Attention quand même, le concept d'un droit d'auteur au service du capitalisme est un contresens historique. Le droit d'auteur qui a émergé au XIXe siècle l'a été sous l'impulsion des auteurs pour lutter contre les éditeurs. Il donne aux auteurs (et non aux éditeurs) le contrôle de la commercialisation des oeuvres, et c'est une victoire importante pour les auteurs puisqu'auparavant, ils ne pouvaient prétendre à aucune rémunération sur les ventes.
Je ne sais pas si le droit d'auteur est "anticapitaliste", mais il est en tout cas conçu pour obliger les éditeurs à partager leurs profits avec les auteurs.
S'il est autant profitable aux capitalistes modernes, c'est parce que 1) les capitalistes sont les seuls à pouvoir financer de grosses productions (cinéma, musique, logiciels, …) et bénéficient donc de ce droit pour leurs propres oeuvres, 2) les auteurs ont vite compris que les capitalistes étaient très forts pour générer des profits et qu'il vallait mieux signer des contrats avec eux (et de toucher une partie de beaucoup de $$$) plutôt que de toucher l'intégralité de pas grand chose. Dans tous les cas, même aujourd'hui, le droit d'auteur reste très puissant face au capitalisme; à ce que je sais le code GPL pondu par un gugusse tout seul dans son garage reste bien protégé des vélléités des GAFAM. Le droit d'auteur fonctionne donc toujours très bien dans le rôle anticapitaliste qui lui a été assigné il y a 200 ans.
Je voulais justement faire remarquer que c'est extrêmement subjectif.
Bof, c'est surtout toi qui le rend subjectif. En urbanisme, la distance de marche est entre 500m et 1km (5 à 10 minutes). C'est par exemple typiquement la distance des stations de métro, entre les écoles primaires, c'est la distance à partir de laquelle des lignes de bus sont mises en place pour le ramassage scolaire, etc.
Dire "c'est subjectif parce qu'un bon randonneur peut sans problème marcher 10 km", ça revient à refuser la discussion. Personne ne veut marcher 3km avec un sac plein de courses, et même 2 km sont assez inaccessibles pour les personnes âgées et pour les enfants en bas âge.
Certes, mais dans l'absolu ça pose quand même un problème d'état de droit, non? Tu as des entreprises, probablement basées en France, probablement enregistrées légalement, qui payent des impôts et qui embauchent des gens avec un contrat de travail, et dont l'activité est 100% illégale. Tu as des artisans et des professionnels qui contractent avec ces entreprises dont l'activité est illégale, afin d'élargir leur base de (pigeons) clients, enrichie par définition en personnes vulnérables, auxquelles ils espèrent probablement vendre des trucs dont ils n'ont pas besoin à des prix largement supérieurs à ceux du marché. Et on a l'impression que c'est normal, qu'il faut que les gens apprennent à se défendre, que ça n'est pas si mauvais que les petits vieux claquent leurs économies dans des trucs débiles dont ils n'ont pas besoin… Mais non, on marche sur la tête: les lois existent pour protéger les gens; si les lois ne sont pas respectées, les gens qui se font avoir ne sont pas "naïfs", ils sont victimes d'escrocs et la société doit les protéger : la police, la justice, mais aussi les banques et les opérateurs téléphoniques.
Par exemple, quels sont tes droits à faire respecter la RGPD quand ton interlocuteur ne décline pas son identité? C'est quoi la différence avec le crime organisé?
Idem, j'ai eu souvent des appels de numéros qui ressemblent au mien.
Tu ne peux rien attendre de boites comme ça (qu'ils respectent le RGPD, qu'ils effacent ton numéro, qu'ils ne t'appellent pas le week-end, etc), puisqu'ils n'ont absolument rien à faire des règles. Ces débiles vont juste réussir à tuer le principe du téléphone, plus personne ne répondra quand on les appellera, ou bien on va configurer des IA pour filtrer les appels…
Ce que tu décris est le fruit d'un urbanisme aberrant
Ce qu'ils étaient bêtes les gens du passé, ils ne connaissaient pas le futur…
Dire des choses comme ça ne résoud rien. Et en plus c'est assez faux, puisque l'idée de faire des grands centres commerciaux qui désservent des bassins de population de centaines de milliers d'habitants est de rendre les commerces spécialisés rentables. À part dans les hyper-centres très denses, les boutiques spécialisées ne peuvent pas exister. Tu ne peux pas imaginer avoir un luthier, un vendeur d'imprimantes 3D, ou une librairie de mangas à distance de marche sur une agglomération urbaine. Ça n'est même pas possible pour un fleuriste, une maroquinerie, ou une bijouterie. C'est mécanique. Par exemple, en France, tu as environ 9000 bijouteries, donc en gros une pour 8000 habitants. Dans une zone comme l'aire urbaine de Paris, la densité de population moyenne est de 800 hab / km2, donc tu devrais avoir une bijouterie pour 10km2: seulement ~40% de la population environ est à distance de marche d'une bijouterie (1 km aller).
Mais on peut très bien se passer des grandes zones commerciales établies en dehors des villes pour tous les achats courants.
Oui… parce qu'on peut commander en ligne, par exemple.
L'achat de vêtements ou a fortiori d'équipements pour la maison, ce sont des choses exceptionnelles.
… qu'on peut commander en ligne?
Parce qu'en fait, tu enfonces des portes ouvertes. Personne ne commande du pain ou du lait sur Amazon. Quand tu as des commerces de proximité aux prix abordables, pour les produits frais ou lourds, ça n'a aucun sens (économique, écologique, et pratique) de les commander et d'attendre plusieurs jours pour se les faire livrer.
Et le commerce en ligne n'est pas une mode inventée par Amazon. Mes grands parents commandaient déja leurs vêtements sur La Redoute, et leurs meubles livrés par la Sernam. Toujours les mêmes raisons : pas de boutiques à proximité, et commerces des centre-villes trop luxueux et pas assez de stock. La concentration de gros stocks dans des grands entrepots localisés dans des zones où le foncier n'est pas cher permet d'avoir de gros catalogues, et une grosse logistique de livraison, qui fait baisser les coûts et donc d'être plus attractif et plus compétitif que les petits commerces de détail.
Dans le document, une unité urbaine, c'est 2000 habitants, donc ça brasse large. Après, c'est aussi une réalité qu'environ 50% des français vivent dans des unités urbaines de >100000 habitants, mais ça ne veut pas du tout dire qu'on a des magasins à distance de marche. Il y a des quartiers très résidentiels, éloignés des centres commerciaux. Même en région Parisienne, les grands centres commerciaux (où on trouve ce qu'on ne trouve pas dans les superettes) sont éloignées de plusieurs dizaines de km; ce sont des centres énormes organisés pour et autour de la voiture, auxquels il n'est parfois même pas possible d'accéder à pied.
Bref, faire les courses à pied, même en zone urbaine, c'est parfois possible pour le pain et les légumes, mais c'est à peu près tout. Seuls les centre-villes ont réellement accès à des commerces, et il y a peu de centre-villes dans les unités urbaines.
Les numéros sont usurpés et parler ne sert à rien, pas moyen d'avoir la moindre information sur l'entreprise qui t'appelle. J'imagine que la seule manière de pouvoir faire quelque chose d'utile est d'accepter qu'elle envoie un professionnel avec qui tu auras un contact direct; tu pourras alors l'identifier et le dénoncer à la répression des fraudes.
J'ai juste l'impression que depuis le renforcement des procédures contre le télémarketting, le secteur a simplement basculé dans l'illégalité complète : ils n'utilisent plus les numéros associés, ils mentent comme pas permis (ils racontent tous qu'ils sont mandatés par divers ministères), ils ne te donnent plus accès à leur base de données pour que tu puisses effacer tes informations, et ils raccrochent dès qu'ils estiment que tu n'es pas leur cible. Le seul avantage, c'est qu'en général tu entends que c'est un robot qui appelle; il y a toujours un délai avant que la conversation ne débute, donc il faut directement raccrocher sans chercher à comprendre, je ne vois pas d'autre solution.
Bah si c'est complètement con autant pour des raisons politiques, sociales qu'écologiques.
Ton argument, c'est donc que les gens qui ne pensent pas comme toi sont des cons?
Tu peux insulter qui tu veux, mais en tout cas pour l'instant c'est bien toi qui a envoyé un graphique qui montre le contraire de ce que tu prétends (quand on n'habite pas à distance de marche du magasin, commander en ligne est la solution la plus écologique).
Je ne sais pas ce que tu appelles une généralité, mais il me semble tout à fait plausible qu'une majorité de français habitent à plusieurs kilomètres du magasin de chaussures le plus proche. Pour moi c'est probablement dans les 10 km par exemple.
Mais si tu y tiens, tu es a une distance suffisamment faible pour y aller à pied ou à vélo.
10 km aller/retour à pied? Il y a des moments où le militantisme peut faire raconter n'importe quoi.
Si tu es à distance de marche d'un magasin qui vend A, tu as 4 options, dans l'ordre de préférence:
Tu vas acheter au magasin
Tu commandes par click & collect et tu vas le chercher au magasin
Tu commandes et te fais livrer au relais colis (peut-être au magasin)
Tu commandes et te fais livrer à domicile
Si tu n'es pas à distance de marche d'un magasin qui vend A, mais à distance de marche d'un relais colis:
Tu commandes sur Internet et te fais livrer au relais colis
Tu commandes et te fais livrer à domicile
Tu vas au magasin en voiture
Si tu n'es pas à distance de marche d'un magasin et pas à distance de marche d'un relais colis:
Tu commandes et te fais livrer à domicile
Tu commandes et te fais livrer en relais colis auquel tu vas en voiture
Tu vas au magasin en voiture
Tu peux donc voir que l'achat en magasin n'est plus écologique que dans un seul cas : tu as près de chez toi, à distance de marche, un magasin qui vend le produit que tu souhaites acheter. Sauf qu'il faut en plus que a) le magasin soit ouvert quand tu es disponible, b) que l'article que tu souhaites acheter soit facilement transportable à pied, c) que tu sois suffisamment aisé pour ne pas être concerné par la différence éventuelle de prix.
C'est bien d'habiter dans un coin où il y a des commerces à distance de marche, mais c'est quand même pas si fréquent. Dès qu'on s'éloigne des centre-villes, les commerces se raréfient; on trouve parfois de la nourriture (boulangerie, superettes), mais ça s'arrête assez rapidement.
Les gens ne sont pas complètement idiots. S'ils commandent des trucs par Amazon plutôt que d'aller à la boutique du coin, c'est parce que c'est plus pratique, plus rapide, et moins cher. Ils continuent à aller chercher leur pain à la boulangerie parce que c'est plus rapide et moins cher que de se le faire livrer. Ce n'est pas avec des infographies que tu les convainqueras d'aller acheter leurs habits dans des boutiques de centre-ville, où il y a 3 modèles en stock et où il faut demander au vendeur pour connaitre les prix. Ce n'est juste pas le même service.
Commander en ligne par exemple est plus mauvais du point de vue des émissions de CO2.
Ce n'est pas du tout ce que dit le lien. Il dit que la meilleure option est "magasin à pied", ensuite tu as "Relais-colis à pied", "livraison à domicile", "relais colis en voiture", et "magasin en voiture" est très mauvais. Donc à la limite, tu peux conclure que vivre en centre-ville dense est probablement la meilleure solution en termes de CO2, mais que dès que tu n'es pas à distance de marche d'un magasin, il vaut mieux commander en ligne que d'y aller dans tous les cas.
La part des datacentres est largement sous-estimées
L'argument se tient, mais tu vois bien que les marges d'erreur sont gigantesques. Il ne semble y avoir aucune donnée sur la localisation des services en-ligne consommés par les français, mais prendre le mix électrique mondial ne semble pas terrible comme idée, parce que son empreinte carbone est tirée vers le haut par la Chine et l'Inde (et les USA). Je veux bien qu'on sollicite les data-center US quand on fait une requête depuis la France, mais ça m'étonnerait beaucoup que les données viennent d'Inde ou de Chine. Et comme il est dit dans le rapport, le streaming ne consomme que peu d'électricité côté serveur.
Il y a un truc que je me demande aussi, c'est s'il est moral d'inclure dans les données de consommation (et donc de mettre à la charge morale des consommateurs) les Po de données privées volées par les requins du web, leur analyse et leurs échanges sur des plate formes de data brokers, pour être re-servies sous forme de pub.
Cela fait beaucoup pour générer des starter packs !
Si on part sur 2 milliards d'utilisateurs (il semble y avoir 1.8 milliards de comptes gmail par exemple), ça fait 15 kWh par utilisateur tous les ans; l'ordre de grandeur c'est donc environ 0.7% de la consommation d'un français moyen. Là aussi tu peux comparer la consommation de Google avec ta consommation personnelle : sur un ordinateur fixe, utiliser les produits de Google (mail, maps, youtube, etc) plus de 25 minutes par jour te fait dépasser la consommation de Google. Donc, si tu utilises un ordinateur (fixe ou portable), tu consommes probablement bien plus que Google quand tu utilises leurs produits (c'est le contraire avec un téléphone, puisque les téléphones sont très sobres).
Au moins les gens dans un bus cela sert à quelque chose !
Les emails et les moteurs de recherche ne servent à rien? J'ai du mal à suivre le raisonnement quand même…
Comme explicité dans le lien d'origine, les impacts du numérique sont plutôt faibles par rapport aux services rendus. Par exemple, pouvoir régler une formalité à distance plutôt que de se déplacer, commander en ligne plutôt que d'aller dans un centre commercial, regarder un film en streaming plutôt que d'aller au cinéma, etc. Pour la caricature, on peut évidemment parler des vidéos de chat ou de jouer avec les IA, mais quand on regarde les effets du numérique à large échelle, c'est une technologie peu polluante comparée à l'industrie traditionnelle.
Cette vidéo confirme que 80 à 90% de l'impact CO2 des activités numériques en général viennent du terminal des utilisateurs (PC, tablette, téléphone). Les estimations fournies sont de l'ordre de 50g eq CO2/h de streaming, donc moins de 500kg par an si on stream 24h/24 (5% des émissions d'un citoyen lambda).
J'imagine que la rumeur persistante qui attribue l'empreinte écologique du numérique aux GAFAM et aux multinationales sert aussi à déculpabiliser : une recherche Google consommerait l'équivalent d'un café, ouh lala Google détruit la planète. La mode est à reporter ces coûts sur l'IA, ça n'est plus Google mais l'IA qui détruit la planète. Mais en fait c'est assez faux, les data centers c'est comme les transports en commun, ils mutualisent les coûts environnementaux parce que c'est l'intérêt des multinationales que d'optimiser leur utilisation. Un bus consomme plus qu'une voiture, mais si dans le bus il y a 50 personnes, alors le bus est une solution bien plus sobre. Pour le numérique c'est pareil, un serveur dans un datacenter demande plus de ressources qu'un PC, mais comme des centaines ou des milliers de personnes mutualisent ce serveur, le coût écologique par utilisateur est négligeable.
En fait, Android est libre, c'est un OS basé sur un noyau Linux, et dans une grande majorité les licences associées sont GPL / Apache. La situation n'est donc absolument pas comparable avec un PC vendu avec Windows par exemple. Par contre, Android n'est pas une distribution communautaire, donc le public ne peut pas voir et intervenir dans son développement, ce qui n'empêche pas le logiciel d'être libre.
En pratique, ce qui empêche tout un chacun d'installer des distributions alternatives sur leur smartphone, c'est multifactoriel, mais il y a des aspects hardware (comme il n'existe pas d'interface normalisée entre l'OS et le matériel sur ces machins ARM comme il peut en exister sur les PC, le support matériel est bien plus complexe et il faudrait essentiellement une image de la distribution pour chaque modèle de téléphone), et des aspects commerciaux (le fait que la plupart des vendeurs de smartphone bloquent les droits des utilisateurs pour de multiples raisons, qui rendent encore plus difficile et potentiellement "dangereux" pour le matériel l'installation d'OS alternatifs).
il y a sans doute quelque chose qui m'échappe dans la complexité à développer un tel système
Sans être plus expert que toi, je crois que le problème n'est pas de sortir une image qui fonctionne sur un modèle particulier. Le problème c'est de faire fonctionner ta distribution avec une multitude de modèles. D'ailleurs, la plupart des constructeurs n'installent pas la version officielle d'Android, ils développement une version patchée pour fonctionner avec leur hardware, avec des pilotes ou des micrologiciels pas forcément libres; cette complexité explique aussi certainement le manque de support à long terme. Tu imagines que si même Samsung a du mal à sortir des OS rétrocompatibles avec leurs modèles d'il y a 2 ans, la tâche de faire fonctionner un système sur des modèles de plusieurs marques, de tester les mises à jour dans cette jungle, et de gérer les bugs et les problèmes de compatibilité ne semble pas à la portée d'une communauté.
(par contre ça a l'air très lissé, je ne suis pas sûr si ça n'est pas le résultat d'un modèle).
Mais en 2025, ça me semble moins sauter au yeux que le chômage n'a pas augmenté depuis 1960.
C'est parce que 1960 est le minimum sur les 200 dernières années. Mais disons que depuis les chocs pétroliers (~ 1980), la productivité a fait +50% et le chomage structurel semble constant.
Moi aussi. C'est juste une liste d'arguments dont la plupart sont factuellement faux, et la plupart sont également complotistes (l'idée que les LLM ont été conçus pour manipuler les réseaux sociaux, c'est confondre la motivation de la conception et l'utilisation qui en est faite). C'est ce qui arrive quand tu pars de la conclusion; l'idée c'est "l'IA c'est de la m*** et ça devrait être interdit", et une longue liste d'arguments est reconstituée n'importe comment pour tenter de convaincre, sans aucune considération pour la qualité de l'argumentation (il faut juste mettre un grand nombre de trucs).
Comme d'habitude, il faut 10 minutes pour écrire une page d'arguments absurdes, et il faudrait des jours pour les réfuter. L'argument du copyright est par exemple totalement contradictoire. Ça fait 30 ans sur ce site que tout le monde hurle contre le propriétaire, contre la main-mise des multinationales sur la culture qui devrait être dans le domaine public, etc, et là, paf, les IA se nourrissent de contenu copyrighté pour sortir du 100% domaine public à volonté et tout un coup on s'offusque, "oh lala, les pauvre multinationales de l'industrie de la culture, ils sont volés". Le foutage de tronche intégral. Et au passage, l'argument du changement de licence du code libre c'est une hallucination. Ça vient probablement d'UN tweet il y a plusieurs années sur la première version de Github copilot qui était surparamétrée et qui pouvait sortir, lors de requêtes très spécifiques, des blocs de code entiers et des bouts de licence. N'importe quel utilisateur des générateurs de code modernes sait que cet argument est du 100% bullshit, un LLM bien paramétré ne sort jamais un bloc de données d'entrainement reconnaissable. Cette idée, c'est de l'hallucination non-IA; l'entrainement des LLM avec du code GPL et la publication des sorties de ce modèle sous domaine public sont entièrement compatibles avec l'esprit et la lettre des licences libres, car la sortie n'est pas un travail dérivé au sens de la propriété intellectuelle. Certains regrettent peut-être ne pas avoir anticipé une telle situation, et d'avoir publié leur logiciel sous une licence qui permet l'aspiration et l'étude de leur code par des algorithmes, mais c'est du ouin-ouin, et ça n'est certainement pas un argument contre l'IA. (l'aspiration illégale d'oeuvres culturelles, ça l'est éventuellement plus, mais ça n'est pas de ça dont on parle ici).
Parmi les arguments débiles contre l'IA, il y a aussi l'histoire de "c'est juste des méthodes de complétion automatiques". Quand tu comprends les progrès théoriques et technologiques qu'il y a eu sur les 5 dernières années sur les modèles de langage, ça revient à dire qu'un moteur thermique c'est juste du feu. Mais évidemment, ça ne colle pas avec l'argument de la "hype", comme quoi ça serait des jouets sans avenir et que de la com'. Alors on préfère rester sur "hin hin en fait ça fait des trucs triviaux", mais c'est complètement faux.
Bah oui, ça n'est pas contradictoire. La croissance c'est la croissance du PIB, et le PIB mesure le flux d'argent, donc il est possible de le faire croitre "indéfiniment".
Je n'ai pas dit que c'était une bonne mesure de la richesse à long terme, notamment justement parce que ça mesure le flux et pas le stock. Si tu extrait toutes tes ressources minières (par ex l'Arabie Saoudite), tu vas avoir un PIB de brutasse, mais tu ne mesures pas à quel point tu t'apauvris sur le long terme. Pareil si tu détruis l'environnement.
Peut-être qu'un argument est que tout le monde se fiche de la richesse à long terme, ce qui importe (pour les élections par exemple) c'est l'impression instantanée de richesse.
C'est le soucis du PIB, il évalue la production et l'échange de ressources, il n'évalue pas un patrimoine existant.
Je ne suis pas certain qu'il existe un seul économiste qui pense que le PIB est un bon indicateur ni que l'optimiser est un objectif intéressant. Le PIB mesure le flux de pognon, y compris l'argent de la drogue, de la corruption, et les revenus de la vente des bijoux de famille; ça n'est donc pas un bon indicateur de la richesse future.
Tant que le mouvement anti-IA sera porté par l’ignorance et l’auto-intoxication (et parfois malheureusement le mensonge), le mouvement anti-IA n’ira nulle part.
C'est d'ailleurs assez ironique qu'un reproche majeur fait aux LLM (le fait qu'ils peuvent parfois halluciner des trucs complètement faux mais les énoncer d'un ton docte) est exactement la tactique employée par les anti-AI :-)
moi même je pourrais vivre sans travail. Je sais comment m'occuper.
Mais est-ce que tu peux subvenir à tes besoins sans travail?
Le soucis est la répartition de la richesse
Mais c'est aussi la production de la richesse, tu dois produire avant de répartir, et l'accaparement d'une partie de la richesse par ceux qui la produisent est nécessaire pour maintenir leur motivation à le faire (autrement il n'y a plus rien à partager).
Cela me paraît particulièrement malsain de pousser à l'évolution de cette techno sans avoir au préalable mis en place de quoi rendre la situation acceptable. C'est une fuite en avant.
L'histoire de l'humanité est une fuite en avant. Est-ce qu'on a "mis en place de quoi rendre la situation acceptable" quand on a développé l'imprimerie, l'industrie, l'automobile, le transport aérien, la contraception, la technologie nucléaire? L'amélioration de l'hygiène a permis une réduction drastique de la mortalité infantile, donc une augmentation dingue du taux de croissance de la population, avec tout un tas de conséquences (dégradation de l'environnement, modifications sociétales, dilution des héritages…); est-ce qu'il aurait fallu "mettre en place de quoi rendre la situation acceptable" avant d'imposer les égouts, le savon, et les antibiotiques? Est-ce que Torvalds ou Stallman auraient dû organiser des groupes de reflexion pour savoir s'ils fallaient qu'ils se lancent, en prédisant les pertes d'emploi dans l'industrie du logiciel proprio? On peut se gargariser d'un ton docte sur le mode "asseyons-nous et réfléchissons aux conséquences avant de décider collectivement si une technologie doit être autorisée et encouragée", mais tu veux faire quoi? Des Grenelle, des commissions, des rapports, des discours, des consultations citoyennes, bref, brasser du vent? C'est ça l'avenir souhaité, une société de doctes gargariseurs qui ne font rien à part deviser, sans jamais rien décider au final? Est-ce que ça n'est pas le meilleur moyen pour devenir une annexe de la Chine en 2050, le pays des gargariseurs, qui glosent sans fin sur un avenir qu'ils ne peuvent pas connaitre?
Évidemment que quand on fait quelque chose on prend le risque de faire des erreurs. Mais quand on fait rien du tout on est certain qu'on va finir écraser par un monde qui évolue et qu'on ne comprends plus. S'il y a des choses à mettre en place, c'est un accompagnement par des règles éthiques, environnementales et économiques, mais des moratoires pour laisser les gloseurs gloser, c'est laisser les clés du monde aux glandus.
Mais si Anthropic "gagne" la course, je ne vois pas trop ce que cela changera en pratique en fait. Cela ressemble plus à une excuse pour faire du business as usual et à participer à une prophétie auto réalisatrice que d'avoir contribué à améliorer le sort de l'Humanité.
J'ai l'impression que c'est l'idée de "l'outil entraine des gains de productivité qui vont entrainer du chômage ce qui va rendre les gens malheureux", qui n'est pas vraiment un argument : c'est une sorte de constatation (un peu comme "on va tous mourir"), ça ignore qu'une grande majorité de nos concitoyens associent leur bonheur à leur pouvoir d'achat (donc à des gains de productivité perpétuels), qu'inventer des outils ça définit notre espèce, qu'une fois inventé un outil ne peut être "désinventé" (il y a une orientation de la flèche du temps dans l'histoire des idées). Et le plus gros problème à mon avis, c'est que l'alternative ("privons-nous d'outils existants pour maintenir une masse de travail pour nous occupper") semble non-seulement économiquement absurde, mais en plus psychologiquement aliénante; il y a deux contextes dans lesquels on se permet de faire à la main ce qu'une technologie permettrait de faire facilement : les loisirs et les camps de concentration.
La croissance fait référence à la croissance du PIB, pas à la croissance de l'extraction des ressources minières (référence à la masse de la Terre).
Même en termes de ressources naturelles et de secteur primaire, si tu prends par exemple l'amélioration génétique des variétés cultivées, c'est de l'augmentation "pure" de rendement sans puiser plus dans le stock des ressources. Ça serait pareil pour une méthode d'extraction améliorée qui permettrait d'extraire plus de métaux d'une même quantité de minerais, par exemple.
Tu pourrais donc très bien imaginer ton espèce de sigmoide avec une asymptote oblique, qui correspondrait aux gains de productivité sans extraction de ressources supplémentaires.
Si ton point d'inflexion est dans 50,000 ans, le modèle exponentiel pur reste un bon modèle. Et ça, ça dépend de notre capacité à découpler la croissance du PIB des ressources naturelles non-renouvelables.
Sans être spécialiste, il semble que la croissance du PIB repose principalement sur l'énergie, ça c'est dur à découpler. Mais c'est énergie/CO2 qui est possible de découpler—je sais que Jancovici est pessimiste là-dessus, parce que jusqu'à récemment ça semblait impossible, mais un mélange de politique et de progrès technologiques rend visiblement le découplage possible.
On sait que les transports terrestres n'ont pas besoin d'énergie fossile, on sait aussi que beaucoup d'industries peuvent s'en passer également (mais au prix de lourds investissements), ainsi que le résidentiel (chauffage et clim); si l'électricité n'est pas chère il est même possible qu'il n'y ait pas de surcoût dans certains secteurs.
Pour le secteur tertiaire, je parlais de mon exemple de coiffeur. D'une manière générale, il est plus facile de décarboner le tertiaire que les autres secteurs, c'est d'ailleurs en cours, d'après le site que tu as mis en lien : les surfaces de bureau augmentent mais l'empreinte carbone diminue. Reste les équipements et les services (informatique notamment), mais pour ça il faut évidemment considérer le problème au niveau mondial. Si les usines dans lesquelles tes ordinateurs sont fabriqués carburent au charbon, ton empreinte carbone sera beaucoup plus forte.
Tu peux avoir une croissance du PIB due à la croissance des services, et pas de la production industrielle.
Disons que je suis coiffeur et que tu es coach sportif.
En janvier, on n'a pas un rond ni l'un ni l'autre, je ne peux pas me payer de coach et tu ne peux pas avoir de coupe de cheveux. Le PIB est à 0€.
En février, je trouve un billet de 20€ par terre, j'ai de quoi me payer une séance de coaching à 20€, et avec cet argent tu as de quoi te payer une coupe de cheveux à 20€. Le PIB est à 40€.
En mars, je me fais une séance de coaching et tu te payes une coupe de cheveux; on a toujours 20€ chacun, on refait pareil le 15 du mois, et on a donc eu deux fois plus de services chacun que le mois d'avant; le PIB est à 80€.
On a donc augmenté le PIB tous les mois, on a du boulot tous les deux, et notre activité de service n'a que très marginalement tapé dans les ressources naturelles. En faisant circuler le pognon plus vite on est plus riche, et notre richesse augmente bien plus que le stock de pognon.
Et si tu penses que dans le monde réel, le PIB est couplé aux ressources naturelles, bah c'est pas complètement vrai (pense à la Suisse), et ça n'est de toutes manières pas une fatalité (par exemple, on avait toutes les raisons de penser que le PIB était totalement couplé à la consommation énergétique, jusqu'à ce que les deux commencent à se découpler dans certains pays sous l'effet de politiques environnementales).
Normalement, la justification des salaires plus élevés pour les travailleurs qualifiés est la rémunération a posteriori de l'investissement dans les années d'études.
Je n'ai jamais été convaincu par ça, j'ai juste l'impression que le salaire est globalement une conséquence de l'état de l'offre et de la demande dans chaque secteur, avec une limite au niveau de la rentabilité (marginale) de l'employé au moment de l'embauche. En gros, si employer un ingénieur te permet de gagner 100k€ par an, c'est ton plafond. Tu vas regarder le marché du travail, et si tu peux embaucher à 60k€, tu vas le faire. Si employer un ouvrier te fait gagner 20k€ par an, tu regardes le marché du travail, et tu es sous le salaire minimum; tu ne vas donc pas embaucher.
Du coup, si pour devenir ouvrier il fallait bac + 8, le salaire d'un ouvrier ne passerait pas magiquement à 100k€. C'est juste que les étudiants s'adaptent et ne lancent pas dans des études longues sans perspectives de carrière. Il n'y a qu'à regarder les très bas salaires proposés dans les filières "passion" (style histoire de l'art) pour voir que cette histoire de rémunération des études c'est du bullshit. Ce qui compte c'est la rareté du profil par rapport aux besoins, quitte d'ailleurs à fabriquer artificiellement cette rareté par des numerus clausus pour garder des salaires hauts.
# Contresens historique
Posté par arnaudus . En réponse au journal Libre est Queer. Évalué à 3 (+2/-2).
Attention quand même, le concept d'un droit d'auteur au service du capitalisme est un contresens historique. Le droit d'auteur qui a émergé au XIXe siècle l'a été sous l'impulsion des auteurs pour lutter contre les éditeurs. Il donne aux auteurs (et non aux éditeurs) le contrôle de la commercialisation des oeuvres, et c'est une victoire importante pour les auteurs puisqu'auparavant, ils ne pouvaient prétendre à aucune rémunération sur les ventes.
Je ne sais pas si le droit d'auteur est "anticapitaliste", mais il est en tout cas conçu pour obliger les éditeurs à partager leurs profits avec les auteurs.
S'il est autant profitable aux capitalistes modernes, c'est parce que 1) les capitalistes sont les seuls à pouvoir financer de grosses productions (cinéma, musique, logiciels, …) et bénéficient donc de ce droit pour leurs propres oeuvres, 2) les auteurs ont vite compris que les capitalistes étaient très forts pour générer des profits et qu'il vallait mieux signer des contrats avec eux (et de toucher une partie de beaucoup de $$$) plutôt que de toucher l'intégralité de pas grand chose. Dans tous les cas, même aujourd'hui, le droit d'auteur reste très puissant face au capitalisme; à ce que je sais le code GPL pondu par un gugusse tout seul dans son garage reste bien protégé des vélléités des GAFAM. Le droit d'auteur fonctionne donc toujours très bien dans le rôle anticapitaliste qui lui a été assigné il y a 200 ans.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 0 (+0/-3).
Bof, c'est surtout toi qui le rend subjectif. En urbanisme, la distance de marche est entre 500m et 1km (5 à 10 minutes). C'est par exemple typiquement la distance des stations de métro, entre les écoles primaires, c'est la distance à partir de laquelle des lignes de bus sont mises en place pour le ramassage scolaire, etc.
Dire "c'est subjectif parce qu'un bon randonneur peut sans problème marcher 10 km", ça revient à refuser la discussion. Personne ne veut marcher 3km avec un sac plein de courses, et même 2 km sont assez inaccessibles pour les personnes âgées et pour les enfants en bas âge.
[^] # Re: C'est connu
Posté par arnaudus . En réponse au journal Recrudescence des appels téléphoniques "marketing". Évalué à 4 (+1/-0). Dernière modification le 11 juillet 2025 à 11:33.
Certes, mais dans l'absolu ça pose quand même un problème d'état de droit, non? Tu as des entreprises, probablement basées en France, probablement enregistrées légalement, qui payent des impôts et qui embauchent des gens avec un contrat de travail, et dont l'activité est 100% illégale. Tu as des artisans et des professionnels qui contractent avec ces entreprises dont l'activité est illégale, afin d'élargir leur base de (pigeons) clients, enrichie par définition en personnes vulnérables, auxquelles ils espèrent probablement vendre des trucs dont ils n'ont pas besoin à des prix largement supérieurs à ceux du marché. Et on a l'impression que c'est normal, qu'il faut que les gens apprennent à se défendre, que ça n'est pas si mauvais que les petits vieux claquent leurs économies dans des trucs débiles dont ils n'ont pas besoin… Mais non, on marche sur la tête: les lois existent pour protéger les gens; si les lois ne sont pas respectées, les gens qui se font avoir ne sont pas "naïfs", ils sont victimes d'escrocs et la société doit les protéger : la police, la justice, mais aussi les banques et les opérateurs téléphoniques.
Par exemple, quels sont tes droits à faire respecter la RGPD quand ton interlocuteur ne décline pas son identité? C'est quoi la différence avec le crime organisé?
[^] # Re: 06 90
Posté par arnaudus . En réponse au journal Recrudescence des appels téléphoniques "marketing". Évalué à 10 (+7/-0).
Idem, j'ai eu souvent des appels de numéros qui ressemblent au mien.
Tu ne peux rien attendre de boites comme ça (qu'ils respectent le RGPD, qu'ils effacent ton numéro, qu'ils ne t'appellent pas le week-end, etc), puisqu'ils n'ont absolument rien à faire des règles. Ces débiles vont juste réussir à tuer le principe du téléphone, plus personne ne répondra quand on les appellera, ou bien on va configurer des IA pour filtrer les appels…
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 0 (+0/-3).
Ce qu'ils étaient bêtes les gens du passé, ils ne connaissaient pas le futur…
Dire des choses comme ça ne résoud rien. Et en plus c'est assez faux, puisque l'idée de faire des grands centres commerciaux qui désservent des bassins de population de centaines de milliers d'habitants est de rendre les commerces spécialisés rentables. À part dans les hyper-centres très denses, les boutiques spécialisées ne peuvent pas exister. Tu ne peux pas imaginer avoir un luthier, un vendeur d'imprimantes 3D, ou une librairie de mangas à distance de marche sur une agglomération urbaine. Ça n'est même pas possible pour un fleuriste, une maroquinerie, ou une bijouterie. C'est mécanique. Par exemple, en France, tu as environ 9000 bijouteries, donc en gros une pour 8000 habitants. Dans une zone comme l'aire urbaine de Paris, la densité de population moyenne est de 800 hab / km2, donc tu devrais avoir une bijouterie pour 10km2: seulement ~40% de la population environ est à distance de marche d'une bijouterie (1 km aller).
Oui… parce qu'on peut commander en ligne, par exemple.
… qu'on peut commander en ligne?
Parce qu'en fait, tu enfonces des portes ouvertes. Personne ne commande du pain ou du lait sur Amazon. Quand tu as des commerces de proximité aux prix abordables, pour les produits frais ou lourds, ça n'a aucun sens (économique, écologique, et pratique) de les commander et d'attendre plusieurs jours pour se les faire livrer.
Et le commerce en ligne n'est pas une mode inventée par Amazon. Mes grands parents commandaient déja leurs vêtements sur La Redoute, et leurs meubles livrés par la Sernam. Toujours les mêmes raisons : pas de boutiques à proximité, et commerces des centre-villes trop luxueux et pas assez de stock. La concentration de gros stocks dans des grands entrepots localisés dans des zones où le foncier n'est pas cher permet d'avoir de gros catalogues, et une grosse logistique de livraison, qui fait baisser les coûts et donc d'être plus attractif et plus compétitif que les petits commerces de détail.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 2 (+1/-2).
Dans le document, une unité urbaine, c'est 2000 habitants, donc ça brasse large. Après, c'est aussi une réalité qu'environ 50% des français vivent dans des unités urbaines de >100000 habitants, mais ça ne veut pas du tout dire qu'on a des magasins à distance de marche. Il y a des quartiers très résidentiels, éloignés des centres commerciaux. Même en région Parisienne, les grands centres commerciaux (où on trouve ce qu'on ne trouve pas dans les superettes) sont éloignées de plusieurs dizaines de km; ce sont des centres énormes organisés pour et autour de la voiture, auxquels il n'est parfois même pas possible d'accéder à pied.
Bref, faire les courses à pied, même en zone urbaine, c'est parfois possible pour le pain et les légumes, mais c'est à peu près tout. Seuls les centre-villes ont réellement accès à des commerces, et il y a peu de centre-villes dans les unités urbaines.
[^] # Re: C'est connu
Posté par arnaudus . En réponse au journal Recrudescence des appels téléphoniques "marketing". Évalué à 10 (+7/-0).
Les numéros sont usurpés et parler ne sert à rien, pas moyen d'avoir la moindre information sur l'entreprise qui t'appelle. J'imagine que la seule manière de pouvoir faire quelque chose d'utile est d'accepter qu'elle envoie un professionnel avec qui tu auras un contact direct; tu pourras alors l'identifier et le dénoncer à la répression des fraudes.
J'ai juste l'impression que depuis le renforcement des procédures contre le télémarketting, le secteur a simplement basculé dans l'illégalité complète : ils n'utilisent plus les numéros associés, ils mentent comme pas permis (ils racontent tous qu'ils sont mandatés par divers ministères), ils ne te donnent plus accès à leur base de données pour que tu puisses effacer tes informations, et ils raccrochent dès qu'ils estiment que tu n'es pas leur cible. Le seul avantage, c'est qu'en général tu entends que c'est un robot qui appelle; il y a toujours un délai avant que la conversation ne débute, donc il faut directement raccrocher sans chercher à comprendre, je ne vois pas d'autre solution.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 1 (+1/-3).
Ton argument, c'est donc que les gens qui ne pensent pas comme toi sont des cons?
Tu peux insulter qui tu veux, mais en tout cas pour l'instant c'est bien toi qui a envoyé un graphique qui montre le contraire de ce que tu prétends (quand on n'habite pas à distance de marche du magasin, commander en ligne est la solution la plus écologique).
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à -1 (+0/-4).
Je ne sais pas ce que tu appelles une généralité, mais il me semble tout à fait plausible qu'une majorité de français habitent à plusieurs kilomètres du magasin de chaussures le plus proche. Pour moi c'est probablement dans les 10 km par exemple.
10 km aller/retour à pied? Il y a des moments où le militantisme peut faire raconter n'importe quoi.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 0 (+0/-3).
Bah je sais encore analyser un graphique, merci.
Disons que tu souhaites acheter un objet A.
Si tu es à distance de marche d'un magasin qui vend A, tu as 4 options, dans l'ordre de préférence:
Si tu n'es pas à distance de marche d'un magasin qui vend A, mais à distance de marche d'un relais colis:
Si tu n'es pas à distance de marche d'un magasin et pas à distance de marche d'un relais colis:
Tu peux donc voir que l'achat en magasin n'est plus écologique que dans un seul cas : tu as près de chez toi, à distance de marche, un magasin qui vend le produit que tu souhaites acheter. Sauf qu'il faut en plus que a) le magasin soit ouvert quand tu es disponible, b) que l'article que tu souhaites acheter soit facilement transportable à pied, c) que tu sois suffisamment aisé pour ne pas être concerné par la différence éventuelle de prix.
C'est bien d'habiter dans un coin où il y a des commerces à distance de marche, mais c'est quand même pas si fréquent. Dès qu'on s'éloigne des centre-villes, les commerces se raréfient; on trouve parfois de la nourriture (boulangerie, superettes), mais ça s'arrête assez rapidement.
Les gens ne sont pas complètement idiots. S'ils commandent des trucs par Amazon plutôt que d'aller à la boutique du coin, c'est parce que c'est plus pratique, plus rapide, et moins cher. Ils continuent à aller chercher leur pain à la boulangerie parce que c'est plus rapide et moins cher que de se le faire livrer. Ce n'est pas avec des infographies que tu les convainqueras d'aller acheter leurs habits dans des boutiques de centre-ville, où il y a 3 modèles en stock et où il faut demander au vendeur pour connaitre les prix. Ce n'est juste pas le même service.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 1 (+1/-3).
Ce n'est pas du tout ce que dit le lien. Il dit que la meilleure option est "magasin à pied", ensuite tu as "Relais-colis à pied", "livraison à domicile", "relais colis en voiture", et "magasin en voiture" est très mauvais. Donc à la limite, tu peux conclure que vivre en centre-ville dense est probablement la meilleure solution en termes de CO2, mais que dès que tu n'es pas à distance de marche d'un magasin, il vaut mieux commander en ligne que d'y aller dans tous les cas.
L'argument se tient, mais tu vois bien que les marges d'erreur sont gigantesques. Il ne semble y avoir aucune donnée sur la localisation des services en-ligne consommés par les français, mais prendre le mix électrique mondial ne semble pas terrible comme idée, parce que son empreinte carbone est tirée vers le haut par la Chine et l'Inde (et les USA). Je veux bien qu'on sollicite les data-center US quand on fait une requête depuis la France, mais ça m'étonnerait beaucoup que les données viennent d'Inde ou de Chine. Et comme il est dit dans le rapport, le streaming ne consomme que peu d'électricité côté serveur.
Il y a un truc que je me demande aussi, c'est s'il est moral d'inclure dans les données de consommation (et donc de mettre à la charge morale des consommateurs) les Po de données privées volées par les requins du web, leur analyse et leurs échanges sur des plate formes de data brokers, pour être re-servies sous forme de pub.
[^] # Re: TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 2 (+2/-3). Dernière modification le 09 juillet 2025 à 16:01.
Si on part sur 2 milliards d'utilisateurs (il semble y avoir 1.8 milliards de comptes gmail par exemple), ça fait 15 kWh par utilisateur tous les ans; l'ordre de grandeur c'est donc environ 0.7% de la consommation d'un français moyen. Là aussi tu peux comparer la consommation de Google avec ta consommation personnelle : sur un ordinateur fixe, utiliser les produits de Google (mail, maps, youtube, etc) plus de 25 minutes par jour te fait dépasser la consommation de Google. Donc, si tu utilises un ordinateur (fixe ou portable), tu consommes probablement bien plus que Google quand tu utilises leurs produits (c'est le contraire avec un téléphone, puisque les téléphones sont très sobres).
Les emails et les moteurs de recherche ne servent à rien? J'ai du mal à suivre le raisonnement quand même…
Comme explicité dans le lien d'origine, les impacts du numérique sont plutôt faibles par rapport aux services rendus. Par exemple, pouvoir régler une formalité à distance plutôt que de se déplacer, commander en ligne plutôt que d'aller dans un centre commercial, regarder un film en streaming plutôt que d'aller au cinéma, etc. Pour la caricature, on peut évidemment parler des vidéos de chat ou de jouer avec les IA, mais quand on regarde les effets du numérique à large échelle, c'est une technologie peu polluante comparée à l'industrie traditionnelle.
# TLDR
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’impact climatique du numérique et, notamment, du streaming (et aussi les impacts indirects). Évalué à 3 (+3/-3).
Cette vidéo confirme que 80 à 90% de l'impact CO2 des activités numériques en général viennent du terminal des utilisateurs (PC, tablette, téléphone). Les estimations fournies sont de l'ordre de 50g eq CO2/h de streaming, donc moins de 500kg par an si on stream 24h/24 (5% des émissions d'un citoyen lambda).
J'imagine que la rumeur persistante qui attribue l'empreinte écologique du numérique aux GAFAM et aux multinationales sert aussi à déculpabiliser : une recherche Google consommerait l'équivalent d'un café, ouh lala Google détruit la planète. La mode est à reporter ces coûts sur l'IA, ça n'est plus Google mais l'IA qui détruit la planète. Mais en fait c'est assez faux, les data centers c'est comme les transports en commun, ils mutualisent les coûts environnementaux parce que c'est l'intérêt des multinationales que d'optimiser leur utilisation. Un bus consomme plus qu'une voiture, mais si dans le bus il y a 50 personnes, alors le bus est une solution bien plus sobre. Pour le numérique c'est pareil, un serveur dans un datacenter demande plus de ressources qu'un PC, mais comme des centaines ou des milliers de personnes mutualisent ce serveur, le coût écologique par utilisateur est négligeable.
# Un peu de confusion
Posté par arnaudus . En réponse au message Y aura-t-il un jour l'émergence d'une alternative libre à android ? . Évalué à 10 (+7/-0).
En fait, Android est libre, c'est un OS basé sur un noyau Linux, et dans une grande majorité les licences associées sont GPL / Apache. La situation n'est donc absolument pas comparable avec un PC vendu avec Windows par exemple. Par contre, Android n'est pas une distribution communautaire, donc le public ne peut pas voir et intervenir dans son développement, ce qui n'empêche pas le logiciel d'être libre.
En pratique, ce qui empêche tout un chacun d'installer des distributions alternatives sur leur smartphone, c'est multifactoriel, mais il y a des aspects hardware (comme il n'existe pas d'interface normalisée entre l'OS et le matériel sur ces machins ARM comme il peut en exister sur les PC, le support matériel est bien plus complexe et il faudrait essentiellement une image de la distribution pour chaque modèle de téléphone), et des aspects commerciaux (le fait que la plupart des vendeurs de smartphone bloquent les droits des utilisateurs pour de multiples raisons, qui rendent encore plus difficile et potentiellement "dangereux" pour le matériel l'installation d'OS alternatifs).
Sans être plus expert que toi, je crois que le problème n'est pas de sortir une image qui fonctionne sur un modèle particulier. Le problème c'est de faire fonctionner ta distribution avec une multitude de modèles. D'ailleurs, la plupart des constructeurs n'installent pas la version officielle d'Android, ils développement une version patchée pour fonctionner avec leur hardware, avec des pilotes ou des micrologiciels pas forcément libres; cette complexité explique aussi certainement le manque de support à long terme. Tu imagines que si même Samsung a du mal à sortir des OS rétrocompatibles avec leurs modèles d'il y a 2 ans, la tâche de faire fonctionner un système sur des modèles de plusieurs marques, de tester les mises à jour dans cette jungle, et de gérer les bugs et les problèmes de compatibilité ne semble pas à la portée d'une communauté.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
Bah il y a des chiffres, quand même, c'est pas une opinion. Par ex:
https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/media/20160401/A356079A.GIF
(par contre ça a l'air très lissé, je ne suis pas sûr si ça n'est pas le résultat d'un modèle).
C'est parce que 1960 est le minimum sur les 200 dernières années. Mais disons que depuis les chocs pétroliers (~ 1980), la productivité a fait +50% et le chomage structurel semble constant.
[^] # Re: Ras-le-bol de l’IA ! Résistons !
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 2 (+1/-2). Dernière modification le 03 juillet 2025 à 17:36.
Moi aussi. C'est juste une liste d'arguments dont la plupart sont factuellement faux, et la plupart sont également complotistes (l'idée que les LLM ont été conçus pour manipuler les réseaux sociaux, c'est confondre la motivation de la conception et l'utilisation qui en est faite). C'est ce qui arrive quand tu pars de la conclusion; l'idée c'est "l'IA c'est de la m*** et ça devrait être interdit", et une longue liste d'arguments est reconstituée n'importe comment pour tenter de convaincre, sans aucune considération pour la qualité de l'argumentation (il faut juste mettre un grand nombre de trucs).
Comme d'habitude, il faut 10 minutes pour écrire une page d'arguments absurdes, et il faudrait des jours pour les réfuter. L'argument du copyright est par exemple totalement contradictoire. Ça fait 30 ans sur ce site que tout le monde hurle contre le propriétaire, contre la main-mise des multinationales sur la culture qui devrait être dans le domaine public, etc, et là, paf, les IA se nourrissent de contenu copyrighté pour sortir du 100% domaine public à volonté et tout un coup on s'offusque, "oh lala, les pauvre multinationales de l'industrie de la culture, ils sont volés". Le foutage de tronche intégral. Et au passage, l'argument du changement de licence du code libre c'est une hallucination. Ça vient probablement d'UN tweet il y a plusieurs années sur la première version de Github copilot qui était surparamétrée et qui pouvait sortir, lors de requêtes très spécifiques, des blocs de code entiers et des bouts de licence. N'importe quel utilisateur des générateurs de code modernes sait que cet argument est du 100% bullshit, un LLM bien paramétré ne sort jamais un bloc de données d'entrainement reconnaissable. Cette idée, c'est de l'hallucination non-IA; l'entrainement des LLM avec du code GPL et la publication des sorties de ce modèle sous domaine public sont entièrement compatibles avec l'esprit et la lettre des licences libres, car la sortie n'est pas un travail dérivé au sens de la propriété intellectuelle. Certains regrettent peut-être ne pas avoir anticipé une telle situation, et d'avoir publié leur logiciel sous une licence qui permet l'aspiration et l'étude de leur code par des algorithmes, mais c'est du ouin-ouin, et ça n'est certainement pas un argument contre l'IA. (l'aspiration illégale d'oeuvres culturelles, ça l'est éventuellement plus, mais ça n'est pas de ça dont on parle ici).
Parmi les arguments débiles contre l'IA, il y a aussi l'histoire de "c'est juste des méthodes de complétion automatiques". Quand tu comprends les progrès théoriques et technologiques qu'il y a eu sur les 5 dernières années sur les modèles de langage, ça revient à dire qu'un moteur thermique c'est juste du feu. Mais évidemment, ça ne colle pas avec l'argument de la "hype", comme quoi ça serait des jouets sans avenir et que de la com'. Alors on préfère rester sur "hin hin en fait ça fait des trucs triviaux", mais c'est complètement faux.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
Bah oui, ça n'est pas contradictoire. La croissance c'est la croissance du PIB, et le PIB mesure le flux d'argent, donc il est possible de le faire croitre "indéfiniment".
Je n'ai pas dit que c'était une bonne mesure de la richesse à long terme, notamment justement parce que ça mesure le flux et pas le stock. Si tu extrait toutes tes ressources minières (par ex l'Arabie Saoudite), tu vas avoir un PIB de brutasse, mais tu ne mesures pas à quel point tu t'apauvris sur le long terme. Pareil si tu détruis l'environnement.
Peut-être qu'un argument est que tout le monde se fiche de la richesse à long terme, ce qui importe (pour les élections par exemple) c'est l'impression instantanée de richesse.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
Je ne suis pas certain qu'il existe un seul économiste qui pense que le PIB est un bon indicateur ni que l'optimiser est un objectif intéressant. Le PIB mesure le flux de pognon, y compris l'argent de la drogue, de la corruption, et les revenus de la vente des bijoux de famille; ça n'est donc pas un bon indicateur de la richesse future.
[^] # Re: Ras-le-bol de l’IA ! Résistons !
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 5 (+2/-0).
C'est d'ailleurs assez ironique qu'un reproche majeur fait aux LLM (le fait qu'ils peuvent parfois halluciner des trucs complètement faux mais les énoncer d'un ton docte) est exactement la tactique employée par les anti-AI :-)
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 2 (+1/-2). Dernière modification le 03 juillet 2025 à 12:18.
Mais est-ce que tu peux subvenir à tes besoins sans travail?
Mais c'est aussi la production de la richesse, tu dois produire avant de répartir, et l'accaparement d'une partie de la richesse par ceux qui la produisent est nécessaire pour maintenir leur motivation à le faire (autrement il n'y a plus rien à partager).
L'histoire de l'humanité est une fuite en avant. Est-ce qu'on a "mis en place de quoi rendre la situation acceptable" quand on a développé l'imprimerie, l'industrie, l'automobile, le transport aérien, la contraception, la technologie nucléaire? L'amélioration de l'hygiène a permis une réduction drastique de la mortalité infantile, donc une augmentation dingue du taux de croissance de la population, avec tout un tas de conséquences (dégradation de l'environnement, modifications sociétales, dilution des héritages…); est-ce qu'il aurait fallu "mettre en place de quoi rendre la situation acceptable" avant d'imposer les égouts, le savon, et les antibiotiques? Est-ce que Torvalds ou Stallman auraient dû organiser des groupes de reflexion pour savoir s'ils fallaient qu'ils se lancent, en prédisant les pertes d'emploi dans l'industrie du logiciel proprio? On peut se gargariser d'un ton docte sur le mode "asseyons-nous et réfléchissons aux conséquences avant de décider collectivement si une technologie doit être autorisée et encouragée", mais tu veux faire quoi? Des Grenelle, des commissions, des rapports, des discours, des consultations citoyennes, bref, brasser du vent? C'est ça l'avenir souhaité, une société de doctes gargariseurs qui ne font rien à part deviser, sans jamais rien décider au final? Est-ce que ça n'est pas le meilleur moyen pour devenir une annexe de la Chine en 2050, le pays des gargariseurs, qui glosent sans fin sur un avenir qu'ils ne peuvent pas connaitre?
Évidemment que quand on fait quelque chose on prend le risque de faire des erreurs. Mais quand on fait rien du tout on est certain qu'on va finir écraser par un monde qui évolue et qu'on ne comprends plus. S'il y a des choses à mettre en place, c'est un accompagnement par des règles éthiques, environnementales et économiques, mais des moratoires pour laisser les gloseurs gloser, c'est laisser les clés du monde aux glandus.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
J'ai l'impression que c'est l'idée de "l'outil entraine des gains de productivité qui vont entrainer du chômage ce qui va rendre les gens malheureux", qui n'est pas vraiment un argument : c'est une sorte de constatation (un peu comme "on va tous mourir"), ça ignore qu'une grande majorité de nos concitoyens associent leur bonheur à leur pouvoir d'achat (donc à des gains de productivité perpétuels), qu'inventer des outils ça définit notre espèce, qu'une fois inventé un outil ne peut être "désinventé" (il y a une orientation de la flèche du temps dans l'histoire des idées). Et le plus gros problème à mon avis, c'est que l'alternative ("privons-nous d'outils existants pour maintenir une masse de travail pour nous occupper") semble non-seulement économiquement absurde, mais en plus psychologiquement aliénante; il y a deux contextes dans lesquels on se permet de faire à la main ce qu'une technologie permettrait de faire facilement : les loisirs et les camps de concentration.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
La croissance fait référence à la croissance du PIB, pas à la croissance de l'extraction des ressources minières (référence à la masse de la Terre).
Même en termes de ressources naturelles et de secteur primaire, si tu prends par exemple l'amélioration génétique des variétés cultivées, c'est de l'augmentation "pure" de rendement sans puiser plus dans le stock des ressources. Ça serait pareil pour une méthode d'extraction améliorée qui permettrait d'extraire plus de métaux d'une même quantité de minerais, par exemple.
Tu pourrais donc très bien imaginer ton espèce de sigmoide avec une asymptote oblique, qui correspondrait aux gains de productivité sans extraction de ressources supplémentaires.
Si ton point d'inflexion est dans 50,000 ans, le modèle exponentiel pur reste un bon modèle. Et ça, ça dépend de notre capacité à découpler la croissance du PIB des ressources naturelles non-renouvelables.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 3 (+0/-0).
À peu près tous les pays de l'OCDE, tu as des trajectoires globales et individuelles par exemple ici: https://www.policycenter.ma/sites/default/files/OCPPC-PB1727-FR.pdf
Sans être spécialiste, il semble que la croissance du PIB repose principalement sur l'énergie, ça c'est dur à découpler. Mais c'est énergie/CO2 qui est possible de découpler—je sais que Jancovici est pessimiste là-dessus, parce que jusqu'à récemment ça semblait impossible, mais un mélange de politique et de progrès technologiques rend visiblement le découplage possible.
On sait que les transports terrestres n'ont pas besoin d'énergie fossile, on sait aussi que beaucoup d'industries peuvent s'en passer également (mais au prix de lourds investissements), ainsi que le résidentiel (chauffage et clim); si l'électricité n'est pas chère il est même possible qu'il n'y ait pas de surcoût dans certains secteurs.
Pour le secteur tertiaire, je parlais de mon exemple de coiffeur. D'une manière générale, il est plus facile de décarboner le tertiaire que les autres secteurs, c'est d'ailleurs en cours, d'après le site que tu as mis en lien : les surfaces de bureau augmentent mais l'empreinte carbone diminue. Reste les équipements et les services (informatique notamment), mais pour ça il faut évidemment considérer le problème au niveau mondial. Si les usines dans lesquelles tes ordinateurs sont fabriqués carburent au charbon, ton empreinte carbone sera beaucoup plus forte.
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 4 (+1/-0).
Tu peux avoir une croissance du PIB due à la croissance des services, et pas de la production industrielle.
Disons que je suis coiffeur et que tu es coach sportif.
En janvier, on n'a pas un rond ni l'un ni l'autre, je ne peux pas me payer de coach et tu ne peux pas avoir de coupe de cheveux. Le PIB est à 0€.
En février, je trouve un billet de 20€ par terre, j'ai de quoi me payer une séance de coaching à 20€, et avec cet argent tu as de quoi te payer une coupe de cheveux à 20€. Le PIB est à 40€.
En mars, je me fais une séance de coaching et tu te payes une coupe de cheveux; on a toujours 20€ chacun, on refait pareil le 15 du mois, et on a donc eu deux fois plus de services chacun que le mois d'avant; le PIB est à 80€.
On a donc augmenté le PIB tous les mois, on a du boulot tous les deux, et notre activité de service n'a que très marginalement tapé dans les ressources naturelles. En faisant circuler le pognon plus vite on est plus riche, et notre richesse augmente bien plus que le stock de pognon.
Et si tu penses que dans le monde réel, le PIB est couplé aux ressources naturelles, bah c'est pas complètement vrai (pense à la Suisse), et ça n'est de toutes manières pas une fatalité (par exemple, on avait toutes les raisons de penser que le PIB était totalement couplé à la consommation énergétique, jusqu'à ce que les deux commencent à se découpler dans certains pays sous l'effet de politiques environnementales).
[^] # Re: AI et chômage
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Nouvelles sur l’IA de mai 2025. Évalué à 5 (+2/-0).
Normalement, la justification des salaires plus élevés pour les travailleurs qualifiés est la rémunération a posteriori de l'investissement dans les années d'études.
Je n'ai jamais été convaincu par ça, j'ai juste l'impression que le salaire est globalement une conséquence de l'état de l'offre et de la demande dans chaque secteur, avec une limite au niveau de la rentabilité (marginale) de l'employé au moment de l'embauche. En gros, si employer un ingénieur te permet de gagner 100k€ par an, c'est ton plafond. Tu vas regarder le marché du travail, et si tu peux embaucher à 60k€, tu vas le faire. Si employer un ouvrier te fait gagner 20k€ par an, tu regardes le marché du travail, et tu es sous le salaire minimum; tu ne vas donc pas embaucher.
Du coup, si pour devenir ouvrier il fallait bac + 8, le salaire d'un ouvrier ne passerait pas magiquement à 100k€. C'est juste que les étudiants s'adaptent et ne lancent pas dans des études longues sans perspectives de carrière. Il n'y a qu'à regarder les très bas salaires proposés dans les filières "passion" (style histoire de l'art) pour voir que cette histoire de rémunération des études c'est du bullshit. Ce qui compte c'est la rareté du profil par rapport aux besoins, quitte d'ailleurs à fabriquer artificiellement cette rareté par des numerus clausus pour garder des salaires hauts.