arnaudus a écrit 5317 commentaires

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3.

    Pour les droits d'auteur, il n'y a pas besoin de loi, il y a besoin d'une jurisprudence. Le respect des droits d'auteur, ça a toujours été individuel. Tu penses que tes droits d'auteur n'ont pas été respectés? Alors tu portes plainte pour contrefaçon. C'est comme ça que ça marche si quelqu'un diffuse un de tes logiciels sous GPL sans respecter la licence par exemple. Il n'y a pas besoin de loi, la loi existe déja. Du coup, si tu penses qu'un système automatique produit un travail dérivé à partir de ton travail, tu peux te plaindre. La loi te protège déja. Par contre ça va être un sacré boulot de prouver que le travail est dérivé.

    Ce que je ne sais pas, à vrai dire, c'est la "propreté" de la base de données. Quand tu publies sur Facebook, tu donnes tes droits à Facebook selon les conditions d'utilisation du site. Quand Facebook les revend, il peut le faire parce que tu as donné tes droits. Si tout s'est fait "proprement", je ne vois pas trop comment tu peux te plaindre. Si par contre la base d'apprentissage de chatGPT n'est pas propre, alors tu peux faire valoir tes droits. Mais je ne vois pas à quoi ça sert d'attendre : les lois sont là.

    si comme moi je pense qu'il est plus important de prendre le temps de comprendre les externalités négatives avant d'aller trop loin.

    Je pense qu'on est d'accord sur notre désaccord, donc. 1) je ne pense pas que ça soit possible (c'est un peu comme si tu disais "la sécheresse c'est mal, et ça serait bien que la pluie tombe plus en été"), et 2) je ne pense pas que ça soit une bonne idée du tout (parce que des dizaines de milliards de parents ont toujours dit à leurs enfants "ne met pas tes doigts dans la prise", et que ça a toujours donné l'idée à des dizaines de milliards d'enfants de mettre les doigts dans la prise, c'est la nature humaine de mettre les doigts dans la prise, et le jour où on ne mettra plus les doigts dans les prises c'est que notre espèce aura disparu—peut-être d'ailleurs après avoir mis les doigts dans la mauvaise prise).

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3.

    Des usages débiles et problématiques de ce genre de technologies, on commence à en avoir une certaines collection. Le réglementer n'est pas une ineptie contrairement à ce que tu t'obstine à affirmer.

    Quel usage souhaiterais-tu réglementer, qui ne le soit pas déja? Il est déja illégal de diffuser un montage photographique diffamatoire, de produire un faux document, ou de tricher aux examens.

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 4.

    Tout à fait c'est comme si on disait que maintenant les utilisateurs avaient un droit de regard sur leur données

    Ça n'a absolument aucun rapport. Là, tu veux juste interdire à des entreprises de mettre en place un service parce que… parce que quoi exactement? Parce que des grand-mères à moustaches pensent que c'est peut-être dangereux pour la société. Il n'y a aucun problème de données, de vie privée, de consentement, il y a juste une sorte de vague peur de l'inconnu.

    À ma connaissance, il n'y a aucun projet de loi pour obliger qui que ce soit à utiliser ChatGPT. Je ne vois pas en quoi ceux qui ne souhaitent pas utiliser un tel outil seraient en droit d'empêcher ceux qui souhaitent l'utiliser de le faire.

    Encore une fois, les sites qui proposeront (gratuitement ou non) de tels services vont exister. Ça ne fait aucun doute. Comment veux tu procéder? Tu crées un Firewall national pour empêcher les gens d'accéder à ces URLs? Tu crées un délit d'utilisation de chatbot?

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 4.

    genre interdiction de fournir un accès à un programme entraîné sur X péta-octets ?

    Tu veux interdire les moteurs de recherche? Les analyses de données scientifiques?

    Par exemple, ce qu'on peut encadrer, c'est d'interdire le recours à de tels outils sans que l'utilisateur final ne soit au courant. Par exemple, quand on tombe sur un standard téléphonique, il faudrait rendre obligatoire le fait d'expliquer très clairement qu'on discute avec une IA. On peut aussi faciliter la mise en place d'interdictions ponctuelles de l'utilisation d'un tel outil : dans des copies d'examen, par exemple. Ou même rendre obligatoire une mention du type "ce texte a été en partie rédigé à l'aide d'une technologie d'intelligence artificielle", ce qui éviterait (un peu) les cabinets de conseil d'y avoir recours démesurément.

    Sur le fond, comme de nombreux sites proposant ce type de service moyennant finances ou moyennant cookies existeront, il faudrait complètement brider l'ensemble d'Internet pour empêcher les français d'utiliser un tel outil… Ça me semble toujours aussi délirant, comme idée, en fait. On ne peut pas revenir en arrière, ça existe, et ça existera de plus en plus. Il faut travailler à rendre nos sociétés vivables avec cet outil, plutôt que de rêver à vivre à une époque où il n'existait pas encore.

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 3. Dernière modification le 31 mars 2023 à 09:54.

    C'est pas du tout la même chose que d'arrêter de se gouverner. Il est tout à fait logique d'interdire ce qui est nuisible, dans une certaine mesure (dans les faits, tout est histoire de compromis et de contexte historique : la clope et l'alcool sont autorisés, la coke ne l'est pas, etc).

    Là, on parle en gros d'interdire par défaut, et d'attendre l'avis de je ne sais pas trop qui, qui travailleraient sur on ne sait pas quelles données, pour autoriser une technologie. Un principe majeur de nos sociétés, c'est la liberté de faire ce qui n'est pas interdit par la loi.

    Parce qu'avec ce raisonnement, qu'est-ce qui détermine quelle technologie mérite de passer par le principe de précaution? Est-ce que la GPL n'aurait pas du être interdite le temps d'évaluer ses impacts sur la société (et, du coup, peut-être interdite au vu des intérêts économiques en jeu?) Est-ce que Linux n'aurait pas dû être interdit? Et Internet, une porte ouverte à toutes les fenêtres, au pédo-terrorrisme etc? Et les barrages, qui empêchent les poissons de remonter les rivières? Et les éoliennes, qui tuent des oiseaux? Allez hop, on fait des études, des rapports, des milliers et des milliers de pages de rapports, des synthèses de rapports, des conférences, des méta-analyses, des synthèses de conférences qui donneront lieu à des rapports, rapports qui concluront évidemment que "ça dépend", qu'il y a des avantages et des inconvénients, que des gens vont perdre leur boulot alors que d'autres vont en gagner, que les entreprises vont perdre en compétitivité si on n'autorise pas, qu'il vaut peut-être mieux un accident nucléaire tous les 50 ans qu'un changement climatique mondial, mais peut-être pas, mais peut-être que si… Il faudra toujours des études de plus, quel est l'impact économique, l'impact écologique, l'impact social, quels sont les effets à long terme, les effets indirects, les effets sur les finances publiques…

    Vous voulez vraiment vivre dans un monde où il faut remplir une demande d'autorisation pour aller pisser contre un arbre, avec l'autorisation du délégué aux études hydrologiques départementales qui va estimer le temps de passage dans la nappe phréatique, et une étude d'impact du bureau d'études botaniques qui va évaluer l'effet sur la croissance de l'arbre en fonction de si c'est un chêne ou un châtaigner? C'est de la folie. La technophobie ne peut pas remplacer les principes constitutionnels de base.

    Sans compter qu'on peut constater tous les jours que tout le monde, au final, se branle copieusement du travail des scientifiques et des ingénieurs. Les études hydrologiques montrent que les "mégabassines" utilisées conformément au protocole augmenterait les niveaux des nappes phréatiques et les débits des cours d'eau pendant l'été? C'est pas grave, on crame tout quand même parce qu'on est contre quand même, et que peut-être si la sécheresse se généralise on ne pourra pas les remplir (et donc? du coup elles seront vides certaines années; c'est sûr que c'est un problème majeur). Aucune étude ne peut montrer un quelconque effet des ondes électromagnétiques des GSM? C'est pas grave, on délivre des certificats médicaux d'électrosensibilité. Tout le monde se contrefout des études, des rapports d'experts, des résultats scientifiques. Ce qui compte pour les technologies, c'est combien ça coûte, combien ça rapporte, combien de gens regarderaient mes vidéos si je suis caricaturellement pour ou contre, combien ça désavantagerait les entreprises françaises si on autorise ou qu'on interdise, à quel point ça embêterait les Russes, les Chinois, les Américains, les Allemands… Quel est le poids des rapports scientifiques dans l'établissement des quotas de pêche? Dans la régulation du trafic maritime? Du trafic aérien? Sur l'emplacement des autoroutes, des lignes de TGV, des aéroports, des parkings de supermarchés? Vous croyez que les cabinets ministériels écoutent les experts universitaires sur l'économie? Sur l'urbanisme? Sur les politiques publiques? Vous croyez que de brandir des rapports de 2000 pages va décourager les opposants à l'enfouissement des déchets nucléaires, aux mégabassines, aux OGM? C'est du flan. Le principe de précaution, c'est un buzzword pour technophobes. Quand on brandit le principe de précaution, on ne veut pas lire des rapports scientifiques, on voudrait juste qu'une technologie qui nous met mal à l'aise soit interdite, "parce que", sans raison (parce que justement, on n'en a aucune).

  • [^] # Re: Le plus choquant

    Posté par  . En réponse au lien Suisse : Les CFF veulent scruter les habitudes des voyageurs . Évalué à 2. Dernière modification le 30 mars 2023 à 23:17.

    Il faut peut-être limiter la parano quand même. Microsoft est payé pour stocker des données, s'il s'avère qu'ils vont fouiller les données de leurs clients, c'est leur activité qui va s'effondrer (à moins bien sûr que ça soit prévu au contrat).

    Après, les services secrets de différents pays, c'est une autre histoire…

  • [^] # Re: Principe de précaution

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 8.

    Je ne comprends pas trop comment tu peux évaluer les impacts sociétaux sans diffuser la technologie. Mais de toutes manières, cette technologie n'a pas vocation à être centralisée. Les algos sont plus ou moins connus, et les ressources nécessaires à la faire tourner sont à la portée de n'importe quelle grosse structure; ce n'est pas comme une centrale nucléaire. Tu veux proposer un moratoire sur quoi, sur les algos utilisés dans l'AI?

    Et puis, est-il même pertinent de ne pas diffuser une technologie du fait de ses impacts sur la société? Combien d'emplois l'électricité a-t-elle fait disparaitre? Et le téléphone? Il a fallu 150 ans pour réaliser les problèmes liés à la combstion des énergies fossiles. Et combien de temps a-t-il fallu pour écarter les effets des GSM sur la santé? Sans compter que c'est les études épidémio qui ont permis ça, ça aurait donc été totalement impossible sans diffuser massivement cette technologie.

    Sans compter que dans notre monde, les législations sont nationales. Tu vas mettre un moratoire, mais comment tu interdis l'accès à cette technologie, disponible librement dans d'autres pays? Tu mets en place un grand firewall, comme les régimes autoritaires? Tu empêches les entreprises d'accéder à des gains de productivité majeurs, en espérant quoi, que les entreprises étrangères vont bien attendre gentiment que tu aies mis 20 ans à tergiverser? Ce mode de fonctionnement semble totalement incompatible avec le monde tel qu'il existe en 2023.

  • [^] # Re: euh...

    Posté par  . En réponse au lien Quand les experts sonnent l’alarme face aux progrès de l’Intelligence artificielle. Évalué à 7.

    potentiellement pourquoi on pourrait perdre son boulot ?

    Y'a pas à dire, c'est vachement épanouissant de faire à la main ce qu'une machine pourrait faire parce qu'une loi interdit le remplacement des hommes par des machines. Ça donne du sens à ce qu'on fait, c'est un beau projet de société.

    (tout ceci n'exclut évidemment pas une réflexion sur le partage de la valeur ajoutée créee par les systèmes automatiques), et sur la redistribution des richesses de manière générale.

  • # Jurisprudence fluctuante

    Posté par  . En réponse au lien L’exposition Vermeer, les copyrights abusifs et le domaine public . Évalué à 5.

    Je ne sais plus où retrouver le lien, mais il y a des années on avait discuté de ce problème sur Wikipédia, où la question de la licence des photos "empruntées" aux catalogues de musées s'était posée. Il s'avère que le code de la propriété intellectuel est assez clair, quand la photographie est une opération technique dont l'objectif est de recopier le mieux possible l'oeuvre originale dans le domaine public, il semble impossible qu'il y ait des droits d'auteurs dessus.

    Cependant, de nombreux musées le font; ils partent du principe que les choix techniques du photographe (éclairage, matériel, réglages de l'appareil photo etc) peuvent créer un nouveau droit d'auteur pour le photographe, qui se superposerait à celui de l'auteur du tableau, et donc protègerait cette photographie pendant 70 ans après la mort du photographe. Dans l'ensemble, c'est assez absurde—le droit d'auteur ne protège pas les choses qui sont difficiles à faire, mais les choses originales; une bonne copie est difficile à faire mais par définition elle n'est pas originale. Mais l'existence d'une telle "pseudo faille" suffit pour que les musées proposent cette interprétation et tentent de limiter la diffusion d'œuvres du domaine public—puisque pour le coup, ils sont propriétaires du support physique et sont en droit d'interdire la photographie non-autorisée pour n'importe quel prétexte fallacieux. Et à notre grande surprise, nous nous étions aperçu qu'il existait quelques jugements de tribunaux français qui vont dans ce sens, basés sur le principe de l'équilibre des droits (le respect du code de la propriété intellectuel entrainerait un manque à gagner disproportionné pour les musées, ce qui nuirait globalement à la société bien plus que le blocage de la diffusion des œuvres). Aussi WTF que puisse donc paraitre la justification des musées, il n'est pas non plus impossible qu'avec des avocats un peu roublards et devant des tribunaux non-spécialisés, la situation soit plus compliquée que ce qu'il parait.

    Reste évidemment la question des photos non-autorisées. Prendre une photo alors que c'est interdit viole le règlement intérieur du musée, et on risque potentiellement des poursuites si on se fait prendre (en pratique, j'ai du mal à imaginer qu'on risque plus que l'expulsion du musée, mais on ne sait jamais). Par contre, si on arrive à prendre une bonne photo (avec un bon appareil et de bonnes conditions d'éclairage, quand il n'y a pas trop de monde, ça semble largement possible, du moins pour une résolution non-professionnelle), alors il me semble qu'il est impossible pour le musée d'interdire la circulation de la photo. C'est vraiment ça qui est étrange sur cette affaire, le musée ne possède les droits que sur l'accès au support physique de l'œuvre, et ne peut limiter la diffusion virtuelle qu'en verrouillant l'accès physique.

  • [^] # Re: marchand de rêve

    Posté par  . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 5.

    Euh, ça veut juste dire que tu as d'autres limites que l'énergie, pas que l'énergie est en quantité illimitée :-)

    Il n'y a aucune raison de considérer qu'une usine d'iPhones produise plus d'iPhones si l'électricité était plus abondante, par exemple. Par contre, s'il y a des coupures d'électricité tous les 3 jours, elle va produire moins.

  • [^] # Re: Quelques réflexions.

    Posté par  . En réponse à la dépêche L’étrange tropisme des femmes de sciences pour les associations de femmes et autres réflexions. Évalué à 6.

    Or les femmes ont cette « élégance de l’écoute », plus que les hommes qui « ont tendance malheureusement à rivaliser pour prendre la parole, au lieu d’écouter. ».

    C'est quand même dommage d'associer le féminisme à cet espèce d'essentialisme naïf basé sur des préjugés. On n'est pas loin des débilités du style "Les hommes ont une meilleure orientation dans l'espace parce que les hommes préhistoriques chassaient pendant que les femmes s’occupaient des enfants."

    Si c'était vrai que le groupe fonctionne mieux s'il y a plus de gens qui écoutent, alors la bonne catégorisation serait "à l'écoute" ou "prend la parole", pas "femme" et "homme".

  • [^] # Re: l'héritage et les exemples pourris

    Posté par  . En réponse au lien « Clean code » : performances lamentables. Évalué à 3.

    Et maintenant, il y a même mieux entre ces deux modules : algébriquement, ces deux structures sont totalement isomorphes (comme pour Descartes et Bessel dans la fable de Reynolds). Autrement dit, elles sont complétement équivalentes pour l'utilisateur et, en tant qu'implémenteur, je peux passer de l'une à l'autre sans perturber aucunement le code client, à la condition de respecter le principe Code should not know about the internals of objects it’s working with. ;-)

    C'était ma compréhension naïve de la POO, mais le contact avec la STL de C++ a mis mes certitudes à rude épreuve. Par exemple, conceptuellement, ça m'a beaucoup gêné de ne pas avoir accès à des fonctions inefficaces pour certains containers. Par exemple, vector::push_front(). C'est une opération inefficace sur un vecteur, certes, mais ça empêche l'abstraction (en particulier, ça rend le benchmarking très difficile, alors qu'il y a des algos pour lesquels les performances relatives de différents containers mériterait d'être testé empiriquement). En gros, avec les containers de la STL, tu es obligé de savoir comment ils sont implémentés, parce que tu n'as accès qu'à une liste restreinte de méthodes en fonction de l'efficacité algorithmique des opérations. Est-ce qu'il n'y a pas là des principes qui se contredisent, et que les concepteurs de la STL ont choisi de trancher dans un sens sans laisser l'utilisateur décider?

  • [^] # Re: marchand de rêve

    Posté par  . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 4.

    Vu que la Chine est première sur les points 23 à 30 consacrés à l'énergie (nuléaire, photovoltaïque, hydrogène, batteries…), est-ce que ce n'est justement pas une démonstration qu'ils font ce qu'il faut pour ne pas être limités par l'énergie?

  • [^] # Re: marchand de rêve

    Posté par  . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 5.

    Et dans quarante ans, avec des ressources rares leurs bidules technologiques ne fonctionneront plus, ne s’exporteront plus.

    Ça, je pense que ça n'a aucune raison d'arriver. Du moment où tu as de l'énergie, tu peux remplacer n'importe quelle ressource rare par une autre solution technologique. C'est arrivé plein de fois au cours de l'histoire de l'humanité d'épuiser une ressource, et jamais on n'a abandonné la technologie. On trouve juste d'autres ressources pour remplacer. Ça sera peut-être plus cher, ou un peu moins efficace, mais je ne connais pas de technologie qui repose exclusivement sur un élément.

    Et ils regretterons pour sûr les champs et l'air respirable.

    Certainement, mais comme tu ne voudras pas vendre les tiens, ça te fait une belle jambe. Et au pire, comme tu n'auras plus un rond, ils pourront même venir avec des technologies militaires supérieures et te prendre tes champs.

  • [^] # Re: marchand de rêve

    Posté par  . En réponse au journal Pays innovants : la Chine loin devant, les occidentaux largués. Évalué à 4.

    Les plantes, c'est plutôt dans les biotechs j'imagine…

    Pour le reste, style management du paysage, gestion de l'eau, etc., c'est quand même dur d'appeler ça des technologies innovantes. Je ne pense pas que le rapport suggère une seule seconde qu'on puisse se passer de technologies existantes (il n'y a pas "la roue" dans les transports par exemple), de mettre en place des pistes cyclables, de cultiver des plantes peu gourmandes en eau dans les périodes de sécheresse, d'investir dans la rénovation des cours d'eau… Mais ça, on sait faire, il n'y a pas besoin de recherche innovante pour planter des haies. Il peut bien sûr manquer d'études d'impact ou de recherche appliquée pour savoir quel type de haies planter ou comment encourager les gens à prendre le vélo, mais ça n'est pas ce genre de choses que le rapport mesure.

    Alors oui, tout ça est très technophile. Mais c'est aussi réaliste. Pendant que tu plantes des haies, les autres vont développer des ordinateurs quantiques. Et dans 40 ans, ils viendront dépenser leur richesse dans ton beau pays pour les vacances. On aura des champs, des rivières, de l'air respirable, peut-être même de la nourriture de bonne qualité et petite quantité, mais on vivra du tourisme et on devra importer tous nos bidules technologiques. Et nos armes, aussi. Je ne sais pas si c'est réjouissant.

  • [^] # Re: Lapin compris

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 3.

    Est-ce que ça n'est pas non plus l'époque où la part des bénéfices reversée au capital a augmenté?

    Je suis quand même un peu surpris que les salaires aient augmenté aussi peu sur la période 1970-2015 (+20%), alors que sur la même période le pouvoir d'achat du smic a fait +100%.

  • [^] # Re: Réponse de Normand

    Posté par  . En réponse au message Écran Tactile. Évalué à 3.

    Je ne sais pas trop ce que tu appelles "en mode tablette". Le problème, c'est que l'interface des bureaux Linux n'est pas trop optimisée pour le mode tablette. Par exemple, avoir plusieurs fenêtres sur l'écran, c'est galère en mode tablette; les menus sont trop petits, les ascenseurs sont trop petits, les bordures de fenêtre sont trop petites (déja que c'est galère avec une souris), les boutons pour fermer les fenêtres sont trop petits, etc. Il faudrait donc changer totalement l'interface quand on passe "en mode tablette", par exemple avec un raccourci clavier ou un "geste" de la souris, qui va passer en mode plein écran, augmenter la taille des icônes, etc. Il y a aussi le problème de l'émulation du clic droit, du clic du milieu, du glisser-désposer (par exemple, comment faire comprendre à la machine que quand on enfonce le clic avec la souris, on veut faire un glisser déposer, alors qu'en mode tablette, on veut faire un glisser-déposer si on bouge, mais on veut émuler le clic droit si on ne bouge pas. Comment faire en sorte qu'un long clic à la souis ne doit pas ouvrir le menu du clic droit? Comment faire en sorte qu'un "glissé" avec le doigt émule l'ascen). Ça donne quand même l'impression que de passer d'un mode à l'autre change le fonctionnement de base de l'interface; est-ce c'est même possible de faire ça intuitivement?

  • # Réponse de Normand

    Posté par  . En réponse au message Écran Tactile. Évalué à 4.

    En fait, selon mon expérience, ça à la fois fonctionne et ne fonctionne pas.

    En gros, au niveau hardware, ça fonctionne. J'imagine que c'est détecté comme une souris, et ça fonctionne comme une souris.

    Encore une fois, selon mon expérience, niveau software, ça ne sert pas à grand chose. Sous un bureau standard (défaut Ubuntu par exemple), il y a peu d'applications pour lesquelles ça peut être utile. Pour pouvoir attraper les ascenseurs, les bords de fenêtres, et autres icônes avec des grosses pattes de taille standard, il faudrait augmenter substantiellement la taille de tous ces éléments, ce qui rend le bureau grossier et diminue de beaucoup l'expérience de l'interface. Donc du coup, si on ne veut pas transformer son laptop en tablette pour locataire d'EHPAD, l'utilisation des doigts reste assez restreinte (lancer les logiciels localisés dans la barre?), donc ça n'est pas très utile.

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 4.

    J'ai vraiment un problème avec certains mots comme "indispensable" quand il s'agit de politique.

    Je plaide coupable. Rien n'est "indispensable", disons que la question est légtime. En pratique, en gardant une caisse de retraite indépendante pour les fonctionnaires, il devient quasiment impossible de la financer par les cotisations des fonctionnaires actifs. En l'état actuel des choses, ça revient à faire porter les retraites actuelles par les ministères qui emploient encore des fonctionnaires; plus on réduit le nombre de fonctionnaires et plus chaque fonctionnaire actif coûte cher, et donc plus il est difficile d'en recruter; ça fait diminuer la qualité du service public à budget constant, et ça entretient un cercle vicieux (on embauche des CDD et des CDI, donc les fonctionnaires coûtent de plus en plus, etc). Si on ne fait rien, c'est quasiment un arrêt de mort pour le statut de fonctionnaire.

    Globalement, la fonction publique n'a pas à gagner de l'argent, mais elle a un devoir d'efficacité et de rationnalité dans la dépense de son budget…

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 1.

    Mouais, alors j'ai du mal avec les théories à base d'agenda caché, surtout quand ça vient de groupes pour qui la rhétorique repose sur la théorie de l'agenda caché (ou sur l'argument de la pente glissante). Même si c'est tout à fait possible (voire probable) qu'il y ait un agenda caché; par définition il est peu probable qu'on le connaisse, et tout ceci reste très spéculatif.

    Après, la fusion des régimes n'est pas vraiment un agenda caché. La réforme des retraites de la fonction publique va même devenir indispensable à terme, du fait de la stagnation du nombre de fonctionnaires.

    https://www.lagazettedescommunes.com/wp-content/uploads/2017/04/cotisation-retraite-640x553.jpg

    Vous avez bien lu le graphique. Pour un fonctionnaire d'État, le taux de cotisation retraite est de 90% (part employeur et employé cumulées). Le paradoxe, c'est que du point de vue d'une administration, embaucher un fonctionnaire est devenu ruineux (ça coûte environ > 5000€ par mois pour un net de 2000€). Du coup, l'État embauche de plus en plus sur des contrats de droit privé (CDD ou CDI), ce qui fait que le nombre de fonctionnaires diminue encore plus, ce qui diminue l’assiette des cotisations retraites, et donc augmente encore les cotisations.

    Ça va probablement s'améliorer doucement, du fait de l'alignement de l'âge du départ à la retraite sur le privé, mais il y a légitimement des raisons de se pencher sur le problème.

    Il y avait aussi une baisse sensible programmée des pensions de retraite pour parvenir progressivement à un système par capitalisation permettant aux copains de Blackrock et consorts de se gaver sur les futurs non-retraites.

    Tout plein de pays pas forcément très capitalistes (comme les pays scandinaves) ont introduit une part de capitalisation dans les retraites. D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui font ça indirectement en investissant dans l'immobilier. Est-ce que l'argument de la pureté est susceptible de convaincre quelqu'un, ou bien est-ce qu'il ne s'adresse qu'à des gens déja convaincus?

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 4.

    Personne n'a parlé de dette incontrôlée dans la discussion, c'est un homme de paille. La situation actuelle prévoyait un déficit assez profond, mais temporaire, du système de retraites; réformer ou non le système pour éviter ce déficit est une décision politique, les deux se défendent.

    La méthode est brutale et inédite il me semble.

    J'ai l'impression que la situation est la même tous les 10 ans, donc je ne suis pas convaincu du côté "inédit". Il faut aussi reconnaitre que c'est souvent les négociations du tour précédent qui ont trop entamé les marges et qui rendent une réforme supplémentaire justifiable (dans ce sens, cette nouvelle réforme n'aurait jamais dû être nécessaire, vu que tous les problèmes étaient déja connus avant).

    Je dois avouer que je ne comprends pas la motivation profonde du gouvernement, parce que je vois une disproportion entre les objectifs (modestes) et la méthode (déterminée), mais il y a certainement des choses qui m'échappent.

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 9.

    Bah, tu n'as pas sous-entendu le contraire non plus, et défoncer des pseudo-argument contre ne dit pas ton avis

    Je me suis déja fait traiter de troll crypto-Macroniste, donc j'anticipe :-S Si le fait d'écrire "Euh attendez c'est quand même plus compliqué que ça" suffit pour se faire cataloguer comme troll Macroniste, ça dit quand même quelque chose sur la qualité des débats sur Internet.

    Après, je me suis fait récemment traiter de Communiste lors d'un repas de famille, donc j'imagine que ça équilibre.

    On a aujourd'hui le prix d'avoir refusé en bloc cette version qui était au fond plus adaptée au monde qui bouge plus

    Sauf que "ce monde qui bouge plus" ça n'est pas tout le monde. Les gilets jaunes, par exemple, c'est quelque chose que "le monde qui bouge" ne peut pas comprendre. Des gens paumés sur l'échiquier politique, qui s'accordent sur leur détestation du monde qui bouge et des gens qui se sentent à l'aise dans le monde qui bouge.

    Du coup, j'imagine que cette vision quasiment Gaullienne du retraité qui quitte le monde du travail après 40 ans de bons et loyaux services pour son entreprise, sous les applaudissements de ses collègues, avec une belle médaille et tout, c'est une vision rassurante, c'est comme ça que nos parents et nos grands parents sont partis à la retraite. Alors que partir quand on veut, c'est qu'on est une fainéant, ou qu'on a démérité; il n'y aura personne pour dire "c'est bien, tu as bien travaillé, tu peux partir te reposer maintenant". Franchement, je ne vois pas beaucoup d'autre explication à ce rejet de la retraite par points (à part bien sûr parce que certains ont bien compris qu'ils y perdraient :-) ).

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 10. Dernière modification le 15 mars 2023 à 17:21.

    J'aurais peut-être dû préciser que j'étais opposé à la réforme actuelle. Je trouvais que la retraite par points était beaucoup plus simple, égalitaire, et libertaire, et je déteste de plus en plus cette manie de tout normaliser, de donner des âges de départ, des âges limite sur la longueur d'une carrière, etc., alors qu'il serait tellement mieux de dire "voici le barème, vous partez quand vous voulez / quand vous pouvez, et vous aurez telle retraite".

    J'ai quand même remarqué que beaucoup de gens étaient très forts pour redistribuer des ressources qui ne leur appartenaient pas (du style "s'il n'y a plus rien dans les caisses de l'État on n'a qu'à aller prendre ailleurs"), ou des ressources qui n'existaient pas encore (on emprunte et la prochaine génération remboursera). C'est jamais leurs sous que les gens veulent redistribuer, toujours ceux des autres.

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 6. Dernière modification le 15 mars 2023 à 17:02.

    Je pense qu'il serait plus exact de dire qu'avec le système de répartition, on ne peut rien "espérer" au-delà de l'équité de la répartition à l'intérieur d'une génération (mais pas entre les générations). La taille du gateau à se répartir dépend de la croissance de l'économie, des gains de productivité, et de la pyramide des âges (nombre de cotisants et nombre de pensionnés). Le système de répartition ne garantit absolument pas l'équité intergénérationnelle; quand la taille de population fluctue, ceux qui étaient nombreux à travailler gagnent deux fois (quand ils travaillaient, ils finançaient peu de retraités, et quand ils sont à la retraite, ils coûtent beaucoup aux actifs), et ceux qui sont peu nombreux à travailler perdent deux fois (ils financent beaucoup de retraités, et ils ne couteront pas cher aux actifs quand ils seront à la retraite).

    C'est une propriété du système; on peut faire semblant de le découvrir aujourd'hui, ça ne change pas cette propriété qui a toujours existé.

    Après, il y a certainement des gens qui pensaient de bonne foi que parce que leurs aînés étaient partis à la retraite à 60 ans, ils pourraient le faire aussi (voire avant). Mais le fait de le penser ne veut pas dire que c'était raisonnable.

    Un facteur non-négligeable, c'est aussi qu'avec la pyramide des âges, l'influence des retraités dans le résultat des élections évolue. Il est donc logique que les partis majoritaires portent des programmes qui bénéficient aux retraités (puisqu'on aurait très bien pu décider aussi de baisser les pensions pour équilibrer le système).

  • [^] # Re: clickbait?

    Posté par  . En réponse au lien Pétition contre la réforme des retraites. Évalué à 9.

    En prenant des graphes random sur internet (il y a certainement moyen d'avoir des statistiques plus fiables, mais pour l'ordre de grandeur ça marche) :

    https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr%2Fblog%2Fpiketty%2F2017%2F01%2F05%2Fde-la-productivite-en-france-en-allemagne-et-ailleurs%2F&psig=AOvVaw3ImFr3dFFLr1rqvVF_F-Wy&ust=1678980114981000&source=images&cd=vfe&ved=0CBAQjRxqFwoTCMCiwcCe3v0CFQAAAAAdAAAAABAI

    Productivité en 1970: 20€ PIB /h
    Productivité en 2015: 55€ PIB /h

    https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/media/20111101/A852090B.GIF

    Pouvoir d'achat du Smig en 1970: 170 points
    Pouvoir d'achat du salaire minimum en 2015: 335 points

    https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fjournaldeslibertes.fr%2Farticle%2Flepargne-pour-une-vraie-reforme-des-retraites%2F&psig=AOvVaw1RscyNpov_xfGcFgWvwxxt&ust=1678980548995000&source=images&cd=vfe&ved=0CBAQjRxqFwoTCPjo34-g3v0CFQAAAAAdAAAAABAI

    Rapport cotisants/pensionnés: ~ 3 en 1970, 1.4 en 2015.

    Donc, pour faire simple, un cotisant de 1970 produit 20€ de PIB, soit 60€ de PIB par retraité. Un cotisant de 2015 produit 55€ de PIB, soit 77€ de PIB par retraité. Soit 1.3x de pouvoir d'achat pour les retraités entre 1970 et 2015 (en supposant une parité PIB-pouvoir d'achat), contre 2x pour le SMIC. Quelle que soit la manière dont tu prends l'équation, ça ne marche pas.

    Si tu veux maintenir le pouvoir d'achat des retraités par rapport à la population (l'indexer au SMIC), il faudrait 2.2 cotisants / pensionné (on est à 1.4). Ou alors, il aurait fallu des gains de productivité de 400% sur 45 ans (on est à 275%).

    Sur le fond, le choix d'augmenter le rapport cotisants/pensionnés (augmenter l'âge de départ) est fondamentalement politique, puisqu'on aurait aussi pu baisser les retraites (diminuer le pouvoir d'achat des retraités) ou augmenter les cotisations (diminuer le pouvoir d'achat des actifs). Ou bien abandonner la répartition, ou bien couper la poire en deux (par exemple en augmentant la CSG et financer le déficit des retraites par l'impôt).

    Dans ton raisonnement, tu négliges à la fois l'évolution du rapport cotisants/pensionnés, mais aussi l'augmentation du pouvoir d'achat de la société (qui mange les 2/3 de l'augmentation de productivité). Tu ne peux pas espérer t'en sortir simplement en balançant "gains de productivité"! :-)