yoplait a écrit 424 commentaires

  • [^] # Re: rigolo

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Stallman à propos du logiciel "privateur" vs privatif. Évalué à 1.

    Au logiciel qui, pour sa protection morale et son intégration économique, se réfère aux principes de la propriété intellectuelle et s'inscrit donc dans un débat plus large.

    Par ailleurs, RMS s'intéresse à tout ce qui concerne le copyright. C'est son action qui est quasi-exclusive au logiciel.
  • [^] # Re: rigolo

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Stallman à propos du logiciel "privateur" vs privatif. Évalué à 1.

    En gros, la base legale et morale (si on en croit la societe, voire les societes, c'est assez uniforme a travers le monde) c'est que le logiciel proprietaire ne prive de rien du tout.

    En ce qui concerne la base légale, tu pourras constater en investiguant l'histoire de la propriété intellectuelle que son expansion mondiale (que l'on peut résumer à son introduction dans les pays en voie de développement) n'est pas allé de soi, et a surtout fait l'objet de pressions, notamment dans les instances de négociations commerciales multilatérales.

    En ce qui concerne la base morale, un simple coup d'œil à l'état d'Internet (ainsi qu'aux pratiques pré-numériques) te montrera que le droit d'auteur n'est pas une norme très intériorisée dans nos sociétés.
  • [^] # Re: Quelle tristesse

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les députés ratifient les traités OMPI, mais les débats ne font que commencer. Évalué à 2.

    Que de bruit, Sébastien Frade.
  • [^] # Re: Quelle tristesse

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les députés ratifient les traités OMPI, mais les débats ne font que commencer. Évalué à 0.

    Je parle chinois ou tu lis en diagonale ? Mon commentaire est contre la bipolarisation puisqu'en faveur de la proportionnelle.
  • [^] # Re: Quelle tristesse

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les députés ratifient les traités OMPI, mais les débats ne font que commencer. Évalué à 0.

    Le prends pas mal, mais ce type de discours "faut aller voter", "c'est mal de pas y aller" un poil culpabilisant, ou "agissez", c'est à la fois un poil naïf et un poil court. Tu ne convaincra ni un déçu de la politique, et encore moins un révolutionnaire avec ça.

    Je suis d'accord avec ça, mais pas pour les mêmes raisons. Je me sens d'humeur suicidaire ce soir alors je vais lâcher mon opinion qui n'est pas vraiment dans la ligne idéologique des DLFPiens :).

    Le vote devrait être obligatoire ! De la même manière que l'on est obligé de déclarer ses patrimoines, payer ses impôts, posséder une carte d'identité, travailler de manière déclarée, etc. Autant d'obligations que les anarchistes exècrent, mais qui participent au bon fonctionnement de la société.

    Et pour quelle raison le vote obligatoire serait constitutif du bon fonctionnement de la société ? Car l'abstention favorise la dynamique des minorités agissantes. Ces minorités qui votent pour les extrêmes et qui ternissent la représentation politique.

    Évidemment, avec la Ve république, l'argument a moins de force. Premièrement le poids des minorités est marginalisé par le mode de scrutin uninominal, deuxièmement la représentativité est compromise par le mode de scrutin uninominal. La solution : passer à une VIe république plus proportionnelle et seulement ensuite rendre le vote obligatoire :-).
  • [^] # Re: DISSENSUS

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les députés ratifient les traités OMPI, mais les débats ne font que commencer. Évalué à 0.

    En Allemagne le président de la république est là pour décorer (les Allemands ne connaissent même pas son nom) et c'est Angela avec son gouvernement et l'assemblée qui dirige le pays. Pour moi on peut comparé la France et l'Allemagne.

    Sic... Les deux systèmes politiques ne sont en rien comparables. D'une part, les chanceliers ne sont pas élus directement, mais issus du rapport de force politique du Bundestag. Et d'autre part, la composition du Bundestag est beaucoup plus proportionnelle qu'à l'AN. Et comme l'a rappelé alixcazenave, le parlement n'a quasiment aucun moyen de contrôle sur le président — et donc sur l'exécutif puisque maintenant le « président gouverne » ouvertement.


    On devrait voter pour une direction politique

    Il me semble que ce souhait devrait te faire militer pour un mode de scrutin (plus) proportionnel. Quant à moi, je suis de l'avis qu'il n'y a pas grand chose à garder dans la 5ème république.
  • [^] # Re: propositions molles

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 2.

    l'union fait la force, et pour éviter la déferlante chinoise, seul l'anglais peut être une langue commune.

    Moi je n'ai aucune envie que l'Europe s'inscrive dans ce genre de considération, mais plutôt qu'elle se développe selon nos valeurs, notamment l'union dans la diversité (devise officielle de l'UE).


    Et va comparer un américain, un anglais et un autstralien en disant qu'ils sont pareil parce qu'ils parlent anglais... (Ou Espagnol avec un latino-americain...)

    Très mauvais argument. Ils sont différents mais partagent un même background (sic) culturel fait de Locke et de Shakespeare en ce qui concerne les classiques par exemple. De même que les français et les belges sont différents mais lisent Molière et Voltaire à l'école, ce qui a une influence culturelle et lie intellectuellement la francophonie, dans une certaine mesure.

    Je ne dis pas que la culture anglophone est inintéressante et ne mérite pas notre attention, mais je trouve que l'on devrait avoir le choix des langues que l'on apprend et des cultures auxquelles on s'intéresse. Par exemple j'aurais mille fois préféré avoir appris l'allemand plutôt que l'anglais.
  • [^] # Re: propositions molles

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 2.

    Peut être parceque avec le même investissement que vous avez mis chacun dans l'anglais, vous vous parleriez de manière fluide dans un très bon espéranto, avec un vocabulaire plus riche qui permettrais de bien exprimer le fond de vos pensés plutôt que de balbutier quelques mots qui expriment en gros vos idées?

    Et je rajouterai : dans une langue qui n'enferme pas la pensée dans des idiômes ou des façons de dire, mais qui permet le libre court de la pensée (ce qui est très important quand on ne s'exprime pas dans sa langue maternelle) via une structure linguistique reposant sur des mécanismes psycho-linguistiques naturels que l'on peut observer chez les enfants qui apprennent à parler (je parle du principe agglutinant de l'espéranto).


    Si l'on impose l'anglais dès l'école maternelle pour faire de nous de parfaits bilingues, il n'y aura plus ce problème, répondent en coeur tous les Zenitram du monde entier.

    Oui, mais ce serait un déficit culturel inimaginable. Premièrement, une langue porte en elle l'empreinte historique de la culture vernaculaire associée à la langue. Deuxièmement, les seuls objets culturels ayant un accès direct à toutes les consciences de l'Europe entière seraient ceux du monde anglophone. Et tout cela sous quel prétexte ? Celui de la position économico-hégémonique des États-Unis, qui n'ont pour seul mérite que celui d'être les seuls à avoir profité économiquement des deux guerres mondiales.

    Car oui, c'est la puissance économique qui décide de l'utilisation de telle ou telle langue. Pour preuve, la Chine, qui promulguait l'espéranto depuis un siècle, a changé de cap dans les années '90 et s'est engagée dans une politique sinophone en commençant par renvoyer son interprète chinois-anglais lors des conférences de presse du ministère des affaires étrangères, au grand dam de tous les journalistes qui ne parlaient pas un mot de chinois. Aujourd'hui, c'est une langue en vogue que beaucoup de jeunes veulent apprendre car elle est considérée comme le successeur de l'anglais. /o\ Ce qui explique la récente sortie de Gordon Brown qui projette de renforcer l'impérialisme linguistique anglophone, qu'il a qualifié de « cadeau pour le monde entier » (sic) sans que cela fasse grand bruit dans les médias européens. Où sont les journalistes ? Sûrement entrain de travailler leur anglais...

    Allons... Avec l'espéranto, il s'agit d'organiser un libéralisme linguistique et culturel, une concurrence libre et non faussée entre les langues, plutôt que d'imposer l'anglais. Personnellement je voudrais bien pouvoir étudier le flamand, mais je dois d'abord apprendre le luxembourgeois pour des raisons familiales, et évidemment parfaire mon anglais. Car je le lis couramment et tous les jours, mais j'ai bien du mal à m'exprimer dans la langue de Shakespeare.
  • [^] # Re: propositions molles

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 2.

    Deux contre-exemples : la Suisse (ou la Belgique) sont des pays démocratiques qui ont des communautés linguistiques différentes (et parfois assez hermétiques).

    La Belgique n'est pas un contre-exemple, mais bien un exemple. La fédéralisation s'est faite sur la très mauvaise base d'un isolement démocratique des deux communautés linguistiques (des deux principales quoi, n'oublions pas les germanophones). L'isolement démocratico-linguistique n'était plus seulement le fait du peuple, mais dorénavant aussi le fait des représentants politiques. Résultat : le parlement flamand a voté sa propre feuille de route vers l'autonomie flamande sans prendre en compte les autres communautés, et essaient maintenant de l'imposer à tout prix sous le prétexte qu'ils sont numériquement majoritaires.

    Mais qu'est-ce qui a pu permettre cette fédéralisation ratée et nationalisante ? Beaucoup de choses, mais une des raisons primordiales, àmha, était l'isolement linguistique des communautés, siège de toutes les incompréhensions et diabolisations. Il aurait fallu instaurer le bilinguisme (que les francophones ont refusé, il faut l'avouer), voilà qui aurait permis une solution par le haut. Pas une solution parfaite parce que cela aurait eu pour effet de marginaliser symboliquement la communauté germanophone qui se serait retrouvée exclue des langues imposées, mais ç'aurait été un moindre mal.

    Or, il est évident que le plurilinguisme n'est pas une solution pour une Union Européenne avec une vingtaine de langues de travail. Une langue véhiculaire est indispensable et c'est pour cette raison que l'anglais s'impose de plus en plus dans les milieux européens, et ce jusque dans les sites web destinés au grand public.


    Après, qu'il y ait une langue "administrative" européenne, pourquoi pas.

    Une langue de travail, c'est indispensable effectivement. Mais je reste persuadé qu'une langue de communication est également nécessaire.
  • [^] # Re: propositions molles

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 3.

    Détail jargonno-juridique inutile

    Pas du tout, c'est gros un problème qui soulève plusieurs questions. Le droit international et les différentes conventions empêchent les pays d'aller de l'avant dans une réforme ambitieuse du droit d'auteur.

    D'où la seule voie si l'on veut repenser tout cela : l'Union Européenne, qui pourrait être supportée par les pays moins développés qui se sont toujours méfiées de la propriété intellectuelle qu'ils jugent à raison comme un facteur d'exclusion économique, culturelle et humanitaire (dans le cas des brevets pharmaceutiques).

    L'Union Européenne. Oui, mais... Les débats démocratiques sont confinés dans les pays parlant la même langue. Sur LinuxFR on peut débattre entre belges et français et donc élargir le débat à deux pays de l'UE. Mais il est impossible en l'état d'avoir un débat démocratique sur l'ensemble du continent. Je voudrais donc attirer votre attention sur un problème de société d'aujourd'hui qui ne fait pas couler beaucoup d'encre : le manque de langue véhiculaire en Europe constitue un déficit démocratique abominable !

    Et non, pour résoudre la question je ne pense pas à l'anglais ;-). Les élections européennes approchant, je me permets de pointer vers le site d'une association qui partage cette analyse et qui se sont présentées aux dernières élections européennes en France afin de faire parler de ce problème dans la société : http://www.e-d-e.org/

    Non, ce n'est pas hors sujet, c'est vraiment le seul moyen de faire évoluer le droit d'auteur àmha : la démocratie transnationale dont l'UE est pour l'instant le meilleur (le seul en fait) support.
  • [^] # Re: propositions molles

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 0.

    actuellement, ce compromis a tendance à se déséquilibrer lourdement en faveur de l'auteur ou de l'inventeur

    C'est un avis, mais moi je pense que cela fait très très longtemps que ce compromis est déséquilibré. Surtout, c'est un compromis dont les termes ont été décidés à une époque où les nouvelles technologies n'existaient pas. Il n'est tout simplement pas en phase avec la réalité.


    À l'inverse, ceux qui prônent la disparition de la propriété intellectuelle sont dans l'erreur aussi pour les mêmes raisons : cela légitimerait les secrets industriels et ainsi, adieu au progrès commun.

    Tu parles des brevets là. Je ne connais pas beaucoup de monde qui milite pour la disparition des brevets, cela ne concerne pas vraiment tout un chacun mais plutôt les industriels et certains entrepreneurs. Une chose est sûre, les brevets ne sont pas non plus de la propriété intellectuelle.

    Ce mot n'est légitime nulle part et constitue en lui-même un argument d'autorité : les gens pensent qu'il s'agit d'un droit fondamental à protéger un maximum. Non, ce qui est fondamental, c'est le domaine public. On en est loin.
  • [^] # Re: Oui ...

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 2.

    Le droit d'auteur ne doit pas devenir uniquement une question de sous (1). En France on a la partie morale du droit d'auteur et c'est très bien. Ca assure la paternité et que l'oeuvre ne sera pas pervertie (du genre on n'utilisera pas votre chanson pour devenir l'hymne d'un groupuscule extrémiste quelconque). C'est bien et ça doit rester.

    Ok, mais je ne vois pas en quoi ça justifie le terme de propriété intellectuelle. Les droits moraux n'ont qu'à s'appeler les droits moraux des auteurs, et les droits patrimoniaux, monopoles de l'oeuvre (car ce n'est pas lié à l'auteur mais à l'oeuvre). Et que l'on regroupe tout cela dans un droit de la création intellectuelle.

    En tout cas, ce serait très bien que l'on se débarrasse de ce terme qui fait beaucoup de tort à la moralité associée à ces interdictions d'user à sa guise des oeuvres intellectuelles. Dire qu'un ministre de la culture a failli y parvenir en France, dans les années '30... Mais le lobbie des éditeurs de livre a réussi à retarder la loi, qui a été complètement oubliée par la suite sous Vichy.

    D'autre part, pour le droit moral d'intégrité dont tu vantes les mérites, il serait tout de même nécessaire qu'il soit plus étroitement cerné afin qu'il ne puisse pas servir à attaquer des fanfics pour détournement de l'esprit de l'oeuvre par exemple.


    - Je ne vois aucun argument concret pour mettre les logiciels à part avec 20 ans (3). Ca reste énorme pour du logiciel (qui pourrait même se contenter de 10 à 15 ans) mais ça ne me parait pas normal de léser certains créateurs sous prétexte qu'ils tapent sur un clavier et pas sur un piano.

    Tu te contredis, tu avoues toi-même que 20 ans c'est largement suffisant, et ensuite tu prétends que cela lèse les auteurs de logiciel. Non, cela ne les lèse pas. Oui, c'est un régime spécial pour eux, et c'est très bien, car un logiciel ce n'est pas la même chose qu'un morceau de piano ou une base de donnée. C'est déjà le cas dans la législation actuelle, les droits sont un peu différents en fonction du domaine. Il faut arrêter avec cette quête de l'universalisme qui voudrait n'avoir que des droits citoyens applicables à tous sans distinction. Les droits sociaux des boulangers sont différents des droits sociaux des maçons, et c'est très bien.


    - Il est totalement inimaginable de s'interdire de changer la loi plus tard (5). Vu le nombre lois pourries qu'on fait, l'idée même de s'empêcher de la corriger ou de l'annuler me semble imbécile. Ca n'est qu'une loi, avec des conséquence très majoritairement uniquement financières. Ca n'a rien à faire avec une protection aussi grande que la constitution elle même.
    La constitution française est modifiable sans referendum ;-). Mais je me joins à tous ceux qui critiquent cette 5 ème proposition. Pour faire écho à un de mes récents commentaires à propos du principe référendaire, le référendum serait pour le coup une véritable application de la dictature de la majorité. Sachant qu'une minorité de la population profite de ces droits et une majorité les subit. Inimaginable en démocratie.

    Par contre cela soulève la légitime question de l'influence des lobbies et du découplement des intérêts des représentants politiques et de la population dans son ensemble. Il faut effectivement trouver des solutions, mais pas des référenda ;).


    Pour le 10, quelqu'un peut d'ailleurs me dire à quel titre les musée interdisent t-ils les photos sans flash alors que j'ai la copie privée pour moi ?

    Je pense que la copie privée ne fonctionne que pour les oeuvres légalement acquises, ce qui n'est pas le cas des tableaux dans un musée.
  • [^] # Re: Une proposition concrète, appliquable par tous dès aujourd'hui.

    Posté par  . En réponse au journal Dix propositions pour un droit d'auteur équitable. Évalué à 4.

    Beurk.

    Ce que tu proposes c'est de l'isolement intellectuel et culturel. À choisir, je préfère m'asseoir sur la législation de la propriété intellectuelle, comme le fait tout le monde (oui, tout le monde, que celui qui a toujours respecté cette législation, malgré les efforts de certains cul-bénits, m'envoie plein de ping).

    Au fait, ce que tu es entrain de lire est souillé par le droit d'auteur, coupe vite ton navigateur ...
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 2.

    J'ai pas envie ni le temps d'épiloguer sur une multitude de détails concrets, je préfère parler du fond. Et dans le fond, la chose avec laquelle tu n'es pas d'accord, c'est que le système électif et l'organisation partisane qui va avec (comme tu l'as dit c'est plus difficile, notamment pour des raisons institutionnelles, de se faire élire en dehors d'un parti) qui privilégient de facto la compétence à la représentativité.

    Il y a aussi toute la dynamique du travail parlementaire, où les députés s'organisent en commissions spécialisées suivant les intérêts et par extension l'expérience de chacun.

    Et dans la genèse d'un politicien, il ne faut pas oublier les responsabilités à l'échelon municipal, qui l'invitent également à se spécialiser dans un domaine, et qui lui apprennent la complexité de la décision politique. Aristote disait que la politique, c'est l'art de choisir dans l'incertitude. Incertitude par rapport au futur, mais également incertitude par rapport à ses convictions. Une décision se fait en fonction d'une multitude de paramètres délicats à soupeser. Ce dont Sarkozy semble se contre-ficher vu les décisions qu'il prend sur des coups de tête (affaire de la pub) sans avoir analysé correctement la complexité du paysage politique, économique et social. Mais comme je l'ai déjà dit, Sarkozy est l'enfant illégitime de la démagogie et de la dérive médiatique.

    Soit, pour ma part j'en resterai là ;).
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 0.

    De plus c'est De gaulle qui avait remis cet article au gout du jour. Ce n'était pas particulièrement un extrême. Mais ça c'est pas grave, tu "oublie" hein.

    Je n'oublie rien du tout. La réalité n'est pas simple c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons besoin de représentants compétents. Je vais te demander plus de rigueur de ta part lorsque tu me répondras à l'avenir, je te rappelle que tu es le premier à bondir sur quiconque déforme ou surinterprète tes propos.


    Aller une petite liste, pour constater que seuls les extreme souhaite des référundum.

    Il y a malentendu. Il y a bien sûr une majorité de gens dans nos démocraties qui sont en faveur des référenda. C'est pour cette raison que je m'attaque avec virulence à cette idée, car il y a du chemin à parcourir pour ceux qui veulent faire changer les mentalités à ce sujet. Parallèlement, en France, il y a aussi une énorme majorité de personnes en faveur de l'élection présidentielle directe, que personnellement je trouve malsaine et peu démocratique.

    Mais soit. Ce que je voulais dire, c'est que seuls les représentants des extrêmes courent après les référendums. Les politiciens de partis centripètes n'y recourent que comme outil plébiscitaire. Il suffit de voir les différentes utilisations référendaires faites par De Gaulle. Chirac était d'ailleurs sûr de gagner le référendum, sinon il n'en aurait pas organisé. Rien ne l'y obligeait, surtout que les Français se sont prononcés pour le Oui en 1992, pour le traité transformant la Communauté en Union et qui engageait l'Europe dans une sorte de voie fédérale avec le transfert de la compétence monétaire pour les pays aspirant à l'euro, compétence régalienne s'il en est.


    Mais si je dis ça , ça te gêne : tu peux plus placer une ad hominem.

    Là c'en est trop. Je n'ai vraiment pas de temps à perdre en conflits de personnalité et en attaques hominem, tout ce qui m'intéresse est d'une part de faire avancer les débats, d'autre part de tester mes idées en public afin de pouvoir me remettre en cause sur certains points si j'estime que des contradicteurs me donnent tort. Chose qui ne pourra plus se produire si tu continues à me crisper car je ne te lirai plus.


    Ils ont suivi quoi comme formation déjà ? Ah oui, aucune, si ce n'est celle de se faire bien voir dans un parti pour qu'il le présente sur sa liste!

    Compétence ne veut pas forcément dire diplôme ou formation spécifique, même si dans les faits, les partis recrutent de plus en plus à la sortie des unifs et haute-écoles. Dans le temps, c'étaient les militants qui, au long de leur carrière partisane, gravissaient progressivement les échelons et entraient en contact avec le pouvoir aux différents échelons de la société politique et obtenaient leur compétence dans le métier politique avec l'expérience. Aujourd'hui, vu le recrutement des élites étudiantes, les carrières politiques sont tendanciellement beaucoup plus rapides. De manière générale, je vois d'un meilleur oeil une carrière politique progressive passant par un engagement partisan échelonné. D'un autre côté, je ne suis pas sûr que le carriérisme soit une bonne chose. Dans un monde complexe, tout est question d'équilibre.

    Et il faut effectivement tenir compte de l'aspect communication. Les partis présentent avant tout au contact du public, et davantage encore dans les systèmes présidentiels, des professionnels de la communication. C'est un énorme déficit démocratique, comme je te l'ai consenti dans un autre commentaire.


    pour qu'une certaine franche de la population gouverne parce que d'après toi, elle est supérieurement compétente au reste de la population.

    Je te rappelle que je suis à fond pour la mobilité sociale, mais pas celle du tirage au sort, c'est tout. De plus je ne vois pas où j'ai été méprisant. Ta lecture est manifestement embuée par la réthorique que tu projettes en temps réel de m'invectiver. Tes commentaires ne sont pas très intéressants.


    Fastoche : payer comme les salariés, avec les mêmes droits et devoirs (ie pas de vancace la première année de boulot, cotisation de 40 ans, salaire largement inférieur à 6k, virer si absent du travail, astreinte, heure sup pas forcément payé , ...).
    Tu vas voir, il va y avoir beaucoup moins de personne déconnecté des réalités!


    On dirait que tu ne reproches pas grand chose à la démocratie représentative dans son concept finalement, si ce n'est les conditions matérielles concrètes de nos députés. Tu peux donc arrêter de t'énerver et me donner des vacances car je ne me suis pas exprimé sur ce sujet, qui m'intéresse peu. À partir du moment où la mobilité sociale entre les sphères civile et politique est assurée, les gratifications matérielles n'ont que peu d'importance, je pense. Et certaines gratifications, comme l'a justement soulevé mon collègue, servent justement à favoriser cette mobilité.
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 1.

    La question là était "condorcet plus démocratique ou pas que le vote à deux tours ?"

    La question devrait surtout être : est-il démocratique de filer les plein pouvoirs à un type pendant 5 ans ? Car de facto, c'est ce qui se passe en France.

    Mais s'il faut absolument élire son chef, je dirais que c'est la méthode Condorcet qui se rapproche le plus de la démocratie. Car je crois que celle-ci tend à la convergence des opinions, selon un cycle à long voire très long voire très long terme du type : nouveau clivage -> convergence -> nouveau clivage -> convergence.

    C'est une des raisons pour lesquelles je suis contre les systèmes bipartiques, car l'alternance complète (par opposition à une alternance des rapports de force dans les systèmes parlementaires plus ou moins proportionnels) ne permet cette nécessaire convergence que plus difficilement. Il suffit de voir l'inutilité du centre en France, sauf en cas de vote anti-système. Dans un système politique sain, en fin de cycle, le centre doit servir à aller de l'avant afin de repositionner la droite et la gauche selon un nouveau clivage. (Bien sûr la réalité est beaucoup plus compliquée vu la multiplicité des positions que peuvent prendre les partis sur les différents clivages.)
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 1.

    oui on sait, tu es pas pour une démocratie, mais pour une élitocratie.

    Pas du tout, je suis démocrate et contre l'élitisme. Contre l'élitisme et donc en faveur de l'espéranto en lieu et place de l'anglais par exemple. En faveur de tout ce qui aide à la mobilité sociale aussi. Surtout, je suis ouvert à toute solution, même imaginative, pour lutter contre l'élitisme au sein de la démocratie représentative.

    Pour le reste, tu as beau ironiser sur la compétence des politiciens, cela ne changera rien au fait que malgré le « grand » débat politique, seuls 62 % des français ignorent le plus élémentaire fait institutionnel de l'Union Européenne : l'élection au suffrage universel des eurodéputés.

    Et tu fais bien de parler de la DUDH. N'est-ce pas Le Pen (tu remarqueras que seuls les extrêmes courent après les référendums) qui voulait soumettre aux français le rétablissement de la peine de mort, sûr qu'il était d'obtenir un résultat positif ?

    Petite précision : dans mon commentaire en-dessous, quand j'évoquais la « démocratie représentative privilégiant la compétence », c'était pour écarter d'emblée un autre type de démocratie représentative : celle où les députés sont tirés au sort dans la population, les lois statistiques assurant la représentativité. On obtient alors un système s'affranchissant des problèmes de la démocratie directe, mais avec de vrais gens aux commandes. Je suppose que tu dois être en faveur de cette méthode, vu le pied que tu prends à cracher sur nos parlements. Pour ma part je ne nous vois pas être légiférés par des personnes dont ce n'est pas le métier.


    Plus bas, tu écris :
    Personne ne les oblige a respecter les promesses intenable qui coutent. (personne ne les oblige a respecter une quelconque promesse. Ils n'ont pour seul risque de ne pas etre réelu).
    Ils respectent pas les promesses de diminution des couts qu'ils avaient aussi promis, mais seulement qui leur rapport de l'argent/voix.
    On ne recherche pas l'intérêt général, mais on fait de la démagogie => incompétent!


    Là je suis un peu plus d'accord avec toi. La démagogie et la dynamique médiatique, phénomènes liés, sont de plus en plus problématiques dans nos démocraties. Mais que faire ? En France, se débarasser de l'élection présidentielle directe. Elle favorise bien trop la démagogie et le culte de la personnalité au détriment de la compétence. Mieux encore : retirer au président la plupart de ses prérogatives. Car les systèmes parlementaires, où les partis sont plus au centre des enjeux, limitent ces écueils (sans les supprimer, aucun système n'est parfait).
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 0.

    Ta phrase me fait penser au TINA de Thatcher : une seule voie possible, rien d'autre que le libéralisme comme vision pour l'avenir.

    Thatcher elle était seule à décider au Royaume-Uni. Si elle voulait imposer le libéralisme là-bas, libre à elle puisque le système politique bipartique lui en donnait le pouvoir. Par contre, elle n'a pas su l'imposer à l'UE, qui était fortement régulatrice à l'époque (époque bénie de la commission Delors). Même chose pour les traités européens : les textes possibles dépendent d'un rapport de force contextuel.

    À ce propos, il n'est peut-être pas inutile de rappeler le gâchis des Non de 2005. Depuis toujours, les traités se sont négociés entre chefs de gouvernements et diplomates, à huis clos. C'est une méthode très peu démocratique, qui fait plus ressortir les intérêts étatiques que les intérêts des citoyens. Or, pour le TCE, une méthode très audacieuse a été retenue : celle d'une convention composée de deux parlementaires et d'un ministre par pays, de 16 députés européens (ce qui n'est donc pas rien dans le rapport de force) et, enfin, de deux membres de la commissions. Les représentants élus directement y étaient donc majoritaires. De plus, ils ont fait appel à la contribution de l'ensemble de la société civile européenne : syndicats, associations, etc. (On remarquera qu'Attac n'a pas jugé nécessaire de s'y rendre et a ensuite fait campagne pour le Non.) Et tout ceci en public, ce qui n'est pas une nouveauté anodine. C'était tout simplement la procédure de rédaction d'un traité la plus démocratique qu'ait jamais connue l'Europe.

    Convoquer un référendum était une erreur politique grave, non seulement pour les raisons que j'explique dans mon autre commentaire, mais aussi parce que cela n'avait aucun sens de demander à un peuple s'il était pour ou contre un texte dont la teneur était fonction d'un rapport de force entre les représentants des différents pays et de ce fait était le fruit unique d'un contexte unique. La seule question intelligente, s'il fallait vraiment procéder par référendum, était : « Voulez-vous continuer la construction politique et démocratique de l'Union Européenne, ou pas ? ». Là on aurait respecté le travail de cette convention.

    Au lieu de cela les deux Non ont renvoyé illico le texte à la moulinette de l'intergouvernementalisme avec les résultats lamentables que vous connaissez si vous avez suivi l'actualité. Le plan B était une couleuvre qu'aucun politicien un tant soi peu compétent n'aurait avalée.

    Mais que l'on se rassure, le traité de Lisbonne, à l'instar du TCE, prévoit l'institutionnalisation de la révision des traités par la procédure de la convention usitée pour le TCE. Ajoutons à cela un pouvoir d'initiative octroyée à tous les parlements européens (nationaux + européen) et enfin la décision de convoquer une convention par un vote à la majorité simple au conseil.

    Espérons que le nouveau parlement européen de 2009 en usera très tôt pour proposer un texte audacieux prévoyant une procédure de ratification unifiée et à la majorité qualifiée, et on se rapprochera d'une Union Européenne vraiment démocratique et dynamique sur le plan de la révision institutionnelle. Ce qui est à la base de tout.

    Là, on en tient des plans B.
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à -1.

    Et il devrait être anormal de dire que Fadela Amara vient "de la société civile".

    Je trouve que tu te contredis là. Au contraire, la mobilité entre la sphère de représentation civile (associations, syndicats, lobbys, ...) et la sphère politique est signe de bonne santé démocratique. Les gens provenant de ces organisations ont déjà une bonne connaissance de l'activité politique, sont habitués aux négociations et aux compromis (surtout dans les pays à forte tradition de négociations sociales dans des lieux de dialogues institutionnalisés) et ont eu durant le début de leurs carrières un contact direct avec les problématiques proches des gens (gens dans leur ensemble : ouvriers, employés, patrons, etc).

    Les démocraties scandinaves, qui ont une structure de représentation civile performante, fonctionnent très fort sur base de cette mobilité. Et je me suis laissé dire que le carriérisme y est plutôt rare. Serait-ce un deuxième signe de bonne santé démocratique ? Il est vrai que cela devrait réduire les faits de clientélismes et augmenter la mobilité dont on parlait plus haut, puisque le changement d'activité des gourous laisse un vide à combler. Mais a priori, je pense que cela nécessite une culture de mobilité professionnelle dans la société tout entière (ce que l'on retrouve d'ailleurs chez nos amis scandinaves).

    Et c'est là une problématique capitale lorsque l'on parle de démocratie : on peut jouer sur plein de paramètres institutionnels différents pour organiser cette dernière, mais dans tous les cas il faut que la culture des masses soit adaptée à la solution institutionnelle retenue (ou user des petits pas pour adapter progressivement la culture civile, si l'on est en faveur du changement par le haut plutôt que par le bas). Pour que la mobilité entre la société civile et la sphère politique soit une bonne chose, il faut avant tout une structure syndicale de masse qui nécessite l'intériorisation du geste d'affiliation par tout un chacun.
  • [^] # Re: Je veux pas faire mon rabat-joie mais...

    Posté par  . En réponse au journal Le logo debian sur une pièce de deux euro.... Évalué à 6.

    Moi je le vois plutôt comme un n-ième signe que l'Europe, ça sert juste à promouvoir le libéralisme, la croissance, le developement.

    C'est surtout le symbole d'un processus unique dans l'histoire humaine : le transfert volontaire de la souveraineté des États vers une entité supraétatique. Si l'on est cosmopolite (àma ce que devrait être toute idéologie saine, de droite ou de gauche) ou si l'on est écologiste, on ne peut qu'être pour les élargissements de gouvernance. À condition bien sûr que l'élargissement de gouvernance s'accompagne d'un élargissement démocratique. Or, c'est bien ce qui se passe, tout doucement, vu l'extension presque complète des domaines de compétences où le parlement européen dispose de la codécision et l'octroi d'un droit d'initiative constitutionnel [1]. J'ose espérer que ce n'est pas la démocratie qui vous embête. Je sais, c'est dur, l'Europe est de centre-droit. La France elle-même est de droite. C'est triste.

    Mais c'est plutôt le tout doucement qui vous embête. Ça embête tout le monde mais il est proprement impossible de faire autrement que la méthode des petits pas. Les États disposent d'une légitimité qui leur est propre et qui leur est conféré par des siècles d'existence ainsi que par les mécanismes juridiques de nos démocraties représentatives : il ne suffit pas d'un parlement européen élu au suffrage universel qui s'autoproclamerait assemblée constituante et établirait unilatéralement sa constitution. Cela s'appellerait une révolution.

    On y vient : ne serait-il pas temps de la faire, la révolution ? Je sens que les extrêmes frétillent d'impatience et retrouvent leurs rêves perdus du Grand Soir (je leur rappelle au passage qu'une assemblée constituante en Europe serait de centre-droit). Après tout, la démocratie n'a-t-elle pas été bafouée ? Les référendums ne sont-ils pas la volonté suprême du peuple, et de ce fait surpassent la volonté des représentants dont les mandats émanent de ce même peuple ? Dans un premier temps, je vais faire court et provocant : les référendums, c'est de la merde et c'est pas pour rien que plusieurs démocraties européennes dont l'Allemagne et la Belgique les ont rendus illégaux.

    Les référendums, de la démocratie directe nous dit-on. Et bien moi je dis que c'est de l'inculture politique que de penser cela. Une expression directe, ça l'est. De la démocratie, on en est bien loin. Voilà donc ma position que je vais étayer ci-après : l'expression référendaire n'est pas démocratique, et c'est une atteinte à la démocratie que de lui donner un caractère contraignant.

    Pourquoi ? Du fait de son exécrable interactivité. Dire Non ou Oui, ce n'est pas faire de la politique, ce n'est pas une expression démocratique. Au passage, dire « je veux que ce type soit le chef durant 5 ans », ce qui est aussi une expression directe du peuple, n'est pas de la démocratie non plus. Car qu'est-ce que la démocratie ? C'est un concept abstrait qui n'est certainement pas égale au principe majoritaire. Le principe majoritaire n'est qu'une application concrète prétendant à se rapprocher de l'abstraction « démocratie ». Or, ce principe a ceci de particulier qu'il tue (potentiellement) à petit feu les minorités structurelles, comme les immigrés, les minorités linguistiques, les homosexuelles, etc. Selon les cas, le principe majoritaire peut donc se révéler insuffisant pour se saisir de l'intérêt général. Car la notion majeure du principe démocratique est la « volonté générale », incarnée (un peu) plus concrètement par la recherche de l'« intérêt général ».

    Tout le problème est donc d'établir une réalité institutionnelle qui se rapproche de cette abstraction, la démocratie. Or, le principal défendeur de la démocratie directe dans l'Histoire, Rousseau, ne l'envisageait que dans le cadre de minuscules républiques. Il n'envisageait la démocratie que comme le fruit de débats nécessitant une interactivité que seul un nombre modeste de participants peut permettre. L'interactivité est un obstacle majeur pour qu'une expression directe du peuple soit démocratique.

    Or, tant qu'une interactivité minimale n'est pas remplie, se pose un problème de taille : la compétence politique du public. Cette dernière raison fâche, mais il faut regarder la vérité en face : un sondage eurobaromètre nous a appris il y a peu de temps que 62 % des français ne sont pas au courant que les eurodéputés sont élus au suffrage universel !! Et ce malgré le soi disant grand débat démocratique de 2005 dont on ne peut que s'effrayer en imaginant son contenu, quand on sait que seuls 38 % des protagonistes connaissaient cet élément de base du débat institutionnel. Il faut s'y faire, la politique est complexe, c'est un métier. Notamment parce qu'on cherche à concilier des principes qui ne vont pas de soi ensembles comme la liberté, la sécurité, l'égalité, etc, mais aussi parce que les enjeux politiques s'élargissent, géographiquement parlant.

    D'autre part, même si l'interactivité pouvait être satisfaite à l'échelle d'un grand pays [2], on aurait à faire face au problème de la prétention participative : seul un très petit nombre de gens seraient prêts à mettre le temps qu'il faut dans les débats et les prises de décisions démocratiques. On se retrouverait alors confronté à la dynamique des minorités agissantes, c'est-à-dire au militantisme des extrêmes et des marginaux qui sont de manière générale des personnes politiquement très actives. Vous vous en doutez, les minorités agissantes ne sont pas à même d'exprimer la volonté générale et leur expression s'éloigne donc de la démocratie. Ceci est par ailleurs une observation qui s'applique aussi à la démocratie représentative (mais de manière moindre puisque la démarche du vote prend beaucoup moins de temps que celle du débat démocratique) et qui justifie le vote obligatoire comme en Belgique.

    Mais au sujet de cette fameuse volonté générale. Imaginons pour un instant que l'on ait résolu les délicats problèmes de l'interactivité et de la prétention participative. Les débats publics seraient-ils à même de se saisir de la volonté générale ? Cela reste à prouver, car si l'on en croit l'expérience des campagnes présidentielles et référendaires, ces débats risqueraient surtout de se concentrer sur des problématiques spécifiques déconnectées du contexte général, voire totalement à côté de la plaque. Trois exemples frappants sur les préoccupations des français lors du débat de 2005 : la politique du gouvernement Raffarin - Chirac, le plombier polonais et la Turquie.

    Ce qui m'amène au dernier problème du référendum, qui est lié à son manque d'interactivité : son incroyable illisibilité ! Comme le disait de Villiers, tout le monde a une bonne raison de voter Non (cette citation aide au passage à mieux comprendre ce que je veux dire avec le caractère spécificiste des référendums). De ce fait, le résultat de 2005 est tout bonnement illisible ! Nous avons des témoignages de gens qui ont voté Non pour dire merde à Raffarin, d'autres qui ont voté Non car l'UE est à droite (ouhou, la France aussi), d'autres qui ont voté Non par peur de l'Est, ... Pour ma part je pense que la raison profonde est une défiance à l'égard de cette Europe qui paraît loin, défiance qui ne pourra être résolue que par une réorganisation fédérale des élections europarlementaires qui conduirait donc à des campagnes transnationales des fédérations de partis européens (PSE, PPE, etc.). Ça viendra, ça viendra... Évidemment cette interprétation se base sur du vent puisque le résultat du référendum est illisible.

    Mais cette défiance, n'est-elle pas un problème issue de la démocratie représentative ? Effectivement, si. Même si je pense que la démocratie représentative, qui privilégie la compétence et un nombre restreint de décideurs politiques, est plus à même de saisir l'intérêt général, cela ne veut pas dire qu'elle est en tout temps dans le meilleur de son efficacité. Selon la situation, elle peut souffrir de deux grandes maladies : soit une trop grande distance idéologique entre les représentants et les représentés (ce que vous semblez reprocher en ce qui concerne l'Europe, à tort de mon avis, voir les résultats des élections présidentielles où les trois premiers étaient européistes), soit cette défiance des représentés envers les représentants. Pour résoudre ces problèmes, je n'ai pas de réponse toute faite et cela ouvre un autre débat, vaste s'il en est. Mais une chose est sûre : les référendums ne sont pas une solution.


    [1] Si l'on part du principe de plus en plus partagé que, des traités, découlent la constitution immanente de l'Union Européenne, d'où le « C » de TCE qui n'était là que pour assumer publiquement ce fait qui lui est antérieur. Cela vous perturbe ? Ça ne ressemble pas à la procédure dont est issue la constitution de votre pays ? Normal : je le répète mais la création progressive de cette entité supraétatique, l'UE, est une première dans l'Histoire. C'est un objet politique et institutionnel tout-à-fait nouveau.

    [2] Ne soyons pas utopistes, c'est impossible, même à l'aide des nouvelles technologies. Á noter que nous n'aurions alors plus affaire à un référendum puisque par définition il n'est pas interactif.
  • [^] # Re: effet d'annonce... effet d'annonce....

    Posté par  . En réponse au journal Le retour de la licence globale. Évalué à 2.

    Ouais enfin, en ce qui concerne la propriété intellectuelle et peut-être même le logiciel libre, on peut faire confiance à Sarkozy pour faire plaisir à ses amis chanteurs et oublier tout ce qui peut aller dans un sens progressiste.
  • [^] # Re: Et c'est quoi?

    Posté par  . En réponse au journal Le retour de la licence globale. Évalué à 1.

  • [^] # Re: Et c'est quoi?

    Posté par  . En réponse au journal Le retour de la licence globale. Évalué à 1.

    Il y a un lien avec la liberté d'entrependre car on subordonne l'utilisation commerciale d'une oeuvre à un accord (généralement rémunératif) avec l'ayant-droit (et pas l'auteur).

    Mais ça, même si je suis contre le principe de propriété intellectuelle, je crois qu'il est quand même nécessaire de protéger l'utilisation commerciale pour un certain temps afin de laisser à l'ayant-droit (et à l'heure d'Internet, espérons que ce soit de plus en plus de l'auteur dont il s'agit, lorsqu'on parle d'ayant-droit) un monopole d'un certain temps pour établir et mettre en oeuvre une stratégie commerciale.

    Maintenant, quel délai faut-il accorder ? 5 ans ? 10 ans ? 15 ans ? 20 ? RMS avait proposé 5 si ma mémoire est bonne, mais cela me semble très court. De toutes façons ce problème doit s'aborder, une fois le cadre législatif posé, avec les organisation représentant les parties concernées de la société civile. Dialogue et compromis social, voilà qui s'éloigne de la tradition française en la matière mais je pense que c'est la bonne approche ;).


    Quant à la limitation de la liberté d'expression, je m'étais déjà exprimé à ce sujet ici : https://linuxfr.org//~psychoslave__/25337.html

    C'est dans la deuxième partie du message, qui commence par « J'en viens maintenant au problème de la limitation de l'expression. »
  • [^] # Re: Dune le livre

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie avec Dune. Évalué à 2.

    Non c'était une plainte conjointe de Gallimard et de Rowling.
    Faut préciser qu'ils n'ont pas poursuivi la procédure, qui d'après eux, n'était qu'une manière de mettre en garde les réseaux organisés de traduction qui, eux, en font profit commercialement.

    Ou alors ils se sont rendus compte de la réputation que ça leur donnait (tous les médias en ont parlé), d'autant plus que le succès initial de l'auteure est dû aux communautés de fans (dont proviennent les adolescents) qui se sont vite développées et qui ont commencé le bouche-à-oreilles initial.
  • [^] # Re: Dune le livre

    Posté par  . En réponse au journal Nostalgie avec Dune. Évalué à 1.

    Oui, il y a peut-être moyen d'attaquer sur les deux tableaux. La transgression de la propriété (droits patrimoniaux), et le viol de l'intégrité de l'auteur (droits moraux).

    On est dans le spéculatif le plus total il faut le préciser :-). Ca me permet quand même de râler encore un peu : quelle absurdité que ces droits moraux (sauf celui de paternité).

    C'est vrai qu'ils sont utiles pour empêcher, comme aux ÉUA avec le copyright, qu'un ayant-droit dénature complètement une oeuvre pour des raisons commerciales. Mais dès lors qu'on est dans le non-commercial, la reformulation de la vision de l'auteur découle d'une vision artistique, et tant pis si ça ne plaît pas à l'auteur. Celui-ci a l'avantage de contrôler la vision canonique, c'est largement suffisant. Pourquoi les parodies seraient-elles les seules déformations légitimes ?