lasher a écrit 2732 commentaires

  • [^] # Re: Incohérant

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Je vais tâcher de faire court, parce que non seulement les mouches doivent vraiment en avoir marre de nous subir, mais en plus il serait temps que je rattrape le temps perdu sur mon boulot. :P

    Ma théorie, c'est que si le logiciel avait pris naissance en même temps que l'art, et qu'on avait sacralisé les programmeurs et la création de code comme on a sacralisé les artistes et la création artistique pendant des siècles, peut-être que les programmeurs ressentiraient aujourd'hui un attachement narcissique d'une même intensité vis-à-vis de leur code. Mais c'est juste une théorie. :-)

    C'est là que je me répète un peu encore, mais le logiciel est intrinsèquement utilitaire, là où (selon moi), l'art est intrinsèquement inutile (oui, je sais, la notion « d'art appliqué » fait que ce n'est pas aussi manichéen). Du coup, j'en reviens à mes exemples (bancals, je suis d'accord) sur la capacité à quantifier des améliorations sur des softs. Il y en a quand même un bon paquet qu'on peut objectivement mesurer : temps de réaction, temps de traitement pour un certain type de donnée, complexité d'un algorithme, quantité de mémoire consommée en RAM ou sur le disque dur, etc.

    Lorsqu'on expose quelqu'un à, disons, du Goya ou du Rembrandt, ou bien du Daft Punk ou du Bach, etc., la réaction ne peut être que subjective. Elle est bien entendu sujette au passé culturel du spectateur ou de l'auditeur (tout comme tout ce qui touche aux IHM, etc.). Il n'empêche que cette réaction sera bien personnelle (même si sans doute statistiquement prévisible pour des individus d'un groupe « culturel » donné). La notion d'amélioration d'une œuvre aussi du coup.

    J'ai été du côté de ceux qui ont tenté d'écrire des nouvelles et autres romans. Bien entendu, il y a énormément de choses qui sont similaires entre concevoir un programme (architecture, modélisation, etc.) et un roman (plan détaillé). Mais la différence selon moi est bien plus qu'anecdotique. Le type d'effort que j'ai mis dans les quelques nouvelles que j'ai réussi à achever fait que le moindre changement de vocabulaire, de virgule, etc., dans une phrase peut changer dramatiquement l'impression que je veux laisser au lecteur. Je ne dis pas que changer ladite phrase, ou même la supprimer, rendrait forcément l'œuvre moins bonne. Mais il y a quelque chose de personnel dans l'écriture de fiction qui fait que du coup ça casse ma vision de l'histoire que j'essaie de raconter.

    A contrario, lorsque j'écris un article de recherche, les contraintes d'espace (un article fait entre 6 et 15 pages en moyenne, simple ou double colonne, 10pt ou 11pt), couplées au fait que ce qui importe c'est le message et sa clarté (car on veut être informatif avant tout) font que je n'ai aucun problème à ce que quelqu'un d'autre reprenne l'article, le modifie, l'augmente, etc., tant que ce qui est raconté dans la version modifiée reste factuel. Je vais peut-être grincer des dents si je vois des fautes de style (du genre phrase alambiquée mais qui reste correcte), mais tant que ça reste compréhensible, je ne vais pas me plaindre.

    Quand j'écris du code ou que j'en conçois, je dois aussi composer avec la personne qui co-écrit le code. Nous n'avons pas forcément la même vision de comment implémenter les choses. Mais ce qui importe est que nous nous accordions sur un vocabulaire qui nous permette de définir une API. Ensuite, chacun code son truc. Et s'il faut modifier l'API plus tard, on se concerte, et on la modifie. Mais tout ça n'est possible que parce que l'objectif « ultime » du logiciel est d'être utilisé, et facilement maintenable (dans le cas où l'on veut le faire évoluer pour rajouter des fonctionnalités par exemple, l'optimiser, ou tout simplement corriger des bugs).

    (et zut, j'ai encore écrit un roman… Je vais vraiment essayer de faire plus court pour le reste)

    Oui mais entre les gens qui considèrent de *-ND c'est libre, ceux qui considèrent que *-NC c'est libre, ceux qui considèrent que FaiF c'est libre, si tu présentes une œuvre comme "libre", puis qu'ils se rendent comptent que c'est du *-NC-ND, tu vas en décevoir plus d'un. Pour éviter toute confusion, s'appuyer sur la définition existante est la meilleure chose à faire, IMHO.

    Je suis d'accord, ça fout le bordel. Mais c'est toujours comme ça quand il n'y a pas de consensus sur une définition. Sauf que ce que tu appelles « la définition existante » n'est pour le moment qu'une définition parmi d'autres, qui en plus me semble avoir été proposée par des gens qui cherchent à généraliser la notion d'œuvre (donc que cette œuvre soit de nature technique, artistique, ou autre…). C'est ambitieux, pas forcément débile, mais avant de chercher à parler « pour tout le monde », il faut peut-être essayer de convaincre « assez de monde ». :-)

    Les mots n'ont un sens que si une grande partie de la population qui y sont exposés les adoptent.

    Je suis d'accord. Mais bon, en attendant "free software", pour la grande majorité des gens, ça veut dire "logiciel gratuit"…

    Alors ce qui, à mon avis, a fait la grande force du mouvement pour le logiciel libre était que justement RMS s'est cantonné à un domaine bien précis. Et il a obtenu l'aval de nombre d'informaticiens de tous types (chercheurs, salariés, utilisateurs, etc.). Bref, il a obtenu l'aval de gens qui produisent du logiciel. Quand on parle d'œuvres artistiques, je pense qu'il faut commencer petit de la même manière. Avec un peu de chance, on va voir émerger des ambitions communes pour des types d'œuvres différents, ce qui va permettre de simplifier ce qui au départ ne sera qu'un ensemble désorganisé de « licences » et autres définitions de « X libre » (avec X qui peut être « roman », « musique », « film », « photographie », etc.).

    Comment expliques-tu que certains auteurs publient sous des licences différentes ? (Pas forcément libres, juste un peu plus permissives que les droit d'auteur qu'il critiquent.) Ces artistes sont intelligents, mais ne sont pas non plus des génies.

    Pour reprendre les cas connus, genre Trent Reznor (avec Nine Inch Nails, et la BO de « The Social Network » par exemple), la première chose qu'ils font, c'est de permettre le partage et de vendre ce qu'ils produisent à un prix raisonnable. Il y a bien entendu aussi le cas de Reznor qui a dumpé sur le Net 450GB de rushs d'un de ses concerts, sans contrepartie (à ma connaissance; je ne sais pas s'il a indiqué l'équivalent d'un -NC). Mais il peut se permettre ceci en grande partie parce qu'il a connu un tel succès avant qu'il a déjà une base solide de fans.

    Mon intuition est qu'on n'arrivera à trouver de consensus et de plus en plus de licences « libres » (du genre de celles que tu indiques, ainsi que de celles que tu estimes vraiment libres) que lorsque suffisamment de gros acteurs en auront marre de l'attitude « rapace » des maisons de disque, et iront de plus en plus court-circuiter les maisons de disque. Cela aura aussi pour effet (selon moi) d'affaiblir grandement les sociétés d'auteurs tels la SACEM, la RIAA, etc. Cela dit, marchera sans doute pour la musique, mais pas forcément pour les films. Tout simplement parce qu'un musicien pourra toujours se faire des sous en faisant des concerts, alors qu'un film, une fois tourné, c'est difficile de le revendre aux mêmes gens. ;-)

    […] aujourd'hui, qu'est-ce qui te dit que la culture ne fonctionne pas différemment ? Qu'est-ce qui te dit que d'avoir une culture qui va à cent à l'heure, avec une majorité d'œuvres éphémères, ne devrait pas être la norme de demain ?

    Rien, bien entendu. Mais qu'est-ce qui te dit que ça va arriver ? Je pense qu'une partie de la culture va effectivement aller vers l'éphémère. Je pense aussi que nous allons de plus en plus développer des filtres et des « méthodologies » pour filtrer ce qu'on trouve sur le net, et qu'on finira par stabiliser ce genre de culture. Dans tous les cas, nous n'y sommes pas pour le moment, et je doute très fortement que la notion de « classique » va disparaitre de de sitôt.

    Pas d'accord. Personne ne lit les EULA etc. justement parce que c'est un merdier incroyable.

    Et pourtant les EULA existent. Ce n'est pas une raison. Ce n'est pas parce que 99% des gens font les cons qu'on doit les soutenir dans leur connerie.

    Non, pas d'accord du tout. Je suis pour la « piraterie » ( ;-) ) parce que justement, les gros industriels profitent de leur poids et de leurs amitiés avec nos représentants pour imposer tout un tas de restrictions sur ce qu'un individu peut faire d'une œuvre (artistique ou autre). Pour moi l'EULA est l'archétype de la technocratie : seules les élites peuvent comprendre de quoi ça parle. De plus, j'aimerais que tu évites de traiter mon père de con. Ou ma mère. Ou ma sœur en fait. Bref, toute personne qui a autre chose à foutre que lire, en détails (car c'est là que le diable se cache) des documents légaux à chaque fois qu'ils essaient d'installer un soft. Oui, la GPL aussi est un document légal, etc. Voici la grosse différence : la GPL est (grosso modo) la même pour tous les utilisateurs finaux, et une fois que tu l'as lue une fois, il suffit de lire la première ligne qui dit « ceci est un soft GPL » pour savoir de quoi parle le texte qui suit, et décider de cliquer « OK » ou « annuler ». Avec les EULA, on force chaque utilisateur à lire individuellement chaque licence car chaque éditeur logiciel remplit un patron avec des subtilités.

    Si les utilisateurs sont si cons, je suppose que tu lis absolument TOUS tes contrats. Je suppose aussi que tu sais quelles sont les conséquences de chacune des clauses de chacun des contrats que tu as lus. Et le tout, sans avocat. Car tu n'es pas con, toi.

    À ce moment-là autant dire aussi que ça ne sert à rien d'avoir une culture libre, puisque la plupart des gens partagent et remixent la culture sans se soucier de savoir si elle est libre ou pas.

    Bah pour moi c'est un peu l'objectif de la « limite à dix ans » : 10 ans après publication, on élève une œuvre artistique dans le domaine public et du coup il est naturel de l'étudier, la modifier ou la partager. :-)

    En passant on se rend compte que la grande majorité des auteurs, même les plus petits, prennent la peine de rajouter ce logo, preuve qu'il sont capables de faire un minimum d'effort intellectuel pour spécifier leurs conditions quand ils ont envie.

    Oui, parce que rajouter © Machin prend à peu près 2 secondes. C'est un garde-fou pour éviter des abus sur ce que tu produis. Si plus d'artistes étaient au courant des différentes licences CC au point que creative commons devienne quelque chose qui sorte du milieu des « spécialistes », alors je pense qu'on verrait fleurir bien plus de CC-BY-SA-NC ou autres. Et c'est ce que je disais avant : on ne se poserait plus trop la question de « libre » ou « paslibre » : on aurait une méthode facile et reconnue par tout le monde de comprendre ce qu'on a le droit de faire avec une œuvre. Le vocabulaire deviendrait « le vocabulaire CC ».

    Pour un partisan d'une forme d'élitisme culturel, c'est un peu paradoxal. On peut perdre beaucoup si on se rabat sur du premier degré. M'enfin j'arrête là la drosophilie.

    Je ne pense pas être partisan d'une quelconque élite culturelle. Je pense sincèrement que toute œuvre devrait être libérée le plus tôt possible, tout en laissant malgré tout la possibilité au créateur originel de tenter de faire du fric au passage. Et à ma connaissance, dans beaucoup de cas, le seul moyen est tout de même de verrouiller un peu plus pour une durée (très) limitée les droits de ces œuvres.

    Sur ce, je demande officiellement pardon aux mouches.

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 3.

    Ah et tant que j'y suis, je regardais un peu plus loin, et je suis tombé sur ceci. Je cite :

    Que signifie donc ‘almâ ? Un dictionnaire de l’hébreu biblique, paru récemment en Israël³, attribue à ce mot le sens de « femme jeune ». D’après ce lexique, le terme pourrait revêtir deuxacceptions. Dans un premier cas, plutôt rare, il s’appliquerait à une « fille célibataire », valeurqu’un seul exemple viendrait confirmer, celui de Gn 24,43. Plus fréquente, une seconde acception,celle de « femme jeune non vierge », serait reflétée par trois occurrences : Pr 30,19, qui décrit le« chemin de l’homme dans une ‘almâ », dans le mystère de l’union sexuelle; Ct 6,8 qui mentionneles « innombrables » ‘alāmôt du harem du roi Salomon et, en dernier lieu, Is 7,14.

    Cette courte notice du Milon ha‘ivrit hammiqra’it reflète la doxa actuelle sur le sens du mothébreu : référant à une jeune femme, le nom ‘almâ ne saurait impliquer par lui-même l’idée de virginité.

    … Bon ensuite, le monsieur explique que malgré tout, les linguistes ne sont pas d'accord sur la signification des mots hébreux qui ont ensuite été traduits en grec (et menés à parthenos si j'ai bien tout suivi — c'est là que j'avais fait une erreur dans le commentaire auquel tu répondais, ce n'est pas « parthenos » qui était en cause, mais le fait d'avoir traduit le mot hébreu vers parthenos).

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 3.

    Bon du coup je suis allé faire un coup de « traduction de parthenos grec ancien français » sur google.

    Ce qui est rigolo, c'est qu'on tombe, bien sûr, sur le wiktionaire. On tombe aussi sur parthénogénèse, qui reprend le lien que tu cites, mais qui, lui, spécifie « vierge, jeune fille » comme traduction. Oui, je chipote. Oui, ils veulent très probablement signifier « vierge ET jeune fille ». N'empêche, le wiktionnaire n'est pas tout à fait cohérent avec lui-même. Du coup il va falloir que j'aille voir ailleurs pour me convaincre.

  • [^] # Re: Et sous Mac OS ?

    Posté par  . En réponse au journal Comment taper les accents sur un clavier QWERTY?. Évalué à 2.

    Marche pas avec mon KDE. Alors que la touche compose est activable sous KDE et Gnome/XFCE super facilement… Ou bien sous X11 avec la bonne option. En plus, comme on le disait plus haut, la plupart des caractères spéciaux sont placés logiquement : ® est obtenu en effectuant la séquence (« compose un cercle et un r »). Mettre un nombre en exposant ? ou .

    Donc oui, il est assez simple de retrouver ses petits avec la touche compose. Et au final, je pense que je tape à peu près aussi vite en Français avec mon qwerty+compose qu'avec mon vieil azerty (car mes doigts ont moins de chemin à parcourir).

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 2.

    Par exemple, dans le texte hébreu, il y a une prophétie qui prédit la naissance d'une homme par une jeune fille, le mot hébreu ne permet pas de dire que cette mère est vierge, seulement qu'elle est jeune. Mais les juifs avaient traduit ce texte en grec (la Septante), et quand ils ont traduit en grec, ils utilisé le mot vierge, cette traduction est antérieure à la naissance de Jésus de 270 ans, on sait donc grâce à cette traduction que dans la culture juive, il était communément admis que cette prophétie parlait d'une vierge. La traduction a permit de transmettre une part d'interprétation, et a transmit une part de tradition.

    Ça par contre, j'aimerais bien voir des sources. Parce qu'au contraire, ce que j'ai entendu ici et là (et je n'ai pas de source non plus sous la main, désolé), c'est que justement le mot d'ancien grec qui désigne la « vierge » voulait vraiment dire « jeune fille ». Du coup, je reste très sceptique.

  • [^] # Re: Incohérant

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Je passe sur certaines de tes réactions non pas parce qu'elles ne sont pas intéressantes, mais parce que je suis d'accord et que parfois je fais des raccourcis (et que tu es comme moi à en étaler trois pages). :)

    [exemple absurde de « liberté de copier » pour l'homme] Ça c'est vicieux, tu joues sur les mots. (Tu n'es pas le premier sur linuxfr à jouer sur le double sens du mot "libre" ceci dit. Y'en a un autre qui m'a dit un jour que la WTFPL n'était pas libre parce qu'une version modifiée de la licence ne pouvait pas avoir le même nom.)

    C'est voulu, et il faut bien remettre dans son contexte. Ce que je dis, c'est que justement, le mot « libre » est toujours à placer dans un contexte précis (d'où ma note [2] concernant la liberté des hommes d'ailleurs). J'émets l'opinion que la liberté dans le cadre logiciel et « individuel » (au sens de l'homme) sont clairement définis, et que, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, la notion de liberté/libre pour d'autres domaines tels que l'art n'est pas nécessairement à définir selon les mêmes critères que pour les LL.

    Quand on dit qu'un logiciel est libre, on ne se réfère pas à la liberté du logiciel, c'est idiot, ça ne veut rien dire; on se réfère à la liberté de l'utilisateur. On dit que le logiciel est libre pour aller plus vite, mais en fait, il permet à l'utilisateur d'être libre.

    Je suis d'accord. Maintenant s'il existe tout un tas de trolls GPL-BSD façon « liberté de l'utilisateur vs liberté du programmeur » c'est bien parce que même la définition de ce qu'est un « utilisateur » n'est pas claire pour tout le monde (en tout cas pour les trolls).

    Quand on dit qu'un homme est libre, bien entendu, c'est de sa liberté à lui qu'on parle, pas de la liberté des autres d'en faire usage, de le cloner, de le partager, de le modifier… c'est absurde.

    Puisque je te dis que c'était voulu ! :-) Je ne crois pas m'en être caché cependant, même dans le message auquel tu réponds.

    Pour en revenir rapidement à ma pirouette sémantique (parfaitement assumée) : je persiste à dire que la notion de liberté est dépendante du contexte. Le fait que la FSF définisse la notion de Logiciel Libre, même si cette dernière a pour cible finale l'utilisateur, ne change pas le fait qu'elle ne cible QUE le logiciel. Il n'est pas anodin que le début de la GPL soit

    The GNU General Public License is a free, copyleft license for software and other kinds of works.

    (c'est moi qui mets l'emphase, gras et souligné)

    Bien qu'on puisse appliquer la GPL à d'autres types de travaux, elle reste néanmoins principalement faite pour le logiciel, et permets de bien faire appliquer la notion de Logiciel Libre.

    Je crois que Zenitram en a surtout marre de voir certains termes employés à tort et à travers pour tromper des gens qui attendent des choses claires et précises. Ça énerve d'entendre dire que tel logiciel est "opensource" avant de constater que sa source est dispo sous licence propriétaire.

    Oui, c'est ce que je disais aussi dans mon message. J'ai bien compris, j'ai des discussions animées et parfois un peu radoteuses avec lui sur ce genre de sujet depuis un moment. :-) Mais du coup j'en reviens à ce que je disais : les notions « d'open source » ou de « logiciel libre » sont parfaitement définies. À un moment donné, des boites¹ ont tout fait pour entretenir la confusion entre open source tel que défini par l'OSI et l'open source défini par « on vous file le source, mais z'avez rien le droit de faire avec, sinon on brûle vos gosses et on égorge votre chien », et d'ailleurs la confusion existe toujours. Certains essaient de faire une distinction « Open Source » (noble, OSI) et « open source » (source-sans-autres-droits). Pour le coup, comme l'OSI est un organisme officiel, j'espère que petit à petit on va finir par « éduquer » ceux qui se « plantent » (selon moi) de définition, mais rien n'est moins sûr. Il est tout à fait envisageable que le terme soit utilisé par toute l'industrie dès lors qu'il existe un accès au source (alors que la notion de LL, elle, n'est pas ambigüe).

    Mais revenons au débat.

    Ça énerve d'entendre dire que tel soft est "libre" avant de constater que les sources ne sont pas dispo.

    Oui. La notion de LL est bien définie et reconnue même par ceux qui ne l'aiment pas.

    Ça énerve d'entendre l'expression "libre de droits" employée à tort et à travers.

    Oui. La notion de « libre de droits » a, à ma connaissance, une implication juridique précise (mais IANAL tout ça).

    Ça énerve d'entendre "hé, venez télécharger mon truc, c'est libre !" avant de se rendre compte que le truc est sous CC-BY-NC-ND

    C'est là que, bien que je te comprenne, je comprends aussi quelqu'un disant que c'est libre. On peut me répéter à l'envi « non mais y'a pas de modification, je peux pas le commercialiser, gna gna gna », moi je réponds que « Oui, et ? Où est la définition universellement acceptée pour définir ce qu'est un film/une peinture/une musique libre ? » et je dis bien universellement acceptée. Pas seulement celle qui dérive d'une définition qui a pour origine le logiciel et qu'on essaie ensuite d'étendre à toute œuvre de l'esprit, sans prendre en compte la notion de contexte.

    Marre également de voir des gens faire de la pub pour leurs contenus "en Creative Commons" en restant très vague sur la licence choisie.

    Bon ça aussi je peux comprendre, mais à la limite, si c'est factuel, je n'y vois pas de problème. Plus d'information est toujours mieux dans ce contexte, c'est sûr, mais a priori il suffit d'aller sur le site pour en savoir plus.

    Au moins, "libre", ça a une définition claire, précise, et qu'on préférerait ne pas voir entachée.

    C'est ce que je conteste justement. « Libre » a, à ma connaissance, été utilisé conjointement avec le terme « logiciel ». La tentative de séparer « Libre » du reste n'est venue que bien plus tard. Et je dis (je radote, je sais) que cette séparation n'a pas été aussi unanimement acceptée que pour la déf de LL. Il est un peu trop facile de définir un notion « d'art libre » par exemple, et ensuite de tenter de l'imposer à la majorité des artistes. Les mots n'ont un sens que si une grande partie de la population qui y sont exposés les adoptent.

    ils n'avaient qu'à prendre les devants, au lieu de vendre leur cul aux majors pendant des décennies tout en cherchant à s'attirer la compassion des fans en écrivant des chansons kidénoncentgrave contre l'industrie du disque.

    Je trouve ça extrêmement méprisant. Sais-tu exactement la façon dont tout ça fonctionne ? Et surtout, que tu le veuilles ou non, la notion juridique de propriété intellectuelle, de responsabilité au niveau légal, etc., j'en ai entendu parler dès le début de mes études en info². Un artiste se retrouve généralement à vite devoir apprendre à ultra-blinder ses œuvres, car sinon il risque vraiment de se faire étaler par quelqu'un qui va reprendre sa musique et lui, devoir retourner bosser au MacDo³.

    Ce que je veux dire, c'est qu'un informaticien a tendance à être sensibilisé très vite aux aspects légaux de l'informatique (ne serait-ce que parce qu'on lui rappelle les articles 323-{1,2,3,…} concernant les intrusions informatiques etc.). Un artiste aussi parce que, contrairement à l'informaticien somme toute continue dans 90% (nombre tiré au D100) des cas à proposer le fruit de son travail contre monnaie sonnante et trébuchante mais reste malgré tout un salarié, l'artiste fournit un travail, et ensuite espère que quelqu'un appréciera suffisamment pour acheter. Mais la sensibilisation est différente, car le contexte où l'infoteux ou l'artiste vont appliquer ces connaissances est bien différent.

    Loi de Copyfight : Plus une discussion sur la légitimité du copyright dure longtemps, plus la probabilité qu'un défenseur de l'existence d'un fondement moral au copyright finisse par ramener le copyright à un problème purement pécuniaire s'approche de 1.

    T'es tombé dedans, mon ami. :P

    Peut-être bien. :-) Mais malgré tout, la justification de RMS pour les 10 ans tient la route je trouve :

    1. On observe en moyenne qu'une œuvre rapporte le plus dans les 3 premières années de sa diffusion
    2. Histoire de permettre de rattraper un « retard » éventuel dans l'adoption de l'œuvre d'un artiste, RMS propose une durée arbitrairement fixée à ~3 fois la durée de « rentabilisation maximale » d'une œuvre.
    3. 10 ans, ça reste une durée à dimension humaine. On n'empêche pas un tiers de changer une œuvre pendant le restant de ses jours (sauf s'il est déjà très vieux ou a une santé vraiment super fragile, œuf corse …)

    Ce que je trouve intéressant avec cette façon de voir, c'est que pour le coup, RMS, qu'on accuse souvent d'être un idéologue et théoricien qui ne comprend pas les contraintes du monde réel, RMS disais-je, fait preuve d'un pragmatisme qui est tout à son honneur : oui, la culture devrait être libre de circuler et d'être modifiée à tout va, mais il faut aussi accepter le fait que les artistes œuvrent dans des contraintes bien particulières qui ne sont pas les mêmes que celles d'un (au hasard) programmeur.

    Justement, si des individus commencent à ressentir le besoin de créer des dérivés culturels, c'est que l'œuvre s'est suffisamment ancré dans la culture, non ?

    Je ne pense pas. Regarde les memes, dont tu parlais ailleurs : ce sont à la fois des choses géniales, qui se construisent sur des fragments d'œuvres existantes, et en même temps ce sont la plupart du temps des choses très éphémères, qui ne résisteront sans doute pas à l'épreuve du temps. On pourrait bien entendu dire la même chose de trucs qui sont sortis au ciné ou en album et qui ont eu beaucoup de succès puis plus rien. Et c'est vrai. Cependant quand on analyse quels sont les « tubes de l'été » qui ont été oubliés l'été suivant, ce sont le plus souvent des trucs qui sont construits de la même façon qu'un meme : on prend un « phat beat », on rajoute des machins électroniques, on met une voix suave ou bien virile par-dessus le tout, etc., et on produit le même truc « industriel » que l'été d'avant, mais en ajustant suivant les canons de cette année. Les memes font un peu pareil, mais ont au moins l'avantage de souvent apporter un peu plus de profondeur (oui oui).

    En fait, j'estime que quelque chose commence à entrer dans notre culture si on se souvient des années après (l'épreuve du temps donc) de la version « originale » (les guillemets sont voulus). Prends « La Bamba » par exemple. La version que je connais est la version rock n roll des années 50 par Ritchie Valens. Mais cette chanson est elle-même un dérivé d'une chanson populaire mexicaine. Dans les deux cas cependant, il s'est écoulé plusieurs années (parfois des décennies) avant de « renouveler » un artefact culturel.

    Non, les exceptions au droit d'auteur n'existent pas toujours. Affirmer le contraire, c'est avoir un point de vue franco-français-du-21ème-siècle qui regarde son nombril.

    Ben tiens. :-)

    Les exceptions au droit d'auteur n'ont pas toujours existé, n'ont pas toujours été les mêmes, n'existeront peut-être plus ou ne seront peut-être plus les mêmes demain. De plus, elles ne sont pas les mêmes selon les pays.

    Je n'ai jamais dit le contraire. Je fais parfois des raccourcis, mais en général je fais très attention à la façon dont je rédige mes posts. Et je persiste : le droit à la parodie, à la citation, etc., RESTE autorisé là, maintenant. Je n'ai pas dit « ces droits existerONT toujours », ni « ces droits ont TOUJOURS existé ». J'ai peut-être été vicieux avant, mais je ne l'ai pas caché. Là tu es malhonnête et tu déformes mes propos.

    Ensuite, même si techniquement aux USA (par exemple) c'est très difficile de le faire appliquer, la notion de fair use existe bel et bien. C'est difficile à appliquer tout simplement à cause du développement parasitaire des avocats experts en droits d'auteur et copyright.

    Un auteur consciencieux devrait indiquer explicitement dans une licence tous les usages qu'il autorise de son œuvre.

    Pas d'accord. Personne ne lit les EULA etc. justement parce que c'est un merdier incroyable.

    Sans quoi cela revient à s'appuyer sur un contrat qui accorde des privilèges à certains individus et pas à d'autres, sur des critères comme le pays où ils vivent et l'époque à laquelle ils vivent.

    Oui. Et je suis partisan de ça. Je suis aussi partisan d'une grosse simplification et uniformisation de la « licence par défaut ». Cela dit, celle qui est pour le moment en œuvre est très claire : sauf indication contraire, on n'a aucun droit sur une œuvre dont les conditions d'utilisation (au sens copie, modif, etc.) n'ont pas été spécifiées.

    Quand quelque chose n'est pas clair, on fait appel à un juge. Et c'est là que ça devient une histoire de fous : imaginons un auteur A qui publie une œuvre, un auteur B qui en fait une parodie assez controversée, et les deux se retrouvent devant un juge parce que A considère que B n'a pas le droit de faire une œuvre modifiée et B considère que son œuvre est une parodie, donc qu'elle est légale d'un point de vue copyright.

    Tu peux avoir ce genre de cas (c'est déjà arrivé par le passé). En pratique, la notion de parodie est très claire aux USA par exemple, ne serait-ce qu'à cause des procès précédents et de la jurisprudence. Regarde « Spaceballs » : c'est ouvertement une parodie de Star Wars qui reprend énormément d'éléments du film original, et pourtant Lucas et ses potes avocats sont pas du genre tendres quand on touche à la Franchise Sacrée Qui Rapporte Du Pognon. Pourtant, y'a pas eu de procès (ou alors, non seulement on a oublié de me prévenir, mais on a aussi oublié d'en parler à Wikipedia).

    Bien entendu on peut toujours trouver un cas particulier où en fait voilà, le réalisateur faisait du 3è degré, tout ça… Bon ben moi je dis, le 3è degré devra attendre 10 ans. En attendant, fais donc une parodie au premier ou second degré, qui soit facilement identifiable comme telle.

    [1] Et je crois que pour une fois on peut vraiment accuser MS sans mauvaise foi d'avoir participé à l'effort.
    [2] Je connaissais déjà la GPL avant de faire officiellement des études d'info, mais avec le recul je pense qu'à part les 4 libertés fondamentales du LL, je ne comprenais pas forcément les tenants et les aboutissants de cette licence.
    [3] J'aime pas la façon dont j'argumente ici, mais à cette heure-ci je n'ai pas beaucoup mieux ni plus clair à proposer, sorry.

  • [^] # Re: Incohérant

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Après, que le libre ne te plaise pas pour certains domaine, c'est ton idée très subjective, n'en fait pas une généralité et surtout ça ne change pas le libre.

    Ce que je conteste, c'est que ce que tu appelles « libre » soit nécessairement la bonne définition pour TOUS les domaines. Je suis parfaitement d'accord avec la notion de « libre » dans le domaine logiciel, car elle a été énoncée clairement dans ce contexte. Ce que toi tu fais, c'est déclarer que « libre » veut TOUJOURS dire « doit respecter les quatre libertés [du logiciel libre] ». C'est ce qu'essaient de pousser des gens tels que freedomdefined, et c'est tout à fait honorable. Ils adaptent les 4 libertés du logiciel libre ainsi (traduction approximative) :

    • Liberté d'utiliser le travail et d'en tirer des bénéfices
    • Liberté d'étudier le travail et d'en tirer des leçons et de l'expérience
    • Liberté de faire et redistribuer des copies de l'information ou de l'expression, en partie ou en totalité
    • Liberté de faire des changements et des améliorations et de distribuer les travaux dérivés

    Le premier point me gêne. Je « n'utilise » pas de la musique, un roman, ou un film. Le dernier point me gêne aussi d'un point de vue « artistique » (et non « culturel », comme proposé dans le lien). Par définition, l'art se copie et se transforme, mais la notion d'amélioration est grandement subjective (contrairement au logiciel, où en règle générale on peut avoir un évaluation qualitative ET quantitative de l'impact d'un changement¹).

    Ensuite, la notion de logiciel libre n'existait tout simplement pas avant que RMS n'en parle — je veux dire, dans les faits tout plein de logiciels répondaient aux critères du LL, mais n'étaient pas « étiquetés » comme tels. Dès lors, il existe UNE définition pour le logiciel libre (par la FSF), et UNE définition pour l'open source (par l'OSI). Dans les deux cas, ils se concentrent sur le domaine logiciel. Et dans les deux cas, il y a un consensus fort de la part des gens qui sont directement concernés.

    Dans le cas de la définition « d'œuvre culturelle libre » telle que définie par le site que je référence, mon problème est que contrairement au LL, il n'y a pas de consensus. Il y a un site qui propose une définition, ouvertement inspirée de celle fournie par la FSF pour le logiciel. Mais cette définition n'est certainement pas reconnue par tout le monde.

    Donc quand tu me dis que « le libre ne [me] plai[t] pas pour certains domaines », je réponds ceci :

    1. Ta définition de « libre » dans ce cas précis n'est pas universelle, mais calquée sur une définition qui à la base se concentrait sur le logiciel.
    2. Tu affirmes des choses qui sont fausses : je n'ai rien contre les gens qui voudraient mettre à disposition leurs œuvres, et autoriser tout le monde à faire ce qu'ils veulent avec du moment qu'ils respectent la licence qui vient avec).

    Je sais que toi, personnellement, n'as pas de problème avec des œuvres qui ne collent pas tout à fait avec les idéaux du libre. Ce que tu réclames, c'est qu'elles ne se déclarent pas « libres » car selon ta définition de libre, elles ne le sont pas. Ce que je dis, c'est que cette définition n'est pas figée, contrairement à celle donnée pour le logiciel. La notion de libre dans le domaine artistique n'a pas encore trouvé de définition stable à mon avis. Bref ce que je dis, c'est que parler de « libre » se réfère TOUJOURS à un contexte. Que je sache, même si techniquement c'était possible, je ne serais pas libre de t'étudier, te décomposer, te cloner, et te distribuer à tout un chacun. Et pourtant, nous sommes considérés comme des hommes libres². De ce côté, je préfère largement parler de CC-* qui permet de savoir exactement ce que l'on a droit de faire avec une œuvre, plutôt que m'échiner à parler « d'œuvres libres ».

    Perso, je suis pour une notion de « propriétaire très limité dans le temps », façon RMS : dix ans après publication, toute œuvre (musicale, cinématographique, romanesque, etc.) devrait être élevée dans le domaine public. Dix ans, parce que ça laisse le temps aux auteurs de ces œuvres de rentrer dans leurs frais (ou pas, si le succès n'est pas au rendez-vous).

    Je pense que contrairement au logiciel, qui requiert tout de même une certaine technicité pour faire tout un tas de trucs, modifier une œuvre et la diffuser tend à être plus « simple » techniquement parlant (pas forcément pour ce qui est de la réflexion cela dit). Je pense qu'il faut laisser à une œuvre le temps de trouver ses marques (ou bien de ne pas en trouver du tout car totalement pas populaire), et s'ancrer un minimum dans la … culture (pour faire plaisir à gnuzer) collective, avant que n'importe qui puisse commencer à jouer n'importe comment avec (ce qui n'enlève rien aux droits de citation, de parodie, etc., qui existent toujours que je sache). Ensuite, comme j'estime que oui, toute œuvre artistique appartient au genre humain, alors je suis aussi pour limiter le droit des auteurs sur leurs œuvres pour une très courte durée.

    [1] Oui, il y aurait de quoi argumenter concernant les interfaces (notamment graphiques).
    [2] Libres et égaux en droit.

  • [^] # Re: Les athées sont des croyants !

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 3.

    Sauf que si tu le dis ainsi, dieu n'a pas de volonté propre. On pourrait à la limite le rapprocher du dieu de Spinoza (qui s'est fait excommunier à cause de ses écrits).

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 2.

    Ben c'est ce que j'expliquais pour les USA au XIXe. :)

  • [^] # Re: A mi chemin ?

    Posté par  . En réponse à la dépêche OCaml 4.00.0 est sorti. Évalué à 3.

    Je parle bien entendu dans le contexte des interactions entre types. Les langages fortement typés empêchent justement de se retrouver bloqué à l’exécution pour des raisons de "mauvaises interactions" entre variables de types différents. Le C ne permet pas d’éviter ce genre d'erreur. OCaml, Java (pour les types non-primitifs), C++ (si si) proposent un typage fort, bien plus que le C. La vérification des types peut se faire statiquement ou dynamiquement, ça ne l’empêche pas d’être forte.

    Et si, je maintiens, les erreurs liées aux types peuvent donner des résultats incorrects dans les langages faiblement typée tels que le C, qui sont parfois difficiles à comprendre ou même détecter. Le fait que le typages de OCaml soit statique est bien pratique pour détecter ce genre de problème a la compil', mais en Java on les détecterait à l’exécution avec une jolie exception.

  • [^] # Re: A mi chemin ?

    Posté par  . En réponse à la dépêche OCaml 4.00.0 est sorti. Évalué à 5.

    En C, les programmes invalides qui segfault compilent souvent trés bien. Je ne dis pas qu'Ocaml ne segfault jamais, mais il faut aller s'amuser avec des fonctions un peu avancés et pousser le systéme de type dans ses retranchements pour y arriver.

    Si ce n'était que ça … J'adorerais n'avoir que des bugs qui provoquent un segfault en C. Le problème d'un langage qui ne propose pas de typage fort est justement qu'à l'exécution, le programme pourrait continuer de tourner et même renvoyer un résultat incorrect, mais « réaliste » dans le contexte de la spécification du programme. La sureté des types permet justement de s'affranchir de ce problème. Après, OCaml propose un typage statique, mais on peut parfaitement proposer une sureté qui s'effectue dynamiquement (par exemple, Java propose un typage fort pour les types non-primitifs, mais une grande partie des problèmes de types n'est détectée qu'à l'exécution).

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 3.

    Cf. la discussion un peu plus haut : par définition, la morale se veut universelle, au moins au sein d'une même population. L'éthique est ce qui fait bouger les frontières de la morale. Exemple con : il y a un siècle, il n'était moralement pas acceptable qu'une femme divorce de son mari. Cependant, les cas se sont accumulés où la femme pouvait justifier du choix éthique de divorcer (mari volage, etc.), ce qui a fini par impacter la loi, et donc la morale de la population française (ce n'était toujours pas bien vu de divorcer, mais les mentalités ont commencé à l'accepter).

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 2.

    C'est un mythe pour la circoncision. Le « mieux » que ça apporte, c'est d'éviter d'avoir un peu d'urine s'accumulant sur le prépuce. En pratique, comme l'urine est principalement stérile, il suffit de se laver… La circoncision est une mutilation, et dans la religion juive, c'est un sacrifice envers Dieu. La justification « hygiénique » n'est venue que plus tard.

    De même, aux USA 50% des hommes sont circoncis. La pratique a commencé au XIXè siècle, car on voulait réduire le péché de luxure. De nos jours aux USA, les médecins pratiquent la circoncision, mais aucun ne peut citer d'étude sérieuse prouvant que celle-ci apporte quoi que ce soit. Par contre, le fait que le bébé s'évanouisse est considéré comme un choc en réaction à la douleur intense qu'il subit.

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 2.

    Cette étymologie est vague, elle vient de la propagande catholique. C'est sûr qu'à notre époque, c'est plus sympa d'insister sur des termes comme "lien social", "ce qui relie", etc.

    J'irai dire ça à mon juif (pour les juifs religieux et pour les antisémites) de père tiens, le premier à m'avoir raconté que religion signifiait « ce qui relie ».

  • [^] # Re: Morale

    Posté par  . En réponse au journal religionfr.org. Évalué à 2.

    Mes quelques souvenirs de philo me font séparer "morale" et "éthique" ainsi :

    • La morale implique des valeurs absolues et universelles concernant le bien et le mal.
    • L’éthique suppose une "adaptation" de ces valeurs dans un contexte donné.

    Bref, si je ne dis pas de conneries, l’éthique évolue dans le cadre des contraintes imposées par la morale. Lorsque l’éthique finit par proposer une solution a un problème moral donne qui sort du cadre habituel, et ce de façon permanente (i.e. tout le monde réagit de la même façon), alors il faut changer le cadre moral.

    Pour faire une analogie : le cadre moral est la loi telle qu'elle est définie dans le code civil et le code pénal. L’éthique est un ensemble de décisions mouvantes qui s'appliquent plus ou moins au cas par cas (car n'entrant pas tout a fait directement dans les petites cases prévues par la loi).

    Pour moi les deux sont complémentaires.

  • [^] # Re: C'est quoi le but de ce journal ?

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    De même, « Spiderman », lorsqu'il est sorti, a tenté (certains diront qu'il n'a pas réussi)

    Ben voilà, tu le dis toi-même : tout le monde ne juge pas du respect de l'esprit d'une œuvre de la même façon. Et même si on pouvait dire qu'une œuvre respecte l'esprit d'origine ou pas, pourrait-on le quantifier, objectivement ? Dire "Cette œuvre respecte à 75% l'esprit d'origine, donc ça va." ?

    Je vois une grosse grosse différence. Le personnage s'appelle comme dans l'histoire originale, sa famille est très proche de l'originale aussi, il devient Spiderman pour exactement les mêmes raisons que l'original (entre Spiderman version 2000 et celui de cette année, les détails de comment l'oncle Ben meurt changent, mais pas l'impact que ça a sur Peter Parker). Bref, l'esprit est bien respecté : dans les grandes lignes, on raconte bien la même histoire.

    Qu'est-ce que tu veux dire, par "ça ne passera pas" ? Financièrement ? Les producteurs font des grosses daubes tous les ans, généralement ils s'y retrouvent. Culturellement ? Il faut voir. C'est à la société de décider si une œuvre est culturelle ou pas. Artistiquement ? Là aussi, il faut voir. C'est l'histoire qui détermine si une œuvre a un potentiel artistique suffisant pour rester inscrite dans la mémoire collective. Ceci dit, un connaisseur peut avoir une intuition assez juste du potentiel artistique d'une œuvre au moment de sa publication.

    Disons que si je fais un film « Superman » où Clark Kent décide de tuer des bébés phoques et de violer tout ce qui bouge, il va peut-être faire de bonnes entrées le premier jour (parce que merde, quoi, c'est Superman), mais ensuite tu peux t'attendre à un paquet de protestations, et pas que des geeks-bédéphiles (à moins que Superman n'ait été victime de l'influence de la kryptonite rouge à pois verts qui transforme en psychopathe, bien entendu).

    Concernant ton exemple avec Batman. Je crois bien avoir vu toutes les versions depuis celle de Tim Burton. Dans tous les cas, « l'esprit » a été respecté : Bruce Wayne est devenu un redresseur de torts à cause du meurtre de ses parents. Batman vit dans une ville sombre, où la corruption existe (après je te rejoins, en fonction des années et des auteurs, la corruption est partout, ou bien juste avec quelques flics, ou même pas du tout). Il n'empêche : ce qui fait l'identité de Batman ne change pas. Je ne sais pas si je suis très clair, mais je promets que j'essaie. :)

  • [^] # Re: Art mort et digressions

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 3.

    Oui. Et si tu prends le code source de Linux, que tu rajoutes des « PROUT », des « B16B00B5 », des « L1nus3stunc0n » et des « eingousef » de partout, ou bien que tu fous plein de backdoors et que tu le vends ensuite, je pense que Torvalds ne sera pas très content non plus. Pourtant il ne va pas t'empêcher de le faire : si tu veux faire n'importe quoi avec du coude source, c'est ton problème, pas le sien. Ta bêtise n'est pas une condition suffisante pour refuser la liberté à tout le monde.

    Sauf que

    1. Le code linux, si y'a des « PROUT » dedans (imaginons même qu'ils sont affichés depuis le noyau à grands coups de printk à des moments un peu aléatoires), Linus Torvalds n'est pas tenu de les accepter dans le repository principal. Il faudra que la personne qui a rajouté « eingousef » propose un repository alternatif.
    2. Le noyau Linux est en développement perpétuel. Un roman ne l'est pas. Une fois terminé, si on veut écrire une suite, on écrit un nouveau roman (je t'accorde volontiers que c'est sans doute dû au format papier, et qu'un roman numérique pourrait changer au fur et à mesure — mais bizarrement, je n'ai pas vu beaucoup de gens faire cela…).
    3. Le public « direct » pour le noyau linux est relativement petit (en gros les gens qui bossent sur les distribs ou les geeks qui veulent essayer la toute dernière version). Le public « indirect » (qui récupère un nouveau noyau via les releases de nouvelles distribs), lui est bien plus large et vaste cependant. Et les gens qui utilisent une distrib linux sans le savoir (genre tout un tas de bornes et d'appliances) encore plus vaste.
    4. Dans le cas d'un roman, le public est automatiquement « restreint ». Bien entendu, le roman peut avoir du succès et se vendre à millions, mais ça ne veut pas dire que ce sera le cas tout le temps (c'est même plutôt le contraire). Un roman est un produit « fini » dans 99% des cas, et la relation qu'entretient son auteur avec est bien plus étroite qu'un codeur avec un logiciel¹.

    Par exemple, si je change l'algo derrière un appel à sort() pour qu'il aille plus vite, le programmeur initial grognera peut-être, mais du moment que les API ne changent pas n'importe comment, il s'en remettra. Un auteur, une fois qu'il a tourné ses phrases (et je pense spécifiquement à Flaubert ici, mais pas que) et que le travail est considéré comme accompli (càd : son co-auteur, son éditeur, etc., ont déjà donné leurs commentaires, proposé des modifs, etc.), accepterait difficilement qu'on change son texte « juste comme ça parce que je le veux », qui plus est par un parfait inconnu… surtout s'il l'appelle avec le même nom.

    Mes commentaires sur linuxfr, c'est pareil : ils sont sous WTFPL, tu peux les reprendre, mettre plein d'insultes ou d'arguments fallacieux dedans, tu peux même faire croire que c'est toi qui a tout écrit et que je suis un menteur

    Et je peux reprendre tous tes messages, rajouter des insultes nominatives et dire que c'est toi qui a écrit le commentaire aussi ? Parce que c'est un peu ce que j'essaie d'expliquer : transformer le texte, pourquoi pas, mais il faut qu'il soit visible qu'il s'agit d'une œuvre dérivée. Je ne sais vraiment pas comment l'exprimer.

    Et de façon générale, j'estime que mes messages sur linuxfr n'ont pas de prétention artistique. Je suppose que les tiens non plus. Le problème est dès lors un peu différent selon moi.

    Qui te dit que Flaubert ne se sentirait pas blessé de voir que tu fais mater des soap opera à sa Madame Bovary ? Ce qui te semble acceptable moralement dans le contexte culturel actuel ne l'est pas forcément pour tout le monde, et encore moins dans d'autres contextes culturels.

    Il pourrait se sentir trahi et tout ce que tu veux. Ça en ferait malgré tout une œuvre dérivée, qui assume complètement d'où elle tire sa trame principale. C'est ce que j'essayais de dire : je crois profondément, comme V. Hugo qu'une œuvre, une fois publiée, appartient bien au genre humain. Ça ne veut pas dire qu'on peut faire n'importe quoi avec. On devrait pouvoir la partager, la copier, etc., mais effectivement, j'estime que faire des modifs brutales au coupe-coupe, sans l'accord de l'auteur, c'est un manque de respect. Au bout d'un certain temps (pour la musique, RMS propose 10 ans), il faudrait que l'œuvre soit élevée dans le domaine public, histoire que n'importe qui puisse en faire ce qu'il veut, mais ça ne veut pas dire qu'il faut laisser une œuvre nouvelle se faire cannibaliser directement dès qu'elle sort. Bref ce que j'essaie de dire, c'est un logiciel libre est quelque part par essence collaboratif. Une œuvre d'art peut être collaborative, mais très souvent ce ne sera pas le cas pour tout un tas de raisons qu'il me serait fastidieux de (ré)expliquer ici.

    À part ça je ne sais pas vraiment à quelle partie de mon commentaire tu répondais.

    J'avoue que je ne suis pas sûr que je répondais à une partie précise. :) Je crois que j'essayais de contre-argumenter sur le côté « culture libre pour tous les médias ». Je pense qu'il y a définitivement une place pour eux. Mais ce dont tu parles par exemple (les memes 4chan ou autres, etc.) sont des modifications superficielles avec itérations en utilisant un support identique pendant une période donnée (et ensuite, on change de support de base, parce que c'est déjà has-been). Je ne nie pas la valeur culturelle globale de ces modifs/ajouts. Par contre, j'affirme que sa nature est différente de celle d'un roman, d'un film, ou d'un morceau de musique — même si on parle de Jordy chantant qu'il a 4 ans et qu'il est petit.

    Il me semble (je peux me tromper) que les « cultures libres » dont tu parles plus haut se font beaucoup dans l'éphémère et l'instantané. Ce n'est pas le cas de toutes les œuvres artistiques qu'on peut trouver de par le monde.

    [1] Je sais que ce n'est pas tout à fait vrai, mais le côté « émotionnel » entre un programmeur et son code et entre un écrivain et son roman n'ont strictement rien à voir en intensité.

  • [^] # Re: Remarque d'un joueur

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 3.

    Par ailleurs, la protection contre les forks est une bonne chose, et spécialement les forks de mauvaise qualité.

    Cet argument me semble spécieux. En pratique, Warsow est connu, et c'est oublier que les joueurs réguliers savent qui développe le jeu original. Ceux qui iront effectivement voir du côté des forks le feront pour une raison bien précise, telle que « Y'a un bug qu'on a signalé et que les dévs refusent de corriger », pas juste parce que ça brille un chouïa plus à côté. Je doute aussi fortement du fait qu'un fork arrivera tous les 6 mois.

    Si SF était libre, il y aurait rapidement presque autant de versions de SF que de joueurs

    Bon ça par contre c'est une ânerie. :) Si le moteur de SF était libre, mais pas les artworks, rien n'empêcherait de modifier le moteur du jeu et de rajouter des dommages aux coups portés par Ken, quel que soit l'artwork qui l'accompagne.

    Ensuite, tu sembles sous-estimer le travail nécessaire pour faire une modification (même minime) au moindre projet ayant un minimum d'envergure (que ce soit au niveau du code ou du côté artistique).

  • [^] # Re: C'est quoi le but de ce journal ?

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Peut-être que le film Mission:Impossible était très mauvais aux yeux des personnes ayant vu les séries originales et/ou aux yeux des personnes ayant un certain niveau culturel, mais vu le succès qu'il a eu auprès du reste du public je doute du caractère consensuel de ce constat.

    Relis ma note. J'y raconte que si le film avait eu un autre nom (bref, qu'il ne se réclamait pas de quelque chose qu'il n'était pas), j'aurais sans doute bien plus apprécié. Pour prendre un exemple un peu plus bête : je sais que tu adores la mousse au chocolat. Je te dis que je vais t'en préparer et te la faire goûter. Pour mieux apprécier le goût, je te propose de te bander les yeux. Maintenant, ce que tu as réellement devant toi, c'est une brandade de morue, avec un petit carré de chocolat sur le côté (histoire de dire que quand même, y'a bien du chocolat dans mon plat). Perso j'adore la mousse au chocolat et aussi la brandade de morue. Mais si je mange l'un en m'attendant à l'autre, je risque de tirer une très sale tronche.

    J'aurais aussi pu parler du film « Le Saint » (avec Val Kilmer), qui a bien comme personnage principal un mec appelé « Simon Templar », mais dont la ressemblance avec la série télé dont il reprend le titre s'arrête là.

    [à propos de Grifter/WildCATs] Pardon ? Tu perds quoi au juste ? Les publications Wild C.A.T.s d'origine n'existent plus ?

    Certaines se terminent sur des cliff-hangers, et on n'aura sans doute plus jamais l'occasion d'avoir une conclusion en effet, puisque DC a décidé de reprendre la coquille des personnages (look, nom), mais pas leur personnalité ou ce qui faisait leur identité.

    Tu n'as plus le droit de les lire ou de les apprécier ?

    Ce n'est pas le problème, et tu le sais très bien.

    C'est incroyable, on a l'impression d'entendre les râleries des utilisateurs qui pensent que parce qu'une équipe de développement de Nautilus abandonne des fonctionnalités dans des versions futures, celles-ci seront perdues à jamais. Ou que parce que plus personne ne maintient officiellement Wormux, ce jeu n'existe plus.

    Rien à voir, dans les deux cas. Je ne suis pas « utilisateur » de romans, BD, ou films. Je suis lecteur ou spectateur. Nautilus est un outil. Des artisans/ingénieurs/blah, on en a tout plein. S'il y a suffisamment de programmeurs qui décident que la vieille version de Nautilus était mieux, ils vont faire un fork et maintenir le truc. L'utilisateur normal, lui, ne pourra pas. Mais tu sais quoi ? Il y a bien plus de chances qu'un (groupe de) programmeur(s) décide de forker Nautilus pour lui redonner des features que d'avoir un (groupe d')artiste(s) qui va reprendre Grifter et les autres personnages de WildCATs et en faire quelque chose de nouveau. Surtout que les noms sont déposés, et que si la BD a trop de succès, DC va tomber sur le râble des mecs qui l'auront produite.

    Concernant Wormux le problème est différent lui aussi. Wormux est « complet », ou en tout cas suffisamment complet pour être jouable. Un programme n'est pas obligé d'évoluer tout le temps pour rester valable.

    Alors peut-être que de ton point de vue, quand on crée une nouvelle BD qui ne reprend plus l'esprit de l'originale on ne gagne rien, mais ça ne veut pas dire qu'on perd quelque chose.

    Si n'importe qui pouvait réutiliser les personnages et faire sa/ses propres histoires, je serais sans doute d'accord avec toi. En l'occurrence, c'est faux. Les personnages de WildStorm sont désormais la propriété de DC comics, et personne ne peut officiellement les utiliser (sauf cas de caricature, etc.).

    Et oui, respecter « l'esprit de » est une chose importante. Pour prendre un exemple couillon : « Aladdin » de Disney respecte bien « l'esprit » de l'histoire originale (un pauvre qui trouve une lampe magique avec un génie dedans et qui finit par épouser une princesse), mais rajoute tout un tas de détails que tu ne trouveras pas dans les écrits qui re-racontent cette histoire. Ce n'est pas grave, car l'esprit de l'histoire originale est conservé. De même, « Spiderman », lorsqu'il est sorti, a tenté (certains diront qu'il n'a pas réussi) à garder l'esprit original du comic book : un ado mal dans sa peau, qui se fait emmerder par son entourage, un loser quoi. Il se fait piquer par une araignée bizarre, et paf, voilà l'Araignée. Les deux films qui racontent son origine ne sont pas parfaits, mais tentent visiblement de respecter l'esprit dans lequel est né le personnage.

    Pour finir : « Watchmen » (BD excellentissime s'il en est) est une histoire qui n'a pas de suite. DC a récemment décidé de sortir plusieurs comics qui sont des « prequels » à Watchmen, mettant en scène les différents protagonistes de l'histoire. Je trouve personnellement que c'est débile et que ça n'ajoutera rien à l'histoire, mais l'objectif est de respecter la nature des personnages qu'on trouve dans la BD originale, et de montrer comment on y arrive. Du coup, personnellement je ne vois pas de problème à réutiliser le nom et le look du perso. Alan Moore (papa de « The League of Extraordinary Gentlemen », « Watchmen », « From Hell », « V for Vendetta », entre autres) a demandé à se faire retirer du générique de tous les films qui ont adapté ses BD (même « Watchmen », pourtant très fidèle à l'original pour une fois), justement parce qu'ils ne respectaient pas l'esprit dans lequel les histoires avaient été écrites. Le plus flagrant est sans doute « V for Vendetta », qui a tout simplement supprimé toute référence à l'anarchisme (en tant que doctrine politique), pourtant l'un des aspects les plus importants de l'histoire originale. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'était parce que la vision des metteurs en scènes/réalisateurs était différente : la vraie raison est tout simplement qu'ils n'avaient pas les couilles de laisser ce genre de référence dans un film qu'ils voulaient vendre aux USA.

    Des milliers de dérivés plus ou moins crades de la Joconde ont été créés, est-ce que pour autant on a complètement oublié la Joconde d'origine ? Est-ce que la Joconde est "morte", est-ce qu'elle a perdu de son impact culturel ? Au contraire, celui-ci s'en est trouvé renforcé.

    Qu'est-ce que tu appelles « dérivés plus ou moins crades » ? Si ces dérivés continuent de représenter une femme dans une pose similaire à celle de l'original, je considère qu'il s'agit effectivement de dérivés. Le peintre John Bolton a fait une peinture tout à fait géniale reprenant Mona Lisa, avec une obèse dont les cheveux sont pleins de vers. Tout à fait repoussante, et pourtant très réussie. Mais tu sais quoi ? Il ne l'a pas appelée « Mona Lisa ». Il y fait pourtant clairement référence.

    Alors certes, les autres n'ont peut-être pas ton niveau culturel, ils n'étaient pas là avant que ce soit mainstream, ils ont des goûts de chiottes, il n'ont pas vu la lumière, etc. Je sais ce que ça fait, moi aussi il y a des œuvres dont je suis fan, et moi aussi j'ai parfois des pensées intolérantes et méprisantes vis-à-vis de ceux qui apprécient des œuvres dérivées que je n'apprécie pas.

    Je ne vois pas en quoi je suis méprisant, en quoi je me présente comme supérieur culturellement, ou même intolérant. Considérons donc les faits.

    Le Grifter original :

    • Fait : Grifter apparaît dans WildCATs #1, qui date de 1992 (dont pas si vieux)
    • Fait : Le personnage original a un passé de soldat.
    • Fait : Grifter est intimement lié à certains personnages des WildCATs (Zealot en l'occurrence)
    • Fait : Grifter a une personnalité qui lui est propre
    • Fait : Grifter n'est un « grifter » (arnaqueur en gros) que pour son nom de code.

    Maintenant le Grifter nouveau :

    • Fait : le nouveau Grifter est un « grifter » (arnaqueur)
    • Fait : Le personnage original a un passé de soldat.
    • Fait : le nouveau Grifter a une personnalité (et donc des réactions) COMPLÈTEMENT différente de l'original
    • Fait : plus aucune référence aux autres membres des WildC.A.T.s n'est faite

    Je n'ai rien contre DC qui voudrait créer ce genre de personnage. À la limite, qu'il se retrouve avec le même nom, pourquoi pas (après tout il y a une vraie justification). Mais le même look ? Garder juste une coquille vide et changer tout le reste ? Vraiment ?

    Mais ce n'est pas pour autant que j'aimerais pouvoir empêcher l'apparition de ces œuvres : libre à moi de ne me cantonner qu'aux œuvres respectant l'esprit d'origine, au final tout le monde s'y retrouve.

    Où as-tu lu que je voudrais empêcher qu'on puisse vendre ceci ? Le personnage en question est désormais propriété de DC, ils font évidemment ce qu'ils veulent avec. Ça n'empêche pas qu'ils ont trahit l'esprit original qui se trouve derrière le personnage. Un peu comme si on dépeignait désormais Superman comme un violeur, meurtrier, narcissique. Bien sûr, si on possède les droits dessus, on peut le faire. Mais les générations qui auront lu les histoires précédentes vont gueuler fortement à la trahison, car faire d'un personnage qui initialement est censé représenter les meilleures qualités du genre humain et en faire son opposé, tout en gardant le même nom, ça ne passera pas.

  • [^] # Re: C'est quoi le but de ce journal ?

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 1.

    Comme je l'ai dit ailleurs dans le journal, si tout l'artwork pouvait être libre, ce serait génial, et j'applaudirais des deux pieds. Mon exemple était juste là pour essayer de faire comprendre pourquoi lorsque je lis ou j'entends parler de Libre à propos d'autre chose que du logiciel, j'ai beaucoup de mal. Pour de la doc, qui donc s'appuie principalement sur du factuel, je comprends qu'on veuille qu'elle soit libre avec les mêmes libertés que le logiciel libre. Pour ce qui est scientifique aussi (disclaimer : je suis postdoc dans une fac).

    Dès qu'on touche à l'artistique, mon avis est plus mitigé. Dans le cas de l'artwork pour un logiciel, comme dans ce cas le code ET l'artwork font partie d'un tout (c'est-à-dire que l'artwork en lui-même n'a pas forcément de qualité s'il n'est pas utilisé dans le contexte pour lequel il a été conçu — ce que j'appelle ailleurs de l'art appliqué) alors je conçois qu'on souhaite libérer à la fois le code source et les assets/l'artwork.

    Dans le cas d'œuvres complètement destinées à être « artistiques », j'avoue que j'ai plus de mal. Il ne s'agit plus simplement de technique ou d'accompagnement, mais bien de quelque chose qui sort du crâne de quelqu'un, avec une vision particulière, etc. Je ne sais pas bien comment l'exprimer, et je sais qu'il existe beaucoup d'arguments contre ce que je dis ici (le premier d'entre eux pouvant par exemple être « Et si je considère un jeu vidéo comme une œuvre d'art, mmmh ? »). Simplement, à partir du moment où il y a intention artistique (i.e. aucune utilité si ce n'est admirer/interagir avec l'œuvre produite), je trouve plus compliqué de laisser le tout « libre », à cause des abus qui peuvent et qui ont été commis. Après tout, si Beaumarchais a été l'un des inventeurs du droit d'auteur, ce n'était absolument pas contre le public (que le public recopie ses pièces, etc., il s'en fichait pas mal, et était sans doute flatté au contraire), mais pour se protéger des imprimeurs sans scrupules qui revendaient le fruit de son labeur sans rien lui reverser.

  • [^] # Re: OpenMP et la fausse simplicité...

    Posté par  . En réponse au journal Pyth(on|ran) + OpenMP ?. Évalué à 2.

    Oui. Bien entendu, le problème reste entier si on est en (au hasard) Fortran (cela dit, en Fortran, on peut toujours utiliser default(private)).

    Le probleme vient aussi du fait que souvent OpenMP est utilisé pour paralléliser des codes existants. Changer la structure du programme peut être aussi simple que déplacer le lieu de la définition d'une variable à l’intérieur d'une boucle (pour ne pas avoir à se soucier de sa portée plus tard), mais ça peut aussi être plus compliqué (une variable est utilisée pour plusieurs types de calculs différents).

  • [^] # Re: Art mort et digressions

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Flaubert réécrivait entre cinq et dix fois ses romans avant de les considérer comme bons pour publication. Ses phrases, l'enchaînement des idées, etc., avaient un sens précis. Si un mec sur le net reprenait son texte et commençait à rajouter des « LOL » partout, puis se mettait à vendre le truc, je crois bien que Flaubert trouverait un flingue et le mec sur qui l'utiliser.

    Ce que je veux dire c'est qu'il y a une différence entre « piller » les idées des autres (ce que j'appelle « s'inspirer » des autres), et faire un brutal copier-coller et ne changer que la fin par exemple. Si par contre tu décide de reprendre strictement l'intrigue de (disons) Madame Bovary, et mais transposé dans une cité du 93, avec Bovary qui à la place de lire des romans se mate des soap opera toute la journée, et un Monsieur Bovary qui vient la chercher pour l'emmener quelque part en banlieue paumée, alors oui tu as produit quelque chose d'artistiquement nouveau, mais (et c'est important) sans trahir l'intention initiale de l'auteur.

  • [^] # Re: Pourquoi ce sont a chaque fois les "artistes"

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Pardon ? Je t'invite à regarder la façon dont Drepper a cassé la glibc (au sens de « comportement qui ne respecte plus la norme dans un cas particulier qui fait chier certains codeurs ») et a envoyé chier les gens qui lui ont fait remarquer.

  • [^] # Re: Complexe de culpabilité ?

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 4.

    La loi est la loi, et je la respecte.

    Ben, et ton auto-dénonciation à la police alors ? ;-)

  • [^] # Re: Complexe de culpabilité ?

    Posté par  . En réponse au journal Warsow, le pragmatisme versus la liberté. Évalué à 2.

    Le PS n'est pas un parti de droite, mais il est dans l'esprit de la droite.

    Si tu demandes au PS d'il y a 40 à 70 ans, je pense que beaucoup seraient d'accord avec cette affirmation.

    L'UMP n'est pas un parti de gauche, mais il est dans l'esprit de la gauche.

    Là, je crois bien que PERSONNE ne serait d'accord.

    Le steak haché frite n'est pas un plat végétarien, mais il est dans l'esprit des plats végétariens, en effet il y a un bout de salade.

    Oui.

    Maintenant, ce que les gens essaient d'expliquer, c'est que la notion « d'esprit du libre », c'est une notion floue. Tout comme on peut dire « cette tomate est mûre ». Quand on dit ça, on ne sait pas si elle est « bien mûre », « un peu mûre », etc. Et c'est OK. C'est pour ça qu'on a inventé des outils théoriques comme la logique floue par exemple. On peut parfaitement considérer que quelqu'un qui a 38 ans entre un peu dans la catégorie « quarantaine », que quelqu'un qui a 45 ans y est pleinement, et que quelqu'un qui a 49 ans est en train d'en sortir. Dans le même temps, la personne de 38 ans est aussi en train de sortir de la trentaine, et la personne de 49 ans est aussi en train d'entrer dans la cinquantaine. Au final, il n'y a que la personne de 45 ans qui n'est que dans la quarantaine.

    « L'esprit de … » c'est pareil. Il y a des fois on y est un tout petit peu (ton bout de salade pour un steak-frites), des fois où on y est en plein dedans (un logiciel qui respecte les 4 libertés du logiciel libre est lui-même libre), et des fois où on y est un peu plus sans y être complètement (le PS a accepté la notion de marché et de tout un tas d'autres machins qu'il rejetait il y a un siècle). Par contre, il y a des cas où on n'est JAMAIS « dans l'esprit de » (l'UMP n'a jamais été considérée comme étant dans l'esprit de la gauche, ni par ses membres, ni par ceux des partis de gauche).