Le taux d'aquittement en France est de 6% en première instance, et 9% en appel. C'est donc en effet rare d'avoir un dossier vide qui arrive au procès.
Que veux-tu, je dois être idéologiquement opposé à l'idée pourtant tellement vraisemblable de complots mêlant le président de la République, le ministère de l'intérieur, la DGSI, un juge d'instruction, un procureur, un juge d'application des peines, et du personnel de l'administration pénitentiaire, afin d'écraser la menace très très réelle d'une percée électorale de l'extrême gauche.
À côté de ça, l'hypothèse d'une administration police-justice incompétente et surchargée d'injonctions contradictoires, c'est sûr que ça ne tient pas. La possibilité que le dossier soit légèrement différent de la présentation faite par la quadrature, et que le juge d'instruction pourrait en fait avoir des éléments pour justifier d'aller jusqu'au procès, c'est aussi totalement à exclure?
Ça devient compliqué d'argumenter que le travail coûte trop cher, non ?
Oui, complètement. Mais je n'arrive pas à trouver d'argument rationnel pour justifier d'une règlementation de la répartition des bénéfices entre les actionnaires et les salariés, étant donné que les deux sont régis par des logiques très différentes: les salaires sont un équilibre entre l'offre et la demande (donc, avec une grosse part de macro-économie), alors que les dividendes sont un transfert technique entre les comptes d'une entreprise et les comptes des gens qui possèdent l'entreprise (l'argent de change pas de mains). Une entreprise peut très bien licencier tout en versant de généreux dividendes, ce n'est pas illogique.
Du coup, je ne sais vraiment pas ce qu'est une redistribution logique et équitable. Comment prend-on en compte le risque pris par les actionnaires, par exemple? Les entreprises ont des chances très différentes de couler, et il faut que les rendements soient supérieurs pour les entreprises qui ont été financées à un moment où leur survie était compromise. Comment estime-t-on les apports relatifs du travail et du capital dans la richesse produite? Dans une entreprise de services à la personne, c'est évident que les gens qui y travaillent contribuent beaucoup aux profits. Dans une fonderie industrielle, la valeur est créée par la synergie entre les ouvriers et les machines; personne ne produirait rien autrement (c'est beau comme un discours libéral). Dans une laverie automatique, la valeur n'est pas créée par le gusse qui vient une fois par semaine pour retirer les pièces et remettre de la lessive. Une répartition 50/50 des bénéfices hors investissement paraitrait injuste dans un sens ou dans un autre en fonction de l'activité des entreprises.
Je te rejoins complètement sur la débilité des ouin ouin sur le coût du travail, surtout que souvent il s'agit de se plaindre d'une conjoncture où l'offre et la demande de travail devient légèrement défavorable aux entreprises.
À ce sujet, tu n'as pas rebondi sur mon argument sur le rendement des actions, que je disais ajusté par la loi de l'offre et de la demande, et qui sous-entend donc qu'il n'y a pas de valeur optimale : ça te semble correct comme analyse ?
Oui, en théorie la valeur des actions s'ajuste en fonction de la prévision des profits à venir, donc si une entreprise verse peu de dividendes, la valeur de l'action va diminuer, ce qui augmente mécaniquement son rendement. Mais note quand même que les actionnaires n'ont aucun intérêt à voir la valeur de l'action diminuer, donc ils ont double intérêt à verser toujours plus de dividendes: non seulement ça leur fait du cash, mais en plus ça maintient la valeur de leur capital à un niveau élevé.
Il s'agit de personnes qui sont mises en examen depuis bientôt 3 ans et se verront jugées lors d'un procès. Ce n'est pas qu'une "enquête à charge".
C'est une enquête à charge qui ne s'est pas terminée par un non-lieu. L'argument de la quadrature, c'est que le juge d'instruction a été enfumé par les enquêteurs, mais comme on n'a pas accès au dossier, on ne peut pas savoir avant le procès. C'est quand même rare qu'un dossier vide arrive jusqu'au procès, donc il y a peut-être des éléments qu'on ignore, et qui sont indépendants de ces histoires de chiffrage.
Ici on dépasse très largement le cadre de l'enquête à charge.
Certes, mais c'est indépendant de l'instruction. La détention est gérée par le juge d'application des peines, et la maltraitance en prison ça se joue au niveau de l'administration pénitentiaire. Je vois mal comment ça pourrait être orchestré, c'est "juste" comme ça que ça se passe en France.
Mouais, je ne sais même pas s'il faut invoquer des objectifs de com. C'est quand même le truc classique pour un enquêteur: c'est légal, mais suspect, de ne pas faciliter les enquêtes. Tu retrouveras exactement le même discours sur le droit à garder le silence, sur le fait de mentir lors d'un interrogatoire, de ne pas dénoncer des complices possibles, etc.
Ce que je trouve un peu navrant, c'est que la quadrature reproche (à raison) aux enquêteurs de monter la sauce sur rien du tout, mais en contrepartie c'est aussi ce qu'ils font. Bien sûr, la situation n'est pas symétrique, on a d'un côté la puissance de l'État avec le monopole de la violence et de la privation de liberté, et de l'autre côté on a une association; ça serait ridicule de les mettre au même niveau. Mais sur beaucoup de points, la réaction semble disproportionnée et un peu ridicule; sur le fond, c'est normal que les rapports d'enquête fassent un état des lieux des moyens de communication, mettent en avant qu'il s'agit de moyens plutôt élaborés et peu répandus, qui expliquent que l'enquête n'avance pas. Personne ne peut être condamné pour ça, c'est un élément de contexte, c'est comme ça pour toutes les enquêtes : Untel est connu pour distribuer des billets de 20€ aux SDF, ça n'est pas illégal, mais c'est suffisamment inhabituel pour figurer dans un rapport d'enquête, c'est une pièce de puzzle pour comprendre la personnalité des suspects.
Les renseignements intérieurs confondent aussi Tails avec le logiciel installé sur ce système pour chiffrer les disques durs – appelé LUKS – lorsqu’elle demande: « Utilisez vous le système de cryptage “Tails” ou “Luks” pour vos supports numériques ? ». S’il est vrai que Tails utilise LUKS pour chiffrer les disques durs, Tails est un système d’exploitation – tout comme Ubuntu ou Windows – et non un « système de cryptage »
"Quand on confond un clafoutis et UNE PART de clafoutis, on vient pas la ramener ! "
Non, mais bon, les enquêtes à charge ça a toujours existé. Là, la quadrature s'excite parce qu'il s'agit de chiffrement, mais ça aurait été la même chose si les suspects avaient acheté leurs lentilles en vrac à la Biocop au lieu de paquets du supermarché.
Le fait est qu'un grand nombre des citations semble tout à fait factuelles : l'utilisation de messageries chiffrées permet en effet de protéger sa vie privée, Tor permet en effet d'améliorer son anonymat sur Internet, etc. Tant que ça n'est pas considéré comme illégal, je ne comprends pas vraiment le problème à le faire figurer dans les rapports d'enquête. Au contraire même, ça veut quand même dire que les enquêteurs n'ont rien à se mettre sous la dent. Dans un rapport d'enquête, il peut y avoir "le suspect s'est arrêté à la boulangerie à 9h52 pour y acheter deux baguettes tradition", et c'est dans ce style là que je comprends les affirmations comme quoi untel ou untel a installé Linux.
Il ne faut pas non plus négliger le fait qu'en insistant sur le chiffrement, les enquêteurs cherchent à justifier que leur enquête patine. Quand ils écrivent que les suspects utilisent Signal, ils ne veulent pas dire "mettez-les en prison pour ça", ils veulent dire "on a peau de zob sur ce qu'ils se racontent, donnez-nous l'autorisation de poser des micros."
Par contre, pourquoi le juge d'instruction n'a pas mis fin à l'enquête plus rapidement, étant donné le peu de moyens de la justice et l'aveu d'impuissance des enquêteurs, c'est plutôt ça qui est difficile à expliquer. La DGSI semble insister lourdement sur le fait que les suspects savent minimiser leurs traces informatiques, que les disques sont chiffrés, qu'ils n'ont rien, et qu'ils ne savent pas vraiment comment avoir plus; qu'espère le juge en insistant?
Comme quoi, on peut avoir réussi (ou tout du moins prétendre qu'on a réussi) sans même comprendre pourquoi on a réussi. Comprendre ce qu'est le biais du survivant n'est pourtant pas si difficile que ça.
mais il ne faut surtout pas négliger de voir la valeur absolue
De quel point de vue? Tu ne peux pas comparer les revenus du capital et les revenus des individus. Du point de vue individuel, bien sûr, tu peux considérer les revenus en absolu; c'est par exemple la logique de l'impôt sur le revenu. Pour l'argent, considérer autre chose que le revenu relatif n'a aucun sens.
Il ne faut pas oublier que le versement des dividendes est important car il assure la rentabilité de l'investissement dans l'économie réelle, et que l'investissement dans l'économie réelle assure la croissance et l'augmentation du pouvoir d'achat moyen et médian. Diminuer le rendement de l'investissement dans l'économie, c'est favoriser la spéculation et les bulles.
L'économie a besoin d'argent, et c'est bien pour tout le monde que l'épargne retourne à l'économie réelle, donc en principe la situation est normale et saine : les entreprises rémunèrent les employés en échange de leur travail, et les actionnaires en retour de leur investissement. Que derrière les États soient incapables d'imposer correctement les revenus du capital pour les redistribuer est un problème qui n'est pas vraiment lié au fonctionnement du capitalisme.
Si j'étais chef du monde, ce n'est pas les dividendes que je taxerais, mais bien les revenus des activités de spéculation (qui sont des activités inutiles ou nuisibles à l'économie). Taxer les transactions financières (à hauteur des droits de mutation pour l'immobilier par exemple) aurait le mérite de limiter la spéculation, et surtout de fidéliser les actionnaires, qui seraient moins tentés de privilégier les stratégies de court terme.
Uniquement les émissions primaires liées aux augmentations de capital.
C'est quand même difficile de nier que l'existence du marché secondaire facilite la levée des capitaux… Si le marché n'était pas liquide, les investisseurs réfléchiraient beaucoup plus avant de mettre leur argent dans l'économie réelle.
Par contre, rien ne justifie que les échanges d'actions sur le marché secondaire ne soient pas taxés à la même hauteur que d'autres biens. Une entreprise qui achète ou vend des biens immobiliers paye dans les 5% de droits de mutation; ça pourrait être la même chose pour des actions. Ça limiterait fortement le micro-trading, qui n'apporte rien à l'économie, par exemple.
Mais bon, sur le fond, ça ne résoud rien. La spéculation et les dividendes sont les deux moyens principaux qu'ont les actionnaires pour rentabiliser leur investissement. Si on empêche la spéculation, les actionnaires feront quand même tout pour obtenir des dividendes. D'ailleurs, les dividendes sont beaucoup plus "logiques" que les gains spéculatifs—il s'agit du loyer de l'argent mobilisé par les investissements, et je ne comprends pas toujours pourquoi il faudrait combattre les dividendes avant la spéculation. Peut-être parce que la spéculation n'est pas perçue comme un jeu à somme nulle (il n'y a pas de perdant évident), alors qu'on a l'impression que les salariés et les actionnaires sont en compétition directe?
Ça peut aussi vouloir dire que la part du capital dans l'activité économique de l'entreprise est plus grande. Par exemple, imagine que tu implantes une usine sur la Lune pour exploiter des minerais; ton usine est quasiment automatisée et tu n'as que deux techniciens sur place. L'investissement était de 100 Mrds, tu fais 10 Mrds de CA, pour 9 Mrds de charges diverses; un bénéfice de 1 Mrd. Serait-il juste de partager également ce milliard entre les investisseurs et les deux employés? C'est caricatural évidemment, mais le raisonnement doit bien tourner autour de la rentabilité de l'investissement. Si une grosse entreprise verse des milliards de dividendes mais que la rentabilité de l'action est de 1%, les actionnaires ne sont pas bien rémunérés.
Ah oui bien sûr, je parlais juste de ceux qui avaient déja entendu parler de lui avant. Mais c'est vrai aussi qu'à ma connaissance, il n'y avait pas de rumeurs sur la qualité des résultats scentifiques (alors qu'avec le recul, il suffisait de lire les articles pour comprendre que l'IHU était une machine à publier du bullshit à gros rendement bien avant le Covid).
Raoult avait encore une belle aura de sérieux (ses casseroles passées étaient relativement méconnues)
Ça dépend à quelle échelle, mais c'était clairement déja un endroit où les gens sérieux ne voulaient plus mettre les pieds, surtout après le retrait des tutelles INSERM et CNRS de son laboratoire. Ça sentait déja pas mal le souffre, mais plutôt pour des raisons de pratiques RH (mandarinat et harcèlement).
Malheureusement, comme c'est souvent le cas, les personnalités scientifiques "grillées" auprès de leurs collègues attirent la lumière et fascinent les médias et les politiques. L'administration des différentes tutelles n'osent pas trop intervenir tant que la sitation n'est pas complètement pourrie, au mépris de la qualité de la science et de la santé mentale des gens qui travaillent dans ces endroits, d'ailleurs.
Je ne suis pas certain qu'on parle de la même chose. Les ingénieurs, les médecins, les infirmières, etc. ont une formation scientifique. Ce qu'ils n'ont pas, c'est une formation à la recherche : ils connaissent l'état de l'art de la science, mais ils n'ont pas de formation pour comprendre comment on mène la recherche.
Après, pour les problèmes méthodologiques etc, c'est plutôt un problème de qualité de la recherche. C'est tout à fait possible d'être un mauvais chercheur.
Ce qui est intéressant, c'est que la méthodologie scientifique n'est généralement pas enseignée dans les cursus scientifiques. L'épistémologie est une branche de la philosophie, qui, en France, est considérée comme une matière littéraire. Les seules formations qui commencent à se développer pour les chercheurs sont les formations à l'éthique scientifique, mais c'est assez loin des histoires de méthodologie.
Il y a une vision souvent erronnée d'ailleurs chez les vulgarisateurs et les "zététiciens", c'est qu'il existerait une méthodologie strictement définie, à laquelle la totalité des scientifiques se conformerait. C'est totalement faux, il n'y a pas d'évaluation méthodologique à proprement parler en sciences, sauf en mathématiques peut-être. La règle générale, c'est que la communauté scientifique a une vague idée intuitive des standards méthodologiques de l'état de l'art (en terme d'expériences contrôle, d'analyse statistique, de reproductibilité, etc), et les reviewers des articles peuvent signaler des raisonnements qu'ils trouvent douteux (par exemple des raisonnements circulaires, ou des conclusions qui ne semblent pas supportées par les données). Mais globalement, les critères dépendent énormément des disciplines, et ils évoluent; il s'agit avant tout d'une construction sociale assez déconnectée de l'épistémologie. Bien souvent, l'application d'une méthodologie théorique stricte serait impossible en pratique, et ralentirait beaucoup trop l'avancée des connaissances (tout en étant beaucoup trop sensible à la fraude ou aux erreurs).
Pour le réchauffement, ce n'est pas un effet du raisonnement "ad consequentiam"? Si le réchauffement climatique est réel, alors il faudrait que je change profondément mes habitudes et mon mode de vie pour ne pas rendre la planète inhabitable. S'il n'est pas réel, alors je peux continuer comme avant. La situation dans laquelle le réchauffement climatique n'existe pas est donc largement plus confortable, et la démarche nécessaire à l'admettre est plus difficile que pour les problèmes scientifiques "neutres", comme l'évolution des espèces.
Je ne suis pas certain qu'une formation scientifique soit suffisante pour être immunisé aux théories du complot. La crise du COVID a mis en avant un certain nombre de théories plus ou moins farfelues, certaines portées d'ailleurs par des figures "scientifiques", qui ont quand même pas mal percolé parmi le personnel soignant qui a pourtant une formation scientifique. Les médecins et les infirmières sont très bien formés sur le mode de fonctionnement d'un vaccin, sur les mécanismes de l'expression des gènes, etc., et ça ne les a pas empêcher de raconter n'importe quoi sur les vaccins à ANR. Je trouve encore une fois que le contexte social explique beaucoup l'avancée des idées complotistes : c'est la marginalisation, l'impression de ne pas exister, qui semble le terreau idéal du complotisme. Une infirmière dans le système de santé est invisible, une infirmière qui refuse de se vacciner devient intéressante pour les médias, pour sa hiérarchie, pour les patients; elle a des choses à dire, un message à porter.
Du coup, il me semble naturel que les gens ayant un meilleur niveau de connaissance, en moyenne, sont mieux insérés dans la société, défendre des théories complotistes les marginaliserait, les ferait passer pour des imbéciles. Au contraire, les gens qui se sentent marginalisés n'ont rien à perdre (voire, ils baignent dans un milieu social où ce genre de pensées est fréquente). Il y a 10 ans, le complotisme était larvé, mais sa base existait: on a tous discuté avec tonton machin qui était convaincu que le moteur a eau avait été inventé il y a 50 ans mais caché par l'industrie pétrolière, que les chemtrails des avions contenaient un gaz pour contrôler la population, etc. Tonton machin racontait ça quand il avait un peu picolé, et ça s'arrêtait là. Les réseaux sociaux ont donné une caisse de résonance et ont permis de structurer les communautés complotistes.
Mouais, Klein est un peu gonflé parce que discuter avec des potentiels platistes est son fond de commerce. Du coup, si les platistes n'existaient pas, il serait bien obligé de faire quelque chose de plus compliqué.
Un monde dans lequel tout le monde aurait les compétences pour tout remettre en question est simplement impossible. C'est justement le fond de commerce du complotisme : "regardez ces scientifiques idiots, ils n'ont pas vu que les pyramides portaient des traces d'outils extraterrestres. Et quand on pose la question à un soi-disant spécialiste, il ne veut pas répondre." Être rationnel, c'est aussi de faire confiance à une communauté scientifique : la terre est (presque) sphérique, le climat se réchauffe à cause des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, les espèces évoluent. Ces faits scientifiques sont admis par les spécialistes, après de longues discussions et confrontations des hypothèses et à la lumière de données expérimentales. Si on est curieux, on peut lire des livres, ou même des articles scientifiques; on peut aller voir des conférences de vulgarisation, mais jamais on ne deviendra suffisamment "sachant" pour opposer une contradiction crédible à la communauté scientifique.
En fait, je déteste l'argument de Klein, tel qu'il est présenté ici en tout cas, parce que c'est celui de la neutralité épistémique : en tant que non-spécialiste, on ne connait pas les arguments soutenant les deux possibilités (la terre est plate ou la terre est ronde), et par conséquent les deux positions sont aussi respectables l'une que l'autre. Or, c'est bien ça le problème : le platisme est une position ridicule, et elle doit être traitée comme telle. Il est totalement absurde d'échanger des arguments scientifiques avec un plastiste; si un platiste était perméable aux arguments scientifiques il ne serait pas platiste. Le complotisme n'est pas un problème scientifique, c'est un problème sociologique; les gens deviennent complotistes parce que ça correspond à un besoin social (probablement, mais pas seulement, parce que ça apporte des réponses simples qu'ils ont l'impression de comprendre dans un monde hyper-complexe, c'est rassurant, ça donne un statut social, et en plus on a l'impression d'être un rebelle et d'avoir un destin, celui de convaincre les "moutons"). Combattre le complotisme, ça ne peut pas être fait en organisant des débats entre scientifiques et complotistes. Ça doit être fait en apportant des réponses sociales aux gens paumés dans les mouvements complotistes, et je trouve que de leur donner de l'importance en les prenant au sérieux n'est pas un service à leur rendre.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que les leaders des mouvements complotistes sont souvent des trolls: ils ne croient pas à leurs mensonges, ils ont juste trouvé un "filon" pour attirer l'attention (et/ou le pognon).
Je trouve la définition du Larousse beaucoup plus précise et opérationnelle : être complotiste, ça n'est pas d'affirmer qu'il existe des complots, c'est de prétendre qu'il existe une explication basée sur un complot en opposition avec la version "communément admise".
Le fait que le gouvernement Russe tente de déstabiliser les démocraties occidentales en diffusant des fausses informations ou des théories farfelues sur les réseaux sociaux (et en infiltrant et finançant les milieux de l'extrême droite) sont "communément admises"; ça a été très largement étudié et rapporté par tout un tas de sources indépendantes, y compris officielles.
Après, il faut avouer que l'arrivée au pouvoir de gouvernants populistes (USA, Brésil…) a rebattu les cartes, puisque des théories complotistes ont été soutenues par des organismes gouvernementaux; pas facile dans ce cas de définir une "version communément admise".
Difficile également de juger de l'aspect complotiste d'une hypothèse possible. Par exemple, pour l'origine du Covid, les complotistes sont convaincus qu'il s'agit d'une fuite (volontaire ou non) d'un labo Chinois. Or, cette hypothèse n'est pas du tout écartée, à ma connaissance; c'est juste que quelqu'un de rationnel dirait "c'est possible" alors qu'un complotiste prétendrait que "c'est certain".
Ça vaut ce que ça vaut, mais je définirais le complotisme comme une grille d'interprétation du monde faisant intervenir des complots, indépendamment des faits. Je pense que le rapport du complotisme aux éléments factuels est central: pour un complotiste, le complot est par essence la vérité, et les éléments matériels ne peuvent que justifier le complot. Le raisonnement n'est pas propre au complotisme; c'est un classique de l'autoconviction religieuse (le croyant voit une preuve de l'existence de Dieu dans un brin d'herbe, un paysage, ou la musique de JS Bach, et ne comprend pas comment cette évidence puisse ne pas être partagée).
Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
Comme très souvent, après faut-il passer pour le casse noix de service pour chaque clause en entreprise ? Sachant que devant un tribunal elle ne tiendra pas.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
vu que j'ai pris une licence qu'on m'a dit de prendre et que pas foule peut ou veut répondre à si légal ou pas ce truc
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
Je me contrefiche que ça soit « compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Je ne doute pas que ça plait à des gens et que d'autres s'en foutent mais moi ça me pose problème.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
L'énorme majorité des arguments que j'entends aller dans l'autre sens me semble recourir à des idéologies qui ne me plaisent pas comme la fatalité, l'impuissance de l'État sur la technologie, etc et ça en soit ça me pose de gros problèmes.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
Est-ce qu'un code généré par un modèle "entrainé" est un travail dérivé ? C'est toute la question sur laquelle il n'y a pas de consensus.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
Par contre cela pose la question de où ranger ces voitures individuelles.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.
[^] # Re: Moi ce qui m’effare
Posté par arnaudus . En réponse au lien Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste. Évalué à 8. Dernière modification le 06 juin 2023 à 18:03.
Le taux d'aquittement en France est de 6% en première instance, et 9% en appel. C'est donc en effet rare d'avoir un dossier vide qui arrive au procès.
Que veux-tu, je dois être idéologiquement opposé à l'idée pourtant tellement vraisemblable de complots mêlant le président de la République, le ministère de l'intérieur, la DGSI, un juge d'instruction, un procureur, un juge d'application des peines, et du personnel de l'administration pénitentiaire, afin d'écraser la menace très très réelle d'une percée électorale de l'extrême gauche.
À côté de ça, l'hypothèse d'une administration police-justice incompétente et surchargée d'injonctions contradictoires, c'est sûr que ça ne tient pas. La possibilité que le dossier soit légèrement différent de la présentation faite par la quadrature, et que le juge d'instruction pourrait en fait avoir des éléments pour justifier d'aller jusqu'au procès, c'est aussi totalement à exclure?
[^] # Re: faux débat
Posté par arnaudus . En réponse au lien Combien vos actionnaires se font-ils sur votre dos ?. Évalué à 4.
Oui, complètement. Mais je n'arrive pas à trouver d'argument rationnel pour justifier d'une règlementation de la répartition des bénéfices entre les actionnaires et les salariés, étant donné que les deux sont régis par des logiques très différentes: les salaires sont un équilibre entre l'offre et la demande (donc, avec une grosse part de macro-économie), alors que les dividendes sont un transfert technique entre les comptes d'une entreprise et les comptes des gens qui possèdent l'entreprise (l'argent de change pas de mains). Une entreprise peut très bien licencier tout en versant de généreux dividendes, ce n'est pas illogique.
Du coup, je ne sais vraiment pas ce qu'est une redistribution logique et équitable. Comment prend-on en compte le risque pris par les actionnaires, par exemple? Les entreprises ont des chances très différentes de couler, et il faut que les rendements soient supérieurs pour les entreprises qui ont été financées à un moment où leur survie était compromise. Comment estime-t-on les apports relatifs du travail et du capital dans la richesse produite? Dans une entreprise de services à la personne, c'est évident que les gens qui y travaillent contribuent beaucoup aux profits. Dans une fonderie industrielle, la valeur est créée par la synergie entre les ouvriers et les machines; personne ne produirait rien autrement (c'est beau comme un discours libéral). Dans une laverie automatique, la valeur n'est pas créée par le gusse qui vient une fois par semaine pour retirer les pièces et remettre de la lessive. Une répartition 50/50 des bénéfices hors investissement paraitrait injuste dans un sens ou dans un autre en fonction de l'activité des entreprises.
Je te rejoins complètement sur la débilité des ouin ouin sur le coût du travail, surtout que souvent il s'agit de se plaindre d'une conjoncture où l'offre et la demande de travail devient légèrement défavorable aux entreprises.
Oui, en théorie la valeur des actions s'ajuste en fonction de la prévision des profits à venir, donc si une entreprise verse peu de dividendes, la valeur de l'action va diminuer, ce qui augmente mécaniquement son rendement. Mais note quand même que les actionnaires n'ont aucun intérêt à voir la valeur de l'action diminuer, donc ils ont double intérêt à verser toujours plus de dividendes: non seulement ça leur fait du cash, mais en plus ça maintient la valeur de leur capital à un niveau élevé.
[^] # Re: Moi ce qui m’effare
Posté par arnaudus . En réponse au lien Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste. Évalué à 4.
C'est une enquête à charge qui ne s'est pas terminée par un non-lieu. L'argument de la quadrature, c'est que le juge d'instruction a été enfumé par les enquêteurs, mais comme on n'a pas accès au dossier, on ne peut pas savoir avant le procès. C'est quand même rare qu'un dossier vide arrive jusqu'au procès, donc il y a peut-être des éléments qu'on ignore, et qui sont indépendants de ces histoires de chiffrage.
Certes, mais c'est indépendant de l'instruction. La détention est gérée par le juge d'application des peines, et la maltraitance en prison ça se joue au niveau de l'administration pénitentiaire. Je vois mal comment ça pourrait être orchestré, c'est "juste" comme ça que ça se passe en France.
[^] # Re: Moi ce qui m’effare
Posté par arnaudus . En réponse au lien Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste. Évalué à 7.
Mouais, je ne sais même pas s'il faut invoquer des objectifs de com. C'est quand même le truc classique pour un enquêteur: c'est légal, mais suspect, de ne pas faciliter les enquêtes. Tu retrouveras exactement le même discours sur le droit à garder le silence, sur le fait de mentir lors d'un interrogatoire, de ne pas dénoncer des complices possibles, etc.
Ce que je trouve un peu navrant, c'est que la quadrature reproche (à raison) aux enquêteurs de monter la sauce sur rien du tout, mais en contrepartie c'est aussi ce qu'ils font. Bien sûr, la situation n'est pas symétrique, on a d'un côté la puissance de l'État avec le monopole de la violence et de la privation de liberté, et de l'autre côté on a une association; ça serait ridicule de les mettre au même niveau. Mais sur beaucoup de points, la réaction semble disproportionnée et un peu ridicule; sur le fond, c'est normal que les rapports d'enquête fassent un état des lieux des moyens de communication, mettent en avant qu'il s'agit de moyens plutôt élaborés et peu répandus, qui expliquent que l'enquête n'avance pas. Personne ne peut être condamné pour ça, c'est un élément de contexte, c'est comme ça pour toutes les enquêtes : Untel est connu pour distribuer des billets de 20€ aux SDF, ça n'est pas illégal, mais c'est suffisamment inhabituel pour figurer dans un rapport d'enquête, c'est une pièce de puzzle pour comprendre la personnalité des suspects.
"Quand on confond un clafoutis et UNE PART de clafoutis, on vient pas la ramener ! "
[^] # Re: Moi ce qui m’effare
Posté par arnaudus . En réponse au lien Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste. Évalué à 10.
Non, mais bon, les enquêtes à charge ça a toujours existé. Là, la quadrature s'excite parce qu'il s'agit de chiffrement, mais ça aurait été la même chose si les suspects avaient acheté leurs lentilles en vrac à la Biocop au lieu de paquets du supermarché.
Le fait est qu'un grand nombre des citations semble tout à fait factuelles : l'utilisation de messageries chiffrées permet en effet de protéger sa vie privée, Tor permet en effet d'améliorer son anonymat sur Internet, etc. Tant que ça n'est pas considéré comme illégal, je ne comprends pas vraiment le problème à le faire figurer dans les rapports d'enquête. Au contraire même, ça veut quand même dire que les enquêteurs n'ont rien à se mettre sous la dent. Dans un rapport d'enquête, il peut y avoir "le suspect s'est arrêté à la boulangerie à 9h52 pour y acheter deux baguettes tradition", et c'est dans ce style là que je comprends les affirmations comme quoi untel ou untel a installé Linux.
Il ne faut pas non plus négliger le fait qu'en insistant sur le chiffrement, les enquêteurs cherchent à justifier que leur enquête patine. Quand ils écrivent que les suspects utilisent Signal, ils ne veulent pas dire "mettez-les en prison pour ça", ils veulent dire "on a peau de zob sur ce qu'ils se racontent, donnez-nous l'autorisation de poser des micros."
Par contre, pourquoi le juge d'instruction n'a pas mis fin à l'enquête plus rapidement, étant donné le peu de moyens de la justice et l'aveu d'impuissance des enquêteurs, c'est plutôt ça qui est difficile à expliquer. La DGSI semble insister lourdement sur le fait que les suspects savent minimiser leurs traces informatiques, que les disques sont chiffrés, qu'ils n'ont rien, et qu'ils ne savent pas vraiment comment avoir plus; qu'espère le juge en insistant?
[^] # Re: faux débat
Posté par arnaudus . En réponse au lien Combien vos actionnaires se font-ils sur votre dos ?. Évalué à 4.
Comme quoi, on peut avoir réussi (ou tout du moins prétendre qu'on a réussi) sans même comprendre pourquoi on a réussi. Comprendre ce qu'est le biais du survivant n'est pourtant pas si difficile que ça.
[^] # Re: faux débat
Posté par arnaudus . En réponse au lien Combien vos actionnaires se font-ils sur votre dos ?. Évalué à 3.
De quel point de vue? Tu ne peux pas comparer les revenus du capital et les revenus des individus. Du point de vue individuel, bien sûr, tu peux considérer les revenus en absolu; c'est par exemple la logique de l'impôt sur le revenu. Pour l'argent, considérer autre chose que le revenu relatif n'a aucun sens.
Il ne faut pas oublier que le versement des dividendes est important car il assure la rentabilité de l'investissement dans l'économie réelle, et que l'investissement dans l'économie réelle assure la croissance et l'augmentation du pouvoir d'achat moyen et médian. Diminuer le rendement de l'investissement dans l'économie, c'est favoriser la spéculation et les bulles.
L'économie a besoin d'argent, et c'est bien pour tout le monde que l'épargne retourne à l'économie réelle, donc en principe la situation est normale et saine : les entreprises rémunèrent les employés en échange de leur travail, et les actionnaires en retour de leur investissement. Que derrière les États soient incapables d'imposer correctement les revenus du capital pour les redistribuer est un problème qui n'est pas vraiment lié au fonctionnement du capitalisme.
Si j'étais chef du monde, ce n'est pas les dividendes que je taxerais, mais bien les revenus des activités de spéculation (qui sont des activités inutiles ou nuisibles à l'économie). Taxer les transactions financières (à hauteur des droits de mutation pour l'immobilier par exemple) aurait le mérite de limiter la spéculation, et surtout de fidéliser les actionnaires, qui seraient moins tentés de privilégier les stratégies de court terme.
[^] # Re: faux débat
Posté par arnaudus . En réponse au lien Combien vos actionnaires se font-ils sur votre dos ?. Évalué à 3.
C'est quand même difficile de nier que l'existence du marché secondaire facilite la levée des capitaux… Si le marché n'était pas liquide, les investisseurs réfléchiraient beaucoup plus avant de mettre leur argent dans l'économie réelle.
Par contre, rien ne justifie que les échanges d'actions sur le marché secondaire ne soient pas taxés à la même hauteur que d'autres biens. Une entreprise qui achète ou vend des biens immobiliers paye dans les 5% de droits de mutation; ça pourrait être la même chose pour des actions. Ça limiterait fortement le micro-trading, qui n'apporte rien à l'économie, par exemple.
Mais bon, sur le fond, ça ne résoud rien. La spéculation et les dividendes sont les deux moyens principaux qu'ont les actionnaires pour rentabiliser leur investissement. Si on empêche la spéculation, les actionnaires feront quand même tout pour obtenir des dividendes. D'ailleurs, les dividendes sont beaucoup plus "logiques" que les gains spéculatifs—il s'agit du loyer de l'argent mobilisé par les investissements, et je ne comprends pas toujours pourquoi il faudrait combattre les dividendes avant la spéculation. Peut-être parce que la spéculation n'est pas perçue comme un jeu à somme nulle (il n'y a pas de perdant évident), alors qu'on a l'impression que les salariés et les actionnaires sont en compétition directe?
[^] # Re: faux débat
Posté par arnaudus . En réponse au lien Combien vos actionnaires se font-ils sur votre dos ?. Évalué à 3.
Ça peut aussi vouloir dire que la part du capital dans l'activité économique de l'entreprise est plus grande. Par exemple, imagine que tu implantes une usine sur la Lune pour exploiter des minerais; ton usine est quasiment automatisée et tu n'as que deux techniciens sur place. L'investissement était de 100 Mrds, tu fais 10 Mrds de CA, pour 9 Mrds de charges diverses; un bénéfice de 1 Mrd. Serait-il juste de partager également ce milliard entre les investisseurs et les deux employés? C'est caricatural évidemment, mais le raisonnement doit bien tourner autour de la rentabilité de l'investissement. Si une grosse entreprise verse des milliards de dividendes mais que la rentabilité de l'action est de 1%, les actionnaires ne sont pas bien rémunérés.
[^] # Re: Merci et rebelle attitude
Posté par arnaudus . En réponse au journal C'était en 2020. Évalué à 6.
Ah oui bien sûr, je parlais juste de ceux qui avaient déja entendu parler de lui avant. Mais c'est vrai aussi qu'à ma connaissance, il n'y avait pas de rumeurs sur la qualité des résultats scentifiques (alors qu'avec le recul, il suffisait de lire les articles pour comprendre que l'IHU était une machine à publier du bullshit à gros rendement bien avant le Covid).
[^] # Re: Merci et rebelle attitude
Posté par arnaudus . En réponse au journal C'était en 2020. Évalué à 10.
Ça dépend à quelle échelle, mais c'était clairement déja un endroit où les gens sérieux ne voulaient plus mettre les pieds, surtout après le retrait des tutelles INSERM et CNRS de son laboratoire. Ça sentait déja pas mal le souffre, mais plutôt pour des raisons de pratiques RH (mandarinat et harcèlement).
Malheureusement, comme c'est souvent le cas, les personnalités scientifiques "grillées" auprès de leurs collègues attirent la lumière et fascinent les médias et les politiques. L'administration des différentes tutelles n'osent pas trop intervenir tant que la sitation n'est pas complètement pourrie, au mépris de la qualité de la science et de la santé mentale des gens qui travaillent dans ces endroits, d'ailleurs.
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 5.
Je ne suis pas certain qu'on parle de la même chose. Les ingénieurs, les médecins, les infirmières, etc. ont une formation scientifique. Ce qu'ils n'ont pas, c'est une formation à la recherche : ils connaissent l'état de l'art de la science, mais ils n'ont pas de formation pour comprendre comment on mène la recherche.
Après, pour les problèmes méthodologiques etc, c'est plutôt un problème de qualité de la recherche. C'est tout à fait possible d'être un mauvais chercheur.
Ce qui est intéressant, c'est que la méthodologie scientifique n'est généralement pas enseignée dans les cursus scientifiques. L'épistémologie est une branche de la philosophie, qui, en France, est considérée comme une matière littéraire. Les seules formations qui commencent à se développer pour les chercheurs sont les formations à l'éthique scientifique, mais c'est assez loin des histoires de méthodologie.
Il y a une vision souvent erronnée d'ailleurs chez les vulgarisateurs et les "zététiciens", c'est qu'il existerait une méthodologie strictement définie, à laquelle la totalité des scientifiques se conformerait. C'est totalement faux, il n'y a pas d'évaluation méthodologique à proprement parler en sciences, sauf en mathématiques peut-être. La règle générale, c'est que la communauté scientifique a une vague idée intuitive des standards méthodologiques de l'état de l'art (en terme d'expériences contrôle, d'analyse statistique, de reproductibilité, etc), et les reviewers des articles peuvent signaler des raisonnements qu'ils trouvent douteux (par exemple des raisonnements circulaires, ou des conclusions qui ne semblent pas supportées par les données). Mais globalement, les critères dépendent énormément des disciplines, et ils évoluent; il s'agit avant tout d'une construction sociale assez déconnectée de l'épistémologie. Bien souvent, l'application d'une méthodologie théorique stricte serait impossible en pratique, et ralentirait beaucoup trop l'avancée des connaissances (tout en étant beaucoup trop sensible à la fraude ou aux erreurs).
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 2. Dernière modification le 31 mai 2023 à 13:20.
Pour le réchauffement, ce n'est pas un effet du raisonnement "ad consequentiam"? Si le réchauffement climatique est réel, alors il faudrait que je change profondément mes habitudes et mon mode de vie pour ne pas rendre la planète inhabitable. S'il n'est pas réel, alors je peux continuer comme avant. La situation dans laquelle le réchauffement climatique n'existe pas est donc largement plus confortable, et la démarche nécessaire à l'admettre est plus difficile que pour les problèmes scientifiques "neutres", comme l'évolution des espèces.
Je ne suis pas certain qu'une formation scientifique soit suffisante pour être immunisé aux théories du complot. La crise du COVID a mis en avant un certain nombre de théories plus ou moins farfelues, certaines portées d'ailleurs par des figures "scientifiques", qui ont quand même pas mal percolé parmi le personnel soignant qui a pourtant une formation scientifique. Les médecins et les infirmières sont très bien formés sur le mode de fonctionnement d'un vaccin, sur les mécanismes de l'expression des gènes, etc., et ça ne les a pas empêcher de raconter n'importe quoi sur les vaccins à ANR. Je trouve encore une fois que le contexte social explique beaucoup l'avancée des idées complotistes : c'est la marginalisation, l'impression de ne pas exister, qui semble le terreau idéal du complotisme. Une infirmière dans le système de santé est invisible, une infirmière qui refuse de se vacciner devient intéressante pour les médias, pour sa hiérarchie, pour les patients; elle a des choses à dire, un message à porter.
Du coup, il me semble naturel que les gens ayant un meilleur niveau de connaissance, en moyenne, sont mieux insérés dans la société, défendre des théories complotistes les marginaliserait, les ferait passer pour des imbéciles. Au contraire, les gens qui se sentent marginalisés n'ont rien à perdre (voire, ils baignent dans un milieu social où ce genre de pensées est fréquente). Il y a 10 ans, le complotisme était larvé, mais sa base existait: on a tous discuté avec tonton machin qui était convaincu que le moteur a eau avait été inventé il y a 50 ans mais caché par l'industrie pétrolière, que les chemtrails des avions contenaient un gaz pour contrôler la population, etc. Tonton machin racontait ça quand il avait un peu picolé, et ça s'arrêtait là. Les réseaux sociaux ont donné une caisse de résonance et ont permis de structurer les communautés complotistes.
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 6. Dernière modification le 31 mai 2023 à 11:06.
Mouais, Klein est un peu gonflé parce que discuter avec des potentiels platistes est son fond de commerce. Du coup, si les platistes n'existaient pas, il serait bien obligé de faire quelque chose de plus compliqué.
Un monde dans lequel tout le monde aurait les compétences pour tout remettre en question est simplement impossible. C'est justement le fond de commerce du complotisme : "regardez ces scientifiques idiots, ils n'ont pas vu que les pyramides portaient des traces d'outils extraterrestres. Et quand on pose la question à un soi-disant spécialiste, il ne veut pas répondre." Être rationnel, c'est aussi de faire confiance à une communauté scientifique : la terre est (presque) sphérique, le climat se réchauffe à cause des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, les espèces évoluent. Ces faits scientifiques sont admis par les spécialistes, après de longues discussions et confrontations des hypothèses et à la lumière de données expérimentales. Si on est curieux, on peut lire des livres, ou même des articles scientifiques; on peut aller voir des conférences de vulgarisation, mais jamais on ne deviendra suffisamment "sachant" pour opposer une contradiction crédible à la communauté scientifique.
En fait, je déteste l'argument de Klein, tel qu'il est présenté ici en tout cas, parce que c'est celui de la neutralité épistémique : en tant que non-spécialiste, on ne connait pas les arguments soutenant les deux possibilités (la terre est plate ou la terre est ronde), et par conséquent les deux positions sont aussi respectables l'une que l'autre. Or, c'est bien ça le problème : le platisme est une position ridicule, et elle doit être traitée comme telle. Il est totalement absurde d'échanger des arguments scientifiques avec un plastiste; si un platiste était perméable aux arguments scientifiques il ne serait pas platiste. Le complotisme n'est pas un problème scientifique, c'est un problème sociologique; les gens deviennent complotistes parce que ça correspond à un besoin social (probablement, mais pas seulement, parce que ça apporte des réponses simples qu'ils ont l'impression de comprendre dans un monde hyper-complexe, c'est rassurant, ça donne un statut social, et en plus on a l'impression d'être un rebelle et d'avoir un destin, celui de convaincre les "moutons"). Combattre le complotisme, ça ne peut pas être fait en organisant des débats entre scientifiques et complotistes. Ça doit être fait en apportant des réponses sociales aux gens paumés dans les mouvements complotistes, et je trouve que de leur donner de l'importance en les prenant au sérieux n'est pas un service à leur rendre.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que les leaders des mouvements complotistes sont souvent des trolls: ils ne croient pas à leurs mensonges, ils ont juste trouvé un "filon" pour attirer l'attention (et/ou le pognon).
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 8.
Je trouve la définition du Larousse beaucoup plus précise et opérationnelle : être complotiste, ça n'est pas d'affirmer qu'il existe des complots, c'est de prétendre qu'il existe une explication basée sur un complot en opposition avec la version "communément admise".
Le fait que le gouvernement Russe tente de déstabiliser les démocraties occidentales en diffusant des fausses informations ou des théories farfelues sur les réseaux sociaux (et en infiltrant et finançant les milieux de l'extrême droite) sont "communément admises"; ça a été très largement étudié et rapporté par tout un tas de sources indépendantes, y compris officielles.
Après, il faut avouer que l'arrivée au pouvoir de gouvernants populistes (USA, Brésil…) a rebattu les cartes, puisque des théories complotistes ont été soutenues par des organismes gouvernementaux; pas facile dans ce cas de définir une "version communément admise".
Difficile également de juger de l'aspect complotiste d'une hypothèse possible. Par exemple, pour l'origine du Covid, les complotistes sont convaincus qu'il s'agit d'une fuite (volontaire ou non) d'un labo Chinois. Or, cette hypothèse n'est pas du tout écartée, à ma connaissance; c'est juste que quelqu'un de rationnel dirait "c'est possible" alors qu'un complotiste prétendrait que "c'est certain".
Ça vaut ce que ça vaut, mais je définirais le complotisme comme une grille d'interprétation du monde faisant intervenir des complots, indépendamment des faits. Je pense que le rapport du complotisme aux éléments factuels est central: pour un complotiste, le complot est par essence la vérité, et les éléments matériels ne peuvent que justifier le complot. Le raisonnement n'est pas propre au complotisme; c'est un classique de l'autoconviction religieuse (le croyant voit une preuve de l'existence de Dieu dans un brin d'herbe, un paysage, ou la musique de JS Bach, et ne comprend pas comment cette évidence puisse ne pas être partagée).
[^] # Re: J'ai un peu de mal à comprendre ce qui est dit sur ce site ....
Posté par arnaudus . En réponse au lien La vérité sur les écrans et ceux qui ne les aiment pas. Évalué à 6.
Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
[^] # Re: 3 sujets dans l'article
Posté par arnaudus . En réponse au lien Enregistrements aléatoires, conversations intimes… Comment Apple surveille massivement ses clients. Évalué à 6. Dernière modification le 25 mai 2023 à 15:33.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
[^] # Re: Implications
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le Président de la Cour du Brevet Unitaire décide tout seul de réécrire le traité comme un dictateur. Évalué à 8.
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4. Dernière modification le 12 mai 2023 à 11:17.
Ton modèle (avec T entre 0 et 1) semble être
[^] # Re: FAQ github copilot
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 2.
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4. Dernière modification le 09 mai 2023 à 22:37.
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 3.
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.