lasher a écrit 2753 commentaires

  • [^] # Re: Vu dans les Manux Facts

    Posté par  . En réponse au journal Premiers pas avec Manux. Évalué à 7.

    Tu te rends compte qu'à cause de ce genre de trucs, je ne peux pas utiliser mon « vrai » prénom aux USA pour la plupart des trucs officiels ? L'UTF-8 ici ils connaissent pas. Donc les accents, non plus. Donc: j'ai passé un temps fou à piger pourquoi les ¾ des formulaires dont j'avais besoin me disaient que j'avais mal saisi mon nom (parce qu'en plus comme ils ne savent pas ce qu'est UTF-8, ils ne savent pas me dire ce qui ne va pas avec la saisie de mon nom!).

    Bref, on s'arrête où avec la « ASCII compliance » ? :)

  • [^] # Re: Shakespeare

    Posté par  . En réponse au journal S'essayer à la production scientifique. Évalué à 2.

    C'est possible. En pratique, tout dépend du nombre de fois où while et whereas ont déjà été utilisés. ;)

  • [^] # Re: Shakespeare

    Posté par  . En réponse au journal S'essayer à la production scientifique. Évalué à 3.

    Par définition, si la formule est ampoulée, elle est n'est pas spécialement utile et devrait sans doute être reformulée, que ce soit pour un article scientifique ou pour une autre forme d'article. La seule raison pour autoriser ce genre de forme est dans une œuvre de fiction, où le narrateur/personnage/etc. s'exprime ainsi (c'est une partie de son caractère).

    Après, même en étant « direct », il existe des formes plus ou moins jolies qui passent plus ou moins bien, par exemple :

    We conducted our experiments on two platforms: a 4-core Intel Xeon and a 6-core AMD Opteron. The Xeon did [bla bla bla], while the Opteron [bla bla bla].

    Une autre façon de dire la même chose :

    We conducted our experiments on two platforms: a 4-core Intel Xeon and a 6-core AMD Opteron. The former did [bla bla bla], while the latter [bla bla bla].

    L'un est plus idiomatique que l'autre, et du coup plus « facile » à lire. Lorsque ce genre de formulation avec des répétitions est rencontré une fois de temps en temps, on s'en fout. Lorsqu'on le rencontre partout parce que l'auteur ne se préoccupe que de brièveté sans penser un minimum au style, ça devient vite très lourd, et on fatigue.

    Est-ce que ce que je voulais dire est plus clair ?

  • [^] # Re: Shakespeare

    Posté par  . En réponse au journal S'essayer à la production scientifique. Évalué à 3.

    Bon, ça fait un petit moment maintenant que je rédige et fait la revue d'articles pour mon domaine de recherche. La complexité du sujet lui-même influe sur le temps que je mets à relire un article : une étude sur la performance de deux frameworks pour du parallélisme est en général bien plus facile à lire qu'une nouvelle transformation optimisante, car l'une tient principalement de l'info appliquée, alors que l'autre a tendance à être plus théorique. Et oui du coup, des phrases simples qui vont droit au but aident énormément.

    Ceci étant dit, la qualité de l'Anglais fait qu'un article « moyen » peut devenir « acceptable » grâce aux efforts faits pour rendre ce dernier lisible. Un bon Anglais est nécessaire pour des progrès « incrémentaux » : de la recherche qui avance sans être spectaculaire. Mais au contraire, un papier qui propose quelque chose de génial, mais avec un Anglais si pauvre qu'il en devient illisible ne passera pas avec moi. La recherche, c'est aussi une capacité à transmettre les savoirs de façon claire. Un article en Anglais qui est rédigé de façon plus « littéraire » passera ou pas, en fonction de la clarté de ce dernier. Si vous lisez les articles concernant le framework « Galois » (un truc pour faire de la concurrence « transparente » pour que les utilisateurs n'aient pas à penser parallèle), l'Anglais est souvent largement au-dessus du niveau moyen des articles scientifiques qui passent sous mes yeux. Le papier original est à la fois bien écrit, et propose un environnement pour l'écriture de programmes parallèles largement différent des autres (avec des résultats intéressants). Voir par exemple The Tao of Parallelism in Algorithms.

    L'opposé n'est généralement pas visible publiquement, puisque l'article est généralement rejeté — sauf pression par un supérieur qui veut que ce papier passe pour des raisons politiques, ce qui n'arrive pas souvent, mais arrive quand même.

  • # Questions/commentaires après avoir maté l'article 30 secondes

    Posté par  . En réponse au journal S'essayer à la production scientifique. Évalué à 10.

    À chaud, sans avoir pris le temps de lire l'intégralité de ton papier :

    • Tu affirmes que ta base de données est lock-free. C'est une affirmation forte. Prouver qu'une structure de données est lock-free est loin d'être une mince affaire. As-tu des preuves (je n'en vois pas réellement dans ton article) ?
    • En règle générale, si tu as un algorithme, il est toujours de bon ton d'écrire celui-ci en pseudo-code (ou même en code réel), plutôt que de le décrire par des paragraphes. Les paragraphes permettent de mieux expliquer, mais l'algorithme est la seule chose « formelle » qui puisse être évaluée correctement. Tu as bien des bouts de code, mais ce n'est pas suffisant.
    • Par ailleurs, en quoi ta méthode pour détacher/rattacher des éléments est-elle meilleure que celle utilisée par d'autres papiers ?
    • Tu prends l'hypothèse que le rapport lecture/écriture varie de 10 à 100 en moyenne. C'est peut-être vrai, mais tu ne justifies pas pourquoi c'est raisonnable.
    • J'ai pas compris ton explication pour le stockage persistant. Tu décourages l'utilisation de disques durs. Cela veut-il dire que tu encourages l'utilisation de SSD ? L'a pô compris. Si c'est bien ce que tu dis (utilisez du SSD), il faut reformuler et dire que tu tires avantage de l'accès réellement aléatoire des SSD, et que sur un HDD ça fonctionnera pas mais que ce n'est pas optimisé pour. Quelque chose dans le genre.
    • De façon générale, « Technical Properties » tend à induire en erreur je trouve.
    • Tu découpes trop de trucs. Si ton article a une vocation scientifique, alors il a aussi une ambition d'être lu par des gens du domaine. Expliquer ce qu'est un nœud de calcul est inutile, surtout que la seule information importante est « mon truc nécessite que tous les processeurs accèdent à une mémoire et un disque partagés ». Pour info, dans un système à mémoire partagée et distribuée, tout est transparent, et le système « en dessous » se charge de tout traduire comme il faut (y compris les opérations atomiques).
    • Tu devrais séparer les « caractéristiques » du système de ses buts. Ses buts, ce seront les contributions de ton article. Les caractéristiques sont les moyens par lesquels tu arrives à fournir tes contributions.

    Pour reprendre des bouts de ton texte :

    The database is to be used when standard in-memory data structures (like hash tables or simple arrays) become unpractical because the data set is too big, but when the performance of in-memory data structures needs to be kept

    Ça ressemble fort à une sorte de cache. L'utilisation de SSD pour servir de « cache » ou de « scratch-pad » lors d'un calcul (pour des raisons de tolérance aux pannes, ou bien de gains de performance) est un sujet très populaire depuis un bout de temps.

    […] as none of the algorithms used have a complexity worse than constant-time relative to the number of objects stored in the database.

    … Ça veut dire quoi ? Si c'est du temps constant « relatif au nombre d'éléments présents », ça devient une complexité linéaire. Sois clair. Soit tu accèdes à ta structure de données en temps constant, et c'est indépendant des autres données stockées; soit pas, et ton accès est logarithmique (case des arbres binaires de recherche équilibrés et des tables de hachage quand on compte l'amortissement de l'agrandissement de la table au fur et à mesure qu'elle grandit), linéaire (comme lorsque tu cherches un élément dans une liste chaînée), etc.

    De plus, parler de « vitesse » plutôt que de complexité est dangereux. Je n'ai pas encore maté tes résultats, mais je peux te faire des algos à la complexité O(1) qui vont fortement faire ramer ton PC (car la constante est très grosse), alors que d'autres, en temps O(n) vont au final être OK.

    Je reviendrai sur le reste de ton truc plus tard, mais j'ai pas passé la page 2 à ce stade. :)

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    À propos du seuil de pauvreté : ce que j'en avais retenu au final, c'est que ne retenir que le seuil sans parler d'indices absolus était débile, mais que ne retenir que l'un ou que l'autre l'était tout autant. Tu n'es pas d'accord avec ça ?

    Sinon :

    Pour aborder les problèmes par le bon bout, il faut les définir clairement. Ce n'est pas bon pour le spectacle qui joue sur l'émotionnel de dire que parmi les N millions de chômeurs, certains souffrent plus que d'autres […]

    Je ne suis pas contre dans l'absolu. Il y a je pense aussi une « facilité » pour certaines catégories, justement comme tu l'expliques parce qu'elles sont plus faciles à retrouver, contacter, etc., bref qu'elles ont encore des liens au sein de notre société, et que ces catégories-là, on peut les « sauver » à moindre frais.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Ben justement, elle est longue, son explication. Je digresse souvent, au point qu'entre le moment où je rédige mes commentaires et celui où je les poste pour de bon, j'ai reformulé 3 fois pour réduire la taille du commentaire (et parfois ça marche pas trop trop en fait). Et aussi, lorsque je demande de faire un message synthétique, je me retrouve avec quelqu'un qui du coup écrit un tout petit paragraphe là où il y en avait 5 gros avant. On passe d'un extrême à l'autre … :-)

    Sinon, il ne faut pas oublier la seule partie « pertinente » de ma réponse à ton commentaire était la suivante :

    Pour palier au problème [des gens qui ne sont pas tous foutus de piger ce qui se passe tout le temps], je propose un gouvernement de technocrate…

    Il est évident que c'était du sarcasme.

    Et du coup, tout le reste de ce fil est une sorte d'engueulade alors qu'en pratique je pense que personne ne veut d'une technocratie. :-) Note que sur ce point de la discussion (« à qui la faute » de l'état dans lequel se trouve la Grèce) je suis bien plus d'accord avec toi et Pierre Roc qu'avec Zenitram, dont les arguments me semblent simplistes et ne rendent pas justice à la complexité de la situation (en gros: « les Grecs n'avaient qu'à voter mieux, et faire gaffe, et savoir ce qui se passait derrière leur dos, ces simplets »).

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    J'ai dit « ad personam », pas « ad hominem ». ;-)
    D'après Wikipedia:

    Dans une argumentation, l'argumentum ad personam désigne une attaque personnelle portée par l'une des parties à la partie adverse sans rapport avec le fond du débat.

    … et ainsi, même en admettant que les arguments de Zenitram soient réellement « réac » et anti-démocrate, ça ne répond pas à l'argument lui-même, mais ça prend à témoin l'auditoire, pour essayer de donner une coloration négative. Et surtout, c'est mal comprendre l'origine de ses propos (qui au départ répondaient aux miens):

    Pour palier au problème [des gens qui ne sont pas tous foutus de piger ce qui se passe tout le temps], je propose un gouvernement de technocrate…

    Il est évident que c'était du sarcasme.

    Alors que le ad hominem signifie :

    La locution latine ad hominem (à l'homme) ou argumentum ad hominem sert à désigner un argument de rhétorique consistant à confondre un adversaire en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actes.

    Mais de façon générale, sauf à vouloir démontrer que l'interlocuteur a des positions « fascistes », « extrémistes », etc., je ne vois pas l'intérêt de faire remarquer qu'une remarque est « fascisante », qu'elle est réactionnaire, etc., ne serait-ce que c'est le premier pas vers le point Godwin (sans en être un, nous sommes d'accord).

    D'un point de vue objectif, la réaction peut être simplement neutre et descriptive, mais depuis quand qualifier (à tort ou à raison) un argument de « réactionnaire anti-démocrate », c'est tout neutre ? Pour moi, c'est tenter de démonter l'argumentation en attaquant « d'où vient l'idée » plutôt que sa valeur intrinsèque. Note bien que Zenitram fait aussi usage de ce stratagème à ses heures perdues, et que ça m'énerve tout autant.

    Histoire de faire de la provoc', lorsque quelqu'un dit « Hitler n'a pas dit que des conneries », que ce soit vrai ou pas n'a pas d'importance; Hitler c'était l'incarnation du Mal, et donc TOUTES ses idées sont à jeter. Bon il se trouve que dans ce cas précis, je n'ai rien vu chez Hitler qui mérite qu'on s'y attarde, en dehors de ce qu'on connaît déjà trop bien dans ses idée, mais on pourrait transposer à d'autres « incarnations du mal » — tiens, par exemple B.Manning aux USA, ou bien J.Assange, ou encore E.Snow.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    Salut,

    Pas que je ne sympathise pas avec certaines de vos opinions, mais nous sortir un

    Zenitram nous refile le grand classique de la pensée réactionnaire anti-démocrate.

    c'est clairement mal connaître le bonhomme. Sans parler du fait qu'il s'agit d'un argument ad personam, qui ne fait pas avancer le schmilblick, et qui du coup ne donne pas envie de lire la (longue) diatribe qui suit. Je suis du genre bavard aussi, mais j'essaie toujours de synthétiser un peu. Là, vous vous étalez, et ça dessert votre argumentation.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Tu l'as quand même fortement laissé entendre.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 5.

    Tu penses sincèrement que tout le monde pige ce qui lui arrive au moment où ça lui arrive ? Tu penses vraiment que quand tu as la tête dans le guidon, tu peux toujours avoir le recul nécessaire pour voir s'il y a baleine sous gravillon ?

    Les responsables principaux sont les dirigeants grecs qui, par démagogie, ambition électoralistes, etc., ont laissé faire. Ce sont eux qui sont censés avoir l'expérience et les compétences nécessaires pour gouverner un pays, et ils n'auraient pas du accepter « l'aide » de GS en premier lieu. D'autre part, je maintiens toujours que je ne crois pas une seconde que personne du côté de l'UE ne savait que la Grèce avait des chiffres bidonnés au moment de leur entrée. Dire « c'est la faute des grecs » comme si il n'y avait pas eu d'autres personnes dont c'était l'intérêt à plus ou moins court terme de permettre à la Grèce de vivre comme elle l'a fait, c'est aussi naïf que de penser que chaque individu est égal devant les problèmes économiques et leur compréhension.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    À propos du dimanche je ne suis pas d'accord, et j'ai tendance à rejoindre Zenitram sur le sujet. Je préfère que l'État laisse les gens libres de bosser quand/comme ils veulent bosser, tout en faisant bien comprendre qu'il préfère quand même quand ce sont des jours dits ouvrés (par exemple en doublant les salaires le dimanche), plutôt que laisser le (très souvent petit) patron se démerder parce que, étant le seul non-salarié, il n'y a que lui qui peut assurer le boulot. Il y a tout plein d'étudiants/de jeunes/blah qui comme ça peuvent avoir un boulot à côté des études. Il y a aussi certains entrepreneurs qui commencent à monter leur boite (et qui donc par définition ne gagnent rien pour le moment, ou très peu), et qui peuvent ainsi mettre un peu de beurre dans les épinards en attendant que la boite commence à avoir des clients. J'en connais qui ont fait exactement ça. Ils étaient patrons ET employés pendant un ou deux ans, le temps que ça démarre pour de bon.

    La peur de détruire la famille ou je ne sais quoi est à mon avis une peur infondée : on a tous vus un épicier avec un/son gosse qui aide au magasin, ou un artisan en général qui demande de l'aide à sa famille en périodes de vacances scolaires ou… le dimanche. Que ce soit légal ou pas (je n'en ai aucune idée) ne change pas au fait que c'est une habitude complètement acceptée. Alors quoi ? On peut avoir sa famille qui aide (sans doute « gratuitement »¹), mais on ne peut pas embaucher une personne responsable (le plus souvent majeure) ? Ça me semble paradoxal.

    Dans un pays qui est bien plus libéral qu'ici, mais pas réellement capitaliste (comme l'explique très bien Maris dans son Anti-manuel d'économie, vol. 1), les États-Unis, les enfants n'ont pas cours le samedi matin, tout comme les adultes ne travaillent pas pour la plupart. Mais même ceux qui travaillent, ben ils s'arrangent : le père ou la mère est à la maison, pendant que l'autre parent part bosser. Très souvent ils ont un jour en commun (pas forcément le dimanche), et ça ne pose aucun problème à personne. Par contre, « libéralisme » oblige, je ne crois pas qu'il y ait un quelconque avantage financier à bosser le dimanche.

    Pour résumer : je suis pour laisser les gens bosser quand ils veulent, mais je ne suis pas contre le fait que l'État essaie d'inciter (fortement) les boites à choisir des jours de travail qui coïncident avec une certaine « respiration » nationale, au contraire. En pratique, la plupart des gens ont et auront un boulot qui commence le lundi et termine le vendredi. Ma source : je vis dans un pays bien plus dérégulé que la France (les USA), et aussi bien plus religieux, et pourtant, personne ne bronche si papa ou maman bosse le dimanche matin.

    [1] Évidemment il s'agirait plutôt de contribuer à mettre du pain sur la table familiale en vérité…

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 5.

    D'autant que tu occultes le fait que en général, ceux qui réussissent, ont investi énormément de temps et d'argent pour y parvenir. Oui quelqu'un qui fait honnêtement son boulot mais profite des 35h/semaine avec ses vacances et sans investir son argent ne mérite pas de gagner autant uqe celui qui a sacrifié sa vie personnelle et ses finances pour essayer de réussir. Quand ça gagne, il semble naturel que cela paye.

    Bon déjà j'aimerais que tu me donnes une définition de « réussir ».

    Ensuite, les personnes qui s'occupait de mes neveux lorsqu'ils étaient en âge d'aller à la maternelle ont un boulot qui, de mon point de vue et encore plus du point de vue de leurs parents était sans doute vital (assurer la sécurité desdits mômes, assurer le bon développement de leur potentiel, tout ça). La personne qui vide mes poubelles et celle qui nettoie le trottoir à côté de chez moi rendent ma vie supportable et même agréable. Vivre dans la merde, très peu pour moi¹. Et bien entendu, l'ingénieur qui fabrique un nouveau micro-processeur, lui aussi il contribue à ce que ma vie soit plus agréable, directement (parce que j'ai acheté un ordinateur) ou indirectement (parce que le processeur est utilisé chez quelqu'un qui me rend un service). Bon, le mec qui me prépare mon sandwich, je t'avoue que quelque part je lui suis moins « reconnaissant ». Sauf que rentrer chez soi et sentir la merguez ou la friture tout le temps, ça doit pas non plus être toujours cool.

    Bref, même si je ne suis pas pour infliger un salaire unique à tout le monde, je trouve que les échelles de valeur sur qui « mérite » plus sont légèrement tordues. Ma sœur a élevé mes neveux jusqu'à ce qu'ils soient en âge d'aller à la maternelle (3 ans donc). C'était un pur calcul financier : au final embaucher quelqu'un serait revenu aussi voire plus cher. Il y a des parents (surtout des mères, certes) qui restent au foyer pour éduquer leurs gosses. Ils ne « gagnent » pas leur vie ainsi, mais ils fournissent malgré tout un travail réel : généralement, ce travail combine de l'aide ménagère, l'éducation des mômes (ce qui inclue les accompagner à leurs activités sportives/culturelles/blah en semaine pendant que l'autre personne du couple continue de bosser), etc. Pourtant il n'est pas rémunéré en lui-même. Et il y a de fortes chances que lesdits mômes finissent par être des membres productifs de la société, et donc que le parent au foyer produise « de la richesse » sur le long terme. Est-ce que tu considères que rester à la maison pour s'occuper des enfants, c'est sacrifier sa vie professionnelle ? personnelle peut-être ?

    Après on peut toujours me sortir la loi de l'offre et de la demande, mais celle-ci suppose généralement une certaine connaissance par l'offreur, ou le demandeur du contexte dans lequel on se trouve. Expliquer l'impact qu'un certain type de boulot a sur le reste du monde est difficile à quantifier.

    Les mecs dont tu parles et qui font largement plus que leurs 35h, j'en connais plein, ce sont des chercheurs, des enseignants (si si), des ingénieurs, etc. Mis à part les métiers qui ne demandent quasiment aucune qualification, je ne connais personne dans mon entourage (pas que aux USA, parce que sinon c'est trop facile ;-)) qui ne bosse pas plus que ce qu'ils sont officiellement censés faire, si leur boulot correspond à ce qu'ils voulaient faire en premier lieu.

    [1] Quoique certains potes se gausseraient grassement en se remémorant l'état actuel de mon appart…

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    J'ai oublié de répondre sur ce point spécifique :

    Tu oublies aussi que les gens "bobos" veulent vivre à Paris ("hors de question de nous emmener ailleurs, je démissionnerai"), parler d'obligation des employés est souvent oublier que les employés veulent être à Paris

    Je ne sais pas si ça me qualifie de « bobo », mais voici le raisonnement que j'avais fait à l'époque :

    1. Le loyer dans la ville où je bossait pour ma thèse n'était pas spécialement moins élevé qu'à Paris
    2. Mes amis habitant en région parisienne habitaient à 95% à Paris-même, et les autres étaient de toute manière dans des banlieues « lointaine » (vis à vis de la fac où je bossais)
    3. Je savais déjà que j'allais bosser à un rhythme différent de celui d'une boite classique (lire: les weekends, c'est aussi bien pour bosser).
    4. Je faisais de l'informatique : pour bosser, j'ai juste besoin d'une connexion SSH pour me connecter au cluster de calcul.
    5. Je savais aussi qu'il y avait une certaine flexibilité des horaires (même s'il ne fallait pas pousser)
    6. Je voulais avoir une vie sociale en dehors de mon boulot, justement parce que je savais que c'était un effort en continu. De ce côté, Paris offrait de bien meilleures solutions que la « grande » ville de banlieue où j'allais vivre
    7. La taxe d'habitation à Paris pour un 25m² était relativement ridicule (150€/an ?), comparée à ce que payaient mes amis en banlieue (parfois jusqu'à ~600€/an ou plus), ce qui remboursait en grande partie l'abonnement annuel pour 4 zones.

    Il y avait deux contreparties :
    1. Jusqu'à 2 heures de transport par jour pour mon premier appart, et jusqu'à 4h pour le second, lors des mauvais jours (accident, grève, etc.)
    1. Il fallait quand même payer la carte intégrale, ce qui est loin d'être gratuit (compter ~80-100€/mois). Comme en plus le titre de transport n'était pas remboursé à 50% (en gros, ils auraient pu le faire, mais auraient réduit mon salaire de CDD-renouvelable-à-l-infini de … 50€), c'était un coût significatif.

    Pour le coût de la vie, Paris était en moyenne légèrement plus chère, mais pas significativement.

    Une dernière chose : j'ai vécu toute mon enfance/adolescence (jusqu'à mes ~17 ans) en banlieue parisienne, suffisamment loin pour qu'il n'y ait pas de métro, et qu'à l'époque le seul moyen d'aller à Paris était le bus (~1h-1h30 de transport) ou un train de banlieue (pas RER, ~1h). Aller chez le pote signifiait prendre le bus (pas de tram à l'époque), et espérer qu'il arriverait à l'heure. Ou bien prendre le vélo, si le pote n'habitait pas trop loin. La banlieue « pas proche » offre une qualité de vie très différente de Paris-même. Ce n'est réellement pas la même chose de vivre à Paris et de vivre en banlieue, en termes de culture, de liberté de mouvement, etc. J'avais une copine qui disait que si elle finissait par bosser en Île de France, ce serait à Paris-même, car sinon autant aller retourner en Province, en termes de confort de vie. Je reste d'accord avec elle.

    (j'ai une liste de gens travaillant à Strasbourg et habitant à Paris pour ne pas avoir à se taper "ces ploucs").

    Ces mecs ne sont pas des bobos, mais des cons. Pour moi, être « bobo » ne signifie pas forcément être complètement déconnecté de la réalité, mais privilégier un certain mode de vie (que je ne vais pas décrire ici, mais qui inclue certaine facilités et contradictions « idéologiques » bien entendu).

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Pour moi la question est de savoir si les contraintes en retour ont été correctement obéies, que les contrôles ont été faits, etc. Bref, je ne dis pas de faire passer la TVA de 19,5% à 12%, sans contrepartie. Je dis au contraire qu'il faut des contreparties claires en termes d'embauches, d'impôts, etc.

    Il y a longtemps je bossais pour une SSII à Poissy, et ils étaient dans des locaux dont le loyer était volontairement bas pour inciter les entreprises à s'installer là-bas. En contrepartie, l'entreprise devait trouver d'autres locaux au bout de 5 ans (je crois). Ils ont déménagé ailleurs, mais pendant ces cinq années, Poissy a bénéficié des impôts de cette boite.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    À propos de « la Creuse » : je pensais principalement à une incitation financière (au niveau foncier, etc.) de la part de l'État, mais il faut en retour des garanties fortes présentées par la/les boites qui viendraient s'installer. Un peu comme quelqu'un qui veut sa carte verte (ou sa nationalité, je ne sais plus) aux USA, et qui peut l'obtenir en promettant de fonder une boite et d'embaucher un certain nombre de personnes en retour.

  • [^] # Re: Stigmatisation de la "sécu"

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 5.

    « tort »

    Lasher, grammar nazi.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    D'ailleurs, c'est pour ça que les industries se développent depuis des années dans la Creuse.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 5.

    Bon faut arrêter deux secondes. Si je suis célibataire, à Paris, me contenter d'un 25m², pourquoi pas (et encore, ça va les 5-10 premières années, mais au bout d'un moment on risque la déprime). Si j'ai quelqu'un dans ma vie, 25m² ça devient petit, mais on peut espérer qu'en combinant les revenus on puisse arriver à un 40m² sans se ruiner (un deux pièces, quoi). Si on désire fonder une famille, un deux pièces va vite être trop limité. Alors oui, quand on est ultra pauvre comme l'a été mon père (par exemple), on peut dormir à 3 ou 4 dans le même lit, manger une fois par jour de temps en temps lorsque les revenus sont un peu limites, mais je n'appelle pas ça « vivre ».

    Bref : faire des sacrifices au début est une chose, mais si cela ne se solde pas par une sorte d'équilibre après un certain temps, quelque chose ne va pas, et ce n'est pas juste « le beurre et l'argent du beurre ».

    Là où ça devient rigolo je trouve, c'est que tout le monde n'a pas la même relation avec l'espace et les gens. Tu ne peux pas demander à un claustrophobe de vivre dans un 9m² (pour prendre un cas extrême). Je suis plutôt sociable, pas spécialement timide, mais lorsque je suis chez moi, il me faut un espace et une capacité de mouvement « corrects » : si à chaque fois que je sort de ma chambre, je tombe sur le/la colloc, je vais me sentir « contraint » spatialement (je ne sais pas si c'est clair). Ça ne veut pas dire que je ne vais pas le supporter (si j'en suis là, c'est que je n'ai pas le choix), mais je vais clairement vivre moins bien, et potentiellement cela va influer sur la vie en colloc elle-même (pour avoir vécu cette situation, cela se soldait en moi qui préférait lire sur un banc public en bas de mon immeuble plutôt que rentrer à l'appart).

    La différence c'est que je bosse dans un domaine qui paie bien et qui, au bout d'un moment va me permettre d'avoir le choix de comment je veux vivre niveau hébergement. Ce n'est pas le cas de la plupart des gens, qui doivent faire un ou plusieurs choix : changer de métier pour trouver quelque chose qui paie mieux que ce qu'ils ont actuellement, ou bien déménager là où leur métier paie mieux, etc. Un célibataire qui déménage, pas de problème. Une famille qui déménage, c'est déjà bien plus compliqué. Un célibataire qui se reconvertit en autre chose, c'est relativement compliqué (comment va-t-il se former ? ANPE ? employeur ?), avec une famille c'est encore plus compliqué.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    Euh… Non : arrêter de dépenser de l'argent pour des gens qui veulent vivre "loin" ne me dérange pas du tout.

    Sauf qu'en France, à moins d'être indépendant, bosser dans l'informatique (par exemple) signifie à 90% bosser en région parisienne. Et comme il est quasi-impossible de vivre à la Défense (et honnêtement, c'est un endroit pas super agréable pour y vivre de toute manière), on vit ailleurs. Paris est hors de prix, la proche banlieue aussi. Mais la banlieue moins proche n'est pas spécialement géniale niveau prix, à moins d'accepter de vivre dans des quartiers plutôt bof, ou… de vivre dans des endroits plus désertés que les autres et donc moins desservis par les transports. Je ne parle même pas de ceux qui partent vivre dans le Loiret ou l'Oise, car ce sont les seules régions où certains peuvent se permettre d'acheter¹ (ou même louer) avec une superficie potable. Et du coup, forcément, c'est moins bien desservi.

    Je trouve qu'il y a globalement une forme de contradiction dans tout ça : d'un côté on demande de plus en plus aux employés d'être flexibles, mais de l'autre, on ne les aide pas trop à l'être, sauf à vivre dans une zone déjà très dense en termes de transports publics.

    Aparté 1 : Incidemment, la Poste externalise de plus en plus, et le service est réputé de moins en moins bon. Ici aux USA, le système postal (grande fierté aux USA) est en train d'envisager de ne plus relever ou déposer le courrier le samedi, parce que de toute manière presque tout le monde paie ses factures par voie électronique, et s'envoie des e-mails ou IM. À terme, on s'attend à ce que la poste US disparaisse, car il existe d'autres alternatives plus rapides et souvent aussi fiables.

    Aparté 2 : perso j'aimerais qu'une grosse boite s'installe dans la Creuse, avec l'aide de l'État. Un truc genre un GooglePlex ou je sais pas quoi, avec tout un tas de commerces qui pourraient ouvrir juste à côté du campus (restos, immeubles à construire, etc.), et qu'on arrête de concentrer l'industrie informatique à Paris et la région Nice-Sophia Antipolis. Ça justifierait l'utilisation d'un système de transport (minimal au début, mais qui existerait néanmoins).

    [1] Oui je sais qu'on n'est pas obligé d'acheter, tout ça. Mais même la location peut être relou.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 2.

    Ma mutuelle ne me coûtera pas la même chose selon que je suis dans l'État du Delaware ou celui de Californie. Mon assurance auto non plus. Par exemple, dans le New Hampshire, on n'est pas obligé de souscrire à une assurance auto, alors que dans le Delaware, si. Mon employeur (l'université du Delaware) m'impose de souscrire à une mutuelle, mais tout le monde ne le fait pas, et tous les états américains ne l'imposent pas.

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 4.

    ca faisait pas chier les gens (pas de "on est pris en otage !" - phrase à la con !).

    En quoi c'est une phrase à la con ?

    Si tu vois pas la différence entre le gars qui est REELLEMENT pris en otage (donc totalement privé de liberté, et pas sur de s'en sortir indemne) et le gars qui est juste emmerdé parce qu'il va rentrer deux heures plus tard chez lui, désolé, je ne peux rien pour toi !

    Certes l'image est forte, mais tiens, tu parlais de privation de liberté, etc. : en 2007, les grèves de la SNCF en Octobre ou Novembre avaient complètement supprimé le trafic sur la branche de RER D que je prenais pour aller bosser. Je n'avais pas de permis, et même si j'en avais eu un, je n'avais pas de voiture (et je n'en aurais pas eu). J'étais assez chanceux pour être thésard à ce moment : je pouvais bosser depuis chez moi, et je bossais aussi avec le CEA, du coup j'ai pu prendre leur bus pour aller bosser là-bas plutôt qu'au labo habituel (là encore, pure chance : j'habitais à l'époque à 15 minutes de « l'arrêt »). Je ne crois pas que tout le monde ait la même chance que moi. Je connais tout un tas de gens qui prenaient la même ligne pour aller bosser à Paris et qui n'avaient tout simplement aucun moyen de locomotion. Certains réussissaient à faire du co-voiturage, etc., mais c'était loin d'être gagné.

    Bref, je ne vais pas aller voir les poncifs du genre « le mec a un entretien d'embauche, et comme y'avait grève, il a pas pu obtenir le job », parce qu'effectivement c'est débile : si c'est si important, et si la grève est déjà là, on se débrouille pour dormir pas loin du lieu d'embauche (pote ou hôtel, ou même couch surfing, pourquoi pas !). Si la grève vient juste de se déclarer, alors si l'employeur n'est pas fichu de reporter le rendez-vous à plus tard, je suis désolé, mais cet employeur pue (ou est désespéré). BREF.

    Tout ça pour dire que même si ce n'est pas une prise d'otage au sens propre, et même si ce n'est pas un événement aussi traumatisant, ça n'en reste pas moins une forme de « chantage professionnel » pour beaucoup : on prive un ensemble d'employés de leur moyen de subsistance. On utilise des « boucliers humains » professionnellement parlant (vlan, image du terrorisme! Oui, celle-là, c'est un troll, pas la peine de répondre :-)).

  • [^] # Re: Tu peux développer?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 4.

    Tu sais que plus haut, tu défends un revenu plus bas que le SMIC qu'on répartirait allègrement du nouveau-né au doyen sans aucun discernement, et ici, tu justifies qu'un mec refuse le SMIC parce que ça ne permet pas de vivre décemment?

    Tout dépend d'à quel point la baisse de salaire est importante. Si on me propose un job avec un salaire de type SMIC, mon niveau de vie va être au moins divisé par deux. Ma capacité à économiser (pas pour des vacances hein, mais simplement pour pouvoir remplacer des lunettes, ou bien aller chez le dentiste, ou …) sera nulle ou quasi-nulle. Pire: il y a de fortes chances que je sois sur-qualifié pour le boulot, et que les compétences pour mon ancien-job-qui-payait-bien commencent à s'étioler car je n'en fais plus usage (ou plus autant). Du coup, même quand l'économie ira mieux, j'aurai plus de mal à me caser pour un job qui relèvera plus de mes (anciennes) compétences, car je serai en compétition avec les petits-nouveaux-qui-coûtent-moins-cher (et ne sont pas forcément moins bons, car eux sont encore « en plein » dans le domaine concerné, et ont potentiellement des connaissances plus à jour). Donc il faudra que je m'aligne sur leurs prétentions salariales, car malgré mon expérience, j'ai peut-être un peu perdu en pratique. Donc maintenant, j'ai un job qui correspond mieux à mes compétences, mais je suis moins bien payé qu'avant. Avec un peu de chance, je vais me remettre en selle avant la prochaine crise, qui va me voir viré car je coûte plus cher (à ce moment-là, j'ai 45-50 ans, je commence à coûter plus cher qu'un jeune de 25-30 ans).

    Tout est hypothétique dans ce scénario bien sûr, mais je ne crois pas que ce soit si irréaliste d'imaginer cela: les crises se succèdent, empirent, et la régulation de l'économie n'est toujours pas à la hauteur. Je me trompe peut-être, mais je crains fort que la fréquence des crises s'accélère, ou que la durée des crises s'allonge. Personnellement je ne suis pas une victime de celle-ci, mais même pendant la « mini-crise » qui a suivi l'éclatement de la bulle internet, je vois comment ma sœur (pourtant fort capable, détentrice d'une licence pro en informatique) ne trouvait aucun job qui soit « raisonnable » en termes de paie pour lui permettre de vivre correctement. Et contrairement à moi, elle était très économe, se serrait la ceinture pour tout, etc. Simplement, au bout d'un moment, se serrer la ceinture, on en a marre. On veut vivre un peu plus confortablement, ne pas se demander à tout bout de champ si on peut se permettre ceci ou cela, etc.

    Par chance elle est tombée sur une formation ANPE qui ciblait principalement des gens qui voulaient se reconvertir, et formait à programmer en COBOL. Elle connaissait déjà (vive la formation en IUT), et comme la formation était sponsorisée par une entreprise, elle a pu avoir un revenu très vite (et un employeur aussi). Mais il s'était écoulé un an entre la découverte de cette formation et avoir été diplômée.

    Une dernière chose: le SMIC c'est une chose, mais il ne faut pas oublier qu'il existe tout un tas de boites (je pense notamment aux super/hypermarchés) qui embauchent des gens à temps partiel uniquement pour ne pas tomber sous le coup de la loi sur les 35 heures. Ce genre de boulot à temps partiel « forcé » est loin d'être anecdotique : c'est parfois le seul type de boulot qu'une personne non-qualifiée peut trouver. On n'en est pas encore au même niveau qu'aux États-Unis, où certaines boites comme McDonald's se permettent d'expliquer à leurs employés comment gérer un budget en supposant qu'ils cumulent deux jobs. Mais on voit déjà des travailleurs à temps partiel (les caissiers des hypermarchés susmentionnés) qui cumulent 2×15 ou 20 h / semaine. Et c'est parfaitement légal, sauf qu'évidemment ça détruit pas mal leur semaine, leur vie de famille, etc.

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    Pas les mêmes articles, mais ça va dans le même sens que celui que j'avais lu. Merci. :)

  • [^] # Re: Qu'est ce qu'on y gagne ?

    Posté par  . En réponse au journal Quitter la sécurité sociale. Évalué à 3.

    [à propos des 115$/mois que je paie en mutuelle] Qu'est-ce que tu entends par "mutuelle santé"?

    Je suis "postdoc" dans l'État du Delaware. Ce que ton pote paie en mutuelle dépend de beaucoup de choses. Je vais faire une petite comparaison. En tant que « postdoc senior », je gagne environ 65k$/an. C'est le prix qu'un mec qui a « juste » un Bachelor (BSc, une sorte de Master 1) peut espérer gagner dans le privé. Mon loyer se monte à ~950$/mois (pour ~64m²), charges incluses (électricité, chauffage, air conditionné, etc.). Je paie ma mutuelle en tant que « visiting scholar », donc j'ai un prix plus bas qu'une mutuelle classique. Mes deux premières années je n'étais pas soumis à l'impôt (convention entre la France et les US), mais depuis l'an dernier je suis imposé comme tout le monde (dans tous les cas c'est prélevé à la source, donc j'ai un « tax return » plutôt qu'un paiement à effectuer).

    Par contraste, un ami vient de se faire embaucher par Apple pour bosser sur LLVM. Il va toucher ~150k$/an. Apple lui paie sa mutuelle (qui couvre mieux que la mienne). Par contre, il paie ~2000$/mois pour son appart (légèrement plus grand je crois).

    Un autre pote était parti du Delaware avec son salaire de ~90k$, pour aller bosser à NYC. En terme d'augmentation brute de salaire, il est passé à ~120k$. En termes de coût de la vie, il a aussi le plaisir d'avoir eu à louer un ~40m² pour ~2000$ (parce qu'il habitait Manhattan), etc. Au final, son salaire avait « baissé » en termes de pouvoir d'achat.