Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne

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42
17
nov.
2024
Justice

Une pétition récemment déposée au Parlement européen propose de développer un système d’exploitation open source, baptisé « EU-Linux », destiné à équiper les administrations publiques des États membres. Selon son auteur, un citoyen autrichien anonyme, cette initiative vise à réduire la dépendance de l’Union européenne aux logiciels propriétaires, notamment ceux de Microsoft, tout en renforçant la souveraineté numérique, la conformité au RGPD et la transparence, et en contribuant au développement durable. Le texte de la pétition souligne également l'importance de promouvoir des solutions open source pour remplacer les logiciels propriétaires dans les tâches quotidiennes des administrations publiques.

Cette initiative, certes modeste, a le mérite de remettre sur la table les enjeux techniques et organisationnels du passage de grandes administrations publiques à Linux. Elle interroge aussi sur la manière dont l’Union européenne pourrait s’engager plus activement en faveur des logiciels libres dans ses infrastructures numériques: Comment garantir, par des choix techniques et de gouvernance, une collaboration efficace entre les institutions, les communautés open source et les acteurs industriels pour assurer la qualité, la pérennité et l’évolution de cette distribution ? Comment surmonter les résistances culturelles et organisationnelles au sein des administrations ?

En s’appuyant sur des précédents comme, par exemple, LiMux en Allemagne ou GendBuntu en France, ce projet offre une opportunité de tirer les leçons des expériences passées. La communauté open source est invitée à participer à ce débat pour proposer des solutions concrètes et faire de cette proposition un catalyseur pour une véritable souveraineté numérique européenne.

Ce qui suit est une version condensée des idées et des références développées dans la note Sovereign OS “EU Linux” de l'auteur de cette dépêche.

Pourquoi cette initiative est pertinente ?

L’initiative EU-Linux répond à des enjeux stratégiques cruciaux pour l’Union européenne. La dépendance aux logiciels propriétaires et aux services cloud, majoritairement développés et opérés hors de l’Europe, expose les données sensibles des administrations à des risques de cybersécurité et à une surveillance permise par les loi extra-territoriales des pays concernés. En adoptant un système et des solutions open source, l’Europe pourrait garantir une transparence totale, renforcer la protection des données personnelles, économiques et stratégiques, et accroître sa souveraineté numérique, tout en favorisant des économies substantielles sur les coûts de licences logicielles.

Des études récentes démontrent que l’open source est déjà un pilier essentiel de l’économie numérique européenne. Une analyse publiée par la Commission (2021) estime que l’adoption accrue des logiciels libres pourrait générer jusqu’à 95 milliards d’euros de valeur économique annuelle d’ici 2030 dans l’UE.

Quels sont les précédents ?

Plusieurs initiatives à travers le monde ont exploré des approches similaires pour renforcer leur autonomie numérique. En France, la Gendarmerie a migré plus de 70 000 postes vers Ubuntu, réalisant des économies significatives tout en améliorant la sécurité. En Russie, Astra Linux a été adopté pour les besoins des administrations nationales, garantissant une conformité totale avec leurs exigences sécuritaires. En Allemagne, le projet LiMux à Munich a démontré la faisabilité technique, financière et organisationnelle d’un tel passage, bien qu’il ait été stoppé en raison de pressions politiques et institutionnelles. Le plan de migration engagé par le Land de Schleswig-Holstein, en cours depuis 2021, démontre que l'expérience malheureuse de Munich n'a pas freiné les volontés de certains gouvernements régionaux d'adopter des solutions open source pour leurs administrations.

En France, le sujet a été abondamment discuté en 2016 dans le cadre de l'idée d'un "OS souverain", mise en avant notamment par Delphine Batho, députée de l’époque. Cette proposition visait à créer une alternative open source pour les administrations publiques, basée sur des distributions Linux existantes comme Debian ou Ubuntu, tout en favorisant un développement national pour mieux protéger les données sensibles et réduire la dépendance aux géants étrangers. Bien que cette idée ait reçu un certain écho médiatique, elle s’est heurtée à un scepticisme important, y compris de personnes qui auraient pu contribuer plus positivement à la discussion et à des propositions constructives. Deux études récentes (2022), l'une pour la DGFIP et l'autre pour le Ministère des armées, soulignent la faisabilité technique et esquissent des pistes de réalisation de tels projets.

Quelle approche pourrions-nous proposer ?

Pour maximiser les chances de succès d’EU-Linux, il est essentiel d’adopter une approche collaborative impliquant les institutions européennes, les communautés open source et les industriels locaux. Plutôt que de partir de zéro, l’initiative devrait s’appuyer, d'une façon ou d'une autre, sur des distributions Linux existantes, disposant d'une forte proportion de développeurs en Europe, comme par exemple Debian ou NixOS, reconnues pour leur fiabilité et leur large adoption. La communauté open source européenne pourrait ainsi jouer un rôle central dans la personnalisation et la maintenance de cette distribution, dans le cadre d'une gouvernance partagée, et en tirant parti de l’écosystème déjà riche de compétences et de solutions disponibles.

Quelles sont les questions ouvertes ?

Plusieurs interrogations stratégiques restent en suspens. Quelle base technique choisir pour EU-Linux afin d’assurer une adoption fluide dans des contextes administratifs variés ? Comment garantir un engagement à long terme des gouvernements européens dans ce projet ? Et comment concilier les différences entre les besoins nationaux et la nécessité d’une standardisation au niveau de l’UE ? Enfin, quelles mesures, y compris financières, mettre en place pour pérenniser la contribution des communautés open source et assurer la maintenance et l’évolution continue d’EU-Linux ?

La communauté du logiciel libre est invitée à s’exprimer et à contribuer pour répondre à ces défis et construire une infrastructure numérique véritablement souveraine et innovante.

Aller plus loin

  • # Merci et bon courage, allons-y !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).

    Merci pour cette excellente nouvelle.

    Je pense que ça vaut la peine d’en parler autour de nous…

    Faisons fi du sentiment que ça sert à rien, à cause du lobby Microsoft par exemple ! C’est déjà ce que j’entends ici où là :(

    Parlons-en au médias !

    Faisons en la publicité sur les réseau, bannière sur nos sites web, etc.

    Par contre, certains pourraient être freinés à cause de devoir choisir entre Mr et Ms lors de l’inscription. Et aussi, ils ne connaissent apparemment pas les numéros de téléphone internationaux et n’acceptent pas le symbole +, mais que des chiffres ;)

    • [^] # Re: Merci et bon courage, allons-y !

      Posté par  . Évalué à 2 (+2/-0).

      ils ne connaissent apparemment pas les numéros de téléphone internationaux et n’acceptent pas le symbole +, mais que des chiffres ;)

      En Europe, tu peux remplacer le plus (+) par deux zéros (00).

      Plus d'information sure la page Wikipedia (en).

  • # Signée

    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

    Ne serait-ce que pour le pognon de dingues que coûtent chaque année les licences Microsoft Windows et autres ça vaudrait la peine. Pour des raisons indépendantes de ma volonté et non infamantes j'ai fait récemment quelques visites à la gendarmerie dont mon domicile dépend ; je n'y ai jamais entendu un gendarme se plaindre d'utiliser Libre Office sous Linux.

    Et il n'y a pas que les licences Microsoft comme raison, loin de là…

    • [^] # Re: Signée

      Posté par  . Évalué à 3 (+2/-0).

      je n'y ai jamais entendu un gendarme se plaindre d'utiliser Libre Office sous Linux.

      Ils n'ont peut-être pas de raison de se plaindre mais l'argument est biaisé : ce sont des militaires et ils n'ont pas le droit de se plaindre.

      Un ou deux ans après la migration des pandores à linux j'avais demandé à un gendarme ce qu'il pensait de cette migration. Dialogue de sourds puisqu'il ne concevait même pas l'idée qu'il puisse contester une décision qui ne lui revenait pas.

      Ensuite il reconnaissait que ça marchait… puisque ça devait être le cas.

      • [^] # Re: Signée

        Posté par  . Évalué à 6 (+4/-0).

        Rien à voir, mais ça me rappelle cette blague :

        Un adjudant explique aux soldats la théorie de la gravitation :
        — Si, par exemple, vous jetez une pierre en l'air, elle va retomber sur terre ! Eh bien, c'est ça la gravitation !
        — Et si la pierre tombe dans l'eau, demande un soldat ?
        — Dans ce cas, ce n'est plus de notre compétence, c'est du ressort de la marine !

      • [^] # Re: Signée

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

        Si ça marchais aussi bien que Louvois, il y a des chances qu'on en aurait entendu parlé tout comme on a entendu parler de Louvois.

        Adhérer à l'April, ça vous tente ?

  • # Quels éléments graphiques pour créer une bannière ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).

    J’aimerais placer une bannière sur différents sites web vers cette pétition.

    Mais que pourrait-on utiliser comme éléments graphiques ?

  • # En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+14/-3).

    Je ne vois pas trop en quoi développer une distribution Linux de plus contribuerait véritablement à la souveraineté numérique européenne. Et, quand bien même ce serait le cas, je ne pense pas non plus que ce serait l'action la plus pertinente à engager pour atteindre ce but !

    Mais d'abord qu'est-ce que la souveraineté numérique et où est-ce qu'elle est mise en danger ?

    Je pense que cela se joue principalement sur notre continuité d'activité, sur la sécurisation de nos informations et sur la maîtrise de nos coûts de fonctionnement.

    Parmi quelques exemples récents d'atteintes à la souveraineté numérique, on peut citer :
    - l'embargo sur la fourniture de certains composants électroniques, de logiciels ou de services informatiques à la Russie (par exemple dans le cadre du 14ème paquet de sanctions)
    - l'embargo sur la fourniture de certains processeurs à la Chine ou sur l'utilisation d'Android par Huawei, qui a du coup développé son alternative HarmonyOS,
    - l'impôt de 15 milliards levé par Broadcom sur les entreprises européennes utilisatrices de VMware.

    Sur la non continuité d'activité, l'Europe représente un tel marché pour les logiciels américains que jamais ils ne nous bloqueront l'accès à leurs logiciels.
    Même sur un coup de folie dont leur prochain président est coutumier…
    Par contre, ils pourraient en augmenter le prix, comme ça a été le cas avec Broadcom, ou plus vraisemblablement l'Europe pourrait taxer plus fortement ces importations en rétorsion d'augmentations des droits de douane sur nos exportations.
    Dans les deux cas, cela pousserait au développement d'offres locales et ils auraient plus à y perdre que nous.

    Le sujet est plutôt sécuritaire, avec la possibilité d'envoi de mises à jour pouvant exfiltrer certaines données sensibles de nos systèmes ou y inclure des portes dérobées au profit de compétiteurs américains.
    Pour contrer cela, il ne suffirait pas de produire une distribution européenne de Linux, mais il faudrait vérifier toutes les modifications upstream sur le noyau, les logiciels agrégés à la distribution retenue et un très grand nombre de solutions tierces.
    Vaste programme, comme aurait pu le dire le Général de Gaulle !
    Je crois toutefois qu'un effort Européen sur la vérification des algorithmes de chiffrement serait utile.

    Reste l'enjeu économique, où là, sans hésitation, l'Etat français et ses homologues européens ont tout intérêt à se détourner autant que possible des logiciels propriétaires, ce qui n'implique pas pour autant de développer une nouvelle distribution Linux.
    Car la question porte essentiellement sur les applications.

    Et puis, au fond, est-ce que le système d'exploitation du poste de travail est encore le sujet ?
    On est quand même entrés depuis plusieurs années dans une ère où on ne fait plus tourner grand chose sur ces postes.
    La plupart des applications sont désormais hébergées dans des datacenters privés ou publics, et ce n'est pas l'offre qui manque en Europe, même si, fonctionnellement, nos offreurs sont un peu en retard technologique sur les 3 grands hyperscalers américains.

    Les distributions Linux européennes ont l'air d'avoir toutes mis la clé sous la porte. Le français Mandrake/Mandriva, comme l'allemand SUSE. Faut-il en faire une nouvelle ?

    Le moteur de recherche européen, Qwant, fonctionne aujourd'hui sur des technologies US.

    Les initiatives sur le cloud, Cloudwatt, Numergy, CompatibleOne, ont toutes capotées. Et bientôt Gaia-X, noyauté par des offreurs américains ?

    Les virtualiseurs européens, Xen et VirtualBox, sont tous passés sous pavillon US.

    Je n'ai pas trop le temps de développer tout ça ce soir, mais il est clair que le sujet de la souveraineté numérique est bien plus complexe que de simplement relancer une nouvelle distribution Linux européenne.

    A la place, je regarderais plutôt du côté de la protection de nos jeunes pousses innovantes (et donc du développement d'un capital risque européen digne de ce nom), du côté de la rétention de notre matière grise (nos ingénieurs qui vont chercher fortune outre-Atlantique), etc.

    • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+14/-1).

      Sommaire

      Merci pour ces commentaires. Voici quelques éléments de réponse:

      "Mais qu’est-ce que la souveraineté numérique ?"

      En 2018, le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) avait défini la souveraineté numérique comme une autonomie stratégique, permettant à un État de conserver une capacité d’appréciation, de décision et d’action dans l’espace numérique, sans pour autant chercher à tout produire en interne.

      Le lien entre souveraineté numérique et logiciel libre est évident depuis les années 1990. Ces arguments ont été repris par le SGDSN :

      « Une stratégie industrielle basée sur l’open source, sous réserve qu’elle s'inscrive dans une démarche commerciale réfléchie, peut permettre aux industriels français ou européens de gagner des parts de marché où ils sont aujourd’hui absents, et par là même de permettre à la France et à l’Union européenne de reconquérir de la souveraineté. »

      EU Linux s’inscrit précisément dans cette logique : un projet pensé pour être pragmatique, stratégique, et économique, tout en renforçant l’autonomie numérique de l’Europe.

      "Une distribution Linux de plus ne changera rien à la souveraineté numérique"

      Il ne s'agit pas simplement de créer "une distribution de plus". L'objectif d'EU Linux est de construire une brique stratégique mutualisée, alignée sur les priorités européennes. Contrairement à une initiative isolée, EU Linux serait :

      • Industrialisé à l’échelle européenne : Un projet coordonné par l’UE, utilisant une ou des distributions existantes comme base, et personnalisé pour répondre aux besoins spécifiques des administrations publiques (sécurité, conformité aux réglementation européennes, interopérabilité).
      • Soutenu par une gouvernance européenne : Les décisions techniques et stratégiques seraient prises en Europe, garantissant une indépendance face à des intérêts extérieurs.
      • Un socle commun pour mutualiser les efforts : Au lieu que chaque État investisse de manière isolée dans ses solutions, EU Linux offrirait une plateforme partagée, réduisant les coûts et accélérant les déploiements.

      Ce n'est pas "réinventer la roue", mais reprendre le contrôle sur une brique technologique fondamentale.

      "Les américains ne bloqueront jamais l’accès au marché européen pour leurs logiciels"

      Les exemples récents montrent que la dépendance aux solutions étrangères n'est pas qu'une question de blocage direct :

      • Risques géopolitiques : Les embargos imposés à Huawei ou la Russie ont montré que l’accès à certaines technologies peut être utilisé comme un levier diplomatique ou économique. Notons qu'au niveau des systèmes d'exploitation, les principales super-puissances en conflit avec les États-Unis, comme la Chine et la Russie, ont précisément développé des projets pour s'affranchir de leur dépendance. La Chine a mis en place KylinOS, basé sur Linux, pour ses administrations, et la Russie utilise Astra Linux, conçu pour répondre à ses besoins sécuritaires nationaux. Ces initiatives illustrent que la souveraineté numérique passe souvent (mais, évidemment, pas seulement) par la maîtrise des OS, le socle des infrastructures informatiques critiques. Pour une étude détaillée de la stratégie russe, cf. Marie-Gabrielle Bertran, La place des logiciels libres et open source dans les nouvelles politiques du numérique en Russie, Herodote, 2020.
      • Augmentation des coûts : Le cas Broadcom, imposant une taxe implicite de 15 milliards d’euros via VMware, illustre que les monopoles technologiques peuvent imposer des hausses de coûts sans alternatives viables. Ces augmentations, souvent imprévisibles, mettent en lumière la fragilité économique des dépendances envers des solutions propriétaires, en particulier lorsqu'elle sont en situation de monopole ou quand les coûts de sortie sont élevés.
      • Risque de restriction indirecte : Même sans blocage officiel, la simple dépendance à des technologies non contrôlées par l’Europe expose les États à des restrictions techniques ou commerciales imposées par des fournisseurs étrangers sous pression légale ou géopolitique (exemple : lois américaines comme le Cloud Act, qui donnent accès aux données hébergées par des entreprises américaines ou ayant un intérêt économique aux USA, quel que soit leur lieu de stockage).

      EU Linux ne prétend pas éliminer ces risques immédiatement, mais il crée une alternative européenne crédible. En établissant une infrastructure numérique indépendante et interopérable, EU Linux offrirait une solution capable de réduire progressivement la dépendance et de négocier d’une position de force face aux géants technologiques. Cela renforcerait également la capacité des États européens à protéger leurs données sensibles et leurs infrastructures critiques.

      "Il faudrait vérifier tout le code, pas seulement l'OS"

      C’est exact : sécuriser une infrastructure numérique complète nécessite une vérification au-delà de l’OS. Cependant, l’OS est le socle de toute infrastructure numérique. Sans une maîtrise complète de cet élément central, il est impossible d’assurer une chaîne de confiance cohérente. EU Linux contribuerait à cette démarche en adoptant un modèle fondé sur la transparence, qui dépasse la simple notion de confiance, et en mettant en œuvre les actions suivantes :

      • Créer une chaîne de transparence européenne : Plutôt que de se fier à des acteurs externes ou à des certifications opaques, EU Linux intégrerait des audits réguliers et collaboratifs pour les composants critiques (noyau Linux, logiciels de base, bibliothèques). Cela permettrait une validation publique et reproductible des éléments essentiels.
      • Fournir un cadre standardisé et transparent : Mutualiser les efforts pour valider les solutions utilisées par les administrations publiques, tout en garantissant que les méthodologies, outils et résultats d’audit soient accessibles. Cela faciliterait la coopération avec les communautés open source et renforcerait la confiance des utilisateurs.
      • Prioriser les enjeux stratégiques : Renforcer les algorithmes de chiffrement, les mécanismes de mise à jour sécurisés, et d’autres composants essentiels, tout en assurant que ces améliorations soient visibles, reproductibles et soumises à des audits indépendants.

      En combinant audits communautaires ouverts et structures dédiées financées par l’UE, EU Linux poserait les bases d’une souveraineté numérique étendue. Par exemple, le projet FOSSEPS montre comment une approche coordonnée peut encourager la transparence dans le développement et l’évaluation des logiciels libres critiques.

      Note: transparence vs confiance

      La transparence est un principe fondamental pour garantir l’intégrité et la sécurité des systèmes numériques, en particulier dans un contexte où la "confiance aveugle" envers des technologies étrangères peut être exploitée ou mal placée. La transparence est préférable à la simple confiance dans la gestion des infrastructures numériques européennes :

      • Réduction des dépendances stratégiques : Le "numérique de confiance" repose souvent sur des certifications ou des accords entre parties, mais il n’élimine pas le risque d’accès non autorisé par un État tiers. La transparence garantit que les systèmes peuvent être inspectés et contrôlés par des entités européennes, sans interférence extérieure.
      • Limitation des vulnérabilités systémiques : En favorisant des solutions opaques ou centralisées (comme des clouds hyperscalers non européens), la "confiance" crée un risque de pannes globales et fragilise l’écosystème. La transparence favorise des solutions distribuées, auditées et résilientes.
      • Autonomie industrielle renforcée : La transparence permet à des acteurs européens de contribuer activement au développement, à l’audit et à l’amélioration des technologies, favorisant ainsi un écosystème local et durable. Elle encourage aussi l’innovation en garantissant des processus reproductibles et vérifiables.
      • Accès démocratique à la sécurité : Dans un système transparent, la sécurité n’est pas un secret détenu par un petit nombre d’acteurs. Elle devient un bien commun, accessible aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens.

      EU Linux incarnerait cette vision de transparence, notamment en :

      1. Rendant public tout le code et les modifications apportées : Chaque mise à jour ou changement dans le système serait documenté et ouvert à l’audit.
      2. Adoptant des outils de validation reproductibles : Par exemple, des outils comme Reproducible Builds garantiraient que tout utilisateur puisse vérifier qu’un binaire correspond exactement au code source.
      3. Facilitant les audits participatifs : En impliquant des experts indépendants et des communautés open source européennes, les validations ne dépendraient pas uniquement d’acteurs commerciaux ou institutionnels.
      4. Centralisant les ressources éducatives et méthodologiques : En rendant accessible à tous une documentation claire sur les processus d’audit et les bonnes pratiques de sécurité.

      "Le poste de travail n’est plus central dans l’ère du cloud"

      Certes, la plupart des applications métiers et une grosse partie des applicatifs génériques sont maintenant des applications web, et c'est d'ailleurs un phénomène qui rend la migration plus facile qu'il y a 10 ou 20 ans. Cependant :

      • Le poste de travail reste indispensable : Les administrations publiques, notamment, utilisent encore des ordinateurs pour des tâches critiques. Sans un OS souverain, ces postes restent vulnérables.
      • EU Linux pourrait intégrer une approche hybride : Inspiré de ChromeOS ou ses variantes libres(ex: NayuOS), EU Linux pourrait proposer un environnement léger, optimisé pour les applications web, tout en garantissant une maîtrise totale des infrastructures sous-jacentes.
      • La dépendance au cloud américain est un problème croissant : Même si le cloud est central, utiliser des infrastructures européennes sans OS souverain ne règle qu'une partie du problème.

      EU Linux s’adapte à ces évolutions en intégrant des outils modernes et en servant de base pour des solutions cloud souveraines.

      "Les échecs passés montrent que c’est une impasse (Mandriva, Cloudwatt, etc.)"

      Les échecs comme ceux de Mandriva ou Cloudwatt montrent surtout l'importance d'une vision collective et coordonnée. A contrario, les succès du passé et du présent (Gendbuntu, etc.) montrent que c'est possible. Contrairement à ces initiatives :

      • EU Linux serait une démarche mutualisée : Financé et gouverné par l’Union européenne, il éviterait les écueils des projets isolés ou sous-capitalisés.
      • Une intégration dans l’écosystème open source existant : Plutôt que de partir de zéro, EU Linux s’appuierait sur des bases stables et largement adoptées, avec des contributions en retour à la communauté, et sur l'expérience des initiatives passées.
      • Un soutien politique et économique pérenne : En s’inscrivant dans une stratégie de déploiement à l'échelle européenne, EU Linux bénéficierait d’un financement stable des institutions utilisatrices.

      Ces échecs ne doivent donc pas nous freiner, mais nous servir de leçons pour structurer le succès.

      "La souveraineté numérique ne se limite pas à l’OS : il faut aussi du capital risque, retenir nos talents, etc."

      C'est une critique valide : la souveraineté numérique est un enjeu systémique qui dépasse l'enjeu du système d'exploitation. Cependant, EU Linux peut jouer un rôle clé dans cet écosystème :

      • Stimuler l'innovation locale : En finançant le développement d’EU Linux et ses dérivés, l’UE pourrait créer des opportunités pour les PME européennes spécialisées dans l’open source.
      • Former et retenir les talents : Participer à un projet européen de cette envergure renforcerait l’attractivité de l’Europe pour ses ingénieurs et développeurs.
      • Créer un effet d’entraînement : En démontrant la viabilité de solutions souveraines, EU Linux encouragera d’autres projets technologiques européens (notamment au niveau des applicatifs, du cloud, etc.)

      Ce projet ne s’oppose donc pas à des leviers comme le capital-risque ou la rétention des talents. Il en est un catalyseur.

      "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

      • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

        Posté par  . Évalué à 3 (+3/-1).

        Soutenu par une gouvernance européenne : Les décisions techniques et stratégiques seraient prises en Europe, garantissant une indépendance face à des intérêts extérieurs.

        Hmmm, je ne suis pas certain que la gouvernance européenne soit exempte de dépendances : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/01/31/au-moins-un-quart-des-eurodeputes-impliques-dans-des-affaires-ou-des-scandales_6214047_4355770.html

        • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).

          "Gouvernance européenne" ne veut pas dire "pilotage par le Parlement européen".

          Je dirais même qu'a priori, les futurs utilisateurs étant les États membres et la Commission, la gouvernance devra réunir des représentants :

          1. Des États membres : Chaque État aurait un rôle consultatif ou décisionnel proportionnel à son implication dans le projet, garantissant que les besoins nationaux spécifiques soient pris en compte.
          2. De la Commission européenne : Celle-ci pourrait assurer la coordination globale et veiller à ce que le projet réponde aux objectifs stratégiques européens en matière de souveraineté numérique et de mutualisation.
          3. Des communautés open source : En tant que parties prenantes essentielles, elles devraient être représentées pour garantir que le développement reste aligné avec les principes de transparence, d'interopérabilité et de collaboration ouverts.
          4. Des utilisateurs finaux : Les administrations publiques, en tant que premiers bénéficiaires, doivent également participer activement pour orienter les priorités fonctionnelles et garantir une adoption réussie.

          "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

      • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-1). Dernière modification le 18 novembre 2024 à 10:25.

        Pour souveraineté et distribution Linux :

        Debian a eu des chefs de projet (DPL) français, anglais… et a un certains nombre de contributeurs développeurs (DD) français — tout comme Linux a eu Alan Cox (anglais) comme mainteneur principal. Il y a un principe de délégation tant organisationnel que technique : PrimTux en est une déclinaison dans le monde de l'éducation, s'adressant à des utilisateurs par tranches d'âge.

        De même, Fedora laisse la possibilité de déclinaisons : Scientific Linux jusque juin 2024, maintenant c'est AlmaLinux qui est mis en avant. Il reste Streams, Silverblue permettant les spins pour spécialiser la distribution par sujet.
        Mageia a une structure d'association loi 1901, une gouvernance internationale (marketing en Australie, assurance qualité pilotée par Hollande/Pays-Bas), des contributeurs francophones.

        Pour la vérification de code — notamment le volet sécurité — il serait intéressant, d'avoir une visibilité de la répartition des contributeurs, pas forcément de nouvelles normes /o\. Au besoin, un outillage automatique comme pour les systèmes de build : la transparence n'en ressortira qu'avec une analyse qualitative pour autant…

        Poste de travail / serveur cloud : ça c'est une distinction d'un autre temps (le millénaire dernier ?), fausse la plupart du temps depuis le début dans le monde des distributions généralistes Linux. La déclinaison se fait au niveau de l'installateur, sélectionnant un sous-ensemble de paquets. Il reste possible d'ajouter des paquets serveurs sur un poste client, des paquets clients sur un serveur (même si ajouter KDE ou Gnome a peu de sens…), de choisir un noyau spécialisé serveur / temps réel / IoT…

        Concernant l'infrastructure de déploiement :

        Pour la virtualisation, Proxmox est de gouvernance allemande (géré par un Gmbh), basé sur Debian GNU/Linux.
        YunoHost ajoute la distinction serveur / applications (services) proposés — francophone d'origine, basé sur Debian GNU/Linux — permettant d'instancier des services k8s et interopérable avec d'autres plateformes. Il est réutilisé par la brique Internet qui propose un composant de partage de Wifi / connexion VPN.

        Les échecs passés : bah, mieux vaut regarder les réussites, non ? Mageia a apporté la continuité de Mandriva (malgré le soutien européen fourni à Mandrakesoft de longues années), Cloudwatt est représentatif de l'échec des mastodontes (Orange, Atos…) plutôt que de s'être appuyé sur des pure players (ovh, proton…) et des initiatives fédérées / déclinables (chatons.org, sud-ouest… voire galae…)

        Il vaut mieux ne pas passer sous silence toutes les initiatives locales : DINUM pour l'Éducation nationale, Etalab pour données publiques (opendata), certaines communautés de commune passent d'elle-même sous Linux, les postes windows vieillissant ne leur fournissant pas suffisamment d'outils utilisables au jour le jour et pérennes à coût acceptable pour la gestion de leurs données.

        Et oui, si au passage, des contributeurs se sentent motivés… autant être en mesure de leur mettre le pied à l'étrier, que ce soit au travers des institutions (et leur travers de vouloir toujours centraliser plutôt que fédérer) ou au niveau associatif opérant par délégation par tiers-lieu / mutualisant lorsque bénéfique (fablabs…).

        Stéphane, je reste globalement globalement d'accord avec ta présentation à la ChatGPT, je te laisse mettre à jour tes prompts à l'aune de mon commentaire :p (autant utiliser les bonnes fonctions de synthèse d'une IA pour rajouter les manques à mon commentaire :D). Tu parles de transparence : ton avis est àmha tout autant important que sa synthèse (traduttore traditore). Notamment, les ingrédients de ton catalyseur seraient intéressants ;-)

        • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9 (+7/-0). Dernière modification le 18 novembre 2024 à 10:37.

          Haha…

          "Les échecs passés : bah, mieux vaut regarder les réussites, non ?"

          => Non, je maintiens qu'il faut regarder les deux: les échecs pour pas faire pareil (ou plutôt, éviter les facteurs qui font que cela n'a pas marché), et les réussites, pour s'en inspirer (mutatis mutandis).

          "DINUM pour l'Éducation nationale"

          => Tu confonds deux initiatives différentes et, à ma connaissance, sans grand rapport.

          "Poste de travail / serveur cloud : ça c'est une distinction d'un autre temps (le millénaire dernier ?)"

          => Oui et non.

          On a toujours besoin de postes de travail, avec de moins en moins de logiciels dessus (ce qui revient à réaliser, 30 ans après, la prédiction de Bob Metcalfe (attribuée à Marc Andreesen): "[Netscape réduira bientôt Windows à] un ensemble de pilotes de périphériques mal débogués."). D'où le clin d'oeil à une architecture à la ChromeOS dans mon texte.

          Quant au sujet du cloud, l'OS n'est plus AMHA le sujet central. C'est toute l'infra qu'il faut penser en terme de souveraineté (en évitant les erreurs du passé, cf. supra). C'est un sujet sur lequel je travaille en ce moment avevc un nouveau projet: https://nlnet.nl/project/Hop3-Nixified/

          "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

        • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9 (+7/-0).

          Ajoutons un autre facteur, le passage à Windows 11. L'introduction de spécifications matérielles strictes, comme l'exigence d'un module TPM 2.0 ou de processeurs récents, rend obsolète une grande partie des machines actuellement en service, imposant une obsolescence programmée coûteuse. Cette situation crée un espace et une fenêtre d'opportnité pour des alternatives capables de prolonger la durée de vie des équipements existants. Parallèlement, Windows 11 a introduit des changements d'interface et des contraintes souvents perçues comme superflues, tout en poussant de manière plus agressive des services intégrés comme OneDrive ou Bing.

          La migration vers Windows 11 implique donc non seulement des coûts de licences, mais aussi des investissements matériels significatifs et des efforts de formation pour s'adapter aux nouvelles configurations. Ces budgets pourraient être consacrés à accompagner une migration vers Linux. Mais il ne faut pas laisser la fenêtre d'opportunité se refermer…

          "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

    • [^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?

      Posté par  . Évalué à 0 (+0/-0).

      Certes, Mandrake et Mandriva ont fermé leurs portes mais, Ces distributions dont l'histoire a été mouvementée son/était très anciennes. Elles ont été remplacées par Mageia qui, si je ne me trompe pas est soutenue par une association de droit français (loi 1901) Mageia qui est très régulièrement mise à jour et dont une nouvelle version est livrée tous les ans. Nous en sommes à ma version 9 et la 10 est annoncée.
      Belle association dont on pourrait s'inspirer pour une distribution européenne.

  • # Je plussoie

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+5/-0).

    Bonjour, merci pour l'info. Très bonne initiative que je ne peux que soutenir. Je préfère le lien en français pour la pétition : Pétition FR

    Pas besoin d'être un pro pour aider la communauté Débiane : utilisez simplement apt-p2p

  • # Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à -2 (+3/-6). Dernière modification le 18 novembre 2024 à 11:47.

    Il existe déjà des distributions GNU/Linux existantes et populaires d'origine européenne:

    • Une distribution d'origine française : Mageia (basée sur les défuntes Mandrake et Mandriva)
    • Une distribution d'origine allemande : OpenSuze
    • Une distribution d'origine anglaise : Ubuntu
    • Une distribution d'origine irlandaise : Zorin OS

    Peut être faudrait il se renseigner un minimum avant de lancer des pétitions inutiles !

    En théorie, les écrans bleux sont rare. En pratique, les utilisateurs appellent rarement le support pour dire : Bonjour.

    • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-0).

      "Peut être faudrait il se renseigner un minimum avant de lancer des pétitions inutiles !"

      Peut-être faudrait-il lire le texte de la pétition (et, pourquoi pas, le texte de la dépêche) avant d'écrire un commentaire inutile ;)

      On parle bien d'une distribution dédiée au secteur public.

      "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

      • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5 (+4/-1).

        Quelles sont les spécificités du secteur public qui nécessitent un système d'exploitation spécifique ? Le secteur public utilise actuellement le même Windows que tout le monde, qu'est-ce qui empêche d'utiliser le même Ubuntu que tout le monde ?

        • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-0). Dernière modification le 18 novembre 2024 à 13:28.

          Pourquoi la Gendarmerie nationale a-t-elle développé GendBuntu et n'a-t-elle pas choisi d'utiliser directement Ubuntu ?

          Quelques éléments de réponse, issus de cette présentation du Colonel Xavier Guimard: Logiciels libres : Retour d'expérience sur une migration à grande échelle dans la gendarmerie nationale française (2014) et cette interview du lieutenant-colonel Stéphane Dumond par l'APRIL (2019):

          La migration vers Linux (via une distribution dérivée d’Ubuntu, baptisée GendBuntu) a été amorcée en 2008, avec un souci d’ergonomie pour limiter les perturbations : l’interface et les outils ont été adaptés pour imiter autant que possible l’environnement Windows. L’acceptation par les utilisateurs a été facilitée par une formation minimale, des outils de support interne, et la prise en compte des besoins spécifiques comme les normes d’accessibilité.

          (Tous les détails dans les deux document sus-cités).

          "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

          • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+10/-0).

            Pour être plus précis, voici les principaux arguments cités par les deux officiers de gendarmerie pour utiliser une variante d'Ubuntu plutôt qu'une Ubuntu directement:

            • Personnalisation de l’interface utilisateur : GendBuntu a été conçu pour ressembler autant que possible à l’environnement Windows utilisé précédemment, afin de minimiser les perturbations pour les utilisateurs. Par exemple, une barre des tâches similaire à celle de Windows a été ajoutée, et les outils intégrés ont été configurés pour offrir un rendu visuel et fonctionnel familier.
            • Simplification des usages : Certaines fonctionnalités et outils inutiles ou superflus dans le contexte de la Gendarmerie ont été supprimés pour alléger le système et le rendre plus efficace pour les tâches spécifiques des agents.
            • Contrôle total sur les mises à jour : En développant une variante spécifique, la Gendarmerie a pu intégrer ses propres politiques de sécurité, notamment en termes de configuration, de mise à jour, et de gestion des correctifs. Cela permet de réduire les risques liés à des modifications externes ou des dépendances à des décisions prises par Canonical (éditeur d’Ubuntu).
            • Intégration aux infrastructures de la Gendarmerie : Les systèmes informatiques de la Gendarmerie ont des exigences uniques, comme la compatibilité avec des logiciels métiers spécifiques, des bases de données et des systèmes d’authentification centralisés. GendBuntu a été conçu pour être parfaitement interopérable avec ces infrastructures existantes.
            • Support des matériels spécifiques : Certains matériels, comme des systèmes radio ou des dispositifs de communication sécurisée, nécessitent des pilotes ou des configurations particulières qui ne sont pas inclus dans une version standard d’Ubuntu.
            • Réduction de la dépendance vis-à-vis de Canonical : Bien qu’Ubuntu soit libre, sa gestion reste influencée par Canonical, une entreprise privée. En créant GendBuntu, la Gendarmerie conserve un contrôle total sur l’évolution et le cycle de vie de son système, évitant toute contrainte imposée par un tiers.
            • Flexibilité dans les choix technologiques : GendBuntu permet d’introduire ou de retirer des composants spécifiques sans attendre les décisions d’un éditeur externe, assurant une totale autonomie technologique.
            • Homogénéité et industrialisation : GendBuntu est optimisé pour être déployé sur les 80 000 postes informatiques de la Gendarmerie, avec des outils de gestion centralisée spécifiques, comme OCS Inventory et des scripts de configuration adaptés.
            • Stabilité et support de long terme : La Gendarmerie a basé GendBuntu sur les versions LTS (Long Term Support) d’Ubuntu, tout en ajoutant ses propres correctifs et fonctionnalités pour garantir une stabilité maximale sur de longues périodes, essentielle pour un environnement critique comme celui des forces de l’ordre.

            Je ne doute pas que la majorité de ces arguments s'appliquent au reste des administrations européennes.

            La (re)lecture des 2 études de 2022 sur le poste de travail Linux en France (l'une pour la DGFIP et l'autre pour le Ministère des armées - déjà cités dans la dépêche) donnera également un éclairage plus récent.

            "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

        • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à -2 (+1/-4).

          Mais bien sûr que si que les administrations d'une certaine taille ont des window$ personnalisés voyons ! Et tout l'éco-système est conçu autour de cet OS. Pour qu'un OS libre convainque, il faut qu'il s'adapte, et c'est confirmé par les retours d'expériences (échecs et succès). Tu peux me citer une distribution GNU/Linux qui peut s'intégrer en un clic à un AD, avec application des paramètres associés? Capable d'exécuter dès maintenant les applications métier développées pour du m$ uniquement (parfois M$-DO$)? De relire parfaitement les documents bureautiques mal formés ?

          Je constate que sur DLFP on est inondés de commentaires d'un niveau proche de ceux de Cublic et autres, cherchant systématiquement à critiquer… semblant venir d'adolescent qui n'ont jamais travaillé dans un service informatique…

          • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1 (+1/-2).

            « Je constate que sur DLFP on est inondés de commentaires d'un niveau proche de ceux de Cublic et autres, cherchant systématiquement à critiquer… semblant venir d'adolescent qui n'ont jamais travaillé dans un service informatique… »

            Heureusement qu'il y avait cette petite phrase. J'ai failli manquer l'ironie de ce commentaire.

            On illustrera aisément la contre pensée décrite ici par deux des plus grandes administrations françaises (l'éducation nationale et ses contrats d'entrisme sempiternellement renouvelés avec ms, et l'open-bar de Redmond dans les casernes), deux gros ensmbles de contrats qui illustrent à merveille à quel point les administrations se satisfont de produits lamentables, standards, et dispendieux.

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes

      Posté par  . Évalué à 7 (+5/-0).

      OpenSuze -> OpenSuse
      Visiblement cette distrib allemande n'est pas aussi populaire que cela. Une marque d'alcool la devance toujours.

  • # Info connexe: "Lancement du premier système algérien d’exploitation informatique"

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0). Dernière modification le 20 novembre 2024 à 07:05.

    https://www.horizons.dz/?p=192210

    Kamel Baddari, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a supervisé, mardi à l’Université Docteur Moulay Tahar de Saïda, le lancement du premier système algérien d’exploitation informatique, une « distribution Linux » basée sur des logiciels libres et open source. Ce système 100 pour 100 algérien est le fruit des efforts d’étudiants et de chercheurs universitaires spécialisés dans l’élaboration de logiciels, représentant divers établissements d’enseignement supérieur du pays.

    Comment ont-il procédé ?

    M. Baddari a honoré les trois équipes d’étudiants lauréates de la première édition du concours national de création du système d’exploitation algérien, baptisée « Distribution Linux », organisée par l’université de Saïda en collaboration avec la Commission nationale des logiciels libres et open source (CNLL), relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le concours, qui a duré trois jours à l’université de Saïda, a vu la participation de dix équipes, chacune composée de quatre étudiants, issues de plusieurs universités du pays.

    Mon commentaire: est-ce un simple effet d'annonce ou cette distribution sera-t-elle réellement utilisée dans l'administration (et/ou dans l'enseignement supérieur et la recherche)? Si elle est utilisée, qui en assurera le support ? En tout cas, un ministre s'est déplacé pour l'événement, cela montre déjà une volonté politique. Cette partie là, au moins, constitue un exemple à suivre.

    "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

  • # Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

    Posté par  . Évalué à -1 (+2/-4).

    Nous vivons dans un monde un peu différent des autres, linux/unixiens :

    1. à part le sacro-saint exemple de la gend'nat, qui concocte sa propre distro en interne, avec des efforts énormes (et qui dépend d'ubuntu/caninical de facto), personne ne s'est donné les moyens de faire pareil.
    2. les gens sont biberonnés aux gafam, de l'iphone à windows, et pesteront pendant des années pour le récupérer
    3. l'expérience de munich nous montre qu'ils en veulent pas
    4. les exemples russo-asiatiques, ça fonctionne vraiment? de mémoire c'était plus du petit projet pour voir si ça passe qu'une vraie migration. Jamais vu de photo d'un kalyn ou autre astra en fonction avec des fonctionnaires travaillant autour ; du windows, y'en a chaque jour dans la presse.
    5. l'europe pour l'europe ou pour les geeks? n'oubliez pas que les "gens normaux" ne fonctionnent pas comme nous, mais alors pas du tout.. et vu la lenteur administrative dont notre pays fait son sport..
    6. qui la maintient? ne vaut il mieux pas "une nouvelle énième distro" faite par une petite communauté, pour les petites administrations? Qui "saute" en cas de maj foireuse, en cas d'incompatibilité de librairie du jour au lendemain? un crowdstrike à l'européenne?
    7. rappelez vous l'exemple de clipOS..
    8. et les services publics variés, hors europe, qui ont adopté des distros linux fin 90 début 2000, l'utilisent encore? y'a pléthore exemples qui ont l'air trop anciens sur https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Linux_adopters ; lequel d'entre eux peut prétendre toujours fonctionner de manière indépendante avec linux aujourd'hui? la plupart sont des coupures de presse de l'époque où la décision fut prise, pas de l'EdL dix ans après. Même munich n'a pas atteint ce niveau.
    9. pourquoi continuer à se battre contre un mastodonte, alors que les windowsiens se moquent chaque année supposée être "celle du desktop linux" alors que les gens n'en veulent pas?
    10. le plus important: imposer linux aux administrations, ne serait-ce pas la voie royale pour le faire détester en premier gout au public néophyte qui n'en a jamais entendu parler? Mieux vaut pas venir volontairement à linux, que de le voir s'imposer par obligation? c'est un peu comme l'android d'aujourd'hui, que personne ne choisit vraiment..
    11. pourquoi linux? pourquoi pas sous free/net/o/bsd ? haiku? illumos? il existe d'autres os type unix qui sont libres, qui pourraint faire leurs preuves, même en logiciel libre..

    Autant je salue vigoureusement l'effort énorme de la gend' pour être le plus célèbre exemple européen de prouesse de linux, autant pour l'occasion je trouve que c'est le modèle parfait pour l'imposer, pour le faire détester, et pour qu'au moins 1 ou 2 applis indispensable dans le lot de chaque administration ne tourne pas dessus, et tourne à l'arrachage de cheveux systématique et au rejet général.

    Vaut mieux qu'ils essaient chaque service dans leur coin, sachant que ca ne convrira jamais tout, plutot qu'un truc soit imposé d'une période à l'autre avec mille responsabilités qui retombent sur le bill billou.

    • [^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10 (+8/-0). Dernière modification le 20 novembre 2024 à 13:36.

      C'est un peu fatigant toute cette négativité.

      Une partie de ces arguments ont déjà leur réponse dans la dépêche ou dans les autres éléments déjà discutés.

      Toutes les analyses, et en particulier les documents cités, insistent sur la notion d'accompagnement au changement, d'engagement sur la durée, etc. Toute initiative sérieuse doit évidemment prendre en compte ces éléments.

      Concernant LiMux (Munich), puisque tu en parles 2 fois, relis l'article que j'ai cité et tu verras que les arguments du style "les utilisations n'étaient pas contents" ne tiennent pas vraiment. La cause profonde du retour en arrière, c'est que Microsoft a fait tout ce qu'il fallait pour qu'il y ait une décision politique, et qu'on a inventé des arguments pour la justifier ("quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage…").

      Je vais juste ajouter un nouvel élément: Linux a récemment dépassé 4.5% de parts de marché sur les postes de travail (hors ChromeOS). Cf. cette dépêche que j'avais postée quand la barre des 3% avait été dépassée, il y a un peu plus d'un an, ou ce post que j'ai écrit en début d'année, à l'occasion du passage des 4%.

      Autrement dit, on est peut-être encore loin de l' "année du bureau Linux", mais on constate une croissance régulière et peut-être même une accélération, et 4.5% du marché ça représente à vue de nez quand même déjà de l'ordre de 50 millions de machines dans le monde.

      "There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor

      • [^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

        Posté par  . Évalué à 7 (+5/-0).

        C'est un peu fatigant toute cette négativité.

        Les "pas d'accord" s'expriment toujours plus que les autres. La dépêche est plutôt bien notée, j'ose en déduire que l'initiative plaît plus qu'elle ne déplaît. Et merci pour ces éclaircissements, je n'avais pas vraiment d'avis et après lecture, j'ai signé.

      • [^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

        Posté par  . Évalué à -1 (+1/-3).

        Voila ou se situe Linux en Europe sur l'année : https://gs.statcounter.com/os-market-share/desktop/europe

        C'est plutôt une stagnation que l'on voit: 2.64-2.94 en Nov-Dec 2023 , 3.07-2.99 en Sep-Oct 2024 , c'est maigre.

        Quand à l'article sur Limux, un article d'opinion sur lwn.net, on va dire qu'il vaut tout autant qu'un commentaire sur linuxfr…

        C'est toujours facile de mettre la faute du rejet de Linux sur Microsoft, c'est pratique, cela évite de devoir regarder à quel point il n'est pas compétitif sur le desktop

        • [^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0).

          Quand à l'article sur Limux, un article d'opinion sur lwn.net, on va dire qu'il vaut tout autant qu'un commentaire sur linuxfr…

          Pourtant, même les dépêches de cette qualité ne sont pas très fréquentes sur DLFP, site sur lequel je ne comprends pas que tu passes du temps… pas la peine de te fatiguer à dénigrer le libre, la guerre est perdue de toutes façons, tu peux te dédier à autre chose !

          • [^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir

            Posté par  . Évalué à 0 (+0/-1).

            J'ai denigré le libre quelque part ?

            Mmmhhhh nan

            J'ai pointé du doigt que certains fans de Linux préfèrent s'enfoncer la tête dans le sable et accuser et dénigrer le concurrent plutôt qu'admettre des faiblesses dans leur OS favori

            Si vous voulez VRAIMENT que Linux déplace un jour Windows sur le desktop, il faudra ouvrir les yeux sur ce que Windows fait de bien et que Linux ne fait, histoire de boucher les trous et convaincre tous ceux qui sont encore réticents.

            Balancer à longueur de journée que tout est de la faute de MS et des gens qui sont flémards c'est lassant et cela ne convainc que ceux qui veulent être convaincus.

  • # suite collaborative

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0).

    Une distrib super ! Il me semble qu'une bascule majeure pourrait se produire si une suite collaborative intégrée existait en natif sous linux. Libre Office en est tellement loin, en version natif ou en variante online.

    Le temps qu'on gagne dans les grosses boîtes et les moyennes : annuaire d'entreprise : partage d'un Doc récent dans un mail directement en lien et avec les bons droits, transformer un mail en réunion, les discussions de réunions qui deviennent une conversation qu'on retrouve sans l'historique, la modif en ligne ou en natif collaborative temps réel, les formulaires , les sites intranet de partage, etc, etc….

    Chaque bureaulier gagne plusieurs heures par semaine, si ce n'est une journée de travail entière quand son équipe a réfléchi à des workflow un peu optimisés/ automatisés. Le sujet c'est de financer une suite bureautique européenne libre ou à rentabilité limitée et 100% contrôlée par des pays européens. L'Allemagne s'y essaie en rendant des composants interopérables, aidons les ?

  • # Les mots ont un sens

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0).

    "Souveraineté Européenne", quelle soit numérique ou autre, ça ne peut tout simplement pas exister.
    Dixit wikipedia :

    La souveraineté désigne le pouvoir suprême reconnu à l'État, qui implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et son indépendance absolue dans l'ordre international où il n'est limité que par ses propres engagements. C'est l'exclusivité de la puissance détenue par un État sur l’étendue de son territoire, et l’indépendance dont jouit cet État sur le plan international.

    L'Europe n'est pas un Etat, l'Union Européenne encore moins.
    A force de mal employer les mots, on leur fait perdre leur sens (mais peut-être cela est-il fait à dessein).

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