Le desktop shell Enlightenment vient de sortir en version 17. L'un des derniers grands vaporwares du logiciel libre vient effectivement de prendre forme matérielle. C'est donc un rude coup porté contre l'équipe du Hurd. Michael Blumenkrantz, le release manager du projet a été sans pitié. Il vient de propulser les sources finales en orbite basse à la date exacte prévue par les Mayas. Alors toi, lectrice ou lecteur, si tu as été un fan de la première heure, un ayatollah de E16, un bidouilleur invétéré, si tu trouves que Gnome est impotent, que KDE est une usine à gaz et que Xfce commence décidément à avoir du cholestérol, alors lis bien ce qui suit. Il est l'heure de recommencer à se marrer avec son bureau !
Sortie des EFL 1.2.0 et autres illuminations
Rasterman a annoncé le 26 avril dernier la sortie des Enlightenment Foundation Libraries (EFL) en version 1.2.0.
#include <vaporware.h>
Alors normalement dans une dépêche Enlightenment, c'est à ce moment qu'on écrit que Enlightenment DR17, E17 pour les intimes, est vraiment révolutionnaire et devrait sortir bientôt, ce qui a le bon goût de déclencher l'hilarité bon enfant d'une grande partie de l'auditoire.
Il faut dire qu'il est plutôt ingrat d'écrire une actu sur E17, car c'est vraiment l'arlésienne du gestionnaire de fenêtres libre. Pensez donc, le dépôt subversion est actif depuis 1999 (NdM : le logiciel subversion datant de 2000, ça devait être initialement du CVS) ! Heureusement, les développeurs ont le sens de l'humour et n'hésitent pas à se moquer d'eux-même. Ce qui n'empêche pas le travail d'avancer, le dépôt en est à la révision 70536 quand j'écris ces lignes. Des entreprises comme Samsung et Profusion travaillent activement dessus.
Sortie de Slackware 13.37
Après près d’un an de maturation et plusieurs RC, Patrick Volkerding vient de publier la dernière version stable de la distribution Linux Slackware.
Slackware est la plus ancienne distribution Linux encore en activité. Elle risque de surprendre les nouveaux arrivants par ses choix techniques (pas d’installateur graphique, pas de gestion des dépendances des logiciels, etc.). La politique est de laisser le plus possible la main à l’utilisateur / administrateur. Il y a donc très peu d’outils spécifiques et les logiciels sont très peu modifiés. Il ne faut pas croire pour autant que Slackware est une distribution obsolète qui ne sert qu’à se former à un système UNIX, comme beaucoup le pensent. Slackware a su évoluer au cours du temps et propose, comme toujours, une liste de logiciels très à jour sur une base éprouvée. Et il faut souligner que, tout comme une Red Hat, une Slackware est supportée pendant très longtemps : ainsi, la version 8.1 de 2002 reçoit encore des patches.
Parmi les nouveautés logicielles, on notera l’arrivée de KDE SC 4.5.5, Xfce 4.6.2, Firefox 4.0, de Google Chrome (dans « /extra »
) et, du point de vue système, la gestion du système de fichiers Btrfs, le pilote vidéo Nouveau (par défaut), les cgroups.
Patrick Volkerding s’est permis un hommage à Benoît Mandelbrot, deux jours après son décès, en intégrant XaoS à Slackware. On notera également le clin d’œil du numéro de version.
Pourquoi Reiser4 n'est toujours pas intégré à Linux
Il n'est également pas rare de voir ici ou là des commentaires désabusés concernant la politique des mainteneurs Linux. ReiserFS 3 ayant été très populaire, de nombreux utilisateurs attendent impatiemment la mise à disposition de la nouvelle version dans le noyau officiel.
Alors pourquoi Reiser4 n'est-il toujours pas intégré au noyau 2.6 ?
Diego Calleja tente de répondre à cette question via une page d'informations sur le wiki de Kernel Newbies afin d'expliquer au mieux la situation. En voilà les grandes lignes.
Des nouvelles d'Enlightenment DR17
Après la mise à disposition des bibliothèques graphiques de base (Enlightenment Foundation Libraries ou EFL) il y a plus d'un an, la stabilisation de ce qu'il convient d'appeler maintenant un «desktop shell» s'est poursuivie. E17 en est donc maintenant au développement des applications tierces et du toolkit graphique. Il y a eu beaucoup d'améliorations sur le panneau de configuration qui est maintenant très complet. La traduction comprend actuellement plus de 20 langues.
Le développement souffre un peu de son succès et il devient de plus en plus difficile d'accéder au CVS, le miroir ayant du mal à suivre, l'équipe va installer un nouveau serveur, vous pouvez peut-être aider.
Et qu'en est-il du support de XGL ? La réponse de Rasterman a été très claire : E17 ne suivra pas la voie OpenGL/3D sur le desktop. E17 est prévu pour être léger, rapide et portable (exemple pour l'embarqué [vidéo 2Mo]) et ne veut pas s'attacher à une dépendance aussi forte.
On notera également la sortie de la version 0.4.2 de Elive, le live-CD contenant E16 et E17, basé sur Debian Morphix.
Slackware 10.2 est disponible
Parmi les nouveautés majeures disponibles dans cette version, nous noterons le passage à NTPL, un Linux 2.6.13 disponible a l'installation, KDE 3.4.2, Xorg 6.8.2, MySQL 4.1.14, l'arrivée de Subversion et le tout dernier OpenSSH.
La Slackware effectue une lente migration vers un système basé uniquement sur un noyau 2.6 avec beaucoup de prudence. Il y aura probablement encore une version de Slackware 2.4.x avant un passage complet au nouveau noyau 2.6.x.
ndlr: merci aussi à mr_moustache pour la nouvelle
Sortie de Linux 2.6.12
Le système de développement a légèrement évolué ces derniers mois, avec notamment l'apparition d'une branche 2.6.11.x destinée à proposer des corrections de bogues ou de sécurité urgentes sans modifier le cycle de développement du 2.6.12. Ce nouveau modèle semble avoir connu un assez grand succès, puisque 11 sous-versions sont sorties, qui ont permis de corriger rapidement des failles de sécurité (.9-.11) ou des bogues importants (.8 et le SMP, par exemple). D'autre part, le passage à un logiciel libre (git) pour la gestion des sources semble s'être fait sans trop de soucis. Tout un chacun peut accéder facilement aux sources du noyau en développement en utilisant Cogito, ou bien les parcourir via une interface web.
Il y a eu beaucoup de modifications et de corrections de bogues pour ce nouveau noyau, notamment pour les plate-formes ARM, PPC, s390 et les architectures 64 bits, l'USB et la gestion des processeurs à fréquence variable (cpufreq). On notera aussi des améliorations dans UML, beaucoup de travail sur les drivers réseaux (TG3 surtout), sur DVB, le hotplug, le SerialATA, ainsi qu'un gros travail sur la documentation.
Le décompresseur du pilote pour les webcams Philips PWC a effectivement dû être retiré des sources. Les webcams Philips sont donc supportés mais de manière limitée en résolution.
NdM : la dépêche Linux Weekly News liste aussi plusieurs autres changements importants :
- l'ajout d'un pilote pour les controversées puces de sécurité TPM (présentes entre autres dans les Thinkpad d'IBM)
- le support du multipath dans le device mapper pour mieux gérer les E/S des gros serveurs de stockage
- l'introduction d'aléas dans le choix des espaces d'adresses mémoire lors des allocations, pour rendre plus difficile les attaques par buffer-overflow
- l'introduction d'une nouvelle limite de ressource (rlimit) pour accorder à certains utilisateurs le droit d'affecter des priorité "nice" négatives à leurs processus (utile par exemple pour les applications audios nécessitant de faible latences)
XFree86 a de moins en moins la côte
En conséquence, la plupart des distributions GNU/Linux comme RedHat, Mandrake et SuSE, s'étaient tournées vers X.org, un projet alternatif basée lourdement sur la dernière version de XFree86 compatible avec la GPL.
Aujourd'hui, c'est Slackware qui fait marche arrière, après avoir intégré XFree86 v4.4.0 dans sa branche de développement, celui-ci en a été retiré, essentiellement pour des questions de compatibilité.
XFree86 perd donc un poids lourd qui va rejoindre le camp X.org et l'on est en droit de se demander ce que vont faire les autres distributions qui avaient opté pour la version 4.4.0, comme NetBSD ou Conectiva.
Enfin, on peut s'interroger sur l'avenir de XFree86 qui perd de plus en plus d'utilisateurs.