Si vous habitez à Lyon, ou que vous y êtes passé au bon moment de l'année, vous avez forcément entendu parler, voire été à la fête des Lumières. Si vous n'y êtes pas allé, il s'agit d'un grand événement où des illuminations sont projetées sur plein de façades d'immeubles dans toute la ville. Généralement, le point d'orgue se situe sur la façade de l'hôtel de ville. Selon les années, ça donne des choses assez jolies ou complètement ratées : la façade de l'hôtel de ville n'est absolument pas plate, il y a des fenêtres et du relief, donc les meilleurs spectacles sont ceux qui tirent parti de ces aspérités, les pires sont ceux qui font comme si elles n'existaient pas.
Mais cette année, il y a eu un couac. Quelqu'un, on ne sait pas qui, a projeté des slogans politiques :
"La police blesse et tue", "Non à l'État policier", "On dégage le RN", etc.
Bon, en fait, on a vite su qui. Les soulèvements de la Terre ont revendiqué l'action.
Mais, dans la sphère politique, stupeur et tremblements. A droite, on s'indigne de cette attaque inadmissible contre l'allié naturel qu'est le FN. C'est de bonne guerre, et c'est attendu. Du côté de la police, les syndicats s'indignent, c'est attendu, c'est même leur rôle. Bien entendu, la droite soutient les policiers attaqués. Mais deux réactions m'ont surpris.
Premièrement, celle du maire de Lyon, qui se trouve être écologiste, donc censément de gauche. qui déclare que "ces prises à partie publiques sont déplorables". Et surtout, la préfecture du Rhône, qui se fend d'un signalement au procureur de la République. Soit une réponse pénale. Pour des slogans politiques. La préfète y voit "de la haine contre la police" et "de la haine contre l'État de droit".
Alors, entendons-nous bien. On a le droit de ne pas être d'accord avec les messages diffusés. On a le droit de critiquer la manière de les diffuser. Les organisateurs de la fête des Lumières ont clairement subi un préjudice, ne serait-ce qu'en termes d'image, et ils seraient fondés à demander des dommages et intérêts au civil.
Mais aller au pénal pour des messages politiques ? Clairement, ce qui est reproché ici, c'est le fond des messages, pas la forme. Si le message diffusé avait été "Soutien total aux forces de l'ordre" ou même "Promo chez Auchan : -50% sur le foie gras", on n'aurait pas été au pénal, juste au civil1.
Et les messages qui sont diffusés ici sont politiques. L'argument de l'incitation à la haine ne tient pas deux minutes : sous ce prisme, toute critique est une incitation à la haine. Quand on critique le fait que la police tue, quand on dit non à l'État policier, on critique très clairement l'organisation de l'État. C'est de la politique au sens le plus fondamental. Or, un message politique, on a le droit de ne pas être d'accord avec lui. On a le droit d'y répondre, idéalement par des faits ou en rappelant des principes généraux de la politique (ce que je fais ici, d'ailleurs). Mais on n'est pas censé avoir le droit de le poursuivre au pénal. Le législateur, à une époque où il était plus sage, ne s'y est d'ailleurs pas trompé : l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse limite explicitement l'appel à la haine aux motifs suivants : ethnie, nation, race, religion, sexe, orientation sexuelle, identité de genre, handicap. Il n'y a pas métier, police ou agent de l'État. Il n'y a même pas l'opinion politique !
Et donc, on se propose de faire usage de toute la force régalienne de l'État pour sanctionner la critique dudit État. Sans que ça ne choque personne en dehors d'un random pélo sur DLFP. Les Lumières sont éteintes, et je ne parle pas de la ville de Lyon.
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Alors bien sûr, on poursuit les auteurs de graffiti au pénal, parce qu'ils dégradent les murs sur lesquels ils dessinent (sauf quand ils s'appellent Banksy), mais là on parle de lumières projetées sur des murs. On éteint le projo et fin de la dégradation. ↩

# On s'en fout ici sur Linuxfr.
Posté par totof2000 . Évalué à -2 (+2/-6).
Allez mener vos combats politiques ailleurs. Je m'en fous que le message soit le "bien" ou le "mal" (je ne vise pas un camp en particulier - chacun définira selon sa sensibilité ou est le "bien" et ou est le "mal" ). Il y a des endroits et des moments pour le faire et d'autres ou il vaut mieux s'abstenir. J'aimerais assez que Linuxfr reste hermétique à ce genre de polémiques. Et si vous voulez vous battre sur ce genre de truc, il y a des endroits pluys appropriés (exemple les réseaux sociaux pou vous pourrez exprimer toute la haine que vous avez d'un côté ou de l'autre). A la limite si le sujet concerne de près ou de loin Linux ou le logiciel, ou même les libertés numériques, pourquoi pas. Mais là, ça n'a rien a voir : on est juste dans la propagande politique (et on en voit de plus en plus).
Ca me gave déjà suffisamment quand je vais sur dautres site de voir à quel points les militants de tous bords sont devenus débiles aujourd'hui, et je préfererais éviter de retrouver ça ici afin de garder une ambiance pas trop pourrie.
[^] # Re: On s'en fout ici sur Linuxfr.
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 3 (+1/-0).
Nouveau sur linuxfr ?
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
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