Peut-être que c'est le titre de cette dépêche qui est trompeur.
C'est bien la Commission qui a publié le document (vu qu'il est hébergé sur un site de la Commission, cf. infra). Par contre elle ne l'a pas écrit. C'est écrit dans la dépêche.
Cette Alliance européenne est une initiative du Conseil Européen
Non, c'est bien une initiative "facilitée" par la Commission, la DG Connect plus précisément. L'URL du site est sur le domaine "digital-strategy.ec.europa.eu". "ec" = "European Commission".
Par ailleurs c'est écrit sur le site: "The work of the Alliance is facilitated by the European Commission’s Directorate-General for Communications Networks, Content and Technology (DG CONNECT)."
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
Le fiasco de CloudWatt et Numergy est le cas d'école de la politique industrielle numérique "à l'ancienne" et exemple de tout ce que nos propositions (celles de l'Alliance, mais aussi celles du CNLL, celles d'EuroStack, celles de l'APELL, etc.) visent à ne jamais reproduire.
Quelles différences alors avec ce double fiasco historique?
Notre approche est pilotée par l'industrie et ascendante (Bottom-Up). La feuille de route vient du terrain, des PME, des experts du cloud et du logiciel libre qui savent comment faire fonctionner ces technologies. Nous ne demandons pas à l'État de concevoir la technologie, mais de créer les conditions de marché. L'Etat-stratège a ses limites aussi.
Nous proposons de fédérer l'existant en s'appuyant sur les standards et les projects / produits Open Source existants, pas de réinventer la roue.
Notre approche vise à fédérer et renforcer l'écosystème existant, notamment en cartographant et en promouvant la richesse des milliers d'acteurs européens existants.
Le levier principal que nous proposons est la demande, pas la subvention à l'offre. Le cœur de notre plan est la réforme de la commande publique ("Acheter Européen & Libre"). Nous disons : "créons et développons un marché pour les solutions qui existent déjà, sur la base de critères objectifs". C'est cette demande qui assurera la viabilité économique des acteurs, sans dépendre de l'argent public.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
A ma connaissance, il n'existe pas de décision de justice, que ce soit en France ou au niveau de l'Union Européenne, qui statue spécifiquement sur la légalité d'une clause de non-benchmark dans un contrat de licence de logiciel. Cette absence de jurisprudence place effectivement les utilisateurs et les chercheurs dans une situation d'incertitude juridique.
Il est possible que ces clauses soient abusives, pour plusieurs raisons:
En droit de la concurrence, elles pourraient constituer un abus de position dominante si l'éditeur est un acteur majeur du marché.
En droit des contrats, elles pourraient être qualifiées de "clause abusive" créant un déséquilibre significatif au détriment de l'utilisateur, que ce soit pour un consommateur ou même entre professionnels.
Ces clauses peuvent aussi constituer une restriction à la concurrence et à l'information: elles nuisent à la transparence du marché et à l'innovation en empêchant une comparaison objective des solutions. La directive européenne sur la protection des programmes informatiques précise d'ailleurs que ses dispositions ne doivent pas porter préjudice aux règles de la concurrence.
Bon, ce ne sont que quelques éléments (IANAL)… Maintenant il reste à trouver (et à payer) un avocat et créer une jurisprudence… Yapuka…
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1) "Trois des langues officielles de l'Union sont utilisées comme langues de travail au sein de la Commission : l'anglais, le français et l'allemand. Ces langues sont celles qui sont parmi les plus parlées dans l'Union européenne, que ce soit en tant que langue maternelle (français, allemand), ou en tant que seconde langue (anglais)." (source: Wikipedia)
Mais:
2) Ce n'est pas un document officiel de la Commission.
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En effet. Il manque "Notons que, bien que la feuille de route concerne explicitement uniquement le Cloud, l'Edge et l'IoT, la plupart des recommendations sont pertinentes pour l'ensemble du secteur du logiciel et de l'informatique en général".
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L'anglais reste la ou une langue officielle de 2 pays de l'UE.
(NB: le français de 3, et l'allemand de 4).
En revanche, "Les cinq langues étrangères les plus parlées [dans l'UE] sont l'anglais (38 %), le français (12 %), l'allemand (11 %), l'espagnol (7 %) et le russe (5 %)." (Source: Wikipedia).
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On parle bien (que ce soit dans la pétition, dans mes commentaires, ou dans le projet EU OS) de faire un "profil métier" d'une distribution existante, pas de repartir from scratch. Toutes les distributions importantes proposent déjà ce genre de mécanisme, c'est déjà à la fois une pratique courante et prévu dans le système. Je ne comprends pas pourquoi des gens se braquent dessus (comme certains s'étaient braqués en 2016).
Après le choix de la distribution de base, c'est effectivement la caractéristique de l'écosystème qui fait qu'on peut avoir du mal à avancer. Chacun va pousser sa distribution préférée, son environnement graphique préféré, etc. A un moment il faut faire un choix et avancer.
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Je n'ai pas énormément de visibilité sur d'éventuels projets inspirés par la pétition, mais j'en connais au moins un "EU OS". Cf. https://eu-os.gitlab.io/
Une partie de ces arguments ont déjà leur réponse dans la dépêche ou dans les autres éléments déjà discutés.
Toutes les analyses, et en particulier les documents cités, insistent sur la notion d'accompagnement au changement, d'engagement sur la durée, etc. Toute initiative sérieuse doit évidemment prendre en compte ces éléments.
Concernant LiMux (Munich), puisque tu en parles 2 fois, relis l'article que j'ai cité et tu verras que les arguments du style "les utilisations n'étaient pas contents" ne tiennent pas vraiment. La cause profonde du retour en arrière, c'est que Microsoft a fait tout ce qu'il fallait pour qu'il y ait une décision politique, et qu'on a inventé des arguments pour la justifier ("quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage…").
Je vais juste ajouter un nouvel élément: Linux a récemment dépassé 4.5% de parts de marché sur les postes de travail (hors ChromeOS). Cf. cette dépêche que j'avais postée quand la barre des 3% avait été dépassée, il y a un peu plus d'un an, ou ce post que j'ai écrit en début d'année, à l'occasion du passage des 4%.
Autrement dit, on est peut-être encore loin de l' "année du bureau Linux", mais on constate une croissance régulière et peut-être même une accélération, et 4.5% du marché ça représente à vue de nez quand même déjà de l'ordre de 50 millions de machines dans le monde.
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Kamel Baddari, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a supervisé, mardi à l’Université Docteur Moulay Tahar de Saïda, le lancement du premier système algérien d’exploitation informatique, une « distribution Linux » basée sur des logiciels libres et open source. Ce système 100 pour 100 algérien est le fruit des efforts d’étudiants et de chercheurs universitaires spécialisés dans l’élaboration de logiciels, représentant divers établissements d’enseignement supérieur du pays.
Comment ont-il procédé ?
M. Baddari a honoré les trois équipes d’étudiants lauréates de la première édition du concours national de création du système d’exploitation algérien, baptisée « Distribution Linux », organisée par l’université de Saïda en collaboration avec la Commission nationale des logiciels libres et open source (CNLL), relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le concours, qui a duré trois jours à l’université de Saïda, a vu la participation de dix équipes, chacune composée de quatre étudiants, issues de plusieurs universités du pays.
Mon commentaire: est-ce un simple effet d'annonce ou cette distribution sera-t-elle réellement utilisée dans l'administration (et/ou dans l'enseignement supérieur et la recherche)? Si elle est utilisée, qui en assurera le support ? En tout cas, un ministre s'est déplacé pour l'événement, cela montre déjà une volonté politique. Cette partie là, au moins, constitue un exemple à suivre.
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La pétition n'est qu'un outil (imparfait) parmi d'autres.
Comme on l'a vu en 2016 puis en 2023 (cf. mes notes) il peut y avoir une volonté politique en France, comme il y en a une en Allemagne (au moins dans un des États fédéraux), et cette proposition fait parler (dans notre petit milieu, j'en ai bien conscience).
Je peux aussi ajouter qu'en France, avec le rapport de la DGFIP et celui de la DGA de 2022, on a déjà une partie du travail de réflexion qui a été réalisé. On peut s'appuyer dessus pour gagner 6 mois.
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Pour être plus précis, voici les principaux arguments cités par les deux officiers de gendarmerie pour utiliser une variante d'Ubuntu plutôt qu'une Ubuntu directement:
Personnalisation de l’interface utilisateur : GendBuntu a été conçu pour ressembler autant que possible à l’environnement Windows utilisé précédemment, afin de minimiser les perturbations pour les utilisateurs. Par exemple, une barre des tâches similaire à celle de Windows a été ajoutée, et les outils intégrés ont été configurés pour offrir un rendu visuel et fonctionnel familier.
Simplification des usages : Certaines fonctionnalités et outils inutiles ou superflus dans le contexte de la Gendarmerie ont été supprimés pour alléger le système et le rendre plus efficace pour les tâches spécifiques des agents.
Contrôle total sur les mises à jour : En développant une variante spécifique, la Gendarmerie a pu intégrer ses propres politiques de sécurité, notamment en termes de configuration, de mise à jour, et de gestion des correctifs. Cela permet de réduire les risques liés à des modifications externes ou des dépendances à des décisions prises par Canonical (éditeur d’Ubuntu).
Intégration aux infrastructures de la Gendarmerie : Les systèmes informatiques de la Gendarmerie ont des exigences uniques, comme la compatibilité avec des logiciels métiers spécifiques, des bases de données et des systèmes d’authentification centralisés. GendBuntu a été conçu pour être parfaitement interopérable avec ces infrastructures existantes.
Support des matériels spécifiques : Certains matériels, comme des systèmes radio ou des dispositifs de communication sécurisée, nécessitent des pilotes ou des configurations particulières qui ne sont pas inclus dans une version standard d’Ubuntu.
Réduction de la dépendance vis-à-vis de Canonical : Bien qu’Ubuntu soit libre, sa gestion reste influencée par Canonical, une entreprise privée. En créant GendBuntu, la Gendarmerie conserve un contrôle total sur l’évolution et le cycle de vie de son système, évitant toute contrainte imposée par un tiers.
Flexibilité dans les choix technologiques : GendBuntu permet d’introduire ou de retirer des composants spécifiques sans attendre les décisions d’un éditeur externe, assurant une totale autonomie technologique.
Homogénéité et industrialisation : GendBuntu est optimisé pour être déployé sur les 80 000 postes informatiques de la Gendarmerie, avec des outils de gestion centralisée spécifiques, comme OCS Inventory et des scripts de configuration adaptés.
Stabilité et support de long terme : La Gendarmerie a basé GendBuntu sur les versions LTS (Long Term Support) d’Ubuntu, tout en ajoutant ses propres correctifs et fonctionnalités pour garantir une stabilité maximale sur de longues périodes, essentielle pour un environnement critique comme celui des forces de l’ordre.
Je ne doute pas que la majorité de ces arguments s'appliquent au reste des administrations européennes.
La (re)lecture des 2 études de 2022 sur le poste de travail Linux en France (l'une pour la DGFIP et l'autre pour le Ministère des armées - déjà cités dans la dépêche) donnera également un éclairage plus récent.
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La migration vers Linux (via une distribution dérivée d’Ubuntu, baptisée GendBuntu) a été amorcée en 2008, avec un souci d’ergonomie pour limiter les perturbations : l’interface et les outils ont été adaptés pour imiter autant que possible l’environnement Windows. L’acceptation par les utilisateurs a été facilitée par une formation minimale, des outils de support interne, et la prise en compte des besoins spécifiques comme les normes d’accessibilité.
(Tous les détails dans les deux document sus-cités).
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Ajoutons un autre facteur, le passage à Windows 11. L'introduction de spécifications matérielles strictes, comme l'exigence d'un module TPM 2.0 ou de processeurs récents, rend obsolète une grande partie des machines actuellement en service, imposant une obsolescence programmée coûteuse. Cette situation crée un espace et une fenêtre d'opportnité pour des alternatives capables de prolonger la durée de vie des équipements existants. Parallèlement, Windows 11 a introduit des changements d'interface et des contraintes souvents perçues comme superflues, tout en poussant de manière plus agressive des services intégrés comme OneDrive ou Bing.
La migration vers Windows 11 implique donc non seulement des coûts de licences, mais aussi des investissements matériels significatifs et des efforts de formation pour s'adapter aux nouvelles configurations. Ces budgets pourraient être consacrés à accompagner une migration vers Linux. Mais il ne faut pas laisser la fenêtre d'opportunité se refermer…
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"Les échecs passés : bah, mieux vaut regarder les réussites, non ?"
=> Non, je maintiens qu'il faut regarder les deux: les échecs pour pas faire pareil (ou plutôt, éviter les facteurs qui font que cela n'a pas marché), et les réussites, pour s'en inspirer (mutatis mutandis).
"DINUM pour l'Éducation nationale"
=> Tu confonds deux initiatives différentes et, à ma connaissance, sans grand rapport.
"Poste de travail / serveur cloud : ça c'est une distinction d'un autre temps (le millénaire dernier ?)"
=> Oui et non.
On a toujours besoin de postes de travail, avec de moins en moins de logiciels dessus (ce qui revient à réaliser, 30 ans après, la prédiction de Bob Metcalfe (attribuée à Marc Andreesen): "[Netscape réduira bientôt Windows à] un ensemble de pilotes de périphériques mal débogués."). D'où le clin d'oeil à une architecture à la ChromeOS dans mon texte.
Quant au sujet du cloud, l'OS n'est plus AMHA le sujet central. C'est toute l'infra qu'il faut penser en terme de souveraineté (en évitant les erreurs du passé, cf. supra). C'est un sujet sur lequel je travaille en ce moment avevc un nouveau projet: https://nlnet.nl/project/Hop3-Nixified/
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"Gouvernance européenne" ne veut pas dire "pilotage par le Parlement européen".
Je dirais même qu'a priori, les futurs utilisateurs étant les États membres et la Commission, la gouvernance devra réunir des représentants :
Des États membres : Chaque État aurait un rôle consultatif ou décisionnel proportionnel à son implication dans le projet, garantissant que les besoins nationaux spécifiques soient pris en compte.
De la Commission européenne : Celle-ci pourrait assurer la coordination globale et veiller à ce que le projet réponde aux objectifs stratégiques européens en matière de souveraineté numérique et de mutualisation.
Des communautés open source : En tant que parties prenantes essentielles, elles devraient être représentées pour garantir que le développement reste aligné avec les principes de transparence, d'interopérabilité et de collaboration ouverts.
Des utilisateurs finaux : Les administrations publiques, en tant que premiers bénéficiaires, doivent également participer activement pour orienter les priorités fonctionnelles et garantir une adoption réussie.
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Merci pour ces commentaires. Voici quelques éléments de réponse:
"Mais qu’est-ce que la souveraineté numérique ?"
En 2018, le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) avait défini la souveraineté numérique comme une autonomie stratégique, permettant à un État de conserver une capacité d’appréciation, de décision et d’action dans l’espace numérique, sans pour autant chercher à tout produire en interne.
« Une stratégie industrielle basée sur l’open source, sous réserve qu’elle s'inscrive dans une démarche commerciale réfléchie, peut permettre aux industriels français ou européens de gagner des parts de marché où ils sont aujourd’hui absents, et par là même de permettre à la France et à l’Union européenne de reconquérir de la souveraineté. »
EU Linux s’inscrit précisément dans cette logique : un projet pensé pour être pragmatique, stratégique, et économique, tout en renforçant l’autonomie numérique de l’Europe.
"Une distribution Linux de plus ne changera rien à la souveraineté numérique"
Il ne s'agit pas simplement de créer "une distribution de plus". L'objectif d'EU Linux est de construire une brique stratégique mutualisée, alignée sur les priorités européennes. Contrairement à une initiative isolée, EU Linux serait :
Industrialisé à l’échelle européenne : Un projet coordonné par l’UE, utilisant une ou des distributions existantes comme base, et personnalisé pour répondre aux besoins spécifiques des administrations publiques (sécurité, conformité aux réglementation européennes, interopérabilité).
Soutenu par une gouvernance européenne : Les décisions techniques et stratégiques seraient prises en Europe, garantissant une indépendance face à des intérêts extérieurs.
Un socle commun pour mutualiser les efforts : Au lieu que chaque État investisse de manière isolée dans ses solutions, EU Linux offrirait une plateforme partagée, réduisant les coûts et accélérant les déploiements.
Ce n'est pas "réinventer la roue", mais reprendre le contrôle sur une brique technologique fondamentale.
"Les américains ne bloqueront jamais l’accès au marché européen pour leurs logiciels"
Les exemples récents montrent que la dépendance aux solutions étrangères n'est pas qu'une question de blocage direct :
Risques géopolitiques : Les embargos imposés à Huawei ou la Russie ont montré que l’accès à certaines technologies peut être utilisé comme un levier diplomatique ou économique. Notons qu'au niveau des systèmes d'exploitation, les principales super-puissances en conflit avec les États-Unis, comme la Chine et la Russie, ont précisément développé des projets pour s'affranchir de leur dépendance. La Chine a mis en place KylinOS, basé sur Linux, pour ses administrations, et la Russie utilise Astra Linux, conçu pour répondre à ses besoins sécuritaires nationaux. Ces initiatives illustrent que la souveraineté numérique passe souvent (mais, évidemment, pas seulement) par la maîtrise des OS, le socle des infrastructures informatiques critiques. Pour une étude détaillée de la stratégie russe, cf. Marie-Gabrielle Bertran, La place des logiciels libres et open source dans les nouvelles politiques du numérique en Russie, Herodote, 2020.
Augmentation des coûts : Le cas Broadcom, imposant une taxe implicite de 15 milliards d’euros via VMware, illustre que les monopoles technologiques peuvent imposer des hausses de coûts sans alternatives viables. Ces augmentations, souvent imprévisibles, mettent en lumière la fragilité économique des dépendances envers des solutions propriétaires, en particulier lorsqu'elle sont en situation de monopole ou quand les coûts de sortie sont élevés.
Risque de restriction indirecte : Même sans blocage officiel, la simple dépendance à des technologies non contrôlées par l’Europe expose les États à des restrictions techniques ou commerciales imposées par des fournisseurs étrangers sous pression légale ou géopolitique (exemple : lois américaines comme le Cloud Act, qui donnent accès aux données hébergées par des entreprises américaines ou ayant un intérêt économique aux USA, quel que soit leur lieu de stockage).
EU Linux ne prétend pas éliminer ces risques immédiatement, mais il crée une alternative européenne crédible. En établissant une infrastructure numérique indépendante et interopérable, EU Linux offrirait une solution capable de réduire progressivement la dépendance et de négocier d’une position de force face aux géants technologiques. Cela renforcerait également la capacité des États européens à protéger leurs données sensibles et leurs infrastructures critiques.
"Il faudrait vérifier tout le code, pas seulement l'OS"
C’est exact : sécuriser une infrastructure numérique complète nécessite une vérification au-delà de l’OS. Cependant, l’OS est le socle de toute infrastructure numérique. Sans une maîtrise complète de cet élément central, il est impossible d’assurer une chaîne de confiance cohérente. EU Linux contribuerait à cette démarche en adoptant un modèle fondé sur la transparence, qui dépasse la simple notion de confiance, et en mettant en œuvre les actions suivantes :
Créer une chaîne de transparence européenne : Plutôt que de se fier à des acteurs externes ou à des certifications opaques, EU Linux intégrerait des audits réguliers et collaboratifs pour les composants critiques (noyau Linux, logiciels de base, bibliothèques). Cela permettrait une validation publique et reproductible des éléments essentiels.
Fournir un cadre standardisé et transparent : Mutualiser les efforts pour valider les solutions utilisées par les administrations publiques, tout en garantissant que les méthodologies, outils et résultats d’audit soient accessibles. Cela faciliterait la coopération avec les communautés open source et renforcerait la confiance des utilisateurs.
Prioriser les enjeux stratégiques : Renforcer les algorithmes de chiffrement, les mécanismes de mise à jour sécurisés, et d’autres composants essentiels, tout en assurant que ces améliorations soient visibles, reproductibles et soumises à des audits indépendants.
En combinant audits communautaires ouverts et structures dédiées financées par l’UE, EU Linux poserait les bases d’une souveraineté numérique étendue. Par exemple, le projet FOSSEPS montre comment une approche coordonnée peut encourager la transparence dans le développement et l’évaluation des logiciels libres critiques.
Note: transparence vs confiance
La transparence est un principe fondamental pour garantir l’intégrité et la sécurité des systèmes numériques, en particulier dans un contexte où la "confiance aveugle" envers des technologies étrangères peut être exploitée ou mal placée. La transparence est préférable à la simple confiance dans la gestion des infrastructures numériques européennes :
Réduction des dépendances stratégiques : Le "numérique de confiance" repose souvent sur des certifications ou des accords entre parties, mais il n’élimine pas le risque d’accès non autorisé par un État tiers. La transparence garantit que les systèmes peuvent être inspectés et contrôlés par des entités européennes, sans interférence extérieure.
Limitation des vulnérabilités systémiques : En favorisant des solutions opaques ou centralisées (comme des clouds hyperscalers non européens), la "confiance" crée un risque de pannes globales et fragilise l’écosystème. La transparence favorise des solutions distribuées, auditées et résilientes.
Autonomie industrielle renforcée : La transparence permet à des acteurs européens de contribuer activement au développement, à l’audit et à l’amélioration des technologies, favorisant ainsi un écosystème local et durable. Elle encourage aussi l’innovation en garantissant des processus reproductibles et vérifiables.
Accès démocratique à la sécurité : Dans un système transparent, la sécurité n’est pas un secret détenu par un petit nombre d’acteurs. Elle devient un bien commun, accessible aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens.
EU Linux incarnerait cette vision de transparence, notamment en :
Rendant public tout le code et les modifications apportées : Chaque mise à jour ou changement dans le système serait documenté et ouvert à l’audit.
Adoptant des outils de validation reproductibles : Par exemple, des outils comme Reproducible Builds garantiraient que tout utilisateur puisse vérifier qu’un binaire correspond exactement au code source.
Facilitant les audits participatifs : En impliquant des experts indépendants et des communautés open source européennes, les validations ne dépendraient pas uniquement d’acteurs commerciaux ou institutionnels.
Centralisant les ressources éducatives et méthodologiques : En rendant accessible à tous une documentation claire sur les processus d’audit et les bonnes pratiques de sécurité.
"Le poste de travail n’est plus central dans l’ère du cloud"
Certes, la plupart des applications métiers et une grosse partie des applicatifs génériques sont maintenant des applications web, et c'est d'ailleurs un phénomène qui rend la migration plus facile qu'il y a 10 ou 20 ans. Cependant :
Le poste de travail reste indispensable : Les administrations publiques, notamment, utilisent encore des ordinateurs pour des tâches critiques. Sans un OS souverain, ces postes restent vulnérables.
EU Linux pourrait intégrer une approche hybride : Inspiré de ChromeOS ou ses variantes libres(ex: NayuOS), EU Linux pourrait proposer un environnement léger, optimisé pour les applications web, tout en garantissant une maîtrise totale des infrastructures sous-jacentes.
La dépendance au cloud américain est un problème croissant : Même si le cloud est central, utiliser des infrastructures européennes sans OS souverain ne règle qu'une partie du problème.
EU Linux s’adapte à ces évolutions en intégrant des outils modernes et en servant de base pour des solutions cloud souveraines.
"Les échecs passés montrent que c’est une impasse (Mandriva, Cloudwatt, etc.)"
Les échecs comme ceux de Mandriva ou Cloudwatt montrent surtout l'importance d'une vision collective et coordonnée. A contrario, les succès du passé et du présent (Gendbuntu, etc.) montrent que c'est possible. Contrairement à ces initiatives :
EU Linux serait une démarche mutualisée : Financé et gouverné par l’Union européenne, il éviterait les écueils des projets isolés ou sous-capitalisés.
Une intégration dans l’écosystème open source existant : Plutôt que de partir de zéro, EU Linux s’appuierait sur des bases stables et largement adoptées, avec des contributions en retour à la communauté, et sur l'expérience des initiatives passées.
Un soutien politique et économique pérenne : En s’inscrivant dans une stratégie de déploiement à l'échelle européenne, EU Linux bénéficierait d’un financement stable des institutions utilisatrices.
Ces échecs ne doivent donc pas nous freiner, mais nous servir de leçons pour structurer le succès.
"La souveraineté numérique ne se limite pas à l’OS : il faut aussi du capital risque, retenir nos talents, etc."
C'est une critique valide : la souveraineté numérique est un enjeu systémique qui dépasse l'enjeu du système d'exploitation. Cependant, EU Linux peut jouer un rôle clé dans cet écosystème :
Stimuler l'innovation locale : En finançant le développement d’EU Linux et ses dérivés, l’UE pourrait créer des opportunités pour les PME européennes spécialisées dans l’open source.
Former et retenir les talents : Participer à un projet européen de cette envergure renforcerait l’attractivité de l’Europe pour ses ingénieurs et développeurs.
Créer un effet d’entraînement : En démontrant la viabilité de solutions souveraines, EU Linux encouragera d’autres projets technologiques européens (notamment au niveau des applicatifs, du cloud, etc.)
Ce projet ne s’oppose donc pas à des leviers comme le capital-risque ou la rétention des talents. Il en est un catalyseur.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
Nous avons choisi de publier notre propre prise de position afin d'insister sur l'impact économique du programme NGI, sur l'ensemble des innovateurs open source européens, en amont, et en aval sur l'ensemble des acteurs de l'économie européenne
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"Il suffirait" sauf qu'il faut le financer. Après c'est une niche fiscale comme une autre, et le législateur peut parfaitement décider de diriger les crédits dans telle ou telle direction. Mais comme toute mesure d'allègement fiscal, il faut un financement.
Pour être plus positif, si on arrivait, par exemple avec l'aide d'économistes, à justifier de l'impact positif d'un tel mécanisme sur la compétitivité de l'économie française, il y a peut-être un coup à jouer.
140 millions en 5 ans pour être précis. Ce n'est pas rien. Et ce n'est qu'un instrument parmi d'autres au sein du programme-cadre Horizon Europe.
Maintenant, rien ne dit que les subventions européennes doivent être le seul moyen de financer le logiciel libre. Le principal outil doit reste l'achat de logiciels libres, que ce soit par le biais de la commande publique ou privée.
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 5 (+3/-0).
C'est bien la Commission qui a publié le document (vu qu'il est hébergé sur un site de la Commission, cf. infra). Par contre elle ne l'a pas écrit. C'est écrit dans la dépêche.
Non, c'est bien une initiative "facilitée" par la Commission, la DG Connect plus précisément. L'URL du site est sur le domaine "digital-strategy.ec.europa.eu". "ec" = "European Commission".
Par ailleurs c'est écrit sur le site: "The work of the Alliance is facilitated by the European Commission’s Directorate-General for Communications Networks, Content and Technology (DG CONNECT)."
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[^] # Re: en esperant ne pas reproduire les modeles CLoudwatt et je ne sais plus l'autre
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 7 (+5/-0).
Le fiasco de CloudWatt et Numergy est le cas d'école de la politique industrielle numérique "à l'ancienne" et exemple de tout ce que nos propositions (celles de l'Alliance, mais aussi celles du CNLL, celles d'EuroStack, celles de l'APELL, etc.) visent à ne jamais reproduire.
Quelles différences alors avec ce double fiasco historique?
Notre approche est pilotée par l'industrie et ascendante (Bottom-Up). La feuille de route vient du terrain, des PME, des experts du cloud et du logiciel libre qui savent comment faire fonctionner ces technologies. Nous ne demandons pas à l'État de concevoir la technologie, mais de créer les conditions de marché. L'Etat-stratège a ses limites aussi.
Nous proposons de fédérer l'existant en s'appuyant sur les standards et les projects / produits Open Source existants, pas de réinventer la roue.
Notre approche vise à fédérer et renforcer l'écosystème existant, notamment en cartographant et en promouvant la richesse des milliers d'acteurs européens existants.
Le levier principal que nous proposons est la demande, pas la subvention à l'offre. Le cœur de notre plan est la réforme de la commande publique ("Acheter Européen & Libre"). Nous disons : "créons et développons un marché pour les solutions qui existent déjà, sur la base de critères objectifs". C'est cette demande qui assurera la viabilité économique des acteurs, sans dépendre de l'argent public.
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[^] # Re: Et interdiction d'interdire le benchmarking
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 6 (+4/-0).
A ma connaissance, il n'existe pas de décision de justice, que ce soit en France ou au niveau de l'Union Européenne, qui statue spécifiquement sur la légalité d'une clause de non-benchmark dans un contrat de licence de logiciel. Cette absence de jurisprudence place effectivement les utilisateurs et les chercheurs dans une situation d'incertitude juridique.
Il est possible que ces clauses soient abusives, pour plusieurs raisons:
En droit de la concurrence, elles pourraient constituer un abus de position dominante si l'éditeur est un acteur majeur du marché.
En droit des contrats, elles pourraient être qualifiées de "clause abusive" créant un déséquilibre significatif au détriment de l'utilisateur, que ce soit pour un consommateur ou même entre professionnels.
Ces clauses peuvent aussi constituer une restriction à la concurrence et à l'information: elles nuisent à la transparence du marché et à l'innovation en empêchant une comparaison objective des solutions. La directive européenne sur la protection des programmes informatiques précise d'ailleurs que ses dispositions ne doivent pas porter préjudice aux règles de la concurrence.
Bon, ce ne sont que quelques éléments (IANAL)… Maintenant il reste à trouver (et à payer) un avocat et créer une jurisprudence… Yapuka…
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 4 (+2/-0).
Ils l'ont publié puisque c'est sur un site de la Commission
Mais ils ne l'ont pas écrit. Il n'est nul par écrit dans le document que c'est un document de la Commission.
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[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 7 (+5/-0).
1) "Trois des langues officielles de l'Union sont utilisées comme langues de travail au sein de la Commission : l'anglais, le français et l'allemand. Ces langues sont celles qui sont parmi les plus parlées dans l'Union européenne, que ce soit en tant que langue maternelle (français, allemand), ou en tant que seconde langue (anglais)." (source: Wikipedia)
Mais:
2) Ce n'est pas un document officiel de la Commission.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: merci et phrase tronquée
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 5 (+3/-0).
En effet. Il manque "Notons que, bien que la feuille de route concerne explicitement uniquement le Cloud, l'Edge et l'IoT, la plupart des recommendations sont pertinentes pour l'ensemble du secteur du logiciel et de l'informatique en général".
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[^] # Re: La tour de Babel a encore frappé
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche La Commission européenne publie une feuille de route sur le logiciel libre. Évalué à 8 (+6/-0).
L'anglais reste la ou une langue officielle de 2 pays de l'UE.
(NB: le français de 3, et l'allemand de 4).
En revanche, "Les cinq langues étrangères les plus parlées [dans l'UE] sont l'anglais (38 %), le français (12 %), l'allemand (11 %), l'espagnol (7 %) et le russe (5 %)." (Source: Wikipedia).
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[^] # Re: EU Linux / EU OS
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse au journal La Cour Pénale Internationale bientôt sous Linux ?. Évalué à 3.
On parle bien (que ce soit dans la pétition, dans mes commentaires, ou dans le projet EU OS) de faire un "profil métier" d'une distribution existante, pas de repartir from scratch. Toutes les distributions importantes proposent déjà ce genre de mécanisme, c'est déjà à la fois une pratique courante et prévu dans le système. Je ne comprends pas pourquoi des gens se braquent dessus (comme certains s'étaient braqués en 2016).
Après le choix de la distribution de base, c'est effectivement la caractéristique de l'écosystème qui fait qu'on peut avoir du mal à avancer. Chacun va pousser sa distribution préférée, son environnement graphique préféré, etc. A un moment il faut faire un choix et avancer.
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# EU Linux / EU OS
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse au journal La Cour Pénale Internationale bientôt sous Linux ?. Évalué à 2.
Merci d'avoir mentionné mon billet.
Je n'ai pas énormément de visibilité sur d'éventuels projets inspirés par la pétition, mais j'en connais au moins un "EU OS". Cf. https://eu-os.gitlab.io/
Il y a des éléments de feuille de route ici: https://gitlab.com/eu-os/eu-os.gitlab.io/-/boards/9013559
Je présume que les contributions sont bienvenues.
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# Trump et la Chine
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse au journal La Cour Pénale Internationale bientôt sous Linux ?. Évalué à 5.
Cf. cet article récent du Monde:
https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/08/la-tempete-trump-une-aubaine-pour-pekin_6536867_3210.html
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[^] # Re: Info connexe: "Lancement du premier système algérien d’exploitation informatique"
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 2.
Je leur ai écrit à l'adresse de contact qui apparaît sur l'affiche. Pas de réponses pour l'instant.
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[^] # Re: Je suis pour, mais ça a zéro chances d'aboutir
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 10. Dernière modification le 20 novembre 2024 à 13:36.
C'est un peu fatigant toute cette négativité.
Une partie de ces arguments ont déjà leur réponse dans la dépêche ou dans les autres éléments déjà discutés.
Toutes les analyses, et en particulier les documents cités, insistent sur la notion d'accompagnement au changement, d'engagement sur la durée, etc. Toute initiative sérieuse doit évidemment prendre en compte ces éléments.
Concernant LiMux (Munich), puisque tu en parles 2 fois, relis l'article que j'ai cité et tu verras que les arguments du style "les utilisations n'étaient pas contents" ne tiennent pas vraiment. La cause profonde du retour en arrière, c'est que Microsoft a fait tout ce qu'il fallait pour qu'il y ait une décision politique, et qu'on a inventé des arguments pour la justifier ("quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage…").
Je vais juste ajouter un nouvel élément: Linux a récemment dépassé 4.5% de parts de marché sur les postes de travail (hors ChromeOS). Cf. cette dépêche que j'avais postée quand la barre des 3% avait été dépassée, il y a un peu plus d'un an, ou ce post que j'ai écrit en début d'année, à l'occasion du passage des 4%.
Autrement dit, on est peut-être encore loin de l' "année du bureau Linux", mais on constate une croissance régulière et peut-être même une accélération, et 4.5% du marché ça représente à vue de nez quand même déjà de l'ordre de 50 millions de machines dans le monde.
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[^] # Re: Info connexe: "Lancement du premier système algérien d’exploitation informatique"
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 4.
J'ai trouvé plus d'info sur ce hackathon, puisqu'il s'agit bien d'un, on l'avait deviné:
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# Info connexe: "Lancement du premier système algérien d’exploitation informatique"
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 5. Dernière modification le 20 novembre 2024 à 07:05.
https://www.horizons.dz/?p=192210
Comment ont-il procédé ?
Mon commentaire: est-ce un simple effet d'annonce ou cette distribution sera-t-elle réellement utilisée dans l'administration (et/ou dans l'enseignement supérieur et la recherche)? Si elle est utilisée, qui en assurera le support ? En tout cas, un ministre s'est déplacé pour l'événement, cela montre déjà une volonté politique. Cette partie là, au moins, constitue un exemple à suivre.
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[^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 5. Dernière modification le 18 novembre 2024 à 17:43.
La pétition n'est qu'un outil (imparfait) parmi d'autres.
Comme on l'a vu en 2016 puis en 2023 (cf. mes notes) il peut y avoir une volonté politique en France, comme il y en a une en Allemagne (au moins dans un des États fédéraux), et cette proposition fait parler (dans notre petit milieu, j'en ai bien conscience).
Je peux aussi ajouter qu'en France, avec le rapport de la DGFIP et celui de la DGA de 2022, on a déjà une partie du travail de réflexion qui a été réalisé. On peut s'appuyer dessus pour gagner 6 mois.
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[^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 10.
Pour être plus précis, voici les principaux arguments cités par les deux officiers de gendarmerie pour utiliser une variante d'Ubuntu plutôt qu'une Ubuntu directement:
Je ne doute pas que la majorité de ces arguments s'appliquent au reste des administrations européennes.
La (re)lecture des 2 études de 2022 sur le poste de travail Linux en France (l'une pour la DGFIP et l'autre pour le Ministère des armées - déjà cités dans la dépêche) donnera également un éclairage plus récent.
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[^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 8. Dernière modification le 18 novembre 2024 à 13:28.
Pourquoi la Gendarmerie nationale a-t-elle développé GendBuntu et n'a-t-elle pas choisi d'utiliser directement Ubuntu ?
Quelques éléments de réponse, issus de cette présentation du Colonel Xavier Guimard: Logiciels libres : Retour d'expérience sur une migration à grande échelle dans la gendarmerie nationale française (2014) et cette interview du lieutenant-colonel Stéphane Dumond par l'APRIL (2019):
(Tous les détails dans les deux document sus-cités).
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[^] # Re: Distributions GNU/Linux d'origine européenne existantes
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 8.
"Peut être faudrait il se renseigner un minimum avant de lancer des pétitions inutiles !"
Peut-être faudrait-il lire le texte de la pétition (et, pourquoi pas, le texte de la dépêche) avant d'écrire un commentaire inutile ;)
On parle bien d'une distribution dédiée au secteur public.
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[^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 9.
Ajoutons un autre facteur, le passage à Windows 11. L'introduction de spécifications matérielles strictes, comme l'exigence d'un module TPM 2.0 ou de processeurs récents, rend obsolète une grande partie des machines actuellement en service, imposant une obsolescence programmée coûteuse. Cette situation crée un espace et une fenêtre d'opportnité pour des alternatives capables de prolonger la durée de vie des équipements existants. Parallèlement, Windows 11 a introduit des changements d'interface et des contraintes souvents perçues comme superflues, tout en poussant de manière plus agressive des services intégrés comme OneDrive ou Bing.
La migration vers Windows 11 implique donc non seulement des coûts de licences, mais aussi des investissements matériels significatifs et des efforts de formation pour s'adapter aux nouvelles configurations. Ces budgets pourraient être consacrés à accompagner une migration vers Linux. Mais il ne faut pas laisser la fenêtre d'opportunité se refermer…
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[^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 9. Dernière modification le 18 novembre 2024 à 10:37.
Haha…
"Les échecs passés : bah, mieux vaut regarder les réussites, non ?"
=> Non, je maintiens qu'il faut regarder les deux: les échecs pour pas faire pareil (ou plutôt, éviter les facteurs qui font que cela n'a pas marché), et les réussites, pour s'en inspirer (mutatis mutandis).
"DINUM pour l'Éducation nationale"
=> Tu confonds deux initiatives différentes et, à ma connaissance, sans grand rapport.
"Poste de travail / serveur cloud : ça c'est une distinction d'un autre temps (le millénaire dernier ?)"
=> Oui et non.
On a toujours besoin de postes de travail, avec de moins en moins de logiciels dessus (ce qui revient à réaliser, 30 ans après, la prédiction de Bob Metcalfe (attribuée à Marc Andreesen): "[Netscape réduira bientôt Windows à] un ensemble de pilotes de périphériques mal débogués."). D'où le clin d'oeil à une architecture à la ChromeOS dans mon texte.
Quant au sujet du cloud, l'OS n'est plus AMHA le sujet central. C'est toute l'infra qu'il faut penser en terme de souveraineté (en évitant les erreurs du passé, cf. supra). C'est un sujet sur lequel je travaille en ce moment avevc un nouveau projet: https://nlnet.nl/project/Hop3-Nixified/
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[^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 7.
"Gouvernance européenne" ne veut pas dire "pilotage par le Parlement européen".
Je dirais même qu'a priori, les futurs utilisateurs étant les États membres et la Commission, la gouvernance devra réunir des représentants :
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[^] # Re: En quoi cela contribuerait-il à la souveraineté numérique européenne ?
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche Une pétition pour un « EU-Linux » : un appel à la souveraineté numérique européenne. Évalué à 10.
Sommaire
Merci pour ces commentaires. Voici quelques éléments de réponse:
"Mais qu’est-ce que la souveraineté numérique ?"
En 2018, le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) avait défini la souveraineté numérique comme une autonomie stratégique, permettant à un État de conserver une capacité d’appréciation, de décision et d’action dans l’espace numérique, sans pour autant chercher à tout produire en interne.
Le lien entre souveraineté numérique et logiciel libre est évident depuis les années 1990. Ces arguments ont été repris par le SGDSN :
EU Linux s’inscrit précisément dans cette logique : un projet pensé pour être pragmatique, stratégique, et économique, tout en renforçant l’autonomie numérique de l’Europe.
"Une distribution Linux de plus ne changera rien à la souveraineté numérique"
Il ne s'agit pas simplement de créer "une distribution de plus". L'objectif d'EU Linux est de construire une brique stratégique mutualisée, alignée sur les priorités européennes. Contrairement à une initiative isolée, EU Linux serait :
Ce n'est pas "réinventer la roue", mais reprendre le contrôle sur une brique technologique fondamentale.
"Les américains ne bloqueront jamais l’accès au marché européen pour leurs logiciels"
Les exemples récents montrent que la dépendance aux solutions étrangères n'est pas qu'une question de blocage direct :
EU Linux ne prétend pas éliminer ces risques immédiatement, mais il crée une alternative européenne crédible. En établissant une infrastructure numérique indépendante et interopérable, EU Linux offrirait une solution capable de réduire progressivement la dépendance et de négocier d’une position de force face aux géants technologiques. Cela renforcerait également la capacité des États européens à protéger leurs données sensibles et leurs infrastructures critiques.
"Il faudrait vérifier tout le code, pas seulement l'OS"
C’est exact : sécuriser une infrastructure numérique complète nécessite une vérification au-delà de l’OS. Cependant, l’OS est le socle de toute infrastructure numérique. Sans une maîtrise complète de cet élément central, il est impossible d’assurer une chaîne de confiance cohérente. EU Linux contribuerait à cette démarche en adoptant un modèle fondé sur la transparence, qui dépasse la simple notion de confiance, et en mettant en œuvre les actions suivantes :
En combinant audits communautaires ouverts et structures dédiées financées par l’UE, EU Linux poserait les bases d’une souveraineté numérique étendue. Par exemple, le projet FOSSEPS montre comment une approche coordonnée peut encourager la transparence dans le développement et l’évaluation des logiciels libres critiques.
Note: transparence vs confiance
La transparence est un principe fondamental pour garantir l’intégrité et la sécurité des systèmes numériques, en particulier dans un contexte où la "confiance aveugle" envers des technologies étrangères peut être exploitée ou mal placée. La transparence est préférable à la simple confiance dans la gestion des infrastructures numériques européennes :
EU Linux incarnerait cette vision de transparence, notamment en :
"Le poste de travail n’est plus central dans l’ère du cloud"
Certes, la plupart des applications métiers et une grosse partie des applicatifs génériques sont maintenant des applications web, et c'est d'ailleurs un phénomène qui rend la migration plus facile qu'il y a 10 ou 20 ans. Cependant :
EU Linux s’adapte à ces évolutions en intégrant des outils modernes et en servant de base pour des solutions cloud souveraines.
"Les échecs passés montrent que c’est une impasse (Mandriva, Cloudwatt, etc.)"
Les échecs comme ceux de Mandriva ou Cloudwatt montrent surtout l'importance d'une vision collective et coordonnée. A contrario, les succès du passé et du présent (Gendbuntu, etc.) montrent que c'est possible. Contrairement à ces initiatives :
Ces échecs ne doivent donc pas nous freiner, mais nous servir de leçons pour structurer le succès.
"La souveraineté numérique ne se limite pas à l’OS : il faut aussi du capital risque, retenir nos talents, etc."
C'est une critique valide : la souveraineté numérique est un enjeu systémique qui dépasse l'enjeu du système d'exploitation. Cependant, EU Linux peut jouer un rôle clé dans cet écosystème :
Ce projet ne s’oppose donc pas à des leviers comme le capital-risque ou la rétention des talents. Il en est un catalyseur.
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# Prise de position du CNLL
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche L’Union Européenne doit poursuivre le financement des logiciels libres. Évalué à 5.
https://cnll.fr/news/ngi-horizon-europe/
Nous avons choisi de publier notre propre prise de position afin d'insister sur l'impact économique du programme NGI, sur l'ensemble des innovateurs open source européens, en amont, et en aval sur l'ensemble des acteurs de l'économie européenne
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[^] # Re: Et le dons !
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche L’Union Européenne doit poursuivre le financement des logiciels libres. Évalué à 6. Dernière modification le 17 juillet 2024 à 20:55.
"Il suffirait" sauf qu'il faut le financer. Après c'est une niche fiscale comme une autre, et le législateur peut parfaitement décider de diriger les crédits dans telle ou telle direction. Mais comme toute mesure d'allègement fiscal, il faut un financement.
Pour être plus positif, si on arrivait, par exemple avec l'aide d'économistes, à justifier de l'impact positif d'un tel mécanisme sur la compétitivité de l'économie française, il y a peut-être un coup à jouer.
Ca tombe bien, ça existe:
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[^] # Re: Affligeant et ridicule: 27 M€ / 500 = 54 k€
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . En réponse à la dépêche L’Union Européenne doit poursuivre le financement des logiciels libres. Évalué à 4.
140 millions en 5 ans pour être précis. Ce n'est pas rien. Et ce n'est qu'un instrument parmi d'autres au sein du programme-cadre Horizon Europe.
Maintenant, rien ne dit que les subventions européennes doivent être le seul moyen de financer le logiciel libre. Le principal outil doit reste l'achat de logiciels libres, que ce soit par le biais de la commande publique ou privée.
Ce montant était estimé, en France, à 500 millions d'euros en France en 2022 (source: étude Markess pour le CNLL, Numeum et Systematic, https://cnll.fr/media/Etude_Open_Source_2022.pdf).
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