La Commission européenne a récemment publié une feuille de route stratégique intitulée « Feuille de route thématique sur l’open source et contributions sur les principes de confiance communs » (« La voie du logiciel libre vers la souveraineté numérique et la compétitivité de l'Union européenne »), préparée par l'Alliance européenne pour les données industrielles, l'Edge et le Cloud (dont l'auteur de ces lignes fait partie). Ce document de 68 pages propose et détaille un plan d'action visant à positionner le logiciel libre comme un pilier central de la stratégie européenne pour renforcer son autonomie technologique face aux acteurs non-européens.
Le rapport part du constat de la dépendance de l'Europe dans les domaines du cloud, de l'edge et de l'IoT, et propose 70 actions concrètes pour y remédier. Parmi les mesures les plus significatives, on trouve notamment : la mise en place d'une politique d'achat public favorisant systématiquement les solutions libres européennes, la création d'un fonds de financement dédié aux projets critiques, et l'application de standards d'interopérabilité réellement ouverts pour contrer le verrouillage fournisseur (vendor lock-in).
Ce ne sont bien sûr que quelques propositions parmi les 70. Pour plus de détails, cliquez sur « lire la suite ».
Sommaire
- Le contexte
- Le diagnostic
- Des propositions articulées en 5 piliers
- Conclusion et appel à l'action
- Annexe: la liste des 70 propositions
Le contexte
Cette feuille de route a pour objectif de transformer les ambitions de souveraineté numérique en un programme d'actions d'ordre technique, économique et politique. Elle s'adresse aux décideurs, notamment politiques, mais son contenu a des implications directes pour les développeurs, les entreprises et les contributeurs de l'écosystème du logiciel libre et Open Source en Europe. Bien évidemment (et malheureusement), rien n'est acté à ce stade, mais au moins, les propositions sont sur la table et entre les mains de la DG CONNECT (direction générale des réseaux de communication, du contenu et des technologies de la Commission européenne).
L'Alliance européenne pour les données industrielles, l'Edge et le Cloud, qui est à l'origine de ce document, est une initiative facilitée par la Commission européenne. Elle réunit des entreprises exclusivement européennes, des représentants des États membres et des experts du domaine. Son rôle est officiellement de guider les investissements et de conseiller les instances européennes pour construire un écosystème numérique compétitif et autonome.
Notons que, bien que la feuille de route concerne explicitement uniquement le Cloud, l'Edge et l'IoT (infonuagique, informatique en périphérie et objets connectés),
Le document a été produit par un groupe de travail dédié (task force) au sein du groupe de travail constitué de Stéfane Fermigier (Abilian), Alberto P. Martí (OpenNebula Systems), Jean-Baptiste Piacentino (Clever Cloud), Charles-Henri Schulz (Vates) et Arthur van der Wees (Arthur Strategies & Systems), puis validé en session plénière par l'ensemble de l'Alliance.
Le diagnostic
Le rapport identifie (ou rappelle) les principaux freins au développement d'un écosystème numérique européen souverain fondé sur le logiciel libre :
- L'interopérabilité et les standards : L'influence d'acteurs dominants qui promeuvent des standards faussement « ouverts » (open washing) pour maintenir leur position et complexifier l'intégration de solutions alternatives. On pourra consulter à ce sujet le passionnant papier de Nora von Ingersleben-Seip, "How the European Union Fell Out of Love with Open-Source Software" (TUM School of Social Sciences and Technology, 2025).
- Les ressources et le financement : La dépendance de nombreux projets libres et Open Source européens à des financements sporadiques ou à l'effort de bénévoles, ce qui limite leur capacité à assurer la maintenance, la sécurité et l'évolution à long terme.
- L'adoption par le marché : La persistance de préjugés sur la complexité et le manque de support des solutions libres, renforcée par l'omniprésence du marketing des fournisseurs de logiciels propriétaires et de services cloud propriétaires fermés.
- Les compétences et les "talents": Un déficit de professionnels qualifiés sur les technologies libres et Open Source, ce qui accroît la dépendance à l'expertise non-européenne.
- La gouvernance : Le fait que de nombreux projets Open Source, même avec une forte contribution européenne, soient gouvernés par des fondations ou entités basées hors de l'UE, alignant potentiellement leurs décisions sur des intérêts stratégiques non-européens et les soumettant aux lois extra-territoriales américaines (notamment).
Des propositions articulées en 5 piliers
Pour répondre à chacun de ces défis, nous avons proposé dans la roadmap une série de mesures, articulées autour de 5 "piliers", dont chacun vise un objectif précis :
- Développement technologique : Bâtir une fondation technique souveraine et interopérable.
- Développement des compétences : Créer le vivier de talents nécessaire pour faire fonctionner cet écosystème.
- Achat public : Utiliser la puissance de la commande publique comme levier d'adoption stratégique.
- Croissance et investissement : Mettre en place un environnement propice au financement et à la croissance des projets.
- Gouvernance et durabilité : Assurer la pérennité, la sécurité et le contrôle européen des initiatives clés.
Voici une sélection des propositions les plus structurantes, groupées par pilier :
Piller 1: Développement technologique
- Appliquer des standards d'interopérabilité techniques (API, protocoles de transfert) réellement ouverts, gratuits, et implémentables sans restriction pour garantir une interopérabilité effective.
- Créer et financer un Fonds de Souveraineté Européen pour l'Open Source (EOSSF), un fonds dédié pour soutenir durablement les projets libres jugés critiques pour l'infrastructure et l'autonomie de l'Europe. OpenForum Europe propose, par exemple, la création d'un fonds pour la souveraineté technologique européenne (EU Sovereign Tech Fund - EU-STF).
- Produire des implémentations de référence complètes pour des secteurs clés (santé, administration…) basées exclusivement sur des briques logicielles libres européennes.
Pillier 2: Développement des compétences
- Mettre en place des programmes de formation et de certification techniques reconnus au niveau européen (orchestration, sécurité, conformité RGPD) et axés sur les solutions libres européennes.
- Intégrer les concepts du logiciel libre et de la souveraineté numérique dans les cursus d'ingénierie et d'informatique.
Pillier 3: Achat public
- Adopter la politique « Public Money, Public Code, Open Source First, European Preference », rendant obligatoire la priorité aux solutions logicielles libres dans la commande publique, en y ajoutant une clause de préférence pour les projets d'origine européenne.
- Établir des critères clairs pour définir un projet « Open Source Européen » (origine du développement, localisation de la gouvernance, communauté) afin de qualifier une solution et d'éviter le marketing trompeur.
- Créer un référentiel public de solutions libres recommandées sur le modèle du SILL français, pour guider les acheteurs publics. NB: il en existe déjà un au niveau européen, mais qui le connait?
Pillier 4: Croissance et investissement
- Développer une plateforme d'investissement (EOSIP), un portail centralisant toutes les aides (subventions, prêts, capital-risque) disponibles pour les projets libres européens.
- Lancer une marque « European Open Source » pour promouvoir la visibilité et la crédibilité des projets respectant des standards élevés de qualité et de sécurité.
Pillier 5: Gouvernance et durabilité
- Fournir des ressources pour la conformité réglementaire, notamment pour aider les projets libres (en particulier les PME et petites structures) à se conformer aux régulations comme le Cyber Resilience Act (CRA) sans freiner leur développement.
- Créer un comité consultatif européen pour le logiciel libre, composé d'experts de l'industrie et de la communauté, pour superviser la stratégie de financement et de soutien.
Conclusion et appel à l'action
Face à 70 propositions, la première réaction peut être le scepticisme ou le sentiment d'impuissance. Ce serait une erreur de voir ce rapport comme un bloc monolithique à prendre ou à laisser. Il faut plutôt le considérer comme une boîte à outils : certaines actions sont politiques et nécessitent un appui fort ; d'autres sont techniques et peuvent être mises en œuvre de manière distribuée. Certaines sont des marathons structurels ; d'autres des sprints à l'impact rapide. Certaines ont un coût important, d'autres sont simplement un choix de réallocation de resources ou de changement de perspective.
La question n'est donc pas de savoir si tout sera appliqué, mais bien : par où commencer, et qui fait quoi ?
Ce rapport ne survivra pas au cynisme de salon. Dire que « ça ne marchera jamais » est la plus facile des prophéties auto-réalisatrices. La seule démarche constructive consiste à se demander : quelles sont les conditions de réussite pour les propositions qui nous semblent les plus critiques, et comment pouvons-nous, chacun à notre échelle, y contribuer ?
La question devient alors : que faire, concrètement ?
- S'informer et maîtriser le sujet : Lire le rapport (au moins le résumé exécutif et les propositions qui vous concernent directement) pour pouvoir en parler avec précision.
- Diffuser et interpeller : Faire connaître cette feuille de route. Contacter les élus (députés nationaux, européens) et les décideurs (dans l'administration, les collectivités territoriales ou les entreprises) pour leur demander de se positionner. Un plan d'action, même ébauché, ne vaut que s'il est connu de ceux qui peuvent le mettre en œuvre.
- Participer et apporter l'expertise technique : Suivre les consultations publiques de la Commission européenne ou s'enregistrer comme expert lorsque c'est pertinent. Y répondre est une occasion d'injecter une expertise technique de terrain dans le processus réglementaire.
- Décliner : Traduire les principes de la feuille de route en actions locales. Que ce soit au sein de son entreprise, de son administration ou de sa collectivité, il est possible d'adapter les recommandations : évaluer sa propre dépendance technologique, monter un programme de formation interne, ou proposer un schéma directeur et une politique d'achat favorisant l'ouverture et l'interopérabilité. Il s'agit de rendre la démarche opérationnelle sur son propre terrain.
- S'engager et construire : Soutenir les organisations qui portent ces combats au niveau européen (APELL, FSFE, OSI, OpenForum Europe, etc.). Et surtout, contribuer directement et soutenir les projets de logiciels libres ou autour du libre européens qui sont au cœur de cette stratégie.
Annexe: la liste des 70 propositions
Voici la liste complète des propositions de la feuille de route, traduites en français et toujours organisées par pilier.
Pilier 1 : Développement Technologique
- Définir des spécifications techniques en tant que standards ouverts pour les environnements cloud, edge et IoT Open Source européens.
- Financer des projets pilotes d'interopérabilité qui privilégient l'utilisation des technologies Open Source européennes.
- Exiger que tous les projets d'infrastructure numérique financés par l'UE adhèrent à ces standards d'interopérabilité.
- Promouvoir et imposer la mise en œuvre de standards ouverts dans toute l'UE.
- Créer un "Fonds de Souveraineté Open Source Européen" (EOSSF) dédié aux projets essentiels.
- Offrir des subventions ciblées pour la sécurité, la maintenance et le renforcement de la souveraineté des projets Open Source.
- Favoriser une collaboration approfondie avec les institutions universitaires européennes et les bureaux de programmes Open Source (OSPO).
- Développer un guide pratique pour les responsables des marchés publics afin d'évaluer les solutions Open Source européennes.
- Créer des architectures de référence spécifiques à chaque secteur basées sur les technologies Open Source européennes.
- Lancer des projets de démonstration à grande échelle pour illustrer les avantages pratiques des solutions Open Source européennes.
- Produire et distribuer des "guides pratiques" ("playbooks") complets pour le déploiement de solutions Open Source européennes.
- Mettre en œuvre des politiques pour encourager activement l'adoption de ces implémentations de référence dans les marchés publics.
Pilier 2 : Développement des Compétences
- Organiser des ateliers de formation axés sur l'industrie avec un accent européen sur les outils et plateformes Open Source.
- Offrir des subventions de formation ciblées aux PME et aux organismes du secteur public pour le perfectionnement en Open Source européen.
- Lancer des programmes de certification pour la maîtrise des technologies et des standards Open Source européens.
- Mettre en place des programmes de reconversion financés par l'UE pour aider les professionnels à se tourner vers des rôles Open Source européens.
- Collaborer avec des partenaires industriels pour créer des opportunités d'apprentissage pratique et de placement dans l'Open Source.
- Offrir des incitations financières aux entreprises qui participent à des programmes de reconversion et utilisent l'Open Source européen.
- Développer une plateforme de ressources Open Source européenne regroupant du matériel de formation, des bonnes pratiques et des études de cas.
- Intégrer les principes de l'Open Source européen dans les cursus STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) du secondaire à l'université.
- Soutenir la création de "centres d'excellence" Open Source européens dans les universités.
- Développer des concours de codage et des hackathons à l'échelle de l'UE axés sur les solutions Open Source européennes.
- Introduire une formation sur les modèles économiques de l'Open Source européen dans la formation professionnelle.
- Créer des modules de formation professionnelle pour la gestion de projet Open Source européen.
- Établir une certification pour la maîtrise des compétences commerciales liées à l'Open Source européen.
Pilier 3 : Pratiques d'Achat Public
- Lancer une consultation avec les organismes du secteur public et les fournisseurs Open Source pour identifier les défis liés aux marchés publics.
- Rendre obligatoires les politiques "Argent Public, Code Public, Open Source d'Abord, Préférence Européenne" dans les marchés publics.
- Élaborer des lignes directrices complètes pour les marchés publics afin d'évaluer et de sélectionner les solutions Open Source européennes.
- Financer des projets de démonstration montrant le succès du remplacement de systèmes propriétaires par l'Open Source européen.
- Établir des critères clairs pour définir ce qui constitue une solution Open Source "européenne".
- Fournir un guide pratique aux responsables des marchés publics pour évaluer les solutions Open Source.
- Collaborer avec l'industrie et les organismes de normalisation pour développer des critères d'évaluation accessibles pour l'Open Source.
- Créer un répertoire public des solutions Open Source européennes recommandées.
- Encourager les organismes du secteur public à adopter les solutions développées dans le cadre de l'initiative "Next Generation Internet" (NGI).
- Lancer des projets transfrontaliers d'achats pré-commerciaux (PCP) axés sur l'Open Source européen.
- Créer des plateformes de partage de connaissances pour les retours d'expérience des initiatives PCP et les bonnes pratiques Open Source.
- Impliquer activement les fournisseurs Open Source européens dans la co-conception de solutions dans le processus PCP.
- Publier des lignes directrices pour aider les organisations du secteur public à gérer et soutenir l'Open Source européen.
- Promouvoir la participation active des représentants du secteur public dans les communautés Open Source européennes.
- Soutenir des programmes de formation pour le personnel du secteur public sur la gestion de projet et la conformité Open Source.
- Engager les parties prenantes pour affiner et simplifier de manière collaborative les pratiques d'achat pour l'Open Source.
Pilier 4 : Croissance et Investissement
- Créer une Plateforme d'Investissement Open Source Européenne (EOSIP) pour centraliser les informations sur le financement.
- Organiser des ateliers d'information pour les PME et startups européennes sur la manière d'obtenir des investissements.
- Établir des partenariats avec des investisseurs privés pour former un réseau de fonds de capital-risque axés sur l'Open Source européen.
- Étendre l'initiative "Next Generation Internet" (NGI) en mettant l'accent sur le cloud, l'edge et l'IoT Open Source.
- Évaluer régulièrement l'impact des programmes de financement sur la croissance des communautés et l'adoption par le marché.
- Allouer un financement dédié aux projets Open Source européens à fort impact qui répondent à des besoins stratégiques.
- Développer des modèles de co-investissement qui associent des fonds publics à des investissements du secteur privé européen.
- Lancer des accélérateurs et des incubateurs spécialement conçus pour les technologies Open Source européennes.
- Développer une stratégie de marque à l'échelle de l'UE pour souligner la qualité et la souveraineté de l'Open Source européen.
- Mettre en valeur les succès de l'Open Source européen sur des plateformes internationales par le biais de campagnes marketing.
- Former des partenariats stratégiques avec les organisations industrielles européennes pour accroître la visibilité des projets.
- Mettre en place des consortiums de R&D public-privé sur l'Open Source européen pour les projets hautement prioritaires.
- Offrir des incitations aux contributions du secteur privé à des initiatives Open Source européennes critiques.
- Développer des plateformes d'échange de connaissances et de collaboration intersectorielle au sein de l'écosystème européen.
Pilier 5 : Gouvernance
- Mener des évaluations de vulnérabilité pour les projets Open Source européens critiques.
- Collaborer avec les agences européennes de cybersécurité pour développer des modèles de menace pour les environnements Open Source.
- Publier les conclusions et les bonnes pratiques des évaluations de sécurité auprès de l'écosystème européen.
- Offrir des conseils de conformité sur mesure pour aider les projets Open Source européens à naviguer dans les réglementations de l'UE.
- Faciliter l'accessibilité à la certification du "Cyber Resilience Act" (CRA) pour les projets Open Source européens.
- Fournir des ressources et un soutien pour la documentation et l'audit des projets européens.
- Assurer un financement stable et à long terme pour l'infrastructure Open Source européenne de base.
- Mettre en place des programmes de mentorat axés sur le développement de talents européens pour les projets critiques.
- Créer un Conseil Consultatif de l'Open Source Européen pour superviser le financement et l'orientation des projets.
- Exiger que les projets européens soutenus par l'UE adhèrent à des pratiques de gouvernance et de responsabilité transparentes.
- Soutenir l'implication de la communauté européenne dans la gouvernance des projets Open Source.
- Faciliter la contribution de la communauté à l'élaboration des politiques européennes relatives à l'Open Source.
- Publier des lignes directrices sur les bonnes pratiques pour la gestion du cycle de vie des projets Open Source européens.
- Offrir des ressources pour la maintenance et le support de fin de vie responsable des projets européens.
- Encourager une documentation complète et le partage des connaissances au sein de l'écosystème européen.
Aller plus loin
- L'annonce de la feuille de route (40 clics)
- La feuille de route (pdf) (58 clics)
- La feuille de route (pdf - copie locale) (25 clics)
- The European Alliance for Industrial Data, Edge and Cloud (19 clics)
# Merci Trump
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
Ai-je tort de croire que sans son élection, la société civile aurait encore pu clamer les bénéfices du logiciel libre, et les travers de l'approche privatrice jusqu'à la prochaine révolution du compteur calendaire de Debian 13 sans être entendue ? Du coup, la question corollaire qui fâche : pourquoi ne voulaient-ils pas l'entendre ?
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: Merci Trump
Posté par vpo . Évalué à 9 (+8/-0).
Quand on voit que "l'accord" (qui fait plutôt penser à un diktat) sur les droits de douane ne touche absolument pas les services, j'espère que cette feuille de route ne soit pas qu'un vœu pieux. Nous aurions taxé tous les services US à 15% en contrepartie de la taxe de 15% sur les biens européens, alors cela aurait rendu les services européens alternatifs plus compétitifs.
# La tour de Babel a encore frappé
Posté par reminimir . Évalué à 1 (+4/-3).
Alors que les anglais ne font plus partie de l'Europe, quand est-ce qu'on pourra avoir la traduction autre que celle des traducteurs automatiques, de ces pavés de l'Europe pour comprendre correctement les enjeux?
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Bruno (Mastodon) . Évalué à 0 (+5/-6).
Le langages sont les barrières entre les peuples.
Une langue commune, quelle qu’elle soit, c'est bien.
Traduire en toutes les langues de l'Union ça a un coût.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6 (+4/-1).
Ça coûte moins cher que de ne pas le faire justement ! Et ça permet une meilleure compréhension du message.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Colin Pitrat (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-1).
Une langue commune simple ce serait mieux. Quand est-ce qu'on adopte l'espéranto comme langue commune ?
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-0).
L'anglais reste la ou une langue officielle de 2 pays de l'UE.
(NB: le français de 3, et l'allemand de 4).
En revanche, "Les cinq langues étrangères les plus parlées [dans l'UE] sont l'anglais (38 %), le français (12 %), l'allemand (11 %), l'espagnol (7 %) et le russe (5 %)." (Source: Wikipedia).
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par NeoX . Évalué à 8 (+5/-0).
il me semble que les langues officielles à la commission sont le francais et l'anglais,
le document doit donc aussi exister en français.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 9 (+7/-0).
1) "Trois des langues officielles de l'Union sont utilisées comme langues de travail au sein de la Commission : l'anglais, le français et l'allemand. Ces langues sont celles qui sont parmi les plus parlées dans l'Union européenne, que ce soit en tant que langue maternelle (français, allemand), ou en tant que seconde langue (anglais)." (source: Wikipedia)
Mais:
2) Ce n'est pas un document officiel de la Commission.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 31 juillet 2025 à 10:35.
Ben s'ils l'ont publié (« La Commission européenne a récemment publié… ») en quoi n'est ce pas officiel ? L'ont-ils donc fait sous forme de pamphlet anonyme, de sorte que nous ne puissions savoir qu'ils l'ont publié que par les révélations d'un tiers ? Dans ce cas ce n'est pas officiel ; sinon ???
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).
Ils l'ont publié puisque c'est sur un site de la Commission
Mais ils ne l'ont pas écrit. Il n'est nul par écrit dans le document que c'est un document de la Commission.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par vpo . Évalué à 4 (+3/-0).
Peut-être que c'est le titre de cette dépêche qui est trompeur.
Ce n'est pas la commission européenne qui a publié cette feuille de route mais "The European Alliance for Industrial Data, Edge and Cloud":
https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/news/thematic-roadmap-open-source-and-inputs-common-trust-principles (on peut accéder à une traduction automatique depuis la page source)
Cette Alliance européenne est une initiative du Conseil Européen, exécutif de l'UE réunissant les chefs d'état et de gouvernement des états membres:
https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/cloud-alliance (on peut accéder à une traduction automatique depuis la page source)
Les documents officiels de l'UE (Directives, Réglemente, Livres blancs et verts) sont traduits dans toutes les langues. Mais ici, ce n'est pas un document officiel de la Commission. Et en ces temps de disette budgétaire, je suppose que cette alliance n'a pas de budget pour traduire ces documents et de payer des traducteurs lors de leur réunion de travail. Ce n'est pas un document officiel donc pas d'obligation de traduire. Par contre, si cette feuille de route est amenée à devenir une consultation sous forme de Livre Vert, alors ce livre vert serait traduit dans toutes les langues de l'Union.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
C'est bien la Commission qui a publié le document (vu qu'il est hébergé sur un site de la Commission, cf. infra). Par contre elle ne l'a pas écrit. C'est écrit dans la dépêche.
Non, c'est bien une initiative "facilitée" par la Commission, la DG Connect plus précisément. L'URL du site est sur le domaine "digital-strategy.ec.europa.eu". "ec" = "European Commission".
Par ailleurs c'est écrit sur le site: "The work of the Alliance is facilitated by the European Commission’s Directorate-General for Communications Networks, Content and Technology (DG CONNECT)."
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par vpo . Évalué à 3 (+2/-0).
Ah oui, au temps pour moi, j'ai lu un peu vite. C'est "endorsed by the European Council", donc soutenu par le Conseil Européen et non créé.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par bbo . Évalué à 3 (+2/-1).
Vivement que la langue pivot de l'UE soit officiellement l'espéranto ⸮
# merci et phrase tronquée
Posté par orfenor . Évalué à 3 (+1/-0).
Merci pour ce rapport et cette dépêche, mise en pratique d'un des conseils «Que faire»:
Diffuser et interpeller : Faire connaître cette feuille de route. Effectivement on peut tous rédiger un billet de blog, laisser un commentaire sous un article de presse, contacter un élu, etc.
Rien à voir mais il manque un bout de phrase dans ce passage :
[^] # Re: merci et phrase tronquée
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
En effet. Il manque "Notons que, bien que la feuille de route concerne explicitement uniquement le Cloud, l'Edge et l'IoT, la plupart des recommendations sont pertinentes pour l'ensemble du secteur du logiciel et de l'informatique en général".
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
# Il manque le pilier central
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 10 (+13/-2). Dernière modification le 01 août 2025 à 10:27.
C'est dommage pour une union économique de n'avoir rien mis sur la régulation du marché :-)
Il y a pourtant beaucoup à faire:
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
[^] # Re: Il manque le pilier central
Posté par cg . Évalué à 1 (+0/-1).
Comme je suis mou politiquement, je dirais : obligation de publier les APIs et les specs permettant d'utiliser le matériel à fond (couvre le cas NVidia, mais aussi le matos Apple, Mac et iPhone, et aussi le cas Samsung).
Je ne comprend pas pour SecureBoot, tu peux développer ?
C'est pas convaincant - la publicité moderne est mensongère par définition, et n'engage que les ânes qui la croient1. De toutes façons, le propriétaire du code peut changer la licence et tout refermer du jour au lendemain pour les nouvelles versions.
Un publiciste célèbre avait sorti un truc du genre : la publicité c'est de la prostitution, me semble-t-il ? ↩
# en esperant ne pas reproduire les modeles CLoudwatt et je ne sais plus l'autre
Posté par NeoX . Évalué à 8 (+5/-0).
des clouds qui devaient etre souverains pour contrer aws, google,
qui ont été sponsorisé par nos deniers (en france en tout cas)
avec un cahier des charges tellements mal ficellé et mis en concurrence de 4 groupes…
au final les projets n'ont jamais vu le jour, mais les grands groupes se sont gavés au passage.
alors qu'on avait deja des acteurs dans le domaine…
[^] # Re: en esperant ne pas reproduire les modeles CLoudwatt et je ne sais plus l'autre
Posté par BAud (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).
ah bah si, mais ils se sont fait racheter avant de les publier !
[^] # Re: en esperant ne pas reproduire les modeles CLoudwatt et je ne sais plus l'autre
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
Le fiasco de CloudWatt et Numergy est le cas d'école de la politique industrielle numérique "à l'ancienne" et exemple de tout ce que nos propositions (celles de l'Alliance, mais aussi celles du CNLL, celles d'EuroStack, celles de l'APELL, etc.) visent à ne jamais reproduire.
Quelles différences alors avec ce double fiasco historique?
Notre approche est pilotée par l'industrie et ascendante (Bottom-Up). La feuille de route vient du terrain, des PME, des experts du cloud et du logiciel libre qui savent comment faire fonctionner ces technologies. Nous ne demandons pas à l'État de concevoir la technologie, mais de créer les conditions de marché. L'Etat-stratège a ses limites aussi.
Nous proposons de fédérer l'existant en s'appuyant sur les standards et les projects / produits Open Source existants, pas de réinventer la roue.
Notre approche vise à fédérer et renforcer l'écosystème existant, notamment en cartographant et en promouvant la richesse des milliers d'acteurs européens existants.
Le levier principal que nous proposons est la demande, pas la subvention à l'offre. Le cœur de notre plan est la réforme de la commande publique ("Acheter Européen & Libre"). Nous disons : "créons et développons un marché pour les solutions qui existent déjà, sur la base de critères objectifs". C'est cette demande qui assurera la viabilité économique des acteurs, sans dépendre de l'argent public.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: en esperant ne pas reproduire les modeles CLoudwatt et je ne sais plus l'autre
Posté par cg . Évalué à 3 (+1/-0).
Dans le milieu, c'était évident (je dirais même : c'était écrit) que Orange allait récupérer Cloudwatt, un petit cadeau à 60M€ payé avec nos impôts. Bien sûr Orange n'a pas su quoi en faire, et a mis Cloudwatt - qui était un beau projet au départ - à la poubelle.
# Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par marzoul . Évalué à 6 (+5/-0).
Un point sur des licenses propriétaires qui m'interpelle, c'est qu'elles contiennent fréquemment une interdiction d'utilisation à de buts de comparaison avec des solutions alternatives, ainsi de publication de résultats dans ce but.
(pour du logiciel desktop - je ne sais pas si ça se fait aussi dans les Cloud, Edge, IoT)
Du coup, l'item du Pilier 1 "Lancer des projets de démonstration à grande échelle pour illustrer les avantages pratiques des solutions Open Source européennes" être d'abord bloqué par une license.
J'aimerais voir un état ou une union enfin déclarer que de telles clauses sont nulles et non avenues, selon l'expression consacrée ici en Francie…
Commencer par ça ne devrait voir blocage aucun particulier et donner le ton.
Est-ce qu'il y a une jurisprudence quelque part, ou un pays où c'est clair ?
Exemples de license qui interdit la publication de résultats de benchmarking, et aussi de faire des choix en fonction de tels résultats (!) :
https://www.xilinx.com/content/dam/xilinx/licenses/ip/end-user-license-agreement.pdf
J'en ai vu pour d'autres logiciels mais je n'en trouve pas le texte de license sur internet…
L'impact actuel, c'est aussi que dans toute publication scientifique il faut faire très attention à ce qu'il n'y ait justement pas ce que plein de gens veulent voir.
([spoiler c'est une petite publi à moi] exemple où c'est explicitement expliqué pourquoi il n'y a pas les résultats par la solution propriétaire Vivado : https://hal.science/hal-04917041v1)
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par marzoul . Évalué à 3 (+2/-0).
C'est une proposition à ajouter à celles proposées par devnewton dans un commentaire plus haut :
https://linuxfr.org/nodes/139852/comments/1996761
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par Toufou (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0). Dernière modification le 31 juillet 2025 à 11:29.
C'est légal ça ? En France et en EU ? C'est une vraie question, parce que si ça ne l'est pas, la clause est considérée comme non existante (en France du moins). Et donc tu peux le faire quand même sans crainte de perdre autre chose que du temps et de l’énergie devant un tribunal en cas de conflit.
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
A ma connaissance, il n'existe pas de décision de justice, que ce soit en France ou au niveau de l'Union Européenne, qui statue spécifiquement sur la légalité d'une clause de non-benchmark dans un contrat de licence de logiciel. Cette absence de jurisprudence place effectivement les utilisateurs et les chercheurs dans une situation d'incertitude juridique.
Il est possible que ces clauses soient abusives, pour plusieurs raisons:
En droit de la concurrence, elles pourraient constituer un abus de position dominante si l'éditeur est un acteur majeur du marché.
En droit des contrats, elles pourraient être qualifiées de "clause abusive" créant un déséquilibre significatif au détriment de l'utilisateur, que ce soit pour un consommateur ou même entre professionnels.
Ces clauses peuvent aussi constituer une restriction à la concurrence et à l'information: elles nuisent à la transparence du marché et à l'innovation en empêchant une comparaison objective des solutions. La directive européenne sur la protection des programmes informatiques précise d'ailleurs que ses dispositions ne doivent pas porter préjudice aux règles de la concurrence.
Bon, ce ne sont que quelques éléments (IANAL)… Maintenant il reste à trouver (et à payer) un avocat et créer une jurisprudence… Yapuka…
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par BAud (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
c'est le genre de choses qui m'empêchent de faire mon boulot d'architecte ; pas trop grave, pour des études d'opportunité ce sera un critère d'élimination directe :-) à voir qui y gagne quand plusieurs solutions sont envisagées et mises en concurrence.
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par marzoul . Évalué à 1 (+0/-0).
Merci pour ton éclairage.
En attendant une jurisprudence, la voie législative est-elle pertinente, ou sans espoir (sauf venant du côté europe peut-être) ?
Statuer explicitement, justement pour une question de protection des consommateurs, de marché juste, de facilitation d'interopérabilité, etc, qu'un fournisseur ne service ou de produit ne peut en aucun cas préjuger ou contraindre de l'intention et de l'usage qui en sera fait.
[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par marzoul . Évalué à 1 (+0/-0).
Je veux dire, de telles restrictions ne tourmentent que les gentils, les méchants s'asseoient dessus de toutes façons :D
# financement écosystème Open Source
Posté par Cyril Chaboisseau (Mastodon) . Évalué à 1 (+0/-0).
Au delà de l'Europe, c'est bien le financement des projets Open Source par les gouvernements qu'il faudrait aussi promouvoir
Voici un billet de blog qui souligne ces enjeux avec en contrepartie un investissement dérisoire pour les pays riches et qui permettrait de pérenniser de nombreux projets
https://dri.es/funding-open-source-like-public-infrastructure
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