison art/code plus loin : combien d'I2BP culturels?

      • [^] # Re: Parasitisme

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Ça pose un sacré problème de subventionner la culture, par rapport à d'autres secteurs économiques.

        Analyse à courte vue. La subvention de la culture française, c'est une subvention au tourisme détournée. Et je crois que c'est très efficace comme subvention: J'ai vu et entendu, lors d'un festival, alors que les artistes manifestaient et faisaient grève pour éviter en vain qu'on ne change leur statut, une commerçante pleurer et leur crier: « vous êtes en train de nous ruiner ». Effectivement, les commerces de la ville doivent faire la moitié de leur chiffre d'affaire annuel durant la semaine du festival. Ceci est particulièrement vrai en France, qui vit pour une bonne part de son tourisme et de son rayonnement culturel.

        c'est forcément une affaire de goûts personnels.

        Bof. le regard esthétique s'exerce, et un regard exercé sait faire abstraction de ses goût personnels pour donner un jugement objectif sur une œuvre d'art. Que la plupart aiment ou pas ne change rien à la qualité intrinsèque d'une œuvre.

        on se retrouve avec une approche conservatrice de la culture, qui vise surtout à faire connaître la culture d'avant aux gens de maintenant (ce qui est positif et nécessaire), mais pas forcément dénicher et soutenir la culture de maintenant faite par les gens de maintenant.

        En partie faux. Les subventionneurs passent leur temps à s'interroger à ce sujet. Bien souvent, l'approche pragmatique consiste à dire qu'ils ne sont pas les mieux placés pour dénicher les talents. Ils laissent faire ceux qui s'en font une spécialité: les diffuseurs, les tourneurs, les organisateurs de festival, les galeristes, et interviennent pour donner une sorte d'aide au développement des nouveaux talents repérés. Si tu n'es pas convaincu tu peux aller faire un tour dans ton FRAC (Fonds Régional d'Art Contemporain), et tu verras que ce n'est pas de l'art d'il y a trente ans.

        Au lieu d'essayer de faire participer chacun, de le pousser à s'impliquer

        On peut estimer que la politique culturelle moderne hérite des idées de Malraux, et consiste à mettre l'art élitaire à la portée de tous, ce qui est déjà une façon d'impliquer chacun. Mais bon nombre d'artistes considèrent que l'art ne devrait pas être élitaire, mais populaire, et touchent des subventions pour cette raison même qu'ils savent impliquer directement les citoyens dans une démarche artistique. Par exemple, une compagnie de théâtre a travaillé plusieurs mois avec les habitants d'une tour d'hlm qui allait être détruite, pour faire un spectacle à la mémoire de la tour.

        on reste dans un schéma de "créateurs de culture professionnels" qui sont financés (y compris par l'état) par les "consommateurs"

        Faux. Le théâtre amateur et les écoles d'art sont subventionnés, l'art à l'école est était subventionné. C'est du reste l'enjeu principal de la politique culturelle de Lang que de nuancer cette distinction entre consommateurs et créateurs de culture. Pense à la fête de la musique (ce n'est pas une subvention, mais c'est emblématique de l'esprit d'une politique culturelle).

        Après, je veux bien entendre que la politique actuelle confond culture et commerce, comme elle confond citoyen et consommateur. Mais il y a bon espoir que ce soit juste un mauvais moment à passer, et que dans quelques mois, on retrouvera les fondamentaux d'une politique culturelle intelligente.

        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  . Évalué à 7.

          Ils laissent faire ceux qui s'en font une spécialité: les diffuseurs, les tourneurs, les organisateurs de festival, les galeristes, et interviennent pour donner une sorte d'aide au développement des nouveaux talents repérés.

          Les gens qui y ont un intérêt, quoi. Je vois de plus en plus la culture payante (pour le dire simplement) comme une espèce de magouille public/privé où le fric entre de partout et se met dans les poches d'on sait pas qui sur la base de 90% d'appréciation personnelle de gens hauts placés. Si tu causes avec n'importe quel groupe, troupe, ils te diront que c'est important les contacts et le réseau.

          Comme dans d'autres boulots, hein, la différence c'est que les autres boulots ne sont pas subventionnés (c'est le client au final qui décide), ou pas autant.

          THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

          • [^] # Re: Parasitisme

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

            Je ne sais pas...

            Il y a une difficulté connue: faut-il subventionner les compagnies qui créent où les lieux qui les diffusent? Si on subventionne les compagnies, on a tendance à conforter l'existant, et à ne pas pouvoir organiser le développement territorial. Si on subventionne les lieux qui diffusent, on favorise la fluidité, on peut orienter le développement territorial, mais une partie des subventions nourrissent des personnes qui ne créent pas, de sorte que tout un ensemble de personnes vivent de la culture mieux que les artistes (emplois stables, salaires réguliers et viables). La politique actuelle consiste à faire les deux. Depuis quelques années, l'idée de subventionner les lieux plus que les compagnies a reçu un coup de pouce politique. C'était la réponse politique à la crise de l'intermittence (de 2003): si vous avez des difficultés à faire le nombre d'heures nécessaire pour avoir droit au chômage, c'est qu'il n'y a pas assez de possibilité de diffuser votre travail. C'était, je crois, le fond du rapport Latarjet de 2004.

            Quant au réseau, oui, c'est important. Le milieu artistique est extrêmement concurrentiel, car il y a beaucoup plus d'artistes que de possibilités de diffusion. À qualité égale, tu choisiras toujours quelqu'un que tu connais.

            • [^] # Re: Parasitisme

              Posté par  . Évalué à 2.

              Si on subventionne les lieux qui diffusent, on favorise la fluidité, on peut orienter le développement territorial, mais une partie des subventions nourrissent des personnes qui ne créent pas, de sorte que tout un ensemble de personnes vivent de la culture mieux que les artistes (emplois stables, salaires réguliers et viables).

              Franchement, si tu cherches un emploi stable et un salaire régulier, tu ne fais pas artiste. Tu fais fonctionnaire.

        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  . Évalué à 4.

          La subvention de la culture française, c'est une subvention au tourisme détournée.

          Je vois pas en quoi ça aide le tourisme de subventionner Universal qui est en train de racheter EMI, major britannique et pas du tout française.

          Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

          • [^] # Re: Parasitisme

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

            Je répondais à Grunt qui parlait de la politique culturelle en général.

            Il ne faut pas se tromper d'enjeu: cette politique culturelle est mauvaise parce qu'elle confond œuvre artistique et produit de consommation, intérêt national et intérêt des lobbyes. Ça ne veut pas dire que toute politique culturelle est insensée.

            • [^] # Re: Parasitisme

              Posté par  . Évalué à 3.

              Exactement, c'est l'idée même d'« industrie culturelle » qui est à revoir.

              Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          « C'est du reste l'enjeu principal de la politique culturelle de Lang que de nuancer cette distinction entre consommateurs et créateurs de culture. »

          Et il reste encore pas mal de boulot : avec Lang, en France la culture à droit de cité un jour sur 365,24… Unique journée ou, par exemple, siffloter un air en publique — sans avoir au préalable étudié méthodiquement les rubriques nécrologiques — n'est pas une infraction. À quand un ministre délirant qui pousserait l'outrance jusqu'à rendre au peuple et à la culture une semaine entière par an ?

          « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

          • [^] # Re: Parasitisme

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            C'est ce que les artistes de rue défendent depuis des lustres sous le titre « d'utopie des arts de la rue »: L'art est public !.

            • [^] # Re: Parasitisme

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

              Quoique fort vague — c'est même l'introduction — voilà qui pourrait paraître intéressant ; nonobstant l'attaque ad hominem. Toutefois, ce texte ne vous paraît-il pas symptomatique d'une conception particulièrement étriquée de ce que sont « art » et « culture » ? En particulier dans ce passage qui se veut un élargissement quasiment lyrique :

              « Oui, nous avons la faiblesse de penser politique et de ne pas nous cramponner à notre seule boutique. Ce pourquoi nous avons partagé notre appel "l’Art est Public" avec les musiques actuelles et associées, le cirque, la marionnette, les arts plastiques, les petites compagnies indépendantes et tous ceux qui se reconnaissent dans ce besoin d’oxygène, dans cette revendication de mise à plat et de débat que nous avons exprimé. Autour de deux principes que nous partageons tous : l’intérêt général et l’absolue nécessité de la diversité. »

              Selon moi ces restrictions sémantiques pour ces mots (en comparaison des définitions des dictionnaires) sont au moins le témoignage irréfragable d'un problème bien plus dramatique que celui dont semblent avoir conscience une partie des milieux artistiques.

              « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

              • [^] # Re: Parasitisme

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

                Il y a une contradiction inhérente à l'organisme qui lance l'appel, la fédération des arts de la rue, qui défend des intérêts corporatistes (ceux des arts de la rue), et qui, du fait de l'histoire des arts de la rue, défend une utopie.

                Bien souvent, l'utopie sert d'argument pour la défense des intérêts corporatistes. Mais en même temps, la fédération a au moins pour elle le fait que la défense des intérêts corporatistes est nécessaire pour défendre l'utopie.

                Ici, le slogan « l'art est public » est une formulation contemporaine de l'utopie des arts de la rue, tandis que les signataires sont les représentants de corporations alliées parce qu'elles partagent grosso-modo le même réseau de diffusion, les mêmes techniques et styles artistiques, et les mêmes difficultés financières.

                Je n'ai pas trouvé de lien plus pertinent concernant l'utopie des arts de la rue (je n'ai pas non plus cherché longtemps). C'est surtout une tradition orale, et il faut croire qu'elle se perd.

        • [^] # Re: Parasitisme

          Posté par  . Évalué à 2.

          Bof. le regard esthétique s'exerce, et un regard exercé sait faire abstraction de ses goût personnels pour donner un jugement objectif sur une œuvre d'art.

          Je ne pense pas qu'il soit possible d'être totalement objectif. On peut essayer de l'etre, on peut meme arriver à l'etre de plus en plus, s'améliorer à ce niveau là. Mais atteindre l'objectivité parfaite ca me parait totalement illusoire.

  • # Budget global

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    On me dira que ça ne change pas grand chose, que ça soit l'état qui finance la CNM (via le budget global), ou
    que l'argent soit directement rediriger à partir de nos fournisseurs d'accès, néanmoins, sur le principe, cela
    me gène

    Le problème des impôt fléchés, c'est que cela reviens à la dîme du moyen âge. C'est mauvais. Un des grands principe de l'état français est le budget global, la répartition est ensuite votés tous les ans par le parlement.

    Ensuite, financer la culture donc la musique a toujours été une mission en partie réalisé par l'état. Donc, ce n'est pas choquant de le re-formaliser et de mettre à jour les structures /a priori/...

    Ce qui est choquant, c'est la durée des droits d'auteur qui tue en grande partie la création. 50 ans, 70 ans... C'est beaucoup trop long. S'il y avait quelques choses à modifier, c'est ce point là qui me semble majeur et revenir à des durées bien plus raisonnable.

    • [^] # Re: Budget global

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Tout à fait d'accord : la culture, c'est d'abord une œuvre collective qui naît de la contribution de chacun par l'appropriation/perception qu'il a/se fait du reste de la société. Un droit patrimoniale d'auteur qui dure au-delà de la vie de l'auteur et s'étend même aux simples ressemblances paraît un sûr moyen de tuer — ou à tout le moins de faire stagner — la culture.

      Du coup, à quoi bon financer l'élagage d'un arbre supportant un si accablant effort en vue d'en arracher jusqu'à la dernière racine. N'est-ce pas de l'argent jeté par les fenêtres ? Ne faudrait-il pas commencer par arrêter le bulldozer des législations disney et compagnie ?

      Et même si les lois sur le droit d'auteur redevenaient subitement favorable à la culture, y attribuer un budget serait-il pertinent ? L'air du temps semble être à la confusion la plus aveugle entre art, culture et spectacle. Un exemple : est-ce seulement une impression ou bien le terme poésie désigne, dans l'inconscient collectif, des textes sirupeux de niaiseries, arrangés en vers ; en tout cas, bien plus qu'il n'évoque le travail (ποίησις selon l'étymologie) sur les mots pour réaliser une œuvre qui transcende la prose. Autre exemple : pour les médias, l'artiste semble être tel interprète fulgurant ou tel performeur indécent, et la définition de l'art associée serait la capacité à attirer l'attention. Ou encore, l'art tient-il au fait de jeter des couleurs farfelues ou monotone sur une toile ; ou bien aux capacités de faire la toile, de créer les couleurs, ou encore d'analyser les arrangements potentiels et d'en théoriser les effets sur la perception humaine ? Et voici posée la dichotomie ; pour la société les « artistes » sont ceux qui pratiquent attirent le regard ; alors que le dictionnaire est formel : l’artisan ou l'ingénieur sont les artistes au sens noble de ce mot. Ce sont eux qui emploient et élaborent cet « ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l'homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain résultat » (atilf).

      En résumé, il me semble que même si le budget culture de l'état arrivait réellement aux mains des artistes actuels, il ne contribuerait probablement guère à la culture. L'art, au sens premier, partagé entre tous permet l’élévation de la culture. Les finances réellement employées pour la culture, à mon avis, sont donc essentiellement celles de l'éducation nationale et des diverses institutions qui visent à diffuser ou créer le savoir (utile). Le budget de la « culture » lui jouerait plutôt les circenses d'une locution romaine bien connue.

      « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

  • # Pedantic On

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    L'abréviation de monsieur en français est M; pas Mr qui est Mister en anglais.

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