arnaudus a écrit 4657 commentaires

  • # Mais comment?

    Posté par  . En réponse au journal Comment ça marche chez microsoft. Évalué à 10.

    La manière dont le gusse décrit le processus de développement semble réellement positive : bien qu'il prétende le contraire, ça ressemble un peu au monde des bisounours ce truc. Il me semble donc logique de se demander d'où vient la piètre qualité légendaire des produits Microsoft (pas de troll dans la question, de nombreux logiciels libres sont aussi de piètre qualité). Je veux bien croire que les problèmes de sécurité et d'instabilité de Windows sont dus à un choix d'architecture du système, mais quid de la suite Office ou d'Internet Explorer par exemple? Comment un système de développement aussi organlisé, avec autant de testeurs et autant d'argent claqué dans l'organisationnel, peut laisser passer des bugs grossiers sur l'ouverture de documents réalisés avec des versions différentes du logiciel, ou des carences gigantesques dans le respect des normes?

  • # Mouais, un peu de contexte ne ferait pas de mal.

    Posté par  . En réponse au journal Store inclus dans Banshee : Canonical revient sur l'accord avec les développeurs. Évalué à 8.

    Je trouve que ce journal et le précédent sont difficilement compréhensibles. On voit bien que le but est de passer un message fin, style "Ah caca pourri Canonical", mais quand on clique sur quelques liens on voit bien vite que c'est nettement plus compliqué que ça.

    Pour une fois qu'un LL génère du pognon, il semble que les grands principes disparaissent dans la nature. Il est évident que le distributeur final du logiciel en fait ce qu'il veut, du moment que la licence est respectée. Le fait est que la notoriété d'Ubuntu risque de décupler la distribution du soft, ce qui fait que tout le monde aurait pu être content; après, les histoires de partage du pognon c'est de la cuisine interne.

    Ceci dit, il semble que Canonical n'ait toujours pas mis au point son business model, ce qui reste relativement inquiétant. Visiblement, pour grapiller quelques milliers de dollars, ils ont terni encore un peu plus leur réputation auprès de la communauté, ce qui pourrait être un bien mauvais calcul.

  • [^] # Re: Hum, hum ...

    Posté par  . En réponse au message Recherche developpeur C/C++ Marseille. Évalué à 3.

    Les c***, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait...

    On trouve des gens comme ça partout: ils ont vendu toute morale et toute éthique au profit d'une réussite fantasmée, et forcément, ils ne peuvent pas supporter les gens qui posent des questions, car ils remettent en cause la base de leur modèle de réussite («je n'avais pas le choix, c'est comme ça que les choses fonctionnent, tu ne comprends pas le monde dans lequel on vit», etc). Toutes proportions gardées, c'est le même processus qui faisait que les collabos étaient plus acharnés que l'armée allemande pour chasser les résistants, car leur existence même remet en cause les fondements de leur modèle de justification.

    C'est vraiment étonnant comme truc, personne ne se conçoit comme un minable, un parasite, un mange boules ou un pourri. Tout le monde se construit son petit échafaudage autojustificatif pour mettre l'ensemble de ses choix de vie dans un petit contexte douillet. Plus l'échafaudage est haut et bancal et plus on a peur de le voir vaciller, et plus on est agressif envers ceux qui mettent en danger cet équilibre intérieur: pour ne pas devenir dingue, il faut dénigrer ces gens qui ne vous ont rien fait, mais dont les choix de vie vous mettent en danger.

    Ceci dit, ça marche dans les deux sens. Quand on a refusé plusieurs offres d'emploi pour des raisons éthiques, on se met aussi à mépriser les lèche-culs qui, eux, peuvent acheter un nouveau iTruc tous les mois.
  • [^] # Re: regle ou exception

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les formations diplômantes en logiciel libre en 2011. Évalué à 5.

    Peu importe ou : societe, gouvernement, ONG,

    Tu t'engages bien vite. Autant pour les entreprises je conçois que l'argent puisse ne pas avoir d'odeur (et encore, le green-washing est à la mode, et la com' compte pour beaucoup dans les investissements d'une boîte quelle que soit sa taille), autant pour le reste je pense que ton point de vue est indéfendable. Les services de l'État font des choix stratégiques qui sont par définition politiques, ils peuvent privilégier certaines technologies pour des raisons éthiques, politiques, pragmatiques, ou économiques de manière claire et précise; il est tout à fait raisonnable de penser qu'un service d'État devrait, pour de nombreuses raisons (notamment pour la pérénité des données et des systèmes) privilégier les logiciels libres aux solutions propriétaires (de la même manière qu'ils peuvent provolégier les énergies «vertes», pourtant plus coûteuses, ou les technologies militaires françaises, pourtant moins fiables, etc).

    Pour les ONG c'est encore pire, de nombreuses ONG sont des groupes de pression politiques ou idéologiques, il est plus que fréquent de voir des ONG privilégier le bio, le commerce équitable, les énergies renouvelables, je ne vois pas pourquoi les logiciels libres ne feraient pas partie de la liste.

    J'ai l'impression que cette idéologie du pragmatisme que tu préconises (choisir un outil en fonction de critères à optimiser uniquement au moment du déploiement -- coût, difficulté de la migration, etc -- est obsolète même dans le milieu de l'entreprise. En tout cas, dans mon domaine professionnel (la recherche scientifique), il est de moins en moins possible de publier des résultats basés sur des logiciels dont les sources ne sont pas disponibles pour des raisons de reproductibilité, alors que de nombreuses solutions propriétaires restent plus performantes.
  • [^] # Re: Minix

    Posté par  . En réponse à la dépêche L'année 2010 du Hurd. Évalué à 8.

    Euh, j'ai peut-être loupé quelque chose, mais la licence de Minix ne semble pas compatible avec la GPL. Un projet GNU pas sous GPL, j'imagine que c'est bloquant, non?
  • [^] # Re: Il y encore du chemin à faire...

    Posté par  . En réponse à la dépêche Double victoire pour Racketiciel : la Cour de cassation vient de statuer par deux fois sur la vente liée. Évalué à 5.

    En droit français ça n'est pas illégal de mettre des clauses illicites dans les contrats. Ces clauses sont simplement considérées comme nulles par le juge.

    Ceci dit, c'est éthiquement irresponsable et profondément immoral.

    Apparemment, Toshiba n'a aucun intéret de faire ça, mais ils doivent être liés par un contrat hyper-contraignant à Microsoft, du style "si vous remboursez l'OS vous perdez notre tarif Gold-machin-platinum et vous vendrez vos bécanes 50€ plus cher que vos concurrents". Et les entreprises, c'est comme les citoyens, vous trouverez un résistant pour 50 collabos.
  • [^] # Re: Ne pas oublier que le but c'est quand même de communiquer ...

    Posté par  . En réponse à la dépêche LibreOffice est de sortie !. Évalué à 2.

    Les trois points sont tout à fait acceptables quand on parle d'une administration, mais pour ce qui est d'une boite privée par exemple je trouve les 2 et 3 absurdes, et le 1 contestable. Le principe majeur des logiciels libres, c'est la liberté, et la liberté c'est aussi d'utiliser les logiciels qu'on veut, y compris des logiciels propriétaires. D'ailleurs, la notion de logiciel proprio ou libre quand on parle d'un logiciel privé n'a aucun sens, même dans une administration. Si une administration décide de créer un logiciel métier spécifique, ce logiciel sera propriété de cette administration, il ne sera pas diffusé ni vendu, avec ou sans sources, et par conséquent sa licence n'aura aucune importance.

    Les institutions politiques et la société civile ont des moyens de pression: il peut être par exemple légalement exigé que la communication avec les services de l'État passent par des formats standards, il peut également être interdit d'acheter des licences avec de l'argent public; l'État peut (et devrait) jouer un rôle plus important dans les comités de normalisation pour défendre ses intérets et celui des citoyens. Mais remplacer une liberté (celle associée aux logiciels libres) par une intrusion de la loi dans ce qu'il y a d'installé chez des particuliers ou dans les entreprises, ça seraitune mesure totalement dictatoriale. D'ailleurs, même RMS n'a jamais proposé ça, puisqu'il propose de révolutionner le droit d'auteur associé aux logiciels (en gros, de faire de la distribution du code un droit du consommateur).

    Le point le plus débatable peut-être est celui de la communication entre entreprises, et j'imagine que ce genre de cas est toujours discutable. D'un côté, l'État ne se soucie pas d'intervenir dans la normalisation des conversations privées; il est possible de parler en Tamoul à votre voisin si vous le souhaiter. Des entreprises peuvent également communiquer entre elles de la manière qu'elles souhaitent, mais la subtilité est dans les garanties en cas de conflit, puisqu'un contrat ne peut être valide que s'il respecte certaines conditions, dont la langue dans lequel il est rédigé. Le même genre de subtilités pourraient être utilisées pour normaliser les formats de documents, les gens et les entreprises échagent ce qu'ils veulent, mais les formats de documents non normalisés ne sont pas ganatis légalement. Par exemple, si vous récupérez un morceau de musique en mp8, lisible seulement avec Windows Media SuperTruc 8.2 mais que vous refusez de payer, ce n'est pas à vous de prouver que vous n'avez pas pu utiliser le fichier (et refuser de fournir l'équivalent dans un autre format serait associé à un refus de vente). Mais bon, tout ça reste assez tordu, du moment qu'il existe un affichage clair des standards, après tout, ça reste la liberté des gens d'acheter n'importe quoi.
  • # Marché de niche

    Posté par  . En réponse à la dépêche IPv6 et conséquences sur l'anonymat. Évalué à 4.

    Je suis d'accord avec tout sauf ça:

    Il est probable que, s'il existe un marché pour des IP dynamiques, un fournisseur d'accès le proposera.

    Dans le meilleur des mondes possibles, oui. Mais dans les faits, non. Il y a un marché pour des chaines de TV culturelles, mais le seul moyen de voir des émissions culturelles à la télé est de passer par un service public subventionné. À mon avis, on récupère 1000 fois plus de clients en faisant des pubs avec une bonnasse qu'en proposant des trucs techniques. De manière générale, pour un marché de niche, la plupart des oérateurs risquent de ne pas proposer un tel service, et il faudra passer par un fournisseur d'accès associatif ou alternatif...

    Ceci dit, je ne vous pas non plus l'intérêt d'une IP dynamique.
  • # GPL etc

    Posté par  . En réponse à la dépêche Dimdim racheté par Salesforce, la version opensource est abandonnée.... Évalué à 3.

    Il est évident que la licence et le mode de développement sont deux choses différentes. La surprise de l'existence des "fauxpen source" est juste la réalisation de cette différence.

    Avoir un soft disponible sous GPL n'implique pas que son développement soit communautaire, il implique qu'on ait accès aux sources et qu'on ait le droit de le forker. En fait, je n'arrive pas à imaginer un cas où une entreprise libère un logiciel et que le développement devienne communautaire. À mon avis, on ne peut avoir un développement communautaire que si ce modèle existe depuis le début du développement. Et je pense qu'on ne puisse pas exiger d'une entreprise qu'elle adopte un développement communautaire. Une entreprise peut très bien publier le code, fournir une intreface pour les rapports de bugs, et garder le développement en interne. Le logiciel n'en est pas moins libre, il est juste développé de manière centralisée. D'ailleurs, pas besoin d'entreprises, il y a de nombreux logiciels libres qui sont développés de cette manière.

    Ce qui est plus inquiétant à mon avis, ce n'est pas le développement centralisé, c'est le changement de licence. Le logiciel libre est censé apporter de nombreux avantages, parmi lesquels la pérénnité du modèle de développement. Imaginons un appel d'offre, la licence libre est évidemment mise en avant; si d'un coup le logiciel se ferme, un organisme peut rester bloqué sur une solution propriétaire (ou sur une version qui n'évolue plus). Ça veut dire qu'il faut penser à blinder les contrats pour pouvoir le rompre avec éventuellement une pénalité et un préavis si la licence du logiciel change; au niveau d'une petite entreprise par exemple ca représente des détails juridiques en plus à devoir prendre en compte, et ça peut être lourd.

    Ce genre de situation met bien en évidence l'importance de ne JAMAIS céder ses droits d'auteur à un organisme centralisateur, même si c'est pour le bien du soft. Une fois le code bourré de patchs d'auteurs différents, le mode de développement peut changer, mais plus la licence. Je pense que la communauté se doit de se protéger de cette manière, si on demande son aide une fois, il ne faut pas qu'une marche arrière soit possible. Après tout, dans cette affaire, l'entreprise n'avait jamais rien exigé de personne, elle peut changer d'avis. Mais les systèmes de cession des droits d'auteur ont l'effet pervers de rendre possible les décisions arbitraires, et c'est inacceptable.

    D'ailleurs, l'exemple du tr\es ingénieux changement de licence de Wikipédia montre qu'il est tout à fait possible de changer une licence dans l'esprit du libre sans avoir à centraliser les contributions.
  • [^] # Re: Moi j'aurais fait comme ci, moi j'aurais fait comme ça

    Posté par  . En réponse à la dépêche Sortie d'une nouvelle version de Textallion. Évalué à 1.

    je n'ai absolument pas compris, mais je dois avouer que ne connais rien aux équations dans LaTeX. Si tu as un exemple concret de comment ça pourrait s'implémenter, je pourrai y réfléchir.

    Je pense qu'il suffit de recopier directement les équations dans le code Latex généré. C'est sûr que du coup, ça laisse du code dans les documents, mais je ne vois pas comment écrire des equations sans code.

    Les équations sont indiquées en Latex par le symbole $ :

    "Le carré de $x$ est noté $x^2$,"

    Il suffirait donc de ne pas interpréter les expressions qui commencent par $ et qui finissent par $, et de les faire passer telles quelles en Latex.
  • # Moi j'aurais fait comme ci, moi j'aurais fait comme ça

    Posté par  . En réponse à la dépêche Sortie d'une nouvelle version de Textallion. Évalué à 6.

    C'est évident que tout le monde va aller de sa petite remarque «j'aurais pas fait comme ça». Mais l'idée reste intéressante. J'utilise Latex de manière assez intense (publications scientifiques), et je suis le premier à reconnaitre ses défauts très lourds, malgré ses qualités indéniables, et sa prise en main très difficile.

    Quelques remarques sur le tas:

    * Je trouve que la syntaxe pour les notes en bas de page est défectueuse. Les symboles "degrés" ne sont pas disponibles directement sur les claviers QWERTY, qui restent quand même les plus courants dans le monde.

    * Je trouve un peu dommage de ne pas avoir repris la syntaxe de mediawiki pour les liens .... Elle n'est pas plus intuitive qu'une autre, mais elle a le mérite d'être connue par beaucoup.

    * Il faudrait que la syntaxe LaTeX pour les équations en ligne $\delta = 3 \times \sum X_i^2$, et hors ligne avec $$ ... $$ (à traduire par \[ ... \] dans le code Latex) soient disponibles directement (en plus ça collerait bien avec la philosophie de la syntaxe par symboles). latex2html se débrouille plutôt bien pour les faire passer en HTML, soit en bidouillant un peu pour les formules simples, soit en les convertissant en png et en les incluant comme images. C'est assez important, car tous les textes un mininum techniques ont besoin de cette syntaxe, et la solution de virer leur contenu du rendu HTML n'est pas acceptable.

    * Le support des références me semble aussi inévitable.

    * À mon avis, l'avantage avec une syntaxe de type wiki est qu'on devrait pouvoir facilement en faire un serveur web, qu'on pourrait utiliser dans un navigateur. La solution habituelle pour le travail collaboratif (s'envoyer des emails avec des fichiers, que ce soit .doc ou .tex) est tellement contre-productive... Alors qu'un outil web, accessible avec un login et un password, hébergé sur un serveur tiers ou par soi-même, serait vraiment idéal pour le travail collaboratif; on aurait une gestion centralisée des historiques, et le travail simultané serait possible avec des diffs, des merge, et une gestion des conflits telle qu'on peut la trouver dans mediawiki.
  • [^] # Re: Traductions ?

    Posté par  . En réponse à la dépêche Attempto Controlled English. Évalué à 1.

    Bah si, justement, ce type de représentation pourrait servir d'intermédiaire non-ambigü entre deux langues, et "cadrer" beaucoup mieux l'endroit où la partie complexe de l'algorithme doit intervenir, les endroits où les ambiguités sont possibles, etc.

    "This beer is free, Linux is free, Stéphane Taponier is not free"
    A) -> l'analyse compliquée se fait ici, il faut traduire ça dans un langage non-ambigü
    "This beer is free[gratis] and Linux is free[software] and Stéphane Taponier is not free[freedom]"
    B) -> À partir de là, on peut traduire dans n'importe quelle langue, en remettant des ambiguités si on veut
    "Cette bière est gratuite, Linux est libre et Stéphane Taponier n'est pas libre."

    L'existence d'une telle syntaxe intermédiaire normalisée me semble une étape intéressante, car elle permet de bien dissocier les étapes de la traduction. Même si l'intervention humaine peut rester nécessaire, on peut imaginer qu'elle puisse être réduite à lever les ambiguités.
  • [^] # Re: Vraie question : a quoi cela vous sert ?

    Posté par  . En réponse au journal Gerer ses citations d'articles de recherche. Évalué à 7.

    Y'a un truc qui a dû t'échapper. Un article est soumis plusieurs fois, souvent à des journaux différents. Avec toutes les révisions, il est courant de devoir éditer la liste de références des dizaines de fois. Il y a parfois plus d'une centaine de références. Faire ça à la main est débilissime, sans compter que l'automatisation t'apporte la sécurité (toutes les refs du texte sont dans la biblio et vice versa).

    En ce moment, j'ai 1282 références dans ma liste, je me vois mal gérer ça à la main.

    j'ajoute les citations à la main dans un fichier XML personnel et j'ai des feuilles XSLT pour le transformer en diverses choses (HTML, bibtex)

    Franchement, je ne vois pas l'intéret. Bibtex est un format déja destiné à contenir les données bibliographiques, tu penses faire mieux et plus flexible avec un fichier XML perso? HTML et Bibtex ne sont pas des "choses" de niveau équivalent. Les outils nécessaires sont 1) les logiciels qui permettent d'intégrer des données bibliographiques dans un document exploitable (donc Bibtex vers Latex, HTML, PDF, etc), et 2) des scripts permettant de transformer les différents formats de fichier biblio (Bibtex, endnotes) afin d'assurer l'interopérabilité des logiciels de gestion de biblio.

    Je trouve par exemple inutile de devoir recoder une moulinette pour transformer une base perso en HTML, vu qu'il est trivial de faire du Bibtex -> HTML via Latex.

    Après, on fait ce qu'on veut avec son temps libre, on peut coder des trucs qui ne servent à rien ou formater sa biblio à la main, mais de là à s'étonner de voir les autres utiliser les outils adéquats...
  • [^] # Re: Problème de la taille des tabulations avec une limite de 80 colonne

    Posté par  . En réponse au sondage La taille de l'indentation de mon code source (tab ou espace). Évalué à 4.

    Ouais, enfin y'a toujours les if (x < 0) { ... } else if (x == 0) { ... } else { ...} qui formellement sont des imbrications gigognes, mais qui sont parfois difficilement évitables.

    C'est pas toujours une bonne idée de dire "jamais", c'est un peu comme les goto. Parfois le remède est pire que le mal; il faut juste être sûr que les gens savent ce qu'ils font quand ils contournent la recommandation:
  • [^] # Re: Peer review

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 3.

    Enfin, pour reviewer pour PLoS et pour d'autres journaux non-OA, il n'y a pas de différence dans les exigences.

    T'as pas lu les consignes alors. C'est dans les recommandations pour les reviewers:

    «Unlike many journals which attempt to use the peer review process to determine whether or not an article reaches the level of 'importance' required by a given journal, PLoS ONE uses peer review to determine whether a paper is technically sound and worthy of inclusion in the published scientific record.»

    Dans PLoS One, il n'y a pas d'évaluation ni de l'intérêt du travail, ni de critères éditoriaux (les articles peuvent traiter de n'importe quoi). Seule la rigueur scientifique est examinée.

    ISI Web of Knowledge qui distribue les Impact Factor dont il est question en a attribué un à PLoS ONE et continue à le revoir à la hausse.

    Mais en quoi j'ai dit le contraire? Il est évident que dans PLoS One on trouve de tout, du bon au plus mauvais, vu qu'il n'y a pas de filtre éditorial. La qualité des papiers publiés (et le facteur d'impact correspondant) ne retrancrit que la qualité moyenne de la production scientifique soumises aux PLoS One, comme il y a probablement des bons chercheurs qui soumettent, il y a des bons papiers publiés. Ça ne change en rien le fait que la communauté scientifique n'a pas son mot à dire sur l'intéret scientifique des études publiées dans PLoS One.

    Je ne comprends pas ce que tu as à m'attaquer comme ça, jusqu'ici la discussion se déroulait sans problème, et paf, plusieurs jours après t'arrives et tu rues dans les brancards sans même te donner la peine de lire ce qu'on raconte. T'as publié dans PLoS One? Et alors? Mon expérience à moi, si tu veux que je la partage, est d'avoir publié dans une de ces revues "bidon" qui ne reposent sur rien, parce que simplement j'y avais été invité (un truc de Libertas Academica, une de ces filiales dont je parlais plus haut). Je pense que mon papier n'était pas mauvais, mais le peer-review était médiocre; et j'ai découvert que d'autres journaux du même éditeur avait publié des papiers débiles et qu'il n'y avait aucun système de revue fiable, les papiers étaient en gros acceptés systématiquement, tant mieux si les gens qui les ont écrits sont sérieux, tant pis s'ils sont nuls. Et en publiant dans PLoS One, tu prends exactement le même risque : ton article peut être listé sur la même page que des machins honteux; bref, personne ne peut évaluer la qualité de ton travail en regardant la revue. C'est un réel problème, qui à mon avis est généré par le fait que la pompe à fric ne marche qu'avec les papiers publiés.

    Historiquement, les PLoS sont un des tous premiers sur le marché de l'OA. Ils avaient une réputation bien établie avec PLoS Biology et les autres journaux, et tout marchait bien jusqu'à ce que vers 2007 tous les autres éditeurs viennent sur le secteur, de manière hyper-agressive. C'est à ce moment là que PLoS One a été créé, pas pour ouvrir de manière créative un nouvel espace aux chercheurs, mais pour se placer sur le marché des journaux à bas facteur d'impact. C'est un geste purement commercial, qui n'a pas été fait pour la beauté de la science. D'ailleurs, le créneau de PLoS One c'est de publier les papiers "incompris", dont les auteurs ne veulent pas être jugés par la communauté. Même s'il est arrivé plusieurs fois dans l'histoire que la communauté conservatrice rejette les idées trop nouvelles et fasse la vie dure à des précurseurs, j'ai la faiblesse de penser que la plupart des gens qui sont mis à l'écart de la communauté scientifique le sont pour des bonnes raisons.
  • [^] # Re: demande de précision

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 3.

    Tu n'as rien compris à ce que j'essayais de dire. Il est évident que la science est en permanence en train de changer, ce qui est immuable c'est le contenu d'un article scientifique. Même quand il contient une erreur factuelle (comme une faute de frappe sur le nom d'un auteur), le PDF n'est pas modifié, il est simplement amendé d'un corrigendum. Ce qui est publié est publié, il n'est plus possible de le changer, on ne peut que publier des choses en plus pour corriger, pour discuter, etc. L'auteur peut même répondre aux critiques publiées, mais il n'est JAMAIS autorisé à modifier son article initial.

    La seule exception que je connaisse est la rétractation d'un article; dans ce cas l'article publié n'est pas modifié, mais il est réputé non-publié.

    Comme l'a très bien expliqué quelqu'un au dessus, l'immuabilité des article est une contrainte technique liée au fait qu'on ne peut référer qu'à une version fixe, qui est celle de la version papier (s'il y en a une, la version électronique fonctionne de la même manière). Quand on dit "X (2008) a montré que bla bla bla", il est totalement inconcevable que le contenu de X (2008) puisse avoir varié d'un seul caractère entre le moment où il a été publié, le moment où il a été cité, et le moment où il est lu. Un DOI correspond à un document unique et immuable par définition.

    Après, on est plusieurs à avoir lu cette discussion, et il n'y a que toi qui n'a rien compris. Il est évident que la quasi-totalité des articles publiés perdent de la valeur au cours du temps (si tant est qu'ils en avaient au début) et que leur contenu devient de moins en moins fiable et de plus en plus faux; c'est d'ailleurs pour ça que la plupart des articles cités sont les plus récents, et qu'il est assez rare de citer des vieux articles (qui, pour le coup, sont probablement exceptionnels). La discussion se concentrait sur le fait que pour corriger le contenu d'un article, il est inacceptable de le modifier et de le republier comme si la première version n'avait pas existé; le deuxième article sera un deuxième article, et pas une correction du premier. L'auto-plagiat n'est d'ailleurs pas toléré par les journaux (il est interdit de reprendre même des morceaux de texte de ses articles précédents, j'imagine que la licence CC permet exceptionnellement de faire ça, ce qui semble assez étrange et à mon avis, inacceptable sur le plan de la déontologie (il ne faut pas oublier que les articles sont la base de l'évaluation des scientifiques, la publication du même texte à plusieurs reprise n'a aucun intérêt à part de tricher sur sa propre évaluation.

    Si tu veux rédiger un texte scientifique modifiable, tu peux faire un site web, envoyer un truc à Wikipédia, ou participer à un ouvrage qui propose des rééditions à dates régulières, mais un article scientifique ne rentre pas dans ce cadre là.
  • [^] # Re: se passer des journaux en open access

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 2.

    Bah j'imagine que ça doit dépendre des institutions et du type de travail, mais dans l'ensemble, c'est plutôt non. Typiquement, quand un chercheur écrit un livre, il touche les royalties à son nom, et pas à celui de son institution; quand il écrit un article, ça doit être la même chose, donc les contrats signés doivent être valides.

    Comme en France on ne signe pas de contrat de travail avec l'État, il faudrait aller chercher les textes correspondants, on ne signe pas de papier qui stipule clairement le partage de la propriété intellectuelle. J'ai une fois signé un tel contrat avec une université étrangère, et ça donnait carte blanche pour les textes, mais c'était complètement verrouillé pour les brevets et pour les logiciels (par sécurité, j'avais dû ajouter des bouts de code GPL extérieurs non triviaux, pour empêcher la réutilisation mercantile éventuelle de mon code après mon départ.

    Donc on est dans une situation un peu ambigüe, je suis presque certains que les textes officiels en France sont bien verrouillés (quelqu'un m'avait déja dit que sur un gros projet logiciel, le CNRS avait bien clairement fait comprendre qu'il était propriétaire du code, alors que pour les petits projets on fait vraiment ce qu'on veut), mais dans les faits il y a une gigantesque tolérance (et de toutes manières, il n'y aurait pas les compétences administratives pour traiter des millions de contrats de cession de droits et de choix de licence tous les ans).

    La complexité supplémentaire, c'est que la plupart des articles sont écrits en collaboration, souvent avec des institutions étrangères. Quand l'auteur principale signe le formulaire de cession des droits, en général il doit cocher une case pour confirmer que tous les autres auteurs lui ont donné le droit de céder les droits, ce qui est rarement le cas explicitement. À mon avis, tout ceci fonctionne tacitement. En cas de problème sur le contrat, le papier est probablement retiré du site web et le contrat est annulé, ce qui est une cata pour les auteurs, mais pas pour l'éditeur, puisque ce dernier a vendu son journal. Alors oui, avec un contrat invalidé, on peut mettre son papier sur son site web, mais si le prix est la disparition de la base de donnéés de l'éditeur, ça ne vaut vraiment pas le coup.
  • [^] # Re: se passer des journaux en open access

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 4.

    Ouais, et c'est surtout totalement illégal, contrairement à ce que tu prétends. Deux clics à partir du portail de Hal permettent d'accéder aux conditions dans lesquels les textes peuvent être déposés, morceaux choisis:

    « Le contenu doit être du niveau scientifique requis (cf. plus haut) et ne pas tomber dans l’une des exceptions suivantes :

    [...]
    b) document pour lequel a été, ou sera signé un contrat/accord de transfert de droits à un éditeur interdisant la mise en ligne du document. Il est suggéré aux auteurs d’éviter autant que possible de signer à l’avenir des accords de transferts de droits interdisant la mise en ligne de leur travail dans des archives ouvertes, »


    D'ailleurs, HAL donne de bien mauvais conseils. Il conseille par exemlpe de soumettre à HAL les versions des articles avant de les soumettre, mais ce qu'il ne dit pas, c'est que faire ça exclut de facto la possibilité de soumettre à de nombreuses revues, qui n'acceptent pas de considérer des manuscrits déja publiés on line. Imaginez le drame, vous mettez votre brouillon sur HAL, vous soumettez à un journal qui autorise ça, vous vous faites jeter, vous resoumettez à un autre journal (genre Nature ou Science), vous êtes acceptés et là juste au moment de finaliser la publication, vous devez signer un formulaire sur l'honneur que votre papier n'a pas été publié avant, même sur support électronique. Vous vous jetez sur le site de HAL, et ohhh, les manuscrits déposés le sont définitivement, impossible de revenir en arrière. Adieu le Nature!

    Personnellement, je pense ça n'a aucun sens. Le système de publication fermé est assez gênant, non seulement moralement mais aussi en pratique, mais faire n'importe quoi pour le contourner peut vous mettre dans le caca jusqu'au cou, il ne faut pas non plus oublier qu'on doit se comporter en professionnels et que nos petites conneries pseudo-anarchistes peuvent se transformer en gros pépins pour les institutions qui nous payent. On est adultes, on se comporte en adultes; si on veut publier en OA on soumet à des journaux OA, quand on signe un formulaire ou un contrat sur l'honneur on le respecte. À mon avis, il y a des manières beaucoup plus malignes de faire bouger les choses au niveau politique que les petites désobéissances civiles, genre adolescent tout content d'avoir pêté un abribus...
  • [^] # Re: se passer des journaux en open access

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 7.

    Ouhla, non non.

    Déja, le formulaire est à signer tel quel. C'est un contrat entre l'éditeur et les auteurs, et à ma connaissance, il n'est pas possible de le modifier. C'est à prendre ou à laisser, si on veut être publié, on le signe, autrement on n'est pas publiés.

    Ce contrat prévoit que les auteurs cèdent à l'éditeur la totalité des droits sur le texte de l'article, ainsi que toutes les annexes (figures, matériel supplémentaire, etc). Ce transfert de droit est tout à fait légal, et il existe bien entendu en France. Par exemple, les auteurs d'oeuvres audiovisielles transfèrent leurs droits à la SACEM, qui agit en tant qu'ayant-droit (ayant les droits).

    À ma connaissance, les seules différences existantes entre le droit français et le droit anglosaxion dans ce cas sont que 1) en droit français, un tel contrat de cession de droits doit mentionner une date de fin raisonnable (par exemple, 10 ans, au delà desquels l'auteur peut récupérer les droits ou refaire un autre contrat), et 2) en droit français, on ne peut céder que les droits patrimoniaux (faire des pépétes avec l'oeuvre et décider de qui a le droit de la reproduire ou de la modifier), il n'est pas possible de transmettre ses droits moraux (respect de l'oeuvre, respect de la mention de l'auteur, etc).

    Le contrat en question est donc attaquable devant un tribunal français sur ces deux points, il peut être déclaré nul faute de date de fin (mais le juge ne va certainement pas vous donner complètement raison si vous attaquez six mois après l'avoir conclu de toutes manières), et vous pourrez contester si l'éditeur empiète sur vos droits moraux (par exemple, republie le texte en le donnant en exemple de propagande nazie, en l'associant à un part politique, ou en changeant le nom de l'auteur). Pour le reste, vous êtes tenu de respecter les termes du contrat.

    La plupart de ces contrats mentionnent d'ailleurs votre droit en tant que scientifique à transmettre le pdf sur demande, à en faire des copies pour vos étudiants, etc. Pour le site web, ça va dépendre. Au pire, vous pouvez toujours parier que le journal ne vous attaquera pas pour ça, mais il existe des cas où le journal a contacté le webmaster de l'institution pour retirer les pdf en question, et le journal était parfaitement dans son droit.

    Contrairement à ce que prétent baud123, à partir du moment où le contrat est signé, les droits de toute version dérivée (ou précédente) de l'article appartiennent à l'éditeur, et toute la liste de choses citées plus haut sont totalement farfelues, c'est bien le texte qui appartient à l'éditeur et pas seulement la forme, et cette propriété intellectuelle est tout à fait légitime puisque vous l'avez transmise par contrat. Si vous désirez vous en affranchir, il faut faire casser le contrat par un tribunal français, mais si vos pdf sont accessibles des USA, le contrat étant parfaitement valable en droit US, vous pourrez être condamné là-bas.

    Cette histoire de transfert est donc très simple. Si vous souhaitez garder vos droits d'auteur sur l'article, publiez dans un journal qui ne les demande pas. Autrement, il faut accepter de les abandonner, et de ne bénéficier que des quelques petites exceptions que l'éditeur vous laisse par tolérance, en regard des pratiques courantes dans le milieu. Franchement, je ne connais pas un seul exemple où un auteur d'article scientifique a été privé par l'éditeur de faire quelque chose de normal avec son article, comme reprendre une figure ou en faire des photocopies. Quand c'est limite, il faut demander l'autorisation, ce qui est un peu contraignant, mais qui est justifié par le fait que l'éditeur prend en charge totalement la diffusion de l'article et la gestion de "vos" droits (en fait, les siens) en cas de plagiat par exemple

    Je n'aime pas ce système non plus et quand c'est possible, je préfère publier dans les journaux qui ne l'appliquent pas, mais raconter partout qu'il est possible de faire tous ces trucs (mettre une copie de l'article sur un serveur, tout reprendre sauf la mise en forme etc), et donner des raisons complètement bidon pour se justifier, ce n'est ni très malin ni très constructif. En tout cas, on peut appeler à la désobéissance civile si on veut, mais un tel appel suppose qu'on est au courant que ce qu'on fait est illégal, on ne va pas essayer de faire croire que c'est légal sur la base d'une pseudo réinterprétation libre du code de la propriété intellectuelle...
  • [^] # Re: Peer review

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 5.

    question : est ce difficile pour un jeune chercheur, ou une jeune équipe inconnue, d'obtenir l'oreille des pairs ?

    Franchement? Non, je ne crois pas. Il est simplement beaucoup plus facile de dire "je n'arrive pas à publier parce que les autres sont méchants" que "je n'arrive pas à publier parce que je fais de la merde".

    Ceci dit, je suis conscient des limites du système de revue par les pairs, j'ai aussi expérimenté des situations désagréables où on a un fort doute sur les motivations du rejet d'un article. Mais il n'est pas bon non plus d'être trop connu, on a trop d'énnemis. Il n'est pas bon d'avoir trop publié avec X ou Y, il n'est pas bon de s'appeler Chang ou Zwxizcevitch, d'être une femme, d'être trop vieux, trop jeune, pas américain, de ne pas parler anglais dès la petite enfance... mais le monde de la recherche n'est pas un monde de cyniques, quand les travaux sont intéressants, ils sont publiés. Mon expérience, c'est qu'il est nettement plus facile de faire publier un bon papier qu'un mauvais papier, et c'est bien ça qui compte, non?

    la qualité de la publication est elle réellement le seul critère ?

    Ça reste le critère principal. Les autres critères sont annexes. Et puis, il est normal et naturel de baser en partie les décisions de publications sur des critères annexes. Les journaux scientifiques ont des lignes éditoriales, si le papier en est trop éloigné, il sera rejeté malgré sa qualité. Quand les auteurs sont des gens sérieux, qui ont déja publié des travaux importants, il est tout à fait normal de leur laisser plus le bénéfice du doute qu'à un gusse totalement inconnu. Le but n'est pas d'être égalitaire, on s'en fout de ça. Le but est de publier les travaux importants et de faire avancer la science, pas d'assurer l'équité des carrières.
  • [^] # Re: Peer review

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 8.

    Sur l'affaire "Bogdanoff", un petit mot quand même.

    C'est une histoire assez compliquée, car personne là-dedans ne rentre dans des cases bien définies. Quand un travail scientifique est unanimement rejeté par la communauté, il ne peut pas être seulement médiocre. Tous les jours, des centaines d'articles scientifiques médiocres sont publiés, et on n'en fait pas une affaire d'État. Il y a donc des raisons supplémentaires pour expliquer ce rejet; une des raisons est que non seulement ce problème n'a été possible que parce que les Bogdanoff bénéficiaient d'une certaine notoriété (donc, il y a eu des passe-droit); mais qu'en plus une telle affaire montre à quel point il est possible de mystifier le grand public, grâce à quelques lacunes ou complicités dans le monde académique. Tu es toi-même victime de ça, bien sûr que tu ne peux pas toi-même évaluer la qualité de leur travail, mais le fait même que tu doutes de la version de la communauté scientifique fait froid dans le dos : et s'ils parlaient des OGM? De l'évolution? De l'avortement? Tu te rends compte à quel point il est facile de désorganiser complètement l'information de la société, à quel point l'imposture peut aller loin?

    Toute l'ambiguité de l'affaire semble venir du fait que les Bogdanoff eux-mêmes ne sont pas entièrement conscients de leur imposture, ils ne sont pas cyniques à ce point. Ils pensent avoir réalisé un travail scientifique selon leur méthodologie, dans leur petit monde parallèle, et interprètent probablement les réactions outrées comme de la jalousie ou de la haine: c'est ça le plus triste, c'est qu'ils sont de bonne foi! Le problème, c'est qu'ils ne sont pas seulement naïfs, on le voit à la manière dont ils se défendent: ils interviennent dans les forums de discussion sous des identités cachées, inventent des professeurs étrangers qui n'existent pas, citent hors-contexte des déclarations hostiles qu'ils transforment en soutien, etc. Ils se font repérer, c'est atroce, ils se trahissent eux-mêmes dans les discussions, utilisent l'adresse IP de l'institut qu'ils ont crée; bref ils sont maladroits, mais ces pratiques montrent aussi la perversité de leur conception de l'honnêteté. Tu imagines un scientifique intervenir dans un forum de discussion sous une fausse identité, en s'inventant un soutien imaginaire? C'est vraiment délirant, et ça me fait penser que les Bogdanoff ne sont pas seulement victimes, mais aussi coupables, et en tout cas bien conscients de la possibilité de manipuler les gens.

    Mais bon, en effet, les plus à blamer, ce n'est pas eux, c'est les personnalités du monde académique qui ont permis cette mascarade. Je sais très bien comment ça marche : c'est une succession de petites entorses, de petits mensonges, de petits arrangements, faits par simple confort. On délivre une autorisation d'inscription en thèse parce qu'on n'ose pas refuser face à l'étudiant, en se disant que ça ne va pas aller bien loin. On autorise une soutenance de thèse en se disant "de toutes manières, aucun jury ne l'acceptera". On accorde la thèse en se disant "de toutes manières, si le directeur de thèse est d'accord, on ne peut pas faire grand chose". On autorise à soumettre un papier en se disant "de toutes manières, jamais il ne sera accepté". Tout se passe comme ça, personne ne fait de grosse faute d'éthique, on se dit qu'il y aura toujours quelqu'un pour prendre ses responsabilités, et on finit par une situation embarrassante, où on n'a plus le choix et la seule manière de se débarrasser du problème est de laisser pisser. C'est vraiment le système académique qui est mis en cause ici, et la lâcheté de ces gens qui cherchent les responsabilités mais qui ne les assument pas.
  • [^] # Re: Peer review

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 2.

    D'un autre côté, pour les conférences le peer-review est en général tout aussi ridicule; en plus la réputation compte plus que la qualité du travail vu qu'on est invité à écrire quelque chose. Mais au moins ça maintient le côté "communauté", qui est totalement perdu avec l'OA dispersé.
  • # Peer review

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 9.

    Il y a un problème réel associé au modèle OA, c'est la qualité de la revue par les pairs.

    Dans un journal "classique", le nombre de papiers publiés est en général plus ou moins constant (imposé par le format papier du joural). Le journal reçoit un nombre variable de manuscrits tous les mois, et seuls les meilleurs sont publiés. Les critères d'acceptation varient en fonction de la qualité du journal, ce qui revient au même que de dire que les critères dépendent de la qualité et de la quantité de manuscrits reçus.

    Pour les journaux OA, la situation est très différente. Les revenus ne dépendent pas de la quantité de journaux vendus, mais directement de la quantité d'articles publiés. Il y a donc une corrélation négative parfaite entre la sévérité des critères et la quantité d'argent qui rentre dans les caisses. Bien sûr, on pourrait se dire que de publier trop de papiers pourris va tendre à faire diminuer à long terme la quantité d'articles soumis, mais c'est partiellement faux (de nombreux chercheurs sont bien contents de pouvoir publier leurs mauvais papiers), et en plus c'est un bénéfice à long terme, qui pèse bien peu par rapport à la nécessité de remplir les caisses à court terme.

    Du coup, le système s'est scindé en deux. Il y a quelques revues OA, en général les premières sur le marché (je pense aux PLoS ou à la série des BMC par exemple) qui gardent des critères "traditionnels", et qui survivent grâce à la certitude d'attirer beaucoup de soumissions. Et puis il y a les autres, des milliers de petits journaux online crées par quelques dizaines d'éditeurs (souvent des filiales de gros éditeurs traditionnels créees pour l'occasion), qui innondent le marché d'une offre gigantesque de journaux inconnus. La plupart de ces journaux sont mort-nés, ils disparaissent après avoir publiés deux ou trois papiers, mais certains survivent, vivant justement du marché des papiers difficilement publiables ailleurs. Ces journaux garantissent en général un passage par comité de lecture rapide et "léger" (donc très permissif), de manière à publier la quasi-totalité des manuscrits reçus (bref, une sorte de gagnant-gagnant avec les auteurs).

    La toute dernière nouveauté dans ce système est la mise en place par les "gros" OA d'une sorte de "garbage collector", une revue online fourre-tout destinée à ne pas perdre les manuscrits refusés par les quelques journaux sélectifs. Les PLoS One sont probablement le meilleur exemple. Ces éditeurs combinent donc la réputation de leurs gros journaux phares, et les revenus des fourre-tout.

    Alors oui, la publication disponible pour tous, c'est bien. Mais au passage, on a aussi créé un monstre, celui de l'ouverture libérale démentielle du marché de la publication scientifique, avec l'apparition d'une concurrence malsaine entre les revues online pour attirer les manuscrits, quelle que soit leur qualité. Du coup, il n'existe virtuellement plus de filtre avant publication (en gros, n'importe qui peut publier n'importe quoi s'il amène le pognon qui va bien), et on voit fleurir des publications "scientifiques" signées par des créationnistes, des raéliens, et toutes sortes d'allumés. Ce n'est pas vraiment nouveau ni uniquement réservé aux journaux OA (cf les papiers des Bogdanoff), mais ça a simplement fait sauter les quelques derniers verrous qui existaient. Maintenant, on ne peut plus juger de la qualité d'un article au fait qu'il ait été publié dans une revue à comité de lecture, et c'est assez grave.

    D'ailleurs, dans mon entourage professionnel, je trouve que les gens accordent encore beaucoup plus de confiance aux revues traditionnelles (malgré un facteur d'impact plus faible parfois), et certains chercheurs se refusent simplement à lire et à citer les papiers en OA, en accusant l'OA d'avoir détruit la notion de communauté scientifique.
  • [^] # Re: demande de précision

    Posté par  . En réponse à la dépêche Rendre les résultats de la recherche scientifique accessibles à tous. Évalué à 7.

    Non, ça serait très, très, mais très mal vu. Si on doit corriger une erreur dans un de ses propres articles, on peut faire un erratum. Si on améliore la méthode et qu'on a de meilleurs résultats, on publie un deuxième article différent du premier, où on se place dans le contexte de l'amélioration d'une étude existante, avec des résultats qui montrent comment la nouvelle méthode surpasse l'ancienne, etc.

    Ne parlons pas de la possibilité de reprendre le travail d'un autre. Il est éthiquement inconcevable de publier un article avec le nom d'un autre auteur, mais en ajoutant son propre nom, sans demander l'avis du premier. Même si c'est légalement possible dans le cadre de la licence CC-BY, c'est à mon avis passible d'une comission de discipline voire d'un licenciement.

    La recherche fonctionne sur le principe que ce qui est publié est immuable. On ne modifie jamais un article publié, même s'il contient des erreurs, mais on reconstruit d'autres études pour le critiquer, en le citant. On peut reprendre une table ou une figure déja publiés, mais pas besoin de la licence CC pour le faire, il faut demander l'autorisation à l'éditeur et celle-ci est toujours accordée. Bref, autant il est très important d'avoir les publications en libre accès (sans payer) pour que la connaissance soit disponible le plus largement possible, autant il est totalement inutile d'avoir une licence libre. La CC qui correspondrait le mieux serait la CC-BY- ND.
  • [^] # Re: "de pouvoir juste recouper les données d'un monsieur et une dame...

    Posté par  . En réponse à la dépêche Du droit de bidouiller : un test génétique fait fi des brevets sur les gènes. Évalué à 4.

    Moderne ne me parle pas ;-) Disons que ce n'est pas vraiment le terme qui convient

    Parce que tu l'utises, mais franchement, quelque chose qui date d'avant la découverte de l'ADN est obsolète en génétique. La preuve, c'est qu'on ne se comprend plus alors qu'on essaye de parler de la même chose.

    De même, la "génétique formelle" n'existe pas : la génétique classique, à la limite.

    C'est le vocabulaire employé pour la quasi-totalité des cursus universitaires en France. Google le terme si tu as un doute. "classique" est un synonyme, mais de là à nier l'usage de "génétique formelle"...

    Non, pas de cassure, mais d'échange. La cassure est une chose, la recombinaison homologue, la conversion, etc. en sont une autre.

    STP, fais un effort pour remettre dans le contexte. Il est évident que je parlais de recombinaisons faisant intervenir une cassure, et pas une simple cassure sans échange de matériel génétique.

    Déjà, ancienne et moderne pour moi n'ont pas vraiment de sens sans qu'on les définisse.

    Mais je passe mon temps à le faire! En génétique formelle (ou classique, ou "ancienne", bref en génétique pré-ADN), "recombinaison" désignait tout type de rééchantillonnage génétique. En génétique post-ADN, "recombinaison" est restreint au rééchantillonnage génétique faisant intervenir une cassure et un raboutage d'une molécule d'ADN, lors d'une méiose ou n'importe quand.

    Ce n'est pas pour autant qu'on verra un phénotype à la fin.

    Tu peux me reprendre sur mon vocabulaire, mais ce raccourcis-là est quand même pas mal...

    la notion de "divergence tout à fait normale" m'échappe.

    Je voulais dire "disjonction". Désolé pour le malentendu qui suit.

    Ensuite, méfies-toi des mouches, ça cache des surprises

    Non mais on peut pinailler sur les détails, ce n'est pas ça que je voulais dire. Ce que je voulais dire c'est que tous les généticiens que je connaissent disent "il n'y a pas de recombinaisons chez la Droso mâle", et c'est tout, et tout le monde comprend "recombinaison"' dans mon sens, et pas dans le tien. Quand toi même dis qu'il y a plus de recombinaisons chez les femmes que chez les hommes, tu parles de recombinaisons selon ma définition, et pas selon la tienne (le taux de rééchantillonnage des locus non-liés sera de 0.5 dans tous les cas). Quand on parle de recombinaisons ectopiques, ou de recombinaison non-homologue, on parle de recombinaison selon ma définition. La recombinase est une enzyme impliquée dans la recombinaison, définition moderne, et pas dans "les recombinaisons", définition ancienne. Tu vois, toi-même utilises systématiquement la définition moderne par défaut, mais tu maintiens l'ambiguité quand tu parles de génétique formelle. Alors je veux bien que des disciplines différentes peuvent avoir des définitions différentes, mais je pense qu'il est nécessaire de constater que la définition de "recombinaison" a glissé, et que ce glissement est irréversible, et sain par dessus tout (car la définition classique est très ambigue sur les mécanismes impliqués -- par nature je dirais, puisqu'elle date d'avant la connaissance desdits mécanismes).

    Par ailleurs, il est faux que les procaryotes ont un chromosome

    Oui bon d'accord, il y a les plasmides aussi et tout un tas de trucs dans les procaryotes, mais ces chromosomes ne sont pas homologues et leur répartition dans les cellules filles n'a rien à avoir avec une méiose, à ma connaissance. D'ailleurs, pour soutenir mon propos, il ne viendrait à personne l'idée de parler de "recombinaison" pour désigner cette répartition, et ce même s'il en résulte une transmission asymétrique d'un caractère.