Journal DRM sans fin

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33
26
mar.
2014

Alors que le Salon du livre de paris 2014 vient de se terminer, on a eu le droit aux sempiternelles discussions sur le livre numérique, qui n'en finit pas d'arriver, et ce qui va évidemment avec : le piratage. Cette année, il semblerait qu'une entreprise (je tais son nom pour ne pas faire de la pub) fournissant un moyen de lecture en streaming de livres, donc sans téléchargement possible comme ils le disent, en a profité pour faire sortir des chiffres dont je n'ai pas trouvé la source et qui affirme qu'un livre sur deux en circulation est un livre piraté.

Évidemment, ils trouvent ça affreux. Personnellement, je me dis que c'est un taux plutôt convenable par rapport au taux de piratage de certains logiciels. Ce qui semble problématique ce n'est donc pas le taux de piratage, mais le peu d'intérêt que porte les gens à pirater des livres.

Quoi qu'il en soit, la réponse, ils l'ont, c'est eux, et certains comprendront aussi les DRM, voie dans laquelle se sont inscrits plus de 72% des éditeurs (c'est eux qui le disent). Il me semble que si à leurs yeux ce taux leur paraît catastrophique, la solution serait plutôt de sortir de cette impasse dans laquelle ils se sont placés, et que plutôt que de reproduire les erreurs des éditeurs de musique, ils pourraient en déduire d'autres pistes.

Je pense que c'est le bon moment de marquer le coup et rappeler au syndicat national de l'édition qu'ils ne sortent pas de la voie de promotion de la lecture dans laquelle ils se sont engagés et pour lesquels certains touchent de larges subventions publiques.

Ce sera peut-être aussi l'occasion de rappeler que l'objectif de diversité culturelle est peu visible alors qu'à peine 100 000 livres sont disponibles (depuis le temps) alors que le projet Gutenberg en possède à lui seul 42000 (certes pas seulement en français mais on pourrait y rajouter les wikibooks et des tonnes d'autres sites). Rappelons leur aussi que de ce point de vue, le fait que la majorité des ventes soit tenues par 2 auteurs (J. Grisham et K. Follett) est la preuve de leur échec aussi à ce sujet. Bref, alors qu'ils estiment que « les trois piliers de la régulation du livre (droit d’auteur, fiscalité et prix unique), garants de la diversité culturelle, sont aujourd’hui menacés par l’Internet dérégulé » 1, il me semble urgent de leur répondre que d'une certaine façon, ce sont peut-être leurs incohérences qui mettent la culture en danger.

J'invite tous les défenseurs de la libre circulation de la culture a envoyé un petit courrier au sne, peut-être par papier, sait-on jamais, qu'on récupère vos emails pour en faire un livre sans votre accord.

Quelques liens :
* salon du livre - http://www.salondulivreparis.com/Thematiques/A-l-heure-du-numerique.htm
* Page de blog traitant de ces chiffres annoncés - http://creationlibre.org/fr/2014/03/23/chiffres-piratage-livres-numeriques/
* Section DRM du livre libre créer un epub de Fmfr - http://fr.flossmanuals.net/creer-un-epub/ch020_controler-ou-pas-la-diffusion-du-livre-avec-les-drm

  • # piraté

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    un livre sur deux en circulation est un livre piraté

    il y a tant de gens qui vivent à bord d'un galion et fanas de lecture ? Ça devrait être une bonne nouvelle après les années de désaffection de la lecture chez les jeunes qui ne savent plus lire :-)

    • [^] # Re: piraté

      Posté par  . Évalué à 8.

      généralement les pirates ne se baladent pas en galions. Ce machin là est bien trop lent, (il met largement plus de deux jour pour arriver du Japon ;)

      Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent

      • [^] # Re: piraté

        Posté par  . Évalué à 10. Dernière modification le 26 mars 2014 à 14:53.

        Ouais alors pour votre gouvernaille à tous les deux sachez que le bateau préféré du pirate au XVIIème siècle c'est la goélette. :o Un bateau léger, rapide, manœuvrable avec un équipage réduit, particulièrement adapté pour l'abordage. Le galion est au contraire imposant, massif, avec un gros tonnage et souvent lourdement armé. On pense que ce sont les bretons qui ont donné son nom à la goélette, on en veut pour preuve la fameuse expression bretonne : "Sai con un galion ça sert à rien :o"

        Les galions les plus convoités par les pirates étaient les galions espagnols et portugais qui revenaient d'Amérique du Sud chargés d'or. Les bateaux venant d'Asie contenaient en général plutôt du poivre et des épices. Les pirates ne les attaquaient que quand ils étaient à court d'assaisonnement.

        DePluCe, les échanges étaient rares entre le Japon et le reste du monde. Anéfé lorsque les occidentaux ont lâché leur Chine pour visiter les nippons, ces derniers ont tout de suite compris qu'ils avaient tout intérêt à dégager ces tarés évangélistes au plus vite. Seuls les hollandais étaient autorisés à commercer avec eux, dans la baie de Nagazaki, deux mois dans l'année, le temps de faire la vidange et de charger le matoce, prière de laisser l'endroit aussi sale en arrivant qu'en repartant, oublie pas de fermer le robinet. :o

        Les pirates s'en prenaient donc très rarement aux routes japonaises, sauf quand ils s'étaient fait mettre la pâtée par un galion, des corsaires ou d'autres pirates, qui les traitaient alors gaiement de loosers, de bons à rien, de maraindaudouces et qu'ils feraient mieux de s'en prendre aux navires en provenance du Japon.

        D'où la fameuse expression "Va manger du poivre !", transmise de bouche de moule à oreille de moule depuis le dix-septième siècle, jusqu'à refaire surface aujourd'hui dans les clapotis du bouchot.

        *splash!*

        • [^] # Re: piraté

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

          Merci pour ta prose, qui m'a donné envie de relancer Tropico 2 ;)

          Tiens, pertinenté pour la peine, ça t'apprendra !

        • [^] # Re: piraté

          Posté par  . Évalué à 2.

          Les pirates s'en prenaient donc très rarement aux routes japonaises

          Et on en revient à la définition de "pirate". Pour les marins néerlandais, les opérations menées à leur encontre, par les navires catholiques c'était de la piraterie.

  • # Internet dérégulé

    Posté par  . Évalué à 9.

    menacés par l’Internet dérégulé

    Comme cette expression a le don de m'énerver !

    Internet n'est pas dérégulé, il est soumis aux mêmes lois que le monde non virtuel. Mais comme les moyens ne sont pas mis pour faire appliquer la loi, forcément tout le monde fait un peu ce qu'il veut.

    D'un autre côté c'est pratique, ça permet à certains de proposer de faire leur propre police.

    Comme disait l'autre (je crois que c'était Clémenceau mais pas sûr du tout) :

    Écrire une loi sans l'appliquer, c'est inciter les gens à ne pas la respecter.

    Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

    • [^] # Re: Internet dérégulé

      Posté par  . Évalué à 10.

      Internet n'est pas dérégulé

      Évidemment, tout comme le vol est une contrefaçon ou un pirate n'est pas un pirate mais au pire un contrefacteur… ou les opposants de Notre-Dames-des-Landes ne sont pas de vils black blocs qui veulent saigner la société.

      C'est la bataille des mots : pour gagner, il faut faire passer l'adversaire pour quelque chose d'inacceptable : pirate, vol, déréguler, jungle, pédophile, etc. L'important n'est pas la réalité, mais les valeurs véhiculées par les mots, pour inconsciemment associé ces valeurs à internet.

      On arrive ainsi à avoir couramment des choses qui ne veulent rien dire, les mots perdent justement leurs sens, on ne peut plus réfléchir… et c'est précisément ça qu'ils recherchent par cette manipulation du langage.

    • [^] # Re: Internet dérégulé

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      D'un autre coté, les droits d'auteurs changent et sont passés à 70 ans après la mort… Si les états ne jouent pas le jeux, il ne faut pas s'étonner que les citoyens au bout d'un moment en aient marre !

      De plus, le tarif est carrément excessifs. C'est quasiment aussi cher en epub qu'en papier ! Si les éditeurs souhaitent vraiment pousser le format numérique, il faut une différence de prix qui prenne en compte l’absence de support matériel et donc de coût de fabrication du support. On sais qu'une copie numérique n'a pas le même coût qu'une copie physique !

      Heureusement que les citoyens ne sont pas toujours des moutons gentils ;-)

    • [^] # Re: Internet dérégulé

      Posté par  . Évalué à 1.

      Bêtise véhiculée par certains auteurs également, comme A. Nothomb, aussi surnommée la menteuse.

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