Pierre Laffitte (1925-2021)

35
10
juil.
2021
Justice

Le nom de Pierre Laffitte est probablement connu de celles et ceux qui fréquentent le site (ou le Libre) depuis longtemps. Par connu, j’entends déjà lu, probablement souvent dans le triptyque Laffitte Trégouet Cabanel par exemple. Cet ancien sénateur français est décédé le 7 juillet 2021. L’objectif n’est pas ici d’avoir une nécrologie complète (autant aller voir sa page Wikipédia ou la presse généraliste 1 ou 2 par exemple), mais plutôt de parcourir les évocations de son nom sur le site au cours des années (donc de suivre son étiquette pierre_laffitte sur LinuxFr.org).

Pierre Laffitte - CC BY-SA 3.0 par David Monniaux (Pierre Laffitte - CC BY-SA 3.0 par David Monniaux)

La première occurrence sur le site date du 18 novembre 1999, évoquant une réunion ayant eu la veille au Sénat français, entre le sénateur Pierre Laffitte, Richard Stallman (alors président de la Free Software Foundation) et Frédéric Couchet (alors président de l'association April). Le sujet de cette réunion étant la proposition de loi des sénateurs Pierre Laffitte et René Trégouët sur Internet et les logiciels libres dans l’administration. L’April avait aussi publié un communiqué.

Le lendemain, il était question d’un article dans le quotidien Libération sur la proposition de loi des 3 sénateurs Laffitte, Cabanel et Trégouët pour l’utilisation des logiciels libres dans l’administration. L'article Libération est titré « Le Sénat met Microsoft au pilori. Trois sénateurs de droite réclament une loi pour bouter Windows hors de l’administration française au profit des logiciels libres. »

Quelques semaines plus tard, en décembre 1999, on s’inquiète d’une tentative de soumettre Internet à la tutelle d’un Conseil Supérieur de l’Internet (CSI) inspiré du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), en marge du projet de loi des Sénateurs Guy-Pierre Cabanel, Pierre Laffitte et René Trégouët visant à généraliser dans l’administration l’usage d’Internet et des logiciels libres.

Toujours en décembre 1999, la proposition de loi des Sénateurs Laffitte, Trégouët et Cabanel évolue pour tenir compte des discussions ayant eu lieu sur le forum du parlement (1403 contributions et 102 000 consultations).

En janvier 2000, la présence de René Trégouët, Pierre Laffitte, Richard M. Stallman, Valentin Lacambre, Jacques Dondoux est annoncée dans le cadre de 24 conférences organisées à la Cité des Sciences et de l’Industrie (Paris) pour le colloque « Nouveaux territoires ».

Le site de l’April évoque aussi les propositions de loi (numéros 495 et 117), émanant des sénateurs Guy-Pierre Cabanel, Pierre Laffitte et René Trégouët, tendant à généraliser dans l’administration l’usage d’Internet et de logiciels libres ont été soumises au Sénat et leurs évolutions entre fin 1999 et début 2000.

Un mois plus tard, en février 2000, il est question de débats au Sénat dans le cadre d’un projet de loi sur la signature électronique et d’amendements déposés puis retirés par les Sénateurs Laffitte, Cabanel et Trégouët, amendements liés au logiciel libre.

En avril 2000, on peut mentionner une proposition différente évoquée toujours dans Libération : Trois députés contre l’emprise Microsoft. Ils proposent une loi pour libérer l’État des logiciels verrouillés, les trois députés étant Christian Paul, Pierre Cohen et Jean-Yves Le Déaut,

En mai 2000, on discute des changements de positions de Microsoft (très mal disposé envers le logiciel libre à cette époque) concernant le projet « Laffitte Trégouet Cabanel ».

En juin 2000, on notera la prise de position contre les brevets logiciels du sénateur Trégouët (on apprend plus tard qu’il lit LinuxFr.org). Il est aussi cité début 2001 : « Tout laisse à penser qu’un débat sur les logiciels libres devrait s’ouvrir devant l’Assemblée nationale et le Sénat lors de la discussion prochaine du texte sur la “société de l’information” annoncé par le gouvernement ».

Plus tard, en septembre 2001, on mentionne le Bundestag qui se méfie du monopole de Microsoft et se réfère à la proposition de loi du Sénateur Pierre Laffitte.

En octobre 2002, on a le même jour un journal et une dépêche car Pierre Laffitte, René Tregouët, Jacques Lamotte et Paul Girod ont déposé un nouveau projet de loi visant à imposer l’utilisation des logiciels libres dans l’administration et les établissements publics nationaux.

Toujours en octobre 2002, la création de l’ADULLACT : « Le rêve de messieurs les sénateurs Tregouët et Laffitte, de messieurs les députés Le Déaut, Cohen et Bloche, de monsieur Jean-Charles Bourdier, de monsieur Thierry Carcenac, le rêve que l’on mette ensemble les forces du service public pour conquérir notre indépendance logicielle par le biais du logiciel libre, le rêve d’un patrimoine français de logiciels donné au monde comme le daguerréoptype donné jadis par Arago… ce rêve nous avons cessé d’en attendre la réalisation. Nous allons le réaliser ! » Puis une communication de la nouvelle association en novembre sur les tentatives […] faites, au Sénat (par messieurs les sénateurs Laffitte et Trégouët), à l’Assemblée (par messieurs les députés Le Déaut, Cohen, Bloche), dans des rapports officiels (de messieurs Jean-Charles Bourdier et Thierry Carcenac). ».

Les premiers Trophées du libre ont lieu en mai 2003, parrainés par le sénateur Pierre Laffitte, président de Sophia Antipolis, avec un jury composé de personnalités du libre telles RMS, Di Cosmo, Lang, Paul Everitt, etc. (dont moi en représentant de l’April).

Ce même mois, citons aussi l’éditorial de René Trégouët « Pour que l’intelligence l’emporte sur la violence : vive le logiciel libre » ; il est aussi mentionné dans une conférence contre les brevets logiciels en septembre 2003 ou, moins favorablement, dans le cadre de la LCEN ou de la redevance télé sur les ordinateurs en avril 2004, ou dans le cadre d’un rapprochement prononcé entre l’INSA Lyon et Microsoft en novembre 2004. Fin de l’aparté sur René Trégouët.

Lors de la campagne pour la présidentielle de 2007, les candidats sont interrogés sur leur programme en matière de technologies de l’information et on évoque les précurseurs comme Pierre Laffitte.

Les fonctions (sénateur et président de groupe) de Pierre Laffitte au Sénat se terminent alors en 2008.

En 2012, la modification du code des marchés publics italien imposant l’usage du logiciel libre se souvient 13 ans après [de] la proposition de loi du sénateur Laffitte qui proposait, de manière encore plus radicale, l’interdiction du logiciel propriétaire à partir de 2002 dans l’administration française, et qui avait suscité 337 (!) commentaires sur LinuxFr.org.

Guy-Pierre Cabanel, né en 1927, est mort en 2016.

On peut aussi mentionner François Elie (président de l'ADULLACT) lors de sa conférence La loi de République numérique et écosystème du développement du logiciel libre au JDEV 2017 à Marseille, transcrite par l’April : « En fait ça commence, ce que j’appelle la grande époque, à la fin du siècle dernier 1999-2001-2002, des projets de loi avec des sénateurs, comme le sénateur Laffitte, qui ont une idée folle : nous devrions, les administrations françaises, l’État, devraient s’obliger — non pas contraindre les administrations, non, s’obliger parce que c’est de l’argent public — à n’utiliser que du logiciel libre. Je vais citer un extrait de leur proposition de loi : « L’usage par les administrations publiques de logiciels libres sera obligatoire. Toute utilisation de logiciel propriétaire sera soumise, donc, à une autorisation ». C’est révolutionnaire ! 1999. »

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