lasher a écrit 2732 commentaires

  • [^] # Re: Modération laxiste

    Posté par  . En réponse au sondage La modération a posteriori des contenus et commentaires problématiques sur LinuxFr.org. Évalué à 4.

    Une insulte est méchante, mais de là à effacer les messages,

    On peut rappeler à l’ordre déjà,

    C'est déjà ce qui est souvent fait (avec une réponse d'un modérateur aux commentaires insultants/à la limite).

    et ensuite bannir temporairement au bout de ~x fois. Y a peut-être d’autres trucs auxquels j’ai pas pensé.

    Donc en gros ce que tu veux, c'est un bouton "signaler un abus" sur les messages, et ensuite laisser les modérateurs décider de la gravité du truc (avec potentiel ban à la clef si récidive). J'ai bien compris ? Perso je ne suis pas contre, mais je me demande quel boulot supplémentaire pour les modérateurs ça représenterait si on rendait le signalement « trop » facile (sans parler des imbéciles qui se serviraient de ce bouton pour faire chier le monde).

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 3.

    Bon précaution sans doute inutile mais voila : tout ce que je raconte contient implicitement la mention "je ne suis pas juriste". Tu le sais déjà, mais c'est pour les autres. :)

    Une question théorique : si la même loi sur la protection de la réputation d'un auteur d'art libre est transposée pour le logiciel et accepté par 170 pays, et si un logiciel libre devient connu pour être utilisé majoritairement pour du porno, et si l'auteur attaque tous ses utilisateurs pour qu'ils cessent d'utiliser son logiciel libre parce que tu comprend ça nuit à sa réputation, penserais-tu que c'est légitime par rapport à l'idée qu'on se fait du logiciel libre ("pour tout usage")?

    Alors, même si je sais que le logiciel est soumis au droit d'auteur en France, je ne sais pas si la notion de droit moral peut lui être appliquée en premier lieu. La raison étant, comme dit par plein de gens, que le logiciel est intrinsèquement utilitaire : le logiciel n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'atteindre la fin.

    Dans l'exemple que tu donnes, tu proposes une hypothèse où un logiciel libre (disons un système à base de noyau Linux) est connu pour majoritairement être utilise pour faire tourner des sites pornos. Je ne vois pas en quoi ca enfreindrait un quelconque droit moral. De même que si je crée une peinture et que je la vends a un pornographe sans savoir qu'il vend du porno, je ne peux pas ensuite demander a ce qu'il restitue l'oeuvre1. Par contre de ce que j'ai compris, l'auteur peut demander à ce qu'une oeuvre qu'il a créée ne soit pas exposée/diffusée. Dans le cas où l'auteur aurait reçu une avance ou de l'argent contre la production de l'oeuvre, il doit alors indemniser le commanditaire2.

    Par contre, si un/des sites pornos (par exemple) affichaient fièrement "Powered by Linux", et donc qu'il y ait une volonté d'associer explicitement Linux et le porno, là p'tet qu'il y aurait moyen de porter plainte. En l'occurrence je ne suis pas certain que le logiciel puisse bénéficier du droit moral de la même manière que les autres œuvres de l'esprit, mais je suppose que c'est en partie pour cela que la marque "Linux" a été déposée : pour éviter que des petits plaisantins (1) Puisse la déposer eux-mêmes, et (2) Pour garder un certain contrôle sur la façon dont on associe/communique en parlant de Linux.

    […] peux-tu me dire quelle différence tu fais pour la réputation d'une personne suivant qu'elle code ou qu'elle dessine? (pourquoi ce critère, pourquoi la réputation est importe pour l'un et pas pur l'autre)

    Je le dis dans un paragraphe précédent et dans d'autres posts de ce journal, mais il me semble que l'aspect utilitaire du logiciel contraste fortement avec l'aspect "inutile" des œuvres d'art[3]. Même dans une oeuvre qui emploierait un logiciel pour être réalisée le code du logiciel lui-même sert à réaliser l'oeuvre, il n'est pas l'oeuvre en lui-même (en ce sens, je pense que programmer/coder tient de l'artisanat et pas de l'art au sens "noble" du terme).

    Pour ce qui est de la notion de dénaturer une oeuvre et de la notion de réputation, j'ai fini par googler beaucoup, et tomber sur quelques liens intéressants :

    • L'affaire Barbelivien/Montagne contre Flunch : malgré le fait que Barbelivien et Montagne avaient vendu leurs droits patrimoniaux, lorsque Flunch a détourné leur chanson "On va s'aimer" (pour en faire "On va fluncher") ils ont poursuivi Flunch en justice en invoquant le droit moral et la dénaturation de l'oeuvre originale. A noter que ca a été juge en défaveur des plaignants au début, puis la décision a été cassée et renvoyée devant la cour d'appel, qui confirme que Flunch avait le droit de faire ainsi, mais la décision est finalement donnée en faveur des plaignants lors du deuxième pourvoi en cassation.
    • Il y a d'autres liens qui détaillent un peu plus ce que le droit moral défend. En particulier, il y a le droit pour l'artiste de rester anonyme (ou au contraire qu'on lui reconnaisse la paternité d'une oeuvre), mais aussi le "droit au respect de l'oeuvre".
    • Jurispedia propose un article assez complet sur le droit moral mais grosso modo le lien précédent donne un bon résumé. A noter qu'il y a une section "abus de droit moral" qui est intéressante à lire. Un exemple d'abus est donnée par nomosparis, une société d'avocats.

    Du coup je me suis demandée comment Creative Commons pouvait jongler avec la notion de droit moral (qui en fait existe partiellement aux USA, mais pas de la meme manière que la plupart des pays) tout en ayant des licences de type CC-BY. La réponse est (relativement) simple : CC v1 et v2 sont en pleine contradiction et ne prennent pas en compte le droit moral. CC 3.0 semble apporter des aménagements minimaux, et CC 4.0 est la premiere version qui essaie de réellement prendre en compte le droit moral tout en limitant les risques d'abus. Je suis tombé sur ce document ("Le droit moral et les licences Creative Commons") que je n'ai pas encore lu en integralité, qui donne une explication du droit moral et ses applications, ainsi que des pistes pour ajouter des termes permettant de prendre en compte le droit moral dans CC 3.0. Le rapport a l'air sérieux. Je cite ce passage de l'intro car je pense qu'il résume bien le problème lié à l'interprétation de ce qui constitue une atteinte au droit moral:

    Pourtant, il s'avère que le droit moral est bien plus flexible que ce que ses détracteurs ne voudraient laisser entendre. Qui dit lien personnel entre l'œuvre et l'auteur, ne dit pas forcément lien exclusif. Le droit moral est fait pour protéger les intérêts moraux du créateur, pas pour freiner la diffusion des contenus culturels. L'intérêt moral du commoneur est de voir son œuvre partagée et réutilisée, pas d'en paralyser la diffusion au moyen de son droit moral.
    Le but de cette note sera ainsi non seulement de démontrer que le droit moral est adapté
    à l'environnement numérique, mais qu'il est également conciliable avec la Copyleft
    Attitude
    . En effet, l'introduction de certaines clauses dans la licence 3.0 (2) permettra de
    résoudre les problèmes qui se posent dans la licence 2.0 (1). Ces deux questions
    constitueront le cœur des développements qui suivent.

    Il y a aussi le wiki contenant les drafts pour CC 4.0, qui adresse le problème du droit moral. Le lien mène à un fil de discussion sur la ML de CC 4.0, et qui reflete pas mal la conversation que nous avons en ce moment. Il y a des arguments intéressants des deux cotes (selon moi). Le fil est court (peut-etre 4-5 emails en tout).

    [3] Je ne vais pas me lancer dans un débat philosophique sur l'utilité de l'art. Oui, d'un point de vue culturel, sociétal, etc., l'art est utile. Mais d'un point de vue "matérialiste" (c'est le mauvais terme, mais je ne sais pas bien comment l'exprimer), l'art n'a pas d'utilité "directe" et ne produit "rien" directement.


    1. Enfin je ne crois pas. 

    2. L'exemple typique est celui où un auteur a écrit un roman, et la version imprimée n'est finalement pas a son gout, soit parce qu'il ne veut plus que son livre paraisse, ou bien parce qu'il veut qu'une partie de son livre soit changé, mais il a dit "OK" trop tôt. 

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 2.

    Et désolé, j'ai des doutes sur le fait que l'auteur puisse empêcher une version porno facilement (si c'est bien fait, c'est à dire suffisamment clair que l'auteur original n'y est pour rien, le droit un moral a des limites).

    C'est pour ça que j'ai mentionné les parodies porno de Tintin : le truc est clairement pas de l'art libre, mais il y a eu procès quand même (et le procès a été perdu), car le juge a décidé qu'il était très clair qu'il s'agissait d'une parodie et que ça ne pouvait pas être confondu avec le matériel original1. Le droit moral a très clairement des limites (et c'est tant mieux).

    Et justement, je ne dis pas que David Revoy pourra facilement porter plainte, mais s'il estime que quelque chose ternit réellement sa réputation à cause d'une association mal placée avec une dérivation de son travail, alors il pourra toujours porter plainte en invoquant le droit moral. Pas dit qu'il gagne, mais il aura au moins un recours.


    1. Il faut aussi noter que ce sont des ayants droits qui avaient porté plainte; si ça avait été RG, je ne sais pas si la décision de justice aurait été la même. 

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 5. Dernière modification le 19 septembre 2016 à 21:07.

    Cf. ma citation de Wikipedia: aux US, le droit moral ne s'applique pas. En France (et dans la plupart des pays européens et d'Asie), si.

    Si on ajoute le fameux 1er amendement de la constitution US, les gens de la fondation Apache n'intenteront sans doute jamais de procès.

    Enfin, les logiciels issus de chez Apache sont des utilitaires, qui servent toutes les opinions. Le contenu est complètement décorrélé des moyens techniques qui permettent de l'afficher.

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 4.

    J'ai écrit un autre mur de texte pour répondre à ton prédécesseur, mais pour l'exemple "nazi" je pensais plutôt à ce qui se fait, là, maintenant, tout de suite, par exemple aux USA. Les groupes en faveur de la "suprématie blanche" ne sont pas refoulées comme en Europe. Ils peuvent être non seulement vocaux, mais en plus, certains ont suffisamment d'influence financièrement et politiquement pour inonder le marché de production dérivées.

    Ça peut aussi être la propagande anti-juive produite depuis certains pays comme l'Arabie Saoudite, qui, là encore, a suffisamment de fonds pour faire ce qu'ils veulent (je ne dis pas que ça va s'exporter, mais une production "locale" pour l'AS et les pays voisins ne serait absolument pas inimaginable), si un (groupe de) personnage(s) est populaire, et s'il n'y a pas de droit moral.

    Tout ce que je dis, c'est que le droit, tel qu'il existe maintenant, en France et dans la majorité des pays du monde, reconnait à l'auteur un "droit moral" qui lui permet de mettre le holà s'il y a un risque d'association négative entre lui et son oeuvre. Et ça, la CC-BY, aussi permissive soit-elle, n'y échappe pas dans les pays industrialisés mis à part les Etats-Unis.

    Concernant les histoires de brevets logiciels je pige pas du tout le rapport.

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 4.

    Bon, si des nazis créent leur propre version de superman, qui aura envie de la lire à part les nazis ?

    Je donne évidemment une exagération, mais on pourrait parler de n'importe quel truc raciste, sexiste, xénophobe, etc. Ça peut être très très insidieux. Globalement, pour rester sur le perso de Superman lui-même, il y aurait beaucoup à redire sur son caractère (il y a même des gens qui s'amusent à recenser toutes les fois où il agit comme un "bully"/gros con/brute/etc., ce qui est souvent le cas dans les années 70), mais globalement il incarne une certaine idée de la tolérance, de plus en plus ouverte, à mesure que les barrières racistes, homophobes, etc., tombent. Mais sans tomber dans la dérive nazie, il est très très facile d'imaginer que des groupes aux intérêts politiques divers (pas forcement idéologiques "purs") se mettent à utiliser une icone type Superman pour avancer leurs intérêts1.

    Pourquoi y a-t-il à ce point besoin d'une lignée "officielle", une version contrôlée par DC et aucune autre version ? Pourquoi une vente/location de droits de main en main entre des personnes qui n'ont pas plus de légitimité que n'importe quel quidam (surtout si les auteurs originaux ne sont plus de ce monde) ? En quoi des créateurs d'aujourd'hui "approuvés par DC" auraient plus le droit que d'autres ?

    Je me suis mal exprimé. Ce que je voulais dire, c'est qu'il y aura sans doute "naturellement" une série d'histoires (éditées/publiées par DC ou de parfaits inconnus, c'est pas le problème) qui sera "majoritaire" si tu veux. Le coté mainstream quoi.

    Le problème vient quand un groupe suffisamment puissant (grâce à l'argent, au nombre, à la capacité de diffusion, etc.) parvient à mettre la main sur une oeuvre et en dénaturer le sens (d'ou mon exemple exagéré sur le Superman nazi). L'auteur de Pepper & Carrot a bien fait remarquer que si quelqu'un s'aventurait à vouloir faire une version porno de son oeuvre (et je suppose si la dérivation en question devient réellement populaire) le droit moral lui permettra de mettre le holà dessus. Je pense qu'une fois mort, il s'en fichera, mais en attendant, son nom est associé à la dérivation porno, et non, demander à retirer son nom (genre ce que fait Alan Moore pour les adaptation cinéma de ses BD, avec des personnages qui de toute manière ne lui appartiennent pas) n'aidera pas.

    Si tu veux c'est comme les fan-fictions : tant que les fans ne tentent pas de gagner de l'argent sur le dos de ceux qui ont la propriété d'une histoire/de personnages, même si la fanfic devient populaire, généralement on laisse faire. La, avec CC-BY, on autorise légalement les dérivations, et MÊME leur potentielle monétisation, mais ça ne veut pas dire qu'on veut laisser les gens faire complètement n'importe quoi avec, parce que (1) L'auteur(e) est cité(e) comme "source" d'inspiration, et (2) Même si l'auteur demandait à être retiré des crédits, si les personnages sont suffisamment connus, ils lui restent associés2.

    Note que je suis sans doute plus "restrictif" que, par exemple, RMS. Lui propose de laisser des droits restreints aux auteurs pendant ~10 ans (car les études montrent que pour la musique ou même les romans, dans 90% des cas, l'auteur gagne la majorité des royalties sur les 3 premières années, alors on triple pour avoir une marge de sûreté) mais ensuite tout s’élève dans le domaine public.


    1. Je sens qu'il faut que j'ajoute que, puisque Superman a été créé dans les années 30, de mon point de vue ça fait longtemps que le personnage aurait du s’élever dans le domaine public. Mon exemple est bancal parce que quelque part, comme Superman a 75 ans d'existence, il faudrait vraiment piloner le public pour lui faire avaler une version "moralement différente". 

    2. Cependant, il y a des cas relativement "célèbres" de parodie de personnages pas libres du tout, genre "Tintin & Piloux", "Tintin a la Gaule", etc., que les ayant droit ont tenté de faire interdire, mais sans succès : puisqu'il s'agissait clairement d'une parodie, le juge a décidé qu'il n'y avait pas de risque de confusion avec l'auteur original.  

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 4.

    Note que je défend exactement la même position de principe : j'estime que tout ne peut pas être en libre.

    Oui c'est quelque chose que je pense les gens oublient quand ils te parlent : tu as dit plusieurs fois que tu n'avais pas de souci avec les gens qui utilisent une licence de type -ND ou -NC (ou encore plus restrictive), mais qu'il ne fallait pas les appeler "productions libres" en gros. Et en fait jusque là je te suis. :-)

    Là ou par exemple je pense qu'on ne sera jamais d'accord, c'est que tu dis que soit quelque chose est libre soit pas, et que la notion "esprit du libre" est vide de sens. Dans un autre (looong) commentaire que je viens de poster (avant de voir ceux qui parlaient déjà de l'exemple RMS), j'essaie d'expliquer que de toute manière dans ~170 pays signataires (l'exception étant un GROS pays, les Etats-Unis), la notion de droit moral permet à un auteur d’empêcher que ses œuvres soient dénaturées (en gros). Donc tu peux prendre la licence ultra-libre que tu veux, tes créations artistiques et œuvres de l'esprit peuvent malgré tout être contraintes si l'auteur original est vraiment pas content et qu'il estime que ça porte atteinte à son oeuvre ou sa personne (et qu'il peut prouver la "dénaturation" bien sur).

    De même qu'il existe les lois et l'esprit des lois (et certes il faut passer par un tribunal parfois pour confirmer l'esprit des lois car certains abusent de l'utilisation de la lettre), il ne me semble pas complètement con d'avoir le (logiciel) libre (au sens strict tel que tu l'appliques) et l'esprit du libre, dans le sens où l'on accepte que les œuvres de l'esprit pour une opinion ou une création ne sont pas complètement identiques par nature à celles qui ont un but utilitaire (logiciel, doc), mais qu'on veut aussi partager. En ce sens je trouve que la clause -ND participe bien à aller dans "l'esprit du libre" (on est libre de partager, étudier, redistribuer, etc., mais certes pas de modifier) alors que que -NC, finalement, est beaucoup moins dans cet esprit de partage.

  • [^] # Re: Ce qui n'a d'ailleurs pas plu à tout le monde

    Posté par  . En réponse au journal Pepper et Carrot. Évalué à 6.

    Je pense que tout vient du fait que les licences libres sont à la base faites pour s'appliquer au logiciel, qui, qu'on le veuille ou non, ont principalement une vocation utilitaire. De même pour la documentation, elle ne permet "que" de décrire comment fonctionne le logiciel : mettre une documentation sous une licence libre +/- équivalente à une licence libre logicielle peut se défendre parfaitement selon moi.

    Mais vouloir appliquer le principe des logiciels libres et de leurs licences à des créations de l'esprit (opinions ou création artistique) qui par "nature" n'ont pas de vocation utilitaire me semble risqué. Ou plutôt, ça me semble risqué sans droit moral.

    Exemple : Stallman publie ses opinions sous une licence plutôt restrictive. Mis à part quelques exceptions, il autorise la redistribution et même la commercialisation, mais pas la dérivation. Et ça me semble parfaitement logique : quel est le sens derrière la dérivation d'une opinion ? Pourquoi ne pas simplement citer le texte (en partie ou en intégralité1) et dire en quoi notre opinion est différente sur tel ou tel point ? D'un point de vue éthique et même d'une certaine manière du point de vue d'une certain cohérence, vouloir intégrer sa propre opinion dans le texte d'un autre en modifiant juste certains passages me semble réellement douteux et malhonnête. Meme si on cite l'auteur en disant qu'il s'agit d'une oeuvre (et donc d'une opinion) dérivée, ça me semble réellement dangereux2.

    Je pense qu'une des raisons pour laquelle Stallman publie ses opinions sous CC-BY-ND est qu'aux US la notion de droit moral n'existe vraiment pas de la même manière qu'en France et en Europe en général. C'est d'ailleurs l'une des choses que répond David Revoy quand on lui demande s'il n'a pas peur que son art ne soit repris par des groupes aux idéologies douteuses : le droit moral lui permet de demander de restreindre certaines utilisations de son oeuvre (vu qu'elles sont attachées a son nom à perpétuité). Sauf qu'aux US, d’après Wikipedia,

    La Convention de Berne du 9 septembre 1886, signée par 165 pays, instaure une protection des œuvres publiées comme non publiées, sans formalité d'enregistrement, mais les États peuvent exiger qu'elles fassent l’objet d'une fixation matérielle. La Convention prévoit la reconnaissance du droit moral par les États signataires, et impose une durée de protection minimale de cinquante ans post mortem. Lors de leur adhésion, les États-Unis ont cependant formulé une réserve leur permettant de ne pas appliquer le droit moral.

    (c'est moi qui graisse)
    Et on a là pour moi la raison des restrictions sur les œuvres de l'esprit telles qu'elles sont pratiquées par tout un tas de gens aux US (y compris ceux qui ont participé à l’élaboration de mouvements et organisations favorisant le Libre) : il n'y a pas moyen d'utiliser CC-BY sans autoriser quelqu'un de modifier l'oeuvre d'une façon qui va dénaturer l'intention de l'auteur originale, et pire, la licence impose qu'on cite d'où l'oeuvre est dérivée !

    Mais à la limite on pourrait dire "OK, mais ça ne concerne que les opinions". Donc regardons du coté des artistes et auteurs de fiction :

    Cas d’étude :
    Imaginons que Superman ait été créé avec une licence libre type CC-BY ou CC-BY-SA. Pendant des années on publie (soit via les auteurs originaux, soit via des dérivations) des histoires et le personnage évolue (d'un stéréotype de "strong man" certaines dérivations en font un personnage complexe qui se questionne sur son identité et son rôle dans une société où il est quasiment le seul représentant de son espèce). En gros, disons qu'il y a des dérivations plus populaires que d'autres, et au final on obtient des trucs du genre de ce que DC Comics publie de nos jours (avec un niveau de qualité variable en fonction des équipes créatrices). Parfait. Et puis tout a coup s’amène un mec (ou un groupe de mecs) qui a décidé de faire de Superman un héros nazi et d'en faire une série d'histoires qui s'inscrit dans la continuité "normale" de l'univers de Superman. La licence le lui permet, et au moins aux US, le droit moral ne s'applique pas. "L'esprit" du personnage est complètement piétiné (les créateurs de Superman étaient deux (fils d')immigrants juifs et l'ont créé dans les années 30, en pleine dépression…).

    La lettre de la licence aurait été respectée. Mais plus qu'une dérivation, ce serait franchement une révolution du personnage (clairement contre les souhaits de ses créateurs) et de mon point de vue aurait plutôt mérité (indépendamment de l’idéologie de ses auteurs) qu'on en fasse un personnage complètement nouveau, même si inspiré par Superman. Bref, aucun moyen de se prémunir contre ça. Alors que David Revoy, au moins en France (je ne sais pas s'il est au courant de la subtilité sur le droit moral aux Etats-Unis) et en Europe pourrait porter plainte si ses créations étaient dérivées au point qu'elles en soient méconnaissables et potentiellement dommageables pour sa personne (réputation, carrière, etc.).


    1. De toute manière le droit de citation est fait pour ça, et en plus la licence CC-BY-ND permet la retranscription intégrale ! 

    2. A noter : mes commentaires sur LinuxFR sont presque tous sous CC-BY je crois bien, mais j'avoue que quelqu'un modifiant mes opinions et les attribuant à une dérivation des textes de "Lasher de LinuxFR" me ferait sourire plus qu'autre chose en tant "qu'anonyme" sur le net. 

  • [^] # Re: Enocre la même réponse à coté de la plaque à une question toujours mal posée.

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark]Les liens vers des contenus sont illégaux, sont illégaux (sous 2 conditions). Évalué à 2. Dernière modification le 12 septembre 2016 à 22:42.

    Et sinon, il y a procès et condamnation de Voici aussi.

    … mais pas de Penthouse (qui avait les photos aussi) à ma connaissance…

  • [^] # Re: autorisation explicite pour une image??

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark]Les liens vers des contenus sont illégaux, sont illégaux (sous 2 conditions). Évalué à 3.

    Faut arrêter de trop regarder de feuilleton américain.

    C'est assez rigolo de dire ceci. Aux US au contraire, si tu es dans un lieu public, PAF ! Tu abandonnes plus ou moins ton droit à l'anonymat. Ce serait autre chose si on parlait de prendre des photos chez toi, et encore—si tu es visible depuis ta fenêtre sans avoir besoin d'utiliser de dispositif particuliers, genre échelle, etc., il n'est pas dit que tu gagneras en justice si tu poursuis un paparazzi par exemple.

  • [^] # Re: Pas vraiment pour rien

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark] 8 ans de procédure pour... rien. Évalué à 8.

    Je ne dis pas que les pratiques de Microsoft dans les années 1990 sont les seules raisons pour son succès (après tout, DR-DOS ne proposait "que" DOS, alors que MS proposait Windows 3.x et sa suite Office1). Microsoft avait clairement de bons ingénieurs parmi ses employés. C'est juste que tout à coup, entre Apple qui était moribond à l’époque (au point de vouloir avoir des "compatibles Mac") et les concurrents qui étaient dégagés (à grands coups de technique commerciale douteuse, ou bien de "embrace/extend/extinguish"), ca leur a permis d'avoir un peu plus de temps pour sortir des produits techniquement mieux finis. Un bon exemple est Windows 2000 / Windows ME. Le premier était finalement ce qui allait devenir la base pour Windows XP. Le deuxième était franchement une merde sans nom, clairement moins bien que son prédécesseur (Win98 SE). Mais "grâce" au fait que MS ne permettait pas aux constructeurs de rester sur des OS plus anciens, Microsoft pouvait se vanter de vendre plein de WinME et de dire que c’était un "succès commercial." Sauf que non. L'OS était merdique mais c’était tout ce que tu pouvais avoir en achetant un truc ne sortant pas de la rue Montgallet.

    Tu sais peut-être d'ailleurs : j'avais cru comprendre que Win2k aurait du être l'OS qu'a été WinXP (celui qui unifiait la ligne NT et la ligne Win9x). Si j'ai bien compris, alors je pense que ça donne du crédit à ma théorie : le fait de pouvoir imposer "n'importe quel OS" (ici, WinME) au grand public, malgré ses défauts avérés, a permis à MS de gagner du temps pour proposer quelque chose de mieux fini (et en plus avec la différence qualitative avec WinME, ça renforçait l'impression de "mieux").


    1. Mais si je ne me trompe pas, la suite Lotus existait aussi et était souvent préférée à celle de MS à l’époque. 

  • [^] # Re: Pas vraiment pour rien

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark] 8 ans de procédure pour... rien. Évalué à 3.

    J'utilise plutôt Gow, plus rapide à installer.

    Allié à ConEmu, c'est un vrai plaisir à utiliser.

    J'irai regarder tiens. Je n'ai pas de préférence, tant que je peux compiler mes sources et utiliser un shell qui m'est familier, je suis content. J'ai activé le mode développeur sous Windows, mais je n'ai pas encore testé comment Windows réagit avec du code que j'ai initialement écrit avec des appels POSIX…

  • [^] # Re: Pas vraiment pour rien

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark] 8 ans de procédure pour... rien. Évalué à 10.

    Je suis d'accord avec toi concernant le marché actuel. Mais je ne peux m’empêcher de me demander ce qui serait arrivé si dans les années 90 si Microsoft n'avait pas étouffé les potentiels concurrents (DR-DOS1 me vient à l'esprit, et évidemment il y a eu l’épisode OS/2). Maintenant que Windows a fait tant de progrès techniques, et que Microsoft joue enfin un peu mieux avec ses petits camarades, bien entendu il me semble "normal" que les gens veuillent utiliser leur système. Mais c'est aussi le résultat de pratiques quand même douteuses dans les années 90 qui ont permis à MS de rattraper leur retard technique dans les années 2000 selon moi. Donc quelque part ça me fait penser à un mafieux qui s'est retiré des affaires, et est désormais un mécène et un philanthrope, mais qui "oublie" d'ou vient son argent. :-P


    1. Pour ceux qui n'en ont pas entendu parler : DR-DOS était un OS capable de faire tourner les binaires tournant sous MS-DOS, tout en proposant plus de fonctionnalités (ça en croire ceux qui l'utilisaient). Pour caricaturer, lorsque MS a sorti Windows 3, ils ont inséré un vilain if ($OS == "DR-DOS") { CRASH(); } pour empêcher les utilisateurs d'autres systèmes DOS de lancer Windows. Digital Research a fini par gagner son procès, mais malheureusement ils étaient déjà ruinés, et ont donc du mettre la clef sous la porte. 

  • [^] # Re: Pas vraiment pour rien

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark] 8 ans de procédure pour... rien. Évalué à 7.

    Pour faire court : l'offre actuelle propose de plus en plus des machines intégrées : tablettes, smart phones, ordinateurs portables, etc., et couplés avec les solutions de type cloud, ça permet aux utilisateurs d'utiliser ces machines et d’accéder à leurs données quasi-instantanément.

    Version plus longue :

    1. Le matériel intégré tend à "tricher" et se permettre des choses que les PC de bureau ne font pas (utilisation en interne de protocoles proprio par ex). La raison est généralement compréhensible : ça permet au constructeur de produire des ordinateurs qui consomment moins d'énergie, par exemple, parce que les standards actuels ne vont pas assez loin1.
    2. Le client a une machine qui marche tout de suite, avec, qu'on le veuille ou non, une suite logicielle qui correspond à 90% de ce qu'un client moyen veut (pilotes compris).

    Je serai le premier à être d'accord pour dire que si on pré-installait LibreOffice à la place de MS-Office, la plupart des gens, une fois passée la déception de ne pas avoir de la "marque", sauraient se servir du truc2. Mais d'une part il y a bien tout un écosystème logiciel (jeux vidéo, logiciels de retouche d'image, etc.) qui est nécessaire à une grande partie des utilisateurs et qui n'a pas d'équivalent offrant les mêmes fonctionnalités ou la même ergonomie sous Linux (pour les pros et amateurs éclairés); et d'autre part, demander aux utilisateurs d'installer eux-mêmes les logiciels dont ils ont besoin c'est leur demander de perdre du temps (parfois beaucoup).

    Je suis personnellement prêt à perdre ce temps, parce que j'aime Linux et qu'il correspond à mes besoins. Mais j'ai aussi consacré pas mal de temps à installer cygwin sous Windows parce que même lorsque je reboote sur ce système, j'aime avoir un certain nombre d'outils que je trouve utiles pour une utilisation quotidienne. Je ne suis pas un utilisateur typique.

    La solution est en fait de proposer d'autres systèmes pré-installées sous Linux avec une suite logicielle bien fichue, mais malheureusement, une fois que Microsoft baisse le prix de ses licences, on a bien vu que les constructeurs reviennent à des solutions plus conservatrices (un bon exemple est le EeePC).


    1. J'ai acheté récemment un ordinateur portable pour servir de machine de course. J'ai tenté de faire tourner une Ubuntu dessus via clef USB. Le trackpad ne fonctionne pas. La gestion du speedstep a été de tout mettre à fond, avec pour résultat de faire souffler le ventilo à fond lui aussi. Alors oui, Linux "fonctionne" sur ce laptop, mais avec de sérieuses contraintes. Je suis sûr qu'on peut tout configurer proprement, mais ça va prendre du temps.  

    2. L'argument du "Excel fait ceci mieux que LO" ou autre truc du genre me laisse indifférent : la plupart des gens ont une utilisation tellement basique des outils de bureautique que c'est un non-argument. Et inversement, alors que j'aime beaucoup l'interface d'Excel pour plein de choses (choix des couleurs, polices, certaines fonctionnalités pour tracer certaines courbes, etc.), il se trouve que OOo/LO a une meilleure façon de gérer les graphiques pour mon usage (pour l'ajout de titres, labels sur les axes, etc.). Et au final je préfère grandement utiliser LO pour générer mes graphes pour mes données. 

  • [^] # Re: Pas vraiment pour rien

    Posté par  . En réponse au journal [Bookmark] 8 ans de procédure pour... rien. Évalué à 4.

    [En réponse à un exemple de choisir un produit pour des raisons de temps plutôt que de prix] C'est donc totalement rationnel, sauf si l'on considère qu'il vaut bien perdre 30 minutes pour gagner 10 centimes en échange.

    Au sens de la théorie économique pratiquée par beaucoup, ce n'est pas un choix rationnel1. Au sens commun, oui bien entendu tu as raison.


    1. Mais de toute manière ceux qui collent à cette définition de "rationnel" tendent à considérer une connaissance des prix quasiment divine… 

  • [^] # Re: Excellent

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 2.

    D’après mon papa hongrois, "Franchement le français est une langue bien plus difficile que le hongrois. Au moins le hongrois est logique." Evidemment, le fait qu'il parle couramment plusieurs langues couramment, et soit relativement avance dans d'autres langues invalide peut-être son jugement (dans le sens ou il a déjà une grande experience pour l'apprentissage des langues).

  • [^] # Re: "le libre ça pue"

    Posté par  . En réponse au journal Aseprite devient propriétaire. Évalué à 10.

    Quel est le modèle économique de vlc ?

    Pour citer JB Kempf (lead dev de VLC):

    How do you keep VLC sustainable?

    Well, it's important to remind people that we don't make money out of VLC and that there is no business model around it, we're not Mozilla or Facebook. VideoLAN only receives donations and that's not enough to hire someone. VLC developers are either volunteers (the majority since VLC started) or have their consulting business around open source multimedia.
    We hate bundling and offers, and we will always reject those.

  • [^] # Re: Bein ouais ... c'est bien connu !

    Posté par  . En réponse au journal Tout le monde déteste les flics !. Évalué à 2.

    Je suis d'accord avec ton contre-exemple (difficile de ne pas l’être), mais en France il y a moins de 15% de la population qui a un diplôme issu du supérieur. Des gens qui ont un reel pouvoir de négociation en ce qui concerne leur emploi, en fait, y'en a pas tant que ça1.


    1. Evidemment, ce n'est pas parce que t'as pas de diplôme que tu ne peux pas négocier grace a ton experience, ta competence, etc. Mais quand meme, t'as un rapport 1:100 (au pifomètre) entre le nombre de caissières (souvent en temps partiel) et celui d’ingénieurs. :-) 

  • [^] # Re: Compatibilité 64 bits

    Posté par  . En réponse au journal x86 ou x86_64 ?. Évalué à 2.

    Mon experience est qu'il y a plus de gens non-informaticiens avec du matériel recent que d'informaticiens. Du coup, toi en tant qu'infoteux ou en tout cas amateur éclairé, tu sais déjà comment installer un linux sur ta machine. Mais les gens qui font la transition vers Linux, meme si leur matos est relativement vieux, auront vraisemblablement un processeur 64 bits.

    Pour répondre à ta question du coup : il "suffirait" de demander à l'utilisateur de s'amener avec une clef USB vierge, et d'avoir sur ton poste 2 ISO, l'une 32 bits, l'autre 64. Tu pourrais meme collecter des stats, pour voir combien de PC avec processeur x86 32 bits te sont passés sous les yeux.

  • [^] # Re: Correction

    Posté par  . En réponse au journal x86 ou x86_64 ?. Évalué à 3.

    C'est pas vraiment une coïncidence. Le 386 avait deux variantes : SX et DX. Dans les deux cas le processeur avait des registres 32 bits, mais le bus du 386/SX était 16 bits (ce qui était une « bonne » chose pour ceux qui voulaient pouvoir réutiliser leur matos connecté à un 286, et qui ne comprenait que le 16 bits, ce qui permettait d'éviter de devoir récrire trop de pilotes). Le 386/DX était complètement 32 bits, y compris le bus d'adresses.

    On m'a toujours dit que dire qu'un processeur était « X » bits se référait à la taille du mot pour un registre généraliste (les registres vectoriels/spécialisés ne comptent pas, vu que ben, ils sont spécialisés). Sinon, pourquoi ne pas considérer qu'un x64 récent est en fait un processeur 128 bits ou 256 bits ? Après tout, le bus qui va au cache fait bien 128 ou 256, voire 512 bits de large… :-)

  • [^] # Re: nous a quitté ==> nous a quittés

    Posté par  . En réponse à la dépêche Michel Rocard : un ami des logiciels libres nous a quittés. Évalué à 2.

    C'est un peu bizarre je trouve. Si l'auteure est unique, je ne vois pas l'intérêt d'utiliser un genre grammatical. Soit elle dit « Je » (et tout est donc au féminin par la suite), soit elle dit « nous » (qui est la façons classique de rendre « neutre » un article académique), et par transition il faut que le sujet soit neutre, ce qui implique l'accord au masculin.

  • [^] # Re: Nostalgie

    Posté par  . En réponse au sondage Le stockage de masse de mon premier ordinateur. Évalué à 2.

    C'est quoi la mémoire immatérielle ? Une mémoire ineffable ? :-)

    Je suppose que tu voulais franciser « mémoire RAM », et dans ce cas je dirais plutôt « mémoire centrale » (par opposition à « mémoire/stockage de masse » ).

  • [^] # Re: Rien sur les spécificités du nouveau bébé 1er du top 500 ?

    Posté par  . En réponse à la dépêche Le Top 500 des supercalculateurs de juin 2016. Évalué à 5.

    La pratique en 2016 c'est que presque toutes les instructions consomment un cycle, voire une partie de cycle, on a assez de transistors pour cela. Donc on fait quoi ? On rajoute à nouveau des instructions : MMX, SSE (SIMD), AES… Alors CISC vs RISC, moi je rigole : ça n'existe plus.

    Ça c'est faux. Les instructions vectorielles (AltiVec pour PowerPC, MMX/SSE/AVX pour x86) durent effectivement moins d'un cycle lorsque le pipeline est plein (donc en termes de « débit »). Mais la latence d'une instruction, fut-elle vectorielle, dure bien plus qu'un cycle.

    De même, les instructions x86 scalaires de type « arithmétique avec opérandes à la fois en registre et en mémoire » nécessitent par définition plus d'un cycle pour s'exécuter, en particulier si on parle de divisions, modulo, ou opération flottantes.

    Un jeu d'instruction RISC sépare explicitement les accès mémoire du reste : toutes les opérations arithmétiques se font registre à registre, là où les autres jeux d'instructions proposaient des systèmes plus ou moins complexes (calcul par accumulation, par pile, registre-mémoire, mémoire-mémoire, etc.; le x86 mélange tout ça).

    La raison derrière le succès de RISC (et la raison pour laquelle Intel utilise un système de micro-opérations—AMD ne faisait [fait?] pas ça avec ses instructions x86 pour les premiers Athlon & Opteron), c'est justement qu'en réduisant le jeu d'instruction, et en le simplifiant,

    1. On permet au pipeline d'être plus efficace : le débit en termes de cycles du pipeline est grosso-modo aussi rapide que le plus lent de ses étages. Donc si tous les étages de ton pipeline durent 1 cycle, sauf un étage qui en dure 5, ben t'es coincé avec un débit moyen par instruction de 5 cycles1
    2. On permet au compilateur d'être plus efficace : lorsque le modèle machine est simple, la génération de séquences d'instruction est simplifiée. Lorsque le back-end du compilateur est mis à contribution, la plupart des algorithmes utilisés sont basés sur des heuristiques car les problèmes d'ordonnancement impliqués sont NP-complets.
    • Les algorithmes de sélection d'instruction doivent réussir à repérer des expressions dans la représentation intermédiaire du programme de manière à utiliser la meilleure instruction si possible. Par exemple, si j'ai une expression de type a = b + c * d, sur des machines x86 d'il y a 6 ans, il aurait fallu générer une multiplication et une addition séparément; sur les processeurs x86 récents, on peut utiliser une opération de Fused Multiply-Add (FMA) qui va se charger de tout. On y gagne en nombre d'instructions (une de moins) et en performance.
    • Le list scheduling (ordonnancement par liste) est un algorithme glouton qui se base sur la pondération de certaines contraintes pour choisir dans quel ordre émettre les instructions.
    • L'allocation de registres en utilisant un graphe d'interférence se base aussi sur des heuristiques, pour réduire le nombre de débordements (spills) qui forcent le programme à sauvegarder une valeur contenue dans un registre vers la mémoire et inversement.

    Le principe de CISC, c'était de faire des instructions complexes qui utilisaient des registres cachés pour aller plus vite (et aussi gagner en espace mémoire). RISC, c'était un concept qui simplifiait le jeu d'instruction, demandait d'avoir beaucoup de registres adressables, et se reposait sur les progrès en théorie de la compilation pour correctement exploiter le pipeline (qui n'existait pas sur x86 avant le 486, et n'a commencé à être efficace qu'à partir du Pentium).

    Je l'ai déjà dit ailleurs, un x86 (au moins chez Intel) aujourd'hui se comporte comme un RISC dès qu'on a passé le front-end (partie récupération d'instruction et décodage), vu que (1) toutes les instructions sont décomposées en micro-instructions, et (2) on est passé de ~8 registres adressables du Pentium 1 (32 bits) à 32 (16 « généraux » et 16 « vectoriels » mais qui peuvent être utilisés comme des vecteurs scalaires), comme les processeurs RISC classiques, sur les architectures 64 bits actuelles.

    En attendant, le front-end du pipeline d'Intel reste limité, et la raison pour laquelle les instructions prennent en moyenne 1-2 cycles en termes de débit (hors accès mémoire), c'est qu'il y a en interne un cache de micro-instructions (à noter que le PowerPC/POWER d'IBM a un truc similaire, et pourtant le jeu d'instruction est bien plus proche de RISC que le x86).

    Dans un univers de sources ouvertes ou il suffit de recompiler avec un compilateur adapté, tu peux avoir un set d'instruction qui reflète mieux l'organisation interne de ton CPU, et avoir au final une meilleure efficacité de ton CPU (et utilisation énergétique). D'où la percée des ARMs sur téléphones.

    Oui et non : si ça reflète trop le comportement interne de ton processeur, alors il y a un vrai risque que le programmeur qui aurait besoin d'écrire de l'assembleur ait vraiment plus de mal à écrire son programme. La conception d'ISA doit être relativement fidèle à ce que fait le processeur, mais aussi doit permettre au concepteur de compilateur et au programmeur bas-niveau de pouvoir raisonner sur un modèle machine suffisamment complet mais aussi suffisamment simple. Exemple à la con : j'ai bossé (en tant que « programmeur ») sur une archi expérimentale qui faisait explicitement la différence entre nombres flottants et entiers (jusque là, pourquoi pas, ce ne serait pas la première fois), mais aussi entre les pointeurs « lointains » et « proches » (mémoire scratchpad locale ou de niveau supérieur, ce qui en soit n'est pas non plus complètement nouveau, ça se faisait avant aussi), et où il n'y avait aucun caches, donc tous les mouvements mémoire devaient être explicites. Franchement, écrire un compilateur optimisant pour ce truc, c'est dur.

    Plus tard, lorsque l'architecture a été simplifiée du point de vue du logiciel, nous avions toujours besoin d'effectuer les mouvements mémoire manuellement, mais au moins le matériel avait intégré un système permettant de détecter la « distance » pour une opération mémoire (c'est important, vu que la raison première pour cette distinction était l'économie d'énergie: un accès « proche » pouvait ne demander que 16 bits, un accès moyen 32 bits, et un accès lointain ou absolu, 64 bits d'adresse).


    1. Je passe sur tous les trucs et astuces qui existent pour sauter des étages, transmettre des résultats d'opérations à d'autres étages avant de les avoir effectivement écrits en mémoire/registre, etc. 

  • [^] # Re: migre

    Posté par  . En réponse au journal Java (EE) Sapu cépalibre.. Évalué à 2. Dernière modification le 18 juillet 2016 à 19:19.

    EDIT: Oups. J'étais bien fatigué, mais ce message est aussi inutile…

  • # Bluespec

    Posté par  . En réponse au journal De retour du 4e workshop RISC-V. Évalué à 2.

    Je connais (« de loin ») l'un des chercheurs du MIT derrière Bluespec. La courbe d'apprentissage est peut-être un peu raide, mais les principes sur lesquels elle se base permettent de créer des conceptions correctes pour du matériel (et techniquement, du logiciel aussi, mais il y a des environnements plus simples à utiliser dans ce cas).

    Comme tu le dis dans le journal, avoir des notions de preuves formelles n'est pas un luxe. En retour, Bluespec promet (mais je ne sais franchement pas à quel point c'est vrai) qu'avec un langage relativement haut-niveau, on peut générer un bitstream ou autre description matérielle/bas-niveau optimisés, corrects, et qu'on peut repérer les erreurs bien plus tôt qu'avec des outils standard (genre : ta simulation VHDL te dit que tout va bien, mais tu n'as pas remarqué que tu as affecté deux signaux à un unique pin parce que c'est définit dans deux modules).

    Je n'ai jamais utilisé le truc, et la seule raison qui fait que je connais un peu, c'est parce que Bluespec se base sur des concepts que j'utilise au boulot.