• # Les grands esprits se rencontrent ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Résumé en un mot de l’article : « enshittification ». N’est ce pas ?

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

  • # Mouais, pas convaincu

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à -1.

    Beaucoup d'affirmations péremptoires, sans vraiment de fond et d'ancrages précis, juste du c'était mieux avant, un avant bien idéalisé évidemment où on faisait les choses pour des motivations justes et claires. Pourtant, j'aimerais bien être d'accord avec l'auteur, ça sonne bien ce qui est écrit, mais… c'est surtout du vent.

    • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

      Ton commentaire lui-même semble auto-descriptif : pas d'exemples de citations problématiques, pas de contre-argumentation (du coup je ne sais pas si je suis d'accord avec l'auteur qui n'est pas d'accord avec l'autre auteur).

    • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

      Posté par  . Évalué à 4.

      A mon humble avis, les points 1 a 6 ne sont clairement plus a démontrer.

      Le point 7 a une source mais si tu suis quelque peu les actualités, je penses que tu n’auras aucun mal a contextualiser ses propos avec de trop nombreux exemples (remarque valable pour le point 8 d’ailleurs)

      les points 9 et 10 sont quelques peu plus politisés (et le point 9 semble notamment pensé dans un contexte americano-americain), et la dessus je suis plus ou moins d’accord avec toi.

      Juste pour l’exercice, comment réfuterait-tu le point 10 ?

      • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

        Posté par  . Évalué à 10.

        En fait, ça ressemble tellement à des marmonnements de vieux dans son dentier qu'il est difficile de trouver ça original ou nouveau. Je pense que l'arnaque dans ce genre de choses est de présenter ces choses là comme une pensée nouvelle, alors que je suis persuadé qu'en remplaçant les termes techniques par "machine à vapeur" la plupart des arguments ne paraitraient pas anachroniques au XIXe siècle.

        Prends le coup de la puissance des entreprises par exemple. L'influence que peuvent avoir Apple ou Amazon sur les États n'est rien par rapport aux Compagnies des Indes, qui ont directement piloté les politiques impérialistes des pays occidentaux pendant deux siècles. La puissance des milliardaires a toujours également été au devant de la scène, en politique ou dans la fiction, avec parfois aussi ce petit arrière-goût d'antisémitisme. La plupart des points sont comme ça, le 1) par exemple sur la quête de vérité, comme si le XIXe et le XXe siècle n'avait pas produit "industriellement" de la désinformation scientifique (tabac, pesticides, psychanalyse, machins new-age…). Le 2), le spam à une échelle industrielle, comme si les boîtes aux lettres n'étaient pas pleines de prospectus débiles (et environnementalement injustifiables) depuis des décennies, comme si la propagande et la publicité n'étaient pas déja montées en puissance depuis des dizaines d'années… Ce truc décrit juste ce qu'est le monde depuis 200 ou 300 ans, comme si c'était mieux avant et que c'était de pire en pire, ce qui n'est qu'une illusion.

        En fait, ce qui me semble beaucoup plus intéressant, c'est de parler de projet de société. Les GAFAM peuvent imposer leurs projets de société simplement parce que nous n'en avons pas. Une des raisons, c'est justement parce que ce genre de discours technophobe et réactionnaire est séduisant, y compris dans les communautés du libre : notre "projet" serait un vague retour à une situation qui n'a jamais existé, où les entreprises seraient gentilles et où les données privées n'auraient pas de valeur.

        Dans un projet de société alternatif par exemple, j'aimerais qu'on m'explique comment on assure l'accès à des services numériques (messagerie, téléphonie, réseaux sociaux) à 5 milliards de personnes, par exemple. Parce que oui, bien sûr, nous on pourrait payer 20€/mois pour héberger ses mails ailleurs que chez Google, on pourrait payer pour utiliser un service similaire à Whatsapp, on pourrait payer un abonnement à TikTok ou à Youtube. Mais comment ça marcherait en Afrique, par exemple? Les multinationales "offrent" des services qu'on peut considérer maintenant comme quasiment basiques contre des données privées; et de nombreux être humains peuvent "payer" avec ces données alors qu'ils ne pourraient pas financer les serveurs ou la bande passante avec des vrais sous.

        Personnellement, je suis sidéré par la nullité des débats autour de l'AI. "C'est bien", "c'est mal", "c'est dangereux", "ça va prendre des emplois"… Tout ça n'a aucun intérêt, c'est de la branlette de futurologue de plateau TV. Au contraire, il serait urgent de se concentrer non pas sur les applications de l'IA, qu'on ne peut absolument pas anticiper, mais sur la place qu'on lui assigne dans la société. Par exemple, je trouverais indispensable dès maintenant de créer un délit d'"usurpation d'humanité", puni d'une peine d'amende et de prison, pour quiconque mettant en place une interaction avec un programme informatique dont la nature n'est pas explicite. Ça laisserait tout le champ libre pour l'innovation, mais il serait totalement proscrit et considéré comme un délit grave de faire passer des programmes pour des humains; je veux bien discuter avec un chatbot mais je veux savoir à qui je parle.

        • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

          je veux bien discuter avec un chatbot mais je veux savoir à qui je parle.

          Bah, pour te reprendre, « ça ressemble tellement à des marmonnements de vieux dans son dentier » (taquinerie.) De mon temps, tout le monde savait que personne ne sait si on discute avec un chaton (fin du troll bien que ce ne soit pas dredi.)

          “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

        • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          « […] en remplaçant les termes techniques par "machine à vapeur" la plupart des arguments ne paraîtraient pas anachroniques au XIXe siècle. »

          Précisément. Mêmes causes, mêmes effets. Pareil au XVIII, etc. Et à chaque fois ça finit en eau de boudin.

          « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

      • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

        Ok, bon, je me lance.

        Concernant le premier graphique "Technology"/ "Human florishing". Alors, je ne sais pas trop ce que l'auteur entend par technologie, mais de mon côté, je ne mettrais pas clairement pas son départ dans les années 1900. De même, "Human florishing" est un concept très vague, qui sonne bien et positif, mais qui finalement n'est pas clair du tout. Est-ce lié au nombre d'êtres humains sur terre ? leur espérance de vie ? leur bonheur ?

        Technology is increasingly making matters worse, not better—and at an alarming pace.

        Est-ce qu'on peut mettre la kalashnikov dans le même sac que la bombe H, internet, le feu, la roue, etc ? Et pourquoi ce serait la technologie qui ferait que les choses vont mal, et pas les êtres humains et l'évolution des valeurs sociales ? On peut dire que ces choses sont peut-être d'ailleurs liées.

        Until recently, most of us welcomed innovation, but something changed.

        Mouais, ça sent le point de vue bien ethno-socio-centrique ça. Ça fait longtemps que les points de vue critiques sur les outils, les techniques, et leurs utilités sociales ont été questionnées. La page Wikipedia fournit quelques références plus ou moins anciennes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Progr%C3%A8s_technique#Critique_du_progr%C3%A8s_technique

        (1) Instead of pursuing truth, new technologies aim to replace it with mimicry and fantasy.

        Ok, y'a un mélange-bloubi goulba entre techniques, technologies et sciences. Le domaine de l'ingénieurie ne cherche pas spécialement la vérité, mais des réponses à des problèmes concrets. Pour ce qui est de la science, mouais, pourquoi pas. Je dirais qu'on essaie d'y accéder à travers une forme de fiction qui se nomme la théorie, mais bref.

        Never before in human history has the fake been given such precedence over the authentic.

        Ah ah ah, d'ailleurs, ben avant, ben «Charlemagne, et les paysans de son époque, ils savaient bien que ce qui était authentique.»

        (2) This has empowered shamming, scamming & spamming at unprecedented levels.

        Ouais, encore du c'était mieux avant, avant on ne connaissait pas la rumeur, la sorcellerie, la honte et le médire. On n'a que peut d'idées de la force de ces choses auparavant, ou ailleurs dans le peu du monde que nous connaissons à travers ses documents.

        (3) Users are not the real customers—so billions of people must suffer to advance the interests of a tiny group of stakeholders.

        Ici, il y a peut être quelque chose d'un peu original, effectivement, on fait face à des compagnies qui ne sont pas sincères, c'est-à-dire qu'il y a une distance, un décalage non reconnue entre le client, le produit et les services rendus. Je serais curieux de savoir dans quelle mesure ceci est vraiment une pratique nouvelle, ou qui a pris une mesure incomparable.

        (4) Real people become inputs in a profit-maximization scheme which requires that they are constantly controlled and manipulated.

        Ce point me semble un peu identique au point précédent.

        (5) In this environment, everything gets viewed as a resource or input and the natural world (including us) is ruthlessly exploited.

        Est-ce nouveau ? que ce soit l'esclavagisme/servage/industrialisme/etc, est-ce que le fait de voir l'humain comme un objet corvéable à merci est nouveau ?

        Je trouve la référence à Heidegger d'ailleurs bien étrange, car au contraire l'écrivan allemand montre que le souci vis-à-vis de la "technologie" n'est pas problème tout-à-fait nouveau. Par contre, c'est intéressant qu'Heidegger évoque également l'importance du rapport à la vérité dans la technologie.

        (6) The groundwork for this was laid by theorists who replaced truth with power.

        Bon, je ne vais pas lancer le débat sur ce concept anglo-allemand de postmodernisme, et comment il désigne des auteurs français qui n'ont pas grand-chose à voir (sauf d'être français…), ce n'est réellement le sujet.
        J'ai envie d'être d'accord avec l'auteur, mais… ses attaques sont vagues et j'aimerais bien des sources.

        (7) In the past, governments controlled huge technologies (nuclear power, spaceships, etc.) so they were somewhat accountable to citizens, but now the most powerful new tech is in private hands, and the public good is no longer even considered.

        Comme le dit arnaudus, est-ce réellement différent des grandes entreprises du XIXe siècle ? peut-être, mais si c'est le cas, j'aimerais bien une forme de comparaison.

        (8) So much wealth is concentrated in the hands of the winners in these processes, that they literally become more powerful than nation states.

        Ok, mais est-ce vraiment nouveau ?

        (9) With this shift in power, even the most independent politicians turn into controlled agents working for the technocracy — making a mockery of democracy.

        Ok, mais idem, est-ce nouveau ? Est-ce que des personnes se sont déjà fait élire sans le soutien de riches mécènes ? est-ce que le phénomène s'amplifie ? change ? Je crois que oui, mais j'aimerais bien quelque chose de plus concret que des croyances à ce niveau.

        (10) If you oppose this command-and-control tech you can be theoretically (and often literally) erased, suspended, deplatformed, shadow-banned, surveilled, de-banked, digitally faked, etc. —so who will dare?

        Alors là, clairement, rien de neuf sous le soleil :) j'aurais même tendance à penser que les choses se passent mieux aujourd'hui pour les opposants politiques qu'avant.

        • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

          Le "c'était mieux avant" va dépendre de l'age que l'on a, on va dire..

          Par contre, ce qui c'est passé avant, quand les choses étaient évidement mieux, a causé ce qui fait que c'est moins bien aujourd'hui … Donc, au final, ce n'était peut-être pas si bien !

          Il eut été mieux avant, sans mener au moins bien d'aujourd'hui, c'est que non.

        • [^] # Re: Mouais, pas convaincu

          Posté par  . Évalué à 7.

          D'une manière générale on s'est, enfin perso c'est quand même l'impression que j'ai du bain culturel dans lequel j'ai grandi en France et en Occident à la fin du 20ème, que le progrès technique n'avait pas de limite, qu'on avait mis fin à la guerre et que la politique allait juste être là gestion des affire courante.

          Que la décolonisation c'était fait. Le réchauffement climatique était loin. Internet promettait une certaine forme d'utopie, et le partage généralisé d'informations l'air démocratiser le savoir et la sagesse des foules allait émerger …

          C'était sûrement naïf, effectivement, mais à part en jouant les éternels cyniques qui ont toujours mieux compris que tout le monde et qui de toute façon voient tout uniquement par des rapports de force et leur réussite personnelle qui s'en foutent, c'était quand même le bain culturel ambiant.

          La technique avait certes bien des effets secondaires fâcheux comme la pollution mais en éduquant les gens à mettre les déchets dans les poubelles publiques et un peu de couche technique par dessus ça allait aller.

          La, alors qu'on a jamais eu autant d'informations fiables sur le climat, on a vu une contre argumentation mensongère occuper le terrain pendant des décennies pour continuer a gagner de l'argent avec du pétrole et jouer avec des conséquences … désastreuse a une échelle jamais atteinte, des risques sur la sécurité alimentaire a l'échelle du monde, des catastrophes humanitaires et des montants de dégâts astronomiques que les assureurs ne prendront pas en charge. On s'est enfermé dans des promesses de confort et de croissance perpétuelle que forcément qu'a de tu dis aux gens "ce serait globalement utile si on avait des voitures moins grosses ou si on utilisait un peu plus le vélo" ça passe pas très bien … On a toujours des conflits autour des matières premières nécessaires a alimenter nos sociétés ogresques au niveau besoin de ressources et les populations des endroits où on va les chercher n'en profitent pas toujours. Ou l'argent profite a des oligarques.

          Les dictatures n'ont pas disparues bien au contraire et profitent d'internet désormais pour diffuser leur propagande. On peut discuter de l'évolution du financement de la presse ou des réseaux de diffusion de l'information, qui loin d'être décentralisés comme le promettait Internet et la promesse démocratique de pluralité, tendent a se concentrer entre quelques mains et c'est pas les questionnements autour de l'IA qui donne l'info potentiellement sans aller sur les sites qui est rassurantes.

          La décentralisation promise par Internet a abouti à une centralisation des capitaux et du pouvoir hyper importante, les hommes les plus riches du monde ont pour certains fait fortunes dans la tech, et promettent encore des utopies … Tout en cherchant surtout encore a trouver l'idée qui permettra d'être encore plus riche que le plus riche et donc concentrer encore plus de pouvoirs, sur le monde entier. Loin des promesses libérales de cassage efficace des monopoles pour assurer la concurrence.

          Je pense que ce n'est pas tant que les phénomènes soient inédits ou juste une forme de "c'était mieux avant" qui soit la question plutôt qu'une forme de désillusion de toute une génération qui est en jeu ici. Il y a aussi une forme de complexification du monde, du nombre d'acteurs et d'entreprises auxquels on a affaire dans la vie quotidienne, du monde entier, a part si on veut vraiment se couper du monde, qui fait que finalement ptete que le progrès technique a apporté du confort et du divertissement, du temps libre, mais une émancipation ? Une promesse de lendemain meilleurs ou au moins pas pires ?

          Alors certes, on s'est sans doute berce d'illusions, mais je pense pas qu'on puisse réduire uniquement ce qui se passe à une redite du passé parce qu'on a quand même change d'echelle sur pas mal de points. On se déplace plus vite, on communique plus vite, on a a dispositions des armes plus puissantes que jamais, un nombre de multinationales puissantes importantes et des interdépendances commerciales et des flux bien plus importants, des émissions de CO2 d'ampleur climatique et une population humaine inédite dans l'histoire …

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