Réponse du ministre de l'Éducation Nationale française à une question parlementaire sur Office 365

Posté par  . Édité par Julien Jorge et Benoît Sibaud. Modéré par patrick_g. Licence CC By‑SA.
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nov.
2022
Éducation

Le Journal Officiel a publié le 15 novembre 2022 une réponse du ministre de l'Éducation Nationale à une question parlementaire ( https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-971QE.htm ). Le député Philippe Latombe interrogeait le ministre sur l'usage de la suite bureautique Microsoft Office 365 dans sa version gratuite par les élèves et les enseignants. Le ministre a rappelé dans sa réponse les instructions qui ont été transmises au rectorat. Le résumé : comme Office 365 (ou l'équivalent chez Google) tombe sous le droit extra-européen, ces solutions sont interdites. Ce que le ministre ne dit pas, c'est qu'il y a des alternatives libres.

Si votre coeur se serre à chaque connexion à l'ENT (Espace Numérique de Travail) de votre enfant, neveu, nièce ou autre quand vous voyez un lien vers Office 365, il est possible que votre douleur disparaisse prochainement. En effet, c'est clairement interdit par le ministère et cela vient d'être utilement rappelé.

Les difficultés auxquelles les régions, mairies et le ministère vont être confrontés ce sont les alternatives. Mais bonne nouvelle, le paysage continue de s'éclaircir du côté de l'open source avec plusieurs solutions qui continuent de gagner en maturité. Sans parler de LibreOffice sur les postes de travail directement, si l'on cherche des alternatives en ligne, Collabora Online, OnlyOffice et les différentes intégrations associées sont des solutions mûres maintenant.

Cryptpad.fr intègre une version modifiée de OnlyOffice et un chiffrement de bout en bout. Cryptpad est aussi très utilisée dans les écoles en Allemagne depuis les confinements. J'ai demandé des statistiques aux administrateurs, mais, comme le serveur cryptpad.fr n'a aucun moyen de savoir qui sont les utilisateurs et ce qu'ils font, c'est difficile. L'équipe de Cryptpad le sait en recoupant : les informations sur les IPs accédant aux serveurs (cela permet d'avoir la nationalité) et les remontées au support. Mais les IPs n'étant pas reliées aux comptes et les administrateurs n'ayant même pas le mail d'un utilisateur, difficile d'en savoir plus. Ce qui est précisément le but du chiffrement de bout en bout permettre le contrôle précis par les utilisateurs de l'usage de leurs informations.

Aller plus loin

  • # ?

    Posté par  . Évalué à 1.

    Je suis pas certain de comprendre ce billet. Le bût est juste de faire de la publicité pour Cryptpad au final ?

    • [^] # Re: ?

      Posté par  . Évalué à 5.

      C'est vrai que ce n'est pas très clair. Arnaud Laprévote est l'auteur de l'article et du billet de blog indiqué. Cryptpad étant un excellent service et un logiciel libre (porté par XWiki), n'y voyons pas malice. C'est peut-être une maladresse ?

  • # Aucun espoir en ce qui me concerne

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    Je ne me fais aucune illusion: ce n'est rien de tout ça qui va faire changer d'avis aux drogués de m$ qui dirigent mon université

    • [^] # Re: Aucun espoir en ce qui me concerne

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

      Je ne me fais aucune illusion: ce n'est rien de tout ça qui va faire changer d'avis aux drogués de m$ qui dirigent mon université

      Je me demande quand même dans quelle mesure l'application du RGPD ne devrait pas avoir les mêmes conséquences (=> interdiction des solutions trop voraces en informations personnelles et/ou stockage des données soumis aux règles américaines) pour les étudiants universitaires que pour les écoliers.

      Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

  • # Tout intégré

    Posté par  . Évalué à 2. Dernière modification le 24 novembre 2022 à 13:03.

    Les entreprises et l'EN ont besoin d'un ensemble cohérent d'applications, avec une authentification unique, une communication entre la messagerie électronique, l'agenda, la visioconférence, le stockage, etc. intégrés dans un ensemble. Utiliser des outils différents et sans interaction entre eux ne convient pas et c'est sur ce point que les solutions libres doivent travailler, elles ne sont pas prêtes. Il y a https://www.egroupware.org qui s'en approche mais ça manque de solutions clés en main ou hébergées, avec un vrai support professionnel derrière.
    Et je ne parle pas du problème posé par OnlyOffice qui stocke tout ses fichiers au format MS Office, convertissant de force les formats LibreOffice en MS Office.

    Office365 et Google Workspace ont encore de beaux jours devant eux.

    • [^] # Re: Tout intégré

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 7.

      Les entreprises et l'EN ont besoin d'un ensemble cohérent d'applications, avec une authentification unique, une communication entre la messagerie électronique, l'agenda, la visioconférence, le stockage, etc. intégrés dans un ensemble.

      Je me permet de douter de cette affirmation. Elles n'en ont pas ressenti le besoin pendant très longtemps, cette idée d'intégration est relativement récente et je ne pense pas que la demande des utilisateurs soit d'avoir tout intégré. L'intégration chat - visio est sans doute utile. Par contre le stockage intégré au chat et à la visio ? Pas forcément inutile mais loin d'être une priorité me semble-t-il ….

      Surtout, ne pas tout prendre au sérieux !

    • [^] # Re: Tout intégré

      Posté par  . Évalué à 2.

      Les alternatives sont pourtant là.
      L'Intérieur a installé NextCloud. Le CERN aussi (ownCloud en fait, dont NC est forké).
      La Gendarmerie est sous Ubuntu.
      Il y a l'ENT.
      Après c'est une question de budget… pour mettre à l'échelle.
      Sans même parler du manque de profs et de formation.
      Qui plus est après que l'EN ait signé un contrat open bar avec MS (tout comme la Défense…).
      Je ne sais pas quelle est l'échéance de ce contrat.

    • [^] # Re: Tout intégré

      Posté par  . Évalué à 10.

      Les entreprises et l'EN ont besoin d'un ensemble cohérent d'applications, avec une authentification unique, une communication entre la messagerie électronique, l'agenda, la visioconférence, le stockage, etc. intégrés dans un ensemble

      Les entreprises, peut-être, l'EN probablement pas. Il faut quand même bien réaliser à quel point le parc est hétérogène: les écoles sont gérées par les mairies, les collèges par les départements, les lycées par les régions, tout ce petit monde est complètement fauché, et les disparités territoriales sont énormes. En gros, à part peut-être les secrétariats du proviseur, le matériel informatique est renouvelé quand c'est possible, et souvent avec un peu n'importe quoi. Par dessus ça, 90% des utilisateurs des services info à vue de nez le font avec leur équipement perso (donc tu as du mac, du windows avec toutes les versions et tous le vérolage possible, des tablettes, des téléphones, du linux sur des ordinosaures, etc).

      Et pour finir, tu n'as pas de management dans l'EN. Personne n'étudie les solutions logicielles en fonction des besoins. Certaines décisions sont prises au niveau des ministères, la plupart du temps sans aucune concertation avec la base des utilisateurs; probablement d'ailleurs plus motivées par la corruption que par l'envie de faire quelque chose de constructif. Par exemple, tu fournis des adresses email à tous les agents (rigolez pas, c'est récent), mais tu ne fournis que 50Mo d'espace disque sur le serveur mail. Du coup personne n'utilise. Il n'y a pas de communication vers les rectorats, et encore moins vers les établissements; et si une communication existe, personne ne va lire les emails, parce que tout le monde s'en fout et sait bien que tout ce qui vient d'en haut en terme d'informatique, c'est de la daube. Comme tu n'as pas de hiérarchie, même si une solution logicielle était imposée, personne ne pourrait faire respecter cette décision, donc ça ne sert à rien. Bref, l'État ne fonctionne pas du tout comme une entreprise; la "direction" fait semblant de jouer à être une direction, signe des contrats, des partenariats, communique, etc; mais en dessous tout le monde s'en fout parce que les fonctionnaires savent très bien faire tourner la baraque sans tenir compte des décisions absurdes qui viennent des ministères.

      • [^] # Re: Tout intégré

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.

        Par exemple, tu fournis des adresses email à tous les agents (rigolez pas, c'est récent), mais tu ne fournis que 50Mo d'espace disque sur le serveur mail.

        Après, cette obligation de frugalité malgré soi peut s'avérer écologiquement vertueuse :

        • ne pas faire de mail HTML/RTF/whatever qui comparé au juste texte consomme au moins deux fois plus d'espace
        • ne pas joindre de fichier (surtout les lourdeurs issues de bureautique propriétaire) mais privilégier les liens vers des ressources centralisées …avec en prime un meilleur contrôle d'accès (et non des choses disséminés sur divers disques)
        • ne pas faire "collection" de message et apprendre à faire le ménage périodiquement …voir apprendre à archiver ailleurs si vraiment nécessaire.

        “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

        • [^] # Re: Tout intégré

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

          Apprendre à ranger sa messagerie électronique aussi. En définitive, gagner du temps.

          « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

        • [^] # Re: Tout intégré

          Posté par  . Évalué à 10.

          ne pas faire de mail HTML/RTF/whatever
          ne pas joindre de fichier

          Les boîtes mail servent à communiquer avec l'extérieur (parents, élèves). Tu ne peux pas contrôler ce que tu reçois.

          privilégier les liens vers des ressources centralisées

          Genre, tu crois que les administrations ont accès à des serveurs de ressources centralisées avec gestion des droits? C'est vachement plus sécure de faire un lien vers Google Drive ou WeTransfer…

          ne pas faire "collection" de message et apprendre à faire le ménage périodiquement

          Ça, désolé, je trouve ça profondément faux. Tu n'es pas en train d'effacer les photos de chats envoyés par ta mémé, il s'agit d'emails professionnels, dont une partie concerne la communication avec les usagers de ton administration, qui peuvent avoir une importance pour ton employeur, pour toi, ou même pour les services de police. Pour tout un tas de raisons, la correspondance professionnelle doit être conservée (surtout quand c'est de la communication avec les usagers), et elle doit être archivée sur les serveurs de l'employeur qui ne sont pas manipulables (en théorie) par l'utilisateur. Déja que l'EN est à la rue sur tout, toi tu voudrais que les agents achètent des disques durs avec leurs sous et archivent à l'arrache leurs emails pro chez eux? Une fois que le mail quitte le serveur sur lequel il a été reçu, tu peux le modifier et le ré-enregistrer, ça n'a plus aucune valeur.

          Sans compter que dans n'importe quelle structure non-dysfonctionnelle, il devrait être interdit de faire sortir des emails professionnels de l'équipement informatique de l'employeur.

          Après, cette obligation de frugalité malgré soi peut s'avérer écologiquement vertueuse

          Les estimations du coût énergétique de l'envoi et du stockage d'un email sont probablement les trucs les plus bull-shittés de toutes les fake-news environnementales. Le bilan carbone du stockage est de l'ordre de 10 à 20 kg CO2/ Tb / an (disque et consommation électrique), soit 10mg CO2/an pour un email d'1Mo. Par comparaison, 10mg CO2, c'est ce que tu émets en respirant pendant une seconde. Donc ton email que tu conserves sans raison, il émet en un an autant de CO2 que tu émets en respirant pendant 1 seconde. Voila. Donc tu peux le garder, et concentrer tes efforts sur quelque chose qui en vaut la peine.

          Sérieusement, si vous voulez sauver la planète, renseignez-vous au lieu de raconter n'importe quoi. Ne prenez plus l'avion, achetez une voiture électrique, devenez végétarien, isolez votre maison. Ça, ça économise du CO2. Éteindre le wifi quand vous êtes absents ou faire le ménage dans votre boîte email, ça ne fait ni bien, ni mal, ça ne change rien; ne le faites pas si ça vous pourrit la vie. Garder votre vieille TV, votre vieux frigo, ou votre vieille bagnole, ça a un bilan écologique négatif—ça peut vous faire sentir écolo, mais non, en fait, c'est le contraire.

          • [^] # Re: Tout intégré

            Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

            Comme tu conclues, c'est « garder sans raison » ; et on peut faire le ménage vu que ça ne fait pas de mal ! Au passage, une façon sérieuse de travailler est de traiter les messages, pas de les laisser s'entasser, hors quand c'est traité t'en as plus besoin dans ta boiboîte (stratégie zero-inbox) ! Ah, de l'importance pour l'employeur ? Mais l'employeur ne fait pas d'archivage légal ? (ou tu crois que juste laisser les messageries se remplir en est ?) En tout cas je n'exhorte pas les agents à acheter des disques pour bidouiller des trucs mais juste à utiliser les outils dans les règles et que la hiérarchie fasse son boulot correctement en face. Sauf qu'on préfère chercher des excuses pour perdurer les mauvaises habitudes. (et me doutais qu'en le tournant « c'est écolo » ça allait te faire rager, mais respire, ça parle mieux au prof Michou que l'hygiène …numérique)

            “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

          • [^] # Re: Tout intégré

            Posté par  . Évalué à 0.

            "Déja que l'EN est à la rue sur tout, toi tu voudrais que les agents achètent des disques durs avec leurs sous et archivent à l'arrache leurs emails pro chez eux?"

            Ben oui, l'EN n'a jamais rien fourni à ses salariés et les a toujours obligé a acheter tout le matériel dont ils ont besoin, ce n'est pas nouveau. Si tu veux préparer tes cours chez toi ou faire du télétravail, tu utilises ton ordinateur et ton téléphone personnels. C'est comme ça à l'EN. Il y a d'autres ministères où c'est plus moderne, par exemple, chaque employé Pôle Emploi a un ordinateur et un téléphone portables pour le télétravail et une faible minorité en abuse en cassant volontairement son smartphone pour avoir le dernier modèle ou perd sa tablette qui est utilisée par ses enfants.

          • [^] # Re: Tout intégré

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

            Déja que l'EN est à la rue sur tout, toi tu voudrais que les agents achètent des disques durs avec leurs sous et archivent à l'arrache leurs emails pro chez eux?

            J'ai plusieurs témoignages directs de membre de l'Educ'nat (travaillant au rectorat et DSDEN) qui me disent qu'ils n'ont pas eu d'autre choix que d'acheter sur leur budget des disques externes pour assurer eux-même leurs sauvegardes - puisque celles fournies par leur administration sont soit déficientes soient très sous-dimensionnées. Et ça fait au moins 10 ans que j'entends régulièrement ce sujet remonter.

            Je ne parle pas du manque de VPN (qui est réservé à une partie arbitraire du personnel, ils ont peut être des appliances avec des licences par utilisateur…), du manque de fichiers partagés contourné par de la "synchro" entre appareils où les fonctionnaires s'envoient des mails à eux-même (c'est pas bête, IMAP est un très bon protocole de synchro) et qui saturent les BaLs, etc.

            Je ne parle pas du support qui est dans le rectorat auquel je pense de 2 personnels (pour tous les postes de travail et services, hébergés/téléphonie/etc), lol.

            Et oui chaque agent a sur son ordi un Windows truffé de logiciels énergivores et mal gaulés qui font ramer au bout d'1 mois n'importe quelle bête de course récente. Les mails peuvent mettre 20min pour aller d'un bureau à l'autre sans sortir du réseau local. Etc.

            Et la sécurité… La quoi ?

            Je ne sais pas pour les autres administrations, mais à ce stade le débat est à peine Microsoft ou autre chose, il devrait surtout être "est-ce que enfin on met des vraies DSIs et moyens qui évaluent et pourvoient correctement les besoins les plus basiques ?"

            Ceci est d'autant plus politique que tous ces agents ont des matériels et outils nettement plus performants chez eux, ça relève donc de la maltraitance de les sous-équiper et de les brimer à ce point.

            Voilà, désolé pour le "rant", je nettoyais mon clavier et le coup est parti tout seul.

    • [^] # Re: Tout intégré

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      On (dans l'EN) dispose depuis la rentrée au moins d'un apps.education.fr qui regroupe, sous une même authentification centralisée différents outils :
      - visio (bbb)
      - nextcloud avec du code dedans
      - codimd
      - peertube

      Ça fait une bonne partie du boulot.

      • [^] # Re: Tout intégré

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        (dans l'EN) dispose depuis la rentrée au moins d'un apps.education.fr qui regroupe

        j'imagine que la DINUM en fait un peu de promotion

        dans le supérieur (les universités plutôt, l'ami de Mickey), il y a le compte numérique valable dans toutes les universités d'Europe (bon, ça marchotte, certains collègues ont réussi à l'utiliser au FOSDEM, déjà que stait pas gagné lors des RMLL en France o_O)

        Mais bon, lors des RMLL cela nous a valu quelques discussions intéressantes sur l'interopérabilité de l'AD de certaines universités avec le potentiel LDAP européen :-)

        J'espère que ça a pu évoluer dans le bon sens :-)

    • [^] # Re: Tout intégré

      Posté par  . Évalué à 5. Dernière modification le 24 novembre 2022 à 23:28.

      Pour être dans une entreprise qui pousse à fond dans le tout intégré office365 + teams + onedrive + sharepoint + safelink intégré à outlook + …, cela fonctionnait bien mieux sans tout ce m…r .

      Ces outils sont une catastrophe en terme d'utilisation avec la médaille pour teams. Il faudrait que je fasse un best of un jour de tous les problèmes de ces "solutions". Ce sont plutôt eux qui sont intégrés !

      • [^] # Re: Tout intégré

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        Ce sont plutôt eux qui sont intégrés !

        et toi (des)-intégré sur place :/

        tu as mon soutien (pour ce que cela vaut), mieux vaut changer que de se battre contre des murs dorés /o\

      • [^] # Re: Tout intégré

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        Je pense que beaucoup de monde serait intéressé par ce genre best-off, un condensé de déboires bien ficelé pourrait faire réfléchir des directions, pas nécessairement changer les "décisions", mais faire prendre conscience du merdier avant d'avoir le nez dedans. Ça pourrait même bien être reconnu d'utilité publique.

  • # Question d'un non spécialiste du sujet

    Posté par  . Évalué à 0.

    Bonjour

    MS est en capacité de proposer des tenants certifiés Hébergement Données de Santé par exemple, donc en théorie ils savent faire de l'hébergement "France" (je ne connais pas le cahier des charges complet de l'HDS, c'est pour schématiser).

    La non conformité au droit européen est donc dû à un mauvais choix au moment de la contractualisation ou est ce que c'est autre chose ?

    Merci.

    • [^] # Re: Question d'un non spécialiste du sujet

      Posté par  . Évalué à 5.

      Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. La réalité, c'est qu'en tant qu'entreprise américaine, Microsoft n'a pas d'autres choix que de fournir les données si jamais une autorité américaine lui demande. Que les données soient aux US ou en Papouasie. C'est la loi américaine pour une entreprise américaine. Il y a un petit livret d'Hexatrust qui a le mérite d'être très clair (https://www.hexatrust.com/livre-blanc-cloud-act/) avec l'analyse juridique du Cloud Act rendue compréhensible.

    • [^] # Re: Question d'un non spécialiste du sujet

      Posté par  . Évalué à 2.

      Bonne question. La question de la conformité au droit se pose sans doute, pour beaucoup d'acteurs (entreprises, personnages politiques) comme la question «qu'est-ce que je risque si je confie des données personnelles à des entreprises états-uniennes ?».

      Et là, il y a deux théories qui s'affrontaient. D'un côté, les personnes qui vont s'intéresser un peu aux principes et dire que c'est irréaliste. De l'autre, des personnes qui se présenteront comme plus pragmatiques, avec implicitement le raisonnement suivant : j'ai besoin de confier mes données à des entreprises états-unienne parce que je ne sais pas/je ne veux pas faire autrement, donc il faut bien que ce soit légal (mais ma vision est sans doute biaisée).

      Dans ce deuxième camp, la commission européenne a défendu l'idée qu'il suffisait d'un petit accord entre les USA et l'union Européenne pour que les pays européens puissent exporter des données personnelles aux USA. Elle a mis en place un premier accord (Safe Harbor) pour cela (c'était avant le RGPD).

      À partir du moment où il y a cet accord, tout un chacun peut faire semblant qu'il n'y a pas de problème : «mon entreprise confie des données personnelles à des entreprises états-uniennes, mais ce n'est pas un problème sur le plan du droit [comprendre : je ne risque rien], regardez d'ailleurs cet accord de l'union européenne avec les USA le dit clairement».
      C'est ainsi que MS peut se faire certifier HDS et prétendre que c'est complètement légal.

      L'accord s'est fait retoquer par la cour de Justice de l'union européenne, qui a considéré que la législation états-unienne était incompatible avec l'«essence» même du droit à la vie privée. Le terme «essence» est dans le texte du jugement et, bien que je ne sois pas juriste, il me paraît extrêmement fort. Ça veut dire qu'il est impossible de réparer la directive Safe Harbor.

      Cela n'a pas découragé la commission, qui a proposé un deuxième accord (Privacy Shield). Celui-ci a été invalidé par la CJUE en 2020. Et la commission européenne prépare un nouveau texte.

      J'ai dit qu'il y avait deux théories qui s'affrontaient (à l'imparfait), parce que je pense qu'il n'y a plus vraiment d'affrontement : la théorie qui affirmait qu'on pouvait envoyer les données aux USA a quasiment perdu la bataille des idées. En raison de l'affaire Snowden, du Cloud Act, et des deux invalidations des accords existants plus celle, probable, du futur accord (Max Schrems dit déjà qu'il le fera invalider), il devient difficile de plaider qu'on peut confier des données personnelles à une entreprise états-unienne.

      Dans ce contexte, il me semble qu'il serait erroné de penser que la prise de position récente de l'éducation nationale citée dans l'article est quelque chose de mineur (prise de position qui suit la doctrine édictée récemment par la DINUM). C'est à mon avis un basculement majeur de l'éducation nationale, qui sera suivi par les autres ministères. Et pour répondre à un autre commentaire : y compris dans les universités. Car quelle que soit la difficulté techniques pour quitter les GAFAM, les services juridiques vont alerter les directions ministérielles/des universités/des rectorats pour leur signaler qu'il y a un risque fort. Et je vois mal ces directions ne pas écouter leurs services juridiques…

      Ça ne veut évidemment pas dire qu'on va basculer du «tout GAFAM» à du «tout logiciel libre» d'ici quelques mois. Il y aura évidemment des résistances fortes des GAFAM qui feront tout pour retarder l'évolution. Mais il y a, à mon avis, une tendance de fond qu'ils auront du mal à stopper.

  • # L'informatique au Ministère de l'EN

    Posté par  . Évalué à 3.

    Comme quelqu'un le précise, le Ministère (amer) de l'EN chapeaute un certain nombre d'agents et de services sur lesquels il n'a pas tous les pouvoirs, du fait de la décentralisation (si ! si ! elle existe !). Il faut savoir que l'histoire de la maîtrise de l'outil informatique au sein des établissements d'enseignement (mais il y a d'autres services que l'enseignement initial ou général, comme la formation professionnelle conduite par les GRETA, par exemple), suit les aléas de l'histoire générale du développement de l'informatique dans le pays, avec ceci de particulier qu'il fallait (et il faut toujours) "faire plus avec moins". Je place ici une légère critique un peu sévère sur la manière dont l'EN a appréhendé l'outil informatique. Dans un premier temps, sur le mode sceptique ("les fiches bristol pour gérer une bibliothèque c'est bien aussi !"); dans un second temps : "si tu n'as pas un tableau numérique dans ta classe tu es un boloss, gro !".
    Sauf que, comme cela a été souligné, non seulement l'EN (premier budget de la Nation) épuise ses budgets en salaires, parfois sur des postes administratifs dont on peut se demander s'ils sont vitaux (regardez un organigramme d'un rectorat, et cherchez les "chargés de mission"), mais elle a refusé de créer un poste de fonctionnaire titulaire pour chaque établissement (type technicien de maintenance réseau), préférant le bricolage : en lycée, un "prof" surmotivé par l'outil informatique, qui a passé ses nuits en auto-formation (genre : installer une distrib debian du temps de Windows 3.0 …) est recruté (sur la base du volontariat), avec un aménagement horaire; lequel consiste à devenir "personne ressource" de l'établissement, payé en heures supplémentaires assez maigres, mais sur un poste de "factotum". J'ai occupé ce genre de poste durant quelques années avant de convaincre mon chef d'établissement, puisqu'il s'avérait impossible de créer un poste de technicien, au moins de passer un contrat de maintenance avec une entreprise privée spécialisée, afin d'installer un vrai réseau pédagogique (au bas mot 20 postes en bibliothèque + 4 salles de 30 postes en sciences physique et SVT) et un réseau administratif (les 2 réseaux étant séparés pour des raisons de confidentialité, mais accédant tous les deux à un serveur académique dénommé "monlycee.net", lequel propose des applications assez variées.

    Inutile de décrire les difficultés d'installation et de gestion au jour le jour d'un parc informatique avec des (souvent "un seul") personnels bénévoles, dont la formation aux outils informatiques reposaient sur leurs propres lectures et expériences. Déjà, il a fallu convaincre le chef d'établissement de la nécessité d'investir dans du matériel et des solutions informatiques idoines. C'est ainsi que peu à peu les SLIS ont pu être installés, faisant accéder l'informatique scolaire à un plan un peu moins sommaire.

    Une des difficultés vient surtout de la disparité entre les régions et les départements : sur l'Académie de Versailles (Région Île de France) les ordinateurs (de marque Lenovo) sont changés tous les 4 ans. Mais en Lozère ou en Creuse ?
    La question de la multiplicité des mots de passe afin d'accéder à Pronote (application de gestion des bulletins scolaires, adossée à un LDAP), ou au réseau pédagogique, ou à sa messagerie académique se pose, bien entendu. De fait, la messagerie professionnelle est gérée par les ervices informatiques du Rectorat, avec un quota assez souple. Rien n'interdit d'avoir le même mot de passe pour cette messagerie et pour avoir accès à Pronote, via l'interface de "monlycee.net".

    Dernière difficulté : la culture informatique dans un établissement d'enseignement de type lycée général est quasi nulle : les enseignants, comme la population générale, usent des smartphones et de l'informatique comme tous les consommateurs lambda, si on excepte quelques uns qui réfléchissent aux injonctions du Ministère sur "l'apprentissage par les tablettes" et l'avalanche soudaine de micro-ordinateurs portables pour les élèves de classe de Seconde, pour ne rien dire de l'usage du smartphone en classe, en particulier lors des exercices de contrôle de connaissances. Le fait est que peu d'enseignants connaissent à fond un traitement de texte, ou des choses comme LaTeX (et encore moins ConTeXt), sauf quelques enseignants de mathématiques. Aussi, demander à un enseignant de latin-grec (ou d'anglais), de se former d'abord à Microsoft Office, puis de se mettre rapidement à un autre type de logiciel, c'est semble-t-il beaucoup demander, surtout que les formations internes visent des publics très hétérogènes (la "prof" de comptabilité doit maîtriser un tableur, mais la "prof" de lettres, que doit-elle impérativement maîtriser  ? Bien sûr, dans les filières de techniciens la formation des élèves requiert une bonne maîtrise des outils informatiques, mais sommes-nous bien sûr que ce que nous faisons avec un tableau numérique connecté à Internet apporte une valeur ajoutée à l'enseignement sans commune mesure avec ce que l'on faisait en classe il y a 50 ans ?

    Au départ

  • # L'informatique au Ministère de l'EN

    Posté par  . Évalué à 2.

    Comme quelqu'un le précise, le Ministère (amer) de l'EN chapeaute un certain nombre d'agents et de services sur lesquels il n'a pas tous les pouvoirs, du fait de la décentralisation (si ! si ! elle existe !). Il faut savoir que l'histoire de la maîtrise de l'outil informatique au sein des établissements d'enseignement (mais il y a d'autres services que l'enseignement initial ou général, comme la formation professionnelle conduite par les GRETA, par exemple), suit les aléas de l'histoire générale du développement de l'informatique dans le pays, avec ceci de particulier qu'il fallait (et il faut toujours) "faire plus avec moins". Je place ici une légère critique un peu sévère sur la manière dont l'EN a appréhendé l'outil informatique. Dans un premier temps, sur le mode sceptique ("les fiches bristol pour gérer une bibliothèque c'est bien aussi !"); dans un second temps : "si tu n'as pas un tableau numérique dans ta classe tu es un boloss, gro !".
    Sauf que, comme cela a été souligné, non seulement l'EN (premier budget de la Nation) épuise ses budgets en salaires, parfois sur des postes administratifs dont on peut se demander s'ils sont vitaux (regardez un organigramme d'un rectorat, et cherchez les "chargés de mission"), mais elle a refusé de créer un poste de fonctionnaire titulaire pour chaque établissement (type technicien de maintenance réseau), préférant le bricolage : en lycée, un "prof" surmotivé par l'outil informatique, qui a passé ses nuits en auto-formation (genre : installer une distrib debian du temps de Windows 3.0 …) est recruté (sur la base du volontariat), avec un aménagement horaire; lequel consiste à devenir "personne ressource" de l'établissement, payé en heures supplémentaires assez maigres, mais sur un poste de "factotum". J'ai occupé ce genre de poste durant quelques années avant de convaincre mon chef d'établissement, puisqu'il s'avérait impossible de créer un poste de technicien, au moins de passer un contrat de maintenance avec une entreprise privée spécialisée, afin d'installer un vrai réseau pédagogique (au bas mot 20 postes en bibliothèque + 4 salles de 30 postes en sciences physique et SVT) et un réseau administratif (les 2 réseaux étant séparés pour des raisons de confidentialité, mais accédant tous les deux à un serveur académique dénommé "monlycee.net", lequel propose des applications assez variées.

    Inutile de décrire les difficultés d'installation et de gestion au jour le jour d'un parc informatique avec des (souvent "un seul") personnels bénévoles, dont la formation aux outils informatiques reposaient sur leurs propres lectures et expériences. Déjà, il a fallu convaincre le chef d'établissement de la nécessité d'investir dans du matériel et des solutions informatiques idoines. C'est ainsi que peu à peu les SLIS ont pu être installés, faisant accéder l'informatique scolaire à un plan un peu moins sommaire.

    Une des difficultés vient surtout de la disparité entre les régions et les départements : sur l'Académie de Versailles (Région Île de France) les ordinateurs (de marque Lenovo) sont changés tous les 4 ans. Mais en Lozère ou en Creuse ?
    La question de la multiplicité des mots de passe afin d'accéder à Pronote (application de gestion des bulletins scolaires, adossée à un LDAP), ou au réseau pédagogique, ou à sa messagerie académique se pose, bien entendu. De fait, la messagerie professionnelle est gérée par les ervices informatiques du Rectorat, avec un quota assez souple. Rien n'interdit d'avoir le même mot de passe pour cette messagerie et pour avoir accès à Pronote, via l'interface de "monlycee.net".

    Dernière difficulté : la culture informatique dans un établissement d'enseignement de type lycée général est quasi nulle : les enseignants, comme la population générale, usent des smartphones et de l'informatique comme tous les consommateurs lambda, si on excepte quelques uns qui réfléchissent aux injonctions du Ministère sur "l'apprentissage par les tablettes" et l'avalanche soudaine de micro-ordinateurs portables pour les élèves de classe de Seconde, pour ne rien dire de l'usage du smartphone en classe, en particulier lors des exercices de contrôle de connaissances. Le fait est que peu d'enseignants connaissent à fond un traitement de texte, ou des choses comme LaTeX (et encore moins ConTeXt), sauf quelques enseignants de mathématiques. Aussi, demander à un enseignant de latin-grec (ou d'anglais), de se former d'abord à Microsoft Office, puis de se mettre rapidement à un autre type de logiciel, c'est semble-t-il beaucoup demander, surtout que les formations internes visent des publics très hétérogènes (la "prof" de comptabilité doit maîtriser un tableur, mais la "prof" de lettres, que doit-elle impérativement maîtriser  ? Bien sûr, dans les filières de techniciens la formation des élèves requiert une bonne maîtrise des outils informatiques, mais sommes-nous bien sûr que ce que nous faisons avec un tableau numérique connecté à Internet apporte une valeur ajoutée à l'enseignement sans commune mesure avec ce que l'on faisait en classe il y a 50 ans ?

    Une fois tout cela mis sur la table, les enseignants ne sont pas les mieux placés pour opérer un choix entre Office 365 et LibreOffice. D'une part, comme je l'ai dit, souvent du fait du rôle assez sommaire qu'ils font jouer à l'informatique. En langues vivantes, on enregistre de courtes vidéo-audio que l'on envoie à son professeur … Le plus souvent le tableau numérique (installé à grands frais par la Région) est ravalé au rang de gadget (cf. les tableaux numériques sur lesquels vont s'animer les graphiques ou le grand Duduche en train de baver devant la fille du proviseur). Certes, on accède à Internet pour afficher les détails d'un tableau ("la mort de Sardanapale" de Delacroix ?) au grand plaisir des élèves qui ne dorment pas, ou bien à telle ou telle autre ressource accessible depuis Youtube. Et enfin, comme je l'ai dit plus haut, les enseignants ne sont pas décisionnaires. Ils usent de LibreOffice, si tel est leur bon plaisir, mais travaillent avec les logiciels assignés dans les programmes officiels de l'EN. Je ne suis pas sûr, pour finir, que la majorité des enseignants (ou une forte minorité) soient informés de l'existence des "logiciels libres", de la différence entre Richard Stallman et Bill Gates, ou de l'utilité de pouvoir assigner manuellement un DNS … Bref ! Le monde de l'EN est un mélange de bricolages à base de système D (puisque l'enseignant jouit d'une certaine liberté) et de fortes contraintes administratives plus ou moins intelligibles. Sur le plan de la gestion des systèmes informatiques, on se trouve devant une pluralité de sites et d'applications : du système de serveurs académiques autonomes (accès aux missions d'examens avec ARENA, à son dossier numérisé par iProf, aux informations par la DANE, jusqu'au fameux Mon Lycée point Net.

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