Interview de Sébastien Rohaut, auteur de livres notamment sur Linux

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Édité par Davy Defaud et bubar🦥. Modéré par Davy Defaud. Licence CC By‑SA.
32
12
juil.
2020
Linux

Sébastien Rohaut est un « vieil habitué » de LinuxFr.org (vingt ans, mazette !), Ingénieur Diplômé Par l’État (félicitations, une fois de plus, pour ce titre). Il nous a gratifié récemment d’un excellent journal sur les systèmes embarqués pour voiture. Sébastien est aussi un auteur de livres sur l’informatique aux éditions ENI, un éditeur cher à notre cœur puisqu’il est l’un de ceux grâce auxquels les personnes qui contribuent au site peuvent gagner un livre. Il vient de mettre à jour son livre Linux : maîtrisez l’administration du système, qui en est à sa sixième édition. Il a, en outre, récemment écrit une mise à jour (la sixième, elle aussi), de celui sur la préparation à la certification LPIC‑1. Dans son catalogue, on retrouve également des livres sur l’algorithmique, notamment avec Python.

Pour tout dire, je crois bien que Sébastien est un grand bosseur, et, s’il écrit ses livres comme il a répondu à cette interview, ils doivent se lire facilement et agréablement.

Qu’est‑ce qui t’a donné l’idée d’écrire ton premier livre ? Sur quoi portait‑il et est‑il toujours disponible ?

C’était en 2005. J’étais idéaliste et quasiment certain, vu l’incroyable qualité des environnements de bureau (notamment KDE 3) et des distributions qui sortaient en cette période, que Le Grand Jour allait rapidement arriver : l’avènement de Linux en tant que système d’exploitation pour poste de travail et PC à la maison, était proche, Windows n’avait qu’à bien se tenir ! J’avais créé un groupe d’utilisateurs Linux, appelé Slyunix, autour d’un site Web communautaire qui fonctionnait plutôt bien, j’avais organisé une grosse Linux party au sein d’une école qui avait réuni plus de 250 personnes, et je mourrais d’envie de convertir le grand public. Alors je me suis dit qu’écrire un livre pour aider les gens à passer de Windows à Linux serait bien pratique. Je me suis basé sur l’une des distributions les mieux intégrées et faciles à l’époque, SUSE Linux, et j’ai écrit SUSE Linux 10.1 — de Windows à Linux par la pratique, qui couvrait l’histoire de Linux, l’installation, la configuration de KDE, la bureautique, Internet, le multimédia, le shell, la personnalisation, le dépannage, mais aussi XGL et Compiz pour le bureau 3D. C’était la grande classe !

On trouve encore l’annonce sur LinuxFr.org : https://linuxfr.org/news/suse-linux-101-de-windows-a-linux-par-la-pratique.

Outre l’idéalisme, il y a une seconde raison qui m’a poussé à écrire : le besoin de reconnaissance professionnelle. En 2005, je ne m’épanouissais pas dans mon travail (j’étais chef de projet dans l’informatique décisionnelle, un peu contre mon gré), je voulais être ingénieur système mais mon employeur (SSII) rechignait à me changer de poste et les autres sociétés demandaient de l’expérience. J’ai alors forcé le destin : j’ai passé une certification Linux, j’ai écrit mon premier livre, et mon précédent boss chez mon client, ayant repris une équipe d’intégration système, m’a donné ma chance. Une de ces trois composantes aurait manqué, que je ne serais pas là où je suis aujourd’hui.

Il faut aussi penser à la logique financière, même si les sommes perçues sont parfois assez faibles par rapport au travail fourni…

Comment as‑tu trouvé un éditeur ?

L’association Slyunix, dont j’étais le président, avait un emplacement au salon Solutions Linux 2005. C’est un grand et bon souvenir, ce village des associations. Les éditions ENI y étaient aussi, et leurs représentants avaient fait le tour des stands avec une liste de sujets pour lesquels ils recherchaient des auteurs. J’ai donné mon adresse, puis ils m’ont recontacté. Après un essai d’une vingtaine de pages, nous avons pu discuter sujet et contenu, c’est parti comme ça. Ça fait quinze ans de collaboration.

Qu’est‑ce qui fait que tu vas écrire un livre sur un sujet ou un autre ?

Il y a deux possibilités : soit je propose un sujet, soit l’éditeur pioche dans son vivier d’auteurs pour lui proposer la rédaction d’un nouveau livre ou d’une mise à jour. Le premier, sur SUSE Linux et le passage de Windows à Linux, me tenait à cœur. Pareil pour le livre sur la haute disponibilité : c’était mon cœur de métier à l’époque, j’ai proposé le sujet et j’ai mis beaucoup de temps à l’écrire. C’était compliqué, trop peut‑être, il n’a pas eu beaucoup de succès. Pour ceux sur l’algorithmique (j’ai été développeur pendant de nombreuses années) ou la mise à jour du livre sur Ubuntu, c’est l’éditeur qui me l’a proposé. Pareil pour mon pavé sur la certification LPIC1 et l’administration système : c’est une proposition qui est tombée lorsque j’ai été certifié et ça tombait pile au bon moment pour eux. Et moi, qui était aussi professeur d’Unix à l’époque, ça m’a beaucoup plu. C’est devenu une référence dans plusieurs pays francophones et hispanophones.

Avec quels outils écris‑tu tes livres, est‑ce que cela a changé au cours du temps ? Et pourquoi ces logiciels ? Est‑ce que l’éditeur t’impose un format particulier ?

J’ai écrit des livres avec OpenOffice, puis LibreOffice, et Microsoft Word. Je fais mes schémas avec LibreOffice Draw ou draw.io. Depuis que j’utilise un Mac, j’ai tendance à délaisser LibreOffice qui souffre de quelques soucis de performances m’empêchant de l’utiliser dans de bonnes conditions (utilisation processeur avec les écrans Retina), et c’est très malheureux tant cette suite bureautique est de qualité. L’éditeur est agnostique, il peut fournir des feuilles de style pour les deux suites. La relecture et les corrections se font avec le format PDF, donc n’importe quel bon lecteur PDF permettant les annotations et le surlignage suffit. Les feuilles de style sont rigoureuses, elles permettent d’avoir une vue du plan et du résultat final. Le plus dur est d’arriver à faire entrer les sorties de terminal dans la largeur indiquée, il faut régulièrement tricher.

Je dois tester tous mes exemples sur plusieurs distributions, parce j’ai régulièrement de très mauvaises surprises selon les choix faits par les éditeurs, surtout lorsqu’il s’agit d’une mise à jour d’un livre, et c’est quelque chose qui m’énerve beaucoup, le manque d’homogénéité selon les distributions, que ce soit pour des composants système comme les configurations de systemd, ou des commandes simples, comme cal ou nc, dont les syntaxes varient. Sympa pour les scripts… J’ai donc soit des machines physiques en amorçage multiple (merci GRUB et Clover), soit plusieurs machines virtuelles VirtualBox ou KVM via libvirt, généralement une dizaine, avec plusieurs distributions (Fedora, CentOS, Ubuntu, openSUSE), parfois dans plusieurs versions. C’est aussi le souci avec certains livres : il faut garantir que le contenu s’applique à des distributions vieilles de plusieurs années mais encore supportées en entreprise, ce qui implique par exemple de devoir encore expliquer init System Ⅴ ou Upstart.

Tu as aussi coécrit des livres. Dans ce cas, comment se passe le travail de rédaction ? Qui décide de qui va écrire avec qui ? Toi ? L’éditeur ? Le hasard ?

Jusqu’à présent, c’était le hasard. Quand un auteur ne souhaite plus mettre à jour son livre, par exemple s’il manque de temps ou a changé d’orientation professionnelle, l’éditeur va chercher quelqu’un pour le faire à sa place. C’est ce que j’ai fait pour le livre sur Ubuntu. De même, j’ai lâché les mises à jour des livres d’algorithmique, quelqu’un d’autre a pris le relais. C’est ainsi que sur l’édition suivante, deux noms apparaissent : l’auteur original, et celui qui a procédé à la mise à jour. Et si j’arrête, mon nom finit par disparaître lui aussi. En revanche, j’ai comme projet de réécrire le livre sur la haute disponibilité. C’est devenu tellement ardu que j’ai proposé une double écriture, avec un ancien collègue et ami. C’est encore en projet, mais dans ce cas, ce sera la première fois que je choisirai avec qui écrire. Nous avons déjà travaillé ensemble sur de nombreux documents et présentations (en meet‑up par exemple), et soit nous travaillerons ensemble sur un même chapitre, soit chacun écrira le chapitre dont il aura la responsabilité.

En moyenne pourrais‑tu nous donner une estimation du temps que cela prend d’écrire un livre, ou le mettre à jour ?

Trop ! En démarrant de zéro, il faut compter quatre à six mois pour environ cinq cents pages une fois en rayon. Ce n’est pas du temps plein : je travaille et j’ai une vie de famille. Je m’y colle généralement le soir et les week‑ends. Disons, une trentaine d’heures par semaine. Je m’accorde aussi des jours de repos. Et c’est selon la complexité du sujet. Une mise à jour est plus rapide, disons deux mois. Je trouve que c’est plus compliqué de mettre à jour que de partir d’une page blanche : il faut réinstaller tous les environnements, tester à nouveau et réactualiser la plupart des exemples, en trouver des nouveaux, creuser chaque nouveauté, etc. Surtout, surtout, il ne faut pas écrire d’âneries, avec une date limite à tenir. Et à chaque fois, j’hésite à supprimer du contenu, que je trouve toujours pertinent, et le livre grossit à chaque nouvelle édition. C’est ainsi que de cinq cent cinquante pages à l’origine, le livre de certification a largement dépassé les neuf cents pages. C’est long et parfois décourageant, mais il faut s’accrocher, jusqu’à la sortie finale.

Comment es‑tu rémunéré, perçois‑tu des droits d’auteurs en fonction du nombre de vente, un forfait ? Est‑ce que cela rémunère le temps passé à la rédaction, par exemple si on se base sur le montant horaire du SMIC1 (il faut bien donner une base, et celle‑ci est objective) ? Peux‑tu négocier le montant de ta rémunération ?

Tout d’abord une précision : on ne devient pas riche en écrivant des livres techniques. En tout cas, pas moi. Il y a trois formules de rémunération disponibles : une commission sur chaque livre vendu, disons n % du prix de vente hors taxes, une formule mixte avec une partie forfaitaire et un pourcentage, n/2 % sur les ventes, ou un forfait fixe, dont le montant est défini selon la collection. On est mieux rémunéré dans une collection sur les certifications, par exemple. Que le livre fasse quatre cents pages ou neuf cents pages, c’est le même tarif. Depuis le début, je privilégie le forfait, partant du principe qu’il vaut mieux tenir que courir : on ne sait pas si le livre va bien se vendre et ça fait un revenu complémentaire.

Disons qu’un livre complet va prendre quatre cents heures à écrire, sur quatre mois. Au SMIC horaire actuel (10,15 euros), si je prends le forfait, alors ça va me rapporter un peu plus que ça pour la collection Certifications, mais moins pour une collection Ressources Informatiques.

Avec le recul, les livres sur l’administration et la certification se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaire sur les dix dernières années. J’aurais dû prendre la commission sur chaque livre vendu…

Est‑ce que c’est toi qui décides de quel livre écrire ou est‑ce ton éditeur ?

J’ai déjà répondu dans la troisième question. Les deux. :)

Apparemment, tu n’as qu’un seul éditeur ? Est‑ce un choix délibéré ?

Je n’ai jamais cherché à changer d’éditeur. Aucun autre éditeur (de livres) ne m’a d’ailleurs approché. Jusqu’en 2013, j’écrivais des articles pour Planète Linux, et d’autres magazines m’avaient approché, j’ai décliné. Je reste fidèle à ceux qui m’ont accordé leur confiance.

Sous quel régime tes livres sont publiés : droits d’auteur « classiques », licence de type Creative Common par exemple ? Est‑ce un choix délibéré de ta part ?

Ce sont des droits d’auteur classiques. Je n’ai pas choisi, je n’ai jamais réfléchi à la question, d’ailleurs. Et je ne pense pas avoir le choix. Il faudrait voir directement avec l’éditeur.

Peux‑tu nous dire quel est l’état de ta réflexion sur le droit d’auteur et les licences de type Creative common ?

Tout ce que je publie hors Éditions ENI est soit sous licence Creative Commons (comme les dépêches de LinuxFr.org, non ?), soit, s’il s’agit de code, sous GPL : ce qu’il y a sur mon dépôt GitHub, mes contributions à des projets existants comme des modules Ansible, etc. Si le public trouve un quelconque intérêt à réutiliser mon travail, alors tant mieux. Il arrive aussi que je tombe sur des parties complètes de mes docs (notamment mes supports de cours de PHP, de shell et d’administration système) sur divers sites, alors que je n’avais pas spécifié de licence particulière, mais généralement ce sont des PDF et mon nom y est présent, je n’y vois aucun inconvénient. Si je devais choisir une licence, ce serait CC BY‑SA : on garde son nom sur l’œuvre, et chaque personne est libre de l’adapter en y ajoutant son nom.

Concernant ce qui est publié par les Editions ENI, il s’agit d’une œuvre commerciale. Tout ce que j’écris et mets à jour pour eux reste dans ce cadre. Cependant, il est possible que pour les ouvrages non réédités, tombant en désuétude, je puisse réclamer la restitution de mes droits et, dans ce cas, je pourrais envisager d’en libérer certaines parties. Tiens, il va falloir que j’en parle avec mon éditeur…

Si l’on regarde ton catalogue, on voit que tes livres ne sont disponibles que sous deux formes : papier ou en ligne, pas de format EPUB par exemple. Est‑ce un choix de ta part ?

Non, c’est le choix par défaut de mon éditeur. Cela dit, on peut imprimer la version en ligne au format PDF. En tout cas, ça fonctionnait il y a quelques années. Je ne pense pas que l’éditeur apprécierait de voir les PDF ou EPUB diffusés sur divers canaux alternatifs (même si c’est parfois le cas).

Comment cela se passe avec l’éditeur ? Par exemple, est‑ce qu’il te tient au courant du nombre de ventes ? Est‑ce qu’il te demande de participer à des opérations de promotion des livres ; es‑tu rémunéré pour ce faire ?

Ça se passe très bien. Nous avons des contacts réguliers, par courriel ou téléphone. J’ai aussi eu l’occasion de me déplacer dans leurs locaux (à côté de Nantes) et de les rencontrer sur les salons. Le nombre de vente ne m’est communiqué que si je le demande, avec parfois de bonnes surprises, mais aussi des déceptions. L’éditeur a une équipe très performante de personnes dédiées aux relations avec les auteurs, et assure un suivi régulier avant, pendant et après l’écriture d’un livre. Pareil pour les correcteurs : certains ont la capacité d’analyser en profondeur les exemples et de trouver des coquilles, comme ce fut le cas lors de ma dernière mise à jour où j’avais recommencé plusieurs fois une manipulation et mélangé les résultats…

La promotion est effectuée par l’éditeur auprès des organes habituels (presse, vente en ligne, chaînes de librairies, grandes chaînes, etc.) mais demande aux auteurs de diffuser aussi de leur côté, par exemple sur les réseaux sociaux ou les sites spécialisés. J’ai aussi participé à une séance de dédicace. Tout ceci n’est évidemment pas rémunéré. Mais, j’ai eu aussi la chance d’organiser une formation pour l’institut de formation ENI qui, elle, a été rémunérée.

Tu nous a régalé récemment d’un très intéressant journal sur les systèmes embarqués pour voiture, lequel s’est, de surcroît, comme souvent sur LinuxFr.org, attiré des commentaires intéressants. Quand tu écris un livre, tu n’as pas ce genre de retour immédiat, est‑ce frustrant ? As‑tu néanmoins des contacts avec tes lecteurs ?

Les visiteurs sur LinuxFr.org sont généralement des gens techniques, comme la plupart des passionnés de Linux et de logiciels libres, et les journaux techniques attirent les commentaires. Et le plus surprenant, c’est que les commentaires, eux, ne sont généralement pas techniques, ouvrent souvent des débats (ou des trolls) ou fournissent des anecdotes. Le partage se fait souvent dans les commentaires. C’est enrichissant. Je poste peu, mais j’apprécie beaucoup les retours d’expérience, sur les miennes et celles des autres. Je pense que je vais écrire d’autres journaux.

Pour les livres, c’est évidemment différent. En fait, c’est stressant, car les commentaires qui me sont remontés le sont soit quand un lecteur trouve une coquille (ce qui arrive, malheureusement), soit via les commentaires sur les sites de vente en ligne, comme Amazon ou la FNAC. Et c’est stressant ! Quand je tombe sur des commentaires à trois étoiles ou moins, je suis perturbé… jusqu’à ce que je m’aperçoive que c’est une critique sur un défaut d’impression ou le format du livre imprimé… J’ai eu la chance jusqu’à présent d’avoir de bonnes critiques.
Il y a aussi de bonnes surprises, comme ce lecteur qui m’a attendu une fois à la sortie de l’école où je donnais cours pour me remercier, ceux qui me contactent directement par courriel pour me poser des questions, ceux qui m’ajoutent sur LinkedIn, ceux qui laissent des remerciements sur mon livre sur un article de mon éditeur, ceux que j’ai pu croiser sur des salons… Ceux qui me touchent le plus et qui me rendent fier sont les personnes qui me remercient car ils ont obtenu un job ou leur certification à l’aide de mon livre.

Au niveau professionnel, quels logiciels libres utilises‑tu, sur quel système d’exploitation ?

Depuis 2006, de passionné de Linux « à la maison » j’ai basculé dans le système Unix professionnel : ingénieur système, Ops, DevOps, Tech Lead d’une plate‑forme « digitale », dans cet ordre. Jusqu’en 2013, mon poste de travail était sous Linux, avec bien évidemment tous les outils qui allaient avec. Depuis 2013, mon employeur me fournit un Mac. Je dois avouer qu’Aqua est exactement le bureau que je voudrais sur un Linux, mais j’utilise Thunderbird, Firefox, iTerm2 et le gestionnaire de paquets Brew qui sont libres. Côté serveur maintenant, ce n’est que du Linux, évidemment ! La plate‑forme numérique que je gérais était constituée d’environ deux cents serveurs, essentiellement sous Ubuntu LTS, et sous Red Hat (pour OpenShift), avec des outils libres : HAProxy, NGINX, Jenkins, Quagga, Keepalived, Ansible, Docker, Kubernetes, Pacemaker, etc. Seules entorses au Libre : l’achat de licences OpenShift pour le support (PaaS basée sur Kubernetes), et F5 BIG‑IP (pour le WAF, mais c’est sous Linux aussi).

Quelle est ta distribution GNU/Linux préférée et pourquoi, quels sont tes logiciels libres préférés ?

openSUSE et Fedora, sans aucune hésitation. openSUSE, c’est de la grande qualité. J’utilise beaucoup Fedora en ce moment, parce que c’est la seule qui ne casse pas ma configuration UEFI à l’installation. Ubuntu est sympa au premier abord, mais quand on creuse… Aïe… Ubuntu a tout de même réussi à flinguer ma NVRAM, ça m’a bien refroidi… Côté logiciels libres et poste de travail, outre les classiques (Firefox, Thunderbird, LibreOffice, etc.) j’apprécie énormément Kodi, que j’installe partout (macOS, Linux et Android), HandBrake, VLC, le bureau KDE, draw.io, KeePassXC, htop, Kid3, GIMP, Horos, Dolphin (l’émulateur) et Wine. Il en manque. Côté serveur, ce serait trop long, mais j’en ai cité une partie dans ma précédente réponse.

Quelle question aurais‑tu adoré qu’on te pose (évidemment, tu peux y répondre) ?

Est‑ce que Linux a changé ma vie ? Oui : depuis que je l’ai découvert en 1994 (pour avoir un compilateur C gratuit), c’est à la fois la source de ma passion et de mon métier, je n’aurais jamais pu m’épanouir dans ma vie active sans Linux, les logiciels libres, et même LinuxFr.org, phare durant les tempêtes.

Quelle question aurais‑tu détesté qu’on te pose (en espérant que je ne l’ai pas posée) ?

Pourquoi ai‑je abandonné Linux sur mon desktop ? La réponse prendrait plusieurs pages d’arguments parce que c’est un sujet qui me fout vraiment en rogne tant c’est un énorme gâchis. J’ai répondu en 2013 dans un article sur Planète Linux ; je me suis fait allumer par quelques fanatiques m’accusant de trahison à la Cause, mais je ne changerai pas ma réponse d’une virgule.

Merci beaucoup Sébastien.


  1. Le SMIC ou salaire minimum interprofessionnel de croissance, est, en France, le salaire minimum horaire en dessous duquel aucun salarié de plus de 18 ans ne peut être payé. 

Aller plus loin

  • # non Linux sur le desktop

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

    Je travaille actuellement sur Mac, le client actuel utilisant du Mac pour gérer son parc Linux. Au début j'ai trouvé cela chouette, puis j'ai vite déchanté tellement les seuls outils que j'utilise (à part le navigateur je n'utilise que le terminal) sont à jour [euphémisme] et que je n'ai pas Brew ou quelque chose d'équivalent (bah oui, poste d'entreprise où vous n'avez pas la main et n'êtes pas administrateur du dit poste) Ce n'est pas pour taper dessus ; je peux comprendre que certains aiment, et on devrait comprendre que les artifices déployés n'illusionnent pas d'autres.

    “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

    • [^] # Re: non Linux sur le desktop

      Posté par  . Évalué à 5.

      Ça doit être frustrant de n'avoir aucun droit. J'ai la chance d'avoir un mac fourni par mon entreprise qui est à jour et sur lequel je peux temporairement élever mes droits, ce qui m'autorise le sudo, notamment, et donc je peux ajouter tous les outils que je souhaite avec brew. Ce sont des machines durcies et monitorées, gérées de manière centralisée, avec télédistribution des mises à jour, Symantec Endpoint Protection (IPS, antivirus, anti-malware) un proxy d'entreprise obligatoire même quand je suis chez moi(cloud proxy), l'interdiction de l'Apple Store, une connexion VPN et réseau à base de certificats, une authentification double facteur, etc. Donc, tu peux avoir un mac d'entreprise qui t'offre aussi la souplesse d'un Linux tout en étant blindé.

      Au moins un mac de base reste un Unix qui te fournit un shell, python, perl, awk, les commandes de base (attention, syntaxe BSD), les clients ssh, etc. Sous Windows, bah, c'est galère.

      • [^] # Re: non Linux sur le desktop

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

        A propos, je viens de remettre en état un iMac de 2007. Le montage du matériel chez Apple est je dois dire assez fantastique : blindage conséquent, capteurs de température, ventilos efficaces, silent block sous les disques, fixations très solides, etc. Bref niveau matériel, c'est très au dessus.

        "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

        • [^] # Re: non Linux sur le desktop

          Posté par  . Évalué à 6.

          Bref niveau matériel, c'est très au dessus.

          C'était très au-dessus, maintenant ce n'est plus du tout le cas même si les prix sont restés les mêmes.

          • [^] # Re: non Linux sur le desktop

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

            Par exemple ?
            Je regarde les vue éclatées de modèles récents et d'un portable sur iFixit et je vois toujours du blindage, des vis, des ventilos gros et efficaces, des fixations costaudes… Je ne parle pas de facilité d'accès ou de réparation, mais purement et simplement de matériel construit pour durer et protéger les données.

            "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

      • [^] # Re: non Linux sur le desktop

        Posté par  . Évalué à 5.

        Sous Windows, bah, c'est galère.

        On commence à voir de plus en plus WSL sur les postes de dev et sys. Du coup, ça permet d'être tranquille.

        « Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. » Coluche

        • [^] # Re: non Linux sur le desktop

          Posté par  . Évalué à 1.

          WSL n'est pas natif, prend beaucoup de place et les accès disques restent très lents. C'est un beau progrès mais ça prendrait encore beaucoup d'améliorations.

          • [^] # Re: non Linux sur le desktop

            Posté par  . Évalué à 5.

            WSL2 corrige le problème des accès disques.

            « Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. » Coluche

      • [^] # Re: non Linux sur le desktop

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.

        Ça doit être frustrant de n'avoir aucun droit. J'ai la chance d'avoir un mac fourni par mon entreprise qui est à jour et sur lequel je peux temporairement élever mes droits, ce qui m'autorise le sudo, notamment, et donc je peux ajouter tous les outils que je souhaite avec brew. Ce sont des machines durcies et monitorées, gérées de manière centralisée, avec télédistribution des mises à jour, Symantec Endpoint Protection (IPS, antivirus, anti-malware) un proxy d'entreprise obligatoire même quand je suis chez moi(cloud proxy), l'interdiction de l'Apple Store, une connexion VPN et réseau à base de certificats, une authentification double facteur, etc.

        Oui, c'est parfois frustrant de ne pas pouvoir avoir temporairement d’élévation de privilège :-) Mais cela fait partir du jeu…

        Pour l'utilisation de Brew, ça montre justement qu'il y a anguille sous roche non ? En tout cas, c'est la même chose sous Fenêtre quand on a installé Chocolatey !

        Donc, tu peux avoir un mac d'entreprise qui t'offre aussi la souplesse d'un Linux tout en étant blindé.

        Au moins un mac de base reste un Unix qui te fournit un shell, python, perl, awk, les commandes de base (attention, syntaxe BSD), les clients ssh, etc. Sous Windows, bah, c'est galère.

        Bah justement, je ne vois pas trop de différence : sous Windows il y a maintenant WLSS (je n'ai pas encore essayé, sinon on peut toujours faire comme avant en installant Cygwin ou autre)
        Au début, j'ai bien aimé avoir le programme Terminal au lieu de devoir rechercher autre chose, et c'est l'un des deux seuls programmes que j'utilise vraiment. J'ai apprécié aussi de pouvoir utiliser aussi directement SSH sans prise de tête et avec plusieurs onglets etc. Vraiment ça c'est top. :-) (actuellement c'est ce que je trouve le plus positif : un terminal comme Konsole ou GNOME terminal etc.)
        J'ai bien aimé avoir sous la main les interpréteurs de commandes (petit bémol, j'ai décidé de basculer ma coquille sous BASH et je n'apprécie pas qu'on me demande tout le temps d'aller sous ZSH) et les commandes de base (pas de souci pour moi que ce soit du BSD et non du GNU —en session interactive c'est parfois chiant si on a certains automatismes, mais quand je scripte ça fait longtemps que je veille à être POSIX/portable et ça paye ici aussi)
        Ah mais les langages stars (Perl, Python, Ruby) ont été la douche froide… Un système qui est mis à jour régulièrement et pour lesquels ces composantes sont figés dans le temps… Comme tous les systèmes propriétaires, Pomme jette la poudre aux yeux mais c'est pas utilisable par un-e unixien-ne ou un-e développeur-se avancé sans devoir bidouiller. Pour moi, brew et choco.exe sont les pansements que des un-e-s et les autres se mettent pour aménager la prison dorée.

        “It is seldom that liberty of any kind is lost all at once.” ― David Hume

  • # Haute dispo

    Posté par  . Évalué à 7.

    Sebastien ton livre sur la haute dispo est une merveille didactique, je suis étonné qu'il n'ait pas eu le succès escompté.
    Ce livre est toujours d'actualité et je m'en sers régulièrement pour former des collègues novices aux bases du clustering.
    Un grand merci à toi!

  • # Ubuntu ?

    Posté par  . Évalué à 3.

    Merci pour cet entretien très intéressant !

    Je me demande parfois quelles sont les expériences des lecteurs de LinuxFR dans le cadre de leur travail ou de leur carrière, cet entretien livre quelques réponses !

    Deux questions, cependant :

    Ubuntu est sympa au premier abord, mais quand on creuse… Aïe…

    Qu'est-ce qui ne va pas quand on creuse ?

    Ubuntu a tout de même réussi à flinguer ma NVRAM, ça m’a bien refroidi…

    Tu peux expliquer ce qui s'est passé exactement (et quand) ? (c'est mon boulot d'ingénieur qualité, déformation professionnelle… désolé ! ;))

    • [^] # Re: Ubuntu ?

      Posté par  . Évalué à 9.

      Pour la première partie c'est mon point de vue un peu subjectif. Je devrais le réinstaller pour te lister les soucis qui m'ont fait râler.

      Pour la NVRAM, alors là, ceux qui m'ont suivi sur la tribune ont pu suivre mes tribulations en temps réel. j'ai un setup pas si compliqué que ça, j'ai une machine en multiboot Mac/Linux. C'est un "hackintosh". Le premier EFI contient Clover, un bootloader bien sympathique. Quand j'installe Linux, je veux que ce soit sur le volume EFI d'un second disque, comme l'autorise la norme, et ensuite soit le "boot menu" de la carte mère me permet de démarrer dessus (les entrées de boot de la NVRAM), soit Clover énumère les volumes EFI et m'affiche une jolie icône Linux dans la liste, pour chainer le boot dessus.

      C'est simple: si l'installateur propose bien l'installation des fichiers EFI sur une autre partition que la première (mais dans ce cas tu dois créer la partition EFI manuellement, tiens, voilà un exemple de réponse à ta première question), j'ai eu de très mauvaises surprises, notamment celle de voir que que grub continuait à modifier des choses sur la première en mode OSEF, mais surtout que mes entrées NVRAM n'étaient pas seulement modifiées, mais écrasées et corrompues. Au premier boot j'arrive sous Ubuntu, donc je veux logiquement remettre mon entrée par défaut sur Clover (première partition EFI, et clover peut ensuite chainer sur Grub, deuxième partition EFI) et là un efibootmgr m'affiche des entrées totalement folles avec des chaines de caractères aléatoires. Je remarque que mon fichier EFI\BOOT\BOOTX64.EFI sur la première partition EFI est en fait Grub, et pas Clover.

      Toute tentative de remise en ordre se solde par un blocage intégral au boot au moment de la lecture et de la mise à jour de la NVRAM, ça crashe : je ne peux même plus accéder au setup de la carte mère. La seule solution pour m'en sortir est d'ouvrir ma tour et de débrancher tous mes disques, et par trois fois j'ai dû même forcer un RAZ total en forçant l'énumération du matériel en retirant une barrette de RAM (méthode bien connue). Ceci supprime les entrées corrompues, et enfin je peux accéder au boot menu du bios. Je dois alors booter sur ma clé USB de secours avec Clover pour le réinstaller, et ENFIN, je peux booter normalement sur tous mes OS.

      Dans les forums, on trouve des types qui ont dû renvoyer leur carte mère en réparation, voire en changer, à cause de ça (pas forcément Ubuntu hein)…

      On croit que c'est fini ? Mais non ! A chaque mise à jour d'Ubuntu, s'il y a grub ou un noyau dans la liste, rebelote ! La post-installation flingue tout à nouveau ! J'avais cru trouver le Graal avec le paramètre --no-nvram de Grub, mais de manière incroyable, il a disparu avec la dernière version LTS (20.04)… Je voulais ouvrir un rapport de bug, mais il y en avait déjà plusieurs, plus ou moins liés, alors j'ai laissé tomber.

      J'en étais arrivé à un point où j'avais installé Ubuntu en mode MBR classique et je bootais via le boot menu du bios…

      Bizarrement, l'installation d'une Fedora est impeccable: je choisis sur quel disque installer mon EFI, l'installateur me crée tout proprement, pas de corruption de la NVRAM, par d'écrasement de fichiers j'utilise efibootmgr pour remettre l'entrée d'origine, les mises à jour sont tranquilles, etc.

      Ubuntu n'en est pas à son premier coup. En 2017, la 17.10 flinguait des portables Lenovo https://linuxiumcomau.blogspot.com/2017/12/lenovo-bios-issues.html

      • [^] # Re: Ubuntu ?

        Posté par  . Évalué à 0.

        j'ai une machine en multiboot Mac/Linux. C'est un "hackintosh".

        Attention, le système d'exploitation macOS, tout comme Windows, est un système d'exploitation totalement propriétaire à des années lumières de la philosophie du logiciel libre, d'ailleurs la licence de macOS interdit explicitement d'installer macOS sur un ordinateur non Apple :

        Autres restrictions d’utilisation Les droits accordés par la présente Licence ne vous autorisent pas à installer, utiliser ou exécuter le logiciel Apple sur un ordinateur qui ne soit pas de marque Apple.

        Sans compter toutes les bidouilles faites au noyau ou au système macOS qui sont nécessaires pour faire fonctionner macOS sur un PC doivent également violer les termes de la licence :

        Pas d’ingénierie inverse. Vous n’êtes pas autorisé à copier le logiciel Apple, les services fournis par le logiciel Apple ou toute partie de ces derniers (sauf et exclusivement dans les limites permises par la présente Licence ou les règles d’utilisation qui pourraient vous concerner), ni à les décompiler, à procéder à leur ingénierie inverse, à les désassembler, à tenter d’en dériver le code source, à les déchiffrer, à les modifier ou à créer des produits dérivés.

        • [^] # Re: Ubuntu ?

          Posté par  . Évalué à 4.

          Je ne suis pas certain que tout ceci soit bien légal. Surtout la seconde partie. Après hein, apple ne m'a pas empêché d'acheter deux trois trucs sur son store, et des vrais macs on en a trois ici. Ils feraient mieux de mettre à jour leurs ancienne machines avec des os récents plutôt que de faire la chasse à ça.

          Parce que le Mac pro acheté 6000 brouzoufs en 2006 considèré artificiellement obsolète en 2011 à cause d'un efi 32 bits, que j'ai dû transformer en hackintosh pour monter en 10.11, puis de nouveau obsolète parce que le noyau utilise maintenant sse4… Foutage de gueule.

  • # Différences entre les deux bouquins d'admin linux

    Posté par  . Évalué à 8.

    Jolie coïncidence, j'allais acheter l'un de tes bouquins d'admin sur Linux :)

    Je suis tombé sur "Maîtrisez l'administration du système (6e édition)" et "Préparation à la certification LPIC-1 (examens LPI 101 et LPI 102) - [6e édition]". En comparant un peu les deux sommaires, quelques chapitres se recoupent, ce qui semble normal vu les sujets très proches des 2 livres.

    Est ce que tu pourrais me préciser un peu les différences entre les livres ? Est ce qu'il y en a un que tu considères plus pour les débutants et l'autre plus avancé par exemple ?

    Merci d'avance :)

  • # J’étais idéaliste...

    Posté par  . Évalué à 5.

    C’était en 2005. J’étais idéaliste et quasiment certain, vu l’incroyable qualité des environnements de bureau (notamment KDE 3) et des distributions qui sortaient en cette période, que Le Grand Jour allait rapidement arriver : l’avènement de Linux en tant que système d’exploitation pour poste de travail et PC à la maison, était proche, Windows n’avait qu’à bien se tenir !

    Je me souviens de cette fin d'années 2000, de la finition et des fonctionnalités des environnements de cette époque (j'utilisais surtout KDE 3.5 mais GNOME était aussi très propre et très fonctionnel). C'était assez grisant. Surtout comparé à Windows à l'époque (XP ou Vista…). Par exemple, quand je montrais que les applications étaient triées par catérogie ou alors que l'explorateur de fichiers gérait les onglets, le split-view, la navigation dans les archives et les montages réseaux, c'était impressionnant.

    10 ans après on a bien déchanté. J'ai l'impression qu'on ne s'est jamais remis du bazar causé par les transitions KDE 3 vers 4 et GNOME 2 vers 3.

    • [^] # Re: J’étais idéaliste...

      Posté par  . Évalué à 6.

      Merci d'abonder dans mon sens concernant l'une de mes raisons d'abandon de Linux en tant que desktop. ta dernière ligne pointe l'un des principaux problèmes qui a flingué les chances de Linux comme desktop au milieu des années 2000. Mais qu'est-ce qui leur a pris ?

      Et c'est bien le passage de KDE3 vers 4 a été désastreux. On avait un produit fini, pratique, avec de superbes applications qui étaient plus pratiques et qui fonctionnaient mieux que leurs équivalents non libres, une personnalisation poussée, un konqueror avec une foule de kio_slaves qui en faisaient un produit universel pour accéder à tout et… ils ont tout pété et on a jamais retrouvé la même qualité. KDE3 était largement supérieur à une interface XP ou Vista ! Une exemple bête est kmail, que j'ai utilisé pendant des années, et qui fonctionne maintenant mal depuis 10 ans.

      J'aurais tellement préféré une évolution en douceur : d'abord porter vers qt4 et 5 sans tout péter, puis après faire tranquillement évoluer l'interface. Mais passer des heures à bidouiller son kde4 ou 5 pour tenter de retrouver les même fonctions qu'on a eu pendant plusieurs années, ce n'est pas normal. Il y a kmail, mais par exemple aussi les connecteurs google qui ne fonctionnent plus, ou simplement le widget meteo qui ne fonctionne pas non plus…

      Pour les nostalgiques il y a Trinity, visuellement ça a vieilli, et le problème principal est l'abandon des applis tierces, ce qui le rend malheureusement difficile à utiliser. Ça a figé dans le temps.

      Quant à Gnome, je vois ça comme un desktop trop limité, sur lequel il faut malheureusement bidouiller à coup de dconf, d'extensions et de tweaks pour avoir ce qu'on veut. Autant KDE cherchait la parité avec Windows (en terme de visuel par exemple), autant Gnome cavale derrière Aqua.

      Mon rêve est une fusion des desktops en un vrai truc concurrentiel face à MS et Apple, ou même Android/Chrome. C'est pas demain la veille.

      Le souci principal reste le contrôle qualité. Ce ne sont pas des produits finis qui nous arrivent, ils ne sont jamais stabilisés ni fiabilisés. Je ne leur jète pas la pierre, mais ils devraient penser utilisateur final avant de penser développement de nouvelles fonctions. Il faut penser à l'utilisateur, aller vers lui, lui demander ce qu'il en pense et ce qu'il veut !

      • [^] # Re: J’étais idéaliste...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

        Une des raisons, je pense, c'est que les nouveaux développeurs, des étudiants ou jeunes ingénieurs, ont envie de faire un truc nouveau. Pas du peaufinage.
        Je me souviens de la vision qui a présidé à Kmail 4 avec les schémas très scolaires autour d'Akonadi. Alors que le webmail et les smartphones se répandaient on imaginait un Kmail capables de gérer des centaines ou des milliers de courriels par jour. Mais pour qui ?
        Et on le voit de nouveau avec Konqueror abandonné pour Qupzilla/Falkon, projet nouveau, plus attirant.

        "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

      • [^] # Re: J’étais idéaliste...

        Posté par  . Évalué à 1.

        Est-ce que ce serait possible d'avoir l'article de Planete Linux sur les problèmes du desktop linux ?

      • [^] # Re: J’étais idéaliste...

        Posté par  . Évalué à 4.

        Il n'existe pas un bureau sur Linux, mais des bureaux. C'est peut-être une faiblesse, mais aussi une force car c'est une forme de diversité. Fusionner tous les bureaux Linux en un seul bureau serait une perte de cette diversité et ne donnerait pas forcément un meilleur bureau Linux, car tes attentes ne sont pas forcément mes attentes, et ni les attentes des autres utilisateurs.

        Quel est le meilleur bureau sous Linux ? Tu trouveras sûrement plein de personnes pour soutenir KDE et autant pour soutenir GNOME, XFCE, Cinemaron ou MATE.

        Le bureau macOS te convient ? Parfait. Est-il le meilleur bureau pour autant ? Moi personnellement j'ai essayé macOS, et j'ai été très malheureux sur ce bureau. Donc c'est surtout une affaire de goût. Le bureau Linux s'est bien amélioré ces dix dernière années.

        Quant à ton abandon du bureau Linux, je comprends que certains utilisateurs t'aient accusé de trahir la cause, en tout cas la cause que tu as défendu pendant des années. Qu'une personne comme toi qui a une certaine notoriété et qui a fait la promotion du bureau Linux pendant des années, change pour macOS, cela donne une très mauvaise image du bureau sous Linux. C'est un peu comme quand Miguel de Icaza le fondateur de GNOME a annoncé qu'il abandonnait Linux pour macOS, c'est le genre de promotion que le bureau Linux se passerait bien.

        De mon point de vue, le bureau Linux pourrait être dix fois meilleur que Windows ou macOS que cela ne se changerait pas la donne. Windows occupe le marché depuis vingt ans, tu ne trouves pratiquement aucun ordinateur préinstallé avec Linux. BeoS était dix fois meilleurs que Windows 98 et cela n'a pas affaibli le monopole de Windows.

        • [^] # Re: J’étais idéaliste...

          Posté par  . Évalué à 3.

          Ton commentaire est très intéressant, notamment sur ta phrase sur les forces et faiblesses de la diversité des bureaux Linux. Il faudrait que je puisse ressortir l'article et en faire un journal, qui devraient donner des commentaires croustillants.

          Si Miguel de Icaza a abandonné Linux et Gnome pour MacOS, c'est qu'il avait probablement de bonnes raisons. À ma moindre échelle, j'en avais aussi. Et j'ai pu partager mes états d'âme. Je lui en veux, à Miguel, d'avoir entretenu cette guerre des bureaux et d'avoir malheureusement réussi à imposer Gnome comme le quasi-standard dans toutes les distribs. Avant de se rendre compte du désastre et d'abandonner. Quand on relit l'histoire de KDE vs Gnome, il y a de quoi pleurer, tant sur le plan philosophique que sur les choix techniques.

          Je leur en veux, aux auteurs de KDE, d'avoir si bien cassé un produit fonctionnel (kde3) pour le transformer en un mix de desktop PC et de tablette à la stabilité douteuse et aux applications instables.

          Nous sommes souvent en présence de puristes, de passionnés, sûrs d'eux et de leurs objectifs, avec une idée de ce qui doit sortir qui n'est pas en adéquation avec le besoin du grand nombre, malheureusement. La communauté du desktop linux étant très réduite, elle ne travaille que pour elle-même et les évolutions ne sont donc le résultat que des besoins d'un petit nombre…

          Mais tu sais, j'ai encore un espoir ténu pour du pur Linux. On peut utiliser un bureau linux, en entreprise par exemple, où le besoin d'outils est limité à un choix précis, où, grace au cloud, on peut avoir accès à quasiment tout via un navigateur, où le choix du matériel est généralement homogène. En conclusion de mon article il y a sept ans, je parlais du jeu. Je voyais un potentiel énorme dans Linux en tant que plateforme de gamer. Et bien, avec Vulkan, Steam, et Proton, où les jeux tournent parfois mieux que sous Windows, je me dis que c'est encore possible. Je n'ai pas d'installation Windows à la maison : que du Linux et du Mac. Et, c'est dingue, mon desktop Linux ne me sert quasiment qu'à jouer.

          Et puis, mine de rien, on ne parle que de PC… Mais Linux a en fait déjà gagné… Pas de la manière dont on aurait souhaité, pas avec les acteurs qu'on pensait… Android, Chromebook, ce sont des Linux, ce sont en fait des desktops Linux avec des centaines de millions d'utilisateurs.

          Quand je vois Windows insister lourdement sur WSL2, la compatibilité graphique, il n'y a pluq que quelques pas pour que Windows devienne un bureau Linux… C'est beau et terrible à la fois, de penser qu'on pourrait en arriver là, un Windows au noyau Linux… Dingue, et pourtant… Un Linux qui sait faire tourner des applis Windows nativement, un Windows qui sait faire tourner des applis Linux nativement, … Les cinq prochaines années risquent d'être dingues…

          • [^] # Re: J’étais idéaliste...

            Posté par  . Évalué à 6.

            La communauté du desktop linux étant très réduite, elle ne travaille que pour elle-même

            Peut-on vraiment dire ça alors que le résultat de leur travail est disponible pour tous ?

            et les évolutions ne sont donc le résultat que des besoins d'un petit nombre…

            Comme toujours dans le logiciel libre. Pourquoi les développeurs développeraient quelque chose dont ils n'ont pas besoin ?

            • [^] # Re: J’étais idéaliste...

              Posté par  . Évalué à 2.

              Je crains de réveiller des souvenirs douloureux :
              https://mail.gnome.org/archives/usability/2005-December/msg00021.html

              Linus avait pété un plomb sur une proposition qu'il faisait pour la fenêtre de dialogue d'impression dans Gnome. Il avait expliqué le problème et proposé un patch qui avait été joyeusement rejeté.

              Tout cela pour dire que la communauté des "Desktop" linux est comme toute communauté libre quelque chose de délicat à "manipuler" même pour un pro du libre comme Linus.

              Personnellement, je pense que la raison principale pour laquelle le desktop linux n'a jamais "pris" sur le desktop est l'absence de MS Office. Je prends le pari que le jour où MS crée une version linux de Office, le desktop linux passera à 10% de part de marché en 5 ans. Et je pense que cela va arriver, parce que petit à petit MS Office bascule vers des technos web, et que MS sort ses outils sous linux petit à petit (Skype, VSCode, Teams). Quand le portage prendra 10 minutes de compile d'un electron like, MS le fera.

              Après, en terme de développement, linux a été en situation de rattrapage par rapport aux desktops Mac et Windows. Le téléphone a été l'occasion d'être en rupture avec les normes de desktop existantes. Je pense qu'il faut être en rupture avec l'existant de manière violente pour avoir une expérience différente et plus efficace.

              Par un utilisateur exclusif de desktop linux depuis 23 ans.

        • [^] # Re: J’étais idéaliste...

          Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 16 juillet 2020 à 10:29.

          Qu'une personne comme toi qui a une certaine notoriété et qui a fait la promotion du bureau Linux pendant des années, change pour macOS, cela donne une très mauvaise image du bureau sous Linux.

          Ça alimente les troll infinis sur les forums plus ou moins spécialisés, mais ça ne change rien. Ceux qui savent qui est Miguel de Icaza ont déjà leur avis sur la question.

          https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: J’étais idéaliste...

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Salut Sébastien,
        je n'ai pas connu le big bang KDE 3 vers 4 mais Gnome 2 vers 3, et clairement de Gnome 3.0 à 3.12 on était dans la regression, néanmoins depuis la 3.12 on a vraiment de belles choses sur Gnome, c'est un bureau très réactif et fonctionnel, qu'on peut piloter au clavier, l'interface de paramètres est très très proche de celle de MacOSX et aussi fonctionnelle, je n'ai pas grand chose à lui reprocher, hormis de ne pas fournir les décorations par défaut sur des apps wayland natives.

        Veepee & UNIX-Experience

  • # Le pingouin sur la banquise en face

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

    Chouette interview, merci.

    Sébastien Rohaut, c'est le gars dont je me dis que j'aurais dû le croiser depuis longtemps, mais le hasard a fait qu'on ne se connaît toujours pas, ou alors juste de loin peut-être. J'ai été auteur chez Planète Linux comme lui, j'ai également écrit une série de bouquins sur Linux (mais pour le concurrent Eyrolles), je suis tout aussi fan d'OpenSUSE, et j'ai eu ma période de crise avec Linux sur le poste de travail (que j'ai résolue différemment). Je me dis qu'un de ces jours, faudrait quand-même qu'on se boive une ou deux ou vingt-sept bières.

    Je me rappelle bien son article dans Planète Linux sur la crise de Linux sur le desktop, et j'ai trouvé les arguments très pertinents. Pour ma part, j'ai toujours une OpenSUSE configurée aux petits oignons, dont je suis assez content. Mais je me dis qu'un jour il faudra que je m'attelle au projet Hackintosh juste pour voir.

    Sébastien, si jamais tu passes dans le Gard, cherche "microlinux" sur ton moteur de recherche préféré et passe-moi un coup de fil. Et on ira se boire quelques bières.

    Un gentil bonjour de la garrigue gardoise.

    Nico (alias "Kiki Novak")

    Dyslexics have more fnu.

    • [^] # Re: Le pingouin sur la banquise en face

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

      Ça me fait vraiment très plaisir de voir que tu es revenu ici.

      Et alors, j'ai ton bouquin Débuter avec Linux. Il m'a été utile ici où là avec ma distro préférée, Mageia. Mais je ne pense pas que ça soit vraiment pour les débutants :-).

      Je l'ai lu et relu tellement il est agréable à lire (et merci pour la recette de lasagnes).

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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