13 ans de LinuxFr.org : entretiens avec les visiteurs (4)

17
10
juin
2011
LinuxFr.org

Le 28 juin, le site LinuxFr.org fêtera ses 13 ans. L’équipe du site a réalisé des entretiens par courriel avec des visiteurs (et contributeurs) réguliers du site. Les réponses seront publiées aux alentours de la date anniversaire dans plusieurs dépêches.

Vous trouverez dans la seconde partie de la dépêche cinq nouvelles réponses de visiteurs / contributeurs.

1. Quand et comment avez‐vous connu LinuxFr.org ?

Philippe Frémy (compte créé en 2001) : Vers les années 2000. Las du débit trop élevé et du niveau de réflexion trop bas de Slashdot, je cherchais une alternative pour me tenir au courant de ce qui se passe, sans devoir passer mes journées à lire des sites d’actualités. Je suivais aussi Kuroshin à l’époque, que j’aimais bien. LinuxFr.org a remplacé tout ça, j’y ai trouvé un site où l’on trouve toutes les actualités sur le logiciel libre, où les gens peuvent discuter, débattre et troller, avec une vraie discussion. Et des tas de réflexions intelligentes. Le rajout des journaux a pu compléter l’offre des dépêches pour aborder des sujets moins fédérateurs ou des réflexions intéressantes (ou des sujets complètement inintéressants).

Depuis Kuroshin a disparu, Slashdot reste une usine à trolls, et LinuxFr.org reste tout aussi agréable à lire.

Je dois à LinuxFr.org ma découverte des langages fonctionnels, des caractéristiques de langages connus dont je ne connaissais rien (Haskell, Eiffel…), de l’extreme programming, de la programmation orientée aspect et de plein d’autres choses. Et bien‐sûr, j’ai pu avoir ma part de trolls en tant que fervent défenseur de Qt et de KDE.

Sébastien Rohaut (compte créé en 2002) : J’ai connu LinuxFr.org assez tôt, fin 1998 ou début 1999, même si j’ai ouvert un compte plus tard. J’en parle dans mon mémoire de fin d’études écrit en avril 1999, comme du site de référence francophone pour l’actualité Linux. D’ailleurs, le sujet du mémoire était « Linux et ses logiciels, une alternative aux standards actuels », fortement axé poste de travail. On croisait encore sur LinuxFr.org Fabien Penso, une table volante ou un dino à roulettes. L’esprit est resté et c’est l’essentiel.

Pinaraf (compte créé en 2003) : Bonne question. J’ai connu LinuxFr.org vers 2000, quand je découvrais Internet… Ou peut‐être par un quelconque papier à l’époque, qui traitait de Linux en français et qui citait LinuxFr.org.

Bruno Michel (compte créé en 2004, un des admins du site et codeur la version RoR de LinuxFr.org) : Ça devait être il y a une dizaine d’années, probablement en faisant une recherche. Mais, pour être franc, ça n’était alors qu’un site parmi d’autres, et je ne m’en souviens plus.

vida18 (compte créé en 2008) : C’était en 2006, avec l’installation de ma première distribution Linux : Mandriva Linux.

2. Quelle est votre utilisation du site, en termes de fréquence, de méthode de consultation (navigateur, flux Atom, mobile, etc.) ? Quels sont les contenus (dépêches, journaux, sondages, forums, Wiki) que vous lisez ? Ceux que vous préférez ?

Philippe Frémy : Avec mon cher navigateur, une fois par jour pour les dépêches, quand j’arrive au boulot ou durant ma pause de midi, pour égayer ma journée. Les journaux, c’est un peu moins systématique, ça dépend si j’ai beaucoup de travail. Mais c’est au moins une fois par semaine, et une fois par jour, en cas de truc très chiant à faire. Je ne lis ni le forum, ni les pages Wiki. J’aime bien les sondages, de temps et temps.

Sébastien Rohaut : Je passe sur LinuxFr.org plusieurs fois par jour. J’y vais essentiellement via un navigateur Web et les flux Atom. J’ai longtemps utilisé un agrégateur pour la tribune (PyCoinCoin, par exemple), mais je passe aussi par le navigateur. Quand j’arrive sur le site, je passe toujours par deux endroits : les journaux, puis la tribune. Je trouve que, souvent, les infos sont bien plus intéressantes sur les journaux. C’est aussi un vieux réflexe qui veut que je parcours toujours un catalogue par la fin… Je passe rarement sur les forums, c’est un tort d’ailleurs, car la plupart des journaux y auraient leur place. Quand le sujet m’intéresse vraiment, je me permets parfois de laisser un commentaire. J’aime bien aussi les hors‐sujets genre ciné, recettes, livres, etc.. On voit que les Linuxiens ont une vraie vie (certains en tout cas). Ah oui, au fait, j’adore les liens décalés passés sur la tribune :).

Pinaraf : Je consulte le site massivement par les flux RSS, sur mes PC portables et fixes… Rarement sur un téléphone, par contre. Je lis quasi exclusivement des dépêches et des journaux…

Bruno Michel : Je lis les titres de quasiment tous les contenus du site (OK, moins souvent pour les forums). J’ai une préférence pour les dépêches, surtout celles qui expliquent comment ça marche et pourquoi c’est fait de telle ou telle façon.

Sur la manière de consulter le site, c’est plusieurs fois par jour avec un navigateur Web, Firefox nightly. Je commence généralement par la page d’accueil (personnalisée depuis les préférences), pour voir les nouveaux contenus. Ensuite, ça dépend de mon humeur, mais ce sont souvent :

  • la page « Les contenus que j’ai lus », pour trouver les nouveaux commentaires sur les contenus qui m’intéressent ;
  • la tribune de rédaction, pour voir ce qui s’y passe ;
  • et la relecture des dépêches en cours de modération.

J’utilise également les flux Atom pour suivre tout ce qui se passe dans le suivi (nouvelles entrées et nouveaux commentaires).

vida18 : Je vais sur le site une fois par jour, surtout pour lire les news et aider certaines personnes sur le forum.

3. Quel est votre meilleur souvenir sur LinuxFr.org (avec un lien si possible) ? Pensez‐vous que c’était mieux avant ?

Philippe Frémy : J’aime bien la version actuelle, j’aimais bien aussi les anciennes versions. Mon souvenir le plus mémorable restera la publication de Qt sous GPL pour Linux et Mac OS X, même si ce n’est pas lié spécifiquement à LinuxFr.org. Impossible de retrouver le lien en faisant des recherches, désolé. Je ne retrouve que le passage de la version Windows en GPL.

Sébastien Rohaut : Mon meilleur souvenir, c’est tout ce qui tourne autour de MultideskOS. Je laisse les lecteurs faire quelques recherches. Il dispose d’une page sur Wikipédia. À la première lecture, on aurait pu croire ça révolutionnaire, et puis j’ai essayé :). Quelle tranche de bonheur ! Je reste plus circonspect quant à son auteur qui a une histoire loin d’être simple et qui a dû vivre des moments difficiles à l’arrivée des critiques. J’avais très mal vécu la fermeture temporaire de la tribune suite aux excès de certains. J’adore aussi Pierre Tramo et ses avatars, sans compter quelques auteurs sur la tribune, dont un vétéran VTTiste, loueur, dégarni, roulant en R21 et maniaque de l’orthographe. Je vais bientôt avoir 36 ans, et même si par rapport à certains jeunes, je passe déjà pour un dino (quand je parle d’Exl100, de CPC ou d’Atari ST à des jeunes, ils me regardent comme un extraterrestre), je ne suis pas passéiste. Je ne suis pas encore assez vieux pour ça. Donc, non, LinuxFr.org ce n’était pas mieux avant, seule la forme a changé, le contenu y est identique.

Pinaraf : Mon meilleur souvenir, c’est mon premier troll, j’en suis encore tout ému :). Et mon meilleur, en puissance du troll / nombre de mots.

Par contre, effectivement, c’était mieux avant. Je n’ai notamment pas trop apprécié le passage à Ruby on Rails. Si le « nouveau » LinuxFr.org avait été un clone de l’ancien, pourquoi pas… Mais l’apparition de « fonctionnalités » comme les avatars, les images dans les commentaires… Tout ça fait perdre à LinuxFr.org son identité. Certes, cette identité paraissait vieillotte à l’époque des Facebook, Twitter et autres aberrations… Mais, c’était l’âme de LinuxFr.org, je pense.

Bruno Michel : Les meilleurs souvenirs, ce sont les poissons d’avril (même si j’aurais du mal à en choisir un en particulier). Les préparer la veille est toujours un certain défi technique, vu que les délais très serrés font que l’on a souvent recours à des solutions originales, pour ne pas dire bricolées, mais très astucieuses. Puis, rester éveillé tard pour voir les couche‐tard se faire avoir. Enfin, plus tard dans la journée, on peut voir les lecteurs de LinuxFr.org essayer plein de choses pour comprendre le poisson d’avril et surtout comment le détourner. On a ainsi pu assister à un concours pour trouver la liste des mots répréhensibles par la commission de déontologie.

vida18 : J’ai gagné 1 an d’abonnement à Linux Magazine, suite à un concours en 2007 (j’avais publié le plus de dépêches cette année‐là).

4. Qu’aimeriez‐vous trouver sur LinuxFr.org qui n’y figure pas ? Quel type de contenu ou de fonctionnalités rêveriez‐vous de voir arriver ?

Philippe Frémy : Le site me convient très bien tel qu’il est, n’y changez rien ! Je n’ai surtout pas envie de retrouver un Facebook hyper‐chargé dans tous les coins. Le système de score est suffisamment minimaliste pour ne pas être encombrant, et c’est très bien. Les journaux sont raisonnablement intéressants, les gens raisonnablement intelligents.

Sébastien Rohaut : Rien de plus. Ne touchez pas aux fonctionnalités. C’est très bien.

Pinaraf : J’aimerais beaucoup trouver un contenu technique plus avancé, à l’image d’un LWN. Le souci, c’est la rédaction du contenu, bien‐sûr… En termes de fonctionnalités, le site était parfait et complet avant, je ne vois pas trop ce qu’on peut vouloir y changer ou y ajouter (le site LWN est le modèle du site parfait à mes yeux…).

Bruno Michel : Quand quelque chose me manque, je le code. Mais j’aimerais bien améliorer l’espace de rédaction collaboratif et mettre en place un moteur de recherche interne.

vida18 : Aucune idée, le site me plaît tel qu’il est.

5. Contribuez‐vous à des projets du Libre, et si oui lesquels ?

Philippe Frémy : Plus trop ces derniers temps. J’ai fait un peu de vim (portage sous Qt, puis sous KDE), un peu de code pour KDE, beaucoup de promo pour KDE. J’ai tenté, puis échoué, à faire une version de vim avec une interface graphique plus moderne. Mon projet le plus réussi restera, au final, un truc très simple : détecter l’indentation d’un fichier de code source et adapter les réglages de vim pour cela.

Sébastien Rohaut : Je contribue directement à un projet en GPL appelé MakeAlive, qui, bien que très utilisé dans une grosse entreprise, n’a pas encore été officiellement rendu public. J’ai par le passé un peu contribué à divers petits projets et j’ai, à une époque, beaucoup œuvré sur le débogage de la distribution SuSE, avant le rachat par Novell et le passage en openSUSE. Aujourd’hui, ma vie familiale et professionnelle m’empêche d’y passer trop de temps, mais je travaille essentiellement pour la démocratisation de Linux, à l’époque, à l’aide de l’association (qui tourne plus qu’au ralenti aujourd’hui) Slyunix, et en écrivant des livres sur Linux. Comme je donne aussi des cours de système Unix (certains inscrits sur LinuxFr.org ont compté parmi mes étudiants) et de PHP, et que j’écris aussi quelques articles pour Planète Linux, je tente de démocratiser Linux auprès des étudiants et des lecteurs.

Pinaraf : Je contribue au projet KDE et à sa suite bureautique, Calligra. J’y travaille notamment sur le support du format OpenDocument pour Words.

Bruno Michel : En dehors de LinuxFr.org, je suis également très actif dans la communauté Ruby. Je suis depuis peu président de Ruby France, mais ça n’est pas forcément l’activité la plus intéressante. J’essaye de promouvoir Ruby de différentes manières : dépêches sur LinuxFr.org, articles dans la presse, billets de blog, présentations lors de conférences, traductions des news sur le site officiel ruby-lang.org, etc.. J’écris aussi des bibliothèques et propose des patches pour divers projets Ruby, comme mon compte GitHub peut en attester.

Il m’arrive également d’écrire des greffons pour Vim, dont celui de coloration syntaxique de Templeet, qui a été à l’origine de mon implication dans LinuxFr.org.

vida18 : La traduction en anglais du logiciel PMB, un système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB).

6. Si vous deviez mettre un coup de projecteur sur un ou plusieurs projets libres, lesquels citeriez‐vous ?

Philippe Frémy : Les projets que j’aime bien ont déjà une très bonne visibilité : Python, Qt, PyQt, Django, Mercurial.

Sébastien Rohaut : Les quatre premiers qui me viennent à l’esprit :

  • Keepalived : parlez de répartition de charge et de haute disponibilité, et tout le monde citera des boîtiers propriétaires, UltraMonkey ou HAProxy. Or, keepalived, avec sa gestion de VRRP, est un trésor de simplicité et de puissance. Il utilise directement la couche LVS du noyau Linux. L’équipe où je travaille gère une vingtaine de serveurs sous Keepalived, avec des centaines de serveurs en haute disponibilité ;
  • Handbrake : un outil d’encodage et de conversion vidéo pour les conteneurs récents et les flux HD ;
  • KDEnlive : la fin de MainActor pour Linux a été un choc pour moi, car c’était la seule solution simple pour monter ses petits films familiaux. L’arrivée de KDEnlive a été un bonheur, même si, au début, je passais plus de temps à râler sur ses nombreux bogues et plantages. Enfin un logiciel de montage aussi simple et efficace que ses concurrents sous Windows, idéal pour l’utilisateur lambda !
  • KDE : parce que c’est mon bureau par défaut et que je pense que ses développeurs innovent bien plus que d’autres.

Pinaraf : Je citerais bien PostgreSQL qui ne bénéficie pas du support qu’il mérite, notamment du côté des hébergeurs et des applications usuelles. Et pourquoi tant de personnes méprisent l’art des bases de données ? Je voudrais également citer le pas assez célèbre OpenStreetMap : combien de personnes voient des travaux, des changements dans leur quartier et ne pensent même pas à l’inscrire sur OpenStreetMap ?

Bruno Michel : Là, aucun projet en particulier ne me vient à l’esprit. Mais, quand je souhaite mettre un coup de projecteur sur un projet libre, j’en fais une dépêche sur LinuxFr.org. Ça a, par exemple, donné les articles suivants :

vida18 : PMB, bien‐sûr, ainsi que son équivalent Koha qui commence à avoir du succès, même si beaucoup de personnes préfèrent leur équivalent propriétaire BCDI.

7. À votre avis, à quoi ressemblera LinuxFr.org dans 13 ans ? Le Libre dans 13 ans ?

Philippe Frémy : LinuxFr.org dans 13 ans, j’espère qu’il n’aura pas trop changé. Toujours des dépêches fouillées à la patrick_g, des gens intelligents et des trolls en même proportion. Des actualités récentes ou vieilles de deux semaines, ça me va.

Dans 13 ans, le Libre sera indirectement partout, recouvert de propriétaire ou de business, à l’instar de Safari et Chrome vis‐à‐vis de Webkit, ou Mac OS vis-à-vis de BSD, ou encore Facebook vis‐à‐vis de la palanquée de logiciels libres derrière. Ce sera une réalité incontournable des développeurs, mais pas forcément des utilisateurs. Ce sera un peu une victoire de la licence BSD, malgré les efforts des licences GPL v3 et AGPL. Et ça ne me gêne pas tant que ça, je pense que les retours directs ou indirects pour le développement du Libre seront phénoménaux, tout comme les efforts de Google et Apple ont permis à Webkit de dépasser largement KHTML.

Je ne crois pas du tout au succès du Libre sur le bureau en dehors d’un modèle semi‐fermé à la iPhone (ce vers quoi se dirige très lentement GNOME ou Ubuntu).

Sébastien Rohaut : LinuxFr.org aura été reprogrammé en J2EE par Pierre Tramo, sur une plate‐forme MultideskOS. Certains produits libres auront fortement été démocratisés, mais la plupart de leurs utilisateurs ne sauront même pas qu’il s’agit de produits libres (la vérité, c’est qu’aujourd’hui, la plupart s’en foutent royalement). Seule la qualité et l’usage que l’on en fait comptent aujourd’hui. La révolution du Libre a déjà eu lieu à la fin des années 1990. Je ne vois pas de changements radicaux. Après tout, le passage de Sun ou MySQL chez Oracle n’a pas causé de choc majeur, on fait un fork et c’est reparti. Quant au matériel libre, je reste perplexe, surtout face aux performances et aux tarifs.

Pinaraf : Hum, j’ai toujours été craintif vis‐à‐vis de l’avenir… Pour le Libre, j’ai très peur du « cloud computing ». Quel contrôle du logiciel sans contrôle du matériel sous‐jacent ? Et avec le déport des applications vers des serveurs inconnus… Le Libre deviendra‐t‐il négligeable au point d’être présent sur toutes les machines, mais sans plus aucune signification finalement ?

Pour LinuxFr.org, j’espère juste que la déferlante 2.0 arrêtera d’affecter le site et qu’il ressemblera à lui‐même dans 13 ans. Il n’a pas à disparaître surtout, c’est un point central pour le Libre en francophonie. Mais, il faudra qu’il se protège des interactions avec les services propriétaires. J’ai été choqué de voir LinuxFr.org utiliser Gravatar, un tel dérapage m’inquiète pour l’avenir. Au fil du temps, ne verra‐t‐on pas de plus en plus de ce genre de choses ? C’est vrai quoi, c’est mieux d’envoyer une copie des commentaires LinuxFr.org vers la page Facebook de leurs auteurs, non ?

Bruno Michel : Je ne suis pas très doué pour deviner de quoi l’avenir sera fait, mais je suis convaincu que LinuxFr.org sera toujours là pour parler de l’actualité du Libre. Cela sous‐entend que le Libre sera toujours là et confronté à de nouveaux défis. Par exemple, je pense que Richard Stallman soulève une question très intéressante dans « The JavaScript Trap » (même si sa proposition est loin de me satisfaire).

vida18 : Je pense que deux distributions très connues auront plus de succès. Je parle bien‐sûr de Red Hat et d’Ubuntu.

8. Quel serait l’environnement / la configuration de vos rêves ?

Philippe Frémy : Un environnement ou les pilotes de cartes graphiques et matériels exotiques fonctionneraient directement sous Linux, sans ralentissement ou prise de tête. Et une version vraiment graphique de Vim, un peu plus à la Notepad++ ou Kate. Ah, et bien‐sûr, les jeux de touches Vim dans tous mes logiciels !

Sébastien Rohaut : Je change de PC tous les 5 ans environ, et mon ordinateur portable a 7 ans. Tout tourne sous Linux. Le plus gros problème restant celui des entrées‐sorties E/S, ma configuration idéale serait un stockage tout en SSD, genre du RAID 0 de 4 ou 5 disques en SSD de bonne capacité, histoire de faire saturer le contrôleur lui‐même. Un beau processeur multi‐cœur (4 ou 6) et bien rapide, avec plein de cache, et quelques Gio de RAM (j’ai déjà saturé mes 4 Gio). Et plus de BIOS, vu qu’on met plus de temps à passer cette étape qu’à arriver sous le gestionnaire de session.

Côté environnement, je suis sous KDE depuis la version 1. Quand on vient du monde Windows, c’est un choix évident. Impossible de rester plus d’une semaine sous GNOME, je trouve cet environnement insupportable, tout comme le comportement de certains de ses développeurs. J’avoue cependant que j’ai eu très peur au début avec KDE4, vu qu’il a fallu attendre la 4.4 pour avoir quelque chose qui fonctionne à peu près correctement. Les gens de KDE font des choix courageux et ça paie. C’est bien plus attrayant, paramétrable et flexible, même au niveau du back‐end. Je ne comprends pas pourquoi toutes les applications « institutionnelles » comme Firefox, OpenOffice ou GIMP, par exemple, utilisent GTK et donc ne s’intègrent correctement qu’aux styles de GNOME. Chez Avidemux, par exemple, ils ont compris.

Pinaraf : Un environnement 100 % libre, du plus petit firmware aux plus gros logiciels. Et, si possible, un système qui retourne aux origines, un système simple et compréhensible ! Donc, pas du x86… J’aimerais bien aussi voir disparaître enfin la foultitude de services Web dont l’unique but est de mal faire des choses que nos logiciels « lourds » (mais plus légers qu’un navigateur Web avec les applications « légères ») font très bien depuis des années. On peut heureusement s’en passer, mais pour combien de temps encore ?

Bruno Michel : Avec Vim, urxvt, Firefox, Openbox et quelques autres logiciels, j’ai déjà un environnement qui me convient parfaitement pour une utilisation personnelle. En revanche, je ne suis pas satisfait de ma configuration actuelle quand il s’agit de partager des données ou de collaborer. Je rêve que la fibre et les Freedombox puissent changer ça, permettant à chacun (et moi le premier :p) d’interagir de manière décentralisée, gardant ainsi le contrôle sur ses données et sur le code qu’il exécute.

vida18 : J’espère qu’il y aura plus de logiciels qui utiliseront Qt, qui est pour moi la meilleure bibliothèque multi‐plate‐forme.

9. Autre chose à rajouter ?

Philippe Frémy : Merci au super boulot fait par les modérateurs, relecteurs, administrateurs. J’ai toujours autant de plaisir à lire le site. Et ne vous laissez pas tenter par l’idée de devenir un Facebook‐like, Tweeter‐like ou Slashdot‐like. Luttez contre les dépêches de mauvaise qualité !

PS : si vous pouviez particulièrement lutter contre les dépêches où, même après avoir lu le titre et le résumé, on ne sait toujours pas de quoi ça parle (genre les outils Java qui ne précisent pas qu’ils ne sont que Java, ou les frameworks à la con !).

Sébastien Rohaut : Oh, que oui ! Depuis ma découverte de Linux en 1994, mon grand vœu est d’obtenir un véritable environnement de type poste client, comme Windows 7 ou Mac OS X. Et, malgré KDE, GNOME, Open/LibreOffice et compagnie, on n’y est pas encore. Tout ceci manque très fortement de simplicité et d’interopérabilité. Je ne parle même plus d’interopérabilité avec d’autres systèmes d’exploitation ou formats, mais sur notre propre plate‐forme. J’ai écrit un article polémique sur tout ceci, fin 2009, dans Planète Linux. Je persiste et signe encore aujourd’hui. Nous sommes très loin de l’idéal. En gros, tant que les différents styles (polices, icônes, etc.) seront différents d’une application à l’autre sous un unique environnement, qu’on n’aura pas des API communes pour accéder au matériel (webcams, par exemple) et la même réactivité des applications par rapport à d’autres systèmes, ce sera impossible d’être crédible. On devrait parfois revenir temporairement sur un poste client Windows pour se rendre compte des progrès à faire sur certaines choses. La multiplicité des environnements semble une bonne chose, question de choix, mais nos observateurs ne comprennent pas pourquoi avoir n environnements clients différents sur un même système. C’est très déstabilisant.

Et puis, il faut le dire, un paquet d’applications rament. LibreOffice, par exemple, a les performances d’un escargot asthmatique grimpant une pente savonneuse. Enfin quoi, déplacez un cadre sous Impress, on est revenu au Moyen Âge ! PowerPoint via Wine est plus rapide !

Il ne faut pas oublier l’essentiel : c’est l’utilisateur qui décide du succès d’un produit. On peut avoir le meilleur logiciel, libre ou pas, pour un besoin donné, s’il ne plaît pas à l’utilisateur (par exemple, l’interface est pourrie), alors il est condamné. Entre deux solutions, l’une propriétaire, mais simple, et l’autre libre, mais moins pratique, l’utilisateur préférera payer ou pirater.

Pinaraf : Vive patrick_g et ses superbes dépêches sur le noyau. S’il ne devait rester qu’une chose sur LinuxFr.org, ce serait ça. Certes, les lecteurs de LWN auront souvent lu l’information avant, mais cela donne un excellent mémo… De même, il ne faut pas voir le Libre que comme une philosophie, ni uniquement comme un aspect technique. Il faut embrasser les deux, sans compromis sur les fondamentaux.

Bruno Michel : Longue vie à LinuxFr.org ! :)

Aller plus loin

  • # date création compte

    Posté par  . Évalué à 1.

    Juste par curiosité, et parce que j'ai une mémoire de poisson rouge, j'ai voulu chercher la date de création de mon compte et je ne l'ai pas trouvé.
    Y a-t-il un moyen de le savoir?

    @Sébastien Rohaut : je viens de tilter que je travaille 2 étage au dessus de toi :-p
    Le monde est petit, mais je préfère quand même mon anonymat....

  • # 1... 2... .3... Trollez !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1.

    Je ne crois pas du tout au succès du Libre sur le bureau en dehors d’un modèle semi‐fermé à la iPhone (ce vers quoi se dirige très lentement GNOME ou Ubuntu).

    Étayer ce genre d'affirmation, ça peut être sympa...

    • [^] # Re: 1... 2... .3... Trollez !

      Posté par  . Évalué à 5.

      je vois pas ce que viens foutre GNOME dans cette histoire de semi-enfermement.

    • [^] # Re: 1... 2... .3... Trollez !

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Surtout le vendredi :)

    • [^] # Re: 1... 2... .3... Trollez !

      Posté par  . Évalué à 0.

      D'ailleurs, le Libre est déjà un succès complet... sur mon bureau.

    • [^] # Re: 1... 2... .3... Trollez !

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Il me semble que Gnome s'oriente de plus en plus vers du NIH, ou seuls les composants et applications développées par ou pour Gnome sont mises en avant et ont un vrai futur. Cf le post d'Aaron qui parle de la désimplication de Gnome dans l'interopérabilité avec les autres bureaux et surtout le choix de pousser une "expérience Gnome" unique, qui suppose de contrôler toutes les parties graphiques eux-mêmes.

      • [^] # Re: 1... 2... .3... Trollez !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

        En attendant, pour le moment Gnome est encore un environnement bien découpé et l’un des plus utilisables partiellement dans un environnement alternatif. Son agent GPG et SSH est tout à fait utilisable sorti de Gnome, son gestionnaire de troussaux est un élément que l’on peut piocher sans entraîner tout le reste, sa gestion des systèmes de fichiers exportés via fuse fait que n’importe quel programme Gnome ou pas est capable d’en bénéficier, etc.

        GTK a été bien nettoyé et les différents composants des applis Gnome sont bien séparés (toolkit graphique, gestion des calendriers, trousseaux, réglages des utilisateurs, gestion des périphériques de stockage, …) ce qui fait qu’il est très aisé d’utiliser un « demi-gnome » au quotidien. Et je n’ai pas l’impression que la tendance change.

        Je déteste l’environnement Gnome complet (encore plus maintenant avec Gnome3) mais j’en utilise de gros morceaux en permanence avec grande satisfaction.

  • # Slashdot-like

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    Et ne vous laissez pas tenter par l’idée de devenir un Facebook‐like, Tweeter‐like ou Slashdot‐like

    Je partage ce point de vue. Cependant, le terme "redevenir" serait plus exact concernant Slashdot : à l'origine, au tout début, LinuxFR était quand même vachement un Slashdot‐like en français, même au niveau du look.

  • # Applications « institutionnelles »

    Posté par  . Évalué à 3.

    Je ne comprends pas pourquoi toutes les applications « institutionnelles » comme Firefox, OpenOffice ou GIMP, par exemple, utilisent GTK et donc ne s’intègrent correctement qu’aux styles de GNOME. Chez Avidemux, par exemple, ils ont compris.

    Pour GIMP, je crois que "choisir" (ou pas) GTK (The GIMP ToolKit) était très évident pour eux.
    En ce qui concerne les deux autres, peut être que le portage vers GTK avait commencé a être réalisé lorsque Qt n'était pas encore libre? De plus Sun était très engagé sur GNOME avec notamment le travail d'accessibilité fait dessus, donc cela confirmait l'utilisation de GTK dans OpenOffice.org .

Suivre le flux des commentaires

Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.