Lancement imminent de la première fusée open source

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Modéré par Lucas Bonnet.
35
14
mai
2011
Matériel

L'objectif du projet danois « Copenhagen Suborbitals » est de construire une fusée capable de propulser un être humain dans l'espace via un vol « suborbital ». Le vol de type parabolique propulsera l'humain au-delà de la frontière spatiale de 100 km d'altitude.

Quel est donc l'intérêt de ce projet, si l'on sait envoyer des humains dans l'espace depuis longtemps ? La spécificité de ce projet est qu'il est réalisé par un groupe d'ingénieurs qui compte publier tous les plans de leur fusée pour que l'expérience puisse être reproduite aux quatre coins du monde. Tous les plans seront donc diffusés dans la limite des lois européennes sur l'exportation.

D'après l'historique que l'on trouve sur le site Internet, le projet a commencé il y a trois ans environ et fonctionne grâce à une campagne de dons annuelle. La première tentative de lancement avec un mannequin à bord en septembre 2010 fut annulée pour des problèmes techniques et reportée à début juin 2011.

Sputnik, la plate-forme flottante de lancement est désormais équipée de son lanceur Tycho Brahe et sera mise à l'eau le samedi 14 mai. La plate-forme va ensuite s'acheminer vers sa zone de lancement en mer dans la zone militaire ESD138/139.

La fenêtre de lancement est prévue entre le 1er et le 14 juin et le déroulement des opérations peut-être suivi sur la page de la campagne de tir 2011.

Aller plus loin

  • # super cool

    Posté par  . Évalué à 1.

    À suivre de très près ça. Un homme dans l'espace sans aucun support gouvernemental, ce serait énorme ! Il y avait déjà le projet Virgin Gallatic, mais s'il pouvait être devancé par une initiative "open source", ce serait encore mieux !

    Je ne suis pas un grand fan de la conquète spatiale, mais quand elle prend cette forme, c'est une autre histoire!

    • [^] # Re: super cool

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

      Tu es allé voir les photos sur http://www.copenhagensuborbitals.com/tychobrahe.php ?
      Franchement ça fait peur de monter dans un truc pareil qui ressemble à un cercueil. Au moins avec les vols suborbitaux du SpaceShipOne les passagers ont un peu de place.

      • [^] # Re: super cool

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 9.

        C'est dans l'esprit open source : ils font un petit truc qui marche et que seuls les plus téméraires adopteront, puis ils amélioreront leur truc au fur et à mesure des demandes des utilisateurs, en comptant sur l'effet communautaire apporté par l'open source.

      • [^] # Re: super cool

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Tout à fait d'accord aussi, ils n'ont qu'un "parachute de panique" comme double sécurité.
        Si la fusée explose au décollage, ou a un problème avant la fin de sa parabole, le gars est foutu.

        De même, ils avouent avoir de la redondance sur le mécanisme de mise en route des parachutes, mais rien sur le reste; ça fait peur!

        • [^] # Re: super cool

          Posté par  . Évalué à 10.

          Envoie un patch au lieu de geindre... :)

      • [^] # Re: super cool

        Posté par  . Évalué à 3.

        On pourrait envoyer là dedans les contributeurs de linuxfr qui font le plus de journaux inutiles ;)

        Only wimps use tape backup: real men just upload their important stuff on megaupload, and let the rest of the world ~~mirror~~ link to it

        • [^] # Re: super cool

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

          si faire un journal inutile est le moyen de paiement pour monter dedans, tu risques d'être surpris par la pollution soudaine sur dlfp ;)

      • [^] # Re: super cool

        Posté par  . Évalué à 10.

        L'ennui c'est qu'en cas de bug, il se peut que le beta testeur ne puisse pas les faire remonter.

    • [^] # Re: super cool

      Posté par  . Évalué à 1.

      Vu que l'essentiel de la recherche spatial est financée par de l'argent public, il serait juste de revendiquer que rapidement tous les documents des agences spatiales soient libres, copyleft, et facilement accessible sur internet. C'est peut-être la seule chance pour que l'exploration spatiale ne soit pas gelée jusqu'au XXIIème siècle...

  • # Restrictions européennes à l'export d'informations

    Posté par  . Évalué à 9. Dernière modification le 17 mai 2011 à 23:21.

    Sommaire

    Le site (et la présente news) indique seulement qu'il faut respecter les restrictions européennes à l'export. Curieux de savoir de quoi il retourne, car ceci rappelle l'interdiction américaine d'exporter des logiciels de cryptographie (d'où le fameux non-us de debian), j'ai un tout petit peu enquêté. Je n'ai pas de connaissances en cette matière qui semble vaste, alors les corrections ou précisions sont bienvenues.

    Règlementation européenne

    J'ai l'impression que l'exportation d'informations sur comment construire une fusée tombe au moins à double titre sous le coup du Règlement (CE) no 428/2009 du Conseil du 5 mai 2009 : au titre de l'article 4 et de l'annexe I qui ont une parenté manifeste avec un texte soumis à référendum en 2005.

    On y lit, à l'article 4 :

    L’exportation des biens à double usage ne figurant pas sur la liste de l’annexe I est soumise à autorisation si les autorités com­pétentes de l’État membre où l’exportateur est établi ont informé celui-ci que les biens en question sont ou peuvent être destinés, en
    tout ou partie, à contribuer à la mise au point, à la production, au maniement, au fonctionnement, à l’entretien, au stockage, à la détection, à l’identification ou à la dissémination d’armes chimi­ques, biologiques ou nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs ou à la mise au point, à la production, à l’entretien ou au stockage de missiles pouvant servir de vecteurs à de telles armes.

    La clause est très large ; elle est applicable dès lors qu'un État membre a informé l'exportateur, sans se justifier ou sans recours possible (ou alors pas mentionné ici) ;

    Je déduis de la présence même de l'avertissement qu'un site web est en lui-même un bien exportable ; de fait, c'est la "technologie" qui est un bien. Ceci a aiguisé ma curiosité et je suis parti à la chasse au trésors dans l'annexe 1. Assez instructive.

    En préambule, on est rassuré :

    Le contrôle portant sur les transferts de ″technologie″ ne s’applique pas aux connaissances qui sont ″du domaine public″, à la ″recherche scientifique fondamentale″ ou aux connaissances minimales nécessaires pour les demandes de brevet.

    Ensuite, on voit que l'annexe exempte grosso-modo les logiciels "courants", ou pas trop compliqués (je schématise, vous pouvez lire l'annexe).

    Suivent énormément de définitions, qui mettent en appétit : algorithmes symétriques, asymétriques, calculateurs à réseaux systoliques, hybride, neuronal, numérique… (je passe certainement des choses importantes parce que je n'ai pas le courage d'aller au delà de la lettre C aujourd'hui).

    Vaincu par la masse considérable de texte, je suis passé à la recherche textuelle pour trouver des informations sur l'export d'idées.

    Le paragraphe 5A002 est consacré à la cryptographie quantique ou non : si j'ai bien compris, on ne peut pas utiliser de cryptographie un peu sérieuse sauf

    • avec des logiciels courants
    • avec des algorithmes pas trop faciles à modifier

    Il y a d'autres mentions de logiciels, notamment de physique, avec le même genre de restriction.

    Mon avis

    C'est un peu simpliste, mais je trouve utile d'en revenir aux principes après ma noyade dans l'annexe I.

    De façon générale, je trouve la notion de double usage pernicieuse. C'est encore cette notion de double usage qui justifie une taxe sur les disques durs ou justifie de restreindre la liberté dans le monde numérique à un point qu'on a rarement atteint dans le monde physique. Pardon pour la facilité : la question du double usage n'a toujours pas justifié qu'on interdît les véhicules à moteur de plus d'une tonne ou les couteaux.
    Je ne comprends pas bien pourquoi la notion de démocratie est si centrale dans le discours politique, alors que sans aller jusqu'au gouvernement par le peuple, la liberté pour chacun de créer de l'information, de la communiquer ou de la traiter comme il l'entend est traitée comme un danger par nos gouvernants.
    Mon hypothèse est que les ennemis de la liberté de manipuler des concepts sont divers car cette liberté menace

    • les intérêts de groupes qui détiennent une rente de situation (ayant droits, détenteurs de brevets…),
    • les intérêts de groupes qui ont des choses à cacher (pour de mauvaises ou de bonnes raisons), comme illustré par Wikileaks,
    • l'ordre public, parce qu'on craint par exemple l'émergence de Jean-Kevin (le script kiddie) qui joueraient à éprouver leur puissance sur le monde matériel.

    En conclusion, j'ai aussi trouvé une liste de définitions très intéressante pour mes glossaires, et je me demande dans quelle mesure j'ai le droit de la réutiliser, y compris à l'export.

    Merci d'avoir lu jusque là, vous n'étiez pas obligé.

    • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

      Posté par  . Évalué à 6.

      Hm, c'est moi ou il y a un bug de linuxfror ?

    • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

      Posté par  . Évalué à 2.

      Merci, c'est le genre de recherche qu'il faudrait faire systématiquement, mais que j'ai pas toujours le courage/le temps d'effectuer.

      Pas sûr que ce soit le domaine de compétence d'un Maître Eolas, mais une analyse par un juriste (je sais ce terme signifie pas grand chose) serait utile (histoire de savoir quelle jurisprudence il y a etc...)

    • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

      Posté par  . Évalué à 1.

      J'imagine qu'une fusée de la classe Ticho Brahe peut aisément être convertie en missile. Je comprend qu'il y ai quelques restrictions sur la diffusion des informations.
      Pour revenir au poste précédent, SpaceX aussi avec les Falcons et la capsule Dragon se passe de support gouvernemental. Cela dit grâce à son niveau d'expertise et à la vitesse d'avancement du projet, elle a déjà réussi à engranger des contrats civils et gouvernementaux.

    • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 5.

      Attention, je crois que tu fais un abus sur le terme "double usage" (ou alors, j'ai mal compris ton propos). Quand on clique sur le premier lien, on voit que double usage signifie «avec application civile et militaire», et pas comme on pourrait le penser en te lisant «avec application légale et potentiellement illégale». Donc, je ne vois pas ce que vient faire la taxe sur les disques durs là dedans. Même si je partage tes conclusions sur les ennemis de la libertés, je crois que le raisonnement a une faille sérieuse et qu'il ne passe pas par la notion de "double usage".

      • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

        Posté par  . Évalué à 4.

        La taxe sur les disques durs ne se réfère en effet pas à un usage militaire. Elle se réfère néanmoins à un double usage :

        • Stocker des données, logiciels et système
        • pirater les mp3 de Zazie et les films de Luc Besson

        Double usage en vertu duquel des restrictions semi matérielles ou des taxes sont mises en place. Désolé, j'étais un peu elliptique.

    • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

      Posté par  . Évalué à -1.

      Bravo pour la recherche.

      Peut-être faudrait-il ajouter, à propos des raisons des restrictions d'export, le fait de donner à des états hostiles un raccourci technologique certain. En d'autres termes, une technologie librement utilisable que ces états-là pourront développer en investissant moins de ressources que s'ils devaient tout développer ex nihilo.

      En gros, ils ne veulent pas recevoir un missile en GPLv3 en pleine tronche.

      • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

        Posté par  . Évalué à 3.

        le fait de donner à des états hostiles un raccourci technologique certain.
        Comme par exemple un système d'exploitation stable et éprouvé ? Ben oui, ils ont bien besoin de ça pour faire tourner leurs ordinateurs, quasi indispensable pour lancer des missiles (pour faire des simulations ou calculer des trajectoires) ... J'avais lu il y a quelques temps que la Corée du Nord était friante de logiciels libres, normal (et à mon avis, ils n'utilisent pas linux que pour promouvoir la paix dans le monde).
        ex : http://www.clubic.com/actualite-328808-coree-du-nord-developpe-propre-systeme-linux.html

        • [^] # Re: Restrictions européennes à l'export d'informations

          Posté par  . Évalué à 1.

          De toute façon, la licence des logiciels Apple interdit de les utiliser pour faire des missiles ou attaquer les USA.

          Donc c'est soit du Linux, soit du Windows.

          Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

  • # [rabat-joie] Effets sur l'atmosphère ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    On a déjà tous les lancements pour les satellites, appareils de mesure, allers-retours station spatiale...

    Vont s'y ajouter des vols "touristiques" (et "open source" mais probablement de façon plus anecdotique [$$$]).

    Q? Si le nombre de vols de ce type est multiplié par 10 ou par 100 parce que certains ont les moyens financiers d'aller faire une ballade dans l'espace, quel impact sur l'atmosphère ?

    Python 3 - Apprendre à programmer dans l'écosystème Python → https://www.dunod.com/EAN/9782100809141

  • # Vol humain peu crédible

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    Pour avoir travaillé plus de 30 ans dans l'industrie spatiale, il y a une énorme différence entre une grosse fusée de feu d'artifice et une lanceur capable de transporter un homme.

    Je pense que les concepteurs du projet sous-estiment très largement les tâches à effectuer. Pilotage et guidage, essais de qualification et études de fiabilité sont des postes très importants.

    Tout ce qui vole et peut transporter des personnes est cher : hélicoptère, avion, ULM, parachute... car ils subissent beaucoup de contrôles et leur traçabilité doit être assurée. Lorsque ce n'est pas le cas, les objets volants ne sont le plus souvent que des jouets.

    • [^] # Re: Vol humain peu crédible

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      Et si on retire toutes la dose de conservatisme qui est là pour mettre en sécurité ses fesses de chef de projet, on peut arriver à quelques choses de très simple et donc plus fiable, aussi. On ne peut pas optimiser un tel objet de la même façon si l'équipe est composer de 10 personnes ou 1000.

      "La première sécurité est la liberté"

  • # Tests à vide ?

    Posté par  . Évalué à 1.

    J'imagine qu'ils mettront un chien pour le premier vol... ou alors rien du tout pour tester la fiabilité du bousin. C'est dans ce genre de cas que les statistiques s'avèrent importantes :) ...

    Systemd, the bright side of linux, toward a better user experience and on the road to massive adoption of linux for the desktop.

    • [^] # Re: Tests à vide ?

      Posté par  . Évalué à 1.

      Il est dit dans la news qu'un test avec un mannequin à bord a été annulé en septembre 2010, j'imagine qu'ils réessaieront avec un mannequin avant d'envoyer un vrai humain là haut.

      • [^] # Re: Tests à vide ?

        Posté par  . Évalué à 1.

        La question statistique est plutôt le nombre de vols expérimentaux pour s'assurer de la fiabilité de l'engin avec une marge d'erreur raisonnable ?

        Systemd, the bright side of linux, toward a better user experience and on the road to massive adoption of linux for the desktop.

      • [^] # Re: Tests à vide ?

        Posté par  . Évalué à 1.

        Oups, il faut aussi dire que ce serait peut être mieux de mettre un rat en orbite, afin de tester les problèmes d'accélération, d'oxygène et de pression...

        Systemd, the bright side of linux, toward a better user experience and on the road to massive adoption of linux for the desktop.

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