lasher a écrit 2732 commentaires

  • [^] # Re: Ne plus avoir de voiture

    Posté par  . En réponse au journal Et vous, vous voulez qu'elle fasse quoi votre voiture autonome ?. Évalué à 5.

    Je vais même aller plus loin : la poste, justement pour des histoires d'efficacité/productivité/pas embaucher de fonctionnaires/etc. embauche des externes pour livrer tout un tas de trucs, leur donne des objectifs journaliers de nombre de colis/lettres à livrer, tout en étendant la surface de livraison. Et c'est pareil pour les mecs de type FedEx/UPS/etc. Au final, c'est justement la réduction de personnel, liée à l'augmentation des objectifs en termes de productivité qui génèrent ce genre de comportements.

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    Tu peux être sûr que dans l'administration il y a des pics et des creux dans l'activité informatique. Tu ne vas pas recruter une armée de développeurs pour que une bonne partie se touche la nouille quand il y a moins de projets. Tu ne vas pas non plus recruter des gens dont la compétence est nécessaire sur un projet donné mais pas sur les autres.

    Mais d'un autre côté, si tu permets aux développeurs (pas forcément ingénieurs !) de se former pendant les creux, quand il s'agira de développer un nouveau projet, et si on peut planifier suffisamment à l'avance, alors tes développeurs pourraient avoir suffisamment d'expérience (en dév en général, et d'heures de formation/expérimentation) pour passer à l'exécution du projet. De plus, c'est pas comme si les SSII ne vendaient jamais leurs « ingénieurs » (je mets des guillemets car il n'est pas rare de voir quelqu'un de vendu en tant que tel mais qui n'a pas le titre à proprement parler) en tant « qu'experts » (ce qui, en langue de bois SSII-ienne veut parfois dire « il s'est auto-formé il y a 15 jours »).

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    Oui, je m'en suis rendu compte après coup. Mais malgré tout, ça fait un bon salaire moyen. :-)

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    Tu oublies les inconvénients de ton bras armé de fonctionnaires. Il faut les occuper, tout le temps, sinon tu payes des salaires pour… rien.

    L'idée selon moi serait d'embaucher un « petit » (pour une certaine définition de « petit ») groupe d'ingénieurs, et leur confier différents projets. Il faudrait ensuite malgré tout embaucher des prestataires de temps à autres, mais au moins les ingés du « dedans » auraient mis les mains dans le cambouis. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une fois qu'un système info est monté, il faut encore le maintenir. Donc de toute manière, tes ingés ne vont pas « rien faire ». Ensuite, tes ingés peuvent être utilisés pour faire évoluer les systèmes actuels (donc qui irait au-delà de la maintenance « bête »).

    Enfin, il ne faut pas oublier qu'il existe déjà un système au niveau de l'administration publique où de (très) bons ingénieurs sont payés un salaire très décent (et relativement compétitif avec le privé). Simplement, leur contrat est de cinq ans renouvelable/extensible à l'infini (car c'est l'État !) et qui bossent directement pour l'État mais sont « prestataires » / externes. La raison étant qu'on ne veut pas créer un poste officiellement (car sinon il faudrait potentiellement le pourvoir une fois que le bon élément est parti—dans une autre boite ou à la retraite).

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 4.

    OK je suis peut être bête et méchant, mais il faut reconnaître que le premier mot qui vient à l'esprit quand on parle des fonctionnaires français n'est pas … efficacité

    C'est un cliché qui existe partout (y compris aux USA, où je vis depuis un moment). Le problème est que comme c'est de l'argent public, on rajoute tout un tas de règles (par exemple aux USA, si je voyage en avion, comme je suis payé sur des fonds publics, il faut que je cherche à tout prix à utiliser une compagnie aérienne US; si je vais en UE, alors je peux potentiellement utiliser une compagnie d'un des pays de l'UE; et sinon, il faut que je puisse justifier de pourquoi je n'ai fait ni l'un ni l'autre, si je vais dans un pays qui ne propose aucune de ces deux solutions). Il y a tout un tas de règles et de régulations qui n'affectent QUE le service public, justement pour contrôler la bonne utilisation des fonds. Et ça, ça a un coût.

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    Soit effectivement on se traîne de gros mammouth bien gras bouffés par les parasites …

    Définis « plein ». Il y en a, c'est certain. Il y a aussi des gens qui sont parachutés à des postes dans le privé, là où « il ne feront de mal à personne », souvent payés plutôt décemment (parce que ceux qui sont mal payés sont généralement ceux qu'on peut pousser vers la sortie plus ou moins gentiment), et ne font pas grand chose de productif.

    Mais sinon, il y a tout plein de gens qui font leur boulot, et bien. Du coup, ce « parasitisme » (qui est pour moi plus ou moins intrinsèque à tout gros système qui génère une certaine inertie) est difficilement quantifiable. Pour mentionner ce que je connais, je pourrais bien entendu parler de certaines secrétaires (et plutôt proches de la retraite) dans certains labos qui visiblement n'en foutent pas une, mais ce serait complètement ignorer celles qui font un boulot formidable et sont super efficaces (et qui, elles, ont tendance à être plutôt jeunes). Je pourrais aussi parler des enseignants-chercheurs que j'ai côtoyés, et en fait, si certains se laissent peut-être un peu aller, c'est plutôt en termes de recherche, mais par contre, en termes d'enseignement, ils assurent leurs heures (après, certains s'accrochent à du contenu à peine mis à jour, alors que d'autres font un vrai boulot de pédagogie, en renouvelant le programme pour les 1è/2è années, etc.). Et parmi les profs qui font plein de recherche, certains sont aussi des enseignants atroces (un enseignant-chercheur est principalement évalué sur sa recherche, pas sur son enseignement), alors que d'autres font de vrais efforts de pédagogie, et se rendent accessibles aux étudiants.

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    Je ne peux être choqué tant que je ne sais pas à quoi sont employés ces fonds.

    Lorsque je regarde ce document, il semblerait que

    • ~34M€ soient dédiés aux divers prélèvements liés à l'assurance chômage.
    • ~3M€ : accompagnement des chômeurs (allocations, pré-retraites, etc.).
    • ~860M€: « Interventions », dont ~670M€ « hors convention particulières », et qui comprennent par exemple la mise à jour du système pour devenir « digital » (donc moderniser le système de Pôle Emploi)[1].
    • ~4300M€ : « Fonctionnement », dont ~3200M€ pour le personnel uniquement, soit un salaire moyen brut de ~60K€/an par employé (ne pas oublier que certains [hauts] fonctionnaires sont très bien payés en haut de la pyramide des employés de Pôle Emploi, et que du coup ça biaise un peu la moyenne sur les salaires). Nombre obtenu en divisant bêtement: 3,2×10⁹/54000.
    • Loyers & charges locatives : ~300M€.
    • Frais de fonctionnement : ~615M€.

    Il y a plein d'autres « petits » budgets (<100M€ individuellement) que je n'ai pas rapportés.

    Donc en gros, y'a ~1 milliard d'euros dédié à la formation/reconversion, à la mise en pré-retraite, etc. — bref : à l'accompagnement des chômeurs; environ 0,9 milliard d'euros dédiés à différents projets (dont l'implémentation d'un système Pôle Emploi « en ligne » accessible à tous); et ~3,2 milliards d'euros pour payer les salaires.

    À noter qu'environ 10% des prélèvements de l'assurance chômage financent Pôle Emploi (~3000M€), et que le reste (~1500M€) est une subvention directe de l'État.

    La question est donc de savoir ce que font les 54000 employés de cette structure, et s'ils sont redondants ou pas. Ma supposition est que si le projet d'informatisation de Pôle Emploi fonctionne correctement, l'État pourra ne pas renouveler les postes après les départs à la retraite. N'empêche, j'aimerais bien savoir quel est le salaire médian à Pôle Emploi—60K€ bruts par an, j'aimerais bien ça pour moi-même… :)

    [1] Le budget en lui-même n'est pas détaillé.

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 2.

    par contre j'aimerais, au moins être convaincu que "le service public" est efficace, et est bel et bien au service du public.

    J'oubliais de répondre à ça : je me trompe peut-être, mais il me semble que l'(in)efficacité d'un système vient principalement de sa taille. L'inertie rend les choses plus compliquées lorsqu'il s'agit de gérer un gros système1. Je suis d'accord avec toi sur les problèmes d'efficacité, mais il faut faire attention à ne pas tomber dans certains travers. Je pense que certaines méthodes/attitudes issues du privé pourraient être appliquées positivement au public, mais je ne veux pas qu'on gère le service public complètement comme une entreprise (on voit ce que ça donne avec les hôpitaux aux USA et même en France, pour ne citer qu'un exemple).


    1. Sauf si on s'appelle Intel et qu'on se permet de foutre dehors ~10 000 employés, dont beaucoup d'ingénieurs, du jour au lendemain ou presque. 

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 8.

    même si le fonctionnaire à plus d'avantage que le privé

    Être fonctionnaire plutôt qu'un employé du privé, c'est un compromis : on a la sûreté de l'emploi, ainsi que certains avantages au niveau de la cotisation des retraites. MAIS : on est (notablement) bien moins payé que dans le privé pour souvent un travail égal (et pour moi, c'est entre autres ce qui justifie la différence de durée de cotisation entre privé et public pour la retraite).

    Ensuite, pour beaucoup de postes de fonctionnaires, il faut passer un concours. Je vais parler de ce que je connais le mieux, mais ça inclut par exemple les postes d'enseignants (avec le CAPES et l'agrégation dans le secondaire), de chercheurs (pour l'Inria par exemple, il y a très peu de postes, moins de dix, qui sont dispos pour devenir chargé de recherche 1ère classe au niveau national en 2017). Et en termes de salaire, un (enseignant-)chercheur, qui a généralement une thèse derrière lui, est payé ~1800€ net/mois en début de carrière (au bout de deux ans ça monte à 2000€/mois, et ensuite ça progresse leeeeeentement). Ça ne veut pas dire qu'en fin de carrière un chercheur avec un peu d'ambition ne peut pas devenir directeur de recherche1, puis professeur, etc., ou bien augmenter son salaire en accumulant des responsabilités (devenir chef d'école doctorale par exemple, ou chef de département, etc.), mais malgré tout les possibilités d'augmentation sont assez limitées. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et en fait dans pas mal de pays d'Europe, ce genre de métiers est payé le double ou le triple de ce que la France paie, au moins pour ce qui est de la recherche et de l'enseignement supérieur2.


    1. À noter qu'obtenir la HDR (habilitation à diriger les recherches) est par exemple nécessaire pour devenir prof des universités, ou directeur de recherche à l'Inria, mais le titre en lui-même ne donne pas lieu à une quelconque augmentation (et passer une HDR, c'est en gros passer une « thèse bis » — d'ailleurs avant, ça s'appelait la « thèse d'état »).  

    2. Par contre, les enseignants du secondaire aux USA sont malheureusement très mal payés, et doivent souvent payer de leur poche pour donner certaines fournitures à leurs élèves. Les enseignants français ne sont pas forcément beaucoup mieux payé, mais le système social en France fait qu'ils s'en tirent quand même à meilleur compte. 

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 3.

    Tu simplifies beaucoup. Et en fait ça respire le yakafokon. :-)

    [à propos des formations] Très utiles pour faire baisser le taux de chômage, mais ensuite?

    Je connais un certain nombre de gens autour de moi qui ont suivi une formation via Pole Emploi avec un contrat en apprentissage en gros. Ces gens avaient un boulot, payé, etc., et une fois la formation finie, ils ont eu une augmentation (puisqu'employés à temps plein désormais). Entre autres, des gens (parfois déjà informaticiens, mais souvent/la plupart pas) ont été formés à la programmation COBOL pour aider à la maintenance de code dans des banques/assurances (via des SSII). Évidemment, ces personnes, par ailleurs plutôt pas mal payées, coûtent moins cher au final que les développeurs « experts » qui savent que les compétences en COBOL se perdent et peuvent très bien se monnayer.

    ils font de l'accueil physique

    Besoin car compliqué, sinon un site web pour mettre en relation suffit.

    L'accueil physique est important pour la plupart de ces services, car (1) Tout le monde n'est pas (encore) à l'aise avec les technologies numériques (et je ne parle pas que des chômeurs de 50 ans), (2) si certaines tâches sont tout bêtement plus simples et directes (par exemple, prise de rendez-vous, etc.), il y a un aspect psychologique important à gérer : vue l'importance qu'on donne à l'emploi, et par voie de conséquence, l'impact négatif que cela a sur des chômeur (et encore pire s'ils sont de moyenne ou longue durée), avoir un interlocuteur fait de chair et de sang alors qu'on peut déjà se sentir isolé peut faire toute la différence.

    Tu conclus par :

    Etant pour le revenu universel, ces 54 000 personnes seraient au chômage dans ce cas… Et je pense que tout le monde s'en porterait mieux.

    Étant donné l'estime que tu sembles avoir pour les formations données aux demandeurs d'emploi, évidemment pour toi ce ne serait pas plus mal. Mais il ne faut pas oublier que seuls 15% de la population active ont un diplôme du supérieur en France. Tout le monde ne sait pas forcément comment se présenter en entreprise, quels sont les codes (implicites ou explicites), etc.; et comme je le disais plus haut, certaines formations et offres de reconversions sont faites main dans la main avec Pole Emploi, qui pour le coup est vraiment utile.

  • [^] # Re: Pourquoi faire simple ...

    Posté par  . En réponse au journal Échanger des courriels avec Pôle-Emploi, ça peut être compliqué. Évalué à 3.

    Mais du coup ça justifie ce que dit Zenitram, non ? Puisqu'une fois que le budget est approuvé, et le prestataire sélectionné, on ne peut plus dépenser plus, alors mieux vaut (pour le prestataire) rajouter une marge au prix de la prestation pour compenser les délais et le travail supplémentaire qui vont nécessairement arriver sans compensation financière.

  • [^] # Re: Logiciel libre

    Posté par  . En réponse au journal LilyPond ne sera pas dans Debian Stretch. Évalué à 2.

    Je trouve que ce qui se pose comme question, c'est plus le modèle choisi par Lilipond

    Au boulot j'ai une RHEL 7.2, et guile 1.8 ET 2.0 sont installés. Je ne comprends pas que Debian ne permette pas d'installer les deux bibliothèques couramment.

  • [^] # Re: Limiter le pouvoir de la presse

    Posté par  . En réponse au journal Deux ans après, Charlie Hebdo de cette semaine. Évalué à 2.

    Je ne suis pas sûr que les commentaires changent radicalement la donne.

    Même si tu fais abstraction des commentaires, tu as malgré tout le problème que beaucoup de sites plus ou moins alternatifs se référencent entre eux, et créent des cliques sur le web. C'est littéralement comme ça que Fox News réussit à conforter et laver les cerveaux des gens qui matent cette chaîne : ils ont un mot d'ordre, ainsi que des mots-clef à répéter toute la journée, voire toute la semaine. Ce faisant, ça donne une impression de « diversité » : différentes personnes qui ont l'air plus ou moins intelligentes disent la même chose : ça doit donc être vrai, et en plus ces personnes sont de mon avis !

    Le danger, ce sont les contenus qui déshinibent les comportements violents

    Le problème bien sûr étant que déterminer ce qui désinhibe réellement ou supposément n'est pas toujours facile à repérer. Par exemple aux US, Trump a clairement eu un impact négatif sur les actes racistes, anti-sémites, et islamophobes juste après son élection—notamment parce qu'il a été couvert « gratuitement » par pas mal de chaînes d'infos, ainsi que rediffusé sur pas mal de réseaux sociaux. Il avait un discours ouvertement haineux, xénophobe, sexiste, etc. Et le fait qu'il ait été exposé ainsi, entre autres par les médias « mainstream » qu'il conspue, est extrêmement troublant pour moi (ceci dit personne ne pourra lui intenter de procès pour incitation à la violence ou autres, parce qu'il n'est pas directement lié à celles-ci officiellement, malgré certaines de ses déclarations—c'est dommage d'ailleurs).

    Mais les sites plus « confidentiels », c'est plus compliqué d'évaluer leur impact : la violence à laquelle tu fais référence, aurait-elle pu être déclenchée par les médias traditionnels (par exemple des journaux de type « Minute ») ? J'ai tendance à penser que oui, mais peut-être pas aussi vite.

    Les grands médias traditionnels (journaux, radio, télé) ont un défaut qui est de s'auto-censurer ou de proposer des contenus nivellant parfois par le bas. Mais en retour, au moins, tu entends des opinions qui ne sont pas forcément celles auxquelles tu souscris. Lorsque tu commences à traîner sur le web il devient très aisé de rester dans un cercle limité à ce que tu aimes entendre et voir. Et si tes idées sont extrêmes (d'un bord ou de l'autre du spectre), alors tu peux (peut-être) te laisser tenter par des actions pas très cool. Mais je ne vois pas comment tu juges de ce qui a permis de déclencher certaines actions violentes (je sais pas si chuis clair).

  • [^] # Re: 0xB16B00B5p0

    Posté par  . En réponse à la dépêche C++17 exprime la virgule flottante en hexadécimal et offre des cadeaux aux lecteurs de LinuxFr.org. Évalué à 2.

    Bon déjà, comme tu le dis toi-même, mis à part Smite (que je ne connaissais pas du tout), la plupart des jeux dont tu parles on 15 ans ou plus. Je ne dis pas qu'il n'y a jamais eu de fan-service dans les JV « occidentaux » mais par contre, oui, la proportion est bien différente entre JV japonais et les autres (dernier exemple en date : j'adore Street Fighter en tant que jeu de combat, mais les persos féminins de SF5 sont clairement sexualisés à l'extrême, même quand ce n'est pas la « personnalité » du perso en question).

    Duke Nukem 3D est pour moi un jeu avec un humour adolescent (donc gras, acnéen, et avec un cible bien précise : les garçons vaguement pubères boutonneux qui jouent aux jeux vidéos). Oui, c'est sexiste, et moi-boutonneux-et-plein-d'hormones-à-seize ans ça m'a fait marrer au moins 30 secondes, et puis ensuite je suis retourné buter du monstre1. Après j'avoue que je jouais à DN3D principalement en multijoueur donc les strip-teaseuses m'ont pas émues plus que ça. Pour le cas de Shadow Warrior (sorti vers… 97 ? 98 ?) pour moi la scène que tu mets en lien se moque justement du côté japonais-fan-service et du côté pervers du joueur boutonneux (si tu t'approches trop pour mater, la fille sort un uzi pour tuer ton personnage). Autant Duke Nukem 3D est un jeu avec un humour beauf, sexiste, machiste, etc., autant Shadow Warrior est plutôt un jeu qui se moque de tous les clichés trouvés dans les mangas et films japonais/asiatiques justement.

    Pour Quake III Arena je vois vraiment pas. Quand j'y jouais, on avait des persos de base en 3D qui se tapaient dessus à coups de lances-roquettes, et y'avait des hommes à moitié à poil, des hommes en combinaison de l'espace, des femmes en combinaison de l'espace, et p'tet des femmes en tenues genre bikini ou autres, mais certainement pas moins dénudées que les hommes en question. À moins que tu ne parles de mods ? Dans ce cas ce n'est pas quelque chose d'officiel (le lien que tu donnes pour hunter est en fait un lien pour Q3, et j'ai le jeu, auquel j'ai joué il y a 2 jours, et je n'avais pas ce choix de perso de base).

    Hunter je ne connais pas du tout. Je ne connais pas du tout Smite non plus. Est-ce que ça a du succès ?2 Clairement la vidéo et le déhanchement des persos est fait pour attirer le mâle en rut (un peu comme le modèle « physique » de Dead or Alive pour les seins des héroïnes, qui peut se régler en « normal » ou « bouncy » ou je sais pas quoi).

    Concernant Tomb Raider : le tout premier n'était pas sexiste à mon sens, puis il l'est devenu peu à peu, et les derniers développent (de ce que j'ai pu voir) une vraie histoire, un personnage bien moins sexualisé, etc., et du coup il me semble que cette série de JV a dépassé sa phase sexiste (jusqu'au prochain studio de dév, bien sûr).

    Mais dans tous les cas, le fan-service auquel tu fais référence est à mon sens 10 ou 100 fois moins présent que dans les JV japonais, notamment les très récents.

    Encore une fois, ça ne veut pas dire que les femmes ne sont pas mal représentées de façon disproportionnée dans les JV (même si ça s'améliore quand même), mais je pense qu'il y a malgré tout un effort conscient chez pas mal de studios pour faire plus gaffe. Et je trouve que Sarkeesian fait un boulot intéressant, mais que si, malgré tout, comme elle a quand même un certain objectif/biais (tout le monde en a, c'est normal; il faut juste ne pas oublier le « contexte »), elle fait quand même l'impasse sur certaines nuances importantes.


    1. Après je me rends bien compte que ça contribue à l'aspect systémique du sexisme et de l'objectification de la femme, etc., etc. Et pour en rajouter une couche : ces filles sont considérées comme des « monstres » dans le compte final de monstres tués dans un niveau. 

    2. Je réponds à ma propre question: apparemment oui.  

  • [^] # Re: Limiter le pouvoir de la presse

    Posté par  . En réponse au journal Deux ans après, Charlie Hebdo de cette semaine. Évalué à 5.

    Avec internet les gens sont obligés de faire le choix de ce qu'ils lisent, c'est déjà mieux.

    Tiens, c'est rigolo, je trouve que justement ce choix est en théorie un « mieux », mais en pratique souvent un « pire ». Le problème des médias sur le net est qu'il est très (trop) facile de se limiter à ceux qui nous confortent dans nos idéologies. C'est bien entendu le cas avec un certain nombre de chaînes d'info en continu (coucou BFM TV, coucou LCI, et surtout, coucou Fox News aux USA), mais ce phénomène est amplifié sur le net à cause (entre autres) des commentaires, qui permettent de se dire qu'on a des milliers de gens qui pensent comme nous.

    Il faut faire un choix conscient pour s'informer sur différentes plate-formes, de la même façon qu'il faut faire un choix conscient pour choisir son journal (même si j'en connais, peu de gens lisent ET le Figaro, ET Libération, ET les Échos, ET le Monde, etc.).

  • [^] # Re: 0xB16B00B5p0

    Posté par  . En réponse à la dépêche C++17 exprime la virgule flottante en hexadécimal et offre des cadeaux aux lecteurs de LinuxFr.org. Évalué à 1.

    Juste pour apporter une certaine nuance : j'ai pas vu toutes les vidéos de Sarkeesian, mais celles que j'ai vues étaient vraiment intéressantes. Cependant, même si elles étaient maladroites, je suis relativement d'accord avec certains de ses détracteurs sur certains points. Par exemple, lorsqu'elle parle du fan service dans les JV, je pense qu'elle marque des points, mais elle occulte effectivement que beaucoup de trucs ultra-sexistes sont liés à l'origine des studios qui produisent ces jeux. Par exemple, une version de Metroid a un mode caché où l'on peut Samus en petite tenue (sans son armure donc). C'est clairement du fan service, et c'est clairement sexiste. Mais il est aussi vrai que ce genre de choses existe principalement à cause des studios de JV japonais et de la culture japonaise, bien plus que la culture US ou européenne. Et de ce côté, cette critique est à mon avis valide, dans le sens où beaucoup des jeux qu'elle critiquait (dans cette vidéo sur le fan service, donc) étaient d'origine japonaise avant tout1.

    Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter contre, mais il faut tout de même avouer que son analyse manquait du coup d'un peu de finesse et de remise en contexte culturellement parlant. Comme je n'ai pas vu toutes les vidéos je ne peux pas dire si c'est quelque chose de systématique ou bien si c'est confiné à cette vidéo spécifiquement.


    1. On pourra toujours parler de GTA, des premiers Tomb Raider, etc., mais globalement, surtout avec GTA III et suivants, il faut composer/nuancer avec l'histoire/background du perso incarné par le joueur.  

  • [^] # Re: Et puis c'est pas comme si c'était la première cause de mortalité en France

    Posté par  . En réponse au journal Morts du cancer, quelle honte !. Évalué à 2.

    En même temps, l'alcool et le tabac sont des drogues relativement bien maîtrisées (car utilisées depuis des siècles, voire des millénaires). Le tabac et l'alcool sont déjà interdits à la vente aux mineurs. Fumer dans les établissements publics est aussi interdit (sauf espaces réservés et correctement ventilés).

    Oui, le tabac dégrade la santé de ceux qui le consomment, et l'alcool aussi. Mais comme tout en chimie, tout est question de dosage. En règle générale, consommer de l'alcool de temps en temps ne va pas faire de toi un gros alcoolique, ni te plonger dans un coma, ou te dégrader le foie au point que tu auras besoin d'une dialyse.

    Le problème est évidemment celui de la pente savonneuse : vas-tu aussi demander l'interdiction pure et simple des aliments remplis de graisses saturées ? Vas-tu demander l'interdiction des plats préparés, car plein d'études montrent que ces derniers favorisent l'obésité ? Vas-tu forcer tout le monde à faire du sport, car entre les plats préparés, l'alcool, le tabac, et notre mode de vie largement sédentaire, nous nous encroûtons ?

    Dans le cas du tabac et de l'alcool, j'estime que ces deux drogues peuvent devenir « dures » à terme (en fonction de la quantité et de la fréquence de consommation), mais ça reste largement dans les paramètres que l'on peut contrôler.

    Par contre, l'interdiction du tabac dans les lieux publics clos est logique, puisque le tabagisme passif est une réalité (il y a des études faites à ce sujet dans différents lieux clos, alors qu'en plein air il n'y a à ma connaissance aucune étude qui corrèle le tabagisme passif et des soucis de santé).

  • [^] # Re: Leur demander ?

    Posté par  . En réponse au journal Morts du cancer, quelle honte !. Évalué à 3.

    Ça à la limite je peux comprendre, mais il suffirait que ces personnes expliquent ça, tout bêtement. :) À l'inverse j'ai eu une infirmière qui m'a fait des commentaires sur mes examens sanguins lorsque je suis allé chercher mes résultats il y a quelques années. Je sais bien que je vais crever d'un excès de cholestérol, pas besoin de m'en parler maintenant, vu que je vais voir mon médecin juste après.

  • [^] # Re: Comique troupier

    Posté par  . En réponse au journal Deux ans après, Charlie Hebdo de cette semaine. Évalué à 2.

    Au départ Charlie, c'était un journal de dessins.

    Je suis tout à fait d'accord, mais sans les textes qui vont autour, plein de ces dessins sont très mal interprétés et sortis de leur contexte (un exemple relativement récent étant le dessin de Charlie sur les morts en Italie après l'effondrement d'immeubles).

  • [^] # Re: Leur demander ?

    Posté par  . En réponse au journal Morts du cancer, quelle honte !. Évalué à 5.

    C'est ton avis ou c'est « officiel » ? Parce que de mon point de vue, une fois que le patient insiste pour savoir ce qui ne va pas, refuser de lui dire (en prenant le plus de précautions possibles), c'est tout simplement débile : ton mutisme ne fait que prolonger son angoisse face à une nouvelle visiblement mauvaise et grave.

  • [^] # Re: Leur demander ?

    Posté par  . En réponse au journal Morts du cancer, quelle honte !. Évalué à 6.

    MAIS, si je me mets un tout petit peu à la place du médecin, j'avoue que je serais bien emmerdé à l'idée d'annoncer une nouvelle pareille. Comment je gère les réactions?

    Avec humanité. Fais un stage, je sais pas. Si t'es médecin, c'est ton boulot. Et puisque l'internat se passe à l'hôpital, on ne me fera pas croire qu'un médecin n'a jamais eu à confronter la mort d'un ou plusieurs patients en face (constatée ou à venir).

    Je conseille à tous la lecture de la pièce « Wit » (traduit en « Un trait d'esprit » en France, et qui a obtenu le prix Pullitzer théâtral en 1999),  écrit par Margaret Edson, une ancienne infirmière dans un centre d'oncologie, et qui raconte la froideur des médecins avec les patients cancéreux, dont fait partie le personnage principal (elle-même académique « froide »). La pièce n'a été jouée en France que peu de fois à ma connaissance, et vaut le coup d'être vue « live ». Mais la lecture en elle-même inflige un choc à l'âme. L'un des aspects intéressant est notamment la transformation de nouveaux oncologues en cliniciens froids et complètement désaffectés.

    Les oncologues sont, paraît, de plus en plus formés à gérer cet aspect. Les autres, pas forcément. Si au moins ils réalisaient que leur non-verbal en dit déjà trop, ça serait déjà pas si mal, effectivement.

    Par exemple, il n'est pas normal qu'un généraliste ne soit pas formé à ça, rien qu'à cause du fait que des spécialistes taciturnes renvoient leurs patients à eux pour se dédouaner ! :)

  • [^] # Re: Courage à toi

    Posté par  . En réponse au journal Morts du cancer, quelle honte !. Évalué à 3.

    TL;DR: oui il faut voir des médecins et des spécialistes ('videmment !). Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se renseigner à côté, car beaucoup de spécialistes nous prennent pour des cons et ne nous écoutent pas, et ne prennent pas la spécificité de notre biologie en compte, ou en tout cas, pas suffisamment. Je donne un exemple (anecdotique) d'une amie qui est encore très malade, mais qui est grosso-modo « guérie » de sa leucémie, malgré des experts condescendants.

    Il faut quand même reconnaître que la médecine a pendant très longtemps tenu plus de l'artisanat que de la science. La médecine est encore largement une science expérimentale (au mieux). Je ne sais plus qui expliquait que si l'aspirine telle qu'elle a été formulée au XIXè siècle devait être soumise au processus qualité/médical qu'on a de nos jours, elle n'aurait pas été validée car trop de gens auraient subi des effets négatifs.

    La médecine qui « agit vraiment comme une science » (pour citer un conférencier il y a longtemps, lors des FOSSDEM 2007), c'est récent, dans le sens où jusqu'à présent on n'avait pas la capacité de calcul pour simuler des interactions médicamenteuses complexes. Ça bouge (et ça s'accélère !) depuis une petite dizaine d'années. Et malgré tout, comme le souligne Jeff, on reste malgré tout encore extrêmement dépendant de la capacité à expérimenter sur du vivant. Bien entendu on aura toujours besoin d'effectuer des tests sur des mammifères et des hommes avant de commercialiser un médicament, mais les modèles en chimie, couplés aux capacités de calcul des supercalculateurs fait qu'on peut enfin espérer une accélération significative de la recherche médicamenteuse, avec une notion de prédiction qui fonctionne réellement (sinon, c'est pas de la science).

    Je ne vais pas soutenir Jeff sur le terrain de qui a raison dans ce sujet précis (je ne connais rien au domaine, et je serai bien en mal d'avoir un avis éclairé), mais par contre, j'ai suffisamment de preuves autour de moi du sentiment de supériorité de certains médecins, et en particulier de spécialistes, pour au moins être d'accord avec Jeff sur la notion de se renseigner soi-même un minimum. Ça va être complètement anecdotique, mais je trouve que l'exemple qui suit est édifiant.

    Une amie a développé une leucémie il y a un peu moins de 10 ans. C'est une leucémie bizarre qui ne peut pas se traiter de la même façon que les formes plus classiques. Son hématologue lui a prescrit des médicaments à base de corticoïdes. À côté de ça, mon amie a/avait aussi des problèmes de peau. Son dermatologue lui a prescrit des pommades à base de… corticoïdes. Elle a pourtant bien demandé si c'était pas dangereux, vu qu'on lui a prescrit des médicaments basés sur le même principe actif, etc., pour d'autres problèmes de santé. La réponse était qu'en gros y'avait pas de problème.

    Avance rapide : quelques années plus tard. Pour mon amie, les effets secondaires dus aux corticoïdes sont plus désagréable que ce qu'ils doivent soigner. Mon amie a des problèmes de peau récurrents, ainsi que sa leucémie, et ses médecins essaient absolument de tout guérir à base de corticoïdes1. Lorsqu'elle demande à son médecin s'il n'y aurait pas d'autres moyens que de passer par eux pour sa leucémie, on lui répond plus ou moins froidement « on peut arrêter si vous voulez mourir ». Les effets secondaires (sur sa peau, sur des troubles digestifs, etc.) étaient devenus tellement insupportable que mon amie a fini par explorer un peu partout Internet, pour voir si des gens avaient les mêmes symptômes qu'elle, et ce qu'ils avaient fait. Elle a trouvé plein de gens qui se sont avéré être atteint d'une dépendance à cette substance, et qui avaient tous les symptômes qu'elle avait au niveau des dommages sur la peau. Beaucoup moins avaient son problème de leucémie. Quelques médecins (principalement aux USA) dénoncent la prescription quasi-systématique de corticoïdes pour les problèmes de peau et autres problèmes chroniques. Ils sont très minoritaires, et il n'y a qu'un ou deux médecins « crédibles » en France qui ont le même avis. Après plusieurs mois de réflexion, mon amie a pris une décision. Elle a progressivement réduit les doses de corticoïdes pour finalement commencer un sevrage. Elle savait (grâce aux témoignages de plusieurs personnes qui ont documenté leur transition et leur sevrage) qu'il y aurait beaucoup d'effets secondaires très désagréables : peau desséchée, craquelée, manque d'énergie/force, etc. Les premiers mois, « comme prévu », elle ne pouvait quasiment pas sortir de chez elle : muscles atrophiés, etc. (le mieux qu'elle pouvait faire était un tour du pâté de maison). Les mois qui ont suivi, encore « comme prévu », son état a empiré : elle ne pouvait plus sortir du tout (trop faible), elle a du complètement changer son régime alimentaire2. Elle continuait d'aller régulièrement chez son hématologue, son dermatologue, son généraliste, etc. Un ami à elle avait même réussi à lui obtenir un rendez-vous avec un grand spécialiste français pour sa leucémie. Le rendez-vous a duré 10 minutes, il n'a jamais regardé une seule fois le (gros) dossier médical qu'elle avait apporté, et l'a congédiée en lui expliquant doctement et de façon très condescendante que c'est les corticoïde ou la mort (j'exagère à peine).

    Au bout de 4 mois de sevrage, pendant son examen routinier avec l'hématologue, il est apparu que sa leucémie avait disparu. Complètement. Mon amie a blagué en expliquant qu'elle tient à peine debout, qu'elle a mal partout, souvent, mais hey, elle est en pleine santé !

    Je passe sur les mois qui ont suivi. Tous les témoignages indiquent que le sevrage met au moins un an à se compléter (ça fait plus de 13 mois pour elle maintenant, et les témoignages indiquent entre 8 et 24 mois). Ils indiquent aussi que les mois 4 à 10 sont les plus pénibles/douloureux. Depuis quelques semaines, mon amie indique que pour la première fois depuis des mois, elle peut enfin dormir une nuit complète sans être réveillée par la douleur. Elle reprend des forces (depuis quelques mois elle peut faire des trajets plus ou moins cours, et sortir en général). Elle n'est pas encore sortie de l'auberge, mais visiblement la réponse automatique et condescendante des spécialistes aux questions parfaitement normales de mon amie n'étaient pas les bonnes.

    Alors je le répète, cette histoire est anecdotique : bien sûr qu'il faut aller voir des médecins. Bien sûr qu'il faut aller voir des spécialistes. Mais il serait bon aussi que ces derniers écoutent. Le seul médecin qui a fini par écouter mon amie était le généraliste (celui qu'elle voit le plus souvent). Les autres, malgré ses efforts3, ont toujours continué sur un mode automatique, en ignorant complètement ce que mon amie avait à dire. C'est d'autant plus difficile que (1) Elle n'est pas médecin ni n'a d'expérience dans le domaine para-médical, (2) C'est une (petite) femme, avec une petite voix, qui ne porte pas loin, et (3) À la base elle est un peu timide, et fait (évidemment !) confiance aux experts. Ça révèle un comportement souvent décrit par pas mal de gens4 à propos des oncologues, hématologues, et autres experts : il y a une certaine arrogance (pas pour tout le monde, bien entendu), et une certaine croyance que le patient est quand même un peu con. Au contraire, les généralistes sont bien souvent plus à l'écoute de leurs patients. Évidemment, dès que ça commence à devenir grave, ils redirigent vers les experts aussi, ce qui est normal. Cependant, pour les maladies « de tous les jours », un bon généraliste va écouter le retour des patients qui lui disent que tel médicament le rend nauséeux, « pas bien », etc., mais que tel autre médicament (qui bien entendu est aussi indiqué) avait été pris sans problème.


    1. Pour les problèmes de peau, les corticoïdes sont généralement indiqués, mais il est recommandé de ne pas en user plus de 10 ou 15 jours d'affilée, de ce que j'ai compris. 

    2. Entre autres, elle adore la viande, mais si je me souviens bien, elle ne peut vraiment manger que de la viande blanche sans tomber malade. Aussi, ce n'est pas forcément le gluten en lui-même qui pose problème, mais elle digère bien mieux les aliments sans gluten (je/elle soupçonne que c'est aussi à cause de la façon dont d'autres ingrédients ont tendance à ne pas être utilisés dans ces cas-là). 

    3. Elle a fait un résumé recto-verso de son historique médical, comme ça en cas de RDV avec un nouveau spécialiste, il/elle n'a pas à consulter le dossier complet—la plupart ne daignent pas le lire, ou alors juste en diagonale. Car Eux, ils Savent. 

    4. Y compris Desproges, tiens, qui parlait des cancérologues qui se cachent derrière des mots savant à cause de la peur dont ils crèvent face à la mort. 

  • [^] # Re: Dommage alors

    Posté par  . En réponse au journal LLVM se fait de vieux os ? La recherche pour rester jeune.. Évalué à 7.

    Je réagis bien plus tard, mais les vacances étant finies, je peux enfin procrastiner au boulot ! :)

    Dans les faits, pour écrire ce morphisme, on le décompose en fonctions distinctes et séparées aux rôles spécifiques, et on l'obtient par composition. Que certains groupes de fonctions se nomment backend et frontend _ (voire _middle-end d'après la réponse de lasher) était le sens de ma question initiale. Cela semble relever du vocabulaire du génie logiciel, soit de l'ingénierie, vocabulaire que je ne connais pas spécialement.

    Deux choses :

    1. Si un compilateur est dit « optimisant » alors il y a 99,99% de chances qu'il y ait un middle-end1. Il y a deux raisons à ça, et ton intuition est la bonne, l'une d'elle est liée au génie logiciel (séparation des fonctions, encapsulation, etc.). Cependant, je pense qu'il y a aussi une raison plus théorique, liée à la notion de préservation de la sémantique de programme que tu as bien décrite. Et encore comme tu le décris, c'est lié à la notion de composition. Le middle-end travaille uniquement sur une représentation abstraite du langage. À ce niveau, il s'agit (en exagérant pas mal) de considérer le programme comme un graphe (et d'ailleurs, plusieurs graphes sont construits/modifiés lors de cette phase : graphe de flot de données, graphe de flot de contrôle, etc.). GCC et LLVM utilisent aussi une transformation qui en elle-même n'est pas optimisante, mais qui permet de simplifier la détection de cas d'optimisation : l'affectation unique et statique (static single assignment, SSA). Pour faire simple, tu prends un programme impératif/procédural, qui accepte donc par définition les effets de bord (et l'affectation de valeurs successives à une variable), et tu le transforme en programme qui va indicer les variables à chaque nouvelle affectation. Je te passe les détails2, mais ça permet d'identifier assez vite si du code est mort (càd, qu'on ne peut jamais l'exécuter), si une variable est affectée une seule fois durant toute sa vie (et s'il s'agit d'une affectation par constante, on peut alors la remplacer directement par sa valeur), etc. Dans le cas de (nids de) boucles, il existe tout un tas de techniques pour manipuler l'espace d'itération tant qu'il est linéaire, et qui mène à des transformations franchement peu intuitives lorsqu'on voit le résultat final, mais qui sont complètement logiques dès lors qu'on pige les fondements du modèle polyédrique (et qu'on a des bases relativement solides en algèbre linéaire). Et bien entendu, aucune optimisation n'est correcte si elle accélère l'exécution d'un programme sans en préserver la justesse/exactitude (correctness en anglais).
    2. Concernant le vocabulaire spécifique « génie logiciel » ton intuition est la bonne, et la raison est pragmatique. Tu peux écrire ton propre compilateur assez « simplement » en passant par Flex/Bison (et pendant longtemps le front-end de GCC faisait exactement ça). Si tu ne prends pas le temps de faire les choses bien, alors tu peux « directement » générer du code (C ou assembleur, etc.) depuis le lexer ou le parser (analyseur lexical ou syntaxique). C'est d'ailleurs plus ou moins ce que je fais faire aux étudiants (construction d'un interpréteur de « Cminus », puis génération de code assembleur au lieu d'interprétation du code à l'exécution). Mais ce faisant, à moins d'être vraiment rigoureux, du coup tu te retrouves avec un mélange d'analyse lexicale, syntaxique, et sémantique (Flex/Bison séparent analyse lexicale et syntaxique, et donnent des outils pour le typage, mais ces derniers sont « mélangés » au reste du code) et de génération de code, ce qui rend les choses tout bonnement impossibles à démêler lorsque tu cherches à garantir de façon sûre, portable, et générale qu'une optimisation de code est valide. En séparant en le compilateur en front/middle/back end, pour reprendre ton post, tu passes par la composition de « fonctions », en effet. La première transforme un langage spécifique en représentation générique (langage → AST); la deuxième prend une représentation générique, la transforme en une représentation intermédiaire, puis opère des transformations « isomorphes » sur cette dernière (quelque part, seul le middle-end effectue réellement des transformations de ce genre, car on opère plusieurs passes qui prennent une IR et retournent une IR); la dernière prend une IR et la transforme en code machine/assembleur. On se retrouve donc avec une cible spécifique. Sans cette séparation claire entre front/middle/back end, il y a des risques d'appliquer des transformations « au mauvais moment3 » — en bref, on est obligé d'être plus conservateur dans l'application des transformations.

    Mon deuxième point répond en partie à cette phrase :

    Après, une représentation intermédiaire, pour moi, c'est juste le domaine d'arrivée (puis de définition) d'une des fonctions qui composent le compilateur.

    (c'est moi qui grasse œuf corse)

    Justement, ;-) ça va plus loin que ça selon moi. Il y a une séparation nette entre les phases qui ont des effets de bord (front-end, back-end), et celles qui n'en ont pas (le middle-end), à l'exception du changement de représentation. Même dans le back-end on cherche le plus possible à garder des abstractions (sinon les itérations entre ordonnancement d'instruction et allocation de registre seraient infernales à gérer, surtout si on considère certaines optimisations de bas-niveau qui ne peuvent se faire qu'à ce moment).

    Bref, ça ne contredit pas ton interprétation (qui est somme toute correcte), mais je voulais renforcer le « pourquoi » on architecture un compilateur ainsi. Au passage, ça permet aussi à LLVM de proposer une interface pour insérer ses propres passes d'optimisation dans le middle-end, et ça explique aussi pourquoi pendant longtemps GCC avait le back-end et le front-end « mélangés » pour des raisons idéologiques (pour éviter que les efforts de la communauté du libre soient fagocités par des éditeurs propriétaires qui brancheraient leur middle/back end proprio en dessous du front-end de GCC).


    1. Donc pas de « voire middle-end », quelque part. À de très très rares exceptions près, tout compilateur « industriel » moderne est architecturé selon ces trois parties distinctes. 

    2. Il y en a beaucoup, notamment le fait qu'il faut insérer des pseudo-fonctions phi lorsque plusieurs chemins de contrôle se rejoignent avec des valeurs potentiellement différentes. L'insertion est facile à identifier, c'est la reconversion du graphe SSA en graphe « normal » (interprétable par le back-end) qui peut devenir compliquée. Les auteurs du premier papier démontrant comment mettre un programme sous forme SSA efficace et opérer une « dé-SSA » proposent un mécanisme simple mais potentiellement coûteux en registres/opérations de chargement/déchargement (mais au moins la complexité est correcte). 

    3. À noter que par exemple dans le middle end, il n'est pas rare que l'inversion de deux passes d'optimisation résultent en une performance clairement différente (par exemple, le déroulage d'une boucle avant/après sa fission peut avoir une importance lorsque l'IR est ensuite passée au back-end). Il n'est aussi pas rare de devoir opérer exactement la même transformation plusieurs fois d'affilée. 

  • [^] # Re: Value Semantics Rocks

    Posté par  . En réponse à la dépêche C++17 garantit le court-circuit de copie (suite de la précédente dépêche). Évalué à 4.

    Quelque part, si tu cherches réellement la performance à tout prix (c'est-à-dire que tu n'as pas d'autres contraintes comme la conso énergétique, la taille de code, etc.), alors payer pour le compilo Intel, ou au moins récupérer une version récente de GCC n'est quand même pas du luxe. La première règle pour avoir un code qui va vite, c'est d'utiliser un compilateur qui optimise bien.

  • [^] # Re: Dommage alors

    Posté par  . En réponse au journal LLVM se fait de vieux os ? La recherche pour rester jeune.. Évalué à 10.

    Pour compléter un peu : traditionnellement le front-end s'occupe de l'analyse lexicale (« l'orthographe »), de l'analyse syntaxique (« la grammaire ») et de l'analyse sémantique (analyse des types, etc.).

    Il y a très peu d'optimisations faites dans les 2 premières phases, qui se bornent à vérifier que le programme est bien formé. Ceci étant dit, faire une séparation claire de l'analyse lexicale et syntaxique est bien niveau « génie logiciel » mais peut avoir un mauvais impact sur les performances du compilateur lui-même. Du coup certains compilateurs entrelacent les deux phases pour accélérer l'analyse du programme (Clang fait ça si je me souviens bien; je ne sais pas/plus pour GCC).

    Le front-end produit un arbre de syntaxe abstraite (AST), qui, lui, peu être « décoré » pendant la phase d'analyse sémantique. Cette dernière est la seule des trois phases du front-end (à ma connaissance) qui apporte non seulement un aspect feedback pour le programmeur via des erreurs de compilations (« tu ne peux pas affecter un entier à une chaîne de caractères : pas les mêmes types »), mais aussi qui peut potentiellement effectuer certaines optimisations grâce à une connaissance poussée du système de types, ou bien à la reconnaissance de motifs dans l'AST (par exemple, le compilateur d'Intel reconnaît les formes simples d'opérations d'algèbre linéaire, et va remplacer une boucle naïve par un appel à la fonction qui va bien dans la bibliothèque mathématique qui vient avec le compilateur).

    Puis vient le middle-end : dans cette partie, on part d'un AST, et on construit une représentation intermédiaire (« IR » : GIMPLE pour GCC, et un code à trois adresse pour LLVM1, qui est essentiellement une forme de langage d'assemblage « générique »/abstrait). C'est ici que la plupart des transformations optimisantes de haut niveau sont effectuées (déroulage, fusion, fission de boucle; suppression de code mort; propagation de constantes; etc.). À la sortie du middle-end, on se retrouve avec une représentation intermédiaire substantiellement modifiée.

    Enfin, vient le back-end, qui se charge de générer du code. À ce niveau, on doit savoir quel processeur on vise. Traditionnellement il y a trois phases : sélection d'instructions, ordonnancement d'instructions, et allocation des registres. La première se charge d'associer des morceaux de la représentation intermédiaire à une instruction particulière. Par exemple, si dans mon IR j'ai quelque chose du genre :

    mul $r2, $r2, $r3
    add $r1, $r1, $r2

    … Alors, en fonction du jeu d'instruction de la machine cible, je vais peut-être simplement copier-coller ces deux lignes, ou bien, si l'architecture a une instruction « fused multiply-add », je vais la sélectionner et générer le code suivant :

    fma $r1, $r2, $r3

    … Ce qui me fait économiser une instruction et sans doute un ou deux cycles processeur.

    Une fois que j'ai sélectionné les instructions à exécuter, il faut que je décide dans quel ordre je vais les déclencher. L'idée étant qu'on veut recouvrir les latences mémoire par des calculs, tout en préservant les dépendances de données. À ce niveau, on considère qu'on a un nombre infini de registres à notre disposition.

    Enfin, on passe à l'allocation de registres. Dans cette phase, on associe un ordonnancement donné, qui utilise un nombre infini de registres au jeu de registres réel de la machine. Ça implique d'ajouter du code pour sauvegarder/restorer les valeurs contenues dans les registres lorsqu'il n'y a plus de place (on fait « déborder les valeurs des registre en mémoire— aka « register spill »).

    En règle générale, il y a un aller-retour entre phase d'ordonnancement et phase d'allocation de registres, puisque du code est rajouté et peu du coup influer sur l'ordonnancement initial.

    Il y a tout plein d'optimisations qui peuvent être effectuées au niveau du back-end et qui sont spécifiques à l'architecture, comme par exemple l'optimisation du « voyeur » / « trou de serrure » (« peephole optimisation »).


    1. si je suis trop imprécis, voire incorrect, n'hésitez pas à me corriger !