Comment j’en suis venu à découvrir Linux, par Ian Murdock

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11
jan.
2016
Communauté

Ian Murdock est l’initiateur de la distribution Debian GNU/Linux. C’est à ce titre qu’il est mondialement connu. Il nous a malheureusement quitté le 28 décembre 2015.

Au mois d’août 2015, il a raconté comment il avait découvert les logiciels libres. Cet article, publié le 17 août sur son blog, sonne comme le début d’un testament qu’il aurait voulu rédiger.

Ce témoignage, comme celui de Linus Torvalds, montre comment, il y a plus de 20 ans, on découvrait les logiciels libres. À cette époque, Internet naissait et allait changer le monde…

Découvrez la traduction du blog de Ian dans la seconde partie de l’article (version originale publiée sous CC by 4.0).

Sommaire

Comment j’en suis venu à découvrir Linux

Par Ian Murdock, 17 août 2015

J’ai vu ma première station Sun à l’hiver 1992, alors que j’étais en premier cycle à l’Université Purdue. À ce moment, j’étais étudiant à la Keanner School of Management, et un amour d’enfance pour les ordinateurs fut ravivé par un cours obligatoire de programmation informatique que j’ai suivi durant le semestre d’automne (nous avions le choix entre le COBOL et le FORTRAN — qui même en 1992 semblait très démodé — et j’ai donc pris le COBOL qui me paraissait être le plus « business » des deux).

À peu près dix ans auparavant, mon père, un professeur d’entomologie à Purdue, avait remplacé au travail sa machine à écrire par un Apple II+. Pensant que son fils de neuf ans pourrait s’éclater avec, il l’apporta à la maison un week-end avec un jeu ressemblant à Space Invaders qu’il avait acheté au ComputerLand local. J’ai passé des heures sur cet ordinateur ce week-end-là. J’accompagnais bientôt Papa au labo à chaque opportunité pour passer autant de temps que possible sur l’ordinateur.

Étant un garçon de neuf ans, j’étais attiré au début, de façon prévisible, par les jeux et l’intérêt que je leur portais me conduisit à ma première exposition à la programmation : des magazines d’informatique qui incluaient des listes de code de jeux très simples, que je tapais laborieusement dans l’Apple — et après des heures de travail, j’espérais n’avoir fait aucune erreur (l’Apple II, au moins au sortir de la boîte, utilisait un simple éditeur ligne par ligne, par conséquent revenir en arrière et effectuer des changements était très fastidieux, sans mentionner en premier lieu la recherche d’erreurs).

Peu de temps après, j’ai rencontré Lee Sudlow tandis que je traînais au labo les week-ends. Lee était un des étudiants de deuxième cycle de Papa et avait commencé à utiliser l’Apple pour l’appuyer dans ses expériences. Lee était toujours heureux d’expliquer ce qu’il faisait, alors que je lui tournais autour zyeutant au-dessus de son épaule, son obligeance était sans doute motivée — au moins en partie — par le fait que le morveux de neuf ans scrutant chacun de ses gestes était le fils de son conseiller académique. Ne me rendant pas compte de ce genre de choses, je le regardais avec fascination taper du code dans l’Apple — code qu’il inventait lui-même, et non qu’il lisait dans un magazine informatique.

Entre l’apprentissage par l’exemple à travers l’étude du code des magazines et la tutelle occasionnelle de Lee, j’écrivais peu de temps après des jeux et autres programmes simples, d’abord en Applesoft BASIC et plus tard en assembleur pour 6502. Pour encourager mon intérêt croissant, Papa finit par acheter un Apple IIe pour la maison, et mon histoire d’amour avec l’informatique continua pendant plusieurs autres années. Néanmoins, en entrant dans mes années d’adolescence, l’ordinateur fut progressivement remplacé par des choses plus pressantes, comme le baseball, la musique, les filles, et au milieu des années 1980, la poussière s’amassait sur l’Apple dans le placard de ma chambre aux côtés de mes collections de romans Les Frères Hardy et de figurines Star Wars.

Mon obsession pour l’informatique est restée dormante durant les six années suivantes, jusqu’à ce qu’elle soit réactivée fortuitement durant ce cours de COBOL à l’automne 1992. Lorsque le cours se termina, j’ai naturellement perdu mon compte sur l’ordinateur central IBM 3090 sur lequel nous effectuions nos exercices et travaux de laboratoire. Heureusement, en tant qu’étudiant, j’avais droit à un compte personnel sur l’une des machines du centre informatique de l’université, soit l’IBM soit l’un des trois mini-ordinateurs Sequent Symmetry qui tournait sous DYNIX, une variante du système d’exploitation UNIX. Un ami m’a convaincu qu’UNIX était plus intéressant et avait davantage un brillant avenir que les machines virtuelles et moniteurs conversationnels d’IBM ; j’ai donc suivi son conseil, et je fis une demande pour un compte sur l’une des machines Sequent. La semaine suivante, j’étais le fier titulaire d’un compte sur sage.cc, complété par l’allocation princière de 500 kilo-octets d’espace disque. (Oui, je suis sarcastique — 500 kilo-octets est un espace misérable même pour 1992. J’ai fini par trouver des moyens d’y faire face).

J’eus un appétit vorace pour UNIX cet hiver. Je passais la plupart de mes soirées dans le sous-sol du bâtiment des mathématiques me prélassant dans la phosphorescente lueur verte des terminaux Z-29, explorant dans les moindres recoins le système UNIX. Un silence sinistre régnait dans ces salles de terminaux, où seul le son du clac, clac, clac de quelques douzaines de claviers persistait, interrompu parfois par un occasionnel chuchotement « Hé, regarde ça… »
Souvent, après une nuit d’exploration, je quittais le bâtiment par un détour pour passer devant une fenêtre de verre plat derrière laquelle le centre informatique abritait ses machines. Je contemplais avec émerveillement le Sequent Symmetry de la taille d’un réfrigérateur que je venais d’utiliser, je scrutais ses lumières clignotantes en sachant que des centaines de personnes se trouvaient encore à l’intérieur, même si ce n’était que virtuellement, grâce à la magie du temps partagé, une technique que les ordinateurs avancés utilisaient pour diviser la puissance de calcul de la machine entre plusieurs utilisateurs, fournissant l’illusion à chacun d’entre eux d’être le seul et l’unique à l’exploiter. Par-dessus tout, j’observais avec envie les opérateurs système assez privilégiés pour s’asseoir de l’autre côté de la fenêtre maniant dans la console le pouvoir tout-puissant du « superuser ».

Insatisfait par les Z-29, je commençais à rôder autour du campus la nuit tombée avec un ami, Jason Balicki, pour voir ce qui pouvait être trouvé d’autre. Jason suivait depuis quelques années le parcours des sciences informatiques, il savait donc où chercher (même si nous faisions nos explorations — cela faisait partie du plaisir — en entrant la nuit dans les bâtiments et en essayant les poignées des différentes salles, qui semblaient contenir des ordinateurs, pour voir si elles étaient restées ouvertes).

J’ai appris que les meilleurs labos se trouvaient dans le bâtiment de « management des sciences de l’ingénieur » (connu sur le campus par son malheureux acronyme, ENAD), où plusieurs salles de terminaux X offraient une interface graphique noir et blanc aux Sequent et autres machines UNIX du campus. Bientôt, mon lieu préféré de « hacking » (un terme que Jason me fit découvrir) se trouva dans un des laboratoires de terminaux X, qui étaient techniquement réservés aux seuls étudiants en ingénierie, une restriction qui n’était protégée par aucun mot de passe — et que nous ignorions scrupuleusement.

Mais la richesse du bâtiment de l’ENAD se trouvait dans ses laboratoires de stations de travail SUN. Contrairement aux modestes Z-29 et même aux terminaux X comparativement avancés, les SUN étaient des œuvres d’art, avec leurs boîtiers aux lignes pures et leurs écrans couleur haute résolution. Jason exposait en outre qu’ils faisaient tourner le meilleur UNIX existant, SunOS, même si les SUN étaient considérablement mieux verrouillés que les terminaux X, exigeant un compte sur le réseau du département d’ingénierie pour y accéder ; je n’ai donc pas eu l’opportunité de me servir vraiment de SunOS avant un bon moment.

J’accédais également à UNIX depuis la maison via mon ordinateur basé sur un Intel 80286 et un modem 2400 bauds, qui m’épargnait une longue marche vers le labo d’informatique à travers le campus, particulièrement les jours de grand froid. Être capable d’accéder au Sequent depuis la maison était génial, mais je voulais reproduire l’expérience des terminaux X du bâtiment de l’ENAD. De la sorte un jour, en janvier 1993, j’entrepris de trouver un serveur X qui aurait pu tourner sur mon PC. Au cours de cette recherche sur Usenet, je suis tombé sur quelque chose nommé « Linux ».

Linux n’était pas un serveur X bien sûr, mais c’était quelque chose de bien mieux : un système d’exploitation complet pour PC ressemblant à UNIX, quelque chose que je n’avais même pas pu envisager et qui existait bien. Malheureusement, il réclamait au minimum un processeur 386, et mon ordinateur n’avait qu’un 286. J’ai commencé alors à mettre des sous de côté afin d’acquérir une machine suffisamment rapide pour le faire fonctionner, et pendant que j’économisais, je dévorais tout ce que je trouvais sur l'objet de mon désir. Quelques semaines plus tard, je postais un message sur le groupe Usenet d’informatique de Purdue demandant si quelqu’un sur le campus utilisait Linux — et je reçus une réponse d’un étudiant en informatique, Mike Dickey, qui m’invita volontiers à venir voir son installation Linux.
Empli d’inspiration, j’ai acheté une boîte de trente disquettes et j’ai commencé le lent processus de téléchargement de Linux sur celles-ci depuis une salle d’informatique du bâtiment Krannert, même si je devais encore patienter un mois de plus avant de pouvoir m’offrir un ordinateur capable d’effectuer une telle installation. Finalement, je n’ai pas pu attendre. Jason et moi avons trouvé dans l’une des résidences une salle d’informatique, qui n’avait pas été fermée, contenant un seul PC et, un soir de février, au milieu de la nuit, nous nous sommes mis à installer Linux sur cet ordinateur. Je me demande encore parfois ce qu’a dû penser l’étudiant malchanceux arrivé en premier le lendemain matin.

Le noyau Linux avait été créé environ une année et demie auparavant par Linus Torvalds, un étudiant de vingt-et-un ans en premier cycle d’informatique à l’Université d’Helsinki. Passionné par les ordinateurs depuis longtemps, Torvalds avait suivi un parcours à peu près similaire au mien, cependant il avait commencé son parcours en programmation sur un Commodore Vic-20, et n’avait pas été distrait par les intérêts traditionnels d’un adolescent durant les années 1980. La première exposition de Torvalds à UNIX datait de 1990 durant un cours universitaire et, comme moi, ce fut le coup de foudre au premier regard.

Durant l’automne de la même année, Torvalds suivit un cours sur les systèmes d’exploitation qui se basait sur le livre Operating Systems: Design and Implementation d’Andrew Tanenbaum, un professeur d’informatique de l’Université libre d’Amsterdam. L’ouvrage de Tanenbaum enseignait les systèmes d’exploitation par une série d’exemples au travers d’un clone d’UNIX pour PC qu’il avait écrit, nommé MINIX ; son livre contenait le code source complet de MINIX — le code de programmation humainement lisible (et modifiable) — ainsi qu’une série de disquettes pour que les lecteurs puissent installer, utiliser, et modifier le système d’exploitation.

Intrigué, Torvalds acheta un PC au début de l’année 1991, et rejoignit la communauté MINIX en plein essor, des dizaines de milliers de membres compétents largement réunis par le groupe de discussion Usenet comp.os.minix. Il commença alors non seulement à expérimenter MINIX mais aussi les nouvelles capacités de commutation de contexte du processeur Intel 80386 de son ordinateur. (La commutation de contexte facilite le fonctionnement de plus d’un programme à la fois sur le processeur, l’un des prérequis d’un système à temps partagé comme celui du Sequent Symmetry, que j’allais découvrir l’année suivante à Purdue). Durant l’été 1991, les expériences de Torvalds avec la commutation de contexte commençaient à évoluer en un noyau de système d’exploitation à part entière, la pièce maîtresse du code d’un système d'exploitation permettant l’accès au processeur, à la mémoire, aux disques ainsi qu’aux autres composants de l’ordinateur, et qui fournit une interface simplifiée à ces fonctions informatiques, qui permettent à des applications complexes d’être écrites plus aisément (Glyn Moody, Rebel Code: Inside Linux and the Open Source Revolution, Basic Books, 2002, p. 8, 13, 32-42).

MINIX n’était pas le seul projet existant de système d’exploitation animant les amateurs en 1991, bien qu’il fût l’un des rares à être suffisamment complet pour être utilisé, et l’un des seuls à pouvoir fonctionner sur un modeste ordinateur. Le projet de système d’exploitation le plus connu jusque-là était GNU, présidé par Richard Stallman. Ce dernier, qui programmait depuis le milieu des années 1960 et qui a été développeur système au MIT de 1971 à 1983, était un « hacker » de la vieille école, un individu qui s’implique dans l’informatique pour l’amour même de l’informatique, parfois aussi de façon militante (comme pour Stallman), et pour la croyance que toute information devrait être librement partagée.

Le but du projet GNU était de produire un système d’exploitation libre (non seulement gratuit, mais aussi libre dans le sens qu’il serait librement modifiable) compatible avec UNIX (GNU était une sorte d’acronyme récursif pour « GNU’s Not UNIX », une sorte parce que cette dénomination employait une technique puissante souvent utilisée par les programmeurs appelée récursion, qui implique un calcul s’utilisant lui-même comme l’une de ses variables). Stallman lança le projet GNU en 1983 en réponse au marché fleurissant du logiciel propriétaire, dans lequel le code source n’était pas modifiable, et le plus souvent même inaccessible.

Le logiciel propriétaire était un fait relativement nouveau au début des années 1980 et, pour Stallman, une évolution très perturbante. Jusqu’à cette époque, les logiciels étaient pour la plupart distribués librement avec le matériel informatique, et les hackers partageaient souvent des copies de ce code source avec leurs propres modifications et améliorations. Stallman considérait cette tendance grandissante favorisant le logiciel propriétaire tout simplement comme le premier pas vers un 1984 numérique, où les utilisateurs d’ordinateurs, et finalement toute la société, seraient maintenus prisonniers par les intérêts cupides d’entreprises commerciales, et il était déterminé à stopper ce mouvement.

À la mi-1991, Stallman et un groupe informel de volontaires avaient assemblé quasiment l’ensemble du système d’exploitation GNU — un compilateur, un débogueur, un éditeur, un interpréteur de commandes (ou « shell »), et une variété d’outils et de bibliothèques qui ressemblaient à UNIX, mais en mieux — les versions du projet GNU étaient presque universellement considérées comme supérieures à celles de son éponyme. La seule pièce manquante était le noyau, et une petite équipe venait d’être formée pour écrire ce dernier élément à la Free Software Foundation de Stallman, une organisation à but non lucratif qu’il avait créé en 1985 pour superviser le développement de GNU et servir d’une certaine manière de gardien du logiciel libre. Les hackers à travers le monde pensaient qu’il ne s’agirait que d’une question de temps avant que GNU soit achevé et disponible, et qu’ils disposent enfin d’un système d’exploitation libéré du fardeau propriétaire.

À l’autre bout de la planète, le noyau de système d’exploitation de Torvalds devenait suffisamment complet pour être distribué au monde entier. Dans un message aujourd’hui célèbre publié sur comp.os.minix le 25 août 1991, Torvalds écrivit :

Bonjour à tous ceux qui utilisent minix -

Je suis en train d’écrire un système d’exploitation (libre) pour des compatibles PC-AT 386/486 (juste un hobby, ça ne sera pas grand et professionnel comme GNU). Cela mijote depuis avril, et ça commence à être prêt. J’aimerais bien avoir des retours sur les choses que les gens aiment ou non dans minix, comme mon système y ressemble d’une certaine manière (même conception du système de fichiers (pour des raisons pratiques) parmi d’autres choses).

La réponse fut immédiate et très enthousiaste. Alors que tout le monde s’attendait à ce que GNU soit terminé de façon imminente, il n’était toujours pas disponible, au moins dans une forme qui aurait pu être utilisée sans une base échafaudée à partir d’UNIX. Et même si MINIX était populaire, il n’était pas gratuit, bien qu’il fût peu coûteux en comparaison des autres systèmes UNIX. Mais peut-être le plus important, MINIX était conçu d’abord comme une aide à l’enseignement, et non comme un logiciel de production. Tanenbaum avait donc horreur d’inclure les nombreux patchs et modifications du système d’exploitation qui étendaient ses capacités, qu’il recevait massivement tous les jours de hordes de passionnés du monde entier, craignant que leur ajout ne rende MINIX trop compliqué et, en conséquence, plus difficile à comprendre pour ses étudiants.

L’appât que représentait un système d’exploitation pour PC similaire à UNIX, aussi imparfait soit-il, libre et pouvant évoluer à la vitesse souhaitée par sa communauté, était une trop grande tentation pour beaucoup d’utilisateurs MINIX, qui se réunirent rapidement en nombre autour du nouveau système de Torvalds, surnommé à l’automne 1991 « Linux ». Mais Linux n’était qu’un noyau — il nécessitait en plus l’installation d’une variété d’outils et d’applications pour qu’il puisse effectivement faire quelque chose. Heureusement, la plupart de ces outils existaient déjà grâce au projet GNU de Stallman.

En 1992, quelques utilisateurs intrépides débutèrent le rassemblement de collections d’images disquettes qui combinaient Linux et la chaîne d’outils GNU afin de faciliter le fonctionnement du système et l’émergence de nouveaux utilisateurs. Ces collections (plus tard nommées « distributions ») s’amélioraient progressivement, et au moment où j’acquis finalement mon PC en mars 1993, la distribution Soflanding Linux System (ou SLS) s’était développée en une trentaine de disquettes et incluait maintenant une quantité d’applications — et oui, également un logiciel identique à celui qui faisait fonctionner les terminaux X du bâtiment de l’ENAD.

Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais trouvé le temps d’essayer de me connecter depuis mon PC au serveur X basé maintenant sur Linux du Sequent, ce qui aurait été terriblement lent à 2400 bauds — plusieurs milliers de fois plus lent que la vitesse actuelle. Je disposais à présent d’un UNIX rien qu’à moi, un UNIX que je pouvais explorer juste là, sur mon bureau. Et cette exploration je l’ai faite, dans un véritable cours intensif UNIX. Lorsque je me suis remis de l’excitation d’être le « superuser », cette puissance indicible que je n’avais pu auparavant qu’admirer au travers d’une vitre, je suis devenu captivé non pas tellement par Linux lui-même mais par le processus qui l’a vu naître — des centaines d’individus hackant depuis leur petit coin du système et utilisant Internet pour échanger du code, et lentement mais sûrement améliorer le système grâce à chacune des modifications.
J’ai alors entrepris de faire une contribution personnelle à cette communauté grandissante, une nouvelle distribution appelée Debian qui serait plus facile d’utilisation et plus robuste, parce qu’elle serait construite et maintenue collaborativement par ses utilisateurs, un peu comme Linux.

Mise à jour

Le 21 août 2015

Wow. La réponse à mon dernier article How I came to find Linux a été fulgurante.

Peut-être est-ce parce que j’ai relu pour la énième fois Hackers de Steven Levy, mais je pense que le récit de notre génération doit être raconté. C’était réellement une période différente par rapport à celle d’aujourd’hui — les capacités de calcul et de stockage étaient très peu abondantes ; la connectivité était rare, pas du tout répandue ; et l’idée d’un monde de l’information organisé et universellement accessible restait de la science-fiction.

Je ne suis pas sûr de la forme que prendra finalement cette histoire. Cela pourrait être un livre, une suite dans l’esprit de Hackers (ce qui serait certainement une manière appropriée d’y penser, puisque Hackers se termine avec un jeune Richard Stallman fondant le projet GNU, et le récit de notre génération débute justement à ce moment). Cela pourrait être un podcast, notre version de The Glory of Their Times. Cela pourrait juste être une série d’essais comme celui que j’ai écrit. Quel que soit le format choisi, cette chose que je pense comme un « Projet de l’histoire du libre » est en train de prendre forme.

Avant que je ne perde trop de temps dans cette idée, je pensais malgré tout vous soumettre ce projet.

Quelqu’un d’intéressé  ?

-ian

Aller plus loin

  • # Nom de code Linux

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Super intéressant. Cela m'a rappelé le documentaire 'Nom de code Linux' :-)

  • # The birth of Debian, in the words of Ian Murdock himself

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

  • # Suite

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    Ha bon ? Richard Stallman a été jeune un jour ?

    Blague à part, merci pour cet article, et c'est vrai qu'une suite de "Hackers" pourrait être vachement intéressante !

  • # Petite erreur

    Posté par  . Évalué à 4.

    C'est Steven Levy pas "Stephen Levy".

  • # Puis-je publier cette mise en pages ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

    Merci beaucoup pour la traduction.

    Pour partager ça autour de moi, j'ai réalisé une petite mise en pages que j'imprime en mode brochure (A5 portrait sur papier A4 paysage).

    http://www.spaceeman.be/ianmurdock/

    Titre de l'image

    J'essaye de la jouer réglo'. J'ai passé 1 heure pour réaliser le document en lui-même. Mais 2 heures pour les dispositions ("précautions") à propos des licences. Qu'en pensez-vous ?

    D'abord à propos de la photo, je suis embêté car il n'y a pas de tel sourire sur commons.wikimedia.org et sur Flicker je ne trouve pas comment contacter l'auteur… (hormis poster un commentaire…)

    Ensuite pour mon travail en lui-même, CC by-sa ?

    • [^] # Re: Puis-je publier cette mise en pages ?

      Posté par  . Évalué à 5.

      On dirais que tu lui a fais les oreilles de mickey!

      Allez tous vous faire spéculer.

    • [^] # Re: Puis-je publier cette mise en pages ?

      Posté par  . Évalué à 1.

      Content que ça te plaise comme trad'.

      Peut-être deux suggestions : 1) une justification du texte (je trouve ça plus facile à lire, que le texte aligné à droite) 2) pour l'image, peut-être diminuer la luminosité pour éviter la brillance. Et peut-être mettre la photo en NB, et en suite utiliser un filtre de la même couleur que le logo Debian. Une suggestion qui devrait être réalisable facilement dans GIMP.

      En tout cas, c'est sympa de l'avoir mis en forme. La trad' est en CC-BY-SA, et le texte original en CC-BY. Donc, oui, CC-BY-SA, ça marche très bien. Sauf peut-être si la photo n'est pas libre.

      • [^] # Re: Puis-je publier cette mise en pages ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2. Dernière modification le 21 janvier 2016 à 15:45.

        Merci pour vos suggestion. Voici une seconde version :
        Titre de l'image
        http://www.spaceeman.be/ianmurdock/

        Je ne préciserai pas de licence pour la brochure en elle-même pour l'instant à cause de la photo. J'ai identifié l'auteur, Terri Molini, mais je pas encore trouvé le moyen de la contacter sans devoir m'inscrire sur Flickr ou Linedin :( Voici la question que je lui poserais :

        Ian Murdock nous offrait là un beau sourire. Puis-je utiliser cette photo pour lui rendre hommage sous licence CC by-sa ?

  • # Un grand MERCI

    Posté par  . Évalué à 2.

    Merci, ça m'a personnellement fait beaucoup de bien de lire ça !

  • # Merci

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Merci pour cette chouette lecture.

    Dyslexics have more fnu.

  • # Une série ?

    Posté par  . Évalué à 9.

    Juste un mot pour vous dire que je suis content de voir ces retours positifs, et que cette initiative vous ait plu.
    Ca me donne l'engouement nécessaire pour peut-être entamer une série de traductions sur l'histoire de l'informatique et du libre. Peut-être des textes de Ritchie sur la passion de Thompson pour les échecs, sur l'histoire du "bug" par Hopper, sur le Tiny BASIC de Wang et son all wrongs reserved, ou le copyleft de Hopkins.
    Je vais voir ce que je trouve comme textes sympas (publiés avec une licence libre).

    Qu'en pensez-vous ? Peut-être des suggestions ?

    • [^] # Re: Une série ?

      Posté par  . Évalué à 2.

      Bonsoir,
      Merci pour votre travail.

      J’espère bien en voir d'autres bientôt :-)

      @++

    • [^] # Re: Une série ?

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

      Salut,

      framasoft a une équipe de traduction utilisant le framapad, je pense qu'un tel projet les intéresserait beaucoup, tu peux peut-être les contacter ? Avec Publication commune sur Framablog/DLFP ça serait top :)

      • [^] # Re: Une série ?

        Posté par  . Évalué à 2.

        Je vais faire un choix de texte et leur soumettre, pour voir s'ils sont intéressés. C'est une bonne idée (j'avais pensé à eux au début d'ailleurs). Dans tous les cas, ça va continuer !
        Pour l'instant, j'opte pour Ritchie et Thompson, mais il y a un texte de Stallman sur le hacking non traduit (mais je trouve ça moins original).

      • [^] # Re: Une série ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        Voir par exemple un précédent de collaboration Framasoft/LinuxFr.org pour la traduction de Open Advice (suivre le tag openadvice).

    • [^] # Re: Une série ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

      Sommaire

      Peut-être rajouter le manifeste publié par Murdock dans les CD de la version 2.1 en juin 1994

      Please note that this document is provided in order to document
      Debian's history. While the general ideas still apply some details
      changed.


      Appendix
      The Debian Manifesto


      The Debian Linux Manifesto
      Written by  Ian A. Murdock
                   Revised 01/06/94
      

      What is Debian Linux?

      Debian Linux is a brand-new kind of Linux distribution. Rather than
      being developed by one isolated individual or group, as other
      distributions of Linux have been developed in the past, Debian is being
      developed openly in the spirit of Linux and GNU. The primary purpose
      of the Debian project is to finally create a distribution that lives up
      to the Linux name. Debian is being carefully and conscientiously put
      together and will be maintained and supported with similar care.

      It is also an attempt to create a non-commercial distribution that will
      be able to effectively compete in the commercial market. It will
      eventually be distributed by The Free Software Foundation on CD-ROM,
      and The Debian Linux Association will offer the distribution on floppy
      disk and tape along with printed manuals, technical support and other
      end-user essentials. All of the above will be available at little more
      than cost, and the excess will be put toward further development of
      free software for all users. Such distribution is essential to the
      success of the Linux operating system in the commercial market, and it
      must be done by organizations in a position to successfully advance and
      advocate free software without the pressure of profits or returns.

      Why is Debian being constructed?

      Distributions are essential to the future of Linux. Essentially, they
      eliminate the need for the user to locate, download, compile, install
      and integrate a fairly large number of essential tools to assemble a
      working Linux system. Instead, the burden of system construction is
      placed on the distribution creator, whose work can be shared with
      thousands of other users. Almost all users of Linux will get their
      first taste of it through a distribution, and most users will continue
      to use a distribution for the sake of convenience even after they are
      familiar with the operating system. Thus, distributions play a very
      important role indeed.

      Despite their obvious importance, distributions have attracted little
      attention from developers. There is a simple reason for this: they are
      neither easy nor glamorous to construct and require a great deal of
      ongoing effort from the creator to keep the distribution bug-free and
      up-to-date. It is one thing to put together a system from scratch; it
      is quite another to ensure that the system is easy for others to
      install, is installable and usable under a wide variety of hardware
      configurations, contains software that others will find useful, and is
      updated when the components themselves are improved.

      Many distributions have started out as fairly good systems, but as time
      passes attention to maintaining the distribution becomes a secondary
      concern. A case-in-point is the Softlanding Linux System (better known
      as SLS). It is quite possibly the most bug-ridden and badly maintained
      Linux distribution available; unfortunately, it is also quite possibly
      the most popular. It is, without question, the distribution that
      attracts the most attention from the many commercial "distributors" of
      Linux that have surfaced to capitalize on the growing popularity of the
      operating system.

      This is a bad combination indeed, as most people who obtain Linux from
      these "distributors" receive a bug-ridden and badly maintained Linux
      distribution. As if this wasn't bad enough, these "distributors" have
      a disturbing tendency to misleadingly advertise non-functional or
      extremely unstable "features" of their product. Combine this with the
      fact that the buyers will, of course, expect the product to live up to
      its advertisement and the fact that many may believe it to be a
      commercial operating system (there is also a tendency not to mention
      that Linux is free nor that it is distributed under the GNU General
      Public License). To top it all off, these "distributors" are actually
      making enough money from their effort to justify buying larger
      advertisements in more magazines; it is the classic example of
      unacceptable behavior being rewarded by those who simply do not know
      any better. Clearly something needs to be done to remedy the
      situation.

      How will Debian attempt to put an end to these problems?

      The Debian design process is open to ensure that the system is of the
      highest quality and that it reflects the needs of the user community.
      By involving others with a wide range of abilities and backgrounds,
      Debian is able to be developed in a modular fashion. Its components
      are of high quality because those with expertise in a certain area are
      given the opportunity to construct or maintain the individual
      components of Debian involving that area. Involving others also
      ensures that valuable suggestions for improvement can be incorporated
      into the distribution during its development; thus, a distribution is
      created based on the needs and wants of the users rather than the needs
      and wants of the constructor. It is very difficult for one individual
      or small group to anticipate these needs and wants in advance without
      direct input from others.

      Debian Linux will also be distributed on physical media by the Free
      Software Foundation and the Debian Linux Association. This provides
      Debian to users without access to the Internet or FTP and additionally
      makes products and services such as printed manuals and technical
      support available to all users of the system. In this way, Debian may
      be used by many more individuals and organizations than is otherwise
      possible, the focus will be on providing a first-class product and not
      on profits or returns, and the margin from the products and services
      provided may be used to improve the software itself for all users
      whether they paid to obtain it or not.

      The Free Software Foundation plays an extremely important role in the
      future of Debian. By the simple fact that they will be distributing
      it, a message is sent to the world that Linux is not a commercial
      product and that it never should be, but that this does not mean that
      Linux will never be able to compete commercially. For those of you who
      disagree, I challenge you to rationalize the success of GNU Emacs and
      GCC, which are not commercial software but which have had quite an
      impact on the commercial market regardless of that fact.

      The time has come to concentrate on the future of Linux rather than on
      the destructive goal of enriching oneself at the expense of the entire
      Linux community and its future. The development and distribution of
      Debian may not be the answer to the problems that I have outlined in
      the Manifesto, but I hope that it will at least attract enough
      attention to these problems to allow them to be solved.

  • # MERCI

    Posté par  . Évalué à 1.

    UN MYTHE.
    Cette lecture m'a émue. Je relirai.
    Je vais en parler autour de moi. Peut-être qu'elle peut éveiller une passion.
    Je dois la mienne, née il y a 4 ans, à un formateur AFPA que je remercie aujourd'hui ici.

    Ni gamer, ni nolife, juste une geek un peu nerd qui bidouille.

  • # Merci

    Posté par  . Évalué à 0.

    J'avais déjà lu la version originale mais la traduction est de très bonne qualité.

    La majeure partie des morts l'était déjà de son vivant et le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.

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