Journal Intelligence artificielle et problèmes réels

34
20
nov.
2025

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:tldr; J'ai constaté que récemment il y avait pas mal de journaux et liens "anti-IA" sur linuxfr, mon texte sera probablement dans la même veine. Ça a été écrit il y a quelque temps, suite au raz le bol à la fois de voir qu'une grande partie du monde tombe là dedans, présentant ça comme si c'était indispensable (ça remplace juste leur moteur de recherche), et en plus en constant que les robots IA étaient généralement agressif en scannant le web et partant, nos sites web perso (cf. https://linuxfr.org/users/zurvan-0/journaux/tenter-de-limiter-les-nuisances-liees-aux-robots-d-ia où la partie "problèmes réels" est abordée)_

Je me suis longuement intéressé aux algorithmes génératifs ces dix-quinze dernières années, c'est à dire créer de façon semi-procédurale des textes et des univers. J'y voyais un moyen de donner un coup de pouce au hasard, de trouver de nouvelles idées, de stimuler la créativité. Je me suis amusé avec ça au travers de programmations très simples, avec de la génération aléatoire et des données piochées dans des tables avec divers objets ou événements.

J'ai aussi découvert les chatbots, à travers AIML et riverscript. C'est plus développé pour la langue anglaise, mais j'avais essayé de regrouper ce qui existait en français, dans ce projet github, mais j'avais été rapidement limité. Il existait d'ailleurs à l'époque des chatbots français assez développés, mais les auteurs ne publiaient pas forcément leurs sources.

=> https://github.com/aifr/

Dans les deux cas, les fictions interactives et les chatbots, on retrouve les problématiques des origines de l'informatique, que l'on avait déjà avec le programme Eliza dans les années 60 : comment simuler une intelligence artificelle qui ferait illusion auprès des humains. C'est également les questionnements que l'on retrouve dans le film Blade Runner ou la série Westworld.

=> https://fr.wikipedia.org/wiki/ELIZA

Lorsque les premières intelligences artificelles (IA) génératives et conversationnelles comme ChatGPT sont arrivées vers 2022, on pourrait croire que poussé par l'enthousiasme, je me sois précipité vers ce nouvel outil révolutionnaire.

Il n'en est rien.

J'ai rapidement été dégoûté par le caractère fermé de ce « service », et je l'ai très peu utilisé, juste pour constater avec effarement à quel point certaines réponses pouvaient être biaisées et/ou erronées. Mais nul doute que cela va « s'améliorer », c'est à dire pouvoir se substituer encore plus à l'humain, sur le modèle des IA génératives de films et d'images. À propos de ces dernières, les avancées techniques sont réellement impressionnantes, on est passé en quelques années de quelque chose d'anecdotiques avec un mauvais rendu, à des productions qui tendent à se substituer encore plus à la réalité. Ainsi encore ce matin je suis tombé sur une IA qui remplaçait un acteur dans un film par un autre, avec les mêmes expressions de visage, et on ne voyait presque pas la différence.

C'est le « presque » le fond du problème. Car l'impression de malaise est bien réelle lorsqu'on constate que le presque est toujours présent. Et plus cela va s'améliorer techniquement, plus le presque se fera de façon diluée, relégant le malaise à des couches de plus en plus profondes du subconcient, et donnant une impression de réel d'autant plus biaisée que l'illusion est subtile.

Bref, il y a maintenant toujours cette impression bizarre lorsqu'on lit un pavé ou même n'importe quel texte de finir par ce dire : est-ce que cela a été rédigé en toute conscience par un humain, ou bien il s'est contenté de donner trois idées qui ont été ultérieurement développées par une IA ?

Par mimétisme on va se retrouver avec des humains qui deviennent « presque » des machines, fonctionnant en mode automatique, sans libre-arbitre ou âme pour départager le vrai du faux, le réel de l'illusion. C'est déjà le cas, mais cela va s'amplifier avec le temps si les gens prennent l'habitude de voir et cotoyer le faux dans tous les aspects de la société, que cela soit aux travers de films, de jeux vidéos, de dialogues, de lectures imbibés d'IA.

Cette omniprésence, réelle ou fantasmée de l'IA me rend paranoïaque dans mes choix culturels ou techniques. Déjà que je n'apprécie pas spécialement les productions audiovisuelles actuelles (netflix, universal music et compagnie), mais de savoir qu'un film, une pochette de disque, une musique, un livre auront été « peut-être », ou « presque », produits de manière industrielle, semi ou totalement automatique avec deux clics me pousse encore moins dans l'engagement que je pourrais avoir auprès de ces « produits ». Et de ne pas savoir non plus est encore le pire. Est-ce que je vais passer 10 minutes de mon temps à lire un texte peut-être généré par IA ? Est-ce que je vais demander à ChatGPTruc de le lire à ma place et de me le résumer ? La corporate society résoud cela facilement : les emails sont automatiquement générés par les expéditeurs avec un AssistantIA (copilot), et automatiquement lus et résumés à l'autre bout par les destinataires. Quel progrès !!

Je suis par ailleurs « artiste », c'est à dire que je fais moi-même de la musique, des dessins, je m'essaye également à l'écriture. Cela me met mal à l'aise de savoir que les autres humains en face, qui se confronteront à mon art, pourraient avoir des doutes similaires. Car si mes productions artistiques sont avant tout pour moi (on est narcissique ou on ne l'est pas !), je sais qu'elles peuvent également toucher d'autres personnes. Et je ne veux absolument pas qu'il y ait d’ambiguïté à ce sujet.

Je connais la ritournelle « il faut savoir s'adapter ou sinon disparaître », mais c'est un raisonnement fallacieux. On peut toujours tout retourner avec des mots (et si vous ne savez pas comment faire, demandez à votre nouvel ami numérique !). D'ailleurs certaines drogues permettent de dépasser les limites du cerveau, pourquoi ne pas s'adapter en en faisant un usage raisonné et pondéré ? Magouiller en affaire, tricher, mentir, voler, permettent d'être meilleur que les autres. Ne pas le faire c'est ne pas savoir s'adapter !

Pour faire simple, et en conclusion d'un texte déjà trop long (et 100% généré par un humain), je refuse d'utiliser les « Intelligences Articielles » pour mon travail littéraire et artistique de façon générale, et d'ailleurs je ne l'utilise pratiquement jamais non plus pour les autres occasions. Étant informaticien, je pense que je pourrais essayer de m' « approprier cet outil », mais ma sensibilité allant vers les logiciels libres, je vois surtout les IA actuelles comme des boîtes noires sur lesquelles nous, utilisateurs, n'avons aucun contrôle, et dont nous ne pouvons pas reprendre les rênes ni en devenir les acteurs. Ce n'est pas un bien commun, c'est un système parasitaire orchestré par des entreprises sans scrupules. Il ne peut pas vraiment en ressortir quelque chose de bon.

De plus actuellement les gros acteurs de l'IA générative perdent plus d'argent qu'ils n'en gagnent, et si avec les abonnements ils pourront peut-être atteindre un certain équilibre, à terme soit le modèle va s'effondrer et ce type d'outil ne sera plus disponible, soit ils commenceront à gagner de l'argent et là ils pourront pratiquer les prix qu'ils voudront ce qui rendra les utilisateurs pieds et poings liés. Cela fait beaucoup d'incertitudes, et je n'aime pas baser mon mode de fonctionnement et mon travail sur des fondations aussi fragiles.

Certes, il existe des IA open source, mais le système d'entraînement, très agressif, en pillant les sites web existants, et les bases de connaissances ne sont pas les mêmes, les enjeux non plus. En utilisant les IA, on n'a pas réellement l'impression de participer à un partage de connaissances objectives. Si j'utilisais cela, j'aurais aussi un peu l'impression de tomber sur un texte écrit par un autre et de me l'approprier à mon nom. Lorsque mon livre sera terminé, quel nom mettre en couverture ?

Au-delà de ce domaine éthique, en tant qu'artiste (musicien) et auteur (on fait ce qu'on peut), je me vois mal laisser un outil incontrôlable venir m'aider à definir mon art : le plaisir de créer est aussi dans la réflexion et la recherche, dans les tâtonnements, mes tâtonnements et hésitations. Je préfère chercher par mes propres moyens plutôt que d'avoir quelque chose de pré-digéré. Je sais qu'en une phrase et deux clics je pourrais générer de nouvelles idées, définir des personnages probablement plus riches et complexes, des paysages plus variés ou exotiques.

Mais écrire, tout comme lire, c'est aussi un exercice. Si j'utilise une machine pour se substituer à cela, est-ce que je ne risque pas d'avoir des lecteurs qui utilisent la même machine pour ne plus lire mon texte et se contenter d'un résumé rédigé par IA ? J'ai déjà évoqué cela plus haut.

À trop vouloir se simplifier ou « optimiser » la vie, on en vient à perdre son âme.

  • # Lire ou ne pas lire, that is the question

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5 (+3/-0).

    Bref, il y a maintenant toujours cette impression bizarre lorsqu'on lit un pavé ou même n'importe quel texte de finir par ce dire : est-ce que cela a été rédigé en toute conscience par un humain, ou bien il s'est contenté de donner trois idées qui ont été ultérieurement développées par une IA ?

    Dans le dernier numéro de Ciel & Espace, je viens de lire une critique très dure du livre Espace : Chaos & Méthode. Le secteur spatial face à Space X :

    Assemblé tel un patchwork d'essais, l'ouvrage peine à trouver de la cohérence.

    La surutilisation de l'IA se ressent dans l'absence criante de subjectivité.

    Car le magazine a contacté l'auteur pour en être sûr. Conclusion, c'est dommage car avec 30 ans d'expérience dans le secteur, il aurait pu écrire des choses très intéressantes. Note : une étoile sur quatre.

  • # intéressant

    Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

    D'ailleurs certaines drogues permettent de dépasser les limites du cerveau,

    ah bon?

    Certes, il existe des IA open source, mais le système d'entraînement, très agressif, en pillant les sites web existants, et les bases de connaissances ne sont pas les mêmes, les enjeux non plus.

    Tous les entrainement d'IA sont agressifs en pillage de ressources. Les IA "open source", j'ai toujours pas compris le concept. Il suffit d'être sur huggn face pour être open source?

    Sinon, texte très intéressant à lire. "food for thought" comme disent les anglois.

    • [^] # Re: intéressant

      Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

      ah bon?

      oui, je n'en ai jamais pris mais il est notoire que la coco permet de travailler plus vite. Les effets secondaires ne sont pas top en revanche (cf JL Delarue). L'IA a des effets secondaires également, toute facilité ou raccourci a son revers.

      Les IA "open source", j'ai toujours pas compris le concept

      entraînement sur des données libres, ou bien scrapping de données comme les autres (même le moteur est libre et disponible)

      Rappel important : vos amis qui se sont retournés contre vous parce que la TV leur a dit de le faire : ils le feront encore.

      • [^] # Les IA open source ne sont pas libres et ne le seront jamais

        Posté par  . Évalué à 8 (+6/-0).

        Il existe des IA open source parce que l'OSI a tordu la définition de l'open source pour la faire coller à l'IA. Il n'existe pas, et ne peut exister, d'IA libre tant qu'elle sera basée sur le modèle du réseau de neurones.

        Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.

      • [^] # Re: intéressant

        Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

        il est notoire que la coco permet de travailler plus vite

        Je demande à voir. J'imagine que ça dépend de ce qu'aller vite veut dire. Ça ne m'étonnerait pas que les gens qui en prennent aient l'impression d'être plus performants, mais qu'en réalité ils ne le soient pas objectivement plus. Un peut comme les traders du front office qui pensent que ceux du back office limitent leurs gains, alors qu'ils limitent surtout leurs pertes.

        Après, peut-être qu'il y a effectivement un gain, mais qui te crame beaucoup plus vite, mais bon, a priori, je suis sceptique.

        • [^] # Re: intéressant

          Posté par  . Évalué à 9 (+7/-0).

          Globalement, c'est à peu près ça. La cocaïne, puisque c'est d'elle qu'on parle, a été testée dans un but de productivité, et les résultats sont que les seuls gains ont lieu dans des situations où le but est de ne pas craquer : sport professionnel, guerre, etc. Et encore, elle augmente la confiance en soi et la prise de risque, et ne protège pas contre le trauma psychologique. C'est pourquoi les armées de pays civilisés l'évitent : rien de pire qu'un soldat surexcité, insubordonné, imprévisible, armé bien entendu, et auquel il faudra des années de suivi psy derrière.

          Dans le monde du travail, elle peut masquer la fatigue et occasionner un gain très bref de productivité, mais le retour de bâton derrière est tel qu'il annule tous ces gains. On a néanmoins des travailleurs qui en prennent dans une vision court-termiste, il se démolissent systématiquement.

          Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.

          • [^] # Re: intéressant

            Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+2/-1).

            dans des situations où le but est de ne pas craquer : sport professionnel, guerre, etc.

            Boursicotage et Mercatique aussi, deux activités que seuls les tireurs de rails pensent être nécessaire au monde moderne.

  • # L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

    Posté par  . Évalué à 10 (+10/-0).

    Je suis par ailleurs « artiste », c'est à dire que je fais moi-même de la musique, des dessins, je m'essaye également à l'écriture. Cela me met mal à l'aise de savoir que les autres humains en face, qui se confronteront à mon art, pourraient avoir des doutes similaires. Car si mes productions artistiques sont avant tout pour moi (on est narcissique ou on ne l'est pas !), je sais qu'elles peuvent également toucher d'autres personnes. Et je ne veux absolument pas qu'il y ait d’ambiguïté à ce sujet.

    Pour ma part, dans cette boue opaque qu'est notre époque noyée sous la production d'intelligible non-intelligent, j'arrive à observer un phénomène positif concernant l'art :

    Avec quelques amis musiciens, nous nous sommes fait la réflexion que pour la première fois depuis des décennies, une partie de nos publics était demandeuse de détails et d'explications sur la façon dont nous construisons nos univers musicaux, la façon de travailler, d'enregistrer, etc.

    La réaction anti-IA crée du doute et des questionnements comme tu l'évoques. Cela entraîne des personnes qui seraient habituellement plutôt enclines à être "consommatrices" de "contenu" et à écouter des playlists spotify sans trop réfléchir à s'intéresser au processus plus qu'au résultat. Et c'est assez cool.

    Cette omniprésence, réelle ou fantasmée de l'IA me rend paranoïaque dans mes choix culturels ou techniques.

    Je t'encourage, si le doute t'étreint, d'aller directement interroger les artistes que tu apprécie sur leur travail et leur façon de faire, ce qui les pousse à créer, etc. Bien souvent, les grandes stars sont injoignables, mais les "petits" musiciens, illustrateurs, écrivains ou autres sont généralement très accessibles. Et leurs réponses sont souvent passionnantes, et cela les ennuie rarement d'être questionnés.

    • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

      Posté par  . Évalué à 4 (+2/-0).

      oui tu as raison. Merci pour ton message positif, et pour remettre le libre au milieu du village :)

      sur le site https://linuxmao.org/ (qui est en train de revenir tout doucement après des problèmes de serveur), on discute parfois de nos processus de création, et c'est cool si les auditeurs se posent les mêmes questions. Je connais quelques personnes anti-IA, mais j'ai quand même l'impression que beaucoup de monde plonge dedans sans beaucoup de recul. On verra bien ce que le futur nous réserve, en tout cas il y aura toujours des sceptiques ou des gens qui se posent des questions sur le bien fondé de ce qui est envoyé par les GAFAM (faudrait rajouter un O dans l'acronyme pour OpenAI)

      Rappel important : vos amis qui se sont retournés contre vous parce que la TV leur a dit de le faire : ils le feront encore.

    • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

      Posté par  . Évalué à 5 (+4/-2).

      À mon avis, ce qui rend si mal à l'aise par rapport aux productions "pseudo-artistiques" de l'IA, ça n'est pas qu'elles sont médiocres, c'est justement qu'elles ne sont pas assez médiocres pour être clairement et incontestablement classées comme telles. C'est notre ego qui s'en prend plein la tronche : les machines devraient être bonnes pour calculer "bêtement", et les humains sont supérieurs sur la créativité. Or, les LLM et autres générateurs d'images et de musiques prouvent au contraire que les machines se débrouillent très bien. Bien sûr, elles ne peuvent surpasser en créativité la toute petite partie de l'humanité qui innove réellement, mais elles surpassent une grande majorité des humains sur la plupart des taches : elles programment mieux qu'un humain moyen, composent mieux qu'un humain moyen, écrivent mieux qu'un humain moyen, donnent des conseils plus appropriés qu'un humain moyen, etc.

      Ce qui va arriver dans les prochaines années, c'est qu'on va progressivement comprendre ce que les IA savent faire mieux que nous et ce qu'elles ne savent pas faire. Seul le temps et l'expérience vont permettre de le déterminer, parce que le fonctionnement des LLM reste très différent de tout ce qui avait pu être anticipé—qui aurait pu penser qu'un programme d'IA pourrait être capable de résumer un livre sous forme de sonnet de manière très convaincante, mais serait une quiche aux échecs?

      On ne peut pas du jour au lendemain intégrer l'idée que des tâches qu'on considérait comme mobilisant fondamentalement l'intelligence humaine s'avèrent être facilement simulées par un algorithme. De toutes manières, ce qui s'ébauche, c'est que ces programmes fonctionnent mal s'ils ne sont pas supervisés, ils restent donc des outils et pas des agents autonomes.

      • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

        Posté par  . Évalué à 4 (+3/-1). Dernière modification le 21 novembre 2025 à 17:13.

        elles surpassent une grande majorité des humains sur la plupart des taches : elles programment mieux qu'un humain moyen, composent mieux qu'un humain moyen, écrivent mieux qu'un humain moyen, donnent des conseils plus appropriés qu'un humain moyen, etc.

        Un humain moyen ne sais pas programmer, un humain moyen ne sais pas composer (de la musique), un humain moyen ne sait pas bien écrire (il utilise tache au lieu de tâche par exemple 😆), un humain moyen donne souvent pleins de mauvais conseils hors de ses domaines de compétences, etc.

        Il faudrait démontrer que des IA génératives surpassent des humains dans leur domaine d’expertise. AMHA, c'est très loin d'être le cas…

        • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

          Posté par  . Évalué à 7 (+4/-0).

          Il faudrait démontrer que des IA génératives surpassent des humains dans leur domaine d’expertise.

          Ça dépend forcément ce que tu appelles "leur domaine d'expertise", parce que ça n'est pas la même chose de rédiger des articles de faits divers pour un journal local ou de faire de la recherche en physique quantique. De part leur fonctionnement, il semble très peu probable qu'un LLM puisse créer quelque chose de fondamentalement nouveau, mais très peu d'humains aussi peuvent le faire.

          Je trouve qu'on applique beaucoup le raisonnement fallacieux de l'objectif changeant aux IA. Maintenant que chatGPT et collègues savent faire à peu près toutes les tâches intellectuelles mieux qu'un humain moyen, il faudrait qu'ils sachent le faire mieux qu'un spécialiste, avec un taux d'erreur inférieur à celui d'un spécialiste (ou même pas d'erreur du tout), sans instructions et sans guidage.

          Ce qui me semble assez paradoxal, c'est que souvent ce genre d'objectif impossible est justement donné par ceux qui pensent que les IA sont nulles et inutiles. Soit elles sont nulles et il n'y a pas besoin d'inventer de nouveaux challenges, soit elles sont très efficaces et on regrette qu'elles ne soient pas déja super-intelligentes. Disons que pour l'instant, chatGPT a un niveau "études supérieures non spécialisées" dans toutes les disciplines, et c'est cette polyvalence qui le rend incomparablement meilleur qu'un seul humain.

          il utilise tache au lieu de tâche par exemple

          Ça ne serait pas une exception à l'orthographe réformée? C'est sûr que cette capacité d'innovation restera humaine pour longtemps (pas seulement humaine, Française même).

          • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

            Posté par  . Évalué à 8 (+6/-0).

            Je vais formuler autrement.
            Dire qu'une IA générative fait mieux dans un domaine particulier qu'un « humain moyen » cela n'a pas de sens. Ou plutôt c'est de l'enfonçage de portes ouvertes.
            Une calculatrice calcule mieux qu'un humain moyen.
            Un logiciel de comptabilité tient mieux les comptes et fait mieux des bilans qu'un humain moyen.
            N'importe quel outil adapté fait mieux qu'un humain moyen.

            La question est de savoir si une IA générative est un outil adapté.

            Est-ce que je vais faire mieux, plus vite, plus facilement avec que sans ?
            Est-ce que la dépense de ressource pour sa mise en œuvre justifie les gains potentiels ?
            À mon avis, probablement non dans bien des domaines et certainement non dans la plupart des cas.

      • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

        Posté par  . Évalué à 3 (+2/-0). Dernière modification le 21 novembre 2025 à 23:05.

        À mon avis, ce qui rend si mal à l'aise par rapport aux productions "pseudo-artistiques" de l'IA, ça n'est pas qu'elles sont médiocres, c'est justement qu'elles ne sont pas assez médiocres pour être clairement et incontestablement classées comme telles.

        Je ne crois pas. Les critiques que j'entends le plus souvent s'axent généralement autour de l'éthique plutôt que de la qualité.

        Pour ma part, je ne me sens pas particulièrement concerné. Je ne crois pas avoir de malaise vis à vis des IA et de l'art : je me fiche de ce que ces outils peuvent produire dans ces domaines, parce que le produit n'est que le résultat de la production, et c'est elle qui importe à mes yeux.

        Bien sûr, elles ne peuvent surpasser en créativité la toute petite partie de l'humanité qui innove réellement, mais elles surpassent une grande majorité des humains sur la plupart des taches : elles programment mieux qu'un humain moyen, composent mieux qu'un humain moyen, écrivent mieux qu'un humain moyen, donnent des conseils plus appropriés qu'un humain moyen, etc.

        D'une certaine façon, par contre, je suis d'accord sur ce point. La conséquence de ça, c'est qu'on utilise ces outils non pas pour avoir un résultat correct (car sinon, on s'adresserait à un ou des humains qui sauraient faire), mais simplement pour aller plus vite (ou payer moins cher), quitte à accepter la médiocrité. Je n'en vois pas trop l’intérêt.

        En gros, le fait que ça soit meilleur qu'un humain individuel n'est pour moi pas un argument. Car un collectif est aussi meilleur qu'un humain individuel. Et je crois que dans la majorité des cas, collectivement, on fait mieux que ce que proposent ces outils.

        Dans l'ensemble, je trouve que c'est beaucoup d'engouement pour de l’esbroufe. Ton exemple de résumé d'un livre en sonnets (dont j'attends de comprendre en quoi il serait convaincant, par ailleurs) me semble être exactement ça : c'est impressionnant 3 minutes la première fois.

        • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+3/-0).

          je me fiche de ce que ces outils peuvent produire dans ces domaines, parce que le produit n'est que le résultat de la production, et c'est elle qui importe à mes yeux.

          C’est-à-dire ? Tu ne regardes pas les films mais seulement les making-of des films ?

          • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

            Posté par  . Évalué à 4 (+3/-0).

            Non, ce que veux dire par là, ce que j'apprécie un film quand j'ai de quoi comprendre (au moins en partie) le processus et l'intention de ses créateurs. Sinon, autant lire un synopsis ou un résumé.

            C'est une situation assez improbable, mais si je me retrouve face à un film à propos duquel je ne possède aucune information, et dont je ne peux rien déduire en le regardant de l'intention de ses créateurs ni du contexte qui entoure son existence (époque de tournage, lieu, etc.), j'ai du mal à imaginer que ça puisse m'intéresser.

            Sur le cinéma, cette situation n'existe pas (ou pas encore ?). Sur la musique, par contre, on s'en approche. En gros quand je suis rencontre à un truc comme ça, j'ai simplement l'impression de faire face à du vide : la seule chose que je peux en déduire, c'est que quelqu'un génère des machin (sur suno, vu la durée des "morceaux/albums/playlist/trucs") en demandant de la pseudo bossa-nova-lofi. Et écouter la chose me donne très exactement la même info. Même la musique d'ambiance (type muzak) est plus parlante quand à ce qu'elle souhaite provoquer ou non.

            Et quand bien même ça serait "joli" ou à "mon gout", ça ne m'attirerait pas vraiment. Pourquoi ?

            Parce qu'en comparaison, avec une musique "normale", je peux un minimum comprendre ce qui est fait et pourquoi. Si j'apprécie, je peux même aller voir ce qu'un musicien a fait d'autre, me pencher sur son vécu, ou les évolutions dans sa pratique. Je peux aussi regarder avec qui d'autre ce musicien à joué ou enregistré, etc. Je peux même aller voir des musiciens que j'apprécie, et leur demander ce qu'ils aiment jouer ou enregistrer et quelles sont leurs raisons.

            Et puis bon, si on cumule plusieurs siècles de musique écrite, plus d'un siècle d'enregistrements musicaux, et des concerts un peu partout et un peu tout le temps, on a accès à ce genre de tout ça extrêmement facilement. Il existe tellement de choses à découvrir et à comprendre et apprendre que je ne vois pas de sens au "vide" de la musique générée.

            Est-ce que c'est plus clair ainsi ?

            • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+1/-0).

              Merci d’avoir pris le temps de développer ce que tu disais plus haut.

              Ce que tu dis sur l’envie de connaître l’artiste, sa vie, le reste de son œuvre, ses motivations, touche quelque chose que je crois essentiel : une œuvre d’art naît à partir d’une sensibilité particulière, à partir d’un individu qui a sa propre vision du monde et ses propres expériences. Et, en effet, je ne vois pas vraiment comment les ia pourraient remplacer cela.

              • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

                une œuvre d’art naît à partir d’une sensibilité particulière, à partir d’un individu qui a sa propre vision du monde et ses propres expériences.

                Pour de nombreuses personnes, ce n'est pas le cas. Ou en tout cas ce n'est pas le principal.

                Voir le nombre de fois qu'on entend « chacun peut découvrir ses propres interprétations de l'œuvre ». Ou les gens qui font des post-interprétations en prétendant que l'auteur n'est pas le plus apte à donner un sens à l'œuvre.

                Exemple par David Madore qui cite son prof de français : « […] que l'auteur n'était pas forcément le mieux placé pour analyser son œuvre. Et elle avait parfaitement raison.»

                Donc tout le mouvement qui consiste à partir d'une œuvre et de construire un sens personnel à lui donner fonctionne parfaitement à partir d'œuvres créées par une IA.

                Après peut-être que l'IA montre une bonne fois pour toute que les gens qui prétendent pouvoir construire leur propre interprétation des œuvres ont tort.

                • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+2/-0).

                  Je crois que les deux idées ne sont pas contradictoires. On peut dire que les œuvres d’art trouvent leurs formes particulières dans l’expérience unique de leurs auteurs, dans leurs sensibilités propres, et en même temps, sans contradiction, dire que ces auteurs (artistes) ne sont pas nécessairement les mieux placés pour connaître leurs œuvres et pour en parler avec le plus de justesse, et dire qu’ils ne doivent pas avoir nécessairement le dernier mot de l’interprétation (bien que quelques explications de l’artiste aident parfois).

                  Certes on peut aussi interpréter la forme des nuages ou des taches sur les murs (des objets qui existent sans intentions de création), leur donner des noms et du sens, mais il me semble que dans ce cas on fait quelque chose d’autre qu’une interprétation d’œuvre d’art (une sensibilité qui entre en relation avec ce qu’a produit une autre sensibilité).

                • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

                  Posté par  . Évalué à 6 (+3/-0).

                  Il est rare qu'on interprète une oeuvre, par exemple en histoire de l'art, sans préciser le contexte de l'époque, la condition de l'auteur et un minimum de sa personnalité … C'est pas forcément parce que l'auteur ne serait pas le mieux placé qu'il n'a aucune importance pour l'interprétation.

            • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

              Il existe tellement de choses à découvrir et à comprendre et apprendre que je ne vois pas de sens au "vide" de la musique générée.

              J'aurais tendance à être d'accord avec toi sur à peu près tous les arts sauf la musique.

              Beethoven n'a écrit que 5 concertos pour piano, et un seul pour violon.
              Si on aime le style, finalement, ceux créés par IA font le taff.
              Oui, certes, ils ne sont pas tous aussi géniaux que chaque note de Beethoven himself. Et je suis certain que quelqu'un qui connaît mieux la musique que moi pourrait écrire 5 pages sur ce qui ne va pas dans chacun des "nouveaux concerto pour piano".

              Mais bon. Comme y'a à peu près rien qui me plaise après Beethoven et que je connais déjà par cœur ses 5 concertos pour piano et 9 symphonies, ben je préfère écouter du IA-Beethoven que du Schumann ou du Rachmaninov.

              Après, il ne faut sans doute pas opposer si franchement la création IA de la création humaine.
              Je serais très étonné que cette vidéo steam punk soit le fruit d'un prompt en deux lignes genre «écris une musique accompagnée d’animations steam punk». Je parierais qu'il y a quand même pas mal de travail humain dans ce mini film.

              • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+2/-0).

                Je serais très étonné que cette vidéo steam punk soit le fruit d'un prompt en deux lignes genre «écris une musique accompagnée d’animations steam punk». Je parierais qu'il y a quand même pas mal de travail humain dans ce mini film.

                bin, on ne peut pas savoir : il manque les crédits ; qui sont les actrices et acteurs et dans quels autres flims ont-il joué ? sur combien de temps s'est déroulé le tournage ? Comment la voiture est-elle rentrée / sortie de la pièce ? Où est le story-board ? Qu'en pensent les habilleuses et habilleurs ? Où est le gag-reel ? Combien de temps ont duré les répétitions de valse ?

              • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

                Posté par  . Évalué à 6 (+5/-0).

                Beethoven n'a écrit que 5 concertos pour piano, et un seul pour violon.
                Si on aime le style, finalement, ceux créés par IA font le taff.
                Oui, certes, ils ne sont pas tous aussi géniaux que chaque note de Beethoven himself. Et je suis certain que quelqu'un qui connaît mieux la musique que moi pourrait écrire 5 pages sur ce qui ne va pas dans chacun des "nouveaux concerto pour piano".

                Bah… pas trop justement.

                Sans parler du fait que "l'enregistrement" semble avoir été réalisé sous l'eau, et que le "jeu" de pseudo-piano est un peu bourré, il n'y a rien de ce que quiconque peut attendre d'un concerto de Beethoven. Même au premier abord, ça va pas du tout… un concerto de Beethoven en 5 minutes ?

                Alors que quand on aime Beethoven, on l'aime entre autre pour ses longs développements. On l'aime aussi pour ses contrastes, ses thèmes mémorables, ses places laissées à de longues tirades pianistiques plus ou moins improvisées, etc. Pas besoin de rentrer dans les détails ou de s'y connaître pour ne pas être convaincu je pense.

                À moins de ce servir de cette musique en bande son d'arrière plan d'une activité prenante, et qu'on écoute pas réellement, je vois pas trop en quoi "ça fait le taff".

                À quelqu'un qui voudrait écouter plus de concertos pour piano, et qui se sentirait frustré qu'il n'y en ait que 5 de Beethoven, je conseillerai plutôt d'aller jeter une oreille sur ses contemporains par ici (celui-ci ou un des autres de Hummel, contemporain de Beethoven), par là, ou voir ses successeurs par ici (d'une certaine façon, le travail de Brahms est une continuation de celui de Beethoven), ou revenir un peu dans le temps et se pencher sur les derniers concertos de Mozart (qui sont très proches des premiers de Beethoven).

    • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

      Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

      visiblement certaines et certains sont encore plus énervés que moi vis à vis de l'IA :)

      https://www.reddit.com/r/besoinderaler/comments/1p2vw9t/jen_ai_marre_de_ces_mecs_qui_vendent_leur_ia/

      Rappel important : vos amis qui se sont retournés contre vous parce que la TV leur a dit de le faire : ils le feront encore.

    • [^] # Re: L'aspect positif (ou pas vraiment, mais bon, c'est déjà ça)

      Posté par  . Évalué à 2 (+1/-0).

      Du coup p-e que le contre pied de tout ça est de créer un label "without ai", un truc du genre, qui permettrait au gens de savoir ce qu'ils achètent.
      Ca m'a l'air d'être un sacré chantier mais qui aurais probablement beaucoup d’intérêt.

      Mes deux cents.

      Allez tous vous faire spéculer.

  • # Aciers à faible rayonnement de fond

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6 (+6/-1).

    Cette omniprésence, réelle ou fantasmée de l'IA me rend paranoïaque dans mes choix culturels ou techniques.

    Une comparaison que j’ai lue ailleurs (peut-être sur hacker news) : de même que les aciers produits avant 1945 sont préférés pour certains usages parce qu’ils n’ont pas été contaminés par les essais nucléaires et les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, peut-être que toute la création humaine d’avant 2022 connaîtra la même valorisation : assurance, en fréquentant les œuvres d’avant chatgpt, de se nourrir de productions non-contaminées. Qui sait si tout ce que nous créons (même les plus hostiles à l’ia d’entre nous, même les plus déconnectés) n’est pas déjà irrémédiablement contaminé ?
    On verra peut-être apparaître de nouvelles pratiques : ne naviguer sur le web qu’à travers les archives d’Internet Archive datant d’avant 2022 ; abandonner les librairies pour les bibliothèques et les salles d’archives.

    • [^] # Re: Aciers à faible rayonnement de fond

      Posté par  . Évalué à 3 (+4/-2).

      Je pense qu'il y a une diffèrence fondamentale entre la génération d'art-fiction et la création de contenu qui se veut en lien avec le réel (analyse politique, financière, etc…)

      Pour l'art-fiction, je me fiche éperdument de savoir qui-quoi l'a produit, il n'y a pas de critère de "vérité" là dedans, c'est soit tu aimes soit tu n'aimes pas. C'est un peu vendre du rève, de l'imaginaire.

      Pour le reste, il faut évidemment pouvoir vérifier, avoir confiance en la qualité de ce qui a été fait, et là ou on en est aujourd'hui, il y a encore beaucoup de chemin.

      • [^] # Re: Aciers à faible rayonnement de fond

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+3/-0).

        Je suis d’accord avec toi : dans les domaines dans lesquels la véracité importe, l’ia pose des problèmes particuliers : notamment, impossibilité de rattacher le propos à un auteur, c’est-à-dire à une expertise précise (cet auteur est-il qualifié pour parler de ce dont il parle ?) et située (quels biais liés à l’origine géographique, au milieu social, au métier exercé, au bord politique ? Etc.).

        Dans le domaine de la création, les problèmes posés par l’ia sont un peu différents il me semble : 1) la qualité des productions de l’ia est moyenne voire médiocre (or : ce que nous recherchons en art, je crois, c’est avant tout l’exceptionnellement bon, le meilleur possible) 2) la vitesse de production est largement supérieure à la production humaine. Conséquence de ces deux aspects : l’art d’une qualité exceptionnelle risque d’être noyé et de devenir introuvable, et les exigences du public en la matière risquent de s’abaisser continuellement.

        Je peux comprendre que l’on finisse par se dégoûter de rencontrer continuellement du contenu généré par ia, et par éprouver de la nostalgie pour le monde qui en était dépourvu, il y a seulement trois ans.

        • [^] # Re: Aciers à faible rayonnement de fond

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6 (+4/-0). Dernière modification le 21 novembre 2025 à 21:41.

          2) la vitesse de production est largement supérieure à la production humaine.

          Oui, pour les éditeurs de livres, pour les plate-formes de streaming, etc., ça crée du spam. Ils sont noyés dans le bruit de fond. Il va falloir mettre en place des filtres…

          Je parlais récemment de l'éditeur de nouvelles de SF Clarkesworld Magazine : les nouvelles peuvent faire de 1000 à 22000 mots et sont rémunérées 14 cents par mot. Donc 10000 mots, ça fait 1400 $. On comprend qu'il soit spammé (désormais environ la moitié des textes qu'il reçoit sont générés par IA).

        • [^] # Re: Aciers à faible rayonnement de fond

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+1/-1).

          Dans le domaine de la création, les problèmes posés par l’ia sont un peu différents il me semble : 1) la qualité des productions de l’ia est moyenne voire médiocre (or : ce que nous recherchons en art, je crois, c’est avant tout l’exceptionnellement bon, le meilleur possible) 2) la vitesse de production est largement supérieure à la production humaine. Conséquence de ces deux aspects : l’art d’une qualité exceptionnelle risque d’être noyé et de devenir introuvable, et les exigences du public en la matière risquent de s’abaisser continuellement.

          C'est quoi l'art ? Ou ça commence et où ça s'arrête ?

          Une œuvre d'art pour quelqu'un peut ne pas être considérée comme de l'art par un autre.

          L'IA, on ne sait pas qui est l'auteur, et alors ? L'auteur n'est pas celui qui a prompté (demandé) ?

          Aujourd'hui une photo peut être considérée comme une œuvre d'art, ça n'a pas toujours été le cas.
          Aujourd'hui, on considère comme de l'art la musique 8 bits des jeux des années 80 et pourtant au niveau qualité, c'était médiocre mais on faisait avec les moyens du bord à l'époque.

          Pourquoi la musique produite par Suno ne pourrait pas être de l'art ? Au nom de quoi avons-nous le pouvoir de décréter cela comme de l'art ou non ?

          Donc oui, l'IA générative est à la mode. Oui, c'est génial dans certains domaines, moi je kiffe ça permet d'exprimer mon imagination débordante comme jamais (Suno, Nano Banana Pro, Veo 3…).

          Donc on a le droit de ne pas l'aimer mais nous avons aussi le droit de l'aimer.

          • [^] # Re: Aciers à faible rayonnement de fond

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+3/-0).

            Je reconnais que mes commentaires au-dessus avaient quelque chose de sans doute beaucoup trop généralisant.
            J’aurais sans doute dû préciser : « compte tenu du type d’art que je recherche… étant donné le genre d’œuvres qui me touchent…» etc. 

            Donc on a le droit de ne pas l'aimer mais nous avons aussi le droit de l'aimer.

            Question sincère et sans esprit de polémique : peux-tu donner quelques exemples d’œuvres générées par ia que tu as réellement aimées ? (Ne serait-ce que pour que je comprenne si nous parlons bien de la même chose, quand nous parlons d’œuvres générées par ia).

  • # Bienvenue chez les vieux cons

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).

    je refuse d'utiliser les « Intelligences Articielles » pour mon travail littéraire et artistique de façon générale

    Pareil, mais c'est parce qu'on est des vieux cons. On refuse de faire faire les trucs qu'on aime faire par des machines. C'est dommage, ça nous libérerait pourtant du temps qu'on pourrait consacrer aux choses qu'on a pas envie de faire.

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