Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
Comme très souvent, après faut-il passer pour le casse noix de service pour chaque clause en entreprise ? Sachant que devant un tribunal elle ne tiendra pas.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
vu que j'ai pris une licence qu'on m'a dit de prendre et que pas foule peut ou veut répondre à si légal ou pas ce truc
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
Je me contrefiche que ça soit « compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Je ne doute pas que ça plait à des gens et que d'autres s'en foutent mais moi ça me pose problème.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
L'énorme majorité des arguments que j'entends aller dans l'autre sens me semble recourir à des idéologies qui ne me plaisent pas comme la fatalité, l'impuissance de l'État sur la technologie, etc et ça en soit ça me pose de gros problèmes.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
Est-ce qu'un code généré par un modèle "entrainé" est un travail dérivé ? C'est toute la question sur laquelle il n'y a pas de consensus.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
Par contre cela pose la question de où ranger ces voitures individuelles.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.
Il était peut-être excusable en 1894 de ne pas avoir une voirie adaptée aux deux roues. C'est quand même assez frappant que 130 ans plus tard on en soit à peu près au même point.
Le problème de la cohabitation entre vélos et piétons n'existe que lorsqu'on déporte la circulation des cycles vers les trottoirs. Les cycles sont des véhicules, leur place est sur la route—il faut juste trouver un moyen de rendre la route plus sécurisée pour les cycles, en faisant point de place pour les voitures, par exemple.
La question, c'est si la voirie partagée entre cyclistes et piétons doit être considérée comme cyclable. Si une telle voirie est dangereuse pour les cyclistes ou les piétons, alors elle n'est pas cyclable.
Pousse le raisonnement et considère le cas d'un passage piéton sur une autoroute. Ça serait une situation dangereuse, qu'on pourrait atténuer en mettant un ralentisseur, des panneaux, et des feux rouges. Mais du coup, ça ne serait plus une autoroute.
Et au passage, c'est vraiment un argument typique d'un service étatique incompétent que de faire reporter la responsabilité des accidents sur les usagers. Si des cyclistes se font éclater par des bus sur les voies partagées bus/cycles, c'est de la faute des chauffeurs, ou des cyclistes, jamais de la faute du sinistre abruti qui a eu l'idée mortifère de faire cohabiter ces deux modes de transports totalement incompatibles, dans une situation où ils doivent se doubler mutuellement en permanence.
Euh, pas sûr d'avoir la même expérience. Les espaces partagés ça peut aller pour les ballades en vélo avec mamie ou les enfants, mais un vélo avec dessus un gusse qui sait en faire (ou un moteur électrique), ça roule généralement à 25 km/h, voire pas mal plus si ça descend ou si c'est un vélo de course. Une collision avec un piéton à cette vitesse, c'est assez dangereux.
L'agressivité, c'est la réaction naturelle quand quelqu'un met en danger ta santé. Un piéton qui dépasse sur la piste cyclable parce qu'il regarde les oiseaux ou son téléphone quand tu arrives lancé, il se met en danger et il te met en danger. Tu espères quoi?
Aux Pays-Bas par exemple, aucun piéton ne s'aventurerait sur une piste cyclable. Concert de sonnettes assuré pour les étrangers étourdis!
Déja, le contenu est en contradiction avec le résumé: "Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée." Genre, il faut lire 20 pages avant de comprendre que c'est une formulation alambiquée pour dire qu'il n'y a en fait aucune volonté d'empêcher les pauvres de toucher les droits sociaux. Il ne s'agit que d'incompétence de la part des technocrates qui conçoivent les systèmes sociaux et de leur incapacité à ne pas comprendre les freins sociologiques qui expliquent le non-recours. Au contraire de cette politique délibérée, il y a une volonté de l'État de diminuer le non-recours.
Ensuite, ce que l'analyse refuse de voir, c'est que les gens suivis n'ont simplement pas les connaissances de base pour survivre de manière autonome dans notre monde moderne hyper-complexe. Cette personne qui ne sait pas expliquer à l'agent d'accueil pourquoi il vient, il ne saura pas non plus se dépatouiller contre les commerciaux qui vont essayer de lui vendre des fenêtres double-vitrage, il ne saura pas acheter une voiture, ni ouvrir un compte en banque, ni lire une fiche de paye, ni déclarer ses impôts. Au bas mot, 80% des boulots, même peu qualifiés, lui sont inaccessibles; il ne peut pas être indépendant (il faut faire des démarches et de la compta), il ne peut pas utiliser un ordinateur, il ne peut pas lire un document technique. On peut regretter que le monde soit complexe, qu'il n'y ait pas un bisounours à chaque coin de rue pour aider les gens à ne pas faire n'importe quoi, mais c'est comme ça. Ces gens ont juste besoin d'assistance; par des proches ou des associations. Ils ont besoin que quelqu'un leur dise d'imprimer tel formulaire, et de le remplir pour eux. Il n'y a absolument rien de nouveau, c'est exactement la situation de "Zezette épouse X". Et la société a une réponse à ça, c'est la curatelle ou d'autres formes d'assistance à divers degrés.
La suggestion de l'auteur semble être de considérer que c'est à l'État et à ses administrations de gérer de telles situations de curatelle, mais ça pose réellement la question de la séparation des pouvoirs. Ça semble assez malsain que la personne qui monte le dossier soit la même que celle qui décide de la conformité des dossiers. Il y a des décisions à prendre; parfois, l'intéret de la personne est évident, parfois il l'est moins. Est-ce le rôle du fonctionnaire de service de dire "OK, vous êtes avec quelqu'un depuis un mois, mais ne cochez pas la case dans ce formulaire, attendez l'année prochaine"? Non, je ne pense pas, le fonctionnaire a un devoir de loyauté à l'État, il n'a pas toujours à agir dans l'intéret des administrés. Ce dont ces personnes ont besoin, c'est des sortes de conseillers qui vont les aider à prendre les bonnes décisions et à monter les dossiers.
Tout ça ne change pas le fait que les coupes budgétaires ont mis à mal la capacité des administrations à assurer les services qu'elles sont censées assurer, et notamment le conseil. L'accumulation de toujours plus de procédures plus ou moins légales, conçues par des bureaucrates dépressifs, ralentit tout le système et rend certaines aides inaccessibles. Mais j'ai du mal à imaginer que l'administration puisse aider les gens dont parle le document; ils leur faut un autre type d'aide. L'auteur du billet emballe le tout dans une sorte de jargon sociologique qui cache mal une démarche militante. Je trouve l'ensemble assez malaisant d'ailleurs, puisque l'objectif est clairement d'observer le bonhomme faire n'importe quoi pour pouvoir bien décrire pseudo-objectivement à quel point il était trop teubé pour comprendre quels documents on lui demandait et à quel point les agents d'accueil étaient méprisants. Une thèse de sociologie, c'est de prendre des notes en regardant des gens se noyer, puis d'écrire des billets sur l'incapacité de l'État à sauver les gens de la noyade? Les comités d'éthique, ça existe.
Ce graphique représente les couleurs visibles par longueur d'onde, il n'y a pas de marron qui est composé de rouge et de vert. Le marron peut être saturé et sortir du sRGB par une de ses composantes, idem pour les autres couleurs composées.
Si je comprends bien le graphique (j'aurais peut-être dû mettre le lien vers celui de Wikipédia, qui est plus précis: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/PlanckianLocus.png/303px-PlanckianLocus.png ), les couleurs pures ne sont que sur la bordure supérieure du fer à cheval. Toutes les autres sont des mélanges entre plusieurs longueurs d'onde. Et on pourrait rajouter un axe de désaturation dans la profondeur, pour aller des couleurs complètement saturées jusqu'au noir.
Du coup, pour résumer, l'objectif de la calibration est de faire en sorte que les écrans et les imprimantes coïncident sur le centre du graphe, là où ils ont la capacité de donner les mêmes couleurs. En dehors c'est de toutes manières impossible…
Certes. Tu peux aussi distribuer des enveloppes numérotées de 1 à 100, et au moment voulu tu annonces en clair "Enveloppe 74", qui contient "Débarquement en Normandie le 6 juin".
C'est ce mécanisme qui est utilisé pour les message vraiment sensibles, les clés étant échangée avant le message, généralement par un moyen physique.
On sait quelle méthode utilisent les services secrets, par exemple?
Du coup, filtrer les données avec un profil de couleur doit permettre de compenser et de les convertir en données représentant correctement la réalité dans un espace de couleur standard.
Justement, le rendu des couleurs ne peut pas être conforme à la réalité parce qu'il part dès le début du principe de représenter un mélange complexe de longueurs d'onde par une intensité relative de 3 ou 4 couleurs primaires. "Représenter correctement la réalité" n'a pas de sens; si tu prends en photo un objet marron, tu n'as pas de capteur de marron dans l'appareil photo; tu n'as pas de LED marron sur ton écran, et tu n'as pas d'encre marron dans ton imprimante; tout le processus repose donc sur le fait que nos yeux sont pourris et qu'ils ne savent pas distinguer une couleur d'un mélange de couleurs. L'objectif n'est donc pas d'être fidèle à la réalité, mais de jouer de manière suffisamment convaincante avec l'imperfection de notre système visuel pour nous donner l'impression que la couleur est proche de l'originale, ce qui n'est pas du tout le cas.
D'ailleurs, nos yeux sont tous différents, et il semble peu probable d'arriver à un rendu qui soit convainquant pour tout le monde en même temps.
(oui, du RGB, pas du CMJN, le fait d'utiliser quatre couleurs c'est son affaire, pas celle de l'utilisateur )
Pas possible, l'overlap entre les yeux, le RGB, et le CMJN est seulement partiel.
Mouais; autant c'est déja un bel exploit d'être capable de se protéger des attaques contemporaines, autant c'est quand même un beau fantasme d'imaginer de se protéger contre des attaques qui n'existent pas encore. Il ne faut pas se leurrer, aucune technologie de chiffrement ne peut garantir de tenir dans le temps.
D'ailleurs, je ne crois pas que dans l'histoire on puisse citer un moyen de chiffrement qui a résisté au temps.
Ça n'empêche pas que la recherche dans ce domaine doit être encouragée, elle peut notamment permettre de ne pas se retrouver démuni dans le cas de la découverte de failles sur les technologies contemporaines. Mais je pense qu'il est très raisonnable de tabler sur le fait que dans 10 ans, quoi que tu fasses, la NSA sera capable de déchiffrer ce que tu fais aujourd'hui. Tu prends beaucoup moins de risques en partant de ce principe et en agissant de manière à ce que les documents ne soient plus valorisables dans 10 ans plutôt que de chiffrer avec un algorithme tout juste issu de la recherche, et pour lequel on puisse trouver une faille 0-day après-demain.
Pour les taxis, la situation est quand même largement différente : les petits arrangements entre les taxis et l'État a provoqué une rareté complètement artificielle des licences de taxi. Cette rareté a entrainé une forte spéculation sur les licences, qui ont pris de la valeur sur le marché secondaire (alors qu'elles sont gratuites sur le marché primaire).
Au final, le système est complètement bloqué : non seulement les taxis ont lourdement investi dans leurs licences (qui pourtant sont attribuées gratuitement), et leur capital spéculatif serait détruit si le nombre de licences octroyait augmentait. On est quand même en train de parler que l'État puisse racheter plusieurs centaines de milliers d'Euros des licences qu'il a attribuées gratuitement! C'est catastrophique, et c'est quand même à se demander si la justice ne devrait pas sérieursement s'intéresser à la question. Bon, tout ça va finir par se tarir, puisqu'il n'est plus légal de vendre les licences obtenues ces dix dernières années, mais c'est un superbe exemple de gestion clientéliste, qui au final nuit à tout le monde. Et au passage, les banques s'en sortent bien, parce qu'elles ont pendant longtemps autorisé leurs clients à emprunter pour investir dans des actifs spéculatifs sans valeur intrinsèque. Essayez d'emprunter 100k€ pour acheter des bitcoins en expliquant au conseiller que vous espérez les revendre pour 150k€ dans un an, vous verrez si vous obtiendez un prêt.
Pendant 50 ans. Et après ça s'arrête, parce que le sol n'a plus rien. C'est ce qui est en train de nous arriver. Pour combler ce problème, on peut mettre encore plus d'intrants, mais ça augmente le coût, et dégrade la productivité.
Ça fait peur, cette histoire. Heureusement, c'est faux.
Je ne comprends pas pourquoi de telles histoires catastrophistes sur la qualité des sols et la course aux rendements peuvent circuler. Bien sûr, ça pourrait être vrai. Les sols pourraient se dégrader irréversiblement sous l'effet de pratiques agricoles agressives, motivées par l'appat du gain des multinationales et de l'épandage massif de poisons chimiques. Mais ça n'est pas ce qui se passe. Ça ne colle pas bien avec le narratif de certaines associations et certains courants politiques, mais c'est la réalité : l'agriculture moderne utilise de moins en moins d'intrants et de moins en moins de pesticides; et il n'y a pas de "course aux rendements" puisque ces rendements stagnent.
Ceci dit, il semble très probable que cette réalité est en grande partie due au succès des politiques publiques visant à la réduction des pesticides et des intrants. On n'a aucune preuve qu'il s'agisse d'une forme d'autoréglation ou d'une prise de conscience des agriculteurs.
Mais la majorité d'entre eux était entourée de "mauvais" conseilleurs, qui poussaient au productivisme.
Mais est-ce seulement vrai? Ça ne correspond pas à la vision romantique de l'agriculteur qui aime la nature et qui connait ses cochons par leur prénom, mais 1) est-ce possible pour une exploitation "non productiviste" d'être financièrement viable, et 2) peut-on se permettre d'avoir une agriculture non-productive?
Après tout, tu as une contrainte absolue, c'est de produire de la nourriture à partir d'une surface limitée. Si ton élevage extensif permet de produire 100 fromages de chèvre par mois, et que tu as une clientèle de bobos qui te les achète 100 euros pièce, alors tu peux peut-être gagner ta vie. Mais tu prends 50 hectares de surface agricole pour produire 100 fromage de chèvre, ça ne peut pas être un modèle viable pour la communauté. La surface agricole, ça peut aussi être utilisé pour mettre des panneau solaires, construire des lignes de train, des HLM pour loger les pauvres, ou simplement être rendus à la nature. C'est une activité en concurrence avec tout un tas d'autres choses utiles; en moyenne, en France, une exploitation fait 63 hectares, soit (si mes calculs au pif sont du bon ordre de grandeur) 100 fois plus que ce que tu aurais si tu divisais la surface de la France équitablement entre ses habitants. Nourrir au moins 100 habitants (et en réalité, beaucoup plus, puisqu'on ne peut pas exploiter les lacs, les montagnes, les villes, etc) avec ta production fait donc partie du contrat social; si tu n'y arrives pas alors ton exploitation doit couler pour le bien de la société (sinon on va mourir de faim).
Il ne faut pas prendre les agriculteurs pour des débiles. Si on gagnait 3 fois plus en faisant du bio et de la vente directe, alors tous les agriculteurs le feraient. La chimie et les approches rationnelles de la productivité agricole, ça marche; ça permet de produire plus avec moins d'efforts et moins de surface. Je ne sais pas trop comment imaginer que les agriculteurs épandraient des produits chimiques toxiques et coûteux par plaisir ou par malveillance…
Finalement, est-ce que ça ne ressemblerait pas un peu à ceux qui voudraient que toutes les entreprises fassent du logiciel libre, alors que souvent le business model rentable n'existe pas? Ça serait peut-être bien que tout le monde fasse du libre, mais prétendre que si tu passes au libre tu as bosser 20h par semaine et devenir millionnaire en 6 mois, ça n'est même pas un mensonge, c'est un rapport pathologique à la réalité. C'est certainement frustrant de réaliser qu'un modèle qu'on trouve positif ne soit pas largement adopté parce que les modèles alternatifs sont plus sûrs ou plus rentables, mais prétendre le contraire n'a aucune chance de changer la réalité des choses.
Finalement, chacun rate sa cible. Ces coopératives et multinationales agroalimentaires passent sous les radars.
C'est quand même une cible très facile. Pour certains, les méchants sont les étrangers et les communistes, pour d'autres c'est les Juifs, et pour d'autres c'est les méchants capitalistes. Le point commun, c'est qu'il y a "eux", les méchants, et "nous", les gentils. Je ne sais pas si ça nous avance tant que ça.
C'est bien gentil l'histoire de l'agriculteur qui ne peut plus se dépétrer de sa dépendance aux multinationales, mais c'est vite oublier qu'il s'est mis dans cette situation parce que ça lui allait bien de se faire assurer ses revenus par une grosse boite. C'est exactement ce que raconte la première agricultrice dans le lien, l'entreprise qu'elle avait montée n'était pas viable (la banque ne suivait pas), et seule l'existence de ce contrat a permis en contrepartie de financer une activité non-viable (l'élevage en plein air). C'est seulement plusieurs années plus tard, après un différent avec la multinationale, que le "problème" est apparu.
Attention hein, je ne dis pas que le comportement des multinationales de l'agro-alimentaire n'est pas toxique, mais j'ai du mal avec le discours victimisant. S'il n'y avait pas eu ces problèmes de mortalité des vaches et les ennuis financiers qui en ont découlé, ces agriculteurs seraient sûrement assez satisfaits de produire de la viande de m--de élevée avec des aliments de m--de. Quand ils disent que c'est du travail de piquer les vaches avec des antibiotiques, c'est aussi du travail de trouver les fournisseurs d'aliments, de négocier les prix avec eux, de trouver les veaux, de les faire venir, de trouver des clients et de leur livrer les animaux, etc. Tout ça, c'était du travail en moins pour eux; ils étaient assurés de revendre leur viande à un prix fixe (bas, mais fixe), ils étaient assurés de se faire livrer les veaux, la bouffe, le vétérinaire qui va avec, etc. Ça revient un peu à se plaindre d'avoir commandé un livre médiocre sur Amazon parce que ça ne serait pas arrivé à la librairie.
Ça me fait penser aux problème des pêcheurs qui se sont endettés pour acheter un bateau qu'ils ne peuvent rentabiliser à cause des quotas de pêche. On peut accuser les banques, les écolos, les politiques, les pêcheurs Irlandais, mais sur le fond c'est aussi des entreprises familiales qui font de mauvais investissements, et qui voudraient bien que la communauté couvre ces mauvais investissements—alors qu'on sait bien que seules les multinationales ont ce pouvoir.
L'agriculture est en pleine mutation et cherche son modèle. Est-ce que les agriculteurs veulent réellement être chefs d'entreprise; souhaitent-ils être rémunérés non seulement sur les produits qu'ils vendent, mais par les services qu'ils procurent (entretien des haies, visites de la ferme, etc?).
Le drapage liberté ne peut pas cacher l'égoïsme de ceux qui ont plus que les autres et veulent la liberté de ne pas partager sans vouloir assumer cet égoïsme.
Sauf que le travail n'est pas quelque chose qui se partage bien.
Il y a des coûts fixes. Par exemple, la formation est un coût fixe sur chaque employé. Le coût du recrutement également. Le coût de l'établissement de la fiche de paye, etc.
La besoin de communication est coûteux. De manière générale, si tu as deux employés à mi-temps sur un seul poste, il va falloir qu'ils consacrent une partie de leur temps à communiquer sur l'état des dossiers, chose qu'un seul employé n'aurait pas besoin de faire. De la même manière, quand un employé a deux fonctions dans une entreprise, il n'a pas à faire des réunions d'information et de concertation.
La complexité de l'établissement des emplois du temps augmente avec le nombre de salariés et le découpage des journées de travail. Si ta boutique ouvre de 9h à 17h et que tes employés sont là de 9h à 17h, tu n'as rien à faire. Si chaque employé bonne à x% d'un temps plein et que tu veux maintenir un nombre d'employés constant sans demander à quelqu'un de venir pour 30 minutes, il va falloir mettre un planning complexe en place.
Bref, le travail n'est pas une tarte qu'on peut partager avec les chômeurs. De manière générale, l'économie n'est pas un jeu à somme nulle.
[^] # Re: J'ai un peu de mal à comprendre ce qui est dit sur ce site ....
Posté par arnaudus . En réponse au lien La vérité sur les écrans et ceux qui ne les aiment pas. Évalué à 6.
Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
[^] # Re: 3 sujets dans l'article
Posté par arnaudus . En réponse au lien Enregistrements aléatoires, conversations intimes… Comment Apple surveille massivement ses clients. Évalué à 6. Dernière modification le 25 mai 2023 à 15:33.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
[^] # Re: Implications
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le Président de la Cour du Brevet Unitaire décide tout seul de réécrire le traité comme un dictateur. Évalué à 8.
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4. Dernière modification le 12 mai 2023 à 11:17.
Ton modèle (avec T entre 0 et 1) semble être
[^] # Re: FAQ github copilot
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 2.
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4. Dernière modification le 09 mai 2023 à 22:37.
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 3.
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.
[^] # Re: Voie uniques avec sens cyclable à contre-sens
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 3.
Quel régime de priorité s'applique?
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 8. Dernière modification le 05 mai 2023 à 14:32.
Il était peut-être excusable en 1894 de ne pas avoir une voirie adaptée aux deux roues. C'est quand même assez frappant que 130 ans plus tard on en soit à peu près au même point.
Le problème de la cohabitation entre vélos et piétons n'existe que lorsqu'on déporte la circulation des cycles vers les trottoirs. Les cycles sont des véhicules, leur place est sur la route—il faut juste trouver un moyen de rendre la route plus sécurisée pour les cycles, en faisant point de place pour les voitures, par exemple.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
La question, c'est si la voirie partagée entre cyclistes et piétons doit être considérée comme cyclable. Si une telle voirie est dangereuse pour les cyclistes ou les piétons, alors elle n'est pas cyclable.
Pousse le raisonnement et considère le cas d'un passage piéton sur une autoroute. Ça serait une situation dangereuse, qu'on pourrait atténuer en mettant un ralentisseur, des panneaux, et des feux rouges. Mais du coup, ça ne serait plus une autoroute.
Et au passage, c'est vraiment un argument typique d'un service étatique incompétent que de faire reporter la responsabilité des accidents sur les usagers. Si des cyclistes se font éclater par des bus sur les voies partagées bus/cycles, c'est de la faute des chauffeurs, ou des cyclistes, jamais de la faute du sinistre abruti qui a eu l'idée mortifère de faire cohabiter ces deux modes de transports totalement incompatibles, dans une situation où ils doivent se doubler mutuellement en permanence.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
Euh, pas sûr d'avoir la même expérience. Les espaces partagés ça peut aller pour les ballades en vélo avec mamie ou les enfants, mais un vélo avec dessus un gusse qui sait en faire (ou un moteur électrique), ça roule généralement à 25 km/h, voire pas mal plus si ça descend ou si c'est un vélo de course. Une collision avec un piéton à cette vitesse, c'est assez dangereux.
L'agressivité, c'est la réaction naturelle quand quelqu'un met en danger ta santé. Un piéton qui dépasse sur la piste cyclable parce qu'il regarde les oiseaux ou son téléphone quand tu arrives lancé, il se met en danger et il te met en danger. Tu espères quoi?
Aux Pays-Bas par exemple, aucun piéton ne s'aventurerait sur une piste cyclable. Concert de sonnettes assuré pour les étrangers étourdis!
[^] # Re: excellent article
Posté par arnaudus . En réponse au lien Politique de l’absurde : Le numérique et l’accès aux droits sociaux. Évalué à -7.
Mbof. Plutôt pas d'accord.
Déja, le contenu est en contradiction avec le résumé: "Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée." Genre, il faut lire 20 pages avant de comprendre que c'est une formulation alambiquée pour dire qu'il n'y a en fait aucune volonté d'empêcher les pauvres de toucher les droits sociaux. Il ne s'agit que d'incompétence de la part des technocrates qui conçoivent les systèmes sociaux et de leur incapacité à ne pas comprendre les freins sociologiques qui expliquent le non-recours. Au contraire de cette politique délibérée, il y a une volonté de l'État de diminuer le non-recours.
Ensuite, ce que l'analyse refuse de voir, c'est que les gens suivis n'ont simplement pas les connaissances de base pour survivre de manière autonome dans notre monde moderne hyper-complexe. Cette personne qui ne sait pas expliquer à l'agent d'accueil pourquoi il vient, il ne saura pas non plus se dépatouiller contre les commerciaux qui vont essayer de lui vendre des fenêtres double-vitrage, il ne saura pas acheter une voiture, ni ouvrir un compte en banque, ni lire une fiche de paye, ni déclarer ses impôts. Au bas mot, 80% des boulots, même peu qualifiés, lui sont inaccessibles; il ne peut pas être indépendant (il faut faire des démarches et de la compta), il ne peut pas utiliser un ordinateur, il ne peut pas lire un document technique. On peut regretter que le monde soit complexe, qu'il n'y ait pas un bisounours à chaque coin de rue pour aider les gens à ne pas faire n'importe quoi, mais c'est comme ça. Ces gens ont juste besoin d'assistance; par des proches ou des associations. Ils ont besoin que quelqu'un leur dise d'imprimer tel formulaire, et de le remplir pour eux. Il n'y a absolument rien de nouveau, c'est exactement la situation de "Zezette épouse X". Et la société a une réponse à ça, c'est la curatelle ou d'autres formes d'assistance à divers degrés.
La suggestion de l'auteur semble être de considérer que c'est à l'État et à ses administrations de gérer de telles situations de curatelle, mais ça pose réellement la question de la séparation des pouvoirs. Ça semble assez malsain que la personne qui monte le dossier soit la même que celle qui décide de la conformité des dossiers. Il y a des décisions à prendre; parfois, l'intéret de la personne est évident, parfois il l'est moins. Est-ce le rôle du fonctionnaire de service de dire "OK, vous êtes avec quelqu'un depuis un mois, mais ne cochez pas la case dans ce formulaire, attendez l'année prochaine"? Non, je ne pense pas, le fonctionnaire a un devoir de loyauté à l'État, il n'a pas toujours à agir dans l'intéret des administrés. Ce dont ces personnes ont besoin, c'est des sortes de conseillers qui vont les aider à prendre les bonnes décisions et à monter les dossiers.
Tout ça ne change pas le fait que les coupes budgétaires ont mis à mal la capacité des administrations à assurer les services qu'elles sont censées assurer, et notamment le conseil. L'accumulation de toujours plus de procédures plus ou moins légales, conçues par des bureaucrates dépressifs, ralentit tout le système et rend certaines aides inaccessibles. Mais j'ai du mal à imaginer que l'administration puisse aider les gens dont parle le document; ils leur faut un autre type d'aide. L'auteur du billet emballe le tout dans une sorte de jargon sociologique qui cache mal une démarche militante. Je trouve l'ensemble assez malaisant d'ailleurs, puisque l'objectif est clairement d'observer le bonhomme faire n'importe quoi pour pouvoir bien décrire pseudo-objectivement à quel point il était trop teubé pour comprendre quels documents on lui demandait et à quel point les agents d'accueil étaient méprisants. Une thèse de sociologie, c'est de prendre des notes en regardant des gens se noyer, puis d'écrire des billets sur l'incapacité de l'État à sauver les gens de la noyade? Les comités d'éthique, ça existe.
[^] # Re: Un système imparfait ne peut pas avoir un rendu parfait
Posté par arnaudus . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 3.
Si je comprends bien le graphique (j'aurais peut-être dû mettre le lien vers celui de Wikipédia, qui est plus précis: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/PlanckianLocus.png/303px-PlanckianLocus.png ), les couleurs pures ne sont que sur la bordure supérieure du fer à cheval. Toutes les autres sont des mélanges entre plusieurs longueurs d'onde. Et on pourrait rajouter un axe de désaturation dans la profondeur, pour aller des couleurs complètement saturées jusqu'au noir.
Du coup, pour résumer, l'objectif de la calibration est de faire en sorte que les écrans et les imprimantes coïncident sur le centre du graphe, là où ils ont la capacité de donner les mêmes couleurs. En dehors c'est de toutes manières impossible…
[^] # Re: texte qui aurait pu être écrit par la NSA
Posté par arnaudus . En réponse au lien La cryptographie quantique expliquée (hilarant). Évalué à 4.
Certes. Tu peux aussi distribuer des enveloppes numérotées de 1 à 100, et au moment voulu tu annonces en clair "Enveloppe 74", qui contient "Débarquement en Normandie le 6 juin".
On sait quelle méthode utilisent les services secrets, par exemple?
# Un système imparfait ne peut pas avoir un rendu parfait
Posté par arnaudus . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 4.
Justement, le rendu des couleurs ne peut pas être conforme à la réalité parce qu'il part dès le début du principe de représenter un mélange complexe de longueurs d'onde par une intensité relative de 3 ou 4 couleurs primaires. "Représenter correctement la réalité" n'a pas de sens; si tu prends en photo un objet marron, tu n'as pas de capteur de marron dans l'appareil photo; tu n'as pas de LED marron sur ton écran, et tu n'as pas d'encre marron dans ton imprimante; tout le processus repose donc sur le fait que nos yeux sont pourris et qu'ils ne savent pas distinguer une couleur d'un mélange de couleurs. L'objectif n'est donc pas d'être fidèle à la réalité, mais de jouer de manière suffisamment convaincante avec l'imperfection de notre système visuel pour nous donner l'impression que la couleur est proche de l'originale, ce qui n'est pas du tout le cas.
D'ailleurs, nos yeux sont tous différents, et il semble peu probable d'arriver à un rendu qui soit convainquant pour tout le monde en même temps.
Pas possible, l'overlap entre les yeux, le RGB, et le CMJN est seulement partiel.
https://www.grapheine.com/cdn-cgi/image/width=2280,height=1410,fit=crop,quality=85,format=auto,onerror=redirect,metadata=none/wp-content/uploads/2021/09/gamut-rgb-cmyk-cmjn-rvb-1.jpg
[^] # Re: texte qui aurait pu être écrit par la NSA
Posté par arnaudus . En réponse au lien La cryptographie quantique expliquée (hilarant). Évalué à 4.
Mouais; autant c'est déja un bel exploit d'être capable de se protéger des attaques contemporaines, autant c'est quand même un beau fantasme d'imaginer de se protéger contre des attaques qui n'existent pas encore. Il ne faut pas se leurrer, aucune technologie de chiffrement ne peut garantir de tenir dans le temps.
D'ailleurs, je ne crois pas que dans l'histoire on puisse citer un moyen de chiffrement qui a résisté au temps.
Ça n'empêche pas que la recherche dans ce domaine doit être encouragée, elle peut notamment permettre de ne pas se retrouver démuni dans le cas de la découverte de failles sur les technologies contemporaines. Mais je pense qu'il est très raisonnable de tabler sur le fait que dans 10 ans, quoi que tu fasses, la NSA sera capable de déchiffrer ce que tu fais aujourd'hui. Tu prends beaucoup moins de risques en partant de ce principe et en agissant de manière à ce que les documents ne soient plus valorisables dans 10 ans plutôt que de chiffrer avec un algorithme tout juste issu de la recherche, et pour lequel on puisse trouver une faille 0-day après-demain.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 5.
Pour les taxis, la situation est quand même largement différente : les petits arrangements entre les taxis et l'État a provoqué une rareté complètement artificielle des licences de taxi. Cette rareté a entrainé une forte spéculation sur les licences, qui ont pris de la valeur sur le marché secondaire (alors qu'elles sont gratuites sur le marché primaire).
Au final, le système est complètement bloqué : non seulement les taxis ont lourdement investi dans leurs licences (qui pourtant sont attribuées gratuitement), et leur capital spéculatif serait détruit si le nombre de licences octroyait augmentait. On est quand même en train de parler que l'État puisse racheter plusieurs centaines de milliers d'Euros des licences qu'il a attribuées gratuitement! C'est catastrophique, et c'est quand même à se demander si la justice ne devrait pas sérieursement s'intéresser à la question. Bon, tout ça va finir par se tarir, puisqu'il n'est plus légal de vendre les licences obtenues ces dix dernières années, mais c'est un superbe exemple de gestion clientéliste, qui au final nuit à tout le monde. Et au passage, les banques s'en sortent bien, parce qu'elles ont pendant longtemps autorisé leurs clients à emprunter pour investir dans des actifs spéculatifs sans valeur intrinsèque. Essayez d'emprunter 100k€ pour acheter des bitcoins en expliquant au conseiller que vous espérez les revendre pour 150k€ dans un an, vous verrez si vous obtiendez un prêt.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 3.
Ça fait peur, cette histoire. Heureusement, c'est faux.
1) Les intrants baissent énormément. Engrais NPK: https://cdn3.regie-agricole.com/ulf/TNM_Biblio/fiche_74963/Fiches_11102011_2330_831.jpg .
2) Les dépenses en pesticides sont en forte baisse : https://agriculture.gouv.fr/sites/default/files/documents/png/figure2_cle016fa2.png
3) La productivité agricole augmente encore, mais de moins en moins vite https://www.cea.fr/drf/PublishingImages/Actualites/2018/Octobre%202018/redim_graphique_crops_yields.jpg . C'est probablement dû à la baisse des intrants (c'est par exemple la conclusions de https://www.nature.com/articles/s41598-018-35351-1).
Je ne comprends pas pourquoi de telles histoires catastrophistes sur la qualité des sols et la course aux rendements peuvent circuler. Bien sûr, ça pourrait être vrai. Les sols pourraient se dégrader irréversiblement sous l'effet de pratiques agricoles agressives, motivées par l'appat du gain des multinationales et de l'épandage massif de poisons chimiques. Mais ça n'est pas ce qui se passe. Ça ne colle pas bien avec le narratif de certaines associations et certains courants politiques, mais c'est la réalité : l'agriculture moderne utilise de moins en moins d'intrants et de moins en moins de pesticides; et il n'y a pas de "course aux rendements" puisque ces rendements stagnent.
Ceci dit, il semble très probable que cette réalité est en grande partie due au succès des politiques publiques visant à la réduction des pesticides et des intrants. On n'a aucune preuve qu'il s'agisse d'une forme d'autoréglation ou d'une prise de conscience des agriculteurs.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 4.
Mais est-ce seulement vrai? Ça ne correspond pas à la vision romantique de l'agriculteur qui aime la nature et qui connait ses cochons par leur prénom, mais 1) est-ce possible pour une exploitation "non productiviste" d'être financièrement viable, et 2) peut-on se permettre d'avoir une agriculture non-productive?
Après tout, tu as une contrainte absolue, c'est de produire de la nourriture à partir d'une surface limitée. Si ton élevage extensif permet de produire 100 fromages de chèvre par mois, et que tu as une clientèle de bobos qui te les achète 100 euros pièce, alors tu peux peut-être gagner ta vie. Mais tu prends 50 hectares de surface agricole pour produire 100 fromage de chèvre, ça ne peut pas être un modèle viable pour la communauté. La surface agricole, ça peut aussi être utilisé pour mettre des panneau solaires, construire des lignes de train, des HLM pour loger les pauvres, ou simplement être rendus à la nature. C'est une activité en concurrence avec tout un tas d'autres choses utiles; en moyenne, en France, une exploitation fait 63 hectares, soit (si mes calculs au pif sont du bon ordre de grandeur) 100 fois plus que ce que tu aurais si tu divisais la surface de la France équitablement entre ses habitants. Nourrir au moins 100 habitants (et en réalité, beaucoup plus, puisqu'on ne peut pas exploiter les lacs, les montagnes, les villes, etc) avec ta production fait donc partie du contrat social; si tu n'y arrives pas alors ton exploitation doit couler pour le bien de la société (sinon on va mourir de faim).
Il ne faut pas prendre les agriculteurs pour des débiles. Si on gagnait 3 fois plus en faisant du bio et de la vente directe, alors tous les agriculteurs le feraient. La chimie et les approches rationnelles de la productivité agricole, ça marche; ça permet de produire plus avec moins d'efforts et moins de surface. Je ne sais pas trop comment imaginer que les agriculteurs épandraient des produits chimiques toxiques et coûteux par plaisir ou par malveillance…
Finalement, est-ce que ça ne ressemblerait pas un peu à ceux qui voudraient que toutes les entreprises fassent du logiciel libre, alors que souvent le business model rentable n'existe pas? Ça serait peut-être bien que tout le monde fasse du libre, mais prétendre que si tu passes au libre tu as bosser 20h par semaine et devenir millionnaire en 6 mois, ça n'est même pas un mensonge, c'est un rapport pathologique à la réalité. C'est certainement frustrant de réaliser qu'un modèle qu'on trouve positif ne soit pas largement adopté parce que les modèles alternatifs sont plus sûrs ou plus rentables, mais prétendre le contraire n'a aucune chance de changer la réalité des choses.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 4. Dernière modification le 26 avril 2023 à 18:12.
C'est quand même une cible très facile. Pour certains, les méchants sont les étrangers et les communistes, pour d'autres c'est les Juifs, et pour d'autres c'est les méchants capitalistes. Le point commun, c'est qu'il y a "eux", les méchants, et "nous", les gentils. Je ne sais pas si ça nous avance tant que ça.
C'est bien gentil l'histoire de l'agriculteur qui ne peut plus se dépétrer de sa dépendance aux multinationales, mais c'est vite oublier qu'il s'est mis dans cette situation parce que ça lui allait bien de se faire assurer ses revenus par une grosse boite. C'est exactement ce que raconte la première agricultrice dans le lien, l'entreprise qu'elle avait montée n'était pas viable (la banque ne suivait pas), et seule l'existence de ce contrat a permis en contrepartie de financer une activité non-viable (l'élevage en plein air). C'est seulement plusieurs années plus tard, après un différent avec la multinationale, que le "problème" est apparu.
Attention hein, je ne dis pas que le comportement des multinationales de l'agro-alimentaire n'est pas toxique, mais j'ai du mal avec le discours victimisant. S'il n'y avait pas eu ces problèmes de mortalité des vaches et les ennuis financiers qui en ont découlé, ces agriculteurs seraient sûrement assez satisfaits de produire de la viande de m--de élevée avec des aliments de m--de. Quand ils disent que c'est du travail de piquer les vaches avec des antibiotiques, c'est aussi du travail de trouver les fournisseurs d'aliments, de négocier les prix avec eux, de trouver les veaux, de les faire venir, de trouver des clients et de leur livrer les animaux, etc. Tout ça, c'était du travail en moins pour eux; ils étaient assurés de revendre leur viande à un prix fixe (bas, mais fixe), ils étaient assurés de se faire livrer les veaux, la bouffe, le vétérinaire qui va avec, etc. Ça revient un peu à se plaindre d'avoir commandé un livre médiocre sur Amazon parce que ça ne serait pas arrivé à la librairie.
Ça me fait penser aux problème des pêcheurs qui se sont endettés pour acheter un bateau qu'ils ne peuvent rentabiliser à cause des quotas de pêche. On peut accuser les banques, les écolos, les politiques, les pêcheurs Irlandais, mais sur le fond c'est aussi des entreprises familiales qui font de mauvais investissements, et qui voudraient bien que la communauté couvre ces mauvais investissements—alors qu'on sait bien que seules les multinationales ont ce pouvoir.
L'agriculture est en pleine mutation et cherche son modèle. Est-ce que les agriculteurs veulent réellement être chefs d'entreprise; souhaitent-ils être rémunérés non seulement sur les produits qu'ils vendent, mais par les services qu'ils procurent (entretien des haies, visites de la ferme, etc?).
[^] # Re: La meilleure façon...
Posté par arnaudus . En réponse au journal Vie numérique et mort physique. Évalué à 3. Dernière modification le 25 avril 2023 à 13:55.
Mouais, enfin c'est aussi la responsabilité de chacun de ne pas mourir de manière brutale et inattendue…
[^] # Re: Mais quel monde merveilleux !
Posté par arnaudus . En réponse au lien Cette présentatrice météo n’existe pas - numerama. Évalué à 5.
Sauf que le travail n'est pas quelque chose qui se partage bien.
Il y a des coûts fixes. Par exemple, la formation est un coût fixe sur chaque employé. Le coût du recrutement également. Le coût de l'établissement de la fiche de paye, etc.
La besoin de communication est coûteux. De manière générale, si tu as deux employés à mi-temps sur un seul poste, il va falloir qu'ils consacrent une partie de leur temps à communiquer sur l'état des dossiers, chose qu'un seul employé n'aurait pas besoin de faire. De la même manière, quand un employé a deux fonctions dans une entreprise, il n'a pas à faire des réunions d'information et de concertation.
La complexité de l'établissement des emplois du temps augmente avec le nombre de salariés et le découpage des journées de travail. Si ta boutique ouvre de 9h à 17h et que tes employés sont là de 9h à 17h, tu n'as rien à faire. Si chaque employé bonne à x% d'un temps plein et que tu veux maintenir un nombre d'employés constant sans demander à quelqu'un de venir pour 30 minutes, il va falloir mettre un planning complexe en place.
Bref, le travail n'est pas une tarte qu'on peut partager avec les chômeurs. De manière générale, l'économie n'est pas un jeu à somme nulle.